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Galerie Albert Benamou
24, rue de Penthièvre
75008 Paris
www.benamou.net
Solution Scheme
Jusqu'au 24 mai 2008
Résultat d'une collaboration
entre un artiste et une ancienne call-girl, le projet «Solution Scheme» invite
le spectateur à affronter la condition de l'homme dans toute sa trivialité.
Nudité, désir, froideur se mêlent dans des photographies qui offrent un double
regard sur l'absurdité des relations humaines et sur les graves conséquence de
l'arrivée du capitalisme dans la société chinoise.
Communiqué de presse
Xu Yong, Yu Na
Solution Scheme
«Solution Scheme» est un projet
artistique né en 2006 de la collaboration entre le photographe Xu Yong et une
ancienne call-girl et hôtesse de bar Yu Na. Il rassemble une douzaine de
photographies accompagnées d’un texte autobiographique de la jeune femme qui
englobe un concept expérimental et une action réelle.
«Solution Scheme» propose des
images de Yu Na nue ou en tenue provocante sexy, à l’érotisme outrancier,
entourée d’hommes impassibles, en costume noir dans une ambiance de conseil
d’administration, dans des bureaux lugubres.
La scénographie froide, le décor
minimaliste, sans narration ni anecdote, l’atmosphère silencieuse qui rassemble
en frise des personnages qui ne communiquent pas entre eux, rendent
l’atmosphère décalée, mélangeant l’ironie et l’absurde, l’incongruité et le
sinistre des situations.
Phriné ne parade pas devant ses
juges mais au contraire les visages des hommes sont marqués par une
concentration, presque une méditation mêlée d’absence, étrangers à la scène qui
se joue sur leurs yeux. Des lunettes noires, la lecture de journaux, des processions
grotesques, ou des rassemblements patriotiques font d’eux des masques anonymes
et uniformisés, indifférents au monde dans ce qu’il a de plus trivial.
Yu Na dans chaque photographie
est la femme qui possède le déclencheur de la caméra, elle contrôle chaque
scène et est seule détentrice de contrôle et de pouvoir sur son image et sur
ces hommes qui l’auraient normalement humiliée et exploitée. Paradoxalement si
elle ose raconter dans sa biographie son existence de call girl, objet absolu
du désir des hommes dans sa plus sordide manifestation, et s’exhiber dans ses
images avec la plus grande impudeur, elle tente de reconquérir par ce processus
artistique ce qu’elle avait perdu en dignité et sa nouvelle identité.
Elle transforme le processus de
vente et de négociation de son propre corps en création d’oeuvre d’art et
réhabilite sa fonction en l’anoblissant. De même, le photographe lui permet par
sa participation artistique et son soutien financier d’échapper à sa triste
condition et de transformer son statut de prostituée en celui d’une artiste
active.
La subtile mise en place
néo-classique des personnages (compositions pyramidales ou en frise, éléments
de décor comme les drapeaux ou les rideaux rythme architectural) n’est pas sans
rappeler l’héroïsme de certaines oeuvres de propagande révolutionnaire,
l’aspect ‘pompier’ des opéras de l’époque maoïste et en rajoute dans l’ironie
et le cynisme dans des images académiques telle ‘la liberté guidant le peuple’;
en effet, amer constat que cette nouvelle liberté qui comme la peste peut être
aussi le véhicule des grands dangers de la corruption morale, de l’exploitation
humaine, du mépris de l’autre, de la solitude.
Dans ces fausses allégories
outrancières, les deux associés discréditent, (l’une par sa propre expérience
et l’autre par la mise en scène de ses fictions) le mythe de la société
prospère et florissante et expose la décadence qui se cache derrière. Comme de
nombreux artistes chinois aujourd’hui Xu Yong s’interroge à travers ces mini
performances sur la situation de la
Chine
d’aujourd’hui et sur les pathétiques conséquences de la
mondialisation. Il rêve d’apporter une proposition pour une société plus
humaine basée sur la conscience individuelle, la justice et la liberté.