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Jours tranquilles à Paris
coronavirus
26 octobre 2020

Covid-19 : les députés votent la prorogation de l’état d’urgence sanitaire jusqu’au 16 février

Olivier Véran a défendu, samedi devant l’Assemblée, la prolongation de ce régime d’exception, pour faire face à une « période qui sera longue et difficile ».

La vague monte, et l’exécutif prépare de possibles restrictions pour les Français jusqu’au printemps : la prolongation de l’état d’urgence sanitaire était passée au crible, samedi 24 octobre, à l’Assemblée nationale, où les oppositions critiquent l’utilisation au long cours de cette « arme atomique ». Dans la soirée, les députés ont finalement adopté par 71 voix contre 35, en première lecture, la prorogation de ce régime d’exception jusqu’au 16 février.

Pour ce texte présenté mercredi en conseil des ministres et examiné au Palais-Bourbon au pas de charge, les députés étaient prêts à siéger jusqu’à dimanche soir, dans un hémicycle où leur présence est limitée à 50 % en raison de l’épidémie due au coronavirus. Le projet de loi sera au menu du Sénat dès mercredi et devrait être adopté définitivement début novembre.

Au coup d’envoi des débats, Olivier Véran a défendu la prolongation jusqu’au 16 février de l’état d’urgence sanitaire, pour faire face à une « période qui sera longue et difficile ». « Nous avons besoin de ce texte pour être efficace dans la période » de deuxième vague du coronavirus, a déclaré le ministre de la santé. Ce n’est « pas un texte de conviction », mais « un texte de responsabilité pour nous permettre de protéger activement les Français dans cette période qui sera longue et difficile », a-t-il ajouté.

Des restrictions possibles jusqu’au 1er avril

M. Véran a rappelé les derniers chiffres : 42 000 Français diagnostiqués en vingt-quatre heures, 2 000 patients hospitalisés, 300 admis en réanimation, près de 300 morts à l’hôpital et dans les Ehpad. La situation va « s’alourdir dans les prochains jours et semaines, quoi que nous fassions », a-t-il pronostiqué, du fait de la dynamique du virus.

Le gouvernement vient d’étendre le couvre-feu à 54 départements et à la Polynésie, soit 46 millions de Français concernés. Pour appliquer cette mesure, il se fonde sur l’état d’urgence sanitaire, rétabli par décret depuis une semaine sur l’ensemble du territoire. Ce régime d’exception avait été appliqué déjà entre mars et le début de juillet pour la première vague de contaminations, et avait permis le confinement de la population ou des limitations drastiques des déplacements.

Or, au-delà d’un mois, la prorogation de ce régime doit être autorisée par la loi. D’où ce texte, qui prévoit un terme au 16 février au soir prochain, mais aussi des restrictions encore possibles jusqu’au 1er avril.

Pas de « blanc-seing » au gouvernement

Le projet de loi doit permettre entre autres d’habiliter très largement le gouvernement à prendre des ordonnances dans les domaines du droit du travail, du fonctionnement des administrations et encore des collectivités, comme au printemps. En commission, les députés ont cependant réduit la période d’habilitation.

Car si la plupart des groupes politiques soutiennent la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, ils déplorent qu’elle soit si longue et refusent de donner un « blanc-seing » au gouvernement. « Nous sommes prêts à nous ranger derrière l’unité nationale », mais « elle se fabrique par le débat régulier », souligne le communiste Stéphane Peu (Seine-Saint-Denis). Mais, répond-on chez La République en marche, la durée est « adaptée et proportionnée », alors que l’hiver s’annonce « difficile », dans l’attente d’un vaccin contre le coronavirus.

Les députés Les Républicains mettent en doute la nécessité à ce stade de l’état d’urgence sanitaire, qui est « l’arme atomique », selon les mots de Philippe Gosselin. L’objectif est-il « le confinement généralisé ? ». « Le gouvernement doit mettre cet élément sur la table », réclame le député de la Manche.

La « crainte d’une érosion de l’acceptabilité sociale »

Même au sein de la majorité, des interrogations se font jour, comme chez Agir, où Dimitri Houbron a évoqué en commission la « crainte d’une érosion de l’acceptabilité sociale » des mesures prises par le gouvernement, du couvre-feu aux fermetures de certains établissements.

Les « insoumis » n’ont pas « confiance dans la gestion du gouvernement » au vu de la première vague et pourraient voter contre la prorogation. Entre les « retards » au démarrage et « la pénurie des masques, les stratégies de dépistages », il y a eu « plus que des cafouillages », selon Danièle Obono (Paris), qui en appelle à « plus de rigueur, de cohérence, d’anticipation pour les prochains mois ».

Jeudi, le premier ministre, Jean Castex, a semblé préparer les esprits à des temps plus difficiles encore : si l’épidémie n’est pas jugulée, le gouvernement devra « envisager des mesures beaucoup plus dures », a-t-il dit, alors que plusieurs pays, tel l’Irlande, viennent de décider des reconfinements.

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25 octobre 2020

StopCovid est mort vive TousAntiCovid

StopCovid est mort vive TousAntiCovid : le gouvernement a présenté, jeudi, la nouvelle mouture de son application de traçage. Mode d’emploi.

1 À quoi ça sert ?

TousAntiCovid est une application de traçage des chaînes de transmission de la covid-19, comme l’était StopCovid avant elle et comme il en existe dans de nombreux pays dans le monde. Son utilisation repose sur la base du volontariat, mais le gouvernement espère qu’elle sera la plus large possible, car plus le nombre de personnes l’utilisant sera important, plus le traçage sera efficace.

2 Comment l’installer ?

Comme n’importe quelle application pour smartphone, elle est téléchargeable sur l’AppStore, pour les iPhone, ou sur Google Play, pour les téléphones fonctionnant avec Android. Si vous aviez déjà installé StopCovid, pas besoin de télécharger TousAntiCovid, qui n’est, en fait, qu’une nouvelle version de l’ancienne application. Si la mise à jour ne se fait pas automatiquement, rendez-vous sur l’AppStore ou Google Play pour la faire manuellement.

3 Comment l’utiliser ?

Aucun changement quant à la technologie utilisée : TousAntiCovid fonctionne toujours grâce à Bluetooth, qu’il faut donc activer dans les paramètres du téléphone pour utiliser l’application. Une fois celle-ci ouverte, il suffit ensuite d’appuyer sur « Activer ».

Si vous êtes dépisté positif à la covid-19, c’est à vous de vous signaler avec la fonctionnalité « Me déclarer ». Si, au cours des deux dernières semaines, vous êtes entré en contact rapproché (pendant plus de quinze minutes à moins d’un mètre) avec une personne contaminée par la covid-19 et qui s’est elle-même signalée dans l’application, vous recevrez, cette fois, une alerte vous notifiant de votre statut de cas contact.

4 Quelles différences par rapport à StopCovid ?

En dehors du bouton permettant d’activer ou de désactiver l’application et de la possibilité de signaler son test positif, StopCovid offrait peu de possibilités. TousAntiCovid propose donc de nouvelles fonctionnalités : un rappel des gestes barrières et des recommandations sanitaires, un fil d’informations relatives au virus (notamment sur le couvre-feu, ces dernières heures), accompagnées de chiffres régulièrement mis à jour, sur l’épidémie (nouveaux cas, taux d’incidence, taux d’occupation des lits de réanimation…), mais aussi sur l’application elle-même (nombre de téléchargements, de cas déclarés sur TousAntiCovid et de personnes notifiées).

Enfin, des renvois sont proposés vers des pages du ministère de la Santé ou de Santé publique France, pour connaître les données de son département ou trouver les centres de dépistage les plus proches.

5 Pourquoi une nouvelle application ?

La principale nouveauté liée à TousAntiCovid est peut-être à chercher du côté de la communication du gouvernement : en remodelant et en donnant un nouveau nom à une application dont Emmanuel Macron avait lui-même, à demi-mot, reconnu l’échec, les autorités souhaitent lui donner un nouvel élan et inciter la population à l’adopter massivement. Elle sera désormais référencée dans la communication officielle sur le coronavirus comme l’un des gestes barrières à adopter, au même titre que la distanciation ou le port du masque.

25 octobre 2020

Covid-19 : quelles mesures sanitaires s’appliquent en Bretagne ?

Entre les décisions prises par le gouvernement, celles édictées par les préfets et les initiatives des maires pour protéger leurs administrés de la contamination à la covid-19, il n’est pas évident de s’y retrouver.

1 Port du masque en ville

Le port du masque devient obligatoire dans de plus en plus de villes. Parfois uniquement dans le centre, comme dans le Finistère à Morlaix, Concarneau, Landerneau et Carhaix. Parfois, l’obligation s’étend à l’ensemble de la communauté de communes, comme en Ille-et-Vilaine à Rennes, Couesnon-Marches-de-Bretagne, Fougères, Vitré, Châteaugiron et Saint-Méen-le-Grand, ou dans le Finistère, à Brest.

Dans le Morbihan, le port du masque est, pour le moment, obligatoire dans un rayon de 100 m autour de chaque école, mais aussi des gares routières, ferroviaires et maritimes.

Enfin, plusieurs villes et villages ont rendu le port du masque obligatoire dans la rue. C’est le cas dans le Finistère à Plouzané et Guilers, Quimperlé, Plougastel-Daoulas, Pont-l’Abbé, Fouesnant, Landivisiau, Lesneven, Le Folgoët, Plabennec, Douarnenez, Tréboul, Roscoff et l’île de Batz, Saint-Marine et Roudouallec.

Dans les Côtes-d’Armor, la prefecture a étendu le port du masque en journée à de nombreuses communes, samedi 24 octobre. Il est donc obligatoire à Saint-Brieuc, Plérin, Trégueux, Langueux, Lamballe-Armor, Loudéac, Perros-Guirec, Saint-Briac-sur-Mer, Saint-Lunaire, Dinan et Saint-Jouan. Le masque est obligatoire le vendredi, samedi et dimanche, de 9 h à 23 h 30 à Saint-Quay-Portrieux, Pordric, Saint-Cast-le-Guido, Binic, Trégastel, et Tréguier. Et toute la journée, tous les jours, à Bréhat, Pléneuf, Paimpol, Erquy et Plouha.

Cancale (35) est également concernée.

Et le masque reste obligatoire sur les marchés dans toute la Bretagne.

2 Fermeture des bars et des restaurants

La mesure a provoqué la colère des professionnels du secteur : les bars sont désormais fermés en journée dans toute l’Ille-et-Vilaine, et non plus uniquement lors du couvre-feu. Les restaurants restent ouverts jusqu’à 21 h, mais les hôtels pourront continuer à servir leurs clients, en « room service », après 21 h.

Sur toute la côte d’Émeraude, y compris dans la partie des Côtes-d’Armor, les bars doivent fermer à partir de 23 h, de Saint-Briac-sur-Mer à Cancale. Même mesure à Saint-Brieuc.

La fermeture des bars, dans le Finistère est obligatoire dès minuit à Brest et Quimper.

Et, comme dans le reste du pays, les restaurants ne peuvent plus accueillir plus de six personnes à la même table.

3 Autres mesures

En Ille-et-Vilaine, les salles de sport, les piscines et les gymnases sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Dans le Morbihan, ce sont les plages et les sentiers littoraux dont l’accès est interdit de 21 h à 6 h. Les établissements recevant du public (ERP) de Plérin (22) sont fermés en raison de la découverte d’un cluster au sein du club de foot.

23 octobre 2020

Covid-19 : 38 nouveaux départements sous couvre-feu.

couvre feu nouvelle carte

Le Premier ministre Jean Castex a annoncé jeudi que l’extension de cette mesure sur le territoire français entrerait en vigueur samedi à minuit, pour les nouvelles zones concernées. Elle vise à faire face à une circulation du virus “extrêmement élevée”, avec 41 000 cas enregistrés ces dernières 24 heures, un niveau jamais vu. Au total, 46 millions de Français sont désormais concernés par ces restrictions de circulation, soit les deux tiers de la population, note le journal italien Il Fatto Quotidiano, qui remarque que de tous les pays européens, c’est la France qui est la plus touchée par une flambée de cas. L’Allemagne a toutefois enregistré près de 11 300 nouveaux cas en 24 heures, un record absolu pour ce pays salué pour sa bonne gestion de la première vague épidémique au printemps. “La situation est devenue globalement très grave”, a déclaré jeudi Lothar Wieler, président de l’institut de veille sanitaire Robert Koch.

21 octobre 2020

Coronavirus en Bretagne

dessin covid bretagne

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20 octobre 2020

Lutte contre le coronavirus

bretagne leclerc

20 octobre 2020

L’Irlande reconfinée à partir de ce soir.

Le gouvernement de Micheal Martin a décidé d’imposer de nouvelles restrictions de niveau 5 jusqu’au 1er décembre dans l’espoir d’endiguer la propagation du coronavirus. Le Irish Times explique qu’il sera désormais impossible de sortir du pays, les Irlandais devant rester dans un rayon de cinq kilomètres de leur domicile, sous peine d’amende. Les Irlandais n’auront pas non plus le droit de recevoir du monde dans leur maison ou dans leur jardin mais il sera possible de se retrouver dans les parcs. Les écoles resteront ouvertes. En revanche, les bars et les salles de restaurant ne pourront pas ouvrir. Les clients devront se faire livrer ou récupérer leur nourriture sur place. Les hôtels ne pourront pas accueillir de touristes. Les mariages pourront bien avoir lieu mais le nombre d’invités sera limité à 25 personnes. Le gouvernement a envisagé un confinement de trois semaines avant d’estimer qu’il ne suffirait pas à contrôler le Covid, précise le Times.

18 octobre 2020

MORBIHAN : les plages et sentiers côtiers interdits d'accès de 21 h à 6 h

plages fermées

« Entre 21 et 6 h, je ne vois pas ce que nous ferions sur les chemins côtiers… Un bon bain, mais un peu frais quand même ! On touche le fond là. » Cette réaction d’un de nos lecteurs donne le ton : les internautes sont plus que sceptiques après l’annonce par la préfecture du Morbihan que les plages et sentiers côtiers sont désormais interdits d’accès de 21 h à 6 h du matin, une mesure qui a pris effet samedi.

D’autres y voient « une mesure liberticide et démesurée ». La plupart se demandent qui va se promener à ces heures-là.

Face à cette avalanche de réactions, les services préfectoraux ont décidé d’apporter des précisions immédiatement, alors qu’ils avaient initialement prévu de ne communiquer que lundi matin, lors d’un Facebook live du préfet, Patrice Faure.

Pour empêcher les rassemblements festifs

« Cette mesure est destinée à empêcher les rassemblements festifs, musicaux, dansants, dans ces lieux et sur la période énoncée, car ils favorisent la circulation du virus, justifie ainsi la préfecture. La mesure est notamment mise en place en relation avec la période de vacances scolaires qui s’ouvre. Des rassemblements de ce type ont déjà été constatés par le passé et pourraient se produire de nouveau, même si la période de la Toussaint y est moins propice. Ce phénomène pourrait également intervenir du fait de la fermeture actuelle de certains lieux festifs nocturnes ».

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18 octobre 2020

Début du couvre-feu : « On se croirait dans un film, sauf que ce n’est pas du cinéma »

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Par Laurie Moniez, Lille, correspondance, Gilles Rof, Marseille, correspondant, Richard Schittly, Lyon, correspondant, Sylvia Zappi, Nicolas Chapuis, Marie-Béatrice Baudet - Le Monde

Paris et huit métropoles de l’Hexagone se sont pliées, samedi, à l’obligation de couvre-feu, une situation que la capitale n’avait pas connue depuis 1961.

Le père et le fils se tiennent debout place Saint-Michel, à Paris, au cœur de ce Quartier latin si souvent embrasé par la fièvre du samedi soir. Tous deux attendent, tous deux observent et jettent de temps en temps un coup d’œil à l’horloge située à quelques mètres plus loin sur le quai de Seine. Il est 20 h 40. « C’est le premier jour du couvre-feu, c’est un événement, on veut être là, on habite juste à côté, on aura le temps de rentrer… », déclare fièrement le père.

Plus que vingt minutes à tenir et soudain, la vie s’accélère comme dans un vieux film de Charlot. Les commerces baissent rideau, les garçons de café se dépêchent de rentrer les terrasses, les passants hâtent le pas. Il est bientôt l’heure. Tic-tac, tic-tac. Quelque 20 millions de Français ont désormais l’obligation de rester chez eux entre 21 heures et 6 heures du matin afin de contenir la deuxième vague de Covid-19, comme leur a expliqué le gouvernement. Et oui, ils ont obéi et suivi les consignes.

20 h 43. La ville de Saint-Denis semble déjà endormie. La rue Gabriel-Péri, principale artère de la ville s’est dépeuplée. Même les portes du « 129 », un kebab célèbre dans tout le département de cette banlieue populaire sont fermées. D’habitude, des jeunes venus de tout le « 93 » y font la queue. Le trottoir, ce soir, est désert.

20 h 45. Paris, du côté de Beaubourg. Samuel termine de ranger des tables à l’intérieur du café où il travaille depuis dix ans. Il râle, on l’entend s’énerver. « Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Allez, je vais faire l’hypocrite. Vous voyez, je ferme, je respecte cette formidable loi, et tout va bien… » Mais lutter contre le Covid-19, c’est fondamental non ? « Je vais vous dire une chose et une seule : j’espère que l’avenir va donner raison au gouvernement parce que sinon, pour nous, les cafés et les restaurants, le prix à payer va être très lourd. »

« Difficile de dîner en regardant sa montre »

20 h 48. A Lyon, Frédérique, 50 ans, est attablée avec deux couples d’amis au restaurant corse « A Cantina », dans le quartier de l’Hôtel de ville. C’est bientôt l’heure de partir. Les cinq convives ont calculé leur temps de trajet. Ils se montrent prudents.

« Cela fait partie de notre quotidien maintenant, on doit s’adapter, cela risque de durer », explique Dominique ; ses amis acquiescent. Une trentaine de clients sont répartis dans les salles très cosy de l’établissement. « D’habitude le samedi, on en accueille quatre fois plus, on sert environ 120 couverts, mais c’est difficile de dîner ici en regardant sa montre », confie le jeune patron Garry Blaisonneau, 32 ans, tandis qu’il prépare des fiches de dérogation pour que ses douze employés puissent regagner leur domicile sans problème. « Les clients, témoigne Steve, l’un des serveurs, consomment différemment. Ils nous demandent de choisir à leur place pour gagner du temps. »

La fermeture approche. « Mesdames, messieurs, ici la police, il reste dix minutes. Attention au compte à rebours », lance haut et fort Garry. Eclats de rire dans le restaurant. Dehors, des passants courent en direction du métro comme s’ils voulaient éviter un orage. « On se croirait dans un film au temps de la prohibition, s’amuse le restaurateur, sauf que ce n’est pas du cinéma. »

20 h 50. Karim, grand Marseillais élégant, hésite à suivre la petite centaine de protestataires opposés au couvre-feu qui se dirigent vers la préfecture des Bouches-du-Rhône en empruntant la rue Saint-Ferréol, à l’angle de la Canebière. « Je buvais un verre sur une terrasse avec des amis. Et quand ça a commencé à fermer, j’ai suivi la manifestation. Sur le fond, je suis d’accord avec eux, mais je ne vais pas prendre de risques et me retrouver avec une amende à 135 euros. J’ai ma redevance télé à payer », s’amuse le jeune homme de 20 ans, en repartant sagement vers son domicile. Le défilé n’ira pas très loin. C’est un acte de rébellion fugitif et festif sans conséquences.

20 h 55. Jonathan, 33 ans et Teva, 35 ans, sortent du Bloempot. Ce restaurant est une véritable institution lilloise. Situé rue des Bouchers, sa carte propose du maquereau en gravlax et des cèpes fermentés accompagnés d’escargots de Comines. Au Bloempot, c’est toute la richesse du terroir des Flandres qui est magnifié. Ici, on est « locavore », tous les produits viennent de petits fournisseurs du coin.

« Je vais finir à servir le thé comme chez la reine d’Angleterre »

Jonathan et Teva ont le sourire, le dîner fut délicieux. Mais en cuisine, les visages sont graves. Le chef Florent Ladeyn est désabusé. « En mars, quand il y a eu le confinement, on s’est battu, on s’est adapté et puis dès juin, on a vu des établissements qui ne respectaient rien, aucune règle de distanciation sociale. On a compris que cela allait péter de nouveau ». Dès dimanche, Florent Ladeyn va devoir mettre sa vingtaine de salariés en chômage partiel. « On a fait notre part, mais là… Pourquoi des boîtes comme Uber peuvent continuer ? Est-ce qu’on a demandé aux grandes surfaces de désinfecter leurs articles, d’agrandir leurs rayons ou de porter des gants ? », soupire-t-il.

21 heures. Place Saint-Michel, les taxis pris d’assaut détalent. Des retardataires inquiets de la présence de six cars de gendarmerie mobile garés le long de la Seine accélèrent le pas, les cyclistes appuient à fond sur les pédales de leur Vélib’. Papa et fiston, les deux badauds du début de soirée, sont rentrés chez eux. Le gérant d’un des cafés de la place éteint les dernières lumières : « D’habitude, je ferme à 1 heure du matin, puis on m’a demandé de terminer à 22 heures, puis maintenant 21 heures… Je vais finir à servir le thé comme chez la reine d’Angleterre », se désole-t-il.

21 h 20. Paris, quartier Château-Rouge, près de la gare du Nord. « Qu’est-ce que vous faites là ? Vous devriez être rentré chez vous… », lance à un passant la commissaire divisionnaire Emmanuelle Oster. L’homme dégaine une attestation. « Parfait », répond la patronne des policiers du 18e arrondissement. Un deuxième homme qui rentre du travail n’a pas eu le temps de télécharger son attestation. Les agents le laissent repartir après quelques secondes. « On va faire preuve de discernement ce soir mais la pédagogie ne peut pas durer trop longtemps », explique la gradée.

21 h 50. A Saint-Denis, les tramways circulent presque à vide. D’une fenêtre de la rue de la République, près de la halle du marché, on entend des rires et des éclats de voix. Des jeunes font la fête et écoutent un tube de Cheb Khaled. Le son n’est pas très fort mais dans la rue désertée, le refrain résonne comme si le son était décuplé.

22 heures. Marseille est calme, très calme. « Je tiens à remercier les professionnels qui ont parfaitement respecté l’heure prévue. Et merci à la population qui a suivi la règle », salue le préfet de police Emmanuel Barbe sur le Vieux-Port. « On préférerait se concentrer sur autre chose, mais il faut le faire car c’est la priorité de la nation ». En début de soirée, les forces de l’ordre avaient eu peur. Autour du stade Vélodrome où l’OM affrontait Bordeaux à huis clos, les supporteurs avaient accompagné leur équipe dans un halo de fumigènes.

Un curieux ballet

22 h 30. Paris est vide. Dans les rues, les SDF s’apprêtent à survivre une nuit de plus. Sophie, une Américaine dort depuis trois ans en face de l’ancien palais de justice, île de la Cité. Elle ne se plaint pas, montre son masque et dit « qu’elle refuse d’aller dans un refuge car elle est sûre d’y attraper le virus ».

Paris est vide et commence alors un curieux ballet. Les livreurs de sushi et de pizza ont pris possession du bitume. Ils zigzaguent, écoutent de la musique à fond, heureux de rouler en toute liberté. Ils ont beaucoup de travail ce soir, confie Ali qui porte sur son dos un lourd sac réfrigéré fluorescent.

A Paris, les lumières aux fenêtres sont allumées. Les restaurants sont fermés mais la nuit ne fait que commencer. Faire la fête jusqu’à six heures du matin ? « Ben, oui, comme on fait d’habitude », expliquaient en début de soirée dans le métro Lola et deux de ses copines qui venaient d’acheter à elles trois neuf litres de bière pour tenir toute la nuit. Plus sages, Louis, Bastien et Julien, rencontrés avant 21 heures imaginaient plutôt une soirée pyjama pour respecter ce premier soir de couvre-feu.

16 octobre 2020

Couvre-feu en France : un “revers” qui “fait mal"

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le président français Emmanuel Macron a annoncé mardi soir la mise en place d’un couvre-feu nocturne dans les métropoles à partir de samedi, pour faire face à la reprise de l’épidémie sur le territoire. Un terme aux évocations guerrières qui atteste de la gravité de la situation en Europe, estime la presse étrangère.

“Couvre-feu : le mot fait mal, d’autant qu’il va durer”, remarque Le Temps. En annonçant mardi soir un “confinement nocturne de grande ampleur”, en Ile-de-France et dans huit métropoles à partir de samedi, Emmanuel Macron a “coupé” l’Hexagone en deux, “entre la partie du pays où la vie demeurera normale, et celle que la diffusion du Covid-19 oblige à se refermer”, estime le quotidien suisse.

Cette décision choc compte “parmi les actions les plus drastiques prises par un dirigeant politique depuis le rebond de la pandémie”, note le Financial Times. “La semaine dernière, Berlin a contraint les bars, les cafés et les restaurants à fermer entre 23 heures et 6 heures du matin, sans aller” jusqu’à imposer un “couvre-feu complet”, remarque le quotidien financier britannique.

“Une sorte d’électrochoc”

Pour la presse étrangère, l’utilisation du terme “couvre-feu” n’est pas anodine. “Ce mot fort, chargé d’évocations guerrières, vise à avoir un effet psychologique sur la population, à jouer le rôle d’une sorte d’électrochoc”, estime La Vanguardia.

“Il entend dire très clairement que le moment est grave et que les conséquences de l’inaction des autorités ou de l’indiscipline de la population peuvent être dramatiques. Quelques heures avant la comparution, on a d’ailleurs émis l’hypothèse que Macron allait utiliser un terme plus doux, tel que ‘confinement nocturne’. Finalement, il a été décidé de fuir les euphémismes et d’affronter la réalité ouvertement”, explique le journal espagnol.

“Accusé d’infantilisation”, Macron a “opté pour un ton plus compatissant”

Malgré cette annonce choc, la correspondante du Süddeutsche Zeitung note qu’Emmanuel Macron a dans le même temps opté pour un ton différent de celui qu’il avait adopté lors de l’annonce du confinement au printemps dernier. “Le président a cherché à utiliser une rhétorique plus confiante”, précisant notamment qu’il n’y avait pas non plus lieu de “paniquer”. Encourageant, il a notamment rappelé à quel point la population française “avait bien suivi les consignes de confinement au printemps et que la France avait alors été l’un des premiers pays d’Europe à ouvrir à nouveau des écoles”.

“Oublié le ‘nous sommes en guerre’ martelé […] en mars”, renchérit Le Soir. Macron – accusé par ses détracteurs d’avoir versé dans l’infantilisation – a opté pour un ton plus compatissant en déroulant les nouvelles restrictions auxquels les Français devront se plier pour au moins quatre semaines, voire six.”

Pour le New York Times, l’annonce du couvre-feu français est certainement “le signe le plus frappant de la détérioration de la situation” en Europe. Le quotidien new-yorkais n’est toutefois “guère surpris par ce revers” : “Dans plusieurs pays européens, le confinement a été levé trop rapidement, semant un faux sentiment de sécurité parmi les personnes qui pensaient pouvoir reprendre une vie normale.”

Noémie Taylor-Rosner

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