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Jours tranquilles à Paris
coronavirus
22 août 2020

L’OMS espère venir à bout du Covid-19 en “moins de deux ans”.

Alors que la pandémie de nouveau coronavirus ne montre guère de signes de ralentissement et que l’Europe se prépare à une seconde vague, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère que l’humanité pourrait être débarrassée du Covid-19 en “moins de deux ans”, rapporte The Daily Telegraph. “En utilisant au maximum les outils disponibles et en espérant que nous pourrons avoir des outils supplémentaires comme les vaccins, je pense que nous pouvons y mettre un terme dans un délai plus court que la grippe (espagnole) de 1918”, a déclaré le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, depuis Genève. L’OMS a également recommandé “le port du masque aux enfants âgés de 12 ans et plus, dans les mêmes conditions que les adultes”.

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22 août 2020

Santé - Covid-19 : où en sont les traitements ?

vaccins covid

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

La Russie est le premier pays à avoir approuvé un vaccin contre le Covid-19. Ailleurs, les essais pour mettre au point des traitements se poursuivent.

Pour le moment il n’existe pas de traitement spécifique pour lutter contre le Covid-19. Plusieurs médicaments et vaccins sont à l’étude et doivent encore démontrer leur efficacité. Certains sont plus prometteurs que d’autres. Les traitements présentés ci-dessous ne constituent pas une liste exhaustive de tous ceux qui font l’objet d’essais précliniques ou cliniques.

Vaccins

La Russie a créé la surprise le 11 août en annonçant l’approbation d’un vaccin mis au point par l’institut Nikolaï Gamaleïa, bien qu’il ne soit pas passé par toutes les phases nécessaires d’un essai clinique, comme le souligne Nature.

Parmi les 167 vaccins candidats en cours de développement recensés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), six ont entamé la phase III (la dernière d’un essai clinique qui doit impliquer plusieurs milliers de volontaires, vérifier que le vaccin protège effectivement et repérer d’éventuels cas rares d’effets secondaires) et deux sont entrés dans des phases combinées II-III.

Sur ces huit traitements préventifs à approcher la ligne d’arrivée, quatre sont issus de laboratoires chinois (CanSino Biologics, Sinovac Biotech et Sinopharm, qui réalise les phases III pour les vaccins développés par le Wuhan Institute of Biological Products et par le Beijing Institute of Biological Products). Les autres sont l’américain Moderna, la société allemande BioNTech, en collaboration avec Pfizer et le producteur chinois de médicaments Fosun Pharma, et le suédo-britannique AstraZeneca, en partenariat avec l’université d’Oxford. Enfin, l’australien Murdoch Children’s Research Institute n’a pas mis au point un nouveau vaccin pour cibler le coronavirus, mais il a identifié qu’un vaccin développé au début du siècle dernier contre la tuberculose pourrait avoir des effets bénéfiques pour prévenir le Covid-19. Des essais à grande échelle sont en cours dont un en phase III en Australie.

Médicaments

Parmi les nombreux remèdes expérimentés, deux se sont montrés particulièrement prometteurs, mais uniquement auprès de patients touchés par des formes graves de la maladie. Il s’agit du remdésivir et de la dexaméthasone.

Le premier est un antiviral initialement testé contre Ebola et l’hépatite C. Les données préliminaires de l’essai clinique démarré au printemps ont montré que le remdésivir permet de réduire le temps de récupération des personnes hospitalisées. “Ces premiers résultats n’ont montré aucun effet sur la mortalité, mais les données rétrospectives publiées en juillet suggèrent que le médicament pourrait réduire les taux de mortalité chez les personnes très malades”, rapporte le New York Times.

Le second est utilisé depuis longtemps dans le traitement d’allergies ou d’asthme notamment. Une étude parue en juillet dans The New England Journal of Medicine et conduite auprès de 6 000 patients a mis en évidence que la dexaméthasone réduisait les décès d’un tiers chez les patients sous ventilateurs et d’un cinquième chez ceux placés sous oxygène. Il pourrait cependant nuire aux personnes qui ne sont qu’à un stade précoce de la maladie ou qui n’ont pas de symptômes sévères. Les Instituts de la santé américains (NIH) recommandent d’ailleurs de réserver l’usage de la dexaméthasone aux personnes sous respirateur ou sous oxygène.

Des molécules qu’on pensait prometteuses se sont finalement révélées décevantes. C’est le cas de l’association de médicaments anti-HIV lopinavir et ritonavir (seuls ou combinés à d’autres antiviraux). Début juillet, l’OMS a suspendu ses essais cliniques, tout comme pour les essais impliquant la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine. Ces antipaludéens, vantés notamment par le président américain Donald Trump et le populaire professeur Raoult en France, ont été surmédiatisés pendant des mois.

Deux études cliniques randomisées publiées en juin et en juillet ont montré que l’hydroxychloroquine n’aidait pas les personnes atteintes de Covid-19 à aller mieux, qu’elle n’empêchait pas les personnes en bonne santé d’être contaminées, et que son administration à des personnes juste après avoir reçu un diagnostic positif de Covid-19 ne réduisait pas la gravité de la maladie. Une étude parue dans The Lancet suggérant quant à elle que la chloroquine pouvait être dangereuse en cas de Covid-19 a par ailleurs été retirée. D’après le site spécialisé Stat, plus d’une centaine d’essais cliniques pour tester la chloroquine ou son dérivé seraient encore en cours.

Autres traitements

Beaucoup d’espoirs ont également été placés dans l’utilisation de plasma sanguin de personnes guéries, une méthode qui a déjà fait ses preuves par le passé. Plusieurs essais cliniques sont en cours. Mais pour le moment les résultats publiés – qui ne concernent qu’un nombre restreint d’individus – sont mitigés. “Une étude [mise en ligne le 12 août] menée à l’échelle nationale [aux États-Unis] suggère que l’injection de plasma sanguin prélevé chez des patients guéris du Covid-19 aurait un effet positif chez les malades, néanmoins, en raison de l’absence de groupe de contrôle dans cette étude, plusieurs experts reconnaissent avoir du mal à interpréter ces résultats”, rapporte Stat.

L’utilisation d’interférons, promue au Venezuela et à Cuba notamment, a montré des résultats encourageants en laboratoire sur des cellules et des souris, et continue d’être une piste explorée. La phase III d’un essai clinique pour étudier le médicament Rebif (contenant des interférons de synthèse) combiné au remdésivir a d’ailleurs été lancée le 6 août aux États-Unis. Les interférons sont des molécules naturellement produites par notre organisme pour répondre à une attaque virale.

Parmi les autres voies explorées, notons l’utilisation de cellules souches. Certaines peuvent sécréter des molécules anti-inflammatoires et depuis plusieurs années des scientifiques cherchent à les utiliser comme traitement des “orages cytokiniques”, une réaction immunitaire excessive qu’on retrouve chez certains malades du Covid-19. Une douzaine d’essais cliniques sont en cours pour tester leur efficacité en cas de Covid-19. “Mais ces traitements n’ont pas bien fonctionné dans le passé et on ne sait pas encore s’ils fonctionneront contre le coronavirus”, note le New York Times.

20 août 2020

Avec le Covid, «la vie au travail ne sera plus comme avant»

bureau covid

Par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux 

A Bordeaux, cinq chefs d’entreprise ont déjà instauré de strictes mesures sanitaires dans leurs bureaux. Pas toujours au goût de leurs employés.

Les discussions animées au détour d’un couloir. La pause clope ou café. Le déjeuner convivial entre collègues. Un stop rapide au distributeur de confiseries. Et, au passage, un petit verre d’eau à la fontaine pour se désaltérer… Après plusieurs semaines à rester enfermé chez soi en télétravail, le déconfinement a signé le retour des petites habitudes au bureau pour de nombreux employés. Et, alors que le nombre de clusters ne cesse de croître, la vie de bureau est pointée du doigt. Cinq chefs d’entreprise de la métropole bordelaise racontent à Libé les précautions qu’ils ont prises alors que le gouvernement prône désormais le port «systématisé» du masque dans les open spaces.

Bretelles

A 35 ans, Charles Ranguin est directeur adjoint au Village by CA Aquitaine, un accélérateur de start-up du centre-ville de Bordeaux. Dans ses locaux de 1 000 m², répartis sur deux étages, on compte environ 90 bureaux fermés ou en open space. «Dès la réouverture du site, le 25 mai, on a fait un peu comme tout le monde : on a installé du gel hydroalcoolique, matérialisé au sol des sens de circulation, interdit d’utiliser le frigo, condamné certaines places et espacé les bureaux à la manière des tables en terrasse de café. Et surtout, on a recommandé aux collaborateurs de porter le masque dans les parties communes», détaille Charles Ranguin.

Le trentenaire l’assure, «ça a plutôt bien marché au début». Puis le concède, «l’ambiance s’est détendue» à partir de mi-juillet. «Tout le monde s’est un peu relâché. J’imagine que beaucoup pensaient qu’on avait passé le plus dur. Résultat, plus grand-chose n’était respecté. Il y a une quinzaine de jours encore, les masques restaient dans les sacs, le frigo était à nouveau utilisé et les sens de circulation étaient comme invisibles.»

Annabelle, qui préfère conserver l’anonymat, est responsable dans un centre d’appels en Gironde. Elle emploie une dizaine de salariés et a aussi constaté que ses employés étaient moins rigoureux depuis le début de l’été. «Je dois toujours être sur leur dos pour qu’ils respectent les règles sanitaires. C’est une perte d’énergie, de temps, et une source de stress. Alors la généralisation, ça ne sera pas plus mal. Je n’aurai plus à me justifier et je pourrai l’imposer. Ça sera plus rassurant pour tout le monde. Même si je comprends que ça puisse être une contrainte.»

Contrairement à Annabelle, Charles Ranguin a noté «un sursaut» au Village ces dernières semaines. Face à la multiplication des clusters dans la région, il a remis les choses à plat. «Je ne veux pas faire la police, j’essaie plutôt la pédagogie. Evidemment, certains râlent. On nous accuse d’être jusqu’au-boutistes. Il y a même deux ou trois personnes qui refusent de porter le masque par conviction, estimant que ça ne sert à rien. Les jeunes sont les pires. J’ai le droit à un soupir dès que je fais une réflexion.» Même s’il doit s’attirer les foudres de certains, Charles Ranguin est en faveur de la généralisation : «Aujourd’hui, c’est ceinture plus bretelles. On anticipe le retour des vacanciers, ça va faire beaucoup de monde au même endroit.»

Laisser-aller

Erwan Le Bronec chapeaute la zone Sud-Ouest de l’entreprise Onepoint, spécialisée dans la transformation numérique. Il pilote deux sites dans des communes limitrophes de Bordeaux, où travaillent environ 350 personnes. Il confesse un laisser-aller quand il s’agit de respecter les sens de circulation. «Pour les masques, nous n’avons pas de problème car, malheureusement, des collègues sont tombés gravement malades du Covid-19, tempère-t-il. A ce moment-là, tout le monde a pris, il me semble, la mesure de ce qui était en train de se passer.» La généralisation, il est pour : «D’ailleurs, si le gouvernement ne l’impose pas, on réfléchit à le rendre obligatoire même lorsque les personnes sont assises à leurs bureaux. Après les retours de vacances, l’effectif va gonfler. Nous ne pourrons plus pousser les murs.»

Même discours à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, où plusieurs centaines d’employés - ceux qui ne peuvent pas télétravailler - continuent de venir pointer chaque jour. «L’aéroport est un endroit si particulier que nous n’avons pas attendu l’arrivée de nouveaux clusters pour imposer le port du masque et d’autres mesures drastiques dans nos locaux. Même ceux qui ne sont pas ouverts au public, indique Jean-Luc Poiroux, directeur du développement commercial. Partout où c’était possible de le faire, nous avons installé des cloisons pour faire barrière entre les bureaux dans les open spaces et imposé des sens de circulation.»

Chaque employé reçoit deux masques FFP2 par jour (les plus protecteurs, mais aussi les plus coûteux), à porter dès qu’il se déplace. «C’est un budget, mais il me semble nécessaire. Pourquoi pas de simples masques chirurgicaux ? Car c’est une zone de transit importante», souligne le directeur. Il s’appuie sur une quinzaine de fiches techniques détaillant l’organisation des pauses déjeuner dans les locaux ou la circulation dans les ascenseurs pour limiter les risques.

Autre gros investissement : l’aéroport a basculé sur une climatisation à renouvellement d’air à 100%. Tous les filtres ont été changés. «Le sujet a beaucoup fait débat, car il n’y a pas vraiment de réglementation en la matière, simplement des recommandations, poursuit Jean-Luc Poiroux. On a choisi de prendre un maximum de précautions.»

 Effrayés

A quelques kilomètres, l’entreprise Filhet-Allard, spécialisée dans le courtage d’assurances, emploie quelque 900 personnes sur son site girondin. «Je pense que la vie d’entreprise ne sera plus comme avant. Il faut commencer à l’accepter», commente Franck Allard, président du directoire de la société et chef du Medef en Gironde. «On va conserver des habitudes de visioconférences et limiter les déplacements à l’extérieur. Si le masque devient obligatoire - même assis à son poste de travail -, évidemment, je ne m’y opposerai pas.» Les protocoles sont déjà passés de 14 pages à 21, avant une éventuelle mise à jour.

Franck Allard anticipe la rentrée : «On a déjà commandé plus de 60 000 masques. Les couloirs vont à nouveau grouiller de monde. Ce qui m’inquiète, ce ne sont pas ceux qui refuseraient de porter le masque - à ma connaissance, il n’y en a pas -, mais ceux qui sont effrayés et ne veulent simplement pas revenir travailler au milieu de leurs collègues. Nous devons les rassurer et tout faire pour qu’ils se sentent en sécurité.»

20 août 2020

Puy-du-Fou : il n'y aura pas de nouvelle dérogation pour accueillir 9 000 spectateurs

charlie

Volte-face.

Plus de dérogation (pour le moment) pour le Puy-du-Fou. Le parc d'attractions vendéen, qui avait bénéficié d'une dérogation «exceptionnelle» de la préfecture pour accueillir 9 000 spectateurs le 15 août dernier, devra se contenter de la jauge maximale de 5 000 personnes le week-end prochain, les 21 et 22 août, indique Ouest-France. Ces demandes d'augmentation de la jauge encadraient les représentations du spectacle-phare du parc, la Cinéscénie. Benoît Brocart, le préfet de la Vendée, a donc décidé de ne pas renouveler sa décision, qui avait fait polémique. Motif : «la réévaluation de la situation sanitaire locale et nationale, les données les plus à jours confirmant une dégradation qui s'accélère», explique-t-il.

19 août 2020

Coronavirus

coronavirus telegramme 19 aout

Extrait du Yélégramme du 19 août

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19 août 2020

Le port du masque sera « systématisé » dans les entreprises à la rentrée

madque entreprise

La ministre du travail, Elisabeth Borne, a annoncé aux partenaires sociaux que le port du masque serait désormais nécessaire en entreprise, sauf dans les bureaux individuels.

Cela fait quelques jours que les autorités publiques et sanitaires le laissaient entendre. C’est désormais confirmé : d’ici à la rentrée, le port du masque sera « systématisé » en entreprise dans « tous les espaces clos et partagés », a fait savoir la ministre du travail, Elisabeth Borne, mardi 18 août, à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux.

Une annonce qui intervient alors que les chiffres publiés quotidiennement par le ministère de la santé font craindre un rebond de l’épidémie de Covid-19 dans le pays – mardi 18 août au soir, 2 238 cas avaient été détectés en vingt-quatre heures.

« Il est nécessaire de systématiser, comme l’a préconisé le Haut Conseil de la santé publique, le port du masque dans tous les espaces de travail qui sont clos et partagés », comme les « salles de réunion, couloirs, vestiaires, open spaces », a-t-elle déclaré à l’issue de deux heures de visioconférence avec les représentants syndicaux et patronaux. Et ce, même si des vitres en Plexiglas ont été installées, a précisé le secrétariat d’Etat de la santé au travail. Le port du masque ne sera cependant pas obligatoire dans les bureaux individuels, a précisé le ministère à Reuters.

Le protocole pour assurer la sécurité des salariés en entreprise n’imposait jusqu’à présent le masque que lorsque la distanciation d’un mètre n’était pas respectée.

La mesure sera consignée « dans les prochains jours » dans un « protocole national pour assurer la santé et la sécurité des travailleurs en période de Covid-19 », en vue d’une application pour « la fin août », a encore expliqué la ministre.

Considéré comme un « équipement individuel de sécurité », le coût du masque, chirurgical ou en tissu, sera désormais à la charge de l’employeur. En fonction de l’évolution sanitaire et des typologies de locaux d’entreprise, cette mesure pourra souffrir de dérogations après avis des autorités de santé.

Télétravail recommandé

Par ailleurs, des mesures spécifiques, à définir, seront applicables pour l’hébergement des travailleurs saisonniers et dans les abattoirs, qui se sont révélés des foyers de contamination cet été, a précisé Yvan Ricordeau, de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), présent à cette réunion avec le ministère qui s’est déroulée en visioconférence. « Des réunions vont commencer la semaine prochaine, a-t-il ajouté, se montrant satisfait de la généralisation du port du masque en entreprise. Pour soutenir l’activité, il faut donner des éléments de sécurité aux salariés. »

« Pas opposé » à cette mesure, Fabrice Angéi, de la Confédération générale du travail (CGT), s’interroge sur la « qualité des masques ». « Il faut une filière de production au niveau national, avec des masques de qualité qu’on peut contrôler, a-t-il suggéré. Les masques, ça ne fait pas tout, il faut aussi travailler sur les questions d’organisation du travail, de télétravail et de réduction du temps de travail. »

S’agissant du télétravail, « on va rester sur les règles d’aujourd’hui : télétravail recommandé dans les zones où le virus circule activement », a précisé Mme Borne, tout en incitant les partenaires à entamer et à accélérer une négociation sur le sujet.

L’exécutif est sur « une ligne de crête pas évidente à tenir », avait dit à l’AFP avant la réunion François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. « Il faut avoir un message de sensibilisation » et « en même temps éviter d’envoyer des messages trop anxiogènes qui viendraient gripper l’activité dont tout le monde a besoin ».

Près d’un quart des « clusters » en entreprise

Les indicateurs statistiques de contaminations sont repartis à la hausse depuis le dernier protocole, inquiétant autorités sanitaires et gouvernement, qui craignent une deuxième vague susceptible de faire tanguer de nouveau le système hospitalier et l’économie.

Devant les obligations de porter le masque à l’extérieur prises dans certaines villes, comme Paris et Marseille, plusieurs médecins militent pour qu’il devienne obligatoire dans les espaces clos que sont les entreprises.

Les protocoles actuels pour les lieux de travail « ne prennent pas suffisamment en compte » le risque de propagation du Covid-19 par aérosols (fines gouttelettes en suspension dans l’air expiré par les malades), déploraient une vingtaine de médecins vendredi dans une tribune publiée par Libération. Mardi, un collectif de professionnels de santé, C19, avait également saisi le Conseil d’Etat pour rendre le masque obligatoire dans tous les lieux clos, le domicile étant la seule exception à la règle.

Selon les derniers chiffres de l’agence de sécurité sanitaire Santé publique France, 24 % des « clusters » (foyers de contamination) sont situés en entreprise (hors établissements médicaux).

17 août 2020

Covid-19 - Le reconfinement strict à Melbourne est-il un avant-goût de ce qui attend le reste du monde ?

THE NEW YORK TIMES (NEW YORK)

Confrontée à un rebond des contaminations, la deuxième ville d’Australie a décidé de prendre le taureau par les cornes et d’imposer un confinement extrêmement strict accompagné d’un couvre-feu. Est-ce là ce qui attend l’ensemble de la planète ?

Melbourne, deuxième plus grande ville d’Australie, est confrontée à une flambée de l’épidémie de Covid-19 contre laquelle viennent d’être imposées des mesures de confinement parmi les plus drastiques du monde – un aperçu, peut-être, de ce que bien d’autres citadins pourraient avoir à vivre dans les semaines et les mois à venir.

Ce reconfinement vient doucher un premier succès : en juin, l’Australie pensait avoir vaincu le virus. Mais il y a eu une faille dans le programme de quarantaine pour les hôtels : des voyageurs de retour en Australie ont contaminé à Melbourne des agents de sécurité de leur hôtel, qui à leur tour ont transmis la maladie autour d’eux.

Et l’épidémie a continué sa progression même après que le port du masque a été rendu obligatoire dans la capitale de l’État de Victoria [le 22 juillet]. Aujourd’hui, alors que les autorités tentent d’enrayer la chaîne des contaminations, Melbourne se métamorphose sous l’effet d’une stricte application de mesures aux dispositions extrêmement détaillées. Un dédale réglementaire mêlant lourdes amendes pour les contrevenants et dérogations sibyllines – pour les couples ou les chantiers du bâtiment – a plongé les rues dans le silence et les habitants dans une infinie perplexité.

Comme un bombardement dont on ne voit pas la fin

Les propriétaires de restaurant s’interrogent sur les livraisons après 20 heures, heure à laquelle débute le couvre-feu instauré [le 2 août]. Les adolescents demandent si leur petit(e) ami(e) peut être considéré comme un partenaire essentiel. Les bénévoles des refuges pour animaux peuvent-ils sortir les chiens le soir ? Le personnel de ménage est-il essentiel chez les personnes atteintes de troubles mentaux ? Des individus ayant été testés peuvent-ils faire du sport à l’extérieur ?

Un confinement sanitaire n’est jamais facile, mais il devient plus perturbant et plus polémique encore quand les mesures évoluent pour faire face à une deuxième ou troisième flambée épidémique, avec des autorités et des populations épuisées. Alors qu’aucune victoire ne paraît pouvoir être proclamée contre ce virus, certains vivent les nouvelles vagues de restrictions comme un bombardement dont on ne voit pas la fin.

Dans certains endroits, l’évaluation des risques évolue d’un jour sur l’autre. À Hong Kong le mois dernier, les pouvoirs publics ont interdit la fréquentation des restaurants en journée avant de revenir sur leur décision dès le lendemain, face au tollé. Dans certaines villes, les écoles jouent les girouettes et alternent réouvertures et fermetures.

Là où l’épidémie a reculé avant de rebondir, l’avenir prend des airs de long chemin de croix. Du côté des politiques, on cherche la métaphore adéquate pour s’adresser aux populations. En Californie, le gouverneur Gavin Newsom compare ses décisions d’ouverture et de fermeture des lieux de travail à un “variateur d’intensité”. Dan Andrews, le Premier ministre de l’État de Victoria, aime à parler de “mise en veille” pour les secteurs économiques obligés de réduire temporairement leur main-d’œuvre, comme le bâtiment ou les abattoirs.

Insouciance persistante d’une partie de la population

Mais quelle que soit la métaphore employée, une chose est sûre : l’avenir est sombre. À Melbourne, ville de 5 millions d’habitants et capitale gastronomique et culturelle réputée, la pandémie a repris de plus belle, y compris après la mise en œuvre de mesures de “stade 3” début juillet qui instaurait des restrictions jusque-là inédites.

Les représentants des pouvoirs publics sont sidérés par l’insouciance persistante d’une partie de la population, ce qui suffit au virus pour prospérer et continuer de se propager. Les statistiques routières montrent ainsi que les habitants ont été plus nombreux à prendre la route en juillet qu’ils ne l’étaient en mars et en avril, lors du premier passage au stade 3 du confinement. Pire, près de 90 % des personnes atteintes du Covid-19 n’ont été ni testées ni isolées quand elles sont tombées malades, relevait le Premier ministre fin juillet. Et 53 % d’entre elles n’ont pas respecté de quarantaine dans l’attente des résultats de leur dépistage. “Cela signifie que des gens qui se sentent mal continuent de mener une vie normale”, constatait Daniel Andrews, qui a sonné l’alarme et rendu les masques obligatoires dès le lendemain, le 22 juillet.

Pour autant, les contaminations n’ont pas cessé d’augmenter, avec un pic à 753 nouveaux cas le 30 juillet. Depuis, une moyenne de 500 nouvelles infections est enregistrée chaque jour, et le bilan du Covid-19 dans l’État de Victoria atteignait 147 morts [le 3 août], après 11 décès supplémentaires dans la journée. S’ils restent bien moins préoccupants qu’aux États-Unis, ces chiffres ont motivé le passage au stade 4 du confinement (une stratégie de “choc et d’effroi” contre le virus, disent les autorités), et ce pour au moins six semaines. Il s’agit de frapper fort, et avec précision. Selon les artisans de la stratégie de lutte contre la pandémie en Australie, le virus ne peut disparaître que si plus de 70 % de la population respecte strictement les mesures de distanciation et les recommandations sanitaires.

C’est dans l’espoir d’atteindre ce seuil indispensable que sont mises en place ces nouvelles restrictions, qui selon le Premier ministre viennent chambouler le quotidien de 250 000 personnes de plus dans l’État de Victoria. Les commerces de détail ont ainsi fermé, les écoles repassent à l’enseignement à distance, les restaurants ne sont autorisés qu’à proposer la vente à emporter et la livraison, et les crèches sont réservées aux enfants des travailleurs essentiels.

Administration intrusive

Des restrictions déjà bien intégrées et comprises par la population. D’autres mesures en revanche, celles liées au couvre-feu et aux limitations d’effectifs dans certains secteurs, nécessitent davantage d’explications. Dan Andrews, un travailliste décrit par certains comme un homme peu commode et paternaliste, est devenu le père dont tous attendent des réponses. Avec ces mesures de confinement, le Premier ministre du Victoria se retrouve à la tête de l’administration la plus intrusive qu’ait connue l’Australie depuis l’époque où elle était une colonie pénitentiaire.

Lors d’une conférence de presse à Melbourne [le 4 août], les journalistes l’ont interrogé sur les heures où il est permis de sortir son chien (c’est apparemment possible après le couvre-feu mais à proximité de chez soi) et sur d’autres points qui sont source de perplexité. Adressant ses remerciements à ceux qui respectent ces nouvelles règles, et réprimandant les autres, le Premier ministre a annoncé que les personnes devant s’isoler n’étaient pas autorisées à avoir une pratique sportive à l’extérieur. Une campagne de contrôle en porte à porte au domicile de 3 000 malades du Covid-19 a recensé 800 absents : tous ont fait l’objet d’un signalement à la police du Victoria pour enquête. Les contrevenants seront dorénavant passibles d’une amende de 4 957 dollars australiens [un peu plus de 3 000 euros], a précisé Dan Andrews.

Mais la police a déjà affaire à des réfractaires. À quatre reprises au moins au cours de la semaine passée, des agents ont déclaré avoir dû fracturer la vitre de voitures pour en extraire les conducteurs qui refusaient de fournir leurs nom et adresse à un poste de contrôle. Des spécialistes du droit pénal s’interrogent sur la pertinence et l’efficacité de cette répression sévère. Mais dans leur majorité, les Melbourniens font le dos rond.

Peter Barnes, 56 ans, a coutume d’aller à pied faire ses courses et dit se féliciter du durcissement des règles, tout en reconnaissant qu’avec l’omniprésence de la puissance publique, visible à tous les coins de rue, il a de plus en plus l’impression d’évoluer dans 1984 de George Orwell. Ceux qui ne s’intéressent qu’à l’économie feraient bien de ne pas oublier qu’“on n’embauche pas un cadavre, lâche-t-il. C’est sûr, les perspectives de travail sont très mauvaises quand on est mort…

Damien Cave

Cet article a été publié dans sa version originale le 04/08/2020.

Source

The New York Times

NEW YORK http://www.nytimes.com/

17 août 2020

Coronavirus : de nouvelles règles sanitaires en entreprise proposées « d’ici à la fin août »

Dans un entretien au « JDD », Elisabeth Borne explique que le gouvernement proposera d’introduire le « port obligatoire du masque » dans certaines situations et recommandera le télétravail.

Port du masque étendu aux Champs-Elysées, réunion pour imposer des règles sanitaires en entreprise, pèlerinage à Lourdes sous surveillance : les initiatives se multiplient pour éviter une deuxième vague du Covid-19 en France.

L’agence Santé publique France a rapporté, samedi, que la France avait enregistré 3 310 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus en vingt-quatre heures. Ce record depuis mai, mois du déconfinement, est en partie un effet du dépistage massif en cours, mais pas seulement puisque le taux de positivité dans la population augmente régulièrement.

Les règles sanitaires en entreprise présentées mardi

Pour endiguer le coronavirus en entreprise, le gouvernement veut modifier « d’ici à la fin août » les règles sanitaires, notamment via le « port obligatoire du masque » dans certaines situations, affirme la ministre du travail, Elisabeth Borne, dans un entretien au Journal du dimanche du 16 août.

A deux semaines de la rentrée et en pleine reprise épidémique, « nous présenterons mardi aux partenaires sociaux les premières évolutions que nous proposons d’introduire », annonce Mme Borne, ajoutant que ces décisions devront être prises « dans les jours qui viennent, pour que les nouvelles règles puissent s’appliquer d’ici à la fin août ».

Parmi ces mesures, « le port obligatoire du masque » sera préconisé « dans les salles de réunion où il n’y a pas d’aération naturelle [et] les espaces de circulation », mais pas forcément dans les bureaux individuels où « il n’est sans doute pas nécessaire », précise-t-elle.

Elisabeth Borne explique que le télétravail devra être mis en place chaque fois qu’il est possible dans les zones de circulation active du nouveau coronavirus. La ministre entend saisir le Haut Conseil de santé publique sur le cas des « open spaces » et l’efficacité des vitres de plexiglas pour protéger les salariés. Elle ne voit, en revanche, « pas de raison pour remettre en cause la règle actuelle de distanciation » imposant un mètre carré par poste de travail.

Pour leur part, les employeurs doivent se montrer « plus vigilants » quand « des travailleurs sont accueillis dans un hébergement collectif, comme c’est le cas pour les saisonniers », mais aussi « dans les milieux froids et humides » comme les abattoirs, estime Mme Borne.

L’obligation du port du masque s’étend

L’obligation du port du masque en extérieur s’étend quotidiennement. Depuis samedi matin, une partie des Champs-Elysées, le quartier du Louvre et celui des Batignolles, à Paris, sont désormais concernés. Ces zones n’étaient pas comprises jusqu’ici, alors que certaines rues de la capitale sont soumises à cette pratique depuis lundi matin.

Paris est classée en rouge depuis vendredi, comme les Bouches-du-Rhône, département dans lequel la circulation du virus est active, où l’obligation du port du masque a également été étendue à Marseille à de nouveaux quartiers du centre et dans plusieurs villes touristiques.

A Lourdes (Hautes-Pyrénées), les célébrations de l’Assomption ont été bouleversées. L’accès aux lieux de ce pèlerinage de renom mondial a été limité à 10 000 personnes — au lieu de 25 000 habituellement — le masque est obligatoire et de nombreux malades ont renoncé à faire le déplacement. Ceux arrivant par trains médicalisés, souvent âgés et à la santé fragile et en quête de guérison miraculeuse, seront absents cette année. « C’est un crève-cœur de ne pas les accueillir », se désole auprès de l’Agence France-presse (AFP) Vincent Cabanac, directeur du Pèlerinage national.

15 août 2020

L’Amérique latine ne parvient pas à endiguer le Covid-19

Par Angeline Montoya, Marie Delcas, Bogota, correspondante, Amanda Chaparro, Lima, correspondance, Frédéric Saliba, Mexico, correspondance - Le Monde

Cette région est devenue en peu de temps la plus touchée de la planète en nombre de cas (près de 6 millions) et de décès (plus de 230 000).

L’heure n’est pas encore aux bilans. Nul ne sait, à ce stade, si la pandémie due au coronavirus a atteint son pic en Amérique latine et aux Caraïbes, région devenue en peu de temps la plus touchée de la planète en nombre de cas (près de 6 millions) et de décès (plus de 230 000).

Une chose est sûre : il aura fallu moins de six semaines pour que le nombre officiel de victimes soit multiplié par deux, on en dénombrait 100 000 fin juin. On suppute aussi que les victimes pourraient être plus nombreuses. Les autorités de certains pays, comme celles du Pérou, commencent à admettre que le nombre de morts pourrait varier du simple au double.

En valeur absolue, les pays les plus touchés en nombre de cas étaient, mercredi 12 août, le Brésil, le Mexique et Pérou. Mais en proportion de la population, il s’agit du Chili (20 190 cas par million d’habitants), du Panama (18 500) et du Pérou (15 600), le Brésil arrivant en quatrième position (15 100). En nombre de morts et en proportion de la population, le Pérou est le plus touché du continent, avec 800 morts par million d’habitants.

Mais comparer les bilans – provisoires – des différents pays latino-américains reste hasardeux. « Ils ne font pas les mêmes tests, ni dans les mêmes proportions, explique Ciro Maguiña Vargas, infectiologue et professeur à l’université Cayetano-Heredia de Lima. Le Pérou teste par exemple beaucoup plus que ses voisins, mais ce sont des tests sérologiques rapides [qui mesurent la présence d’anticorps et non de virus]. Les tests moléculaires par PCR [utilisés massivement au Chili] sont plus fiables, mais il est pratiquement impossible de les faire parvenir dans les zones les plus reculées du pays. »

« Le pire est probablement à venir »

Restent les données officielles qui, jour après jour, montrent que l’épidémie est loin d’être vaincue. Quelques indices sont encourageants : certains pays tels que le Chili, l’Equateur, ou même le Mexique ont commencé à aplanir la fameuse courbe épidémiologique. Mais à un niveau de contamination toujours très élevé. Et surtout, cinq mois après le début de la pandémie, la plupart enregistrent toujours des hausses inquiétantes. L’Argentine, dont la population du Grand Buenos Aires est toujours en quarantaine, et ce depuis le 20 mars, connaît un pic de contaminations et de morts inédit : encore 7 498 cas et 116 morts le 13 août, pour un total de plus de 276 000 contaminations et plus de 5 300 morts.

« L’Argentine est un exemple de bonnes pratiques, assure Marcos Espinal, directeur du département des maladies transmissibles de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS). Malgré l’augmentation continue des cas, la mortalité y est assez basse [108 morts par million d’habitants]. » Mais, souligne Jarbas Barbosa, sous-directeur de l’OPS, « 60 % des cas y ont été enregistrés en juillet ».

« Le modèle de transmission est différent en Amérique latine et en Europe, constate M. Barbosa. En Italie, en Allemagne, en France, il y a eu une explosion de cas, puis de strictes mesures de distanciation sociale ont été très efficaces pour observer, après cinq ou six semaines, une tendance à la baisse, configurant une première vague bien identifiée. En Amérique latine, les mesures prises tôt ont été très importantes pour réduire la transmission, mais elles n’ont pas été suffisantes, dans la majorité des pays, pour la contrôler. »

En Colombie, la courbe de progression du Covid-19 ne s’infléchit pas non plus. Le nombre de cas enregistré dans ce pays de 50 millions d’habitants dépasse les 433 000 (10 000 nouveaux cas sont enregistrés tous les jours), celui des décès les 14 000. Les frontières terrestres et les aéroports sont toujours fermés. Le président, Ivan Duque, a annoncé, début août, une prorogation du confinement national – et de ses exceptions – jusqu’à la fin du mois. « L’économie a plongé, le chômage a explosé et les gens qui sont enfermés chez eux depuis près de cinq mois n’en peuvent plus », explique un haut fonctionnaire, qui se dit convaincu que « le pire est probablement à venir ».

Comme en Argentine, les autorités colombiennes ont décidé de confiner le pays alors que le nombre de cas était encore très faible. Cette mise en quarantaine précoce devait permettre de gagner du temps et d’améliorer la capacité hospitalière de ces nations face à la pandémie. Mais en Colombie, les tests et les respirateurs sont arrivés plus lentement que prévu. « Nous nous sommes heurtés à la réalité du marché », résumait en juin la maire de Bogota, Claudia Lopez.

« Mourir du Covid-19 ou mourir de faim »

Comme dans le reste de l’Amérique latine, la crise n’est pas seulement sanitaire, elle est aussi sociale. Ici comme ailleurs, les populations défavorisées y sont les plus touchées. La pandémie a encore creusé les inégalités de pays parmi les plus inégalitaires au monde. Les travailleurs du secteur informel, vendeurs ambulants, petits artisans et employés au noir qui gagnent leur vie au jour le jour doivent choisir « entre mourir du Covid-19 ou mourir de faim ». Plus exposés au virus, mal alimentés et mal soignés, les gens pauvres développent des formes plus sévères de la maladie. Si les aides publiques mises en place ont permis d’éviter une explosion sociale, elles restent très insuffisantes.

« Il ne faut pas opposer la lutte contre l’épidémie et l’économie », martèle Carissa Etienne, directrice de l’OPS. Le dilemme entre restrictions au nom de la santé et réouverture au nom de l’économie traverse tout le continent. Le 7 août, Hugo Lopez-Gatell, vice-ministre mexicain de la santé et porte-voix de la stratégie du président Andrés Manuel Lopez Obrador (« AMLO ») contre le Covid-19, annonçait le passage au « plan B » gouvernemental, qui prévoit d’« amplifier l’ouverture progressive des activités économiques, sans mettre en danger la santé » des Mexicains.

« L’ÉPIDÉMIE VA ÊTRE LONGUE. IL EST POSSIBLE QU’ELLE DURE JUSQU’EN OCTOBRE, PEUT-ÊTRE NOVEMBRE », AFFIRME HUGO LOPEZ-GATELL, VICE-MINISTRE MEXICAIN DE LA SANTÉ

Après un confinement recommandé mais non obligatoire, le pays a progressivement relancé, en juin, les activités non essentielles à partir d’un code de quatre couleurs (rouge, orange, jaune et vert) selon les régions. Depuis, la moitié des 32 Etats restent en alerte rouge, le reste en alerte orange. La ville de Mexico, principal foyer de contagion, en alerte orange depuis six semaines, lance, du 10 au 16 août, la réouverture partielle des musées, puis des cinémas et des piscines publiques. Les bars et les salles des fêtes sont autorisés à fournir des services de restauration jusqu’à 22 heures.

Avec déjà presque 57 000 morts et au rythme de contaminations actuel, le Mexique devrait franchir la barre des 60 000 morts dans quelques jours. Un seuil qualifié, début juin, de « scénario catastrophique » par Hugo Lopez-Gatell, qui prévoyait alors un total de 35 000 morts. Depuis, il ne communique plus ses prévisions. « L’épidémie va être longue, a-t-il dit le 7 août. Il est possible qu’elle dure jusqu’en octobre, peut-être novembre, avec des résurgences épidémiologiques à prévoir jusqu’en avril 2021. »

Les experts mexicains critiquent l’absence de dépistage massif : « Cela revient à gérer la crise à l’aveuglette, déplore Samuel Ponce de Leon, spécialistes des maladies infectieuses à l’Université autonome du Mexique (UNAM) et coordinateur de la Commission de l’UNAM consacrée au Covid-19. Sans parler de la faible traçabilité des contacts des malades qui permettrait de bloquer davantage la chaîne de contagions. »

« Etat d’alerte »

Le Venezuela, lui, ne réalise pratiquement aucune analyse, faute de matériel. Les hôpitaux ne testent pas les patients décédés même si le personnel soignant soupçonne qu’ils sont morts du Covid-19. Seuls deux laboratoires et une unité mobile sont autorisés à effectuer des tests. L’opposition estime que le nombre réel de morts est deux fois plus important que celui reconnu par le gouvernement de Nicolas Maduro, qui en admettait 259 au 13 août.

« Même les chiffres officiels, dont tout le monde sait qu’ils sont sous-estimés, montrent une nette progression de la maladie », souligne un médecin de l’hôpital de San Cristobal, dans l’ouest du pays. Dimanche 9 août, le président Maduro a prorogé pour trente jours l’« état d’alerte » instauré en mars pour faire face à la pandémie et il a maintenu le système dit « sept sur sept » adopté en juillet : une semaine de strict confinement est suivie d’une semaine de relâchement « surveillé ». L’inquiétude, elle, ne se relâche pas.

Autre source d’inquiétude majeure pointée par Carissa Etienne, de l’OPS, mardi 11 août, lors d’un point presse en ligne : la propagation du coronavirus en Amérique latine augmente les risques de maladies transmises par les moustiques, comme la dengue ou la malaria, qui ont « un impact disproportionné sur les populations pauvres et vulnérables », en particulier sur les communautés indigènes.

« Alors que nous étions en train de parvenir à des résultats significatifs dans la lutte contre les maladies tropicales telles que la filariose ou la bilharziose, la pandémie a interrompu les campagnes de distribution massive de médicaments », a-t-elle regretté, égrainant les autres problèmes sanitaires engendrés par la crise du coronavirus : « 80 % des pays de la région ont rapporté des difficultés pour la délivrance des traitements contre la tuberculose ; 30 % des personnes séropositives au VIH ne consultent plus de médecins ; le dépistage des hépatites est rendu difficile dans un tiers des pays… Des patients meurent de ne pas avoir accès à leurs traitements de maladies chroniques. »

Au Venezuela, le chef de l’exécutif de Caracas meurt du Covid-19. Dario Vivas, qui représente le gouvernement national dans la capitale vénézuélienne, est décédé, jeudi, à l’âge de 70 ans, près d’un mois après avoir été testé positif. « Il est mort en combattant (…), en prenant soin de notre santé et de notre vie à nous tous dans cette dure bataille conte la pandémie », a déclaré la vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez. Plusieurs hauts dirigeants proches du président, Nicolas Maduro, ont annoncé ces dernières semaines avoir contracté le virus, mais M. Vivas est le premier dirigeant proche du gouvernement à décéder après avoir été contaminé par le Covid-19.

15 août 2020

Opinion - Quatorzaines réciproques : Londres et Paris ont perdu la tête

quatorzaines

THE DAILY TELEGRAPH (LONDRES)

Confronté à la hausse du nombre de cas de Covid-19 recensés dans l’Hexagone, le gouvernement britannique a décidé d’imposer l’isolement aux voyageurs arrivant sur son territoire, dès le samedi 15 août. En réaction, la France a annoncé son intention d’en faire de même. Une folie, estime ce journaliste.

Entre Paris et Londres en matière de bêtise, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre : le bon sens est visiblement passé par-dessus bord.

Le nombre de cas de Covid-19 au Royaume-Uni s’élevait ce jeudi à 18,5 pour 100 000 en moyenne, sur les quatorze derniers jours, à supposer que ces chiffres soient corrects, ce qui n’est notoirement pas le cas. Nous ne sommes sans doute pas loin en réalité du taux de 32,1 enregistré en France.

Et pour cette différence aussi mince que douteuse, le gouvernement britannique vient [jeudi 13 août] de plonger dans le chaos quelque 500 000 de ses ressortissants actuellement sur le territoire français, qui ne pourront pas rentrer à temps pour éviter une quarantaine, faute de trains, de ferrys et ou de vols suffisants pour acheminer tout ce beau monde. Il leur faudra donc s’isoler à leur retour au pays [à partir du samedi 15 août au matin], et certains ne pourront pas reprendre le travail – une fois de plus.

Londres ne connaît pas la demi-mesure

La sentence est tombée alors que la pleine saison touristique en France n’a plus que deux ou trois semaines devant elle. La mesure ne fait aucun distinguo d’une région à l’autre, comme si les voyageurs étaient trop bêtes pour faire la différence entre la grouillante Marseille et le sauvage Périgord.

Cet exemple drastique de tolérance zéro nous vient d’un gouvernement qui a autorisé ses voyageurs à se déverser dans Milan, Madrid, Paris et d’autres vrais bouillons de culture pour le Covid, et ce sans aucun contrôle. Alors même que la tempête épidémique faisait rage, début mars, la politique officielle consistant alors à laisser libre cours à la circulation du virus.

La décision prise hier soir d’imposer une quarantaine aurait eu une certaine légitimité si les autorités françaises faisaient preuve de légèreté – or elles se montrent bien plus strictes que leurs homologues britanniques. Le premier ministre Jean Castex vient de lancer une vraie croisade contre le virus en permettant aux autorités locales de rendre obligatoire le port du masque en extérieur, décision, il faut le noter, plutôt mal accueillie. Les Français n’oublieront pas de sitôt qu’il y a cinq mois encore leur gouvernement leur assurait que le masque était inutile, y compris dans les espaces clos.

Une réciprocité symbolique est sans justification scientifique

La réaction française à cette perfidie toute britannique n’est toutefois guère plus reluisante. Depuis le début de la pandémie, Emmanuel Macron rend coup pour coup. À l’heure où j’écris ces lignes, les médias français indiquent qu’il s’apprête à rendre la monnaie de leur pièce aux Britanniques.

Et voilà résumé en deux mots le Grand Homme d’État qui tente de se faire passer pour un rationaliste cartésien et un suprême défenseur du respect des lois et des règles. Sur la scène internationale, le président français se présente comme un rempart contre le populisme, bien qu’il ait lui-même remporté le premier tour de la présidentielle de 2017 avec un opportunisme particulièrement cynique en endossant le rôle du rebelle. En réalité, il recourt lui aussi à des gestes de politicien purement symboliques et sans justification scientifique.

Les premières victimes de cette mesquinerie macronienne sont les 300 000 ressortissants français installés au Royaume-Uni et qui ne peuvent rentrer chez eux qu’au prix de pénibles démarches, ainsi que les nombreux touristes français venus profiter de la faiblesse de la livre ou rafraîchir un peu leur connaissance de la langue de Shakespeare.

Les gouvernements se mettent des bâtons dans les roues mutuellement

Oui, le virus reste dangereux, et nous ignorons toujours la gravité de ses effets à long terme chez les patients rétablis. Une récente étude de la British Society of Immunology met en garde contre un niveau de stress persistant pendant plusieurs mois ainsi que des dégâts irréversibles au niveau des poumons, du cœur ou d’autres organes.

Mais le calcul des risques globaux a changé. Les restrictions de voyage imposées comme par réflexe par des pays européens affichant un taux de contamination comparable défient à présent les règles de la proportionnalité. Le gouvernement ne peut pas légitimement continuer d’affaiblir ainsi des pans entiers de l’économie tout en réduisant les aides d’urgence.

Au total, la France a perdu l’équivalent de 20 % de son PIB, et le Royaume-Uni 22 %. Ces deux pays sont des foyers de contamination. Et nos gouvernements sont en train de retarder un peu plus le redémarrage économique et se mettent mutuellement des bâtons dans les roues en instaurant des mesures si peu légitimes qu’elles ne manqueront pas d’affaiblir le consensus social autour de toute stratégie de lutte contre le virus.

Sérieusement, messieurs, ça suffit !*

*En français dans le texte

Ambrose Evans-Pritchard

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