Coup d’envoi du festival du Pont du Bonhomme
Le festival lève le rideau ce soir pour sept jours de théâtre. Cette 35e édition met à l’honneur l’amour et les femmes, dans un cadre toujours aussi magique : le cimetière de bateaux de Kerhervy.
Le lieu
Face au cimetière de bateaux de Lanester, dans une anse paisible du Blavet. Le Festival du Pont du Bonhomme se déroule dans un écrin qui change de couleurs au gré des marées et des montées de lune. Ce lieu singulier, avec ses carcasses de bois délavées, démembrées par les intempéries, est intimement lié à l’histoire du festival, né en 1981. Cette année-là, Philippe Froger et Jean Le Scouarnec, du Théâtre Quotidien de Lorient, montent Le Cid de Corneille et le festival. Ils suggèrent aussi à la municipalité de Lanester de construire un théâtre de plein air, en lieu et place d’une carrière. Depuis, les comédiens y jettent l’ancre chaque été. Voilà 34 ans que ça dure. La compagnie de l’Embarcadère a repris le flambeau de l’organisation en 1996. Dans ce décor apaisant et troublant,« Le Triomphe de l’amour de Marivaux (vendredi 24)sera parfait » , sourit le programmateur et comédien Christophe Maréchal.
La formule
Chaque soir, pendant sept jours, du 18 au 24 juillet, deux spectacles seront joués. A 20 h, des petites formes sous un chapiteau de 150 places. Puis à 22 h 15, dans l’amphithéâtre de 300 places. Entre les deux, les spectateurs peuvent manger sur des tables façon guinguette au bord de l’eau. Les bénévoles sont formés au coup de feu ! Ici, on peut manger en trois-quart d’heure une entrée et un plat chaud cuisinés sur place. Solution abritée pour les soirées de pluie.
Signes particuliers
Le festival, autofinancé à 30 % et subventionné par la ville de Lanester (50 %), la région et le département, est le seul festival de théâtre avec des spectacles professionnels, de plein air, en Bretagne avec les Tombées de la nuit à Rennes et le festival du Théâtre de poche à Hédé.« C’est un festival à dimension très humaine, intimiste, décrit Nathalie Decours, de l’Embarcadère.Le spectateur n’est qu’à quelques mètres de la scène, y compris du haut des gradins ».
Le programme
Il change tous les deux jours. Pour ouvrir le bal, ce soir à 19 h, le groupe Boris Viens ! interprétera des chansons du répertoire de Boris Vian et du jazz. Suivra L’Instant Molière, du Théâtre de l’Instant, un hommage à Molière et aux femmes. Le festival leur fait la part belle tout au long de la semaine. On croisera la mère de Rimbaud, des comédiennes musiciennes sur Solex, la Madame Rosa de Romain Gary, une clown corrosive… Parmi les coups de cœur du programmateur, La Rimb , inspirée d’une pièce de Xavier Grall et mise en scène par Jean-Noël Dahan. Ou la vie d’Arthur Rimbaud racontée par sa mère.« La comédienne Martine Vandeville est d’une présence absolue » , décrit Christophe Maréchal.
Dimanche et lundi,Libococo suivi de Silento (20 h), puis L’Instant Molière (22 h 15). Mardi et mercredi : Traversées (20 h) et Kabarê Solex de Derezo (22 h 15). Jeudi : Le Bébé tombé du train à 19 h, puis 19 h 45. Madame Rosa Reine de la pop (20 h 30). La Rimb (22 h 15). Vendredi : La Rimb (20 h) et Le Triomphe de l’amour (22 h 15). Réservations au 02 97 81 37 38. Tarifs : 15 €/12 €/11 €/6 € pour un spectacle ; 22 €/19 € pour la soirée (avec deux spectacles). Article de Nadine BOURSIER.
Fin de l’histoire pour Jean Lacouture
Décédé, hier, à l’âge de 94 ans, le journaliste était connu pour son talent de biographe des grands personnages du XXe siècle.
Malraux, Hô Chi Minh, Mendès France, Champollion, et Mitterrand sont tour à tour passés au crible Lacouture. Le journaliste leur avait consacré des biographies monumentales, révélatrices d’une fascination pour le pouvoir qui a parfois nui à la pertinence de son analyse. Ses biographies recèlent d’anecdotes inconnues du grand public, qui ont fait sa préciosité. Certains ont critiqué sa tendance aux récits d’histoire immédiate, jugés parfois complaisants. On lui a reproché notamment une condamnation tardive du régime Khmer rouge et de son chef Pol Pot : il avait mis trois ans à reconnaître l’existence du génocide cambodgien. Mais, en 1989, Jean Lacouture a écrit Enquête sur l’auteur , où il a fait son mea culpa. L’homme, selon sa fille, était« incapable de dire du mal des gens » .
Grand reporter au Monde
Né en 1921 dans une famille de la bourgeoisie bordelaise, diplômé de l’École libre des sciences politiques, le jeune Lacouture est resté, de son propre aveu, insensible à l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle. Il a avoué plus tard« avoir manqué sa guerre » . À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est devenu attaché de presse du général Leclerc et a découvert l’Indochine, où il a rencontré Giap, mais surtout Hô Chi Minh, pour lequel il n’a pas caché son admiration. Journaliste, engagé à gauche, Jean Lacouture a été dans les années 1950 un ardent partisan de la décolonisation, très critique envers le général de Gaulle, dont il a été, trente ans plus tard, un biographe pointilleux et compréhensif. Il a collaboré à Combat ,FranceSoir , au Nouvel Observateur , puis est devenu chef du service outre-mer et grand reporter au Monde . Passionné de rugby, il projetait d’écrire une trentaine d’ouvrages encore, certains avec son épouse Simonne, à propos de Montaigne, Montesquieu, Stendhal ou Alexandre Dumas.