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Jours tranquilles à Paris
9 mai 2018

FESTIVAL DE CANNES 2018 : PENELOPE CRUZ À COUPER LE SOUFFLE DANS “EVERYBODY KNOWS“

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Par Olivier De Bruyn

La star espagnole est de retour au Festival de Cannes avec “Everybody Knows“, d’Asghar Farhadi. Un film où elle joue avec son mari Javier Bardem, mais qui vaut mieux, beaucoup mieux, qu’une couverture de magazine people. Eloge d’une actrice qui n’est pas qu’une image.

Quand Penélope Cruz déboule au Festival de Cannes, elle ne se contente pas d’arborer son plus beau sourire et ses plus seyantes robes de soirées... Quoi que l’on pense de la carrière de l’icône ibérique - un pied à Hollywood dans des productions souvent prévisibles (le genre Pirates des Caraïbes) et l’autre en Europe dans les films exigeants de ses cinéastes chéris (en tête de liste : Pedro Almodovar) - la comédienne, sur le tapis rouge, ne se satisfait pas de jouer l’égérie de luxe pour ses « sponsors », mais laisse parler son talent, qui n’est pas mince, dans des films qui font date. C’est ici, sous le soleil cannois exactement, que Penelope a dévoilé ses plus beaux films : Tout sur ma mère et Volver, de son ami Almodovar ou Vicky Cristina Barcelona, un des meilleurs Woody Allen des dernières décennies où elle jouait une partition euphorisante avec sa camarade Scarlett Johansson.

Senora Cruz confirme aujourd’hui ses heureuses prédispositions cannoises avec la présentation, en ouverture du festival, du film d’Asghar Farhadi : Everybody Knows. Dans la nouvelle fiction de l’Iranien internationalisé - on lui doit, entre autres, Le passé, incarné par Bérénice Bejo et Tahar Rahim - Pénélope est Laura, une Espagnole qui, vivant en Argentine depuis des lustres, s’en revient dans son village natal pour assister au mariage de sa sœur. Une fiesta inoubliable ? En quelque sorte, hélas ! En effet, alors que la noce bat son plein et que la sangria coule à flots, la fille ado de l’héroïne disparaît, enlevée par de mystérieux ravisseurs. Aidée par son ex-amant (campé par Javier Cruz, pardon, par Javier Bardem), Laura met tout en œuvre pour retrouver sa progéniture et s’aperçoit que ses proches ne sont pas aussi fréquentables qu’elle le pensait.

La souffrance d’une mère affligée par la disparition de sa gamine : avec un tel argument, de nombreux cinéastes auraient foncé tête baissée dans le chantage aux grands sentiments et de nombreuses actrices auraient sombré dans la surenchère lacrymale. Farhadi ne mange pas de ce pain-là. Et Cruz non plus, qui n’en fait jamais trop dans ce beau film âpre où, tout en douleur contenue et ambiguïté dérangeante, elle subjugue dans ce rôle de mère de famille confrontée au pire. Comme quoi l’actrice, avant d’être une égérie et une star, est avant tout une… actrice. Et même une grande actrice.

Everybody Knows, de Asghar Farhadi, avec Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin… En salles le 9 mai.

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7 mai 2018

Isabelle Adjani

 

 

5 mai 2018

BENEDETTA

* béatifiée et non canonisée

https://fr.wikipedia.org/wiki/Benedetta_Carlini

4 mai 2018

Critique : « Senses » : un quatuor de femmes aux vies désaccordées

Par Mathieu Macheret - Le Monde

Le cinéaste Ryusuke Hamaguchi a découpé en cinq volets son film « Happy Hour », tableau acide de la société japonaise.

L’AVIS DU MONDE : CHEF D’ŒUVRE

Senses, première œuvre distribuée en France du Japonais Ryusuke Hamaguchi, né en 1978, auteur d’une petite dizaine de films inédits, l’est sous la forme d’un feuilleton en cinq épisodes, rassemblés en trois programmes (Senses 1 & 2, Senses 3 & 4, Senses 5), aux sorties échelonnées entre le 2 et le 16 mai.

Sous ce traitement d’exception se trouve pourtant, au départ, un long-métrage de plus de cinq heures, Happy Hour, présenté en 2015 au Festival de Locarno (Suisse) – où ses quatre comédiennes reçurent un prix d’interprétation.

Durée d’exploitation inhabituelle qui explique le pari de la segmenter, afin d’ouvrir au film plus de fenêtres de programmation. Moins justifiée semble l’accroche quelque peu opportuniste ornant l’opération : « La première série au cinéma ». D’abord parce que le concept remonte au moins au cinéma muet et à ses serials (premiers films à épisodes des années 1910). Enfin, parce que le label « série » fait passer pour une expérience ce qui n’est jamais qu’un conditionnement, et ne dit rien, ou peu, du film en lui-même.

Atelier d’improvisation

Cela posé, venons-en à l’essentiel : Senses est une véritable merveille, une fresque chorale d’une beauté et d’une profondeur confondantes, dépeignant de sublimes portraits de femmes au quotidien, et à travers elles, le paysage étendu d’une certaine désaffection contemporaine. Il entretient, à ce titre, bon nombre d’affinités avec le magnifique Certaines femmes (2016), de l’Américaine Kelly Reichardt, qui reliait aussi l’affect féminin, saisi dans sa pluralité, au sentiment d’abandon et de déshérence propre à nos sociétés modernes.

De plus, Senses est issu d’une expérience, dont il tire à la fois son format hors norme et sa forte empreinte réaliste : celle d’un atelier d’improvisation, dont les participants amateurs se sont retrouvés acteurs et actrices du film, et ont inspiré eux-mêmes l’écriture du scénario. Le temps long de la fiction est donc non seulement celui de l’apparition, mais aussi de la concrétisation des personnages, se gonflant dans la durée d’une pluralité de dimensions intimes, sensibles, relationnelles, (dés)amoureuses, caractérielles.

HAMAGUCHI OBSERVE LA TECTONIQUE DES SENTIMENTS ET DES STRUCTURES SOCIALES INVISIBLES, MAIS AUSSI CE QUI SE RÉVEILLE, SE RÉVOLTE EN L’INDIVIDU

Quatre femmes, donc, quatre amies de Kobé, approchant la quarantaine – dangereux point de bascule existentielle –, se retrouvent régulièrement pour des sorties. Dès la première scène, réunies pour un pique-nique, elles scrutent la ville recouverte d’un épais brouillard, qui ressemble à leurs vies : obstruée, sans perspective, sans horizon.

On plonge, ensuite, dans chacune de ces vies, dans ce qui n’y tourne plus rond et s’appelle souvent « conjugalité ». Sakurako, mère au foyer, mendie ses sorties auprès d’un mari sacrifiant tout à son emploi. Akari, aide-soignante divorcée, vit seule et perd le sens de son travail. Fumi, curatrice d’un centre d’art, est mariée à un éditeur froid et calculateur. Et Jun, en pleine instance de divorce, prend la tangente et disparaît brutalement, lors d’un week-end entre amies. Disparition qui marque le tournant du film et dont la secousse entraîne une série de glissements, de recompositions, dans les existences hébétées des amies restantes.

Miroir tendu aux hommes

Le temps du film est donc celui – un instant, une éternité – que prend une vie pour sortir des habitudes, des modèles dominants, d’un imaginaire social usé. Hamaguchi observe avec une attention infinie, ainsi qu’une adhérence sidérante à l’étoffe humaine de ses personnages, la tectonique des sentiments et des structures sociales invisibles, mais aussi ce qui se réveille, se révolte en l’individu. Sa mise en scène, épurée sans sécheresse, précise sans surplomb, impavide sans mollesse, repose sur les changements d’axe, rythmant les échanges et les écoutes, redéfinissant en permanence les rapports et positions de chacun.

Bien sûr, son quatuor de femmes, saisies à ce moment où la jeunesse altérée n’est plus un levier, brocarde le foyer traditionnel comme le siège d’une inégalité ancrée au cœur de la société japonaise, un archaïsme irréductible que la modernité n’a pas suffi à balayer.

Quatuor qui tend aussi un miroir aux hommes, aux normes qu’ils incarnent, aux codes qu’ils perpétuent. Le récit, dans sa progression imperturbable, pousse ses héroïnes vers une sortie de piste, hors des mythes sociaux qui génèrent autant d’illusions et d’usure. Sortie qui traverse une série de luminosités fluctuantes – aubes rosies, contre-jours contrastés, pénombres épaisses, nuits artificielles – comme un tunnel de sentiments mêlés.

SONDER LES PLUS INFIMES MOUVEMENTS DE L’EXISTENCE

Senses est principalement fait d’échanges, de réunions, de repas, en somme de conversations, et culmine lors de deux scènes extraordinaires, dans lesquelles on s’engouffre comme en apnée : un atelier au cours duquel un jeune artiste invite les participants à se toucher, à entrer en contact ; puis la lecture publique d’une romancière, dont le récit sensitif se superpose peu à peu à celui du film.

Scènes anodines en surface, mais où les enjeux se nouent en profondeur, en un cosmos étourdissant de trajectoires croisées, de non-dits, de gestes esquissés et de souffles suspendus. On touche alors du doigt le projet de Hamaguchi : sonder les plus infimes mouvements de l’existence, cette intériorité inaccessible des personnages, où se dessine, à chaque seconde, le pacte décisif qui lie l’individu à la société. Un pacte personnel, émotionnel, sensuel et politique. Une position dans le monde.

« Senses », film japonais de Ryusuke Hamaguchi. Avec Sachie Tanaka, Hazuki Kikuchi, Rira Kawamura, Maiko Mihara (2 h 20, 1 h 25, 1 h 15). Unifrance.org/art-house-films

3 mai 2018

The amazing Elizabeth Streb dance company

 

The amazing #ElizabethStreb dance company



5,043 Likes, 119 Comments - cindy sherman (@cindysherman) on Instagram: "The amazing #ElizabethStreb dance company"

 

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2 mai 2018

VOLONTAIRE Bande Annonce (2018) Film Français

30 avril 2018

Les Parisiennes

Ce vendredi 27 avril 2018, Les Parisiennes sortaient dans les bacs leur album éponyme qu'elles vont défendre en spectacle dès le mois prochain. La troupe, formée par Mareva Galanter, Arielle Dombasle, Inna Modja et Helena Noguerra, se prépare activement.

Après plusieurs semaines de teasing, Les Parisiennes ont donc sorti leur disque. Le girlsband, reformé avec de nouvelles têtes par Laurent Ruquier, avait déjà publié un premier single intitulé Ah c'qu'on est bête et elles continuent de faire découvrir l'album au grand public à moins d'un mois du lancement du spectacle.

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Ruquier ressuscite le groupe yé-yé les Parisiennes

Arielle Dombasle, Mareva Galanter, Inna Modja et Helena Noguerra composent le nouveau quatuor.

La discussion démarre et finit par un éclat de rire collectif. On se dit que sur ce point, Laurent Ruquier a déjà réussi son casting. Arielle Dombasle, Mareva Galanter, Inna Modja et Helena Noguerra semblent sur la même longueur d'onde. L'animateur-producteur a choisi ces quatre chanteuses pour réaliser un rêve de gosse : ressusciter les Parisiennes, un groupe vocal yé-yé 100 % féminin.

Ce quatuor pop et jazzy créé par le chef d'orchestre Claude Bolling réalisa quatre albums entre 1964 à 1972 et connut plusieurs succès, dont « Il fait trop beau pour travailler », « L'argent ne fait pas le bonheur » ou le générique du « Pop-Club » de José Artur sur France Inter. Ces nouvelles Parisiennes sortiront leur album de reprises au printemps, avant de se produire du 24 mai au 3 juin aux Folies-Bergère, à Paris. Les billets sont mis en vente ce vendredi.

Pour dévoiler dans nos colonnes sa nouvelle aventure, Laurent Ruquier préfère s'effacer derrière ses drôles de dames. On ne saurait lui donner tort, tant elles pétillent ! « On scintille, même, lance Arielle Dombasle. Nous sommes ensemble depuis juillet pour travailler et on s'amuse beaucoup. Il y a de la tendresse et de l'admiration entre nous quatre. La complicité est venue très vite. »

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«Paris nous a apprivoisées»

« C'est un casting improbable mais magique, abonde Mareva Galanter. Nous sommes différentes et complémentaires. » Arielle Dombasle et sa voix élastique, qui glisse du lyrique au rockabilly, Helena Noguerra et Mareva Galanter et leur univers pop élégant, Inna Modja, géniale chanteuse soul.

« Je suis née aux Etats-Unis, Mareva à Tahiti, Helena en Belgique et Inna à Bamako, rappelle Arielle Dombasle. C'est ça, être parisienne. » « Nous sommes toutes parisiennes d'adoption, acquiesce Mareva Galanter. Paris nous a apprivoisées. Et j'espère que nous le lui rendons bien. » « Paris a été blessé ces dernières années, ajoute Inna Modja. Et on a envie de redonner le sourire, de remettre en avant son côté solaire. »

Femmes libérées

« Les Parisiennes sont restées dans le subconscient des Français, enchaîne Arielle Dombasle. A l'époque, c'étaient des femmes libérées. A notre tour de mettre la féminité aux postes de commande. » Un projet féministe ? « Tout acte est politique », sourit Helena Noguerra, la seule qui avait déjà repris une chanson des Parisiennes, « Bonne nuit mes agneaux » avec Philippe Katerine.

« Des 64 chansons des Parisiennes, nous avons choisi les plus modernes, sexy et joyeuses », poursuit Mareva Galanter. « On entend nos sourires dans la voix, ajoute Inna Modja. Nous venons d'enregistrer 15 chansons mais nous en chanterons 30 dans le spectacle. » « Plus qu'un concert, ce sera une revue moderne avec des chorégraphies et des saynètes », précise Inna Modja. « On fera une tournée fin 2018 et on espère bien sillonner les capitales, conclut Arielle Dombasle. Car le monde entier aime les Parisiennes ! »

Les Parisiennes, en concert du 24 mai au 3 juin aux Folies-Bergère (Paris IXe). De 22 € à 59 €, billets en vente ce vendredi.

29 avril 2018

Fashion Show aux Folies Bergère en octobre... save the date

fashion show

29 avril 2018

«Les Shadoks», prises de becs

Diffusés pour la première fois en avril 1968, les oiseaux bêtes et méchants à l’univers foutraque et aux pompages vains ont provoqué la polémique au sein de l’ORTF et parmi les téléspectateurs. C’est leur inventeur, Jacques Rouxel, qui en fut le premier surpris.

  «Les Shadoks», prises de becs

«C’était il y a très, très, très longtemps, démarre le comédien Claude Piéplu de sa voix nasillarde haut perchée et pleine d’emphase. Au début, il n’y avait rien. Enfin, ni plus ni moins de rien qu’ailleurs.» C’était très énigmatique et c’était un lundi, il y a pile cinquante ans. Le 29 avril 1968, les Français découvrent médusés, sur la première de leurs deux seules chaînes de télévision, le plus inclassable des dessins animés : les Shadoks, contraction improbable du groupe de rock britannique les Shadows et du capitaine Haddock. Un feuilleton archi-court et quotidien de deux minutes chrono, idéalement intercalé entre les actualités télévisées et le grand film du soir, concentré de poésie délirante et chaotique, d’humour absurde et déjanté. La très officielle ORTF vient d’allumer sans le savoir la mèche d’une petite révolution médiatique avant le grand chambardement de Mai. Comme le disent ces étranges bestioles tout en ronds et en becs dans l’un de leurs célèbres aphorismes,«il vaut mieux mobiliser son intelligence sur des conneries que mobiliser sa connerie sur des choses intelligentes».

Dans cette France corsetée, dirigée par un héros des temps de guerre, il y aura bientôt un avant et un après-Mai 68. Un monde. Mais avant même que ne volent les premiers pavés, il n’aura suffi que d’une quinzaine de jours de Shadoks à 20 h 30 pour que les aventures de ces volatiles faussement bêtes et méchants coupent la France en deux. «Comme au temps de l’affaire Dreyfus», ose un article du Figaro, selon lequel «bien des scènes conjugales et des drames de famille n’ont pas d’autre raison». L’heure est grave. «Faut-il tuer les Shadoks ?» s’interroge un éditorialiste qui compare l’irruption de cet ovni télévisuel à une nouvelle bataille d’Hernani des anciens et des modernes.

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Pomper, pomper, pomper…

Entre ceux que réjouit la folie douce de ces éternels «pompeurs» cosmiques et les «shadokophobes», bien plus nombreux alors et exaspérés par cette liberté de ton annonciatrice de l’esprit débridé de Mai, le fossé est immédiat. Choisis ton camp, téléspectateur, les Shadoks, on les adore - «ils brillent comme un diamant dans un océan de nullité», dit un conquis - ou on les déteste - «on ne sait s’ils relèvent de l’infantilisme ou du délire hallucinatoire», lui répond un anti.

«L’équipe des Shadoks qui avait ramé pendant des années avant de convaincre la direction de l’ORTF de lui laisser sa chance à l’antenne, fut la première surprise par l’intensité de la polémique», raconte aujourd’hui Thierry Dejean, auteur des Shadoks de Jacques Rouxel (Hoëbeke), un très bel ouvrage paru en février à l’occasion de ce cinquantième anniversaire. Une seule émission jusque-là, rappelle-t-il, avait déclenché un tel scandale. Signée d’un autre enfant terrible de la télévision naissante, Jean-Christophe Averty, les Raisins verts avait, en 1963, déclenché un torrent de protestations outrées de téléspectateurs pour son gag récurrent d’un bébé de celluloïd passé au hachoir à viande.

Dès leur apparition, l’humour nonsense très british des Shadoks croqués d’un trait de crayon épuré et avant-gardiste, déconcerte par sa nouveauté les premières générations de téléspectateurs élevés au classicisme sans fantaisie des Jacquou le Croquant, Maigret et autres Thierry la Fronde. Mais de l’aveu de leur créateur, Jacques Rouxel, «scientifique raté et frustré», selon ses mots, qui fait finalement HEC où il passe son temps à dessiner avant d’aller vendre ses talents dans la publicité, les Shadoks n’ont aucune visée révolutionnaire. «J’essayais franchement de ne rien faire passer du tout ni de faire une œuvre, tout le machin», marmonne-t-il dans sa grosse moustache en expliquant qu’il «fallait produire vite, sans trop savoir où on allait». Pomper, pomper, pomper…

En 1965, ce natif de Cherbourg qui grandit outre-Atlantique où il dévore les comic strips de la presse (Peanuts, Snoopy en français, Garfield le chat) passe finalement la porte de l’ORTF avec un premier projet de spots interludes. Ses modèles s’appellent Joan Miró et Paul Klee en peinture - dont les oiseaux de la toile la Machine à gazouiller (1922) ont inspiré la silhouette des Shadoks -, Alphonse Allais, Lewis Carroll, Ionesco et l’Américain James Thurber en littérature. «La culture de l’absurde postmoderne était la marque de l’époque, explique Thierry Dejean. Jacques Rouxel se méfiait des messages trop directement politiques. La véritable subversion pour lui passait avant tout par la création artistique.»

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Expérimentation visuelle

Son univers minimaliste aux antipodes de Disney retient l’attention de l’ingénieur et musicien Pierre Schaeffer. Ce non-conformiste à la tête du laboratoire d’idées dénué de toute contrainte qu’est alors le Service de recherche de l’ORTF, supporte mal les pesanteurs d’une télévision soumise au contrôle du pouvoir. Avec le feu vert d’Emile Biasini, le nouveau directeur de la télévision venu du théâtre qui affirme ne rien connaître au petit écran, ils vont produire les premiers épisodes des Shadoks. Une expérimentation visuelle mais également sonore : la bande-son signée du compositeur Robert Cohen-Solal, une jeune recrue du Service de recherche, est réalisée à partir de bruits de métal, de verre brisé ou encore de caoutchouc, et offre pour la première fois à la très confidentielle musique concrète un débouché grand public. «Il ne s’agissait plus d’écrire de la musique, mais de la faire avec ses doigts et ses oreilles, témoigne-t-il. C’était exaltant, on avait carte blanche pour greffer sur les images et la voix de Claude Piéplu des sons jamais entendus jusque-là dans l’animation.»

Après le début des événements, la diffusion des Shadoks s’interrompt le 13 mai, lorsque les 12 000 salariés que compte alors l’Office de radiodiffusion télévision française commencent à faire grève pour protester contre l’absence d’indépendance et d’objectivité journalistique dans le traitement des manifestations. «Jacques était totalement absorbé par son travail et pas du tout expansif», confie à Libération son épouse, Marcelle Ponti-Rouxel qui montera par la suite avec lui leur propre studio baptisé aaa Production pour «animation, art graphique, audiovisuel». «Il a fini par s’intéresser à ce qui se passait dans la Maison ronde, toute cette effervescence l’a obligé à bouger, poursuit-elle. Mais sa principale crainte, c’était que les Shadoks ne reviennent jamais à l’antenne.»

Ils feront pourtant leur retour dès septembre, après une pause forcée qui ne calmera en rien la polémique, au contraire. Les Shadoks auront droit à leur «référendum» cathodique dans l’émission Midi Magazine présentée par Jacques Martin et, à partir de 1969, à une seconde émission intitulée Les Français écrivent aux Shadoks, alimentée par les plus féroces et cocasses lettres lues à l’antenne par le duo pince-sans-rire Jean Yanne-Daniel Prévost. «Le pouvoir n’aimait pas les Shadoks, affirme Marcelle Ponti-Rouxel, ils n’étaient pas habitués à une telle dérision.» La légende veut cependant que le Général ne se soit pas interdit de regarder l’émission à l’occasion et qu’Yvonne de Gaulle ait plaidé pour leur retour à l’antenne sous la pression de ses petits-enfants.

Pas plus que leur créateur, resté très discret pendant les événements de Mai, les récits surréalistes narrés par Claude Piéplu, par ailleurs excellent imitateur de De Gaulle, n’ont jamais laissé transparaître le moindre sous-entendu politique. Mais pour Thierry Dejan, les parallèles avec l’époque sont nombreux. «La compétition entre les Shadoks et leurs ennemis, les Gibis, pour aller sur Terre avec leur fusée, peut être vue comme une métaphore de la course à l’espace et aux armements entre gentils Américains et méchants Russes», dit-il. Et l’obsession de pomper n’est-elle pas une critique très situationniste de l’aliénation par le travail dans la société de consommation ? Marcelle Ponti-Rouxel se souvient, elle, d’un graffiti vu en Mai 68 dans une rue du XVe à Paris, représentant un combat de vilains patrons exploiteurs Gibis contre de gentils ouvriers exploités Shadoks. «Jacques était étonné mais content. Le dessinateur avait compris que la bêtise et la méchanceté des Shadoks étaient plus intéressantes et humaines que la supériorité des Gibis, qui n’ont rien à raconter.»

Christophe Alix  - Libération

27 avril 2018

GREASE, LE MUSICAL AU THÉÂTRE MOGADOR - vu ce soir

Créée en 1971 par Jim Jacobs et Warren Casey, lancée le jour de la Saint Valentin en 1972 et jouée 3.388 fois à Broadway lors de sa première exploitation, Grease a été nommée pour 7 Tony Awards. Elle fut ensuite produite à Londres en 1974. Cette comédie musicale a été portée à l’écran quatre ans plus tard, un film éponyme marqué par le duo Olivia Newton-John/John Travolta, le film de tous les records, 400 millions de $ de recettes et souvent cité comme le film musical le plus populaire. Cette adaptation de la comédie musicale a véritablement propulsé la carrière de John Travolta.

Depuis le succès ne s’est jamais démenti, la comédie musicale a été reprise à Broadway (de 1994 à 1998 pour 1.505 représentations supplémentaires), exploitée dans des tournées à travers les Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, en Afrique du Sud et plusieurs pays d’Europe. (Richard Gere et Elaine Paige, entre autres, ont figuré dans les différentes distributions).

L’histoire se déroule en 1959 à la Rydell High School, dans la banlieue de Chicago, sur fond de musique rock. Sandy Dumbrowski, une nouvelle élève, intègre le lycée. A sa grande surprise, elle y retrouve son amour d’été, Danny Zuko, chef du gang des Burger Palace Boys. Si elle est heureuse de le revoir, lui se préoccupe plus de sa popularité et de son image de chef de bande que des sentiments de Sandy. Aidée par les Pink Ladies, Sandy va finir par s’imposer dans ce jeu d’amour et de hasard.

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https://www.instagram.com/greaselemusical/

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