Etel : Denis Seznec veut croire à la réhabilitation de son grand-père
Denis Seznec ,petit-fils de Guillaume Seznec et président d’honneur de France Justice.Vous donnerez une conférence vendredi soir à Etel. De quoi parlerez-vous ?
Je parlerai de l’affaire et des aspects juridiques. Et puis du bagne. Je montrerai des photos et des vidéos inédites. J’ai pu me les procurer grâce à des veuves de gardiens. Les conditions dans lesquelles vivaient les bagnards étaient impensables. Mon grand-père est un rescapé, très peu en sont revenus.
Vous étiez proche de votre grand-père ?
Guillaume Seznec a été emprisonné 24 ans, dont 20 ans au bagne de Cayenne. Lorsqu’il en est revenu après avoir été gracié par De Gaulle, il s’est beaucoup occupé de moi. J’avais 7 ans quand il est mort, suite à un accident de voiture suspect. Il a toujours clamé son innocence. J’ai vu ma mère se battre pour le défendre, et puis j’ai pris le relais. J’ai pu compter sur Badinter, qui avait tout juste 27 ans quand il est devenu l’avocat de mon père, et qui m’a toujours soutenu. Ainsi que beaucoup d’autres personnalités.
Vous avez à nouveau un espoir de réhabiliter votre grand-père ?
Oui, il y a quelques jours à peine une dépêche est tombée concernant la révision de la loi Seznec, qui date de 1989. Cinq gardes des sceaux et plusieurs autres personnes dont moi-même avons été entendus lors d’une commission des députés. Christiane Taubira semble favorable à une amélioration de la loi. Jusqu’à aujourd’hui, seules huit révisions de procès ont abouti. En comparaison, la justice américaine a reconnu à ce jour l’exécution de 900 innocents. Une séance publique des députés se tiendra le 27 février 2014 en vue de modifier la loi. Ça me laisse un grand espoir. On va probablement pouvoir présenter à nouveau notre dossier de réhabilitation, avec de grandes chances de gagner.
Lors de la conférence, vous évoquerez la piste québécoise ?
Oui, c’est une piste intéressante. Une canadienne de 70 ans m’a écrit après un séjour en France durant lequel elle a fait le lien entre mon histoire et celle de son père. Ce dernier lui avait avoué, lorsqu’elle avait 50 ans, que son vrai nom était Quemeneur (le nom de la victime qu’aurait assassiné Seznec, dont le corps n’a jamais été retrouvé). On peut imaginer qu’il aurait refait sa vie là-bas. La police québécoise est sur l’affaire et procède à des vérifications.
Vendredi 6 décembre à 20 h, salle des fêtes, conférence-débat de Denis Seznec, avec dédicace de son dernier livre. Entrée gratuite.