Leonardo DiCaprio décroche l’Oscar du meilleur acteur
On le disait maudit. Ce dimanche 28 février, il a conjuré le sort. Après trois nominations infructueuses, l’acteur Leonardo DiCaprio a décroché l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du trappeur Hugh Glass dans The Revenant d’Alejandro Gonzalez Iñarritu.
Le cinéaste mexicain repart lui aussi du Dolby Theater de Los Angeles en étant entré dans la légende d’Hollywood, après avoir décroché pour la deuxième année de suite la statuette de meilleur réalisateur − il avait été récompensé pour Birdman en 2015. Seuls deux hommes ont réussi cette prouesse : John Ford (1941 et 1942) et Joseph L. Mankiewicz (1950 et 1951).
La 88e cérémonie des prestigieux prix américains du cinéma aura également été marquée par les succès de Spotlight, sacré meilleur film. La saga journalistique de Tom McCarthy relate la rédaction d’un important article par une équipe d’investigation du Boston Globe, dévoilant un scandale de prêtres pédophiles couverts par l’Eglise catholique. La jeune comédienne Brie Larson, 26 ans, a, quant à elle, été désignée meilleure actrice pour son rôle dans Room, où elle incarne une femme violée et séquestrée depuis plusieurs années avec son jeune fils.
Hormis le triomphe de Mad Max : Fury Road, film le plus primé dimanche avec six statuettes (montage de son, mixage de son, montage, création de costumes, maquillage et décors) et la quatrième victoire de rang pour Disney dans la catégorie des films d’animation pour Vice-Versa, la soirée restera célèbre pour son entrée en matière. Dans son discours liminaire, le maître de cérémonie, Chris Rock, a ainsi embrassé la polémique sur le manque de diversité au sein des finalistes choisis par l’Académie.
« Bienvenue à la cérémonie des Oscars, également connue comme les prix des gens blancs. Si [les membres de l’Académie] nominaient les présentateurs, je n’aurais même pas ce travail ! »
Dès vendredi, il avait laissé entendre qu’il reviendrait sur la question qui agite Hollywood depuis plusieurs semaines en postant sur Twitter une vidéo montrant un écran brouillé en noir et blanc accompagné du mot-clé #BlackOut, signifiant à la fois « les Noirs sont de sortie » et « les Noirs sont absents ».
En effet, pour la deuxième année de suite, les quelque 6 200 membres de l’Académie des Oscars, qui sont à une très large majorité des hommes blancs âgés, n’ont retenu que des acteurs blancs, déclenchant un raz-de-marée de protestations sur les réseaux sociaux avec pour cri de ralliement #OscarsSoWhite.
Connu pour son humour tranchant, l’acteur a expliqué sur scène avoir sérieusement réfléchi à renoncer à présenter la cérémonie : « Mais je me suis dit, ils vont quand même organiser les Oscars. Ils ne vont pas les annuler simplement parce que j’ai jeté l’éponge. »
Plusieurs figures du cinéma ont décidé de boycotter la soirée pour dénoncer cette discrimination. Le réalisateur Spike Lee et le couple d’acteurs Will Smith et Jada Pinkett-Smith, qui font partie de ceux-là, ont été épinglés au passage par Chris Rock, dimanche.
« Si vous voulez plus de Noirs, il faut juste créer des catégories pour les Noirs », a poursuivi l’humoriste sur un ton acide. Plus sérieusement, il a martelé : « Nous. Voulons. Des opportunités. Nous voulons que les acteurs noirs bénéficient des mêmes opportunités. »
« La vraie question (…) c’est : est-ce qu’Hollywood est raciste ? (…) Bien sûr ! Mais ce n’est pas le racisme auquel on est habitué. C’est un racisme de cercle. »
Le palmarès en bref :
Meilleur film : la saga journalistique Spotlight de Tom McCarthy raconte la rédaction d’un important article par une équipe d’investigation du Boston Globe, dévoilant un scandale de prêtres pédophiles couverts par l’Eglise catholique.
Meilleur acteur : Leonardo DiCaprio, 41 ans, a été honoré pour son interprétation du trappeur Hugh Glass dans The Revenant.
Meilleure actrice : Brie Larson, 26 ans, a été récompensée pour son rôle dans Room. Elle y incarne une femme violée et séquestrée depuis plusieurs années avec son jeune fils.
Meilleur réalisateur : le cinéaste mexicain Alejandro Gonzalez Iñarritu a été primé pour son film The Revenant. Il avait déjà obtenu la statuette en 2015 pour son long-métrage Birdman. Il devient le troisième réalisateur de l’histoire à gagner deux fois de suite ce prix, après John Ford (1941 et 1942) et Joseph L. Mankiewicz (1950 et 1951).
Meilleur film en langue étrangère : Le Fils de Saul, du Hongrois Laszlo Nemes, traite du sort tragique des sonderkommandos, les prisonniers de camps de concentration, essentiellement juifs, forcés par les nazis à faire fonctionner les chambres à gaz.
"Le Fils de Saul" : Antigone à Auschwitz
Meilleur acteur dans un second rôle : Mark Rylance a été primé pour son intérprétation dans Le Pont des Espions. Le Britannique de 56 ans y incarne un agent soviétique installé depuis des années aux Etats-Unis.
Meilleure actrice dans un second rôle : Alicia Vikander a été récompensée pour sa performance dans The Danish Girl. La Suédoise de 27 ans y campe Gerda, épouse de l’artiste Lili Erbe, la première femme transgenre à avoir obtenu des opérations de réassignation sexuelle.
Meilleur film d’animation : Vice-Versa, brillante et émouvante chronique du conflit des émotions dans la tête d’une pré-adolescente, a offert pour la quatrième année de suite l’Oscar de cette catégorie aux studios Disney.
Année bissextile
Les personnes nées le 29 février vont (enfin) fêter leur anniversaire https://t.co/jz83MOGMWQ pic.twitter.com/Lo9m4G5Vt4
— L'Express (@LEXPRESS) 29 février 2016
Inez et Vinoodh
Emily Ratajkowski nue pour la promo de son texte féministe : contradictoire ? Pas du tout
Par Francis Métivier
Philosophe
C'est totalement nue sur Instagram que la mannequin Emily Ratajkowski a annoncé la parution de son texte féministe dans la newsletter de Lena Dunham. Un choix qui a suscité des interrogations. Peut-on être nue et féministe à la fois ? Pour le philosophe Francis Métivier, ce n'est pas antinomique.
Emily Ratajkowski incarne un nouveau féminisme et pose la question : peut-on promouvoir le féminisme en posant nue ? Elle développe une posture du féminisme qui, au lieu de se présenter col roulé, juste avec des mots, se met à nu. Se mettre nu (ou poser nu) et se mettre à nu sont deux attitudes différentes : la première consiste à montrer, la seconde à exprimer.
Elle affirme un féminisme qui défend la féminité
Qu’est-ce que se mettre à nu ? Malebranche, dans "La Recherche de la vérité", comparait l’esprit et les yeux. De même que l’homme sensé avance avec ses propres yeux dans la lumière, de même le sage cherche la vérité avec son esprit et non celui des autres. Se mettre à nu, c’est avancer grâce a ses propres atouts.
L’expression "se mettre à nu" a deux sens : dévoiler un élément de sa vie intérieure et montrer son corps. Emily Ratajkowski fait les deux. On peut dire, effectivement, que la photographie postée sur Instagram est un élément promotionnel pour son article dans "Lenny Letter".
On peut dire aussi l’inverse : l’article Emily Ratajkowski fait la promotion de son corps. Bref, elle fait et de son corps et de son esprit ses instruments de travail. Disons plutôt ses moyens d’expression. Pour exprimer quoi ? L’importance d’un beau corps et l’essence d’un esprit.
Qu’on ne s’y trompe pas en pensant qu’une fille qui se met à nu (au sens propre) n’est pas capable de réfléchir : l’article de Emily Ratajkowski est plus que pertinent. Il affirme un féminisme qui défend la féminité, une féminité volontaire et consciente. Un féminisme qui assume la femme quand elle est belle. Surtout quand elle est belle. Belle, elle l’est. Elle ne va donc pas défendre autre chose…
Nue, suis-je idiote ou intelligente ?
Elle parle donc de sa personne comme "baby women", bonnet D à 12 ans et victime de brimades qu’une personne qui s’habille à sa guise peut parfois subir.
"Pour moi, 'sexy' désigne une forme de beauté, d’expression de soi." Une œuvre d’art vivante ? Un dépassement des préjugés ? "Est-ce que quelqu’un devrait me forcer à me vêtir différemment ?"
"Je refuse de vivre dans ce monde de la honte et des excuses silencieuses". Les non-dits, les regards noirs, la jalousie de ceux qui, n’ayant pas les qualités de l’autre, se laissant dominer par un désir mimétique, se placent dans l’incapacité de chercher les leurs.
"Même si être 'sexualisée' par le regard de la société est avilissant, il doit exister un espace où les femmes peuvent encore être sexuelles quand elles choisissent de l'être" : l’autonomie de la femme prônée par le féminisme classique. Si la femme est autonome, elle a la liberté de choisir de se mettre à nu. Et même de jouer sur l’équivocité : nue, suis-je idiote ou intelligente ? Qui dit que le féminisme classique n’est pas non plus culturellement formaté, et même vestimentairement modélisé ?
"La vie ne peut pas être dictée par la perception des autres". Quelqu’un a un problème avec un corps un peu dénudé dans la réalité ou un corps nu sur une photographie ? Ce n’est pas le problème de celle ou de celui qui se met ainsi à nu. C’est le problème de celui qui juge avec sa morale rétrécie. Ses envies enfouies. Sa frustration. Son incapacité à voir l’autre pour lui-même, plutôt que sous l’aune de sa névrose.
La société veut des enfants modèles ? Eh bien voilà, avec Emily Ratajkowski, c’est fait…