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Jours tranquilles à Paris
donald trump
2 juin 2020

Trump, le choix du chaos au risque du KO

trump bible intervention armée

Par Frédéric Autran — Libération

Le Président ne joue pas l’apaisement face à un pays fracturé, mais se sert de la situation explosive pour mobiliser sa base, à cinq mois d’une élection qui l’obsède.

Sa biographe l’a surnommé «le Prince du chaos». Donald Trump aime quand ça bataille, quand ça brûle. Le voilà plus que jamais aux premières loges. Le vent de colère soulevé par la mort de George Floyd à Minneapolis s’est en effet rapidement propagé à tout le pays, jusque sous les fenêtres de la Maison Blanche. Pour la troisième soirée consécutive, des échauffourées ont éclaté dimanche aux abords de la résidence présidentielle, en plein cœur d’une capitale fédérale sous couvre-feu. Signe de la tension au sommet de l’exécutif, Donald Trump et ses proches avaient été subitement mis à l’abri, vendredi soir, dans le bunker de la Maison Blanche, selon le New York Times. Lorsqu’il en est sorti samedi matin, «secoué» par cette expérience assure le quotidien, Trump s’est félicité sur Twitter que son service de protection dispose des «chiens les plus féroces» et des «armes les plus menaçantes» pour «accueillir» d’éventuels intrus.

«Anarchie»

Plus tard dans la journée, alors qu’il venait d’assister au lancement historique du premier vol habité SpaceX depuis Cap Canaveral, le Président s’est longuement exprimé sur la mort de George Floyd – une «grave tragédie» qui «n’aurait jamais dû se produire». S’il a assuré «comprendre la douleur» des manifestants, il a surtout promis de «stopper la violence collective», dénonçant les agissements «d’anarchistes» et de «gauchistes radicaux», notamment la mouvance radicale «antifa» (antifasciste), qu’il a annoncé vouloir désigner comme une organisation terroriste - même si la loi américaine ne le permet pas. Le lendemain, Trump a accentué sa rhétorique sécuritaire et clivante, reprochant leur faiblesse aux maires et gouverneurs démocrates. Et accusant les médias de «fomenter la haine et l’anarchie» dans leur couverture des manifestations, alors que de nombreux journalistes sur le terrain ont été ciblés par la police.

A cinq mois d’un scrutin présidentiel qui l’obsède depuis le premier jour et qui, dans sa psyché de milliardaire allergique à la défaite, ne peut avoir d’autre issue qu’une réélection, Donald Trump ne semble donc pas disposé à jouer l’apaisement. Le pourrait-il seulement ? Rien dans sa personnalité ni son parcours de promoteur immobilier, star de téléréalité puis homme politique, n’indique qu’il en soit capable. Jamais un président américain - homme d’affaires blanc new-yorkais qui a entamé sa carrière politique en 2011 en mettant en doute la nationalité de Barack Obama, a renvoyé dos à dos suprémacistes blancs et militants antiracistes à Charlottesville, puis exhorté quatre jeunes élues démocrates à «retourner» d’où elles venaient - n’a semblé aussi peu préparé, et surtout légitime, pour apaiser un mouvement de protestation à forte dimension raciale.

Duel

Dans son entourage, certains conseillers souhaiteraient néanmoins que Donald Trump prononce une adresse solennelle à la nation. Mais rassembleur, il n’a jamais été. Le conflit et le chaos - y compris au sein de sa propre administration, marquée par un turnover inédit - constituent à la fois sa zone de confort, son terrain d’expression favori et un outil crucial pour mobiliser sa base. «3 NOVEMBRE [la date de l’élection, ndlr]», a-t-il d’ailleurs tweeté lundi en majuscules, pendant que la porte-parole de sa campagne résumait le scrutin à un choix «binaire» entre «sécurité» et «anarchie». Désireux à l’inverse d’incarner la réconciliation d’une Amérique polarisée, Joe Biden joue une partition délicate. Très populaire au sein de la communauté noire, l’ancien vice-président doit relayer sa colère légitime sans donner le sentiment de cautionner les violences. «Nous sommes une nation qui souffre en ce moment, mais nous ne devons pas laisser cette souffrance nous détruire», a déclaré dimanche le futur adversaire de Trump.

En attendant le duel entre les deux hommes, mère de toutes les batailles électorales, les élus locaux vont tenter de répondre dans les jours, semaines et mois à venir, à la colère qui gronde et à la crise socioéconomique désastreuse qui couve. Certains aimeraient que Donald Trump reste dans son bunker. Aussi silencieux que possible. «Le président Trump aggrave les choses, a ainsi déclaré la maire démocrate d’Atlanta. Il devrait juste se taire.»

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2 juin 2020

Donald Trump - caricature

menne57

1 juin 2020

Politique - Les émeutes aux États-Unis exacerbent le clivage entre Trump et les démocrates

trump tower

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Alors que la vague de protestations déclenchée par la mort de George Floyd continue à déferler sur les États-Unis, Donald Trump courtise sa base au risque d’attiser les flammes, tandis que les démocrates appellent à la responsabilité.

À six mois de l’élection présidentielle, et face aux violences les plus graves depuis le début de son mandat, Donald Trump s’accroche à son “manuel de survie politique”, consistant à “exacerber les différences”, observe El País.

“Loin de calmer le jeu, le président des États-Unis a désigné ‘l’extrême gauche’ comme la responsable des violences, attaqué les autorités démocrates de l’État du Minnesota – origine du conflit – et défié les manifestants les plus agressifs”, précise le quotidien espagnol.

De fait, les tweets du week-end de Donald Trump étaient tout sauf des appels au calme, observe The Guardian. Samedi soir, il écrivait que “les chiens les plus méchants et les armes les plus inquiétantes” étaient prêts à être utilisés contre les manifestants massés devant la Maison-Blanche.

Dimanche après midi, c’est le maire démocrate de Minneapolis et l’extrême gauche qui étaient pris pour cible : “Félicitations à notre Garde Nationale pour leur excellent travail dès leur arrivée à Minneapolis, la nuit dernière. Les anarchistes, emmenés par l’antifa (mouvance radicale antifasciste), entre autres, ont été rapidement dispersés. Cela aurait dû être fait par le maire la première nuit et il n’y aurait pas eu de problème !”.

Le président ne s’en est pas tenu là. Attribuant les violences à la seule extrême gauche, il a affirmé, toujours sur Twitter, que les États-Unis allaient désigner l’antifa comme une “organisation terroriste”. Une annonce qui suscite la perplexité de The Hill, sachant qu’il n’y a “actuellement aucune loi sur le terrorisme national”, et que “le gouvernement fédéral n’a pas la compétence” pour désigner comme terroriste un groupe basé à l’intérieur des États-Unis.

Que Trump “arrête de parler”

Face à la position présidentielle, les démocrates ont lancé des appels à la responsabilité, dans le sillage de l’ancien président Barack Obama, qui avait déclaré vendredi que la mort de George Floyd n’était “pas normale dans l’Amérique de 2020”, et avait appelé les Américains à “travailler ensemble pour créer ‘une nouvelle normalité’, dans laquelle le sectarisme et les inégalités de traitement ne contaminent plus nos institutions et nos cœurs”.

Sur la chaîne ABC, la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi a estimé que “le président devrait être une force unificatrice dans notre pays. Nous l’avons vu avec des présidents démocrates et républicains tout au long de notre histoire. Ils ont compris leur responsabilité de président des États-Unis, celle d’unifier le pays et non de souffler sur les braises”.

“S’il y a bien un moment où nous avons besoin de leadership à la Maison-Blanche, c’est maintenant, pour panser les plaies de notre nation”, a déclaré en écho l’élue démocrate Val Demings, selon NBCNews. “Mais je ne vois pas pourquoi j’attendrais de ce président qu’il fasse quelque chose qu’il n’a jamais fait auparavant”.

Même pessimisme dans la voix de la maire d’Atlanta, Keisha Lance Bottoms, qui demande simplement à Donald Trump “d’arrêter de parler”. “Quand il parle, c’est pire. Il y a des fois où il faudrait juste se taire”, a-t-elle déclaré à CNN.

Le probable candidat démocrate à la Maison Blanche en novembre, Joe Biden, a quant à lui publié un communiqué dimanche matin, soulignant que c’est aujourd’hui “l’esprit même de l’Amérique qui est en jeu”, selon le New York Times. “Nous sommes une nation en colère, mais nous ne pouvons pas laisser la rage nous consumer”, a-t-il ajouté.

Mais les violences qui secouent le pays pourraient “mettre à l’épreuve les priorités de M. Biden”, estime le quotidien. Car “l’électorat noir, à bout, réclame un changement bien plus grand que la promesse du simple retour à la normale promis par sa campagne”.

1 juin 2020

Le retrait américain plombe les finances de l’OMS

trump oms

Donald Trump a mis sa menace à exécution : en pleine pandémie, il a décidé de stopper la contribution financière des États-Unis à l’Organisation mondiale de la santé qu’il accuse de complaisance envers Pékin. Une décision qui va avoir des conséquences fortes sur le budget déjà maigre de l’agence onusienne. Les États-Unis vont « rediriger ces fonds vers d’autres besoins de santé publique urgents et mondiaux qui le méritent », a déclaré le président américain.

7 000 employés dans le monde

Agence sanitaire des Nations unies, l’OMS est une institution multilatérale créée en 1948. Énorme machine de 7 000 employés présents dans le monde entier, son fonctionnement et ses missions sont tributaires des crédits accordés par ses États membres et les dons de bienfaiteurs privés.

Dotée de 2,8 milliards de dollars par an, l’OMS a « le budget d’un hôpital de taille moyenne dans un pays développé », a récemment déploré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Avec 893 millions de dollars apportés sur la période 2018/2019, soit environ 15 % du budget de l’OMS, les États-Unis en sont le premier bailleur de fonds, devant la fondation Bill et Melinda Gates, premier contributeur privé, l’Alliance du vaccin Gavi, le Royaume-Uni et l’Allemagne, et loin devant la Chine et ses 86 millions.

L’UE appelle Washington à reconsidérer sa décision

La contribution américaine va essentiellement en Afrique et au Moyen-Orient. Environ un tiers de ces contributions co-finance les opérations de lutte contre les urgences sanitaires, le reste étant d’abord consacré aux programmes d’éradication de la poliomyélite, à l’amélioration de l’accès aux services de santé et à la prévention et la lutte contre les épidémies.

Alors que la pandémie de Covid-19 a déjà fait plus de 360 000 morts dans le monde, l’annonce américaine a stupéfié la communauté scientifique.

L’OMS a appelé ses partenaires à compenser le retrait américain.

À grand renfort d’annonces, la Chine, accusant Washington de « se soustraire à ses obligations », a fait savoir qu’elle prendrait ses responsabilités, directement ou indirectement, pour soutenir l’OMS. À l’occasion d’une levée de fonds organisée début mai par la Commission européenne au profit de la recherche et le développement d’un vaccin contre le nouveau coronavirus, Pékin s’est engagé à hauteur de 1,1 milliard de dollars. Et le 18 mai dans un message à l’Assemblée mondiale de la santé, réunion annuelle des États membres de l’OMS, le président Xi Jinping a promis deux milliards.

L’Union européenne a appelé samedi Washington à reconsidérer sa décision de rompre avec l’OMS.

31 mai 2020

Président Trump, an IV : un carnage américain

trump neron

Par Gilles Paris, Washington, correspondant Le Monde

Le locataire de la Maison Blanche a vu s’enchaîner une crise sanitaire historique, une envolée du chômage sans guère de précédents et la résurgence des démons raciaux de l’Amérique. Un printemps meurtrier au cours duquel il n’a rien fait pour apaiser une nation ébranlée.

Le tumulte des trois premières années de la présidence de Donald Trump a longtemps masqué l’essentiel. Elu de justesse en 2016, l’ancien homme d’affaires avait hérité d’une économie en bonne santé, d’une coalition internationale de taille à détruire le terrorisme qui était alors une priorité, et d’une opinion publique résignée à s’extraire de guerres sans fin pour lesquelles il n’avait aucune appétence.

La véritable mise à l’épreuve du président des Etats-Unis a tardé, jusqu’à ce printemps meurtrier. Il a vu s’enchaîner une crise sanitaire historique, une envolée du chômage sans guère de précédents et la résurgence des démons raciaux de l’Amérique à la suite de la mort d’un Afro-Américain, George Floyd, aux mains de la police de Minneapolis, dans le Minnesota, le 25 mai.

Chacune de ces crises a charrié et charrie encore son lot d’images cruelles. Elles dessinent à ce jour un « carnage américain » pour reprendre l’expression que Donald Trump avait utilisée lorsqu’il avait prêté serment le 20 janvier 2017 pour dépeindre la situation que lui avait léguée selon lui son prédécesseur démocrate, Barack Obama. La formule avait frappé les esprits. Voilà qu’elle le rattrape.

Une nation ébranlée

Certes, Donald Trump n’est pas responsable de la pandémie de Covid-19 qui continue d’emporter des milliers de vies chaque semaine. Il n’est pour rien dans l’effondrement de l’économie consécutive à la brutale mise à l’arrêt du pays pour cause de confinement, et il n’est pas le supérieur hiérarchique de Derek Chauvin, l’officier de police poursuivi désormais pour homicide involontaire après la mort de George Floyd. Mais il n’a rien fait jusqu’à présent pour apaiser une nation ébranlée.

La semaine même de la conjonction de ces trois crises, le président était occupé à autre chose qu’à rassembler son pays. Il dénonçait des crimes perpétrés par Barack Obama, alors que son ministre de la justice ne trouve rien à reprocher à son prédécesseur. Il accusait contre toute évidence un animateur de télévision qui lui déplaît d’avoir assassiné une ancienne collaboratrice. Il ferraillait enfin contre Twitter, ulcéré que le réseau social décide de signaler certaines de ses contre-vérités.

Donald Trump avait attisé les flammes lorsque la droite de sa droite manifestait contre les mesures de confinement recommandées par sa propre administration. Il s’est abstenu de rendre hommage aux victimes du Covid-19 quand la barre des 100 000 victimes a été franchie mardi. Il a enfin alterné sans cap véritable les menaces et les expressions de compréhension à l’égard de manifestants pacifiques au cours des dernières heures à propos de la vague de rage qui s’est répandue dans les villes américaines à partir de Minneapolis. Sans jamais reconnaître la réalité d’une plaie américaine, pas plus que pour les fusillades de masse.

« La loi et l’ordre »

Juste avant son entrée en politique, en 2014, Donald Trump s’était indigné après une résurgence de violences dans le Missouri, théâtre quelques mois plus tôt d’une bavure policière similaire à celle de Minneapolis. « Pouvez-vous imaginer ce que Poutine et tous nos amis et ennemis du monde entier disent des Etats-Unis en regardant l’émeute de Ferguson ? », s’était-il interrogé sur son compte Twitter.

Six ans ont passé, d’autres émeutes parcourent les Etats-Unis, qui peuvent le servir en rassemblant une droite épouvantée autour des mots d’ordre nixoniens de « la loi et l’ordre », mais cette Amérique-là est désormais la sienne.

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31 mai 2020

Donald Trump fait le choix de la guerre froide avec Pékin

trump chaos

Par Gilles Paris, Washington, correspondant, avec Jean-Pierre Stroobants à Bruxelles

Le président américain va lancer le processus de révocation des exemptions accordées à Hongkong. Il a également annoncé vendredi que les Etats-Unis mettaient fin à leur relation avec l’OMS.

Entre la Chine et les Etats-Unis, l’heure est désormais à la guerre froide. Donald Trump l’a acté, vendredi 29 mai, en multipliant les gestes de défiance vis-à-vis de Pékin. Le président des Etats-Unis va ainsi lancer le processus de révocation des exemptions accordées à Hongkong du fait de la remise en cause de son statut spécial par les autorités chinoises.

« Cette décision aura un impact sur l’ensemble des accords que nous avons avec Hongkong », a assuré Donald Trump, qui a qualifié de « tragédie pour le peuple de Hongkong, pour la Chine, et pour le monde entier » les atteintes contre l’autonomie concédée en 1997 par les autorités chinoises, lors de la rétrocession du territoire à la Chine par la couronne britannique. Cette autonomie devait s’étendre pendant un demi-siècle. Pékin « n’a pas tenu sa parole », a assuré le président après le feu vert donné à une loi de sécurité nationale par le parlement chinois. « La Chine a remplacé sa formule promise d’un pays, deux systèmes, par un pays, un système », a-t-il ajouté.

Liens coupés avec l’OMS

Victime collatérale de ces tensions sans précédent entre les deux pays, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a pu que mesurer l’ampleur des dégâts vendredi. Donald Trump a en effet mis à exécution ses menaces de couper les liens avec l’agence onusienne du fait de liens jugés trop étroits avec Pékin. « Nous avions détaillé les réformes qu’ils devaient faire et nous nous sommes adressés directement à eux, mais ils ont refusé d’agir », s’est justifié le président, qui avait adressé un ultimatum à l’organisation. Il a assuré que les sommes versées auparavant par le pays, qui est premier contributeur de l’OMS, seraient réaffectées à d’autres organisations, sans préciser lesquelles.

Le président des Etats-Unis s’est inspiré en outre des suggestions des tenants d’une ligne dure contre la Chine, à commencer par le sénateur républicain de l’Arkansas, Tom Cotton, pour sanctuariser « la recherche universitaire vitale » pour les Etats-Unis, en décidant de suspendre l’entrée de « certains ressortissants de la Chine que nous avons identifiés comme potentiels risques à la sécurité ». Tom Cotton estime que certains étudiants se livrent en fait à des activités d’espionnage. La moitié des 370 000 étudiants chinois présents aux Etats-Unis suivent des études scientifiques.

Enfin, Donald Trump a demandé à son administration d’examiner « les pratiques des entreprises chinoises cotées sur les marchés financiers des Etats-Unis afin de protéger les investisseurs américains ». « Les sociétés d’investissement ne devraient pas soumettre leurs clients aux risques cachés et inutiles présentés par des entreprises chinoises qui ne jouent pas selon les mêmes règles. Les Américains ont droit à un traitement équitable et transparent », a encore souligné le président.

Revirement brutal

La détermination de Donald Trump tranche avec la mansuétude dont il a longtemps fait preuve à l’égard de Pékin. En privilégiant la conclusion d’un accord commercial dans la perspective de l’élection présidentielle, le président des Etats-Unis a été conduit à relativiser l’enjeu de Hongkong en 2019. De même, il a longtemps porté crédit à son homologue, Xi Jinping, pour sa gestion du coronavirus avant d’effectuer un revirement brutal lorsque la maladie a commencé à ravager les Etats-Unis. Contrairement à son vice-président, Mike Pence, qui avait prononcé un discours particulièrement virulent en octobre 2018 contre la Chine, Donald Trump, pourtant prompt à dénoncer « le communisme » et « le socialisme », ne s’est jamais attaqué directement à la nature autoritaire du régime chinois.

Le président des Etats-Unis sait que ce durcissement américain va rencontrer un large écho, au Congrès comme au sein de l’opinion publique. La Chambre des représentants a ainsi voté le 27 mai une proposition de loi visant à sanctionner des responsables chinois accusés de « l’internement de masse » des musulmans ouïgours. Le texte a été adopté à une écrasante majorité de 413 voix pour et seulement une contre. Le Sénat avait déjà approuvé à l’unanimité le texte quelques jours plus tôt. Ce texte attend désormais un paraphe présidentiel qui envenimerait encore davantage des relations entre les deux premières puissances mondiales.

Les décisions annoncées par Donald Trump ne font cependant pas toutes l’unanimité. Celle de couper la contribution américaine à l’OMS est ainsi critiquée par les élus démocrates qui considèrent qu’elle va donner les coudées encore plus franches à Pékin. La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi (Californie), a déploré « un acte de stupidité extraordinaire ». Sa légalité est également contestée s’agissant de fonds votés par le Congrès.

Image négative de la Chine

L’image de la Chine n’a cessé de se dégrader chez les Américains au cours des deux dernières années. Une enquête du Pew Research Center publié en avril a montré que 66 % des Américains en ont une image négative (contre 26 % d’avis contraires). Il s’agit du pire résultat depuis les débuts de ce baromètre, en 2005. En 2017, les avis défavorables ne l’emportaient que de très peu sur les positifs (47 % contre 44 %).

Cette mauvaise image est majoritaire chez les républicains (72 %) comme chez les démocrates (62 %). Elle s’impose dans toutes les classes d’âge, y compris chez les jeunes. Compte tenu de ce terreau propice, il est très probable que les deux principaux candidats à l’élection présidentielle de novembre rivalisent pour le titre de meilleur opposant à Pékin.

Fidèle à l’attitude adoptée depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a choisi de s’engager dans cette guerre froide avec Pékin sans chercher à se concerter avec ses alliés européens. Le haut représentant européen, Josep Borrell, a admis vendredi que la pression chinoise sur Hongkong pose problème. « Notre relation avec la Chine est fondée sur le respect et la confiance mutuels mais cette décision les remet en cause », a-t-il assuré.

Particulièrement prudent, l’ancien ministre espagnol a présenté la Chine comme « une alliée, une rivale, une compétitrice, une actrice systémique » et il n’est pas question à ce stade d’adopter des sanctions réclamées pour l’instant que par la Suède. Il a ajouté que ces tensions ne remettent pas en cause la tenue du prochain sommet entre l’Union européenne et la Chine prévu par visioconférence à la fin juin, et d’un autre, en septembre, à Leipzig.

30 mai 2020

Donald Trump annonce que les Etats-Unis mettent fin à leur relation avec l’OMS

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Depuis le début de la pandémie, le président américain accuse l’organisation onusienne de se montrer trop indulgente avec la Chine.

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé, vendredi 29 mai, qu’il mettait fin à la relation entre son pays et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), agence des Nations unies (ONU) pour la santé publique.

« Parce qu’ils ont échoué à faire les réformes nécessaires et requises, nous allons mettre fin aujourd’hui à notre relation avec l’Organisation mondiale de la santé et rediriger ces fonds vers d’autres besoins de santé publique urgents et mondiaux qui le méritent », a déclaré M. Trump devant la presse.

Apparu dans la roseraie de la Maison Blanche, Donald Trump a annoncé que l’OMS n’avait pas procédé aux réformes qu’il avait demandées au début du mois et que, par ailleurs, l’instance avait fait l’objet de pression de la part des autorités chinoises pour qu’elle induise en erreur le monde entier lorsque le virus a été découvert par les autorités chinoises.

« Marionnette de la Chine »

« La Chine a un contrôle total sur l’Organisation mondiale de la santé, même si elle ne paie que 40 millions de dollars par an par rapport à ce que les Etats-Unis ont payé, ce qui représente environ 450 millions de dollars par an. Nous avons détaillé les réformes qu’elle doit faire et nous sommes engagés directement avec eux, mais ils ont refusé d’agir », a exposé Donald Trump.

Accusant l’OMS d’être une « marionnette de la Chine », où l’épidémie a débuté à la fin de 2019, le président des Etats-Unis, Donald Trump, lui avait donné, le 19 mai, un mois pour obtenir des résultats significatifs.

Depuis plusieurs semaines, le locataire de la Maison Blanche répète que le lourd bilan du Covid-19 – plus de 362 000 morts à travers le monde dont 102 201 aux Etats-Unis – aurait pu être évité si la Chine avait agi de manière responsable dès l’apparition du virus dans la ville de Wuhan.

Il a aussi menacé de rompre toute relation avec la Chine et a assuré qu’il ne souhaitait plus, pour l’heure, parler à son homologue, Xi Jinping. Pékin assure de son côté avoir transmis le plus vite possible toutes les informations à l’OMS.

29 mai 2020

Hong Kong : la Chine sous forte pression américaine et internationale

De la prise de position du président américain Donald Trump à une discussion informelle devant le Conseil de sécurité de l'ONU, la pression internationale monte sur Pékin et sa loi sécuritaire controversée imposée à Hong Kong.

La Chine fait face, vendredi 29 mai, à une levée de boucliers internationaux, en raison de sa volonté d'imposer sa loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie mènent la fronde contre le projet, lequel prévoit de punir les activités séparatistes, "terroristes", la subversion, ou encore l'ingérence étrangère dans le territoire autonome chinois.

Ces quatre pays estiment qu'il s'agit d'une manière déguisée de museler l'opposition hongkongaise et de rogner les libertés dans l’ex-colonie britannique. Ce que dément fermement la Chine.

Ce texte de loi intervient après les manifestations monstres à Hong Kong en 2019 contre l'influence de Pékin, marquées par des actes de violence, et qui ont renforcé un courant pro-indépendance jadis marginal.

Une autonomie remise en cause

La Chine a reproché aux Américains d'avoir jeté de l'huile sur le feu en soutenant publiquement les manifestants. Elle a également accusé les protestataires radicaux de mener des activités "terroristes".

En vertu du concept "Un pays, deux systèmes", Hong Kong bénéficie depuis sa rétrocession à la Chine en 1997 d'une large autonomie, de la liberté d'expression et d'une justice indépendante. Le projet de loi sur la sécurité nationale, qui a reçu l'aval jeudi à Pékin du Parlement national, totalement acquis au Parti communiste chinois (PCC), remet-il en cause l'autonomie hongkongaise ? 

Oui, selon les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont obtenu l'organisation, vendredi d'une discussion informelle au Conseil de sécurité de l'ONU, à huis clos et par visioconférence, ont affirmé à l'AFP des sources diplomatiques.

Les étudiants chinois visés ? 

Dans un communiqué commun, le Canada et l'Australie ont accusé Pékin d'enfreindre ses obligations vis-à-vis de Hong Kong et de ses 7 millions d'habitants. Ils ont exprimé leur "profonde inquiétude" quant à cette loi, qui "limiterait les libertés de la population" et "éroderait (...) de manière dramatique l'autonomie et le système qui l'ont rendu si prospère".

Dans un contexte de fortes tensions Pékin-Washington (Covid-19, Ouïghours, Taïwan...), le président américain Donald Trump a annoncé pour vendredi une conférence de presse où il doit annoncer "ce que nous allons faire vis-à-vis de la Chine". Selon son chef de la diplomatie Mike Pompeo, il pourrait s'en prendre aux étudiants chinois aux États-Unis. 

Le vote du Parlement chinois, jeudi, est intervenu quelques heures après que Washington eut révoqué le statut spécial accordé à Hong Kong, ouvrant la voie à la suppression des privilèges commerciaux américains accordés au territoire autonome.

Mike Pompeo a justifié cette décision par le fait, selon lui, que la Chine ne donne plus au territoire son "haut degré d'autonomie" comme promis dans l'accord sino-britannique signé avant la rétrocession.

'La fin'

La "Loi fondamentale", la mini-Constitution qui préside aux affaires de Hong Kong depuis 1997, oblige les autorités hongkongaises à mettre en place une loi sur la sécurité nationale.

Mais une initiative dans ce sens en 2003 avait provoqué de grandes manifestations et le projet a ensuite été mis sous le tapis. 

Pékin perd désormais patience et s'apprête donc à imposer une législation, s'estimant dans son bon droit en vertu des dispositions de la Loi fondamentale.

Sans surprise, les médias chinois saluaient, vendredi, le feu vert donné à la loi, estimant qu'elle servirait la stabilité et l'autonomie du territoire.

La loi suscite cependant une levée de boucliers à Hong Kong au sein du mouvement d'opposition pro-démocratie.

"C'est la fin de Hong Kong", a déclaré auprès de l'AFP Claudia Mo, députée au Conseil législatif, estimant que Pékin les "dépossède de [leur] âme".

Avec AFP

29 mai 2020

Technologie - Donald Trump attaque les réseaux sociaux

trump versus reseaux sociaux

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Deux jours après que Twitter a signalé deux de ses tweets, le président américain a signé un décret censé limiter la protection dont bénéficient les réseaux sociaux. Mais le texte risque de faire face à de nombreux obstacles juridiques avant d’entrer en vigueur.

Assis dans le Bureau ovale, le ministre de la Justice à ses côtés, Donald Trump a signé jeudi un décret centré sur les réseaux sociaux. “Nous sommes ici aujourd’hui pour défendre la liberté d’expression face à un grand danger”, a-t-il annoncé aux journalistes. Selon lui, des entreprises comme Facebook ou Twitter “peuvent en toute impunité censurer, restreindre, monter, modeler, cacher et altérer toute forme de communication entre des citoyens”.

CNBC remarque que son initiative est “largement perçue par ses critiques comme des représailles contre Twitter”, pendant que TechCrunch parle de “guerre” et CNN d’“escalade spectaculaire”. Mardi, le site de microblogging a ajouté la mention “vérifiez les faits” à deux de ses tweets suggérant que le vote par correspondance générait de la fraude et des élections truquées. Il s’agissait d’une première pour Twitter, très vite accusé par M. Trump de “réduire au silence” les voix des conservateurs.

Le site Business Insider souligne que le décret “cite explicitement” l’incident. “Twitter décide désormais de manière sélective de placer un avertissement sur certains tweets reflétant clairement un biais politique”, dit le texte.

Pour The Verge, Donald Trump “engage une sale dispute avec Internet tout entier”. Le site spécialiste des nouvelles technologies évoque “une proposition extraordinairement ambitieuse, probablement la plus grande tentative de régulation des plateformes”. Cette proposition consiste à réinterpréter la section 230 du Communications Decency Act, “parfois appelée la loi la plus importante d’Internet”, précise The Verge.

Cette loi de 1996, poursuit le site, protège Twitter, Google, Facebook et d’autres de poursuites judiciaires relatives aux contenus publiés sur leurs plateformes et leur laisse une marge de manœuvre significative quant à la modération de ces mêmes plateformes.

L’administration Trump ne peut pas changer la législation toute seule, insiste toutefois USA Today. Une intervention du Congrès est nécessaire si l’on en croit de nombreux experts. Le décret a donc de grandes chances d’être attaqué en justice. “Mais qu’est-ce qui ne l’est pas ?” a commenté le pensionnaire de la Maison-Blanche.

Il est la cible d’une tribune acide dans le Washington Post. Le texte, signé par deux professeurs de droit, note par exemple que “comme d’habitude, Trump se trompe sur la loi, mais cette fois il se trompe encore plus que d’habitude”. Le président américain estime que Twitter trahit la liberté d’expression inscrite dans la Constitution. Or le premier amendement “s’applique au gouvernement, pas aux acteurs privés”, rappelle la tribune.

“L’ironie, c’est que Donald Trump est un grand bénéficiaire de la section 230”, mentionne l’Union américaine pour les libertés civiles, citée par CNBC. “Si les plateformes n’étaient pas protégées par la loi, elles ne prendraient pas le risque d’héberger le compte de Donald Trump et d’être tenues pour responsables de ses mensonges, diffamations et menaces.”

Le président américain va continuer à tweeter

Une tribune du site de NBC News invite à s’inquiéter. “Le président – n’importe quel président – ne devrait pas se servir de sa fonction et du gouvernement américain pour cibler les entreprises du secteur privé qu’il considère comme des ennemis politiques, dénonce le texte. La croisade dangereuse de Trump […] doit être décrite telle qu’elle est : tyrannique.”

Mais, d’après les experts interviewés par ABC News, cette réécriture de la section 230, un texte par ailleurs critiqué depuis des années autant par les démocrates que les républicains mais pour des raisons différentes, n’aura sans doute pas d’effet en fin de compte.

Tout cela ne serait donc que du “théâtre politique”, comme le confie la professeure de droit Kate Klonick à la radio NPR. Une analyse partagée par CNN. Donald Trump cherche juste à entretenir l’idée qu’“il existe une alliance de forces puissantes contre lui dans les médias et qu’il est la seule voix à laquelle ses partisans peuvent se fier”.

“Trump veut se bagarrer avec un grand nom de la technologie plutôt que mettre en place une politique”, confirme The Verge, voyant dans la séquence actuelle un moyen de faire oublier la crise sanitaire liée au coronavirus et montrer qu’il est “prêt à transformer les six prochains mois en campagne d’intimidation”. Le site se demande quel type de réponse offriront les plateformes concernées.

Et justement, Twitter n’a pas plié, avance le New York Times. Le quotidien signale que, mercredi soir, le réseau social a ajouté, comme pour Donald Trump, la mention “vérifiez les faits” à des messages d’un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, ainsi qu’une alerte sur des tweets propageant de fausses informations à propos du policier impliqué dans la mort d’un Afro-Américain à Minneapolis.

Mark Zuckerberg a, quant à lui, déclaré sur Fox News que “choisir de censurer une plateforme par crainte de la censure” ne lui paraissait pas “le meilleur réflexe”. Il a ajouté qu’à ses yeux Facebook et ses concurrents n’avaient pas à devenir “des arbitres de la vérité”. L’expression n’a pas plu à Jack Dorsey, le patron de Twitter.

Si l’initiative de Donald Trump a suscité de multiples critiques, elle a aussi été saluée par le sénateur républicain du Missouri Josh Hawley, rapporte Business Insider. L’ajout d’une mention à un tweet impliquerait une décision éditoriale et, à ce titre, Twitter ne serait plus un forum de discussion mais un média. Dès lors, la protection fournie par la section 230 ne se justifie plus, dit-il.

Pour régler le problème, le sénateur démocrate Chuck Schumer a proposé une solution simple au leader du monde libre : “Rendez-nous service et cessez de tweeter.” Mais Donald Trump n’envisage pas de quitter la plateforme, indique le New York Post. “Si nous avions une presse juste dans ce pays, je le ferais dans la seconde”, a-t-il assuré aux journalistes dans le Bureau ovale.

28 mai 2020

Twitter signale des tweets « trompeurs » de Trump

Twitter a signalé pour la première fois, mardi, des messages de Donald Trump comme « trompeurs ». Le réseau social, souvent accusé de laxisme dans son traitement des propos tenus par des dirigeants, a ajouté une mention « vérifiez les faits » à deux tweets du milliardaire qui affirmait que le vote par correspondance était « frauduleux ». Donald Trump a riposté en menaçant, mercredi, de « réglementer » ou de « fermer » des plateformes de réseaux sociaux.

trump et twitter

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