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Jours tranquilles à Paris
16 juillet 2018

A Helsinki, la tentation des zones d’influence

Par Isabelle Mandraud, Helsinki, envoyée spéciale, Gilles Paris, Helsinki, envoyé spécial - Le Monde

Moscou pourrait tirer profit de la remise en cause systématique par Trump des piliers de l’ordre mondial mis en place par Washington après la seconde guerre mondiale.

La perspective d’un départ américain de l’OTAN est restée à l’état de menace au cours du sommet organisé les 11 et 12 juillet à Bruxelles – un levier manifestement utilisé par le président des Etats-Unis pour obtenir un engagement plus consistant de ses alliés à augmenter leurs dépenses de défense. Donald Trump l’a revendiqué comme un succès personnel, renouvelant son attachement à une organisation qu’il a souvent critiquée.

Ces relations ambivalentes avec l’Alliance atlantique s’inscrivent dans une remise en cause systématique des piliers de l’ordre mondial mis en place par Washington après la seconde guerre mondiale. Aucune instance multilatérale n’échappe à ses diatribes. Aucun des alliés historiques des Etats-Unis n’est épargné par ses décisions, qu’il s’agisse de la sortie de l’accord sur le nucléaire iranien ou des taxes sur les importations, qui visent à rééquilibrer une balance commerciale lourdement déficitaire.

Son jugement sur l’Union européenne (UE), conçue selon lui pour nuire aux Etats-Unis, s’inscrit dans le même registre. Favorable au Brexit, le président américain préférerait des relations bilatérales avec chacun des pays européens.

Donald Trump n’a pas formulé pour autant une véritable alternative à cet ordre décrié. Il s’est contenté de revendiquer un très vague « réalisme basé sur des principes », rompant avec les idéaux jugés dévastateurs du néoconservatisme, et un recentrage sur les seuls intérêts américains, tournant le dos à l’interventionnisme des trois dernières décennies. Sa première véritable rencontre avec Vladimir Poutine, à Helsinki, lundi 16 juillet, va donc mettre à l’épreuve ces instincts unilatéralistes.

Un souci de recentrage

Sur au moins deux dossiers qui tiennent à cœur à son homologue – l’annexion de la Crimée et la Syrie –, Donald Trump a alimenté l’ambiguïté. Avant de quitter Bruxelles, jeudi, il a assuré « ne pas être content » d’une annexion qui a provoqué l’adoption de sanctions européennes et américaines, tout en semblant rejeter une part de la responsabilité sur son prédécesseur, Barack Obama, et en reconnaissant avec une dose de fatalisme que Moscou multipliait sur le terrain des faits accomplis.

Le lâchage par Washington des rebelles syriens de Deraa avant la chute de la ville, jeudi, a souligné la tentation du président des Etats-Unis d’un retrait, qui ferait les affaires de son homologue russe. Il a fallu la pression de son secrétaire à la défense, James Mattis, pour qu’il ne retire pas avant l’été les forces spéciales déployées dans le nord-est de la Syrie, tout comme le Pentagone avait dû longuement argumenter en août 2017 afin d’obtenir son feu vert pour un accroissement modeste du contingent déployé en Afghanistan.

Ce souci de recentrage sur les seuls intérêts américains est compatible avec la vision d’un monde divisé en sphères d’influence aux dépens des Européens. Le 28 avril, recevant le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, Donald Trump avait rappelé que les Etats-Unis voulaient « de moins en moins être le gendarme du monde ». Cette posture le rapproche de deux anciens présidents américains, Thomas Jefferson (1801-1809) et Andrew Jackson (1829-1837), hostiles à tout engagement durable des Etats-Unis en dehors de leurs frontières.

Vladimir Poutine pourrait en tirer le plus grand bénéfice, lui qui n’a cessé de réclamer un « monde multipolaire » en vilipendant celui « d’un unique maître, d’un unique souverain », les Etats-Unis. Formé à l’école du KGB, le chef du Kremlin rêve d’un nouveau Yalta où les deux puissances de l’après-guerre se partageraient le monde. Il a, pour cela, troqué l’idéologie communiste disparue pour le rouski mir, le « monde russe ». La propagande, adaptée aux temps modernes, les centres culturels essaimés, la religion, en mission pour la « défense des chrétiens d’Orient », sont autant d’outils mis à contribution.

Le Kremlin, un interlocuteur incontournable

Exclu du club des pays les plus influents, le G8, devenu la réunion du G7 après l’annexion de la Crimée et le conflit dans l’est de l’Ukraine, le dirigeant russe est parvenu à briser son isolement avec l’intervention militaire en Syrie lancée en septembre 2015, en soutien à Bachar Al-Assad. Démonstration de force à l’appui, le Kremlin s’est s’imposé comme un interlocuteur incontournable. Et comme son homologue américain, dont il partage le goût prononcé pour les rencontres bilatérales, Vladimir Poutine a un objectif : affaiblir l’UE, perçue comme un obstacle à ses visées géopolitiques.

L’Eurasie, ce projet d’alliance tournée vers l’Est, sur lequel il s’est appuyé avec plus ou moins de succès, n’est plus la priorité. Aujourd’hui, le Kremlin voit plus grand en concentrant son attention sur tout le Moyen-Orient ou sur le continent africain, comme en témoigne la récente tentative de médiation russe en Centrafrique entre le gouvernement et les groupes armés, finalement écartée par Bangui.

Vendredi, le conseiller diplomatique de M. Poutine, Iouri Ouchakov, a donné la liste des derniers invités de Moscou : le leader palestinien Mahmoud Abbas (qui succède ainsi au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou), le président du Soudan, Omar Al-Bachir, son homologue du Gabon, Ali Omar Bongo, l’émir du Qatar Khalifa Al-Thani, la Croate Kolinda Grabar-Kitarovic et Emmanuel Macron.

Ce dernier « partagera ses pensées » et « nous informera des résultats du sommet de l’OTAN », a cru bon de préciser le diplomate. A l’Elysée, on souligne que cette rencontre au Kremlin avant la finale du Mondial visait « à impulser de nouveaux progrès » pour rapprocher les positions sur la crise syrienne. Le cas Oleg Sentsov, cinéaste en grève de la faim, a bien été évoqué. Et le dossier de l’Ukraine était aussi sur la table.

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16 juillet 2018

Studio

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16 juillet 2018

Retour des Bleus en France : descente des Champs-Elysées et réception à l’Elysée au programme

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L’équipe de France, sacrée dimanche soir, imitera ses glorieux aînés qui, le 13 juillet 1998, avaient défilé à bord d’un bus à impériale, acclamés par un demi-million de personnes.

L’équipe de France, qui a remporté, dimanche 15 juillet, la Coupe du monde de football en Russie, descendra les Champs-Elysées, lundi, vers 17 heures, avant d’être reçue par le président de la République, au palais de l’Elysée. La présidence a annoncé que plus de mille jeunes et trois cents sportifs seraient invités à la réception.

« Près de 2 000 effectifs seront mobilisés pour la sécurisation de l’événement » sur les Champs-Elysées, a précisé la préfecture de police, qui « a préparé un dispositif spécifique pour prévenir les troubles à l’ordre public et empêcher les débordements ».

Les Bleus descendront la prestigieuse avenue depuis le plateau de l’Etoile jusqu’au rond-point des Champs-Elysées. L’équipe de France, qui a été sacrée dimanche soir en battant la Croatie 4 à 2, imitera ses glorieux aînés qui, le 13 juillet 1998, avaient défilé au même endroit à bord d’un bus à impériale, acclamés par un demi-million de personnes.

Mesures d’interdiction de la circulation

Des mesures d’interdiction de la circulation devaient être mises en œuvre dès dimanche dans ce secteur, avant d’être progressivement élargies lundi. Au soir de la victoire des Bleus, il y a vingt ans, deux voitures folles avaient fait un mort et 147 blessés sur les Champs-Elysées.

« A partir de 15 heures, ou plus tôt si les circonstances l’exigent, toute circulation sera impossible à l’intérieur d’un périmètre délimité par les voies suivantes : place de la Madeleine, rue Duphot, rue Saint-Honoré, rue des Pyramides, avenue du général Lemonnier, pont Royal, quai Anatole-France, quai d’Orsay, pont Alexandre-III », a précisé la préfecture de police dans un communiqué.

« L’usage de fumigènes, d’artifices, de bouteilles en verre ou la consommation d’alcool sont interdits dans le secteur des Champs-Elysées, et les sacs ou objets volumineux déconseillés », a souligné la préfecture de police. Celle-ci recommande également de se munir de bouteilles d’eau, en raison des fortes chaleurs attendues lundi.

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revanche

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vacances

16 juillet 2018

Vogue parodique...

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16 juillet 2018

Rencontre Trump-Poutine : le choix symbolique d’Helsinki

Par Marc Semo - Le Monde

Plus de quarante ans après les accords d’Helsinki, le 1er août 1975, le président russe a opté pour la capitale finlandaise pour rencontrer son homologue américain.

A vol d’oiseau par-dessus les eaux du golfe de Finlande, moins de 300 kilomètres séparent Helsinki de Saint-Pétersbourg. Vladimir Poutine, qui est né et a mené une bonne partie de sa carrière dans l’ex-Leningrad, vient donc à Helsinki en voisin. Le choix de cette ville pour sa rencontre avec Donald Trump, lundi 16 juillet, est plein de réminiscences « fleurant bon » la guerre froide.

A l’époque, le mot « finlandisation » signifiait, dans le jargon des relations internationales, une neutralité contrainte, voire une quasi-liberté surveillée pour un pays partageant 1 300 kilomètres de frontières avec la défunte Union soviétique. La Finlande est désormais membre de l’Union européenne et elle se rapproche de l’OTAN, inquiète des visées agressives de son puissant voisin, sans pour autant avoir osé jusqu’ici franchir le pas.

Etrange choix de la part de l’homme fort du Kremlin que celui de la capitale finlandaise. En 1990, elle hébergea le dernier sommet américano-soviétique entre George Bush et Mikhaïl Gorbatchev. Un an plus tard, l’URSS s’effondrait. Ce fut un traumatisme fondateur pour l’ex-officier du KGB qui n’eut de cesse, une fois devenu président, de vouloir rendre son rang à la Russie. « Celui qui ne regrette pas l’URSS n’a pas de cœur », aime-t-il à répéter, tout en précisant que celui qui veut la refaire comme elle était « n’a pas de cerveau ».

Moment-clé de la guerre froide

La capitale finlandaise est surtout le symbole d’un moment-clé de la guerre froide, avec la signature des accords d’Helsinki, le 1er août 1975, paraphés aussi par Gerald Ford et Leonid Brejnev, à l’issue de deux ans de Conférence sur la coopération et la sécurité en Europe, réunissant 35 pays. Tous les Européens de l’Ouest et de l’Est, à l’exception de l’Albanie – alignée à l’époque sur Pékin –, ainsi que les Etats-Unis et le Canada étaient autour de la table, et tous signèrent « l’Acte final ».

« La Conférence avait été voulue par les Soviétiques pour entériner le statu quo de la division de l’Europe et les frontières de 1945, mais ils acceptèrent sous la pression des Occidentaux un troisième panier sur les droits de l’homme estimant qu’il n’aurait pas de conséquence. Or, ce fut le début du processus qui entraîna la dislocation du bloc soviétique », relève Thorniké Gordadzé, enseignant à Sciences Po Paris. L’Acte final d’Helsinki devint en effet une base de référence pour les dissidents des pays du glacis qui, malgré les emprisonnements et la dépression, s’engagèrent dans ce combat en rappelant à Moscou ses engagements et sa signature.

Un échec pour Moscou

« Alors comme aujourd’hui, le Kremlin voulait à la fois conforter sa zone d’influence et diviser les Occidentaux », souligne M. Gordadzé. Mais ce fut un échec pour Moscou. Une bonne partie des travaux se polarisèrent sur les questions des frontières, de leur « intangibilité » comme le voulaient les Soviétiques, ou de leur « inviolabilité » comme le souhaitaient les Occidentaux. La différence sémantique est essentielle. Dans le premier cas, cela signifiait qu’elles ne pourraient jamais bouger, dans le second que c’était possible à condition que cela se fasse avec l’accord de toutes les parties. Ce fut mot retenu. Cela permit en 1990 la réunification de l’Allemagne. Jusqu’ici, le seul pays signataire qui a remis en cause ce principe est la Russie de Vladimir Poutine qui, au printemps 2014, annexa par la force la Crimée après l’arrivée au pouvoir en Ukraine d’un gouvernement réformiste pro-européen.

A l’époque, en 1975, les Occidentaux avaient su faire bloc. Aujourd’hui, Vladimir Poutine mise sur les divisions entre l’Europe et les Etats-Unis, attisées par le président américain. L’homme fort du Kremlin n’est pas superstitieux et compte bien faire de la rencontre d’Helsinki un moment de revanche.

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16 juillet 2018

Rafle du Vel d'Hiv - in memorem

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16 juillet 2018

Sand Van Roy décrit ses accusations de viol contre Luc Besson et "l'emprise" du réalisateur

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A Franceinfo, la comédienne décrit l'agression présumée qui l'a incitée à porter plainte.

Elle fait partie des femmes qui ont témoigné dans Mediapart contre le puissant réalisateur français. Parmi ces femmes, une ancienne directrice de casting a notamment écrit au procureur de la République de Paris, le 6 juillet, afin de dénoncer des faits qualifiés "d'agressions sexuelles". Cette femme en question aurait décidé de briser le silence après la plainte déposée par Sand Van Roy, le 18 mai dernier. Mediapart a pu obtenir les récits et les témoignages de quatre femmes ayant travaillé aux côtés du réalisateur.

Elles affirment toutes avoir été l'objet d'un "comportement sexuel inapproprié".

A Franceinfo, Sand Van Roy se confie sur "l'emprise" ainsi que sur les viols "répétés" qu'elle affirme avoir subis pendant plus de deux ans, entre 2016 et 2018, et détaille ce qui l'a poussé à porter plainte le 18 mai. La veille, elle aurait rejoint Luc Besson à l'hôtel Bristol à Paris depuis Cannes (Alpes-Maritimes). "Je suis rentrée car j'avais l'ordre de rentrer, pas parce que j'avais envie de le voir", assure -t-elle. Après avoir bu un verre de vodka au bar, elle se souvient d'avoir "perdu conscience", puis d'avoir reçu "un coup dans le dos sans savoir d'où il provenait" et d'être "tombée dans la salle de bains". Elle affirme que Luc Besson lui a "imposé des actes sexuels non désirés" et décrit : "Je sentais que ma vie était en danger". "C'est allé trop loin, ça n'avait jamais été aussi agressif ni violent."

Sur les photos qu'elle conserve dans son téléphone portable, que franceinfo a pu consulter, la jeune femme a un bleu à l'œil, "peut-être liée à la chute", et trois marques rondes dans le dos.

Le 6 juillet dernier, la comédienne a réalisé "un complément de plainte sur d'autres faits de viol, sous emprise et contrainte morale dans un contexte professionnel", détaille son avocate, Carine Durrieu-Diebolt.

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L’actrice de 28 ans assure avoir entretenu une liaison ponctuée de relations sexuelles non-consenties et «violentes» avec le cinéaste. Elle a déposé deux plaintes à l'encontre de ce dernier, les 18 mai et 6 juillet.

L’actrice de 28 ans assure avoir entretenu une liaison ponctuée de relations sexuelles non-consenties et «violentes» avec le cinéaste. Elle a déposé deux plaintes à l'encontre de ce dernier, les 18 mai et 6 juillet.

«Violences sexuelles : plusieurs femmes accusent Luc Besson.» L’enquête parue dans les colonnes de Mediapart, lundi 9 juillet, a fini d'accabler le cinéaste de 59 ans - qui nie toujours les accusations qui pèsent contre lui. Désormais, Sand Van Roy n'est plus seule. La comédienne belgo-néerlandaise de 28 ans est néanmoins la première à avoir accusé le patron d’EuropaCorp de l’avoir violée, dans la nuit du 17 au 18 mai, dans une suite du palace Le Bristol, à Paris.

Elle a de nouveau porté plainte contre le réalisateur du Cinquième élément, vendredi 6 juillet, pour des faits similaires. Elle évoque cette fois des rapports non-consentis et «violents», «parfois jusqu’au sang», qu’elle aurait entretenus avec le réalisateur entre mars 2016 et mai 2018. Elle aurait fini, toujours selon ses dires, par devenir «sa poupée Barbie privée qu’il contrôlait, habillait et brisait» à sa guise, ajoute-t-elle dans une interview accordée à Variety.

Ce samedi 14 juillet, au micro de FranceInfo, elle réitérait ses accusations et affirmait être «tombée dans la salle de bains» de la chambre d'hôtel du réalisateur après avoir reçu «un coup dans le dos sans savoir d'où il provenait». «Je sentais que ma vie était en danger, a-t-elle ajouté. C'est allé trop loin, ça n'avait jamais été aussi agressif ni violent.»

Selon l'avocate de l'actrice, interrogée par FranceInfo, il ne s'agissait pas d'une «relation affective ni amoureuse», mais plutôt d'un «lien professionnel» dans lequel «il a réussi à créer un système d'emprise», précédé d'une «mise en confiance». L'actrice explique par exemple qu'il lui aurait forcée de se teindre les cheveux en blond, de parler d'une certaine manière et de ne porter que des robes.

Stand-up et "Taxi 5"

Sand Van Roy rencontre le célèbre producteur en 2016. Luc Besson se dit alors intéressé par son projet de film Olga, sur lequel elle planche en tant que scénariste depuis 2014. Il lui offre un rôle secondaire dans Valérian et la cité des mille planètes, sorti le 26 juillet 2017, et celui de la petite amie de Malik Bentalha dans Taxi 5, dernier long-métrage en date du réalisateur, sorti en avril 2018. Le soir de son agression présumée, la jeune femme est encore en pourparlers avec Luc Besson pour figurer dans son film d’action, Anna, prévu pour 2019.

Tout cela est relativement nouveau pour elle. Sand Van Roy a grandi dans un univers étranger au box-office. Née en 1990, la jeune femme a commencé par le stand-up, avant d’écumer les scènes new-yorkaises, hollandaises et françaises, comme l'indique sa biographie IMDb. Un projet facilité par son aptitude à parler couramment anglais, français, allemand, néerlandais et italien. Son parcours conduit la jeune femme à assurer les premières parties d’humoristes comme Mathieu Madénian et Gad Elmaleh, ajoute VSD. Avant d’esquisser quelques rôles sur le petit écran, dans les séries What’s Up France (2017), Genius (2017) et Virgin (2016). À l'époque, elle apparaît rarement dans les médias.

"On ne dit pas non à Luc Besson"

Aujourd'hui, son témoignage attire lumière, soutiens et nouvelles prises de parole. Notamment celle d’une directrice de casting de la société EuropaCorp, qui a rédigé une lettre à l’attention du procureur de la République et du parquet de Paris. Dans la missive, consultée par Mediapart, elle raconte comment Luc Besson lui aurait notamment demandé «en présence du technicien de lui faire une fellation». Sans compter le glaçant mot d’ordre, employé dès les années 2000 par le cinéaste, comme l'assurait Geoffrey Le Guilcher dans sa biographie non-autorisée : «On ne dit pas non à Luc Besson». Une règle que Sand Van Roy a bel et bien fini par enfreindre.

16 juillet 2018

Charlotte Gainsbourg - “Sylvia Says” (Official Music Video)

16 juillet 2018

Extrait d'un shooting - portrait

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16 juillet 2018

La Yellow Fever n’est rien d’autre qu’un fétichisme raciste

Des femmes asiatiques racontent ce que ça fait d’être désirées uniquement en raison de sa couleur de peau – et des clichés qu’elle continue de véhiculer.

On oublie rarement son premier amant. Le deuxième non plus – surtout quand il s'avère être un fétichiste. « J'avais seize ans quand je l’ai rencontré », raconte Linh-Lan Dao, 30 ans. Encore inexpérimentée, celle qui est aujourd'hui journaliste à France Info, ne s'inquiète pas quand une amie les présente. « Il lui avait demandé si elle connaissait des filles asiatiques. Ça aurait dû m'alerter », confie-t-elle avant de raconter. « Dans sa chambre, il y avait un énorme poster de Marjolaine Bui [une obscure candidate de télé réalité, ndlr]. Je crois que je me suis rendu compte qu'il avait un problème avec les Asiat’ quand il m'a fait essayer une paire de lunettes…les mêmes que Marjolaine ».

C’est un fait : bon nombre d’hommes ont une fascination sexuelle pour les femmes asiatiques. Aux Etats-Unis, le phénomène a pris une telle ampleur qu’on lui a même donné un nom : la Yellow Fever – ou Fièvre Jaune. Et très clairement, le concept désigne un « fétiche raciste », pour reprendre l’expression de la philosophe Robin Zhen, professeur associée à l’université de Yale, et auteur d’une étude au titre éloquent : Pourquoi la Yellow Fever n'est pas flatteuse: un argumentaire contre les fétiches raciaux. Elle précise : « Même si cela ne concerne pas uniquement les hommes blancs, c’est généralement ce que les gens ont en tête quand ils utilisent ce terme pour désigner un phénomène social ».

« Quand un mec me dit qu’il adore les femmes asiatiques, j’entends qu’on est interchangeables. Mais je ne suis pas un putain de vase Ming ! » - Grace Ly, militante asian-féministe

Et cela pèse lourdement sur le quotidien des concernées. « Dès que tu rencontres un nouveau copain, tu vérifies forcément qu’il n’était pas avec une Asiat’ avant, confie Grace Ly, 38 ans, blogueuse et militante asian-féministe, dont le premier livre, Jeune Fille Modèle, sortira à la rentrée aux éditions Fayard. Même chose pour Linh-Lan, qui a elle aussi développé son « radar à relou ». Premier indice : « Un mec qui me dit qu’il adore l’Asie, ça sent vraiment pas bon… ».

« La Yellow Fever impose un fardeau psychologique aux femmes asiatiques, pointe Robin Zheng. D’abord, elles se sentent homogénéisées. Mais aussi différenciées, c'est-à-dire séparées et maintenues à un niveau différent de celui des femmes blanches. Cela les amène à douter que leurs partenaires s'intéressent à elles pour ce qu'elles sont en tant qu'individus ». Aujourd’hui en couple, Grace Ly garde de mauvais souvenirs de ceux qui la désiraient uniquement pour ses origines : « Quand un mec me dit qu’il adore les femmes asiatiques, j’entends qu’on est interchangeables. Mais je ne suis pas un putain de vase Ming ! ».

Douces, soumises, douées au lit… Autant de clichés qui nourrissent cette Yellow Fever : « C’est comme ces mecs blancs européens qui vont chercher des petites femmes en Asie parce qu’ils pensent qu’elles sont bien obéissantes ! », peste Linh-Lan Dao. Elle-même fait régulièrement les frais de ce fantasme : en reportage ou au bureau, des hommes trouvent régulièrement pertinent de lui préciser qu’ils n’ont jamais couché avec une asiatique…

A l’origine de la websérie Ça reste entre nous, qui donne la parole aux Asiatiques de France, Grace Ly rencontre régulièrement son public lors de projections. Pour elle, les jeunes femmes asiatiques payent aussi les normes de beauté européennes construites sur la blanchité. « En France, quand on est d’origine asiatique, on grandit dans l’idée que l’on n’est pas vraiment jolie », avance la militante qui poursuit : « Donc, dès qu’un mec vient et te dit que tu es la plus belle, tu as un peu tendance à laisser faire les premières fois. Tu te sens comme "validée". Et quand t’as faim… tu manges ! ».

« C’est comme ces mecs blancs européens qui vont chercher des petites femmes en Asie parce qu’ils pensent qu’elles sont bien obéissantes » - Linh-Lan Dao, journaliste

Cette hypersexualisation des femmes asiatiques est avant tout une question de représentation. De nombreux films consacrés au Japon des Geisha ou mettant en scène la guerre du Vietnam, relèguent les femmes au rang d'objets sexuels. Sans parler des mangas mainstreams où être une femme se résume souvent à un profond décolleté. « Historiquement, de nombreux facteurs associent les femmes asiatiques au sexe, développe Robin Zhen. Aux XVIII et XIXe siècle, le continent asiatique était présenté dans la culture populaire comme un territoire exotique, mystique…et sensuel. Au XXe siècle, la colonisation et l’occupation militaire sont venus renforcer ces stéréotypes ».

Les femmes asiatiques font souvent les frais d’un autre cliché, un cliché raciste, véhiculé par des décennies de colonisations et amplifié par les récits fait de la guerre du Vietnam : elles seraient des prostituées. « Une fois, illustre ainsi Grace Ly, j’étais dans un bar avec un pote. Un mec est arrivé et lui a demandé, avec ce regard de pote de vestiaire, combien il avait payé pour être avec moi ».

Longtemps tues, ces discriminations sont désormais mises en avant par une nouvelle génération de jeunes femmes asiatiques. Qu’elles militent au sein du Collectif Asiatique Décolonial, ou qu’elles se contentent d’en parler entre amis, elles refusent d’être réduites à leurs origines. Et tiennent, désormais, à le faire savoir.

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