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Jours tranquilles à Paris
30 mai 2018

L'Ukraine affirme avoir mis en scène la mort d'un journaliste russe critique du Kremlin pour piéger Moscou

journaliste russe tué

Mardi soir, la police ukrainienne avait annoncé que le reporter de 41 ans avait été abattu de plusieurs balles dans le dos en arrivant à son appartement à Kiev.

C'est une histoire digne d'un film. Les autorités ukrainiennes ont annoncé, mardi 29 mai, la mort du journaliste russe Arkadi Babtchenko, critique du Kremlin, ajoutant que le meurtre avait été "commandité par les services spéciaux russes". Dans un revirement invraisemblable, cet ancien soldat devenu reporter de guerre, exilé à Kiev où il se disait régulièrement menacé, est réapparu, bien vivant, mercredi 30 mai, lors d'une conférence de presse du chef des services de sécurité ukrainiens.

Ce dernier a expliqué avoir mis en scène le décès du journaliste pour déjouer un assassinat commandité par la Russie. "Grâce à cette opération, nous avons réussi à déjouer une provocation cynique et à documenter les préparatifs de ce crime", a déclaré le chef des services ukrainiens de sécurité aux côtés d'Arkadi Babtchenko.

Le chef des services de sécurité ukrainiens a également annoncé avoir interpellé l'"organisateur" de l'assassinat du journaliste, affirmant que cet homme avait reçu 40 000 dollars de la part des "services spéciaux russes".

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Ci-dessous article paru dans Le Monde il y a quelques jours

Le journaliste russe Arkadi Babtchenko assassiné à Kiev

Par Benoît Vitkine

Opposé à l’annexion de la Crimée, en 2014, et à la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine, il s’était mué en critique virulent de Vladimir Poutine.

Le journaliste et écrivain russe Arkadi Babtchenko, critique de longue date du régime de Vladimir Poutine, a été assassiné à Kiev, mardi 29 mai dans la soirée. Selon plusieurs sources, dont le site ukrainien Oukrainskaïa Pravda, M. Babtchenko a reçu trois balles dans le dos dans la cage d’escalier de son immeuble, dans le quartier Dniprovski de la capitale ukrainienne. Il a réussi à rentrer dans son appartement, où sa femme l’a trouvé ensanglanté et a prévenu les secours. Il est mort dans l’ambulance qui le conduisait à l’hôpital.

Cet homme de 41 ans, père d’une petite fille, avait combattu dans l’armée russe lors des deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2000), avant de travailler comme reporter de guerre pour le journal Moskovsky Komsomolets ou la chaîne NTV. Il s’était ensuite rapproché de publications libérales, en particulier Novaïa Gazeta, l’employeur historique d’une autre journaliste assassinée, Anna Politkovskaïa. M. Babtchenko avait aussi raconté dans plusieurs livres son expérience au sein des forces armées russes, recevant plusieurs prix littéraires.

Menacé de mort en Russie

Opposé à l’annexion de la Crimée, en 2014, et à la guerre menée par Moscou dans l’est de l’Ukraine, il s’était mué en critique virulent du régime de Vladimir Poutine. Il avait fui la Russie en février 2017 après avoir reçu des menaces de mort, consécutives à une violente campagne sur Internet et sur les télévisions russes, où il était désigné comme un traître et un fasciste et son visage livré en pâture aux téléspectateurs. « Cela fait dix ans que j’ai peur, expliquait-il au moment de son départ. Quand tu es dissident en Russie, on peut te tuer, on peut t’emprisonner... »

Depuis un an, il animait une émission sur la chaîne de télévision ukrainienne ATR, chaîne historique des Tatars de Crimée désormais installée à Kiev. Il continuait aussi de collaborer à plusieurs journaux et écrivait de façon indépendante sur les réseaux sociaux. Il continuait également à couvrir la guerre dans le Donbass. Nombre de ses collègues ukrainiens et russes, mais aussi occidentaux, rendaient hommage, mardi soir, au professionnalisme et au courage du journaliste. La police ukrainienne a rapidement précisé qu’elle considérait son activité professionnelle comme la principale piste de l’assassinat d’Arkadi Babtchenko.

Ces dernières années, les assassinats se sont multipliés en Ukraine, le plus souvent attribués par les autorités à la Russie. Depuis l’été 2016, des attaques à la voiture piégée ou par balles ont visé et tué des agents des services de sécurité ukrainiens et d’anciens combattants de la guerre du Donbass, notamment tchétchènes.

En mars 2017, Denis Voronenkov, un ancien député russe réfugié à Kiev, a été tué par balle dans le centre de la capitale ukrainienne. Et en juillet 2016, le directeur exécutif du site Oukraïnska Pravda, Pavel Cheremet, lui aussi de nationalité russe, est mort dans l’explosion de la voiture qu’il conduisait. Ses collègues ont pointé des lacunes importantes dans la conduite de l’enquête par les services ukrainiens.

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