Cinéma LGBT - LE FOISONNEMENT CONTEMPORAIN
La multiplication des personnages et des films à thématique LGBTQI+ ne cesse de s'accélérer depuis une vingtaine d'années. Ils nous donnent à voir, dans tous les genres et quasiment sous toutes les latitudes, un foisonnement inédit d'images de l'homosexualité à travers des approches renouvelées, via notamment le prisme queer. Ce mouvement s'accompagne d'une reconnaissance sans précédent de ces oeuvres et de leurs auteurs et autrices à la fois par le public et la critique. En témoignent les succès populaires rencontrés ici et ailleurs par La Vie d'Adèle (Abdellatif Kechiche, 2014), 720 battements par minute (Robin Campillo, 2017) ou Une femme fantastique (Sebastian Lelio, 2017), mais aussi les nombreux et prestigieux prix remportés par ces films (Palme d'Or, Césars, Oscar du film étranger...). Ainsi, en 2017. l'Oscar du meilleur film est attribué pour la première fois en quatre-vingt-dix ans à un film dont l'homosexualité — et qui plus est celle d'un jeune homme doublement minoritaire puisqu'il est noir - est le thème central : Moonlight, de Barry Jenkins. On mesure là le chemin de reconnaissance et de visibilité parcouru depuis la très solitaire démarche militante portée par Autre que lesautres, il y a un siècle. voit le surgissement d'œuvres majeures signées par de grands cinéastes qui ne craignent plus de prendre en charge la question (homo)sexuelle dans leurs films, à l'instar des trois maîtres italiens : Pier Paoto Pasolini (Théorème, 1968), Federico Fellini (Satyr/con, 1969), Luchino Visconti (Mort à Venise, 1971). L'après Stonewall est aussi marqué par les premiers films de réalisatrices mêlant les thématiques féministes et lesbiennes (Chantai Akerman, Barbara hlammer, Ulrike Ottinger), par la multiplication de personnages homos souvent traités avec bienveillance dans un grand nombre de films populaires, par l'affirmation de leur propre homosexualité par des cinéastes reconnus (Patrice Chéreau avec L'Homme blessé, 1983 ; André Téchiné, avec Les Roseaux sauvages, 1994), mais aussi par des intrigues abordant des thèmes jusque-là inexplorés (bisexualité, adolescence, romances, couples...). C'est également le moment de l'ouverture de nouvelles cinématographies à des images LGBTQI+ : l'Espagne de la Movida avec Pedro Almodovar en 1980, Israël, rAmérique du Sud, plusieurs pays d'Asie...