La droite reprend le Sénat, le FN obtient deux élus
La moitié (178) des sièges au Palais du Luxembourg était renouvelée hier. La gauche y perd sa majorité, après une parenthèse de trois années.
Après les municipales en mars et les européennes en mai, la gauche a connu hier sa troisième défaite électorale. Le Sénat, gagné par le PS en 2011, est retombé dans l’escarcelle de la droite après une parenthèse de trois ans. Sans compter les résultats d’outre-mer, qui devaient être connus dans la nuit, l’UMP et l’UDI dépassent la majorité absolue d’une douzaine de sièges, alors que la majorité sortante avait six sièges d’avance. Un résultat qui ne surprend qu’à moitié le premier secrétaire du PS, compte tenu du mode de scrutin qui donne les clés du vote aux élus municipaux.« Le résultat n’était pas inattendu. Le vote sanction est intervenu lors des municipales. Il y a un effet mécanique », a constaté Jean-Christophe Cambadélis qui estime cependant que la victoire de la droite est plus étroite que prévu.« La gauche a bien résisté. » Elle gagne même un siège dans le Calvados, la Somme, la Charente… Et dans la Sarthe où le maire PS du Mans, Jean-Claude Boulard, profite des divisions de la droite pour offrir à ce département son premier sénateur de gauche depuis 45 ans.« C’est un événement politique majeur, lui répond Luc Chatel, secrétaire général de l’UMP.C’est évidemment une défaite cinglante pour François Hollande et son gouvernement et c’est surtout un signe de reconquête qui est très important pour notre famille politique. » Symbole du recul des socialistes, la Corrèze, fief du chef de l’État, perd ses deux sièges et bascule à droite. Autre symbole : la défaite du radical Jean-Michel Baylet dans le Tarn-et-Garonne.
« Un signe de reconquête »
La droite engrange quelque 115 victoires sur les 178 sièges en jeu. La plupart des grands ténors UMP sont réélus : Jean-Pierre Raffarin dans la Vienne, Jean-Claude Gaudin dans les Bouches-du-Rhône… Dans l’Aube, l’ancien député UMP François Baroin fait son entrée au Sénat avec un score de maréchal (76,58 %). Les centristes de l’UDI font une percée, en gagnant huit à dix sièges : un résultat qui conforte leur volonté d’indépendance à l’égard du grand rassemblement qu’appelle de ses vœux Nicolas Sarkozy. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, le Front national fait son entrée au Sénat où il compte désormais deux élus (autant qu’à l’Assemblée nationale) : Stéphane Ravier, maire du VIIe secteur de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône, et David Rachline, maire de Fréjus, dans le Var, qui devient à 26 ans le plus jeune élu de la haute assemblée.« C’est une grande victoire pour le FN, une victoire absolument historique, s’est félicitée Marine Le Pen.Plus une seule Assemblée en France n’est interdite au FN. » Quelles conséquences ce basculement à droite aura-t-il pour François Hollande ? À première vue, elles seront faibles. Le Front de gauche et les écologistes avaient pris l’habitude de voter contre la plupart des grands textes de loi présentés par le gouvernement. La victoire de la droite devrait cependant encore un peu plus compliquer les choses et ralentir les débats même si l’ Assemblée nationale a le dernier mot. Surtout, elle offre à l’UMP une tribune symbolique qui lui sera précieuse pour entretenir ses espoirs de victoire en 2017.