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Jours tranquilles à Paris
bettina rheims
24 février 2018

Les détenues de Bettina Rheims, exposées au Château de Vincennes

Elles ont besoin de votre regard ! » Il y a trois ans, Bettina Rheims a dit : « D’accord, essayons, qui dois-je contacter ? » Badinter lui tendit une carte avec un nom. Elle écrivit sa demande, mais rien ne se passa. Six mois plus tard, un rendez-vous lui fut proposé. Elle avait cinq jours pour élaborer son projet ! « J’ai passé des heures sur les blogs d’anciennes détenues », dit-elle. « Et là, j’ai commencé à forger mon approche. Une femme en prison oublie son identité, perd de vue sa féminité, il n’y a plus le regard des hommes et les miroirs sont rares. Pour peu qu’elle ne soit pas aisée financièrement, ce sont les produits de soins, de santé et de maquillages et de nourriture normale qui disparaissent et là, la déchéance commence ! Une femme formidable m’a soutenu durant ces six mois à sillonner les prisons de France : Isabelle Gorce, directrice de l’administration pénitentiaire. A la première réunion, les vingt personnes pressentes soulevèrent des objections. ‘J’aime ce projet ; il se fera conclut-elle !’ Après ce furent six mois à sillonner la France. A la fin, 60 femmes furent photographiées. Toutes sont dans l’exposition et le livre. Qu’ai-je apporté à ces femmes ? Une petite fenêtre de plaisir, une coiffeuse, une maquilleuse et une image qu’elles pourront regarder et envoyer. Celle d’une féminité un temps retrouvé. » Jean-Jacques Naudet

Bettina Rheims, Détenues

Du 9 février au 30 avril 2018

Sainte-Chapelle du Château de Vincennes

2 Cours des Maréchaux

75012 Paris

France

http://www.chateau-de-vincennes.fr/Actualites/Exposition-Detenues-de-Bettina-Rheims

Livre publié par Gallimard

39€

http://www.gallimard.fr/

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18 février 2018

Bettina Rheims: «Les gens n'ont pas envie de penser qu'une femme peut être une criminelle»

PHOTOS Bettina Rheims expose actuellement à la Sainte-Chapelle du château de Vincennes des portraits de femmes incarcérées…

Elle a photographié les plus grands, Catherine Deneuve, Monica Bellucci ou encore Jacques Chirac. Bettina Rheims est devenue l’icône de la photographie en France depuis les années 80. Depuis le 9 février et jusqu’au 30 avril prochain*, le Centre des monuments nationaux propose une visite de la nouvelle exposition de la photographe, intitulée « Détenues », à la  Sainte-Chapelle de Vincennes. L’artiste Bettina Rheims a mis en lumière les visages de femmes incarcérées dans 4 prisons de France. Un ouvrage éponyme a également été publié.

17 février 2018

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13 février 2018

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3 février 2018

En images : la photographe Bettina Rheims part à la rencontre des femmes incarcérées

Par Fanny Marlier 

Dans sa dernière série, Bettina Rheims a photographié une soixantaine de femmes détenues. Le tout prend la forme d'un livre et d'une exposition qui (re)-donnent à voir qui elles sont réellement.

Exit les barreaux et les uniformes. Les détenues, vêtues de couleur, posent sur un mur blanc. Pour sa série Détenues, la photographe Bettina Rheims a décidé de prendre le contre-pied du lieu d'enfermement qu'est la prison. Publié le 1er février dernier, son ouvrage regroupe soixante-quatre portraits, réalisés entre septembre et novembre 2014, de femmes incarcérées dans quatre prisons différentes : Lyon-Corbas, Rennes, Poitiers-Vivonne et Roanne.

Encouragée par Robert Badinter et avec le soutien de l'administration pénitentiaire, Bettina Rheims a immortalisé ces regards et ces postures qui interrogent la construction et la représentation de la féminité en prison. "A défaut de leur liberté, je souhaitais que, par la force de son talent, Bettina Rheims restitue à chacune sa personnalité que l'incarcération tend à effacer", indique l'ancien Garde des Sceaux dans l'avant-propos du livre.

"Depuis trop longtemps, cette idée m’obsédait. On parlait des hommes, de la radicalisation, de la violence en prison, mais trop peu des femmes. Qu'en était-il de leur vie quotidienne – comment préservait-elles leur féminité, loin des leurs, de leurs enfants – dans des conditions matérielles si difficiles", explique Bettina Rheims. Dans ces lieux de privation de liberté, Bettina Rheims improvisait un petit studio où les femmes pouvaient choisir des vêtements et être maquillées si elles le souhaitaient. "Une occasion à cet instant de retrouver un peu de cette estime de soi, bien souvent égarée dans ces lieux de détention où rien n'est pour elles", détaille la photographe. "Il me fallait aller à la rencontre de femmes qui n'avaient pas fait le choix de vivre entre quatre murs. Nous avons beaucoup parlé. Elles se sont racontées, et j'ai tenté de leur offrir un moment hors de ce temps-là."

Des femmes très différentes les unes des autres, des femmes normales, qui pourraient bien être n'importe qui, votre voisine, voire peut-être vous-même. Bettina Rheims "montre des femmes qui montrent ce qu'elles sont. (…) Poser, pour elles, revient à reprendre conscience et possession d'elles-mêmes. Leur proposer de ne rien faire d'autre que se donner, visage et corps, et se laisser regarder, c'est cela en définitive la véritable fenêtre que Bettina Rheims leur a ouverte", résume ainsi Nadeije Laneyrie-Dagen, historienne de l'art et professeure à l'ENS, qui signe un texte de l'ouvrage.

Un travail saisissant

Outre le livre, le travail de Bettina Rheims prend la forme d'une exposition qui se tiendra à la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes du 9 février au 30 avril, puis au château de Cadillac du 1er juin au 4 novembre. Des lieux qui n'ont pas été choisis au hasard puisque ces deux monuments possèdent un lien historique particulier avec les détenues. C'est à la fin de la Terreur, en 1794, que six cents prisonnières sont incarcérées pour la première fois dans le donjon et la pavillon du roi du château de Vincennes. En Gironde, la château de Cadillac, construit au XVIe siècle, devient une prison pour femmes en 1818 avant d'être transformé en 1890 en "école de préservation de jeunes filles", une sorte de maison de redressement pour mineures.

L'exposition sera également accompagnée de ce que Bettina Rheims a appelé "Fragments", de courts textes qui racontent le parcours de ces détenues narrés par la photographe et que l'on peut retrouver dans le livre. Un travail saisissant et qui a le mérite d'humaniser ces femmes. "Sous son regard, ces prisonnières se révèlent comme des êtres uniques, singuliers", conclut alors Robert Badinter.

"Détenues" de Bettina Rheims, avant-propos de R. Badinter et texte de N. Laneyrie-Dagen, Ed. Gallimard, sortie le 1er février 2018, 180 pages.

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12 décembre 2017

Bettina Rheims

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20 novembre 2017

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17 novembre 2017

Les Femen vues par Bettina Rheims

PHOTOGRAPHIE

Fidèle à sa quête et à ses convictions, la photographe française Bettina Rheims présente à la galerie Xippas, des portraits des féministes activistes Femen. Un nouveau pavé dans la mare, qui ricoche sur l’actualité dominée par l’affaire Weinstein et ses encyclies. Rencontre.

Par Delphine Roche

Son œuvre photographique se lit comme un grand album de famille, peuplé surtout de femmes. Dans ce clan atypique : des anonymes, des pop stars, des androgynes, des créatures plantureuses. Devant sa caméra, elles jouent avec les codes de l’histoire de l’art, parfois avec les symboles de la religion, voire font l’amour. Pour tendre un miroir à la condition de la femme, Bettina Rheims ne s’est jamais laissé intimider par la perspective d’une potentielle polémique. Fidèle à sa quête et à ses convictions, la photographe française présente, à la galerie Xippas, des portraits des féministes activistes Femen.

Numéro : Quelle a été la genèse de ce projet ?  Avez-vous rencontré une Femen ?

Bettina Rheims : J’ai vu à la télévision un reportage sur Inna Shevchenko, la fondatrice des Femen en Europe. Auparavant, comme tout le monde, je n’avais aperçu les Femen que dans des images furtives et violentes d’elles en pleine action, en train de se faire embarquer par des policiers qui sont des hommes. Dans ces images, les militantes ne sont jamais vraiment incarnées… Je me suis dit que ces femmes étaient des guerrières incroyables, et que leur discours politique était vraiment intéressant. J’ai pensé qu’elles étaient un parfait sujet pour moi. Je photographie les femmes depuis de nombreuses années, connues ou anonymes, et j’ai le sentiment d’en faire des guerrières, de faire ressortir leur force. J’ai notamment beaucoup travaillé en Chine et au Japon, où j’ai peut-être aidé certaines femmes à comprendre qu’on pouvait exprimer sa force et rester féminine en même temps. J’avais envie de donner un visage aux Femen, de les incarner et de les présenter au monde.

Ces femmes qui sont des activistes, ont-elles accepté facilement de se prêter à votre vision ?

J’ai rencontré Inna Shevchenko pour lui expliquer que mon projet consistait à faire passer les Femen du monde éphémère des news, à celui pérenne de l’art. Inna a accepté d’appeler des filles du monde entier à venir poser pour moi, sous plusieurs conditions : “Nous ne voulons pas devenir des images girly, nous ne voulons pas qu’on nous enlève notre combat. Nous ne nous déhancherons pas, et nous ne nous mettrons pas à terre”. Cette dernière condition faisait référence à une de mes photos de Madonna.

“Je viens d’une génération où les droits des femmes étaient acquis, nous avions le droit de voter, le droit à l’avortement. J’ai pensé, comme de nombreuses femmes, qu’on pouvait baisser les armes.”

Leurs corps, bien que nus, ne sont pas donc pas érotisés.

Voilà. Leur propos est justement de se réapproprier leurs corps, ces corps féminins qui existent souvent, dans notre culture, avant tout dans le regard de l’autre, dans le regard de l’homme, comme objets de désir. Le corps de ces femmes est celui d’un sujet actif, d’un acteur politique. Serge Bramly et moi avons choisi des slogans parmi ceux qu’elles avaient déjà utilisés sur le terrain. Toutes les images, même celle où Marguerite pose dans une culotte blanche tachée de sang, reprennent des actions de leur combat.

“Certaines ont réussi à mieux s’accepter en transformant leur corps en pancarte et en arme.”

Ce ne sont pas des portraits d’un combat, mais bien de femmes combattantes.

Tout à fait. Pour la lumière et les couleurs, je me suis appuyée sur une petite figurine de combattante de l’époque de Mao : il s’agissait d’adopter les codes de l’iconographie révolutionnaire et politique. On m’a souvent demandé si j’étais une féministe, et je n’ai jamais compris pourquoi : pour avoir la réponse, il n’y a qu’à regarder mon travail. Je n’ai pas besoin de me revendiquer comme telle. Je viens d’une génération où les droits des femmes étaient acquis, nous avions le droit de voter, le droit à l’avortement. J’ai pensé, comme de nombreuses femmes, qu’on pouvait baisser les armes. Aujourd’hui, nous voyons bien à quel point ces acquis sont précaires, et que le chemin à parcourir reste long. Il était important pour moi de réaliser cette série de portraits, pour participer au combat. Et comme pour corroborer mon propos, l’affaire Weinstein a éclaté deux jours après l’envoi du communiqué de presse de l’exposition.

Devenir Femen a-t-il aidé certaines de ces femmes à aimer leur corps ?

Certaines ont réussi à mieux s’accepter en transformant leur corps en pancarte et en arme. Car l’industrie de la mode n’aide pas vraiment les femmes : les quelques tentatives pour rendre justice au corps féminin se noient dans la masse. On fabrique toujours des générations d’anorexiques.

Si l’industrie de la mode n’est pas le lieu du changement, l’art peut-il jouer ce rôle ?

L’art peut changer la perception des choses, changer les regards. Je me souviens d’une exposition de ma série “Gender Studies” [consacrée aux androgynes, qui questionnait dès les années 80 la définition du masculin et du féminin] dans une ville assez conservatrice d’Allemagne. Un couple de visiteurs entre dans une des salles, et l’homme veut ressortir tout de suite. Il dit à sa femme : “On ne va tout de même pas regarder ça”. La femme convainc son mari de rester cinq minutes et finalement, une demi-heure plus tard, ils étaient toujours dans cette salle, en train de discuter. Quand les gens parlent d’une œuvre, ils ouvrent la porte à un questionnement. Alors on peut se dire, en tant qu’artiste, qu’on n’a pas perdu son temps.

Naked War, de Bettina Rheims, à la galerie Xippas, jusqu’au 25 novembre

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13 novembre 2017

Naked War : Bettina Rheims a photographié les Femen

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Lorsque la photographe Bettina Rheims rencontre les Femen, ça donne une exposition, « Naked War », et surtout un autre point de vue, artistique et esthétique, sur l'action de ces militantes féministes.

"Délivrez-nous du mâle". "Les seins nourrissent la révolution". "L'avortement est sacré". Des slogans provocateurs sur des corps nus... Et sur les murs d'une galerie d'art du Marais, à Paris. Le message des Femen peut-il infiltrer l'art contemporain ? Pour Bettina Rheims, la réponse est oui. La photographe expose ses clichés d'une vingtaine de militantes du groupe féministe, ces "héroïnes modernes" qu'elle a convaincues, il y a quelques mois, de poser devant son objectif dans son studio parisien.

"Jusque-là, je rencontrais des femmes et j'en faisais des guerrières. Cette fois-ci, j'ai rencontré des guerrières, et j'ai eu envie de leur donner un visage, de les incarner, de souligner leur féminité, explique la portraitiste, qui voit ce projet comme une sorte d'aboutissement. J'ai eu l'impression que tout le travail que je mène depuis quarante ans autour des femmes s'incarnait en elles."

Défier les institutions

Inna Shevchenko, la présidente des Femen, a vite compris l'intérêt d'une telle "expérience" : "Faire entrer ces slogans dans une galerie, un lieu où de tels messages sont rarement présents, c'était une opportunité, un moyen de partager notre propos auprès d'un public moins politisé, peut-être moins féministe. Les droits des femmes doivent s'infiltrer partout, surtout là on ne les voit pas d'habitude." Les Femen n'ont jamais fait l'unanimité - encore récemment, un livre du journaliste Olivier Goujon, Femen : histoire d'une trahison (éd. Max Milo, 384 pages), les critiquait avec virulence.

Mais depuis leur naissance en Ukraine il y a près de dix ans, on s'est habitués à les voir défier les institutions (politiques, religieuses...), dans la rue, les seins barrés de formules chocs. "Pour cette collaboration avec Bettina Rheims, on savait qu'il s'agissait de son regard à elle posé sur nous, mais on a exigé qu'elle nous prenne telles que nous sommes, avec nos propres poses et nos propres slogans, souligne Inna Shevchenko. Cela reste très différent de ce qu'on fait d'habitude, lorsqu'on met en avant le contenu de nos messages, leur sens politique. Là, c'était un travail en studio, avec toute une équipe attentive à l'aspect esthétique de notre action. Ça donne des images plus glamour que d'habitude, et peut-être que certaines de nos militantes ne se sont pas complètement reconnues. Mais moi, je ne vois aucune contradiction entre le fait d'être féminines et le fait d'être des guerrières."

Une exposition qui coïncide avec l'affaire Weinstein

Bettina Rheims l'admet, elle a été troublée par la coïncidence entre l'ouverture de l'exposition et le contexte de libération de la parole des femmes suite à l'affaire Weinstein : "'Délivrez-nous du mâle' , le slogan que porte Sarah Constantin (qui est également une collaboratrice de Grazia, ndlr) sur la photo que j'ai faite d'elle, prend un autre sens, une autre force. C'est incroyable." Les Femen savent qu'elles sont attendues sur le sujet.

"Nous avons nos plans", confirme leur porte-parole, avant de conclure tristement : "Certains se demandent pourquoi les femmes ne prennent la parole que maintenant. Mais elles parlent depuis longtemps ! Ce qui a changé, c'est que la société est désormais prête à les entendre. Notre objectif reste de tirer la sonnette d'alarme sur les nombreux sujets que la société continue d'ignorer." La guerre nue n'est pas finie.

"Bettina Rheims. Naked War", jusqu'au 25 novembre à la galerie Xippas, Paris 3e.

Voir mon reportage en cliquant ICI

29 octobre 2017

NAKED WAR- Exposition photo à la Galerie Xippass - Photos : Bettina Rheims - Vu hier

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Reportage photographique : J. Snap

https://www.instagram.com/bettinarheims/

https://www.instagram.com/explore/locations/595697939/xippas-galleries/

http://www.xippas.com/fr/exhibition/naked-war/

NAKED WAR

OCTOBRE 21 - NOVEMBRE 25, PARIS

La Galerie Xippas a le plaisir de présenter le dernier projet photographique de Bettina Rheims « Naked War ». Réalisé en 2017 en collaboration avec l’écrivain et romancier Serge Bramly, il est issu de la rencontre entre la photographe et les activistes Femen.

Les portraits des Femen prolongent la recherche sur la construction et la représentation de la féminité que l’artiste mène depuis plus de 35 ans et qui a pris un tournant clairement politique depuis sa série « Détenues » (2014)[1]. Dans cette continuité, Bettina Rheims se tourne vers le courant féministe où elle trouve des affinités intrinsèques à son travail.

Femen est un mouvement international de femmes du monde entier qui a vu le jour en 2008 en Ukraine. Les actions de Femen s’inscrivent dans la « troisième vague du féminisme », après les Suffragettes du XIXe siècle et les mouvements des années 1970. Plus radicales, physiquement engagées, les Femen se réapproprient les codes de la performance en agissant dans l’espace public. Portant des slogans sur leurs torses nus qui deviennent un espace privilégié de revendication, elles inventent le « nu politique » comme outil de mobilisation.

En se mettant à nu, ces femmes démontrent que le corps reste le seul et dernier moyen de résistance face à une oppression, et les réactions aux revendications des Femen prouvent que c’est un moyen extrêmement puissant. Allant des accusations d’atteinte à la pudeur jusqu’à l’agression physique, ces réactions révèlent la violence inhérente du système socio-politique actuel.

Par la mise en scène, mais également par les codes propres à l’image, Bettina Rheims donne une autre visibilité à l’engagement des Femen et transpose la problématique de l’actionnisme féministe dans le champ de l’art contemporain.

Photographiés sur fond neutre, ces corps en combat sont extraits de leur environnement public et faisant face au spectateur, s’adressent directement à lui. Par le moyen de la photographie, Bettina Rheims met en valeur le côté performatif de l’activisme des Femen et crée une œuvre où l’artiste et les activistes sont les co-auteurs. Donnant une présence forte au corps féminin, non idéal et parfois non conventionnel, devenu médium d’un message politique, la corporalité, toujours présente dans le travail de Bettina Rheims, dévoile une autre dimension – celle de l’engagement et du pouvoir.

Avec la féminité assumée mais non érotique, les Femen utilisent leur nudité comme moyen de communication qui ébranle les modes d’expression des mouvements féministes. Bettina Rheims reprend les codes de la féminité adoptés par les Femen pour remettre en question les rapports de forces sociaux-culturels où les femmes se voient encore attribuer des rôles bien précis. Retrouver son corps féminin, non comme objet du désir, mais comme sujet actif et comme acteur politique, tel est l’engagement des Femen transcrit par Bettina Rheims.

Abordant la question du corps féminin et l’image du nu comme espace et outil politique, Bettina Rheims met en avant les enjeux de la mobilisation du mouvement Femen et offre une vision renouvelée du portrait féminin en tant que  « nu politique ».

De sa série sur les stripteaseuses de Pigalle (1980) qui marque le début de sa carrière, au cycle sur la vie de Jésus dans I.N.R.I. (1998), des portraits d’animaux empaillés dans la série “Animal” (1982) à son travail sur le genre dans « Gender Studies » (2011), la photographie de Bettina Rheims bouscule l’iconographie et les thèmes traditionnels. L’une des séries majeures, « Chambre Close » (1990-1992) – la première en couleur – marque le début de sa collaboration avec le romancier Serge Bramly.

Plusieurs institutions ont consacré des expositions rétrospectives à son travail : le Kunsthal, Rotterdam et le Moscow House of Photography, Moscou (2006), le C/O Berlin et le FORMA, Milan (2008), la Maison Européenne de la Photographie de Paris et le Fotografiska Museet de Stockholm (2016).

Un ouvrage rétrospectif qui rassemble plus de 500 photographies réalisées durant 35 ans de sa carrière, a été publié par les Editions Taschen en 2016.

En 1995, Bettina Rheims a réalisé le portrait officiel du Président de la République Jacques Chirac. Il la décorera des Insignes d‘Officier de la Légion d’Honneur pour l’ensemble de son travail en 2007.

[1] Encouragée par M. Robert Badinter et le soutien de l’administration pénitentiaire, Bettina Rheims a photographié, entre septembre et novembre 2014, plus d’une soixantaine de femmes en détention.

Un film de Joseph Paris « Naked War », une réflexion philosophique et artistique sur les Femen, est désormais disponible aux éditions Montparnasse, Paris.

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