Le nyotaimori (女体盛り?) (littéralement « présentation sur le corps d'une femme »)
Le nyotaimori (女体盛り?) (littéralement « présentation sur le corps d'une femme »), plus connu sous le nom de « corps sushi », consiste à manger des sashimis ou des sushis présentés sur le corps d'une femme nue.
Ce sous-genre des jeux avec de la nourriture est souvent considéré comme étant une pratique typiquement japonaise attirant l'attention de nombre de médias internationaux. Le fait d'être présentés sur un corps humain conférerait aux sushis, sashimis et maki une température voisine de celui-ci. Mais l'origine du nyotaimori reste floue, aucun restaurant au Japon ne proposant ce type de service. Cette pratique est plutôt considérée au Japon comme jeu sexuel et non comme une tradition culinaire, bien qu'elle soit présentée ainsi dans les autres pays du monde.
Photos : Petter Hegre
L’eau de Cologne se rafraîchit les idées
Par Claire Dhouailly
Elle avait déserté les salles de bains. De plus en plus de parfumeurs lui redonnent ses lettres de noblesse. Mixte, naturelle, plus concentrée, la fragrance rivalise avec les senteurs gourmandes en vogue.
Il fallait oser. En 2001, presque dix ans après Angel, Thierry Mugler prend le contre-pied du phénomène sucré en lançant une eau de Cologne, baptisée simplement Cologne.
Dans l’imaginaire collectif, la référence à ce type de parfums aux agrumes n’avait rien d’élégant. Signé Alberto Morillas (Acqua Di Giò, Flower by Kenzo), le jus est salué par les connaisseurs : « En réaffirmant le nom “Cologne” et en réinventant les codes olfactifs, avec des notes vertes et une overdose de muscs blancs cotonneux, Mugler a défini un nouveau style », remarque Yohan Cervi, spécialiste de l’histoire de la parfumerie et rédacteur pour la revue Nez et le site Auparfum.com.
Mais le public n’adhère pas : l’eau est un échec commercial. « Pour la plupart des gens, la cologne avait encore cette image de produit qui s’achète au supermarché. Le consommateur ne voyait pas forcément l’intérêt d’y mettre le prix », analyse le parfumeur Francis Kurkdjian.
« NOUS AVONS TENU À CONSERVER UNE ARCHITECTURE DE COLOGNE, AVEC DE LA BERGAMOTE, DU CITRUS, DE LA FLEUR D’ORANGER, DU PETIT GRAIN. » LE DIRECTEUR ARTISTIQUE OLFACTIF DE THIERRY MUGLER
Autre temps, autres mœurs. Constatant le goût actuel pour les senteurs unigenres, authentiques et d’apparence naturelle, la marque Thierry Mugler ressort la même fragrance, renommée Come Together, enrichie d’une nouvelle collection de quatre eaux conçues pour se combiner entre elles.
« Pour toutes les compositions, nous avons tenu à conserver une architecture de cologne, avec de la bergamote, du citrus, de la fleur d’oranger, du petit grain. Nous y avons ajouté d’autres facettes et de la tenue », commente Pierre Aulas, directeur artistique olfactif de la maison.
Séduire les jeunes
Avec leurs couleurs franches « instagrammables », elles sont ouvertement calibrées pour séduire les jeunes. « Certains aiment les choses très lourdes, sucrées, collantes, mais d’autres sont à la recherche de senteurs plus simples, plus fraîches, plus propres, avec une idée forte de naturalité », note Pierre Aulas.
Cette saison, d’autres maisons de parfums, comme Louis Vuitton, qui joue également
sur la séduction visuelle avec trois flacons aux couleurs pop, mais aussi Nicolaï, Mizensir ou Le Couvent des Minimes, réactualisent cette « vieille » recette. « Au départ, nous nous sommes demandé comment exprimer la fraîcheur au XXIe siècle. Nous nous sommes inspirés de ces eaux conçues il y a plusieurs siècles pour créer de véritables parfums », commente Jacques Cavallier-Belletrud, parfumeur exclusif Louis Vuitton.
A l’origine, l’« eau admirable », rebaptisée « eau de Cologne » d’après la ville où s’est installé son fondateur, est un mélange d’huiles essentielles d’agrumes et de plantes aromatiques. « C’est l’une des premières compositions que l’on apprend en tant que parfumeur. Si l’on reste sur la structure la plus simple, c’est sans risque, ça sent toujours bon », raconte Olivier Polge, parfumeur exclusif Chanel.
En splash après la toilette
Jusqu’à la fin des années 1960, les colognes pâtissent d’une image bas de gamme. Ce sont alors essentiellement des eaux de senteur peu onéreuses, peu concentrées (5 % d’huiles essentielles, contre 12 % à 20 % pour les parfums), que les coquets des classes moyenne et ouvrière appliquent en splash après la toilette. « Au moment de la révolution sexuelle, le secteur de la parfumerie s’est désembourgeoisé, et les “eaux fraîches” ont fait leur entrée au catalogue des parfumeurs », rappelle Yohan Cervi.
Elles se nomment Ô de Lancôme (1969), Eau de Rochas (1970), Eau Folle de Guy Laroche (1970) et sont inspirées par l’Eau Fraîche de Dior (1955), celle qui donna son nom à cette famille de fragrances légères. « L’idée fut d’ajouter un léger fond chypré à une eau de Cologne pour la faire tenir un peu plus longtemps », commente Francis Kurkdjian.
En 1977, la bombe olfactive Opium d’Yves Saint Laurent débarque, inaugurant une époque de parfums orientaux ultracapiteux. Les colognes et eaux fraîches n’ont plus qu’à bien se tenir. La légèreté refait surface dans les années 1990, notamment avec le succès planétaire de CK One, sorte de cologne moderne, qui préfigure celle de Mugler.
Les colognes d’aujourd’hui sont conçues pour être tenaces. Sous une apparence de naturel, elles ont besoin de la synthèse pour faire tenir la fraîcheur. « Les consommateurs en veulent pour leur argent. Ils imaginent qu’un produit qui ne tient pas n’est pas de bonne qualité, ce qui n’a en réalité rien à voir », constate Yohan Cervi.
Côté formulation, des concentrations poussées
Pour être sûres de convaincre, les marques n’hésitent pas à jouer sur le nom, en intitulant leurs collections Colognes Absolues chez Atelier Cologne, Cologne intense chez Jo Malone, Extrait de Cologne chez Roger & Gallet, Parfum de Cologne chez Louis Vuitton. Le nom le plus évocateur étant probablement celui choisi par Frédéric Malle, avec sa Cologne indélébile signée Dominique Ropion.
Côté formulation, les concentrations sont poussées pour atteindre celles de véritables parfums et les parfumeurs prolongent la tenue éphémère des hespéridés en ajoutant des notes de fond musquées, boisées, ambrées.
Les matières premières subissent également des traitements qui prolongent leur sillage. « Une essence classique de citron tient une minute sur la peau, mais, retravaillée, elle perdure deux heures », explique Jacques Cavallier-Belletrud.
De cologne, certaines fragrances n’ont parfois plus que le nom. « Légalement, rien n’oblige à faire une vraie cologne pour s’appeler cologne », souligne Olivier Polge, qui, pour la collection les Eaux de Chanel, a conservé l’idée de fraîcheur de cette composition traditionnelle, l’entrée par les agrumes, ainsi que la simplicité du geste splash, tout en adoptant une structure plus sophistiquée de parfum. Le nom cologne, jugé « trop réducteur », n’a donc pas été retenu. Signe que, malgré tous leurs efforts, les colognes n’ont pas tout à fait fini leur opération de réhabilitation.