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Jours tranquilles à Paris
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8 octobre 2020

Coronavirus

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8 octobre 2020

88 à 115 millions de personnes vont basculer dans l’extrême pauvreté

La pandémie de covid-19 va précipiter dans l’extrême pauvreté entre 88 et 115 millions de personnes supplémentaires dans le monde cette année, a annoncé, mercredi, la Banque mondiale, soulignant que de plus en plus de citadins sont concernés. C’est la première fois depuis plus de vingt ans que le taux mondial d’extrême pauvreté va augmenter, souligne l’institution de Washington. Et d’ici à 2021, ce chiffre risque de monter jusqu’à 150 millions de personnes supplémentaires vivant avec seulement 1,90 dollar par jour, soit moins que le prix d’un café dans un pays avancé.

Un record pour les milliardaires

Parallèlement, la fortune des milliardaires a d’ores et déjà touché un sommet durant la pandémie. Selon une étude réalisée par la banque suisse UBS et le cabinet d’audit et de conseils PWC, la fortune cumulée des milliardaires se monte à pas moins de 10 200 milliards de dollars, soit un nouveau record, au-delà du pic de 2017. Leur fortune cumulée atteignait alors 8 900 milliards de dollars.

Malgré des secousses durant le krach boursier de mars qui a vu certaines grosses fortunes sortir de ce club privilégié, la fortune des milliardaires s’est vite redressée à la faveur en particulier des géants de la technologie et de la santé. La fortune des milliardaires avait chuté de 6,6 % en l’espace de quelques semaines en février et mars. Ils avaient ensuite rapidement rattrapé les pertes, rebondissant de 27,5% entre avril et fin juillet.

8 octobre 2020

Pas facile d'aller au restaurant.....

restau

8 octobre 2020

Dialogue en mode Covid....

covid32

7 octobre 2020

Un million de nouveaux pauvres fin 2020 en raison de la crise due au Covid-19

Par Isabelle Rey-Lefebvre, Philippe Gagnebet, Toulouse, correspondance, Gilles Rof, Marseille, correspondant, Richard Schittly, Lyon, correspondant, Benjamin Keltz, Jordan Pouille - Le Monde

Aide alimentaire, RSA, impayés de loyers… Les recours en forte hausse à certaines aides inquiètent de nombreux acteurs, qui voient arriver de nouveaux publics touchés par la crise économique

Etudiants, intérimaires, chômeurs, mais aussi autoentrepreneurs et artisans. Selon les associations caritatives, la crise sanitaire a fait basculer dans la pauvreté un million de Français, qui s’ajoutent ainsi aux 9,3 millions de personnes vivant déjà au-dessous du seuil de pauvreté monétaire – à 1 063 euros par mois et par unité de consommation, il concernait 14,8 % des ménages en 2018, selon l’Insee.

Dix représentants d’associations (Fondation Abbé Pierre, Médecins du monde, Secours catholique, ATD Quart Monde, Emmaüs…) ont été reçus pour la première fois, vendredi 2 octobre, par Jean Castex, pour demander une hausse des principaux minima sociaux, ainsi que l’ouverture du RSA dès 18 ans. « Nous avons eu une écoute attentive de la part du premier ministre, qui est sensible au sujet de la précarité. Mais nous restons déçus, impatients, faute de réponses immédiates, a résumé Christophe Devys, président du collectif Alerte. Nous avons repris rendez-vous pour le 17 octobre. » Cette date symbolique, celle de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, verra, espère-t-il, l’annonce de nouvelles mesures.

« Ce chiffre d’un million supplémentaire de pauvres est malheureusement une estimation basse, compte tenu des 800 000 pertes d’emploi attendues fin 2020 », redoute Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). La Banque de France confirme en anticipant un taux de chômage au-dessus des 10 % en 2020, puis de 11 % dès le premier semestre 2021. Partout en France, les indicateurs virent au rouge.

Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire bondit d’environ 30 %

L’un des signes les plus spectaculaires de cette crise est l’explosion de l’aide alimentaire : la Fédération française des banques alimentaires, qui approvisionne 5 400 structures, a augmenté ses distributions de 25 %, « et la demande ne faiblit pas, en août, en septembre, à tel point que nous avons dû piocher dans nos stocks de longue durée », confie Laurence Champier, sa directrice générale. Le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, avançait, le 8 septembre, le chiffre de 8 millions de personnes ayant besoin de cette aide, alors qu’elles n’étaient que 5,5 millions en 2019.

A Lyon, sous les capuches dégoulinantes de pluie, ce 1er octobre, les nouveaux visages de la pauvreté s’alignent dans la file d’attente des Restos du cœur du centre Henry-Vallée. Renata, 34 ans, prend des provisions pour la semaine. Œufs, lait, riz, pâtes… « juste ce qu’il me faut, je peux encore acheter le complément », s’excuse l’étudiante en master de droit social, venue en France pour valider son diplôme brésilien et qui travaille, le soir, comme assistante de vie. Mais sans aide sociale ni bourse, une fois le loyer et les charges payés, ses revenus ne suffisent pas pour assurer son alimentation. C’est aussi le cas de Juan, 46 ans, qui vient chaque semaine, depuis six mois, s’approvisionner en légumes et conserves : « J’ai été licencié sans aucun droit, j’attends une décision du tribunal », explique ce père de deux enfants.

Installé dans le 7e arrondissement de Lyon, ce Resto du cœur a, en septembre, aidé 428 familles, contre 330 en mars. Dans le même temps, la fréquentation individuelle est passée de 391 à 1 106 personnes. Les courbes ascendantes sont affichées sur un mur, près de la remise, tel un indicateur de la paupérisation. « Depuis le confinement, nous voyons de plus en plus de jeunes et d’étudiants qui ne faisaient pas partie de nos bénéficiaires auparavant, des apprentis qui n’ont pas trouvé de stage », confirme Josiane Chevauchet, 77 ans, bénévole au centre de distribution des Restos du cœur, à Perrache (2e arrondissement).

De son côté, le Secours populaire a, depuis mars, enregistré une hausse de 45 % des demandes d’aide alimentaire dans le département du Rhône, la même qu’au niveau national. « Nous voyons des publics nouveaux, des autoentrepreneurs, des artisans, observe Sébastien Thollot, responsable départemental. Des événements inattendus, des frais d’obsèques, par exemple, les font basculer dans la précarité. »

La banque alimentaire des Bouches-du-Rhône, qui distribuait 50 tonnes de nourriture chaque semaine avant le confinement, a doublé son flux, soit l’équivalent de 200 000 repas fournis. Dans les quartiers nord de Marseille, le McDonald’s de Sainte-Marthe est devenu une plate-forme de distribution essentielle. « Une machine de guerre qui, par semaine, distribue 700 colis alimentaires et en livre près de 170 chez ceux qui ne peuvent pas se déplacer, explique Kamel Guemari, leader syndical et figure de ce restaurant occupé depuis plusieurs mois par ses employés. Entre nous, on l’appelle le Ubersolidaire », déclare-t-il en souriant, avant de redevenir sérieux : « Dans les files d’attente, je vois des gens que je connais, qui avaient un job, une situation stable et qui, aujourd’hui, sont obligés de venir ici. »

10 % de demandeurs du revenu de solidarité active en plus

Autre signe de paupérisation, les départements voient arriver de nouveaux demandeurs du revenu de solidarité active (RSA), en moyenne + 10 % sur l’ensemble du pays. Tous les types de territoires sont touchés, ruraux ou urbains, des grandes ou des petites villes… D’après l’Assemblée des départements de France (ADF), sur un échantillon de quinze départements, les dépenses consacrées au RSA ont bondi de 9,2 % en août par rapport à la même période en 2019.

En Seine-Saint-Denis, par exemple, le nombre d’allocataires a augmenté de 4,7 % entre juin 2019 et juin 2020, la hausse la plus forte observée depuis 2014. A ce rythme, ils devraient être 90 000 fin 2020, contre 85 000 en mars, et représenter un surcoût qui met les finances du département en tension. Le territoire consacre déjà 532 millions d’euros à cette prestation sociale, dont 207 millions à sa charge car non compensés par l’Etat.

Dans le Loir-et-Cher, la hausse est plus forte encore : + 14 % d’allocataires entre août 2019 et août 2020, soit 7 217 contre 6 318, et une rallonge de 4 millions d’euros à la charge du conseil départemental. Dans le département voisin du Cher, la hausse atteint 7,5 %, et les nouveaux allocataires sont souvent de jeunes couples qui n’ont pas vu leur contrat à durée déterminée ou leur mission d’intérim renouvelés.

Dans les Bouches-du-Rhône, le nombre d’allocataires du RSA a fait un bond de 11 % depuis janvier, à désormais 78 713, pour la plupart marseillais. En Haute-Garonne, l’évolution atteint + 6,7 %. La métropole de Lyon reçoit, chaque mois, 2 500 nouvelles demandes, contre 2 000 par mois courant 2019, entraînant une hausse de leur nombre de 10 % depuis janvier. Elle est plus forte encore dans le Maine-et-Loire, de 11 % depuis le début de la crise sanitaire.

Le département du Val-de-Marne est également durement touché par le chômage, avec, en particulier, l’arrêt des activités de l’aéroport d’Orly, ses commerces, sa sécurité, et le ralentissement du marché de Rungis où les achats par les restaurateurs s’effondrent. « Nous comptons 10 % de chômeurs de plus et une demande grandissante de RSA, avec 5 000 nouveaux dossiers entre février et juin, un flux qui ne se tarit pas en septembre, détaille Christophe Blesbois, directeur de l’action sociale du département. C’est simple, en fin d’année nous aurons dépensé 20 millions d’euros de plus qu’en 2019, alors que les recettes, par exemple les droits de mutation des transactions immobilières, diminuent. Cet effet de ciseau entre recettes et dépenses nous inquiète pour 2021. »

En Ille-et-Vilaine, les services sociaux ont reçu 1 200 demandes de RSA au deuxième trimestre, une hausse « brutale » et « inédite » de la précarité (19 000 bénéficiaires au 1er juillet), selon Jean-Luc Chenut, président (PS) du conseil départemental, et qui coûtera au moins 10 millions d’euros. « Notre seule variable d’ajustement pour assumer cette charge ? L’épargne. Si la situation se poursuit en 2021, nous n’aurons plus de capacité d’investissement », avertit l’élu, qui appelle l’Etat à participer au financement des nouvelles demandes de RSA.

Entre février et septembre, le département du Nord est passé de 100 000 à 107 000 allocataires. Cette forte augmentation est-elle liée à l’arrêt, durant le confinement, des contrôles auprès des bénéficiaires que le département avait intensifiés ces trois dernières années, se félicitant d’ailleurs d’avoir ainsi économisé 12 millions d’euros entre 2017 et 2020 ?

Les associations de lutte contre la pauvreté réclament depuis longtemps la création d’un revenu minimal garanti accordé dès l’âge de 18 ans, contre 25 ans aujourd’hui. La crise sociale et sanitaire donne un écho renforcé à cette revendication. « Autant le gouvernement a, dans la crise, été réactif sur les aides d’urgence, alimentaires et d’hébergement, et attentif aux demandes des associations, autant il semble réfractaire à l’idée même de, par exemple, revaloriser le RSA et l’ouvrir aux jeunes », observe Florent Guéguen.

« Il faut faire confiance aux jeunes, cesser de demander des contreparties à la moindre aide, comme attester d’une recherche active d’emploi, plaide Véronique Fayet, présidente du Secours catholique. C’est une maltraitance institutionnelle qui sanctionne et insécurise en coupant les vivres. »

Les impayés de loyers touchent surtout le secteur HLM

La pandémie et le confinement ont provoqué un pic d’impayés de loyers qui s’est atténué après le 11 mai et a principalement touché le parc social à qui il manque, en septembre, 100 millions d’euros de loyers (sur plus de 20 milliards d’euros). Ainsi, l’office HLM Seine-Saint-Denis Habitat a constaté 18 % d’impayés en avril, mais ils sont redescendus à 11,8 % en septembre – leur niveau habituel – soit 2 500 ménages ayant une dette moyenne de 500 euros. Le département a débloqué une aide exceptionnelle, grâce à son fonds de solidarité logement, qui aura donc, au 31 octobre, bénéficié à quelque 1 000 ménages à hauteur de 480 euros chacun.

Le bailleur social de la capitale, Paris Habitat (125 000 logements), a, lui, enregistré, durant le confinement, un taux d’impayés de 7,6 %, un peu supérieur à l’ordinaire. « Nous avons entre 5 000 et 6 000 locataires primo-débiteurs qui ne connaissent pas tous les mécanismes de prévention et d’étalement des dettes, explique Stéphane Dauphin, son directeur. Les services publics qui pourraient leur venir en aide ne sont accessibles que sur rendez-vous et les dossiers traînent en longueur pour obtenir le RSA, renouveler son titre de séjour, toucher une indemnité ou sa retraite… Ces obstacles fragilisent les ressources de nos locataires. » Ainsi, sur une recette annuelle de loyers de 620 millions d’euros, il manque 47 millions d’euros à Paris Habitat.

Le conseil départemental de Maine-et-Loire a, lui aussi, dû abonder son fonds de solidarité logement de 500 000 euros, en plus des 3 millions d’euros prévus, et relever l’aide maximale accordée à chaque ménage de 988 euros à 1 739 euros.

Le parc locatif privé, lui, est un peu l’angle mort des politiques sociales. « Nous avons beaucoup de mal à communiquer avec les locataires et les bailleurs, qui sont loin des institutions, remarque Christophe Blesbois, du département du Val-de-Marne, mais nous n’en sommes pas moins inquiets puisque nous recevons de plus en plus de demandes d’aide financière de la part des locataires. Leur nombre est passé de 2 000 par mois, en février, à 3 600 en juillet, avant de retomber à 3 300 en septembre. Le risque, c’est que ces locataires nous sollicitent trop tard, juste avant l’expulsion. »

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6 octobre 2020

De retour à la Maison Blanche, Donald Trump appelle les Américains à « sortir » de chez eux

Le président américain, 74 ans, était hospitalisé près de Washington depuis vendredi soir après avoir été testé positif au Covid-19, jeudi.

Après une hospitalisation de trois jours, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a pu quitter l’hôpital militaire Walter-Reed, près de Washington. Tout juste sorti de l’hôpital mais toujours infecté par le nouveau coronavirus, il a appelé lundi 5 octobre au soir les Américains à « sortir » de chez eux tout en étant « prudents », malgré les plus de 200 000 morts dues à la pandémie dans le pays.

Peu après son retour à la Maison Blanche, le candidat républicain, qui a également annoncé dans la soirée qu’il reprendrait « bientôt » le chemin de la campagne présidentielle, a publié un message vidéo sur Twitter.

« N’en ayez pas peur, vous allez le battre », y a déclaré le président américain à propos du Covid-19, avant d’ajouter « sortez, soyez prudents ». « Ne le laissez pas contrôler vos vies », a-t-il également demandé aux Américains dans cette vidéo.

Concernant sa propre hospitalisation, le président républicain, qui s’est dit possiblement « immunisé », a expliqué : « J’étais en première ligne, j’ai dirigé (…) Je sais qu’il y a un risque. » « Je ne me sentais pas bien », avant l’hospitalisation, a-t-il également reconnu, assurant cependant qu’il aurait pu sortir de l’hôpital « il y a deux jours ». « Nous avons les meilleurs médicaments du monde, tout se passe très rapidement, ils sont tous en train d’être approuvés et les vaccins vont arriver d’un instant à l’autre », a-t-il conclu.

« Pas tiré d’affaire »

Lors d’un point de presse, lundi, le médecin de la Maison Blanche Sean Conley avait annoncé que son patient n’était « pas encore complètement tiré d’affaire », mais qu’il pourrait retourner à la Maison Blanche, où il continuera à être soigné. « Il bénéficiera de soins médicaux de classe mondiale vingt-quatre heures sur vingt-quatre », a-t-il ajouté. Il a précisé que l’équipe médicale, « prudemment optimiste », ne serait pas totalement soulagée avant une semaine, si la santé du patient ne s’aggrave pas à nouveau d’ici là.

Quelques minutes avant cette prise de parole, le président des Etats-Unis avait annoncé lui-même sur Twitter qu’il allait quitter l’hôpital à 18 h 30 (heure locale, 00 h 30 en France) :

« Je quitterai le formidable centre médical Walter-Reed aujourd’hui à 18 h 30. Me sens vraiment bien ! N’ayez pas peur du Covid. Ne le laissez pas dominer votre vie. Nous avons développé, sous l’administration Trump, des médicaments et des connaissances vraiment formidables. Je me sens mieux qu’il y a 20 ans ! »

Le président des Etats-Unis, 74 ans, est hospitalisé depuis vendredi soir après avoir été testé positif au Covid-19, jeudi soir, selon la Maison Blanche. Avec sa brève sortie de dimanche pour saluer depuis sa voiture ses partisans devant l’hôpital, M. Trump avait manifesté son impatience de reprendre sa campagne, alors qu’il reste moins d’un mois avant l’élection présidentielle du 3 novembre, qui l’oppose au démocrate Joe Biden. Testé positif il y a quelques jours seulement, Donald Trump devrait toutefois rester à l’isolement encore quelque temps, même après sa sortie de l’hôpital. Questionné sur la possibilité pour le président de voyager, son médecin a répondu lundi : « Nous verrons. »

Sean Conley a fini par admettre dimanche que l’état initial de son patient avait été plus grave que ce qui avait été officiellement déclaré dans un premier temps, renforçant l’impression d’un manque de transparence, voire d’une réelle inquiétude au plus fort de la maladie.

Faisant volte-face par rapport à son point de presse de samedi, le docteur a confirmé que Donald Trump avait bien eu besoin d’une mise sous oxygène vendredi, pendant environ une heure, à la Maison Blanche, un épisode jugé suffisamment inquiétant pour décider de l’hospitaliser le soir même.

Il a aussi annoncé un autre épisode de baisse de la saturation en oxygène survenu samedi matin. Et, samedi également, les médecins lui ont administré un troisième traitement, la dexaméthasone, un corticoïde efficace contre les formes graves du Covid-19, en plus de l’antiviral remdesivir et du cocktail expérimental de la société Regeneron, qu’il a reçus dès vendredi. Le docteur Conley a reconnu qu’il n’avait pas révélé cet incident la veille pour projeter une image « optimiste »

La porte-parole de la Maison Blanche testée positive

Après le président, sa femme, Melania, sa proche conseillère Hope Hicks et plusieurs autres membres de son équipe, Kayleigh McEnany, la porte-parole de la Maison Blanche, a, à son tour, annoncé avoir été testée positive.

« J’ai été testée positive lundi au Covid-19, sans ressentir de symptômes », a-t-elle tweeté, précisant se mettre immédiatement en quarantaine. A plusieurs occasions ces derniers jours, elle a briefé, sans porter de masque, les journalistes à la Maison Blanche.

Cette annonce, après trois jours de communication cacophonique sur l’état de santé du président des Etats-Unis, renforce encore un peu plus l’image d’une Maison Blanche n’ayant pas pris la pleine mesure de l’épidémie.

6 octobre 2020

Crise sanitaire : une réponse politique gouvernée par l’incertitude

Par Eric Favereau — Libération

Après avoir suivi le scénario le plus fataliste au début de l’épidémie de Covid, les pouvoirs publics tâtonnent depuis la fin du confinement.

Rien n’est plus difficile que de décider dans un contexte fait d’incertitudes. Et la critique desdites décisions est évidemment facile, d’autant plus que la fin de l’histoire n’est pas écrite. Il n’en reste pas moins qu’en matière de gestion du Covid-19, un certain nombre d’interrogations s’installent sur la politique de santé publique menée depuis le début de l’épidémie. L’approximation, la confusion et surtout la peur ont souvent prévalu chez les différents acteurs. Sans oublier un contexte délicat, avec une parole médicale incohérente, car partant dans tous les sens, et une forte présence médiatique qui a transformé les incertitudes en inquiétudes (lire page 8). Retour sur les aléas de la gestion en trois points.

Une dramatisation initiale

On l’a peut-être oublié, mais en France, et d’une certaine manière en Europe, c’est à la mi-mars qu’une modélisation de l’épidémie a joué un rôle clé dans le basculement généralisé. Cette modélisation a été réalisée par le Britannique Neil Ferguson, épidémiologiste de l’Imperial College à Londres. Son équipe avait été sollicitée par plusieurs gouvernements européens «pour établir différents scénarios de progression de l’épidémie». Et pour ce faire, elle s’est appuyée «sur l’analyse de différentes pandémies grippales et l’évaluation de différentes interventions possibles» pour endiguer la propagation d’un virus, comme la fermeture des écoles, la mise en quarantaine des personnes infectées ou la fermeture des frontières.

Les résultats pour la France ont été présentés le 12 mars à l’Elysée, quelques heures avant que le président de la République ne prenne solennellement la parole devant les Français pour expliquer «l’urgence» de la situation. Les prévisions sont alors absolument alarmistes. Selon ces modélisations (qui devaient être confidentielles), l’épidémie de Covid-19 pourrait provoquer en France, en l’absence de toute mesure de prévention ou d’endiguement, entre 300 000 et 500 000 morts. Le nouveau coronavirus serait ainsi au XXIe siècle ce que la grippe espagnole a été au XXe siècle. C’est selon ce scénario alarmiste qu’a alors travaillé le Conseil scientifique, ce groupe de onze experts mis en place le 11 mars à la demande d’Emmanuel Macron «pour éclairer la décision publique». «Quand nous avons eu connaissance des chiffres, nous avons été saisis d’effroi», nous avait confié un membre du Conseil. Certes, ce scénario a été calculé en retenant les hypothèses de transmissibilité et de mortalité probables les plus élevées, et ce en l’absence de mesures radicales de prévention et de distanciation sociale, mais le fait est que la perspective la plus sombre est mise en avant.

Quelques jours après, l’un des meilleurs spécialistes français, le Pr Antoine Flahault, a beau dire au journal les Echos, non sans ironie, que « dans l’histoire, les prévisions catastrophiques se sont toujours révélées erronées», la couleur est donnée. Elle sera sombre. Ont-ils eu raison ? Constatons que les prévisions des meilleurs épidémiologistes au monde n’ont pas été validées, même si le confinement a permis de diminuer fortement le nombre de victimes.

Des citoyens absents de la gestion

Comment mener une politique de santé publique ? Sur quoi et sur qui doit-elle reposer ? De fait, le traitement et la prise en charge de cette épidémie, aussi inédite que surprenante, ont été confiés aux spécialistes des maladies infectieuses. Ce monde de l’infectiologie de la médecine hospitalière a été façonné depuis quarante ans par l’épidémie du sida, aussi terrible que mortelle, mais qui ne provoquait pas un sentiment d’urgence chez les autorités. L’arrivée des traitements en 1996 a transformé le paysage, apportant en fin de compte une réponse essentiellement biomédicale à une épidémie sociale. Le milieu scientifique qui travaillait sur le sida avait ses repères, ses modèles, qui avaient peu à voir avec ce à quoi ils seraient confrontés avec le Covid-19. Ce n’est pas le même «écosystème» - une expression prisée par le Pr Didier Raoult.

Paradoxalement, le grand apport du sida a été la place donnée aux patients : pour reprendre une formule du fondateur d’Aides, Daniel Defert, «les malades ne sont pas le problème mais une partie de la solution». Or c’est sur ce point particulier que la réponse politique s’est révélée la plus faible. Les citoyens ont été absents de la gestion. Ce sont des médecins experts, des administratifs et des politiques qui ont géré le Covid-19. Et non la société, qui devait suivre. Faut-il rappeler une anecdote ? Sur la question des masques, le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la santé, était en désaccord profond avec les politiques. Mais il n’en a rien dit, préférant soutenir le gouvernement (qui, au départ, a laissé entendre que le masque était inutile) plutôt que les citoyens qui le jugeaient nécessaire pour combattre l’épidémie. Tout un symbole… Une santé publique, loin du public.

Quid du tableau de bord ?

C’est assurément l’élément le plus frustrant. Alors que nous sommes à plus de neuf mois du début de l’épidémie du nouveau coronavirus en France, alors que nous avons des experts de grand talent, il n’est pas sûr que les pouvoirs publics aient à leur disposition un tableau de bord à la fois performant et réactif, qui leur permet de prendre des décisions appropriées, et surtout de s’adapter en permanence à un déroulé épidémique qui évolue sans cesse.

Prenons par exemple le bulletin de Santé publique France (la référence, dit-on) daté du 24 septembre. Il se conclut ainsi : «Du fait de l’augmentation de la circulation virale sur l’ensemble du territoire, le nombre de clusters identifié est probablement largement sous-estimé.» Et ce n’est pas tout : «Du fait des saturations des capacités diagnostiques des laboratoires dans plusieurs régions, les augmentations du nombre de nouveaux cas sont très certainement sous-estimées… Les indicateurs issus de ces différentes surveillances doivent ainsi être interprétés avec prudence car ils ne décrivent désormais plus qu’imparfaitement la dynamique de l’épidémie sur le territoire.»

Comment décider ainsi ? Et surtout, comment justifier les décisions prises ? Le ministère de la Santé a récemment déclaré qu’il rendrait publics tous les indicateurs sanitaires «pour une transparence complète». On les attend toujours. Faute de les avoir, et faute d’un débat solide dans la société, on risque d’osciller sans fin entre le fatalisme et le drame, entre le rassurisme inconscient et l’alarmisme à outrance.

6 octobre 2020

Traitements anti-Covid : de quoi Trump est-il le cobaye ?

Par Camille Gévaudan — Libération

trump dans sa suite hopital

Une photo diffusée dimanche par la Maison Blanche montrant le Président dans sa suite à l’hôpital Walter-Reed. (Photo Reuters)

Patient à haut risque, le président américain s’est vu administrer plusieurs traitements : le remdésivir, développé contre Ebola, un stéroïde anti-inflammatoire et surtout un cocktail d’anticorps testé sur seulement 275 personnes.

C’est par un tweet triomphant que Trump a annoncé lundi soir sa sortie de l’hôpital. «Je me sens vraiment bien ! N’ayez pas peur du Covid. Ne le laissez pas dominer votre vie», a indiqué le président américain sur le réseau social, minimisant à nouveau les dangers du virus alors qu’il a été placé sous oxygène au moins deux fois. Quelques heures plus tôt, s’ajoutant à une communication cacophonique, la porte-parole de la Maison Blanche, Kayleigh McEnany, annonçait avoir été testée positive. Cette nouvelle contamination dans l’entourage de Trump est un énième signe, s’il en fallait encore, que la Maison Blanche n’a pas pris la mesure de l’épidémie de Covid et des risques de contagion. «Nous avons développé sous l’administration Trump de très bons médicaments et savoirs», a trompeté le président américain. A l’hôpital militaire Walter-Reed de Bethesda, dans la banlieue de Washington depuis vendredi, Trump a en effet reçu plusieurs traitements et médicaments qui font de lui un cobaye.

Remdésivir connu de longue date

Vendredi soir, le médecin de Trump, le Dr Sean Conley, annonce que le Président est traité au remdésivir, un antiviral largement utilisé depuis le début de la pandémie, mais aussi avec un cocktail expérimental d’anticorps de synthèse pas encore autorisé. Dimanche, on apprend que Trump reçoit en outre de la dexaméthasone, un stéroïde, sans compter la vitamine D, le zinc, la famotidine (contre les brûlures d’estomac), la mélatonine (pour les troubles du sommeil) et l’aspirine. A-t-on déjà vu un tel traitement de choc administré si précocement à un patient qui, selon les premières déclarations de son équipe médicale, allait pourtant «très bien» ?

Le remdésivir est un médicament connu de longue date : initialement développé contre le virus Ebola durant l’épidémie de 2014-2016, il a montré une certaine efficacité contre les précédents coronavirus, celui ayant sévi au Moyen-Orient en 2012 et celui responsable du Sras. Il a donc été testé dès le printemps contre le nouveau coronavirus, le Sars-CoV-2. En tant qu’antiviral, le remdésivir bloque la réplication des virus, les empêchant de créer des copies d’eux-mêmes pour infecter les cellules de leur hôte.

Un grand essai clinique aux Etats-Unis a conclu que le remdésivir pouvait accélérer de quatre jours, par rapport au placebo, le rétablissement des patients hospitalisés avec une pneumonie nécessitant une oxygénation. Sur la base de ces résultats, le médicament a été autorisé en procédure d’urgence aux Etats-Unis au mois de mai. Et le 3 juillet, le remdésivir a été approuvé en Europe, premier médicament anti-Covid à obtenir ce feu vert.

Mais la molécule du laboratoire Gilead a perdu de son aura depuis le début de l’été où elle faisait figure de solution miracle (quand Trump en a acheté 92 % des stocks mondiaux). Le 17 septembre, la Haute Autorité de santé a rendu un avis mitigé sur le remdésivir : s’il ne réussit qu’à réduire les hospitalisations de quatre jours, «le service médical rendu est jugé faible». En plus, son efficacité semble limitée aux «patients qui nécessitent une oxygénothérapie à faible débit», et il «ne montre pas d’effet global sur la mortalité à quatorze jours». Bref, il y a «encore beaucoup d’incertitudes sur l’efficacité et la tolérance du remdésivir».

Peut-être ne sert-il à rien dans le cas de Trump. «Les médecins qui conseillent Donald Trump veulent faire diminuer très rapidement la charge virale même si on n’a aucune démonstration chez l’homme que ça fonctionne», juge l’infectiologue Nicolas Dauby pour la RTBF. Toute aggravation de sa santé serait catastrophique, «parce qu’on sait que, vu l’âge du patient Trump, son pronostic ne sera pas bon». Agé de 74 ans, Trump est obèse et suit un traitement pour son cholestérol : c’est un malade à très haut risque.

Cocktail d’anticorps pour patient VIP

Quant aux anticorps de synthèse que reçoit le président américain, ils n’ont pas encore été approuvés par l’autorité américaine de régulation des médicaments (FDA). Il n’y a aujourd’hui que deux manières d’y avoir accès : soit en participant à un essai clinique, soit par la procédure de l’«usage compassionnel». Habituellement réservée aux personnes gravement malades, en urgence vitale ou atteintes de maladies rares, elle permet au médecin de solliciter un traitement expérimental pour un patient particulier, en justifiant que les bénéfices potentiels pour sa santé valent bien les risques encourus.

C’est donc par une sorte de passe-droit dû à son statut de VIP que Trump a pu tester l’un des médicaments prometteurs dans la recherche contre le Covid. «Ils nous ont demandé l’autorisation de l’utiliser, racontait vendredi le patron de Regeneron, Leonard Schleifer, et nous avons accepté avec plaisir. […] Quand c’est pour le président des Etats-Unis, bien sûr, ça retient notre attention.» Schleifer, qui précise que Trump n’est pas le premier patient à recevoir ces anticorps en usage compassionnel, fréquente le Président depuis des années, notamment sur les parcours de golf.

Le cocktail qui lui est administré s’appelle REGN-COV2. Développé par l’entreprise pharmaceutique Regeneron, qui avait déjà développé un médicament similaire contre Ebola, il consiste à injecter au patient deux anticorps de synthèse imitant ceux naturellement produits par le système immunitaire lors d’une infection au coronavirus. Les anticorps s’accrochent aux molécules pointues qui enveloppent le virus, l’empêchant de se fixer aux cellules humaines. C’est donc un traitement qu’il est pertinent d’administrer le plus tôt possible dans l’évolution de la maladie, pour freiner sa progression dans le corps avant d’avoir pu y faire des dégâts.

Les résultats des premiers essais du REGN-COV2 ont été publiés le 29 septembre, quelques jours avant le diagnostic de Trump. Ils sont encourageants : la charge virale (et avec elles les symptômes du Covid) baisse de manière significative en l’espace de sept jours, surtout chez les patients les plus lents à développer une défense immunitaire. Mais les essais cliniques n’ont concerné pour l’instant que 275 cobayes non hospitalisés. Les tests devront continuer sur de plus grandes cohortes, à divers niveaux de gravité et d’évolution de l’infection, avant que le médicament soit autorisé.

Dexaméthasone contre les autres agressions

De son côté, enfin, la dexaméthasone est une hormone stéroïdienne, prescrite pour son effet anti-inflammatoire. Car chez un patient atteint du Covid, l’attaque du virus elle-même n’est qu’une partie du problème. L’autre agression vient du système immunitaire qui se défend très fort, gonflant les muqueuses des bronches et des poumons. La respiration s’en retrouve d’autant plus compliquée ; le myocarde peut subir des lésions, et une inflammation, menant parfois jusqu’à l’insuffisance cardiaque. Des anti-inflammatoires sont donc proposés aux patients gravement malades. Dont la dexaméthasone, souvent utilisée contre la polyarthrite rhumatoïde, le lupus ou la maladie de Crohn.

«La médecine présidentielle a toujours été unique», analyse Arthur Caplan, professeur d’éthique médicale à la faculté de médecine de l’université de New York, dans le Seattle Times. «Si ses docteurs pensent qu’une intervention peut être utile, si leur jugement est confirmé par des experts et que la situation paraît grave ou urgente, le Président pourra avoir accès à n’importe quel traitement.»

5 octobre 2020

Hospitalisation de Donald Trump : l’optimisme affiché brouillé par une communication erratique

trump hopital

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

La séquence qui a suivi l’annonce de la contamination du président contrarie sa stratégie qui consistait à passer sous silence sa gestion de l’épidémie de Covid-19.

Donald Tump s’est offert une escapade, dimanche 4 octobre. Encore officiellement hospitalisé à Walter-Reed, l’institution militaire d’élite où il a été transféré deux jours plus tôt, il a pris place, masqué, dans sa limousine présidentielle, The Beast, pour saluer ses partisans rassemblés devant les grilles, vitres remontées. Le convoi présidentiel est revenu rapidement à son point de départ où le président des Etats-Unis devait passer une troisième nuit consécutive.

Cette sortie inattendue n’a pas été notifiée au groupe de journalistes accrédités qui suivent le locataire de la Maison Blanche dans ses moindres déplacements au nom de la transparence. Cette escapade s’est inscrite dans la volonté exprimée par Donald Trump dimanche de mettre en scène un président combatif, qui aurait déjà tourné la page de son hospitalisation pour envisager son retour aux affaires.

Autant Donald Trump avait été silencieux sur son compte Twitter, vendredi, alimentant les interrogations que son transfert à Walter-Reed avait confirmées, autant ce compte a repris sa fonction de métronome des humeurs présidentielles. Il lui a permis de diffuser samedi une première vidéo le montrant assis derrière un bureau et remerciant toutes les personnes qui lui ont exprimé leur sympathie, avant de se féliciter des « miracles » permis par les avancées dans le traitement du coronavirus. Ces médicaments « viennent de Dieu », a-t-il ajouté.

Dimanche, filmé cette fois-ci debout, il a annoncé sa visite à ses partisans également par une vidéo publiée quelques instants seulement avant son départ.

Un patient « qui va très bien »

Ce volontarisme n’a cependant pas masqué la gestion particulièrement chaotique par la Maison Blanche de la contamination puis de l’hospitalisation du président. Ella a débuté quelques heures seulement après l’annonce du test positif de Donald Trump, lorsque le secrétaire général de la Maison Blanche, Mark Meadows, a parlé de « légers symptômes » démentis en milieu d’après-midi par le transfert à Walter-Reed.

Samedi en fin de matinée, le médecin de la Maison Blanche, Sean Conley, a parlé d’un patient « qui va très bien » et dont les symptômes « se réduisent et s’améliorent », alors qu’une source, dont l’anonymat a immédiatement volé en éclats puisqu’il s’agissait du même Mark Meadows, dressait parallèlement un tableau dramatique des heures écoulées. « Les signes vitaux du président ces dernières vingt-quatre heures ont été très inquiétants, et les quarante-huit prochaines heures seront critiques en termes de soins. Nous n’avons toujours pas emprunté une voie claire vers le rétablissement », a-t-il assuré.

Le médecin de la Maison Blanche, qui a refusé de répondre à la question de savoir si à un moment Donald Trump avait reçu une assistance en oxygène, a affaibli lui-même sa position en publiant un communiqué après son intervention. Ce dernier visait à corriger l’une de ses affirmations selon laquelle le président aurait été diagnostiqué « soixante-douze heures » plus tôt, ce qui laissait entendre qu’il avait rencontré des fidèles, jeudi, se sachant positif. Sean Conley a alors remonté la pendule de vingt-quatre heures, tout en écorchant dans le même communiqué le nom d’un traitement expérimental administré au président, le Regeneron, ajouté à un médicament antiviral, le Remdesivir, ainsi que des anticorps de synthèse.

trump chloro

Dimanche, le médecin a admis que Donald Trump avait manifesté une « saturation en oxygène » insuffisante à deux reprises, vendredi et samedi matin, précipitant une assistance médicale via l’administration de stéroïdes. Leur utilisation concerne généralement des personnes sérieusement atteintes. Sean Conley a justifié son silence de la veille par la volonté de ne pas écorner l’impression « optimiste » dégagée ensuite par le président. Le médecin a esquissé l’hypothèse d’une sortie de Walter-Reed dès le lundi 5 octobre.

« J’ai beaucoup appris »

Cette communication brouillonne laisse de nombreuses zones d’ombres, comme la chronologie de la contamination de Donald Trump, ou l’état de ses poumons. « Nous suivons tout cela. Il y a quelques résultats attendus, mais rien de grave sur le plan clinique », s’est contenté de répondre Sean Conley dimanche, à propos de ce second point.

Il ne s’agit pourtant pas du pire problème que pose au locataire de la Maison Blanche cet enchaînement des événements. Il ramène en effet en avant le sujet qu’il souhaite éviter par-dessus tout pendant les quatre dernières semaines d’une campagne présidentielle sans précédent et dans laquelle il n’est pas en bonne posture pour l’instant : la gestion de l’épidémie de Covid-19.

Il est rattrapé cruellement par ce virus dont certains de ses conseillers parlaient au passé lors de la convention républicaine d’investiture, à la fin du mois d’août. « La fin de la pandémie est en vue », affirmait encore Donald Trump jeudi, quelques heures seulement avant l’annonce de son test positif, alors que les contaminations repartent à la hausse dans le pays depuis la mi-septembre.

Le président a tenté de justifier brièvement samedi, dans la première vidéo filmée à Walter-Reed, les risques pris avec la multiplication de déplacements et le maintien de meetings certes tenus majoritairement en extérieur, mais où ses fidèles se pressent sans précautions, comme dans la roseraie de la Maison Blanche, lors de la présentation de la juge conservatrice choisie pour siéger à la Cour suprême, Amy Coney Barrett, le 26 septembre. Cette cérémonie est associée à de nombreux cas de contamination depuis l’annonce de celui du président.

« Je n’avais pas le choix. Je devais être en première ligne (…). Je ne peux pas être enfermé dans une pièce à l’étage [de la Maison Blanche] et totalement en sécurité », a-t-il assuré. « En tant que leader, vous devez affronter les problèmes », a-t-il précisé. « J’ai beaucoup appris » sur le virus, a-t-il ajouté dimanche. « Je l’ai appris en allant vraiment à l’école. [Mon hospitalisation] c’est la vraie école. Ce n’est pas l’école dans laquelle on lit des livres », a-t-il assuré, après sept mois d’épidémie et des dizaines d’heures de points de presse consacrées exclusivement à la maladie.

trump javel

5 octobre 2020

Opinion - Sommes-nous prisonniers du Covid-19 pour toujours ?

prisonnier du covid

THE SPECTATOR (LONDRES)

Plusieurs mois après le début de la pandémie, de nombreuses restrictions sanitaires, censées être temporaires, demeurent en place. Certaines, à l’approche d’une possible deuxième vague, ont même été renforcées. La question de savoir quand nos sociétés pourront retrouver leurs libertés sociales et économiques est devenue urgente, estime cet écrivain suédois.

La grande pandémie de 2020 s’est traduite par une expansion extraordinaire du pouvoir de l’État. Partout, les pays se sont empressés de fermer leurs frontières, et la moitié de la population mondiale s’est vu imposer un confinement plus ou moins strict. Des millions de firmes, de l’autoentreprise à la multinationale, ont été forcées de suspendre leur activité. Dans des sociétés prétendument libres et libérales, des piétons et des coureurs sans histoire se sont retrouvés traqués par des drones et soumis à d’incessants contrôles de police. C’est uniquement pour vaincre le Covid-19, nous dit-on, tout cela est temporaire. Mais le temps passe, et l’heure est venue de poser la question : temporaire jusqu’à quand ? Comme l’a fait remarquer l’économiste Milton Friedman, “il n’y a rien de plus permanent qu’un plan temporaire du gouvernement”.

Des mesures impensables il y a seulement quelques mois ont été mises en œuvre à la hâte, et sans débat. Au Royaume-Uni et dans de nombreux autres pays, le raisonnement invoqué a évolué. D’abord, le confinement a été instauré pour “gagner du temps” et permettre aux services de santé de se préparer. Puis, il est devenu nécessaire pour “aplatir la courbe”. Mais la courbe est montée en flèche quelques semaines plus tard, et les restrictions non seulement sont restées en place, mais elles ont même été dernièrement renforcées.

Les despotes ont sauté sur l’occasion

L’efficacité du port du masque n’est pas très solidement étayée par la science ? Peu importe, rendons-le obligatoire tout de même. A-t-on des preuves que la fermeture des frontières peut significativement ralentir la propagation du virus ? Le Parlement étant suspendu, personne ne viendra les demander. Nul n’a jamais douté que Xi Jinping ou Vladimir Poutine sauteraient sur tous les incendies du Reichstag pour étendre leur pouvoir. Il est beaucoup plus inquiétant de voir ce genre de comportements dans des démocraties libérales.

En Chine, en Iran, en Turquie, le Covid-19 a fourni à des despotes un prétexte idéal pour traquer les déplacements de leurs citoyens grâce à leur téléphone portable. Mais le plan de test et de traçage du gouvernement britannique entendait aussi collecter des données personnelles et les conserver dans un registre central. Il a fallu qu’Apple refuse d’y participer pour que le projet soit abandonné. Des autocrates mal placés dans les enquêtes d’opinion ont repoussé des élections, mais le président des États-Unis, à la traîne, a lui aussi proposé un report du scrutin de novembre, car, dans le cas contraire, “2020 sera l’élection la plus FAUSSÉE et FRAUDULEUSE de l’histoire”. En Hongrie, Viktor Orbán s’est débrouillé pour obtenir de son docile Parlement le droit de gouverner par décret et en a profité pour autoriser les arrestations pour “mensonge” sur le virus. De son côté, le gouvernement suédois aussi a demandé des pouvoirs spéciaux pour contourner son Parlement au motif (splendide) qu’on ne pouvait faire confiance aux parlementaires pour être réveillés, lucides et prêts à appuyer sur le bon bouton sans les avoir prévenus longtemps à l’avance.

Noyer le virus dans la paperasse

Partout, l’État providence vole à la rescousse. Comme si la seule façon d’éradiquer le coronavirus était de le noyer sous la paperasse. La différence entre la droite et la gauche ne tient plus qu’à un fil : faut-il dans la bataille contre la récession jeter toutes nos forces (et tous nos moyens), ou bien plus encore ? Selon l’agence de notation financière Fitch Ratings, cette année, 20 des plus grosses économies mondiales vont consacrer 5 000 milliards de dollars à des plans de relance budgétaire, et les banques centrales, débloquer plus encore pour renflouer l’ensemble du secteur financier, y compris des fonds spéculatifs. La dette publique du Royaume-Uni dépasse désormais 100 % de son PIB, à plus de 2 000 milliards de livres sterling.

Cette crise entraîne partout des réflexes protectionnistes. Les Français ont toujours pensé que la mondialisation allait trop loin, mais, plus étonnamment, ce sont les Allemands qui ont changé de position. Angela Merkel estime ainsi que la pandémie a révélé la nécessité de relocaliser en Europe, et la nouvelle stratégie industrielle de l’Union européenne (UE) évoque “une occasion [sic] de rapporter davantage de production industrielle dans l’UE”.

Du tort aux travailleurs et à la production

Des restrictions conçues à la hâte font aujourd’hui du tort aux travailleurs et à la production. Quand la Pologne a fermé ses frontières mi-mars, des ouvriers polonais n’ont plus eu la possibilité de rejoindre en République tchèque l’usine où ils travaillaient à la fabrication d’équipements de protection destinés aux hôpitaux européens.

Ces accès de protectionnisme face à la crise due au coronavirus s’expliquent par l’inadéquation fondamentale de nos cerveaux de l’âge de pierre au monde moderne. L’instinct qui nous poussait à dresser ou à défendre des fortifications et à tuer les étrangers se justifiait quand la menace venait d’incursions barbares – mais aujourd’hui ?

Dessin de Ramsès, Cuba. Dessin de Ramsès, Cuba.

La pratique politique a pour objectif, essentiellement, de faire en sorte que le peuple, maintenu dans la peur, exige toujours la sécurité, s’amusait le journaliste américain H.L. Mencken [1880-1956]. Ce dont il parle, au fond, c’est d’un instinct chez l’être humain. Quand nous nous sentons en danger, cela déclenche souvent un réflexe de lutte ou de fuite : soit nous cherchons des noises à des boucs émissaires ou à des étrangers, soit nous allons nous cacher derrière une enceinte fortifiée ou des barrières douanières. Et nous nous mettons en quête de l’homme providentiel (ou dans le cas des Écossais, de la femme providentielle) qui assurera notre sécurité. Peu de gens ont alors envie de faire un pas de côté, de critiquer, de se singulariser. Quiconque ose s’élever contre des mesures prises au nom de la sécurité nationale est vite la cible des huées.

La coopération plus utile que jamais

Mais tout de même, maintenant qu’a été lancée cette expérience grandeur nature de fermeture des sociétés et des économies, sans doute devrions-nous entamer une franche discussion sur ses avantages et ses inconvénients, et sur la pertinence de ce genre d’instincts dans une économie mondiale aux équilibres complexes. Car l’ennemi est un virus, et non des incursions barbares. L’idée n’est pas de chasser les étrangers, mais, au contraire, de coopérer pour mieux partager les savoirs et apporter des solutions.

Regardez l’avalanche d’études scientifiques produites en temps record et publiées gratuitement sur des sites comme MedRxiv et BioRxiv. C’est la plus grande collaboration scientifique jamais vue à l’échelle de la planète, une sorte de division mondiale du travail intellectuel. Malgré le manque de transparence du gouvernement de Pékin au début de la pandémie, les chercheurs chinois ont été capables de séquencer le génome du virus en une semaine, et ils ont publié [leurs résultats] en ligne. Six jours plus tard, des scientifiques allemands avaient pu exploiter ces données pour mettre au point et lancer un test diagnostique permettant de détecter les nouvelles contaminations. Et dès qu’une équipe aura révélé le mécanisme du virus, c’est toute la planète qui pourra se mettre à en chercher les points faibles.

Le libre-échange a imposé ses règles

Tout se passe à une vitesse étourdissante. La Chine avait reconnu la propagation d’un nouveau virus depuis trois mois seulement que, déjà, la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis dénombrait 282 médicaments potentiels et candidats vaccins contre ce même virus. Certes, certains gouvernements soutiennent financièrement tel ou tel traitement qui a leurs faveurs, mais le plus important, c’est cette gigantesque mobilisation de la communauté scientifique et des outils numériques, combinée à l’usage de l’anglais comme lingua franca, pour permettre au monde de collaborer.

Il est frappant de voir avec quelle rapidité ont été résolues les pénuries d’équipements constatées au début de la pandémie. Les États ont eu beau inventer de nouvelles barrières, le libre-échange a imposé ses règles. Les entreprises n’ont cessé d’adapter leurs processus de fabrication et leurs chaînes logistiques afin de continuer de produire, d’acheminer et de fournir leurs biens. Des distilleries de vodka et des fabricants de parfum se sont lancés dans la production de désinfectants et de gel hydroalcoolique. D’autres industriels ont commencé à fabriquer des gants chirurgicaux et des masques. En deux mois, le nombre d’entreprises européennes fabriquant des masques de protection est passé de 12 à 500.

Retour de bâton contre la mondialisation

Si ces changements rapides ont pu avoir lieu, c’est parce qu’ils n’étaient pas centralisés. Ils ont été rendus possibles par une connaissance locale de ce qui pouvait être fait à chaque endroit, et plus précisément par la connaissance de ce qui pouvait être interrompu sans créer ailleurs de pénurie catastrophique. Et c’est tout le problème : alors que les crises déclenchent des réflexes étatistes et nationalistes, ce dont nous avons besoin pour en sortir, c’est précisément de plus d’ouverture.

Jusqu’à quelles extrémités ira ce retour de bâton contre la mondialisation ? Dès les premiers jours de la pandémie, les populistes nationalistes se sont empressés de dire que la seule façon de vaincre le virus était d’en finir avec l’ordre libéral. Steve Bannon, nationaliste féru d’histoire, a bien compris qu’une guerre totale contre le virus pouvait favoriser l’entrée dans une nouvelle ère d’isolationnisme commercial et migratoire. “Prenez des mesures draconiennes, exhortait-il dans son podcast en mars. Verrouillez tout.”

Quand bien même la crise liée au coronavirus n’aurait pas raison de la mondialisation, l’extension des pouvoirs de l’État et l’accentuation des tendances protectionnistes semblent inévitables dans l’ensemble du monde. Peut-être le Royaume-Uni se retrouvera-t-il avec un accord de sortie de l’UE beaucoup moins ouvert sur le monde que certains partisans du Brexit ne l’avaient imaginé. La pandémie poussera peut-être Londres, comme le reste de l’Europe, vers une politique industrielle inspirée des années 1970, c’est-à-dire limitant la pression concurrentielle, et avec elle l’innovation et la croissance. Nous pourrions voir le rôle de l’État renforcé, et ses pouvoirs “exceptionnels” devenir permanents. Les grandes villes devront vivre quelque temps sous la menace du confinement. Dans Crisis and Leviathan [“La Crise et le Léviathan”, non traduit] (1987), analyse désormais classique de l’expansion de l’État, Robert Higgs mettait en garde déjà : attention à l’effet de cliquet. Après une crise, en général, les États renoncent à certaines de leurs nouvelles prérogatives mais pas à toutes. Les nouvelles mesures ont créé un précédent et de nouvelles forces politiques puissantes.

Les politiques ne veulent pas d’un retour à la normale

C’est très certainement ce qui se passera cette fois, quand bien même certains acteurs politiques voudraient un retour à la normale. En majorité, ils n’en voudront pas – pourquoi d’ailleurs en voudraient-ils ? Quand Orbán a pris des pouvoirs spéciaux en juin, cela n’a pas été beaucoup dit, mais il a aussi obtenu du Parlement des prérogatives l’autorisant à déclarer l’état d’urgence s’il identifiait une autre menace pour la santé publique.

Mais enfin, me direz-vous, nous vivons une situation inédite (les politiques nous le rappellent assez) et à situation sans précédent, mesures sans précédent. Cette pandémie n’est pas grand-chose à l’échelle de l’histoire. À ce jour encore, le bilan mondial des victimes du Covid-19 reste inférieur à celui de la grippe de Hong Kong, ou grippe de 1968. À l’époque, il n’y avait eu ni confinement ni fermeture généralisée d’écoles, et nous n’avions pas foulé aux pieds nos vieilles libertés civiles et économiques. Ce qui est nouveau aujourd’hui, ce n’est pas le virus, c’est notre réaction. Tôt ou tard nous tombera dessus une pandémie plus grave ou une autre crise dévastatrice. Que serons-nous encore prêts à sacrifier, cette fois ?

L’histoire n’est jamais écrite d’avance

Dans mon dernier livre, j’explore notre façon de créer le progrès, et de le détruire. J’y avance que les âges d’or qu’ont connus les différentes civilisations au fil de l’histoire avaient deux dénominateurs communs. Ces périodes fastes étaient toutes le produit de sociétés et de marchés relativement ouverts, et toutes ont pris fin parce qu’à un moment la peur et des crises (récession, invasion, catastrophe naturelle ou pandémie, peu importe) ont entraîné des réactions autoritaires et protectionnistes. Tout auteur espère un jour produire un écrit qui aura anticipé les événements.

Heureusement, l’histoire n’est jamais écrite d’avance. Nous ne sommes pas condamnés à basculer dans un avenir fait d’étatisme, de restrictions permanentes et de frontières supplémentaires : il est en notre pouvoir de rester ouverts. Notre avenir n’est jamais que le fruit de nos choix collectifs. Le jeu en vaut la chandelle.

Johan Norberg

Source

The Spectator

LONDRES http://www.spectator.co.uk

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