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Jours tranquilles à Paris
donald trump
12 mars 2020

Coronavirus : Trump prend la mesure de la pandémie après des semaines d’atermoiements

trump pandemie

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

Le président américain a mis en cause l’Europe et a annoncé la fermeture des Etats-Unis aux étrangers en provenance de l’espace Schengen lors d’une allocution solennelle, mercredi soir.

Après l’avoir longtemps relativisée, Donald Trump a fini par prendre la mesure de la menace représentée par le coronavirus. Mercredi soir 11 mars, il s’est donc exprimé dans le cadre le plus solennel que peut procurer sa fonction : assis derrière le Resolute Desk du bureau Ovale de la Maison Blanche. Dans ce cadre réservé aux événements les plus dramatiques tels que les déclarations de guerre, le président des Etats-Unis a donc déclaré la mobilisation générale contre un phénomène dont il disait encore une semaine plus tôt qu’il finirait par disparaître « comme un miracle ».

« Il s’agit de l’effort le plus agressif et le plus complet de lutte contre un virus étranger dans l’histoire moderne. Je suis convaincu qu’en prenant et en continuant à prendre ces mesures dures, nous réduirons considérablement la menace qui pèse sur nos citoyens, et nous finirons par vaincre ce virus rapidement et définitivement », a-t-il assuré.

Donald Trump a procédé à sa manière, en commençant par désigner des responsables. Il a mis en cause l’Union européenne (UE), une institution qu’il aime stigmatiser et qui a « échoué » face au virus à ses yeux. C’est parce que cette dernière s’est montrée selon lui passive alors qu’il avait interdit le 31 janvier l’accès du territoire américain aux étrangers venant de Chine, qu’il a pris une mesure drastique. « Pour empêcher de nouveaux cas de pénétrer dans notre pays, je vais suspendre tous les voyages en provenance d’Europe vers les Etats-Unis pour les trente prochains jours », a assuré le président des Etats-Unis.

Il a précisé que le Royaume-Uni ne serait pas concerné par la mesure visant l’espace Schengen qui entrera en vigueur dans la nuit de vendredi à samedi, à minuit, même si le pays compte plus de cas que de nombreux autres pays de l’UE.

« L’Amérique d’abord »

Les ressortissants américains ne seront pas concernés, pas plus que les échanges commerciaux. Le président a également annoncé une éventuelle révision des restrictions déjà appliquée visant l’Asie. « L’Amérique d’abord », le slogan qu’il s’est fixé depuis son entrée en politique, est donc appliqué à la lettre. Il n’a d’ailleurs pas eu un mot de compassion ou de soutien envers les pays les plus touchés par le virus.

La mesure visant l’Europe, spectaculaire, a été accompagnée de rappels de précautions élémentaires pour ses concitoyens, les plus âgés étant les plus menacés, ainsi que par l’annonce de mesures de soutien pour l’économie après une nouvelle journée noire à Wall Street. « J’appelle le Congrès à rapidement offrir aux Américains une baisse des impôts sur les salaires », a assuré Donald Trump après avoir rappelé qu’« en raison des politiques économiques que nous avons mises en place au cours des trois dernières années, nous avons de loin la plus grande économie du monde ».

Il a défendu cette proposition à l’occasion d’une visite aux élus républicains, mardi. Elle n’a cependant pas été reçue très favorablement, y compris au sein de son propre parti. Le président n’a pas rencontré, par ailleurs, de démocrates à cette occasion alors qu’il a besoin du feu vert de la Chambre des représentants, où ils sont majoritaires.

Donald Trump a également annoncé le report de la date butoir de paiement des impôts pour les individus et les entreprises touchées par le ralentissement de l’économie. « Ce n’est pas une crise financière », a-t-il déclaré. « Ce n’est qu’un moment temporaire dans le temps que nous surmonterons en tant que nation », a-t-il ajouté.

Le basketteur français Rudy Gobert atteint par le virus

Donald Trump a terminé son allocution par un inhabituel appel à dépasser les divisions partisanes. « Nous sommes tous concernés. Nous devons mettre la politique de côté, mettre fin au sectarisme et nous unir en une seule nation et une seule famille », a assuré celui qui avait accusé les démocrates au début de la crise d’avoir voulu instrumentaliser la pandémie.

Il avait à peine achevé que la National Basket Association (NBA) annonçait la suspension jusqu’à nouvel ordre de son championnat, après la découverte d’un cas positif, le pivot français des Utah Jazz Rudy Gobert. Puis l’acteur Tom Hanks, en déplacement en Australie, annonçait être atteint par le virus, ainsi que sa femme.

Un peu plus tard, Donald Trump a fait savoir qu’il annulait un déplacement prévu vendredi dans le Nevada. La veille, son équipe de campagne avait annoncé sa participation à un rassemblement prévu dans le Wisconsin le 19 mars, un Etat déterminant pour sa réélection.

trump corona

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2 mars 2020

Donald Trump

trump66

14 février 2020

COURRIER INTERNATIONAL : À la une de l'hebdo - Un boulevard pour Trump

trump courrier

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Chaque semaine, Courrier international explique ses choix éditoriaux, les hésitations et les débats qu’ils suscitent parfois dans la rédaction. Cette semaine à la une, le boulevard qui s’ouvre devant Donald Trump dans la perspective de la présidentielle américaine en novembre, face à des démocrates plus divisés que jamais.

C’est reparti pour un tour. Et cette fois, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. En 2016, l’élection de Donald Trump, invraisemblable candidat milliardaire passé par la téléréalité, avait surpris tout le monde. Ou plutôt, personne n’avait voulu y croire. Cette fois, nombreux sont les observateurs qui estiment que le président américain a des chances d’être réélu.

Il faut dire qu’une semaine après avoir été acquitté au Sénat (faute de témoins) dans la procédure d’impeachment engagée contre lui, Donald Trump semble avoir toutes les cartes en main pour rempiler : le triste spectacle offert par les démocrates lors du caucus de l’Iowa (leur première primaire, le 3 février, à l’issue de laquelle ils ont été incapables de donner un résultat), leurs profondes divisions (à sept mois du vote, le 3 novembre, ils sont encore 9 en course à l’issue de la primaire du New Hampshire) et l’embellie économique que connaît l’Amérique sont autant de facteurs qui jouent en faveur du sortant.

C’est pourquoi nous avons choisi une caricature d’un Donald Trump triomphant pour illustrer cette première couverture consacrée à la présidentielle américaine en 2020. Comme un avertissement. Arrêtez-le si vous pouvez, semble ironiser le dessin. Et c’est bien de cela qu’il s’agit. Le locataire de la Maison-Blanche revient de loin, il a le vent en poupe, et difficile aujourd’hui de dire qui pourra l’empêcher de l’emporter. Habile, il a même calqué sa campagne sur celle de ses adversaires en organisant régulièrement des meetings dans les États où s’affrontent les démocrates. Après l’Iowa, il était le 10 février dans le New Hampshire, la veille des primaires démocrates… Une façon certaine de ne pas laisser ses adversaires occuper l’espace médiatique. Enfin, il lui reste un trésor de guerre de 103 millions de dollars selon la Commission électorale fédérale (FEC), une somme immédiatement disponible pour sa campagne électorale cinq fois plus importante que celle dont dispose Bernie Sanders.

Dès lors, comment échapper à la frénésie du président qui tweete plus vite que son ombre ? C’est la question que nous nous posons chaque jour à Courrier international. Il y a quatre ans, pour éviter de “subir” la logorrhée quotidienne du milliardaire, nous avions créé un rendez-vous hebdomadaire (La Semaine de Trump) pour mieux hiérarchiser l’information (et surtout faire le tri). Cette année, nous relançons un rendez-vous hebdomadaire, une newsletter à destination de nos abonnés à retrouver tous les samedis à partir de début mars, dans la foulée du Super Tuesday, le 3 mars, où près de 40 % des délégués démocrates seront choisis dans 14 États, dont la Californie et le Texas.

La vocation de cette newsletter, comme les reportages, les dossiers et autres focus que vous retrouverez dans les prochains mois dans l’hebdomadaire et sur notre site, est à la fois de décrypter la campagne et de chroniquer les fractures de l’Amérique. Tout au long de cette année, nous vous proposerons des éclairages politiques, économiques, mais aussi culturels et sociétaux à partir de la presse traditionnelle et des médias pro-Trump, comme dans le dossier de cette semaine, où nous publions un article du Washington Examiner. Impossible de regarder les Américains par un seul biais, ou alors nous ne verrions pas que Donald Trump reste très populaire dans son pays et qu’il a toutes ses chances dans la bataille qui commence. Aux démocrates de prouver le contraire. On en est loin.

Claire Carrard

trump for ever

6 février 2020

États-Unis - Procès en destitution : Trump acquitté

trump destitution

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Cette victoire politique a cependant été assombrie par la défection d’un élu républicain de premier plan : Mitt Romney, candidat malheureux à la Maison-Blanche en 2012.

“Non coupable”, “Non coupable” : par un double vote à la chambre haute, les sénateurs américains ont acquitté le président Trump, mercredi 5 février, mettant un terme, 12 jours après son ouverture, au “procès le plus court de l’histoire des destitutions présidentielles”, selon les mots du Los Angeles Times.

Lors de cette procédure solennelle retransmise en direct à la télévision, le Sénat a estimé, par 52 voix sur 100, que Donald John Trump, 45e président de l’histoire, ne s’était pas rendu coupable d’abus de pouvoir. Par 53 voix sur 100, il a également estimé qu’il ne s’était pas rendu coupable d’entrave à la bonne marche du Congrès.

“Sale coup” d’un”vieil ennemi”

L’acquittement, dans un Sénat dominé par les républicains, était “prévu de longue date”, recontextualise Politico. D’autant que la Constitution américaine impose une majorité des deux tiers (67 sièges sur 100) pour destituer un président. Mais il a finalement pris un goût “doux-amer”, un “vieil ennemi”, le sénateur républicain de l’Utah Mitt Romney, lui réservant “un sale coup” qui a “entaché le moment”. Le candidat malheureux à la Maison-Blanche en 2012 est le seul à avoir adjoint sa voix à celles des démocrates lors du vote sur le premier article de mise en accusation, jugeant le président “coupable” d’abus de pouvoir. “Ce coup de théâtre de dernière minute a privé Trump d’un argument qu’il attendait depuis longtemps : l’unité absolue des républicains face aux démocrates qui tentent d’usurper la présidence.”

Dans la foulée de l’acquittement, plus de 200 rassemblements “Rejetons la dissimulation” ont eu lieu à travers le pays, rapporte USA Today. A Washington, près de 200 manifestants anti-Trump se sont massés devant le Capitole, selon le journal, pour exprimer leur colère contre les républicains. Et surtout contre le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, l’interpellant aux cris de “honte” ou “Moscou Mitch”.

Donald Trump a lui réagi sur son canal de communication préféré, Twitter, postant une vidéo le montrant en train de se présenter aux élections présidentielles pour une durée indéterminée, note The Hill.

“Stigmate”

Et maintenant ? Neuf mois avant la prochaine présidentielle, le 3 novembre, “le verdict du Sénat permet à Trump de déclarer victoire alors qu’il s’engage dans la course à sa réélection”, analyse Los Angeles Times. “Mais contrairement à tout autre président de l’histoire moderne, il se présentera sous le stigmate d’avoir été destitué par la Chambre – un développement dont les conséquences politiques sont inconnues.”

Après cette épreuve dont il sort “enhardi” et ayant désormais “les mains libres pour repousser encore plus loin les limites de la bienséance exécutive”, The Atlantic s’inquiète de son côté d’assister à l’avènement d’un “Trump 2.0” :

Le prochain test pour M. Trump est la réélection. Il pourrait considérer la campagne 2020 comme le référendum ultime sur ses méthodes. (…) Si son acquittement renforce son instinct, une victoire électorale pourrait rompre le dernier fil rouge qui le relie aux normes traditionnelles du comportement présidentiel.”

Avec un acquittement laissant ses adversaires craindre un chef de l’exécutif au pouvoir “sans limites”, une cote de popularité record, fiasco du processus des primaires démocrates lors du caucus de l’Iowa… “Dans l’état actuel des choses”, prévient The Christian Science Monitor, “M. Trump est en assez bonne position pour gagner en novembre”.

plantu

Dessin de Plantu dans Le Monde daté du 7 janvier 2020

5 février 2020

Devant le Congrès, Trump prononce un discours sur l’état de l’Union aux airs de meeting électoral

trump ryey union

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

A la veille de son acquittement dans la procédure de destitution, le président américain a opté pour un ton offensif, une mise en scène appuyée et des clins d’œil répétés à l’électorat évangélique.

Il y eut bien sûr les traditionnels hommages consensuels à des héros de guerre ou du quotidien. L’un des premiers pilotes de guerre afro-américain, centenaire. Un soldat mort au combat, ou cette mère de famille serrant dans ses bras sa petite fille, grande prématurée.

De même, tous les élus, démocrates comme républicains, se sont levés pour applaudir l’évocation de la loi votée en 2018 contre l’incarcération de masse, la lutte contre l’épidémie des addictions aux opiacés, le congé parental pour les fonctionnaires fédéraux, comme encore pour saluer un invité de Donald Trump : Juan Guaido, président autoproclamé du Venezuela, en tournée aux Etats-Unis.

Le goût de la mise en scène appuyée du président a atteint des sommets inspirés par la téléréalité avec l’attribution d’une bourse à une écolière méritante présente dans les tribunes, ou encore avec la réunification en direct d’une famille privée depuis des mois de la présence d’un père déployé en Aghanistan.

Mais le ton comme le contenu du discours sur l’état de l’Union, prononcé mardi 4 février, a rappelé surtout que cette année électorale serait aussi l’occasion d’une bataille sans merci.

« Quatre ans de plus ! »

Lors de ses deux premières interventions, en 2018 et en 2019, Donald Trump s’était glissé dans les habits d’un président conventionnel. Il s’en est débarrassé cette fois-ci, endossant à la place ceux du tribun adulé dans les meetings, adoptant les termes qu’applaudit sa base et qui hérissent son opposition.

En invitant les élus de la Chambre des représentants et du Sénat au silence, Nancy Pelosi, la speaker (présidente) démocrate de la chambre basse, s’est affranchie du protocole en s’abstenant de prononcer la formule traditionnelle : « J’ai le grand privilège et le distinct honneur de vous présenter le président des Etats-Unis », se contenant d’annoncer « le président des Etats-Unis ».

Celle qui avait lancé, en septembre 2019, la procédure de mise en accusation du président, qui devait trouver son épilogue le lendemain avec son acquittement par les républicains du Sénat, a tendu la main lorsque Donald Trump lui a remis un exemplaire de son discours. Mais le président des Etats-Unis, pressé de se tourner vers son pupitre, ne l’a pas saisie.

trump paper

Et lorsque Donald Trump est parvenu au terme de son allocution, la speaker a rassemblé les feuilles qu’il lui avait remises pour les déchirer ostensiblement en signe de désaccord. Interrogée plus tard, elle a estimé que « c’était la chose la plus courtoise à faire, par rapport aux alternatives ».

Tout au long de son intervention, Donald Trump s’est principalement adressé aux élus républicains qui ont scandé comme dans ses meetings : « Quatre ans de plus ! » Ses regards pour les démocrates ont été rares et empreints de défi.

Fracture politique

Les succès de son administration, parfois embellis, de la renégociation du traité de libre-échange avec le Canada et le Mexique aux bons chiffres de l’emploi en passant par l’assassinat du fondateur de l’organisation Etat islamique, Abou Bakr Al-Bagdadi, auraient pu être donnés en partage, l’espace d’une trêve nationale, mais ils ont été replacés dans ce contexte. « Contrairement à tant d’autres avant moi, je tiens mes promesses », a ainsi cinglé Donald Trump.

Une bonne partie des invités d’honneur mentionnés dans son discours, présents en tribune, étaient des représentants de minorités, à l’heure où le Parti républicain est plus homogène, moins féminisé et plus blanc que par le passé proche.

Le locataire de la Maison Blanche s’est abstenu d’évoquer sa mise en accusation par la Chambre, mais les signaux rappelant sans cesse la fracture politique américaine, symbolisée par le couple glacial composé par la speaker et le président, n’ont pas manqué, culminant avec l’annonce de la remise de la plus haute décoration pour un civil, la Freedom Medal, au polémiste ultraconservateur Rush Limbaugh, pourfendeur depuis plus d’un quart de siècle des démocrates et de leurs idéaux. Atteint d’un cancer aux poumons, l’animateur radio installé en tribune au côté de la First lady, Melania, a joué la surprise, avant que l’épouse du président ne lui accroche la breloque sur le champ, dans une nouvelle illustration de l’obsession de la mise en scène du président.

Après avoir longuement célébré les succès de l’économie américaine, y compris en multipliant les comparaisons hardies avec l’administration précédente qui avait hérité, contrairement à la sienne, d’une profonde récession déclenchée par la crise des subprimes, Donald Trump a rappelé toutes les causes sensibles pour son électorat : la dénonciation de son opposition a visé une tolérance supposée contre les sans-papiers coupables de crimes, de même que ses projets jugés funestes pour la santé.

« Le meilleur est à venir »

« Cent trente-deux élus dans cette assemblée ont approuvé une législation visant à imposer une prise de contrôle socialiste de notre système de santé, anéantissant les régimes privés d’assurance-maladie de 180 millions d’Américains », a grondé Donald Trump dans une allusion aux projets de réforme défendus par l’aile gauche démocrate. « A ceux qui regardent à la maison ce soir, je veux que vous sachiez : nous ne laisserons jamais le socialisme détruire les soins de santé américains ! », a-t-il ajouté.

L’évocation de l’environnement s’est limitée à une phrase et à l’engagement de Washington de participer à un programme mondial de plantation d’arbres.

Donald Trump s’est de même une nouvelle fois adressé à l’électorat de la droite évangélique, dépeignant un assaut en cours contre la religion contre lequel il se dresserait. « Mon administration défend également la liberté religieuse, ce qui inclut le droit constitutionnel de prier dans les écoles publiques. En Amérique, nous ne punissons pas la prière. Nous ne détruisons pas les croix. Nous n’interdisons pas les symboles de la foi. Nous ne muselons pas les prédicateurs et les pasteurs », a-t-il énuméré, comme si c’était le cas, avant de se présenter comme le garant du deuxième amendement de la Constitution relatif aux armes à feu.

Le président, dans un écho voulu au rendez-vous électoral de novembre, a annoncé que « le meilleur est à venir », une formule qui figurait déjà dans sa publicité de campagne diffusée lors de la finale du championnat de football américain (NFL), le Super Bowl, dimanche. Les démocrates espèrent sans doute le prendre au mot, en lui conférant une tout autre signification.

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24 janvier 2020

États-Unis - Contre Trump, les drag-queens font de la résistance 4 MIN

trump drag queen

THE WASHINGTON POST (WASHINGTON)

De plus en plus visibles et acceptées par le grand public, les drag-queens ne cachent plus leur côté politique et leur préférence pour les démocrates.

Un murmure a parcouru l’assemblée du Lincoln Theater, non parce que la tête d’affiche, Sasha Velour (la gagnante de la saison 9 de l’émission de téléréalité RuPaul’s Drag Race), s’apprêtait à monter sur scène, mais parce qu’une femme à queue-de-cheval était en train de prendre place au balcon, et tous les regards se sont tournés vers elle.

“AOC !”, a crié quelqu’un depuis le parterre. Le public s’est alors levé pour applaudir la députée démocrate de New York, Alexandria Ocasio-Cortez, qui a exprimé ouvertement sur Twitter son intérêt pour la culture drag.

Des émeutes de Stonewall au Congrès

Deux jours plus tard à Washington, les talons des chaussures rouges bien lustrées de la drag-queen Pissi Myles résonnaient dans les couloirs du Longworth Building [l’un des bâtiments de la Chambre des représentants]. Pissi Myles était là en tant que journaliste et commentatrice de Happs (un site d’information en direct) pour suivre la procédure de destitution de Donald Trump, mais c’est elle qui a créé l’événement.

Ce n’est pas souvent, en effet, qu’une drag-queen de 2 mètres de haut (talons compris) et en perruque entre en se pavanant dans un bâtiment officiel du Capitole. Ce jour-là, elle a aimanté à la fois les regards et alimenté l’analyse politique.

En fait, depuis les émeutes de Stonewall, à New York, en 1969, où les drag-queens et les femmes transgenres étaient au premier rang des militants et militantes du mouvement pour les droits des homosexuels, politique et travestissement ont toujours été mêlés. Et alors que la culture drag jouit aujourd’hui d’une popularité croissante, les drag-queens sont en passe de devenir les parfaits repoussoirs au président Donald Trump dans la course à la Maison-Blanche pour 2020.

“Ce que les gens en général ne savent pas, c’est que dans la communauté queer, les drag-queens sont considérées comme des sortes de leaders, comme des porte-parole”, affirme Pissi Myles. Elles “sont les premières à dégainer leur épée”.

Rebellion contre la norme

S’habiller de manière extravagante comme le sexe opposé a pendant longtemps été une manière de s’affirmer politiquement, un acte de rébellion contre les normes sociales, une forme d’art pour faire mieux entendre la voix des communautés privées de droits. Des efforts ont été faits pour rendre ce lien [avec le politique] moins déguisé à la faveur de l’attrait qu’exerce désormais la culture drag sur le grand public (un public qui considère le phénomène comme un simple divertissement).

Ainsi, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a fait une apparition dans Drag Race, et l’émission a organisé des défis politiques pour ses candidats qui ont dû participer à un faux débat présidentiel et à une comédie musicale sur le thème de Trump. Par ailleurs, DragCon, le grand Salon organisé pour les fans de l’émission, a accueilli des débats sur “l’art de la résistance” ou “le drag dans l’Amérique de Trump”.

À Los Angeles, en avril dernier, Maebe A. Girl est sans doute devenue la première drag-queen à exercer des fonctions officielles après son élection au conseil de quartier de Silver Lake (en 1962, José Sarria a été la première drag-queen à se présenter à des élections à San Francisco).

L’artiste à l’identité sexuelle floue, connue pour ses imitations satiriques de Melania Trump, notamment, a par ailleurs annoncé son intention de se porter candidate au siège de député du 28e district de Californie au Congrès de Washington. Quant aux Sœurs de la perpétuelle indulgence, un groupe de sœurs drag, elles sont très actives sur le plan politique depuis leur création en 1979.

“Changer les mentalités”

“Personne n’attire autant l’attention qu’une drag-queen. Mais il s’agit de canaliser cette attention vers des causes importantes”, insiste Sasha Velour.

“La communauté queer, en particulier la communauté drag, comprend de nombreuses personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté”, et “beaucoup de Noirs et de Browns [les citoyens ni noirs ni blancs], précise-t-elle. “Je pense et j’espère que la popularité du drag et les histoires et récits de ces gens-là vont changer les mentalités.”

Pissi Myles n’avait jamais couvert d’événements avant de travailler pour le site Happs. Elle a été recrutée par l’un des collaborateurs de la société qui a pensé qu’elle apporterait un plus pour leurs reportages qui ciblent les jeunes. Elle n’aurait pas pensé susciter autant d’attention.

“Quand je suis descendue de voiture, vingt caméras se sont tournées vers moi”, raconte-t-elle, et la police du Capitole l’a fait passer trois fois au détecteur de métaux. Qu’une drag-queen ait été envoyée pour couvrir un événement sans réellement de rapport avec la politique LGBTQ mérite d’être souligné.

“Pour notre public, c’est quelqu’un d’atypique, un personnage théâtral”, observe David Neuman, le cofondateur de Happs, qui est en discussion avec Pissi Myles pour qu’elle assure la couverture d’autres événements en 2020.

Retour de bâton conservateur

Cependant, ce n’est pas sans difficultés que la culture drag affirme sa présence dans le microcosme politique.

Drag-Queen Story Hour, un programme national qui encourage les drag-queens à faire la lecture aux enfants dans les bibliothèques, a suscité des protestations dans tout le pays. Pour ses initiateurs, c’est un moyen d’enseigner aux enfants les valeurs d’empathie et d’inclusion, mais Fox News a affirmé que le programme visait à “endoctriner les enfants et les expose inutilement à la sexualité”. Certains groupes conservateurs ont intenté des poursuites contre les bibliothèques qui ont organisé ce genre d’animations.

Après que Sacha Velour a posté une vidéo prise avec Ocasio-Cortez sur Twitter, le commentateur politique gay conservateur Dave Rubin l’a retweetée, accompagnée de la légende suivante : “Votre futur ticket démocrate pour la présidentielle de 2024, mesdames, messieurs et autres.” Ce à quoi un utilisateur de Twitter a répondu : “Si elle gagne en 2024, ce grand machin rose sera notre juge à la Cour suprême.” Sacha Velour s’est approprié l’expression en changeant son nom sur Twitter en “Pink Tall Person”.

“Ces gens se sentent menacés par un peu de maquillage et par du théâtre… voilà un exemple parfait de personnes qui laissent la peur gouverner leur vie s’insurge-t-elle. Ils doivent être incapables de penser de façon rationnelle s’ils ont si peur de ce magnifique rouge à lèvres et d’un simple corset, enfin, de beaucoup de corsets…”

Maura Judkis

Source : The Washington Post

WASHINGTON http://www.washingtonpost.com

Le grand quotidien de la capitale américaine et l’un des titres les plus influents de la presse mondiale. Traditionnellement au centre droit, The Washington Post doit sa réputation à son légendaire travail d’enquête dans l’affaire du Watergate, qui entraîna la chute du président Nixon au début des années 1970. Il se distingue aussi par sa couverture très pointue de la vie politique américaine, ses analyses etses reportages.

22 janvier 2020

A Davos, Donald Trump s’est posé en climatosceptique assumé

Par Sylvie Kauffmann, Davos, Suisse, envoyée spéciale

Le président a fustigé les « prophètes de malheur » qui promettent « l’apocalypse », mardi, devant Greta Thunberg. Il a également livré un discours triomphaliste sur les performances de l’économie américaine.

La grande salle du centre de congrès de Davos (Suisse) était pleine, mardi 21 janvier, pour écouter Donald Trump, mais ce n’est pas à cette assistance-là qu’il s’est adressé. Le discours triomphaliste livré par le président américain ne visait manifestement qu’un seul auditoire, à plus de 6 000 km de là, de l’autre côté de l’Atlantique : son électorat, devant lequel il se représente le 3 novembre. Et plus précisément « les travailleurs », sur lesquels il a affirmé avoir concentré tous les efforts de son premier mandat.

Les organisateurs du Forum économique mondial, eux – et notamment son fondateur, Klaus Schwab, qui se tenait aux côtés de M. Trump – ont eu droit à un camouflet.

Alors que cette 50e édition du Forum de Davos, résolument verdie, a été placée sous le signe de la priorité à la lutte contre le changement climatique, le président américain s’est posé en climatosceptique assumé, fustigeant ouvertement les « prophètes de malheur » qui promettent « l’apocalypse ». Venue l’écouter, Greta Thunberg, la jeune militante écologiste suédoise, a quitté la salle avant la fin du discours parce que, a-t-elle confié plus tard, « elle en avait eu assez ».

Pendant une demi-heure, M. Trump a décrit un pays qu’il a trouvé en ruines en arrivant à la Maison Blanche il y a trois ans, et dont il a fait un paradis, « un geyser d’opportunités » que l’on entend « rugir ». Il s’est lancé dans une longue litanie de chiffres plus mirobolants les uns que les autres sur les créations d’emplois, la baisse du chômage et les hausses de salaires, signes « d’un boom économique comme le monde n’en a jamais connu ».

Un contrepoint médiatique tout à fait opportun

Alors qu’aux Etats-Unis ses rivaux démocrates s’apprêtent à ouvrir la saison des primaires pour choisir leur candidat, le slogan Workers First, « les travailleurs d’abord », a remplacé l’America First de la campagne de 2016 dans la rhétorique du républicain. Et pour ne pas oublier ses électeurs évangéliques, le président a clos son discours par une envolée sur les « grandes cathédrales d’Europe » qui « nous ont appris à poursuivre de grands rêves », sans oublier Notre-Dame de Paris qui renaîtra de ses cendres.

M. Trump n’a en revanche pas dit un mot de la procédure de destitution à son encontre dont le Sénat américain débat cette semaine à Washington ; son déplacement à Davos a permis d’y apporter un contrepoint médiatique tout à fait opportun. Il a d’ailleurs préféré s’abstenir de la traditionnelle séance de questions-réponses qui suit ce type de discours à Davos.

Sur place, les propos du locataire de la Maison Blanche ont été diversement accueillis. Sous le choc, le coprésident des Verts allemands, Robert Habeck, a jugé son intervention « désastreuse pour le multilatéralisme » et pour le message qu’essaie de faire passer le Forum cette année sur l’urgence climatique. « Cela confirme notre problème, a-t-il dit : Il y a des leaders et des économies qui nous précipitent encore plus dans le désastre que nous essayons de combattre. » Pour le leader écologiste, cette attitude montre que les demi-mesures ne peuvent plus suffire.

La directrice de Greenpeace International, Jennifer Morgan, pense, pour sa part, que le président américain « vit sur une autre planète, car il semble penser que le bien-être des Américains est indépendant des limites de notre planète ». Le prix Nobel d’économie Joe Stiglitz a également reproché à Donald Trump d’avoir « totalement évacué » la question climatique ; il a aussi contesté la description « complètement erronée » de ses exploits économiques.

Inter

D’autres patrons et économistes reconnaissent cependant les belles performances de l’économie américaine, même s’ils jugent excessif d’en attribuer le crédit au président actuel. « Ce qui est vrai, commente ainsi l’économiste Kenneth Rogoff, c’est que l’économie va bien. Il est faux de dire qu’elle allait mal quand il est arrivé, mais je crois qu’elle s’en sort mieux que ce que à quoi s’attendaient la majorité des gens ici à Davos. Nous avons eu une bonne décennie, et ces trois ans ont été plutôt meilleurs que prévu. » Tout au plus le secrétaire au trésor, Steven Mnuchin, concède-t-il, au cours d’un débat à Davos, que, compte tenu de la hausse du déficit budgétaire, « il va falloir regarder le taux de croissance des dépenses publiques ».

C’est tout le problème de ceux qui détestent Donald Trump : entre la bonne santé de l’économie des Etats-Unis, la signature de la phase 1 du traité commercial avec Pékin qui permet de faire retomber la tension, celle du traité avec le Mexique et le Canada, et l’assassinat du dirigeant iranien Ghassem Soleimani qui, pour l’instant, ne s’est pas soldé par une escalade, l’hypothèse de sa réélection pour un second mandat en novembre paraît de plus en plus réaliste.

Trump est revenu à Davos « faire son tour de la victoire », résume le politiste Ian Bremmer, car, « quoi qu’il dise sur la mondialisation, il est parfaitement à son aise ici, au milieu de patrons qui sont ravis de ses réductions d’impôts et qui, sur le climat, se sentent beaucoup plus proches de lui que de Greta Thunberg ». Bien sûr, poursuit Ian Bremmer, « il exagère son bilan économique, mais le fait est que les patrons à Davos lui font nettement plus confiance qu’il y a trois ans ». Si le premier ministre britannique Boris Johnson a décidé de bouder Davos parce que, selon Downing Street, sa priorité est de travailler pour le peuple, « pas de boire du champagne avec des milliardaires », le populisme trumpien, lui, est moins regardant.

La tâche était rude pour le vice-premier ministre chinois, Han Zheng, qui a succédé à la tribune au président américain. Comme lui, M. Han a préféré éviter les sujets épineux et n’a donc pas dit un mot de la situation à Hongkong, pas plus qu’il n’a accepté de répondre à des questions. Le dirigeant chinois s’en est prudemment tenu au registre qui avait fait le succès de son maître, le président Xi Jinping, lorsqu’il est venu à Davos en 2017 : promotion de la mondialisation, condamnation du « protectionnisme et de l’unilatéralisme ». Avec, quand même, une pique pour le président des Etats-Unis : « Blâmer la mondialisation économique ne correspond pas aux faits, pas plus que cela n’aide à résoudre les problèmes », a dit M. Han. A Pékin aussi, on doit commencer à se préparer à un deuxième mandat de Donald Trump.

Sylvie Kauffmann (Davos, Suisse, envoyée spéciale)

davos greta

Greta Thunberg estime que « rien n’a été fait » pour le climat. Plus tôt dans la matinée, Greta Thunberg avait déploré l’inaction des élites politiques et économiques pour le climat en dépit de tous les discours en faveur de l’environnement. Certes, « le climat et l’environnement sont un sujet d’actualité aujourd’hui », mais « en pratique, rien n’a été fait », « les émissions de CO2 n’ont pas diminué », a-t-elle rappelé devant les grands patrons et des responsables politiques. Ce n’est pourtant pas faute de recevoir de l’attention médiatique, a-t-elle estimé, avec comme une pointe d’amertume. « Je ne peux pas me plaindre de ne pas être écoutée. On m’écoute tout le temps », a dit l’adolescente.

19 janvier 2020

Pourquoi un second mandat de Trump serait une catastrophe

trump2019

Article de Jacky Goldberg

Contesté aux Etats-Unis comme à l'étranger, Donald Trump pourrait pourtant être réélu en novembre. Reportage dans un pays sur lequel plane, selon certain.e.s, le spectre de la guerre civile.

Donald Trump, c’est un fait, est impopulaire. Au niveau national, il n’a jamais dépassé les 46 % de personnes satisfaites (le jour de son investiture) et se situait au 1er janvier 2020 à 42 % – pour 53 % d’insatisfaits. Barack Obama, au même moment de son premier mandat, était à 46 % de satisfaction, George W. Bush à 58 %, Bill Clinton à 49 %. Même Bush père et Jimmy Carter, les deux derniers Présidents à ne pas avoir été réélus pour un second mandat, étaient plus populaires à l’entame de leur quatrième année (pour s’effondrer plus tard, au cours de la campagne).

Certes, mais les Présidents américains, doit-on le rappeler, sont élus Etat par Etat, par un collège électoral, et non à la majorité simple – comme Hillary Clinton en fit l’amère expérience en 2016. Aussi, qu’en est-il au niveau local ? Le constat est le même : si l’on extrapole cet indice de satisfaction à l’élection de novembre, les démocrates emporteraient sans aucun problème 278 grands électeurs et seraient en bonne position pour 141 autres – sachant que 270 suffisent pour dessiner une majorité. Même des Etats traditionnellement rouges (la couleur des républicains, pas des communistes), tels que la Géorgie ou le Texas, apparaissent aujourd’hui violets (car mélangés au bleu des démocrates). Dans le jargon électoral, on appellerait ça “a landslide victory” ou une victoire par glissement de terrain.

Certes, mais il s’agit là de sondages, qu’il faut manier avec prudence, pourrait-on rétorquer. Aussi, qu’en est-il des élections réelles ? Eh bien, non seulement les démocrates, on s’en souvient, ont reconquis la Chambre des représentants en 2018 (par une “vague bleue”), mais ils ont réalisé d’excellentes performances dans la plupart des élections partielles de 2019, emportant par exemple la gouvernance du Kentucky ou la Chambre de Louisiane, contre toute attente. Un dernier indicateur pertinent serait la part d’Américains qui pense que Trump a commis un acte méritant un impeachment : 57 %, selon le dernier sondage FiveThirtyEight/Ipsos, du 30 décembre 2019 (avant que ne débute son procès au Sénat, donc).

Trump a toujours su renaître de ses cendres

C’est donc clair et net : globalement, aux Etats-Unis, aujourd’hui, Trump est un président mal-aimé. Cela devrait réjouir les stratèges démocrates et effrayer les porteurs de casquettes MAGA (“Make America great again”, son fameux slogan de 2016, appelé à devenir KAG, “Keep America great”). Or, c’est l’inverse qui se produit. La plupart des commentateurs font preuve d’une extrême prudence, la gauche va au combat la peur au ventre, et la droite ne doute pas une seconde que leur champion occupera la Maison Blanche jusqu’en 2024 – certains, encouragés par l’intéressé, fantasmant même une modification de la Constitution pour lui permettre d’effectuer un troisième mandat… Comment cela s’explique-t-il ?

“Trump invente ses propres règles, auxquelles l’adversaire doit s’adapter constamment”

D’abord, s’il y a une qualité que tous s’accordent à reconnaître à Trump, c’est son insubmersibilité. Annoncé tant et tant de fois cramé, pris mille fois en flagrant délit de mensonge, piétinant les principes les plus élémentaires de la bienséance, il a toujours su renaître de ses cendres. Il est de fait en campagne depuis le premier jour de sa présidence, et ne lâchera rien jusqu’au jour de l’élection, le 3 novembre. “Et même s’il perd, rien ne dit qu’il lâchera”, avance David Ball, professeur émérite de littérature comparée au Smith College de Northampton, dans le Massachusetts, commentateur de la vie politique grâce à sa “Lettre d’Amérique” envoyée aux lecteurs de la revue syndicaliste française de La Révolution prolétarienne. “Trump fait peur parce qu’il ne joue pas selon les règles de la démocratie : il invente ses propres règles, auxquelles l’adversaire doit s’adapter constamment. A ce jeu, n’importe qui serait déjà disqualifié, mais lui reste en course.”

 

Ensuite, contrairement à 2016, il n’est plus seul contre tous : les dollars pleuvent sur sa candidature, les milliardaires rendus encore plus riches par sa réforme fiscale, et les différents lobbys droitiers (pétroliers, religieux, pro-armes), ne cachant plus leur soutien derrière des pudeurs de gazelle. Il a ainsi levé, en 2019, plus de 300 millions de dollars, un record, dans un pays où, rappelons-le, il n’existe aucun plafond et très peu de contrôle public, soumettant la démocratie aux humeurs des corporations privées. Dans son dernier film, The Laundromat, Steven Soderbergh faisait d’ailleurs de la régulation de ces financements la mère de toutes les batailles.

Plus d’opposition interne chez les républicains

Quant au Parti républicain, dont l’establishment méprisait ce malotru en 2016, il est désormais en ordre de bataille derrière lui. Jadis un agrégat de tendances, allant des modérés (John McCain, décédé en 2018, en était un des derniers représentants) aux néoconservateurs (bellicistes mais soucieux d’équilibres sociaux, comme les Bush), en passant par diverses factions (libertariens, évangélistes, paléo-conservateurs…), le “Grand Old Party” (GOP) est devenu le parti de Trump, ne tolérant plus aucune opposition interne. A part une poignée de sénateurs (légèrement) critiques et quelques voix isolées (dont celle d’Arnold Schwarzenegger), les républicains, base comme establishment, sont alignés sur l’extrémisme de leur leader.

“George W. Bush cherchait encore à séduire les latinos et les centristes. C’est terminé"

Son extrémisme, et son tempérament erratique. Car c’est désormais moins une idéologie cohérente qui définit le GOP, que la défense d’une identité. La politique de Trump s’écarte ainsi de l’orthodoxie néolibérale en matière économique (avec son interventionnisme tous azimuts, sa méfiance du libre-échange, ses subventions…), mais rassemble sous sa bannière tous ceux qui se sentent menacés : les conservateurs blancs, les chrétiens intégristes, les ultra-sionistes, les ruraux, les industriels du charbon et du pétrole, les pro-armes, les masculinistes, etc., tous ces groupes n’étant bien sûr pas exclusifs. “Une coalition de restauration“, comme l’appelle Ronald Brownstein, politologue pour CNN, qui s’oppose à “la coalition de transformation” menée par le Parti démocrate, composée essentiellement de jeunes, d’urbains et de minorités. "cette tendance n’est pas neuve, elle s’enracine dans les luttes pour les droits civiques dans les années 1960 et s’est accélérée dans les années 2000, modère Brownstein. Mais les appels du pied de Trump à l’Amérique blanche la plus réactionnaire, tout en insultant le reste du pays, ont accentué le phénomène dans des proportions inédites. George W. Bush cherchait encore à séduire les latinos et les centristes. C’est terminé".

Ce radicalisme électoral, qui pousse à la polarisation du pays, à la formation de bulles informationnelles étanches – les fameuses fake news dont chaque camp accuse l’autre d’être le promoteur, sapant l’idée même d’une réalité commune, rationnelle, décente –, devrait logiquement affaiblir les républicains, pour de simples raisons démographiques : leur électorat cible fond comme neige au soleil. Mais ce n'est pas vraiment le cas. C’est qu’en même temps qu’il s’est raidi sur sa base, le Parti républicain a dû déployer des trésors d’inventivité pour se maintenir au pouvoir – déjà sous Bush, grâce à son tacticien machiavélique Karl Rove.

trump2020

Trump a verrouillé le dernier étage de la pyramide judiciaire

Il y a d’abord l’instauration de nombreuses tracasseries administratives visant à purger les listes électorales des pauvres, des Noirs et des Latinos. C’est ainsi que la Floride, très équilibrée dans son électorat mais gouvernée par des républicains qui y édictent les règles, penche bizarrement à droite, à chaque élection ou presque. Autre astuce : le gerrymandering, qui consiste à découper les circonscriptions selon des critères partisans (en isolant par exemple les poches démocrates), offre un avantage décisif aux républicains dans les élections locales. Les machines à voter électroniques, dont le manque de fiabilité a été maintes fois prouvé, sont un autre facteur de tricherie, qui s’ajoute au hacking des listes électorales (confirmé par un comité sénatorial spécial), à l’ingérence russe prouvée par le rapport Mueller (qui n’a toutefois pas été capable de la relier formellement à Trump) et à l’utilisation frauduleuse de big data, avec la complicité de Cambridge Analytica (rebrandé et toujours actif, sous le nom d’Emerdata). Vraisemblablement, les dés sont pipés. Avec quelle efficacité ? Personne ne peut le dire à ce jour.

Mais le vrai coup de maître, dans ce jeu d’échecs, est encore ailleurs. Très largement médiatisées, les nominations de Neil Gorsuch et de Brett Kavanaugh à la Cour suprême ont permis à Trump de verrouiller le dernier étage de la pyramide judiciaire, essentielle dans cette nation fondée sur l’équilibre des pouvoirs (le checks and balances). Avec cinq voix sur neuf, les conservateurs sont ainsi en mesure de détricoter certaines législations (à commencer par le droit à l’avortement, garanti par l’arrêt Roe v. Wade de 1973, qui subit en ce moment même de multiples assauts), ou de valider des entourloupes politiciennes (au hasard, l’illégalité d’un impeachment). Ce que l’on sait moins, en revanche, est qu’aux étages inférieurs de la pyramide, c’est-à-dire les cours fédérales, Trump et son partner in crime Mitch McConnel (qui préside le Sénat) ont nommé, à vie, un nombre absolument considérable de juges : une cinquantaine (plus d’un quart de tous ceux en activité), anormalement jeunes (donc moins compétents et plus durables), et très conservateurs. Le véritable legs du 45e président des Etats-Unis, le voici. On n’ose imaginer ce que lui permettrait, en la matière, un second mandat… Echec et mat ?

Un Parti démocrate profondément divisé

Il n’est toutefois de batailles perduse d’avance que celles que l’on se refuse à mener, et le Parti démocrate, qui a eu le temps de méditer sur la catastrophe de 2016, a prouvé depuis qu’il pouvait être compétitif. “Grâce à leur majorité retrouvée à la Chambre des représentants en 2018, les démocrates ont repris des couleurs, analyse David Ball, qui milite depuis 2016 au sein d'Indivisible, un des nombreux groupes formant la “résistance” anti-Trump. Ils mettent une pression maximale sur les républicains, et c’est très bien. En revanche, il leur manque encore un projet clair et mobilisateur, dont les militants pourraient se saisir au niveau local, là où tout va se jouer.” Déterminer ce projet, et donc, fatalement, le candidat pour le porter, est tout l’enjeu des primaires, qui se tiendront du 3 février au 6 juin. Un processus qui ressemble pour l’instant à la quadrature du cercle.

Contrairement à son opposant, le Parti démocrate est profondément divisé, entre deux tendances de plus en plus difficiles à concilier : centristes vs progressistes. Et même si la poussée de Bernie Sanders, depuis 2016, a modifié le centre de gravité de l’appareil, obligeant ses dirigeants et élus les plus modérés à gauchir leur discours, ceux-ci sont loin d’être acquis aux idéaux socialistes, comme en témoignent les virulentes joutes lors des débats des primaires (sur la sécurité sociale pour tous par exemple).

Au-delà des divergences idéologiques, c’est surtout la capacité à battre Trump qui obsède le camp démocrate. Choisir un.e radical.e, au risque de pousser les indépendants dans les bras de l’ennemi ? Ou choisir un.e modéré.e, au risque de ne pas mobiliser toutes les forces vives (ce qui avait été la faille de Clinton) ? Chacun y va de son sondage révélateur ou de son analyse définitive, mais la vérité est que personne ne sait rien. “J’ai des amis qui en oublient où ils habitent, nous confie David Ball, obsédés qu’ils sont par l’éligibilité des candidats. Mais qu’en sait-on, à ce stade ? En 2016, on a choisi Hillary parce qu’elle était soi-disant la plus éligible. On a vu le résultat.” Un dilemme bien connu de quiconque a déjà participé à une primaire, dans quelque pays que ce soit…

Les démocrates ont perdu leur assise locale

Le Parti démocrate n’est pas seulement divisé : il est aussi désorganisé. Et c’est, selon la journaliste Meaghan Winter, autrice d'All Politics Is Local – Why Progressives Must Fight for the States, sa pire tare. “L’élection d’Obama fut une sorte d’illusion, donnant l’impression que, démographie et immigration aidant, le pays allait se couvrir de bleu. Or les démocrates ont perdu leur assise locale, en concentrant toutes leurs ressources sur les élections fédérales et les grandes causes. Ils manquent dramatiquement de permanences et de militants, de gens qui labourent le terrain entre deux élections." Résultat : le pays s’est couvert de rouge entre 2008 et 2016, et les républicains contrôlent aujourd’hui la majorité des Etats confédérés (21 complètement, 8 partiellement).

La sociologue Dana Fisher, spécialiste des mouvements sociaux et autrice d'American Resistance – From the Women's March to the Blue Wave, abonde dans ce sens : “Il ne faut pas oublier qu’aux Etats-Unis l’essentiel de ce qui impacte la vie des gens (l’éducation, la justice, la santé) est décidé au niveau des Etats. Or, aujourd’hui, ce pouvoir est détenu essentiellement par les républicains, qui ont fait un travail de fourmis depuis la fin des années 1970, avec leurs lobbys, leurs églises, leurs médias (Fox News, ou le moins connu quoique aussi réactionnaire Sinclair Broadcast Group qui contrôle 193 chaînes de télés locales – ndlr)… Ils sont là, au quotidien, dans les petites villes, quand les démocrates ne font que des coups médiatiques.“

trump inrocks

“Il en va de la survie de notre démocratie”

Cela tend toutefois, heureusement, à changer. 2016 fut un électrochoc ou, pour le formuler comme Meaghan Winter, “le fond de la piscine et le début de la remontée“. Des Etats qui semblaient imprenables, comme la Virginie, ont basculé du côté démocrate. Des groupes de militants ont fleuri sur tout le territoire, comme les Indivisibles, les Better Angels, ou encore Facing History. Partout, ils appellent à manifester, poussent leurs concitoyens à s’inscrire sur les listes électorales, font pression sur les élus – des méthodes éprouvées par les conservateurs. “Mais c’est encore insuffisant, contrebalance Dana Fisher, bien en deçà de ce qui serait nécessaire pour renverser la vapeur.” Pour elle, ce serait une erreur de se concentrer uniquement sur 2020, car quel que soit le résultat, la reconquête du pays sera “un travail acharné, de longue haleine”.

“Je crains qu’en cas de réélection de Trump les verrous sautent, de tous côtés”

Ce constat ne la pousse cependant pas à négliger les enjeux de cette élection, "colossaux, et pas seulement pour les Américains : il en va de la survie de notre démocratie, déjà très abîmée, mais aussi, sans doute, de la capacité de l’humanité à infléchir le réchauffement climatique". Très modérément optimiste, elle poursuit : “Je suis surprise qu’il n’y ait pas eu plus de violence politique, au-delà des tueries de masse qui sont une forme de terrorisme intérieur. Les Américains restent un peuple majoritairement civilisé. Mais je crains qu’en cas de réélection de Trump les verrous sautent, de tous côtés.” Une nouvelle guerre civile ? Farfelue il y a encore quinze ans, l’hypothèse fait désormais l’objet d’éditos, d’analyses, traîne dans les films et les séries, et même dans certains discours de Trump lui-même… Elle est dans l’air du temps, et il faudra beaucoup de calme et de détermination au ou à la 46e président.e des Etats-Unis pour en éloigner le spectre.

13 janvier 2020

Pour Nancy Pelosi, « il y a assez de preuves pour destituer » Donald Trump

A la tête des démocrates à la Chambre des représentants, l’élue de Californie entame une semaine cruciale pour enclencher le processus qui devrait voir le président américain être jugé par le Sénat, à majorité républicaine.

Nancy Pelosi en est convaincue : « Il y a assez de preuves pour destituer le président. » La speaker (présidente) démocrate de la Chambre des représentants s’est montrée offensive, dimanche 12 janvier, lors d’une interview sur la chaîne ABC. Il faut dire que son camp joue gros, alors que Donald Trump ne cesse de dénoncer un « canular » à propos de la procédure de destitution, lancée en décembre 2019.

« Pourquoi devrais-je avoir le stigmate de l’impeachment collé à mon nom alors que je n’ai RIEN fait de mal ? », a tempêté le président dimanche sur Twitter. Il s’en est de nouveau pris à l’opposition démocrate, exigeant que « la nerveuse Nancy » Pelosi et Adam « Schiff le fourbe », qui a supervisé l’enquête contre M. Trump, soient entendus en tant que témoins.

Dans un tweet ultérieur, Donald Trump a estimé que l’affaire devrait être close sans procès, déclarant que toute procédure au Sénat apporterait une crédibilité indue à ce qu’il considère comme une « chasse aux sorcières » menée contre lui par ses opposants démocrates.

Improbable destitution

Nancy Pelosi avait donné vendredi son feu vert pour l’envoi la semaine prochaine de l’acte d’accusation de Donald Trump à la chambre haute, après plusieurs semaines de bras de fer avec les républicains, ouvrant ainsi la perspective d’un procès en destitution imminent. Elle a confirmé dimanche qu’elle réunirait ses troupes mardi pour fixer le calendrier.

L’actuel locataire de la Maison Blanche est devenu le mois dernier le troisième président de l’histoire des Etats-Unis à être mis en accusation à la Chambre des représentants – « impeached » en anglais – dans l’affaire ukrainienne. Il a néanmoins peu de chances d’être destitué au Sénat, où les élus républicains, majoritaires, lui restent fidèles. « Nous avons confiance dans l’impeachment. Et nous croyons qu’il y a assez de témoignages pour le destituer », a au contraire assuré Nancy Pelosi.

Le témoignage de John Bolton, enjeu de taille

Elus républicains et démocrates croisent le fer sur un autre sujet majeur, le témoignage de John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. M. Bolton s’est dit prêt à témoigner au procès du président américain, à condition d’être formellement convoqué par le Sénat. Or Donald Trump a laissé entendre vendredi, interviewé par la chaîne Fox News, qu’il pourrait empêcher l’un de ses anciens bras droit d’être entendu, invoquant le « privilège exécutif ».

De son côté, Nancy Pelosi n’a pas exclu, si la majorité républicaine au Sénat ne convoquait pas M. Bolton, de l’auditionner à la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates. Les démocrates accusent Donald Trump d’avoir abusé de son pouvoir en demandant à l’Ukraine d’enquêter sur Joe Biden, un rival potentiel à la présidentielle de novembre.

Ils ont voté le 18 décembre 2019 à la Chambre des représentants deux articles de mise en accusation de Donald Trump, pour « abus de pouvoir » et « entrave à la bonne marche du Congrès ».

5 janvier 2020

Chronique - Président Trump, an III : outrance et court-termisme diplomatique

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

Avec l’élimination du général iranien Ghassem Soleimani, l’hôte de la Maison Blanche élève un poids moyen régional au rang de priorité absolue. Au point d’entraîner un renforcement militaire au Proche-Orient, alors qu’il rêve tout haut de s’en extraire.

Samedi 4 janvier, à l’avant dernier jour de ses vacances en Floride, Donald Trump s’en est retourné golfer. Il s’était abstenu la veille, au lendemain de l’assassinat à Bagdad du général iranien Ghassem Soleimani par un drone armé américain. Revenu ensuite dans son club de luxe de Mar-a-Lago, il a renoué avec l’outrance dont il usait face à la Corée du Nord en 2017 avant de trouver Kim Jong-un formidable.

trump iran99

Le président des Etats-Unis a ainsi suggéré qu’il était prêt à commettre des crimes de guerre en assurant que cinquante-deux sites iraniens « représentant les 52 otages américains pris par l’Iran il y a de nombreuses années » avaient d’ores et déjà été sélectionnés, « certains à un niveau très élevé et importants pour l’Iran et la culture iranienne ». « Ces cibles, et l’Iran lui-même, SERONT TRÈS RAPIDEMENT ET TRÈS DUREMENT FRAPPÉS » à la moindre riposte conséquente de Téhéran à l’assassinat du général, a affirmé Donald Trump. Une riche idée pour unir les Iraniens derrière un régime pourtant honni par un certain nombre d’entre eux.

La réélection d’abord, la politique étrangère ensuite

Au lendemain d’une décision sans doute majeure de son mandat, le milliardaire avait consacré plus de temps à son électorat chrétien évangélique, rassemblé dans une méga église de Miami, qu’à expliquer à ses concitoyens en quoi l’élimination d’une figure centrale du régime iranien, certes aussi malfaisante qu’on puisse l’imaginer, s’inscrivait dans la stratégie des Etats-Unis.

Cette répartition du temps présidentiel a témoigné de l’ordre des priorités de Donald Trump : la réélection d’abord, la politique étrangère ensuite, subordonnée d’ailleurs à la première. Bombarder les affreux suffit en effet à faire frétiller d’allégresse l’électeur républicain, sans que ce dernier n’ait besoin d’en savoir nécessairement beaucoup sur le pedigree de ceux qui hurlent « Mort à l’Amérique ! ». Le président qui aime tant l’image de la force apparaît ainsi à son avantage, comme celui qui ose quand les autres se perdent en conjectures.

La frappe du 2 janvier a souligné ainsi l’une des caractéristiques de sa présidence. La question de l’élimination du patron des forces Al-Qods, les forces spéciales des gardiens de la révolution, était aussi vieille que ses faits d’armes à Washington. Mais les prédécesseurs du milliardaire l’avaient analysée selon les critères classiques de coûts et de bénéfices, pour en conclure que les premiers dépassaient de beaucoup les seconds. Pour Donald Trump, il suffit de prendre le contre-pied du démocrate Barack Obama et du républicain George W. Bush, de laisser parler un fâcheux penchant pour le court-termisme, le spectaculaire, et au diable les conséquences.

Trumpisation du Pentagone

La première, dans l’immédiat, est le constat de trumpisation du Pentagone et du Conseil à la sécurité nationale. Sous les égides éclairées du premier secrétaire à la défense du président, James Mattis, et de son deuxième conseiller à la sécurité nationale, H. R. McMaster, une vision stratégique avait été exposée qui privilégiait un recentrage des Etats-Unis sur la compétition entre « grandes puissances », soit avec la Chine et la Russie.

Et voilà que Washington élève un poids moyen régional, économiquement exsangue et politiquement affaibli, au rang de priorité absolue, au point d’entraîner un renforcement militaire américain au Proche-Orient, alors que Donald Trump rêve au contraire tout haut de s’en extraire. La présence américaine en Irak est désormais plus fragile que jamais seize ans après son invasion et la capacité des Etats-Unis d’empêcher une résurgence de l’organisation Etat islamique compromise. L’ennuyeux est que personne, dans l’entourage du président, n’a manifestement eu le loisir d’exposer dans le détail une batterie de contre-arguments.

Le mandat de Donald Trump avait été jusqu’à présent relativement épargné par les crises internationales, l’heure de la mise à l’épreuve est peut-être venue.

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