Les Macron ou la République en Match !
Par Philippe Ridet
Dans sa chronique, Philippe Ridet, grand reporter au « Monde », estime que L’hebdomadaire a trouvé, avec le couple présidentiel, ses Kennedy made in France.
Coup du chapeau ou hat-trick pour le couple présidentiel. Brigitte et Emanuel Macron sont de nouveau en une de Paris Match cette semaine.
Après Le pari réussi au lendemain du premier tour, L’espoir a gagné après le second, l’hebdomadaire du poids des mots et du choc des photos présente le troisième volet de la saga présidentielle : Premier jour à l’Elysée. Vingt-six pages spéciales (plus quatre pour le premier ministre Edouard Philippe), tout en couleurs, un blockbuster quinquennal réservé au nouveau président de la République en Match !
A coup sûr il s’agit d’un collector, un numéro de garde – comme les bons vins – bien dans la manière de l’hebdomadaire – révérencieuse et exclusive. On en retrouvera peut-être, dans vingt ans, un exemplaire tout gaufré, craquelant et poussiéreux au fond d’une armoire. Nos petits enfants nous demanderont sans doute pourquoi les familles Macron et Trogneux avaient décidé d’organiser une fiesta ce jour-là. Mais n’anticipons pas.
Sept couv’ en un an, un record
Cependant Paris Match aurait décidé de marquer une pause. La passe de quatre ce sera pour une autre fois. Pour créer un état de manque chez ses lecteurs ? Semer la panique dans les salons de coiffure de Romorantin ? En solidarité avec les journalistes écartés des déplacements présidentiels ? Qui sait. Le compteur reste pour l’instant bloqué à sept couv’ en un peu plus d’un an. Un record qui sera difficile à battre.
Pourtant l’affaire marche du feu de Dieu pour le plus grand bonheur des parties concernées. Entre elles, tout commence le 14 avril 2016. Une photo d’archives en Une (déjà sur un tapis rouge), des confidences de Brigitte Macron à l’intérieur et c’est parti ! Cette semaine-là, le journal rate la vente de 50 000 exemplaires en kiosque faute d’un tirage suffisant.
La leçon sera retenue. La couverture du mois d’août où Brigitte et Emmanuel Macron arpentent la plage de Biarritz en maillot de bain fait un carton (800 000 ventes). Le candidat, lui, grappille des points dans les sondages.
La chance sourit aux Macron
Initialement, c’est Nicolas Sarkozy qui, un peu comme tous les étés, devait faire la une. Il a préféré Valeurs Actuelles… On l’a connu mieux avisé.
Une nouvelle aubaine se présente en janvier 2017. La photo des Macron, main dans la main en plein Paris, est choisie au dernier moment par la direction de la rédaction de l’hebdo. Cette semaine-là, c’est François et Penelope Fillon qui devaient figurer en première page. Mais l’épouse de l’ancien premier ministre, dévastée par les premières révélations du Penelopegate, a refusé de prendre la pose. Décidément la chance sourit aux Macron.
L’hebdomadaire a trouvé ses Monaco, ses Kennedy made in France, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. A l’heure où les grandes stars de notre cinéma national (Belmondo et Delon) ne font plus rêver, où les vedettes de la télévision vieillissent ou se font virer, ils ne restent qu’eux : les Macron, toujours au pluriel car comme on dit dans les couloirs du groupe Lagardère, propriétaire de Match, « c’est elle qui fait vendre ».
Seule Sophie Marceau, Celine Dion et les enfants du Prince de Galles et de Kate Middleton font aussi bien. C’est rageant. Encore un effort.
Urgent : Mathias Depardon est emprisonné en Turquie depuis 11 jours.
Bonjour,
Mathias Depardon est un photographe français. Basé en Turquie depuis cinq ans, il a été arrêté le 8 mai dernier au cours d'un reportage dans le sud-est du pays pour le magazine National Geographic.
Les autorités n’avaient aucune raison d'arrêter le journaliste. Pourtant, sa libération se fait attendre. Inexplicablement, bien que son expulsion ait été ordonnée il y a plus d'une semaine, Mathias Depardon croupit toujours dans un centre de rétention à Gaziantep.
Nous avons décidé d'agir. Avec deux autres organisations de défense de la liberté de la presse et 19 rédactions ayant collaboré avec Mathias Depardon, nous demandons aujourd'hui à Ankara sa libération immédiate et inconditionnelle.
N'hésitez pas à relayer le plus possible cet appel sur Twitter ou sur Facebook et d'en parler autour de vous, pour que l'absurde et l'arbitraire ne triomphent pas dans l'indifférence générale.