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Jours tranquilles à Paris
donald trump
30 septembre 2020

Election américaine : Donald Trump torpille son premier débat présidentiel face à Joe Biden

trump biden

Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Les deux candidats à la Maison Blanche ont débattu dans une ambiance électrique, mardi, lors de leur premier face-à-face télévisé à Cleveland, suivi par des dizaines de millions d’Américains.

Une effroyable tempête, voilà à quoi s’est résumé le premier débat présidentiel organisé mardi 29 septembre entre les deux principaux candidats à l’élection présidentielle, Donald Trump et Joe Biden.

Les deux hommes se sont présentés sur scène à l’appel de leur nom. Ils ont pris place, sans se serrer au préalable la main en raison de l’épidémie de Covid-19, derrière les pupitres installés dans la salle de l’université de Cleveland (Ohio) choisie pour accueillir l’événement. Puis le désordre s’est installé, emportant le modérateur, le pourtant chevronné Chris Wallace, de la chaîne Fox News. Et par vagues successives ont déferlé, l’agressivité, l’aigreur et la méchanceté.

Au cours des jours précédents, l’équipe de campagne de Donald Trump avait multiplié les métaphores guerrières, évoquant même une « destruction » de l’ancien vice-président démocrate, régulièrement dépeint comme miné par l’âge. Le président sortant s’est tenu à ce cap, interrompant continuellement son adversaire, moquant ses réponses, affichant ouvertement son mépris, y compris sur son parcours universitaire (Joe Biden n’est pas passé par les grandes institutions du pays). « Il n’y a rien d’intelligent en vous », a assuré Donald Trump. L’objectif était clair : pousser son adversaire hors de ses gonds en comptant sur l’un des coups de sang qui ont ponctué la longue carrière de ce dernier et qui le ferait apparaître à son désavantage.

Régulièrement, Joe Biden a été sur le point de céder. « Ferme-la », « il est difficile de placer un mot avec ce clown, excusez-moi, cette personne », « continue à japper, mon gars » : à de nombreuses reprises, des formules de disputes de buveurs éméchés lui ont échappé sous le coup de l’exaspération, contribuant également à rabaisser le débat.

Rappel à l’ordre

Cependant, l’ancien vice-président a résisté, parvenant même régulièrement à énumérer propositions et projets sans prêter attention aux piques incessantes de son contradicteur. Joe Biden a même fini par trouver une parade efficace, celle de ne prêter aucune attention au président sortant pour s’adresser directement à la caméra qui lui faisait face, afin de parler à ses concitoyens.

Le fauteur de trouble a rapidement été désigné par Chris Wallace, initialement pris de court par la tournure des événements. « Monsieur le président, votre équipe de campagne a accepté que les deux camps disposent [pour chacun des thèmes évoqués] de deux minutes sans interruption », a-t-il fini par lâcher, tout en tentant parfois de ramener Donald Trump à de meilleures dispositions. « Vous allez être content », a-t-il ainsi assuré en annonçant des sujets où il s’attendait à être plus à son aise, notamment sur les questions de sécurité. Ni le rappel à l’ordre, ni la cajolerie n’ont pourtant payé.

Livré à lui-même, Donald Trump a pourtant travaillé contre ses intérêts. A deux reprises, à propos du Covid-19 et de la fraude électorale qu’il ne cesse d’associer au vote par correspondance, il a démenti les propos de responsables de sa propre administration.

Il s’était vanté de ne pas avoir besoin de se préparer avec le débat, mais cette désinvolture s’est affichée à ses dépens, ses propos de meetings, souvent mensongers et outranciers ne trouvant aucun écho dans une salle où avait pris place un public très clairsemé pour cause de coronavirus.

Trump incapable de condamner le suprémacisme blanc

Le président s’est même précipité la tête la première dans des pièges tendus à l’attention de son adversaire. Il n’a cessé de mettre en cause le comportement du fils de l’ancien vice-président, Hunter, connu pour son instabilité. Les républicains lui reprochent d’avoir utilisé son nom de famille pour faire des affaires même s’il n’a jamais fait l’objet de poursuites. Un rapport de sénateurs républicains n’a pas été en mesure de montrer que Joe Biden l’avait favorisé dans le cadre de ses fonctions.

Le président s’est cependant égaré dans ces attaques répétées, notamment lorsqu’il est revenu à la charge alors que son adversaire venait de mentionner son autre fils, Beau, emporté en 2015 par une tumeur au cerveau. « Je ne connais pas Beau, je connais Hunter », a-t-il dit à propos de cet ancien militaire, ancien procureur général du Delaware et sur lequel Joe Biden fondait de grands espoirs. « Mon fils… comme beaucoup de gens que nous connaissons, a eu un problème de drogue. Il l’a surmonté. Il s’est soigné. Il a travaillé pour y arriver. Et je suis fier de lui », a alors rétorqué l’ancien vice-président, opposant un peu d’humanité à la hargne de son adversaire.

Donald Trump est également retombé dans un autre de ses travers lorsqu’il lui a été rappelé qu’il s’était montré incapable de condamner le suprémacisme blanc après des affrontements à Charlottesville en Virginie, qui avaient entraîné la mort d’une militante antiraciste. Invité à le faire avec insistance, il a renâclé avant de se contenter simplement d’inviter un groupe d’extrême droite à prendre ses distances.

Le contraste entre les deux hommes a été encore plus manifeste à la fin du débat lorsque Joe Biden s’est engagé à reconnaître les résultats de l’élection alors que Donald Trump, une nouvelle fois, a esquivé. Puis la tempête s’est arrêtée, laissant derrière elle une démocratie américaine abasourdie par l’image qu’elle venait de donner d’elle-même.

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27 septembre 2020

Donald Trump choisit la juge Amy Coney Barrett, figure de la droite religieuse américaine, pour siéger à la Cour suprême

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde

Si cette nomination est confirmée, six des neuf juges que compte la plus haute instance juridique des Etats-Unis seront catholiques, alors que cette communauté ne représente qu’un cinquième de la population américaine.

Une icône conservatrice devrait remplacer dans quelques semaines une figure du progressisme à la Cour suprême des Etats-Unis. Le nom d’Amy Coney Barrett, dévoilé samedi 26 septembre au terme d’un faux suspens destiné à ragaillardir la droite américaine à un peu plus de six semaines de la présidentielle, n’a surpris personne.

Les nominations à la plus haute instance juridique ont échappé à la marche souvent chaotique de la Maison Blanche. Et pour cause. Elles ont été sous-traitées à la principale organisation de juristes conservateurs, la Federalist Society, qui s’est chargée d’établir les listes de juges considérés comme sûrs.

La vie et le parcours d’Amy Coney Barrett, 48 ans, en faisaient une candidate de choix pour devenir la première femme nommée par Donald Trump, la seconde par un président républicain depuis Sandra O’Connor, choisie par Ronald Reagan en 1981. Elle affiche comme juriste de solides lettres de créances.

Professeure de droit reconnue à l’université catholique Notre Dame (Indiana), elle a travaillé auprès d’un juge conservateur de la cour d’appel du district de Columbia, la plus prestigieuse du pays, puis dans l’ombre d’Antonin Scalia, fervent défenseur à la Cour suprême jusqu’à sa mort, en 2016, d’une conception originaliste de la Constitution qui proscrit les interprétations les plus libérales au sens anglo-saxon. Sa seule faiblesse tient à la brièveté de son expérience en cour d’appel, l’antichambre ordinaire de la Cour suprême. Nommée en 2017 à celle du septième circuit compétente pour les Etats de l’Indiana, de l’Illinois et du Wisconsin, elle n’y a donc passé que trois ans.

Glossolalie

Sa trajectoire personnelle conforte son image de conservatrice. Catholique pratiquante, elle élève avec son mari, également juriste, sept enfants, dont deux Haïtiens adoptés par le couple. Leur dernier enfant est affecté par une trisomie détectée pendant la grossesse. Amy Coney Barrett est membre d’une petite communauté charismatique indépendante de l’Eglise catholique, People of Praise, qui pratique notamment la glossolalie, le « parler en langues », qui définit le fait pour ses membres, inspirés par l’Esprit saint, de parler de manière incompréhensible.

Cette pratique religieuse a été à l’origine d’une passe d’armes avec la sénatrice démocrate Dianne Feinstein (Californie) lors de sa confirmation comme juge à la cour d’appel, qui en a fait immédiatement une icône pour la droite religieuse. « Le dogme vit bruyamment en vous, c’est un motif d’inquiétude », avait estimé cette dernière. Les conservateurs s’étaient indignés de ce qu’ils considéraient comme une forme d’intolérance, illustration de la « guerre » prêtée aux démocrates contre la « liberté religieuse » que Donald Trump assure défendre.

Dianne Feinstein faisait référence aux positions tranchées d’Amy Coney Barrett contre le droit à l’avortement sanctuarisé par la Cour suprême en 1973. En 2006, elle avait par ailleurs déclaré, lors d’un discours à de jeunes diplômés de l’université Notre Dame, que « si vous pouvez garder à l’esprit que votre objectif fondamental dans la vie n’est pas d’être un avocat, mais de connaître, d’aimer et de servir Dieu, vous serez vraiment un autre type d’avocat ».

« Gardez à l’esprit que votre carrière juridique n’est qu’un moyen pour une fin […] et cette fin est la construction du royaume de Dieu », avait-elle ajouté. Ces formules ont été interprétées à gauche comme un refus de considérer la loi comme supérieure aux textes sacrés.

Avortement, santé, armes et immigration

Pendant son audition, qui s’était soldée par un vote étriqué (55 voix contre 43), la juge avait cependant voulu rassurer les sénateurs. « Si vous voulez savoir si je prends ma foi au sérieux et si je suis une fidèle catholique, je le suis, bien que je tienne à souligner que mon affiliation personnelle à une Eglise ou ma croyance religieuse ne pèseront pas dans l’exercice de mes fonctions de juge », avait-elle déclaré.

Cet engagement devrait à nouveau être testé lors d’un processus de confirmation qui s’annonce tendu au Sénat, où les démocrates tenteront de savoir si elle entend respecter la règle du précédent en matière d’avortement créé par l’arrêt historique Roe v. Wade, dont l’invalidation constitue le principal cheval de bataille de la droite religieuse américaine, en dépit du soutien dont cette légalisation continue à bénéficier au sein d’une large majorité de l’opinion publique américaine.

Les questions ne se limiteront pas à ce sujet explosif. Par le passé, Amy Coney Barrett a critiqué la validation par la Cour suprême de la réforme de santé léguée par Barack Obama et que l’administration de Donald Trump souhaite également supprimer. Au cours de ses trois années passées à la cour d’appel, elle a également défendu les positions du président en matière d’armes à feu et d’immigration.

La nomination de la juge confirmera la forte présence des catholiques au sein de la plus haute instance juridique des Etats-Unis. Une fois Amy Coney Barrett confirmée, ils seront en effet six sur neuf juges, alors que la communauté catholique ne représente qu’un cinquième de la population américaine.

Joe Biden appelle le Sénat à ne pas confirmer la juge Barrett avant la présidentielle. « Le Sénat ne devrait pas se prononcer sur cette vacance » créée par le décès de la juge progressiste Ruth Bader Ginsburg « tant que les Américains n’auront pas choisi leur prochain président et leur prochain Congrès », a dit le candidat démocrate quelques minutes après l’annonce de la nomination par Donald Trump.

trump nomme

24 septembre 2020

Présidentielle : Donald Trump refuse de s’engager à un transfert pacifique du pouvoir s’il perdait l’élection.

trump photo

Donald Trump, a laissé entendre mercredi, lors d’une conférence de presse à la Maison-Blanche, qu’il pourrait ne pas accepter les résultats de la présidentielle américaine du 3 novembre s’il n’était pas déclaré vainqueur après le scrutin. Le président des États-Unis répondait à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il s’engagerait à un transfert pacifique du pouvoir – quel que soit le résultat de l’élection, raconte NPR. “Nous allons devoir voir ce qui se passera. Vous le savez. Je me suis beaucoup plaint des bulletins de vote. Et les bulletins de vote sont un désastre”, a déclaré M. Trump. Une “allusion à ses arguments non fondés sur la fraude généralisée des bulletins de vote par correspondance”, note la radio.

17 septembre 2020

Incendies : “Ça finira par se refroidir” - en Californie, Trump sort de nouveau la carte du déni climatique

trump refroi

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le président américain a balayé lundi d’une phrase les inquiétudes sur le réchauffement lors d’une visite en Californie, en proie comme toute la côte ouest des États-Unis à des incendies d’une ampleur historique. Ces feux ont injecté la question du changement climatique dans une campagne dominée jusqu’ici par la pandémie, l’économie et la justice raciale, note la presse américaine.

Sa petite phrase choc a été reprise en boucle lundi par tous les médias américains. “Ça va se refroidir”, a lancé Donald Trump à un journaliste qui l’interrogeait sur le rôle joué par le changement climatique dans les incendies.

Le président américain a “profité de sa visite” dans la région de Sacramento, en raison des immenses feux de forêt qui ravagent la Californie, pour “remettre en question le consensus scientifique selon lequel le réchauffement de la planète est une cause majeure de ces incendies destructeurs”, note le Washington Post.

Le candidat démocrate Joe Biden s’est au même moment déchaîné contre son rival en le qualifiant de “pyromane du climat”, lors d’un discours en plein air à Wilmington, dans l’État du Delaware où il habite. “Ces visions contraires de la question climatique se sont retrouvées en pleine lumière médiatique lundi, alors que l’avion du président américain atterrissait à Sacramento”, raconte le Mercury News.

Le réchauffement, grand oublié de la campagne

Pour le Washington Post, les feux “ont directement injecté la question du changement climatique dans une campagne présidentielle dominée jusqu’à présent par la pandémie, l’économie chancelante, les manifestations pour la justice raciale et la question des capacités de leadership des deux candidats”. Mais “le réchauffement de la planète et son impact sur la vie quotidienne sont désormais difficiles à ignorer”, conclut le quotidien américain.

“Trump qui a, par le passé, qualifié le réchauffement climatique de canular, s’est très peu exprimé au sujet des dizaines d’incendies qui ont déjà brûlé 1,2 million d’hectares en Californie, tué au moins 20 personnes et recouvert l’État de fumée”, rappelle le San Francisco Chronicle. La semaine dernière, il a brisé son silence lors d’un meeting de campagne dans le Nevada en jugeant que les feux étaient entièrement la conséquence d’une “mauvaise gestion forestière”.

57 % des forêts en Californie appartiennent à l’État fédéral, 3 % seulement au Golden State

“Certes, la Californie et d’autres États de la côte ouest pourraient faire beaucoup plus pour rendre les forêts plus résilientes face au feux. Mais comme l’a rappelé lundi le gouverneur Gavin Newsom, le gouvernement fédéral possède 57 % des forêts en Californie, contre 3 % seulement pour le Golden State, et le reste est privatisé”, note le comité de rédaction du Los Angeles Times, dans un éditorial.

“Malgré ce déséquilibre”, le gouverneur démocrate a aussi précisé que la Californie dépensait “cinq à six fois plus” que le gouvernement fédéral dans la lutte contre les incendies et la foresterie. “C’est donc au gouvernement fédéral d’en faire beaucoup plus”, “en partenariat avec les États et les propriétaires fonciers”, souligne les journalistes du Los Angeles Times.

“Mais au-delà de ça, l’approche myopique de Trump consistant à se concentrer sur la gestion des forêts passe à côté du plus gros problème”, conclut le quotidien californien. “Le réchauffement climatique est indéniablement la cause de l’aggravation des feux”.

Noémie Taylor-Rosner

13 septembre 2020

Chronique - Président Trump, an IV : débauche d’énergie

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Par Gilles Paris, Washington, correspondant Le Monde

Le candidat républicain accumule, comme quatre ans plus tôt, les miles en avion et les assemblées extatiques, lancé dans une course-poursuite avec son adversaire démocrate, Joe Biden. Pour l’instant l’agité est le distancé, mais jusqu’à quand ?

Samedi : réunion avec des fidèles au Trump hôtel de Washington, départ pour le Nevada et meeting dans la foulée. Re-meeting dimanche. Re-re-meeting lundi, dans l’Arizona. Avant ou après un détour par la Californie qui brûle. Bien obligé, même s’il n’est pas question de parler de réchauffement climatique.

Donald Trump accumule, comme quatre ans plus tôt, les miles en avion et les assemblées extatiques, lancé à corps perdu dans une course-poursuite avec son adversaire démocrate, Joe Biden. Ce dernier n’avait rien à son agenda de samedi, à un peu plus de sept semaines de l’élection présidentielle. Deux candidats, deux rythmes. Pour l’instant l’agité est le distancé, mais jusqu’à quand ?

Nul ne peut plus distinguer depuis bien longtemps le président du candidat. Qui promet par exemple sur son compte Twitter, jeudi soir, l’équivalent d’une rallonge salariale aux militaires s’il est réélu le 3 novembre ? Qui envisage de nommer à la Cour suprême, la plus haute instance juridique des Etats-Unis, des modèles de tempérance comme le sénateur Tom Cotton (Arkansas), qui rêve de déployer la 101e division aéroportée dans les rues américaines à la première manifestation un peu animée, ou bien son collègue Ted Cruz, enfant du Tea Party, qui voit l’une des têtes de l’hydre socialiste pointer derrière la moindre revendication sociétale ?

Le président ne résiste pas à la notoriété

Si Donald Trump aimait gouverner comme il aime faire campagne, il s’avancerait sans doute aujourd’hui au-devant d’une réélection de maréchal. Pendant la convention d’investiture républicaine, son entourage a juré qu’il s’agissait d’un président dur à la tâche. On l’imaginait penché sur le « Resolute Desk » jusqu’à des heures impossibles, annotant une montagne de rapports à la lumière chiche d’une méchante lampe par souci des deniers publics. Le majordome de la Maison Blanche, fatigué d’avoir arpenté sans but les bureaux vides de la West Wing, tentait de le rappeler à l’ordre d’un toussotement discret. Encore un instant ! répondait un index impérieux.

Mais on ne peut compter sur personne. Jeudi, au cours d’une conférence de presse, Donald Trump a expliqué comment il envisageait le travail d’un président. « Je regarde certains shows. Je regarde Liz McDonald ; elle est fantastique. J’ai regardé Fox Business. J’ai regardé Lou Dobbs hier soir, Sean Hannity hier soir, Tucker [Carlson] hier soir, Laura [Ingraham]. J’ai regardé “Fox and Friends” le matin. Vous regardez ces émissions ; vous n’avez pas besoin d’aller trop loin dans les détails. Ils couvrent des choses qui sont… c’est vraiment une chose incroyable », a-t-il assuré, énumérant une véritable grille de programmes.

Le policy planning de la première puissance mondiale étant assuré par les animateurs de la chaîne de la droite américaine, le président peut se concentrer sur l’essentiel. Par exemple en accordant dix-huit entretiens en six mois au journaliste Bob Woodward, et en acceptant qu’ils soient enregistrés. Pourquoi donc baisser la garde devant un danger patenté pour tout président en fonction ? Parce que Donald Trump, pas même trentenaire lorsque le journaliste du Washington Post creusait avec application le tombeau politique de Richard Nixon, ne peut résister à toute forme de notoriété. « Chérie, je parle avec Bob Woodward », se vantait-il auprès de la First Lady, le 22 juin, au cours de l’une de leurs conversations. Bob Woodward, meeting. Re-Bob Woodward, re-meeting.

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11 septembre 2020

Trump reconnaît avoir volontairement minimisé la menace du Covid-19.

Lors d’entretiens avec le journaliste Bob Woodward, célèbre pour avoir révélé le scandale du Watergate, Donald Trump a reconnu avoir volontairement minimisé la menace représentée par le Covid-19, sans rien ignorer de sa dangerosité, pour éviter la “panique”, selon le Washington Post. Le 7 février, le président américain expliquait au journaliste que le Covid-19 était “un truc mortel”. Et le 19 mars, au téléphone, il assurait avoir “toujours voulu minimiser” la maladie, “parce que je ne veux pas créer de panique”. Alors que le virus a fait près de 190 000 morts aux États-Unis, Donald Trump s’est rendu coupable de “trahison” envers le peuple américain, a estimé Joe Biden, son concurrent démocrate à la prochaine élection présidentielle.

5 septembre 2020

Affaire Navalny : Donald Trump attend des preuves.

Invité en conférence de presse à commenter l’empoisonnement de l’opposant russe, le président américain a souligné qu’il ne savait pas “exactement ce qu’il s’était passé”. Il s’agissait de sa première déclaration publique sur l’affaire, note Axios. “C’est intéressant que tout le monde parle toujours de la Russie. Mais en ce moment, la Chine est probablement une nation dont vous devriez parler beaucoup plus que la Russie parce que ce que fait la Chine est bien pire”, a-t-il conseillé aux journalistes. CNN constate que Donald Trump s’est, une nouvelle fois, “abstenu de condamner la Russie, même si des dirigeants du monde ainsi que des membres de son administration l’ont fait”. Le locataire de la Maison Blanche a tout de même dénoncé une situation “tragique” et prévenu qu’il “serait très en colère” si le rôle du Kremlin était avéré.

4 septembre 2020

Présidentielle américaine - Donald Trump encourage ses partisans à voter deux fois

trump double vote

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le président américain a provoqué un tollé jeudi après avoir appelé les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote pour l’élection de novembre même s’ils ont déjà voté par correspondance, afin de s’assurer que leur bulletin a bien été pris en compte. Certains responsables électoraux estiment que Trump cherche à semer la confusion dans les esprits concernant la fiabilité du système électoral.

C’est “une nouvelle tentative de Donald Trump visant à contester l’intégrité du vote par correspondance”, note le Washington Post. Le président américain a suscité jeudi un vent de critiques aux États-Unis, en appelant les électeurs à se rendre dans les bureaux de vote pour l’élection présidentielle du 3 novembre, même s’ils ont déjà voté une première fois par correspondance.

Lors d’un meeting de campagne à Latrobe, en Pennsylvanie, le candidat républicain a réitéré ses accusations selon lesquelles les démocrates allaient tenter de “voler” l’élection en manipulant le vote par voie postale. “Vous devez être certains que votre voix compte, parce que la seule manière dont ils peuvent nous battre est en faisant ce genre de choses”, a déclaré Donald Trump.

S’exprimant mercredi soir auprès de la chaîne WEC-TV à Wilmington, en Caroline du Nord, le président sortant avait déjà suggéré aux électeurs de voter à deux reprises pour s’assurer que leur bulletin avait bien été pris en compte. “Si le système est aussi bon qu’ils le disent, alors évidemment ils ne seront pas en mesure de voter” en personne, a-t-il assuré.

Voter deux fois : “un crime fédéral”

“Le fait de voter deux fois est illégal et vous ne devriez pas le faire”, a rappelé le journaliste de CNN Marshall Cohen dans une analyse publiée sur le site de la chaîne de télévision américaine. “La loi fédérale considère qu’il s’agit d’un crime”, et c’est aussi le cas “dans presque tous les États du pays”, a expliqué à CNN, David Becker, ancien avocat du ministère de la Justice, spécialiste du droit électoral.

Le président américain “ne pousse personne à faire quelque chose d’illégal”, a assuré jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche Kayleigh McEnany, dans l’émission “Fox and Friends”. Elle a affirmé que Donald Trump souhaitait simplement encourager les électeurs à se rendre dans un bureau de vote pour s’assurer que leur bulletin avait bien été pris en compte.

“Semer la confusion et l’inquiétude”

Les déclarations de Donald Trump “créent un casse-tête de plus pour les responsables électoraux des États qui sont déjà confrontés à la difficile tâche d’organiser un scrutin pendant une pandémie”, note de son côté le New York Times. Ils estiment que Donald Trump est en train d’essayer de “semer la confusion” et “l’inquiétude” dans les esprits des citoyens quant à la fiabilité du système électoral. La fraude électorale est pourtant “extrêmement rare aux États-Unis, y compris le double vote”, rappelle le quotidien new-yorkais. “Un grand nombre d’États ont mis en place des systèmes de contrôle rigoureux et redondants pour s’assurer que les électeurs ne votent pas plus d’une fois”.

Facebook et Twitter ont rapidement réagi aux propos du président américain, remarque Politico. Facebook a notamment épinglé une note à l’un de ses messages publiés en ligne, rappelant que le vote par correspondance était considéré comme “fiable” depuis longtemps aux États-Unis, “y compris pour cette année, d’après un organisme indépendant”. Twitter en a fait de même pour deux tweets présidentiels en affirmant que ces messages portaient atteinte à l’intégrité des élections.

Noémie Taylor-Rosner

12 août 2020

Donald Trump se rêve déjà sur le Mont Rushmore

Alors que des conseillers se seraient renseignés sur la marche à suivre pour ajouter un visage au célèbre monument, le président américain estime que ce serait "une bonne idée".

George Washington, Thomas Jefferson, Teddy Roosevelt, Abraham Lincoln et bientôt Donald Trump ? C’est ce qu’a laissé entendre le New York Times en révélant que des conseillers de la Maison Blanche avaient demandé à Kristi Noem, la gouverneure républicaine du Dakota du Sud, s’il était possible d’ajouter de nouveaux visages de au Mont Rushmore. Le mémorial colossal, réalisé par l'artiste Gutzon Borglum, honore les 150 premières années de l'histoire des Etats-unis en représentant quatre de ses présidents les plus grands marquants.

Et évidemment, la réaction du président républicain sur Twitter ne s’est pas fait attendre. Il a d’abord accusé les journalistes de mentir : “Encore une fake news de la part du défaillant New York Times et de la peu regardée CNN”. Avant d’ajouter : "Je ne l'ai jamais suggéré, bien que, compte tenu de tout ce que j’ai accompli au cours de mes trois premières années et demi, peut-être plus que toute autre présidence, cela me semble être une bonne idée !"

Dans la minute, il s’est fendu d’un second tweet avec un photomontage où on l’aperçoit aux côtés des autres présidents représentés sur le Mont Rushmore.

Et selon le média américain, l’idée ne serait pas nouvelle. La gouverneure du Dakota du Sud racontait déjà en 2018 que Donald Trump lui avait dit “rêver” de voir son visage rejoindre l’immense statue de granite. Le 4 juillet dernier, lors de la fête nationale américaine, elle lui en avait même offert une petite réplique sur laquelle il figurait.

Le même jour, Donald Trump parlait du fameux mémorial dans son discours : "Ce monument ne sera jamais profané, ces héros ne seront jamais défigurés, leur héritage ne sera jamais, jamais détruit, leurs réalisations ne seront jamais oubliées, et le Mont Rushmore restera à jamais un hommage éternel à nos ancêtres et à notre liberté".

30 juillet 2020

À Portland, Trump applique les recettes autoritaires de Poutine

portland

THE ATLANTIC (WASHINGTON)

Le week-end des 25 et 26 juillet, les manifestations pour la justice sociale ont repris de plus belle dans de nombreuses villes américaines, dont Portland. Pour cette chroniqueuse de The Atlantic, le chaos provoqué par l’intervention d’agents fédéraux dans la plus grande ville de l’Oregon est l’objectif poursuivi par la Maison-Blanche. Et il correspond à une stratégie éprouvée en Russie depuis 2010.

La simple existence de ces scènes paraît relever de la pure folie. À Portland, ville de l’Oregon, dans le nord-ouest des États-Unis, des forces fédérales en tenue de combat – en treillis, sans identification claire, lourdement armées, brandissant des matraques et usant de gaz lacrymogène – patrouillent dans les rues [voir ci-dessous les images diffusées par CNBC].

Ces agents procèdent à des arrestations arbitraires et embarquent des passants dans des monospaces banalisés. Ils n’appartiennent pas aux unités qui ont pour spécialisation la gestion des mouvements sociaux. Non, ils sont issus des services chargés des douanes, des contrôles aux frontières, du contrôle de l’immigration, de la sécurité dans les transports ou encore des garde-côtes.

Ces agents sont habituellement chargés de patrouiller le long des frontières, de fouiller les passagers dans les aéroports et d’expulser les immigrés clandestins. Ce sont précisément les profils à éviter pour mener à bien une tâche délicate telle que le maintien de l’ordre dans le contexte d’un soulèvement politique passionné.

Nul n’est surpris que ces forces fédérales fassent des erreurs élémentaires. Au lieu de coopérer avec les figures de proue des manifestations, elles s’opposent à elles. Au lieu d’encourager la population à rentrer chez elle, elles incitent d’autant plus de monde à descendre dans la rue. Au lieu d’apaiser la situation, elles excèdent la population. Ces agents ont amplifié les violences. Ils ont envenimé les choses.

Aucun sens sur le plan du maintien de l’ordre

Comment expliquer ce choix ? À la Maison-Blanche et au ministère de la Sécurité intérieure, les décideurs qui ont envoyé des agents de contrôle de l’immigration et des garde-côtes à Portland étaient conscients qu’ils allaient ainsi accentuer la colère populaire. Mais si la décision du gouvernement n’a aucun sens sur le plan du maintien de l’ordre, elle trouve sa logique dans une autre tactique de terrain.

Bienvenue dans le monde des mises en scène autoritaires, une stratégie politique qui atteint des sommets de complexité en Russie depuis 2010 et qui fait aujourd’hui ses débuts aux États-Unis. Contrairement à l’autoritarisme du XXe siècle, la campagne d’influence postmoderne que l’on observe au XXIe siècle ne nécessite pas la création d’un État policier en bonne et due forme. Il n’est pas non plus nécessaire d’avoir la mainmise totale sur les informations ou de se livrer à de grandes vagues d’arrestations. Au contraire, cette campagne peut être mise en œuvre en s’appuyant sur quelques organes de presse et quelques arrestations ciblées.

Si ces tactiques ne sont pas “totalitaires”, elles ne sont pas pour autant légales, acceptables ou normales. J’insiste : à Portland, des citoyens voient leurs droits bafoués. Des personnes ont été enlevées dans la rue et jetées dans des monospaces banalisés. Des précédents historiques régissant les liens des États avec les autorités fédérales ont été renversés. Des procédures judiciaires sont d’ores et déjà en cours [lundi 27 juillet, des manifestants ont notamment attaqué en justice le gouvernement Trump pour son action à Portland].

L’objectif n’est pas de faire la paix

Mais même si les tribunaux finissent par ordonner le départ de ces agents en treillis, le président qui les a envoyés sur place risque de ne pas s’en soucier. Car l’objectif n’est pas de faire la paix à Portland. L’objectif est de faire passer un message.

Les Américains devraient reconnaître cette tactique, car elle n’est pas inédite. Lorsque le gouvernement de Trump a cruellement ordonné la séparation d’enfants et de leurs parents à la frontière avec le Mexique, il montrait notamment au grand public à quel point le président déteste les immigrés originaires du Mexique et du Honduras. Les attaques contre les manifestants de Portland répondent à la même logique : la mise en scène vise à révéler toute la détestation de Trump à l’égard des Américains “de gauche”, des Américains “urbains”, des Américains “démocrates”. En d’autres termes, le chaos qui règne à Portland n’est pas fortuit. Le chaos est instauré à dessein.

“Zone de guerre” et “vermine”

Le chaos est aussi une tactique et il va désormais être mis à contribution. Il donnera lieu à des photos, des vidéos, des montages et d’autres outils pour les sympathisants de Trump dans la presse. Ces images seront reprises à terme dans les spots publicitaires de la campagne électorale. Sur Fox News, l’éditorialiste Sean Hannity ne s’est pas privé d’assimiler Portland à une “zone de guerre”. Son collègue Tucker Carlson a évoqué la “vermine” qui permet aux démocrates progressistes de rester au pouvoir. Joe Biden va maintenant être intégré à ce scénario : les conseillers de Trump ont déclaré aux journalistes que si l’ancien vice-président l’emportait en novembre, il “laisserait les fascistes de gauche détruire l’Amérique”.

Manifestants, vermine, chaos, fascistes, gauchistes, démocrates, Biden – tous ces termes et personnes s’inscrivent dans une seule et même stratégie. Le gouvernement de Trump montrera à la population des images de ses agents en train de restaurer l’ordre avec fermeté. Le discours de la Maison-Blanche séduira le pan de la population qui ne dénonce rien tant que l’insécurité.

Impression de déjà-vu

Ceux qui étudient les dictatures modernes ont une étrange impression de déjà-vu. Vladimir Poutine, le président russe, que Trump admire, s’appuie notamment sur les mises en scène autoritaires pour rester au pouvoir. En 2014, pendant une crise politique en Ukraine, il a imaginé un complexe scénario médiatique qui assimilait les manifestants ukrainiens prodémocratie aux fascistes des années 1940.

La télévision publique russe a diffusé des violences en boucle – des scènes que Poutine lui-même avait incitées, d’abord en encourageant l’ancien président ukrainien à tirer sur la foule, puis en envahissant le pays. Il a envoyé en Crimée puis dans l’est de l’Ukraine des soldats en uniformes banalisés (les célèbres “petits hommes verts”) afin de “dominer” la situation, pour reprendre le terme employé par Trump au sujet de Portland. C’est en tout cas l’image qu’il veut donner à la télévision.

Les médias russes sont allés encore plus loin et ont ajouté des éléments fallacieux à une tragédie bien réelle, par exemple avec l’invention d’une histoire à dormir debout selon laquelle des forces ukrainiennes avaient crucifié un enfant. Faut-il supposer que Trump prévoit de continuer sur cette voie ?

Image ukrainienne

À la fin juillet, la page officielle de Trump sur Facebook a publié un spot publicitaire qui prétendait montrer de nouvelles scènes de violences urbaines. Le slogan oppose l’ordre public au chaos et à la violence, et le spot met en parallèle un portrait de Trump soucieux et une image où des manifestants agressent un policier. Mais cette photo n’a pas été prise à Portland. Téléchargée sur Internet, elle a été prise… en Ukraine. En 2014. Dans le spot, créé par le groupe appelé Chrétiens évangéliques pour Trump, l’insigne sur l’épaule du policier comporte la croix orthodoxe ukrainienne.

On voit bien l’attrait de cette méthode. Si la justice devient trop encombrante ou si des maires empêchent la police aux frontières de faire la loi dans les villes américaines, les équipes de la campagne électorale de Trump auront la solution : nul besoin d’utiliser des photos ou des vidéos provenant des États-Unis. Il suffit de puiser des images directement dans l’arsenal du Kremlin et d’imiter ses méthodes.

Anne Applebaum

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