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Jours tranquilles à Paris
politique
13 mars 2020

Emmanuel Macron vante une « France unie » contre le coronavirus

Par Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié

Le président de la République a annoncé, jeudi soir lors d’une allocution télévisée enregistrée à l’Elysée, différentes mesures, dont la fermeture des établissements scolaires à partir de lundi.

L’Elysée avait promis un président « protecteur » et « rassembleur ». Pour son premier discours depuis le début de la crise du coronavirus, prononcé, jeudi 12 mars, lors d’une allocution solennelle de près d’une demi-heure, c’est un véritable plan de bataille contre la « plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle » qu’a en réalité esquissé Emmanuel Macron. « Je compte sur vous », a répété à plusieurs reprises le chef de l’Etat, comme un général s’adresse à ses troupes avant l’assaut.

A ses yeux, l’heure n’est en effet plus à tergiverser. « Nous ne sommes qu’au début de cette épidémie, et partout en Europe, elle s’accélère », a prévenu le président. « Malgré nos efforts pour le freiner, le virus continue de se propager », a-t-il ajouté, ton martial et regard droit depuis le Salon doré, situé au premier étage de l’Elysée.

Selon le ministère de la santé, 2 876 cas de Covid-19 ont été enregistrés en France depuis l’apparition du virus et 61 personnes en sont décédées. Des chiffres sous-évalués, selon la plupart des experts, pour qui le pic de l’épidémie, requalifiée mercredi en « pandémie » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est encore devant nous.

Face au risque de saturation des services de réanimation dans les hôpitaux, comme en Italie, le chef de l’Etat a donc décrété une sorte d’état d’urgence, même s’il n’a pas utilisé le terme et s’il n’a pas évoqué un passage au stade 3 de l’épidémie qui pourrait intervenir dans quelques jours. Pour protéger les plus fragiles, il a d’abord invité « toutes les personnes âgées de plus de 70 ans », mais aussi « celles et ceux qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires » ou sont « en situation de handicap », à « rester autant que possible à leur domicile ». Une sorte de confinement volontaire destiné à éviter les contacts avec le virus et à ralentir l’épidémie.

De même, Emmanuel Macron a annoncé le report de deux mois de la fin de la trêve hivernale, prévue le 31 mars, pour éviter que des personnes en situation de précarité se retrouvent à la rue. « Je demande au gouvernement des mesures exceptionnelles, dans ce contexte, pour les plus fragiles », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Une décision d’une ampleur inédite

Surtout, le président a provoqué la surprise en annonçant la fermeture « dès lundi et jusqu’à nouvel ordre » de toutes les crèches, des écoles primaires, des collèges, des lycées et des universités. Une décision d’une ampleur inédite en France : selon l’Insee, près de 12,4 millions d’élèves étaient inscrits rien que dans les écoles, les collèges et les lycées à la rentrée 2019, ce qui représente 18,5 % de la population française. « C’est à la fois pour les protéger et pour réduire la dissémination du virus à travers notre territoire », a justifié Emmanuel Macron.

Pour éviter un blocage du pays et permettre aux gens d’aller travailler, le président de la République a assuré qu’« un service de garde sera mis en place région par région » et il a demandé aux entreprises de « permettre à leurs employés de travailler à distance ». « Le déploiement de notre système d’enseignement à distance va s’enclencher pour toute la France », a par ailleurs précisé le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui assurait pourtant, le matin même sur Franceinfo n’avoir « jamais envisagé la fermeture totale » des établissements scolaires.

A l’inverse, et malgré une rumeur qui a alimenté les conversations toute la journée, Emmanuel Macron n’a pas souhaité reporter les élections municipales, prévues les 15 et 22 mars. « J’ai interrogé les scientifiques sur nos élections municipales (…). Ils considèrent que rien ne s’oppose à ce que les Français, même les plus vulnérables, se rendent aux urnes », a expliqué le chef de l’Etat, qui avait réuni, jeudi matin, le conseil scientifique de suivi de la crise du coronavirus, composé de onze médecins et chercheurs, chargés d’éclairer les décisions de l’exécutif.

« J’ai aussi demandé au premier ministre [Edouard Philippe] (…) de consulter largement toutes les familles politiques, et elles ont exprimé la même volonté », a-t-il ajouté, même si les discussions ont été âpres en coulisses et si le chef de l’Etat a longtemps hésité avant de se rallier à la position défendue par Gérard Larcher, le président (Les Républicains) du Sénat, et le chef du gouvernement, pour une fois unis dans le même combat.

Les failles de notre modèle

Mais Emmanuel Macron ne s’est pas contenté d’énumérer les mesures. Il a aussi esquissé ce qui pourrait être le tournant social que lui réclame depuis des mois une partie de ses troupes.

Au-delà de l’annonce de la mise en place d’un « mécanisme exceptionnel et massif de chômage partiel » pour limiter les conséquences économiques de la crise, et du report « sans justification, sans formalité, sans pénalité, [du] paiement des cotisations et impôts dus en mars » par les entreprises, le président de la République s’est ainsi dit déterminé à « interroger le modèle dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour ».

« Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours ou de profession, notre Etat-Providence, ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe », a ainsi défendu le chef de l’Etat, régulièrement présenté par l’opposition comme voulant détruire le modèle social français, notamment à l’occasion de la réforme de l’assurance-chômage ou de celle du système de retraites.

Surtout, Emmanuel Macron s’est dit résolu à « placer en dehors des lois du marché » un certain nombre de biens et de services. « Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie (…) à d’autres est une folie », a-t-il expliqué, sorte de critique en creux de la mondialisation et du libéralisme. « Nous devons en reprendre le contrôle », a-t-il ajouté, une phrase qui n’est pas sans faire écho au slogan « Take back control », utilisé par l’américain Donald Trump, lors de sa campagne victorieuse de 2016.

« Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai », a promis le président, donnant le sentiment d’esquisser le programme qui pourrait le conduire à une prochaine candidature en 2022. A la fin de son discours, Emmanuel Macron a d’ailleurs utilisé la locution « la France unie », qui était le slogan de campagne de François Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1988.

« Mais maintenant, c’est la guerre »

Sans surprise, ce discours a suscité l’enthousiasme de l’aile gauche de la majorité. « C’est clairement un discours humaniste, vraiment à la hauteur. On place l’humain et la santé au-dessus de toutes priorités. On se mobilise sur ce qui nous rassemble. Une orientation qui remet la science au centre et écarte le repli nationaliste », se félicite Guillaume Chiche, député (La République en marche, LRM) des Deux-Sèvres. « Nous aurons des enseignements à tirer sur le monde dans lequel nous vivons. Des services publics à préserver, un modèle de développement à réinventer. Le président prend date », abonde Hugues Renson, vice-président (LRM) de l’Assemblée nationale et ancien conseiller de Jacques Chirac.

Signe que le coronavirus fait bouger les lignes, Edouard Philippe et ses soutiens ont de leur côté remisé le costume de gardiens de l’orthodoxie budgétaire. « Le premier ministre et [le ministre de l’économie et des finances] Bruno Le Maire ont été proactifs sur le plan de relance, il n’y a pas de sujet », affirme un familier des deux hommes. « Quand on est dans un moment de croissance, il est normal de faire des efforts. Mais quand le moteur cale, on ne va pas appuyer sur le frein », assure un conseiller, qui décrit un chef du gouvernement « à l’aise » avec les annonces du chef de l’Etat. « L’orthodoxie budgétaire, c’est pour être plus fort avant la guerre. Mais maintenant, c’est la guerre », a confié Edouard Philippe à son entourage, jeudi soir au retour de l’Elysée.

Parmi les soutiens d’Emmanuel Macron, on se dit en tout cas persuadé que ce discours marquera un tournant dans le quinquennat. « La crise du coronavirus peut être au chef de l’Etat ce que la crise bancaire de 2008 a été pour Nicolas Sarkozy, la révélation que lui aussi tient bon dans la tempête », estime un ministre.

« C’est un discours fondamental. Le président acte une rupture majeure avec la façon dont le siècle passé a fonctionné et il dessine un nouveau modèle français et européen au XXIe siècle, s’enthousiasme Pieyre-Alexandre Anglade, député des Français établis hors de France et porte-parole du groupe LRM à l’Assemblée nationale. Le Covid-19, c’est la crise qui nous fait quitter le XXe siècle et entrer de plain-pied dans le XXIe. »

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2 mars 2020

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1 mars 2020

Réforme des retraites : comment l’exécutif a pris tout le monde par surprise en activant le 49.3

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Par Olivier Faye, Cédric Pietralunga, Manon Rescan

La plupart des députés « marcheurs » qui ne se trouvaient pas en séance, samedi à l’Assemblée nationale, ont appris la nouvelle à la radio ou sur leur smartphone.

De l’avis d’un conseiller ministériel, qui manie l’argot seconde langue, le coup est venu « en loucedé ». « En douce », en bon français. Il est 17 h 26, samedi 29 février, quand Edouard Philippe monte à la tribune de l’Assemblée nationale, à l’issue d’une suspension de séance impromptue. L’opposition s’agite depuis environ une demi-heure quant à la possibilité de voir le gouvernement recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer sans vote la réforme des retraites, bloquée depuis deux semaines au Palais-Bourbon dans des débats qui tournent au ralenti. « Cela s’agite, le 49.3 serait annoncé pour 17 heures ! », a tweeté, à 16 h 43, le député (Les Républicains, LR) du Bas-Rhin, Patrick Hetzel.

Le premier ministre vient confirmer sa prédiction, avec un peu de retard. « Conformément à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution de 1958, et après en avoir obtenu l’autorisation du conseil des ministres du 29 février, j’ai décidé d’engager la responsabilité du gouvernement sur le projet de loi instituant un système universel de retraites », déclare le locataire de Matignon, prenant tout le monde par surprise. L’opération s’est montée en vingt-quatre heures.

Contrer les accusations de censure

Vendredi midi, Edouard Philippe reçoit pour déjeuner son ministre des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, les présidents des groupes La République en marche (LRM) et MoDem à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre et Patrick Mignola, ainsi que les rapporteurs du projet de loi, Guillaume Gouffier-Cha, Jacques Maire, Nicolas Turquois, Corinne Vignon, Carole Grandjean et Paul Christophe. La discussion tourne autour des amendements de la majorité ou de l’opposition que le gouvernement pourrait ajouter à sa réforme en cas d’usage du 49.3. Une manière d’essayer de contrer les accusations de censure du débat parlementaire qui ne manqueront pas de fleurir une fois cette carte abattue.

Autour de la table, chacun connaît le menu des jours à venir, mais pas le timing. « Il était dit que le 49.3 serait utilisé, mais pas quand », raconte un participant. Le ralentissement du tempo opéré en début de semaine par Edouard Philippe a servi à accorder les violons entre l’exécutif et la majorité. « Le président de la République et le premier ministre étaient convaincus depuis une semaine de la nécessité d’utiliser le 49.3, assure un cadre de la Macronie. Il y a eu un jeu d’accordéon qui tenait au souci de préserver l’intégrité de la majorité. »

Edouard Philippe et Emmanuel Macron échangent à nouveau sur le sujet vendredi après-midi. Le chef du gouvernement se rend par ailleurs à l’hôtel de Lassay pour rencontrer discrètement le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. Dans la soirée, un communiqué est envoyé à la presse : un conseil de défense et un conseil des ministres exceptionnels sont convoqués, samedi, au sujet… De l’épidémie de coronavirus. Or, chacun sait que l’activation de l’article 49.3 ne peut intervenir que dans le cadre du conseil des ministres. Mais le pouvoir reste coi. « Ce n’est pas à l’ordre du jour », jure-t-on à l’Elysée et à Matignon.

Au sein de l’exécutif, pourtant, certains sont mis dans la confidence. « Je savais que ça allait être acté au conseil des ministres, mais je ne savais pas quand ça serait déclenché à l’Assemblée nationale », révèle un conseiller. Pas question de laisser fuiter la moindre information qui permettrait à l’opposition de fourbir ses armes.

Battre le rappel des troupes

Samedi matin, les ministres du gouvernement Philippe se retrouvent à l’Elysée. La France s’inquiète de l’expansion du coronavirus, qui a contaminé plus de cent personnes sur le territoire depuis le mois de janvier. Au sortir du conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, et le ministre de la santé et des solidarités, Olivier Véran, annoncent que les rassemblements confinés de plus de 5 000 personnes sont annulés. Le semi-marathon de Paris, prévu dimanche, subit le même sort. Pas un mot, en revanche, sur le 49.3.

Le sujet a pourtant occupé la fin du conseil. Les ministres du travail et de l’éducation nationale, Muriel Pénicaud et Jean-Michel Blanquer, ont détaillé certains aspects de la réforme des retraites dans leurs secteurs respectifs, pendant que celui des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, a rappelé le calendrier lié à l’utilisation du 49.3 : les députés ont 24 heures pour déposer une motion de censure, qui doit être débattue dans les 48 heures suivantes. « On a fait une heure et demie de coronavirus et dix minutes sur l’engagement de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée », relate un participant.

Le précédent conseil des ministres, mercredi, « avait déjà éclusé les débats sur l’obstruction au sein du Parlement », relève cette même source. « Cela faisait un certain temps qu’on savait que cela finirait comme ça, la question c’était quand », reconnaît Sibeth Ndiaye.

Charge est alors donnée à Edouard Philippe de mettre le ballon dans l’en-but. En début d’après-midi, le chef du gouvernement appelle le patron des députés « marcheurs », Gilles Le Gendre, pour le prévenir de sa démarche. Il faut battre le rappel des troupes. Peu après 17 heures, un député en rendez-vous à côté de l’Assemblée nationale reçoit un message de son groupe l’appelant à se réunir au salon Delacroix à l’occasion d’une suspension de séance, injustifiée en apparence. Il voit alors passer le convoi du premier ministre dans la rue. Edouard Philippe se rend directement dans l’hémicycle pour annoncer le recours au 49.3.

La plupart des députés « marcheurs » qui ne se trouvent pas en séance apprennent la nouvelle à la radio ou sur leur smartphone. « Ce n’est pas annoncé avec des tambours et des trompettes, le 49.3 », justifie un ministre.

Accusations d’opportunisme

Le président du groupe LR, Damien Abad, s’étrangle aussitôt de ce « passage en force ». La concomitance de ce choix avec la montée de tension dans tout le pays autour du coronavirus est utilisée par l’opposition. « Chacun connaît maintenant le cynisme du gouvernement, qui se sert de l’aggravation de la crise du coronavirus en le précédant d’une interdiction de rassemblement de plus 5 000 personnes. C’est à se demander si c’est pour protéger les Français ou empêcher les manifestations », attaque la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen. Du bout des lèvres, un membre du gouvernement reconnaît « un hasard malheureux de calendrier ». « C’est une incompréhensible erreur politique, stratégique et institutionnelle », tempête un député LRM influent.

D’autres défendent au contraire ce choix, arguant de la nécessité de voir le texte adopté « avant les grandes vacances », cet été. « C’est un 49.3 amélioré, le premier ministre a ajouté au texte quasiment toutes les priorités des groupes LRM et MoDem, dont certaines recoupent les positions de l’opposition », défend Patrick Mignola. Le déclencher dès maintenant doit permettre, selon ses promoteurs, de laisser une chance au projet de loi organique – qui traite notamment de la gouvernance du futur système de retraite ou encore de la valeur du point – d’être voté par les députés avant la suspension des travaux de l’Assemblée nationale, le 6 mars, pour cause d’élections municipales. « Les discussions ont avancé avec les syndicats, les choses étaient embourbées à l’Assemblée. Il y a un moment où il faut en sortir », estime Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique.

Sur le plateau du « 20 heures » de TF1, Edouard Philippe récuse pour sa part les accusations d’opportunisme : « Ça n’a rien à voir avec le coronavirus. » « J’ai choisi de prendre mes responsabilités », assume le chef du gouvernement, face à « la logique d’obstruction » des députés communistes et « insoumis », qui ont déposé à eux seuls 30 000 des 41 000 amendements sur ce texte. Au bout de deux semaines de débats, la situation était mûre, juge-t-il. « Il faut quand même que les choses avancent dans notre pays », estime le candidat à la mairie du Havre, qui voit dans l’article 49.3 « un instrument offert au gouvernement par la Constitution pour sortir de l’ornière ».

« Ce n’est pas le 49.3 qui est surprenant, c’est le timing, s’étonne néanmoins Bernard Sananès, président de l’institut de sondages Elabe. Au moment où il a besoin de consensus politique sur la gestion de la crise sanitaire, le gouvernement rouvre un front politique. »

Emmanuel Macron, pendant ce temps-là, a passé le plus clair de la journée au téléphone avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, ou encore le président russe, Vladimir Poutine, au sujet du conflit syrien. C’est en tout cas ce qu’ont tenu à faire valoir ses proches. « Le président a laissé la main au premier ministre, il n’a pas le temps, il est concentré sur le coronavirus et la crise en Syrie », assurait, samedi soir, un habitué de l’Elysée.

29 février 2020

Retraites : Edouard Philippe annonce le recours à l'article 49.3 de la Constitution

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Retraites : Edouard Philippe annonce le recours à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le projet de réforme

Cet article permet au Premier ministre d'engager sa responsabilité sur un texte de loi, et de le faire ainsi adopter sans vote du Parlement.

Le Premier ministre a pris sa décision. Samedi 29 février, Edouard Philippe a annoncé aux députés qu'il allait recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le projet de réforme des retraites. Le feu vert a été donné lors du Conseil des ministres extraodinaire, ce samedi. Cet article permet au Premier ministre d'engager sa responsabilité sur un texte de loi, et de le faire ainsi adopter sans vote du Parlement. "Toutes les oppositions sont légitimes, toutes les contestations sont exprimées, mais dans le respect du débat démocratique (...). Je n'ai pas l'impression que ce soit le cas", a lancé Edouard Philippe.

Il y a quelques jours, le Premier ministre avait laissé entendre qu'il se réservait la possibilité d'activer cet article de la Consitution. "Notre objectif" est d'"adopter la réforme avant l'été", avait-il encore rappelé, soulignant qu'à cette fin, une adoption en première lecture est nécessaire en mars à l'Assemblée nationale. Dans un communiqué, les députés MoDem s'étaient dits "prêts à apporter (leur) soutien au gouvernement s'il décide d'utiliser le 49.3, seule porte de sortie possible à ce blocage inconsidéré et dangereux pour notre démocratie". Mais le texte soumis "doit incontestablement être enrichi des avancées déjà discutées entre les partenaires sociaux et le gouvernement" et d'amendements des députés, préviennent-ils.

27 février 2020

Municipales 2020 : le risque d’une « bérézina » pour LRM

Par Alexandre Lemarié

La République en marche a déjà intégré que l’issue du scrutin des 15 et 22 mars ne lui sera pas favorable.

« On va se vautrer », grimace un ministre. « Cela ne va pas être flamboyant », minimise un dirigeant du parti. Avant la date limite de dépôt des candidatures pour les élections municipales, fixée au 27 février, les responsables de La République en marche (LRM) ont déjà intégré que l’issue de ce scrutin ne leur sera pas favorable. Au vu des derniers sondages, le pessimisme domine dans les rangs de la formation majoritaire, où l’on s’inquiète de la faiblesse des intentions de vote en faveur de leurs candidats.

Et pour cause : dans les grandes villes, aucune tête de liste investie par le parti présidentiel n’apparaît en mesure de l’emporter avec la seule étiquette LRM. Partout, ou presque, les candidats macronistes sont largement distancés, en étant donnés le plus souvent en troisième ou en quatrième position à l’issue du premier tour, le 15 mars.

A Lille, Violette Spillebout est ainsi créditée de 14 %, loin derrière Martine Aubry, et le candidat Europe Ecologie-Les Verts (EELV), selon l’IFOP. A Bordeaux, aucun espoir de victoire non plus pour Thomas Cazenave, qui ne recueillerait que 11 %, d’après BVA. Même scénarios, selon l’IFOP, à Metz, avec Richard Lioger (11 %) ; à Grenoble, avec Emilie Chalas (16 %) ; à Perpignan, avec Romain Grau (14 %) ou encore à Nantes, avec Sophie Errante (14 %). La situation est encore plus compliquée à Marseille, où Yvon Berland n’obtiendrait que 8 %, d’après Ipsos. Sans parler de Montpellier (7 %), ou de Saint-Etienne (4 %)…

Dans les métropoles, il n’y a finalement qu’à Lyon que LRM paraît encore en position de l’emporter : Gérard Collomb reste favori pour prendre la tête de la métropole, et son protégé Yann Cucherat conserve des chances de s’emparer de la mairie. Au-delà, le parti nourrit des espoirs de victoire uniquement à Strasbourg, voire à Besançon.

Limiter la casse

A Paris, le remplacement de Benjamin Griveaux par Agnès Buzyn a redonné de l’espoir aux troupes. Même si l’ancienne ministre de la santé reste troisième dans les sondages, certains macronistes rêvent encore d’un succès symbolique dans la capitale, jugée « essentielle », afin de masquer les défaites ailleurs dans le pays. « En 2001, sous Jospin, la gauche au pouvoir s’était effondrée aux municipales mais avait sauvé la face en prenant Paris », rappelle un proche d’Emmanuel Macron.

S’ils espèrent limiter la casse, les stratèges macronistes ne se font pas trop d’illusions. « Ce n’est pas une élection pour nous », répètent-ils, en soulignant que leur formation, née en 2016, « part de zéro » car elle ne compte quasiment aucun maire ou élu municipal. Une faiblesse majeure dans le cadre de ce scrutin local, où la prime aux sortants devrait s’avérer déterminante. « Comme on est entrant, l’exercice est extrêmement difficile », admet un cadre.

« Cela risque d’être une bérézina pour LRM car les déterminants du vote aux municipales – qui reposent sur une alchimie entre le bilan, le projet et l’incarnation –, n’arrangent pas ce jeune parti, qui n’a pas de maires sortants et a peiné à présenter des candidats connus », confirme Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’IFOP.

Entre le conflit social sur les retraites, l’impopularité de M. Macron, l’affaire Griveaux, ou la poussée des Verts… Le contexte national ne facilite pas la tâche des candidats LRM.

Une trentaine de dissidences

Dans certains endroits, la campagne vire quasiment au cauchemar. « Entre les militants CGT et les “gilets jaunes” qui m’insultent quotidiennement, il est très compliqué de mener campagne, se désole la députée (LRM) du Var Cécile Muschotti, tête de liste à Toulon. La mobilisation contre la réforme des retraites est telle que cela rend inaudible mon projet pour la ville. Je ne peux même pas faire une réunion avec mon équipe sans présence policière ! »

Autres facteurs négatifs : les rivalités au sein même de la majorité. Au total, une trentaine de dissidences affaiblissent les candidats officiels de LRM. Outre Cédric Villani à Paris, des guerres fratricides se déroulent également à Lyon, Lille, Villeurbanne (Rhône), Amiens, Annecy, Metz, Le Mans, ou Besançon…

Partenaires au sein de la majorité, LRM et le MoDem s’affrontent eux aussi dans une vingtaine d’endroits, notamment à Marseille, Bordeaux, Saint-Etienne, Toulouse, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), Rennes ou Reims (Marne). Des concurrences internes qui hypothèquent d’autant plus les chances du parti présidentiel.

Ces difficultés expliquent le décalage entre les grandes ambitions des marcheurs au lendemain des européennes de mai 2019, lorsqu’ils imaginaient faire déferler une vague macroniste sur toute la France, et l’humilité actuelle. « Le problème, c’est que beaucoup, chez nous, ont plaqué les résultats des européennes sur les municipales en se disant qu’ils gagneraient facilement mais ce n’est pas la même élection », observe un ministre.

S’appuyer sur des édiles identifiés et implantés

L’époque est loin où l’étiquette LRM semblait suffisante pour conquérir des villes. En septembre 2018, le parti, en position de force, avait ainsi posé ses conditions aux candidats issus d’autres formations : pour bénéficier de son investiture aux municipales, tous devaient soutenir la liste de Nathalie Loiseau aux européennes. Un an et demi plus tard, retournement de situation : c’est plutôt le parti du chef de l’Etat qui a courtisé des maires sortants issus des Républicains (LR) ou du Parti socialiste (PS), afin de les convaincre d’enfiler un maillot LRM…

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur ses 592 têtes de liste dans les villes de plus de 9 000 habitants, le parti a accordé 289 investitures à des marcheurs et 303 soutiens à des candidats « Macron-compatibles » appartenant à d’autres formations. C’est notamment le cas à Angers, Orléans, Amiens, Calais (Pas-de-Calais), Beauvais, Auxerre, La Rochelle…

Un choix dicté par la nécessité de s’appuyer sur des édiles identifiés et implantés, en bonne position pour l’emporter. Le parti espère que ce recours massif à des élus de « l’ancien monde » lui permettra de sauver la face. « Heureusement qu’on a fait ça, confie un cadre. Cela va nous permettre de présenter des victoires de la majorité car sinon, avec nos seuls marcheurs, on risquait le zéro pointé ! »

En attendant le verdict des urnes, les éléments de langage sont déjà prêts pour minimiser l’impact d’une défaite annoncée. A entendre le délégué général de LRM, Stanislas Guerini, la conquête des grandes villes ne serait plus une priorité. Le « critère de réussite » serait désormais de porter à 10 000 le nombre total de conseillers municipaux, afin de combler le manque d’implantation pour les scrutins à venir, en particulier dans l’optique des sénatoriales. Un chiffre finalement assez bas, rapporté au nombre total d’élus municipaux, estimé à plus de 500 000.

Ne pas « nationaliser » l’enjeu

Pas sûr que cet argumentaire permette de masquer une déroute potentiellement handicapante en vue de la présidentielle de 2022. « A l’issue du scrutin, le plus probable, c’est que LRM soit la quatrième force, au total, dans les résultats consolidés. Cela ne peut qu’affaiblir Emmanuel Macron », estime M. Dabi.

Prudent, le chef de l’Etat s’efforce de ne pas « nationaliser » l’enjeu. « Je considère que les élections municipales, ce n’est pas une élection nationale », a-t-il fait valoir, le 15 janvier, en marge de ses vœux à la presse, en reconnaissant la difficulté du scrutin pour son jeune parti. « Considérer qu’on peut du jour au lendemain rafler les municipales comme on gagne les législatives est faux, car l’équation politique n’est pas la même », a-t-il plaidé. Une manière de préparer les esprits à une future déroute.

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25 février 2020

Retraite ?

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19 février 2020

Propos sur la vie privée : Olivier Faure dénonce une «faute grave» de Christophe Castaner

Après les propos du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, tenus ce mercredi matin sur France Inter, concernant sa vie privée, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a décidé de riposter. Il a dénoncé lors d'un point presse organisé cette après-midi devant l'Assemblée nationale : «Christophe Castaner a commis une faute grave. Dès lors, il appartient au président de la République, garant de nos institutions, de convoquer le ministre de l'Intérieur dans les meilleurs délais et d'en tirer les conséquences.»

Dans sa déclaration retranscrite aussi sur son compte Twitter, il s'indigne : «Ce matin une ligne rouge a été franchie. Le fait pour un ministre de l'Intérieur de chercher à intimider l'un des dirigeants de l'opposition en ayant recours à des insinuations relevant de sa vie privée est une atteinte au fondement de la démocratie.» Il ajoute : «Ce n'est pas une affaire personnelle. C'est une question de principes. C'est ce qu'on souhaité dire toutes celles et ceux qui, issus de toutes les familles politiques, ont témoigné de leur indignation. Christophe Castaner a commis une faute grave.» «La vie publique exige de la probité, de la dignité et le respect de l'Etat de droit. Depuis quelques jours, la vie politique a pris un tournant inquiétant», a déploré le député de Seine-et-Marne.

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Olivier Faure - photo ci-dessus

19 février 2020

La lettre politique de Laurent Joffrin - L'élégant Castaner

Le niveau monte… On espérait des politiques une retenue et une prudence verbale proportionnelles au flot d’indignation qui a suivi la diffusion du «revenge porn» fatal à Benjamin Griveaux. La classe politique avait condamné – à juste titre – la méthode indigne utilisée contre le candidat d’En marche à Paris. Arrive Christophe Castaner et sa légendaire subtilité. Voulant répondre à Olivier Faure qui avait critiqué l’imprudence de Griveaux, le ministre de l’Intérieur, avec de lourds souliers à clous, a laissé entendre qu’il en savait beaucoup sur les divorces du Premier secrétaire du PS (dont le public, fort heureusement, se moque comme de sa première capture vidéo).

On aura compris que la réplique se situe aux antipodes de l’élégance. Elle est de surcroît fort mal ajustée : Faure n’avait pas commenté la vie privée de Griveaux mais stigmatisé la maladresse d’un ministre en exercice qui s’expose au chantage en correspondant de manière très crue avec une interlocutrice dont la discrétion n’était en rien garantie. Ce qui n’est pas une leçon de morale privée, mais bien plus une remontrance – très désagréable, certes – sur son comportement ministériel. Faure tapait à l’estomac, mais au-dessus de la ceinture. Castaner frappe nettement au-dessous.

C’est sans doute un penchant irrésistible : les ministres de l’Intérieur se prennent souvent, peu ou prou, pour Joseph Fouché, père spirituel et cynique de la profession. Le ministre de la Police de l’Empire entretenait à grands frais des indicateurs dans tous les milieux, qui lui rapportaient, entre autres, les moindres secrets d’alcôve de ses contemporains, y compris ceux de ses collègues du gouvernement. Il payait même Joséphine, dépensière compulsive, pour pénétrer les faits et gestes les plus intimes de Napoléon, à toutes fins utiles. Du maître policier au maître chanteur, il n’y avait pas loin.

Mini-Fouché, Castaner donne le sentiment, dans son allusion médiocrissime à la vie privée de Faure, de marcher dans ces traces peu reluisantes. Il réussit même à mettre en difficulté son propre camp, qui se présentait jusqu’alors, avec succès, comme la victime d’une manœuvre numérique basse et destructrice. Par nature, le ministre de l’Intérieur sait beaucoup de choses sur ses contemporains. En agitant une menace voilée, il suggère qu’il pourrait, somme toute, les utiliser. On espérait sortir au grand air après cet exercice de porno-politique peu ragoûtant. On replonge dans les caves, en l’occurrence celles du ministère de l’Intérieur. Mais au fait, le ministre, qui n’en est pas à sa première bourde, est-il vraiment à sa place à Beauvau ?

15 février 2020

La macronie secouée par le « séisme politique » de l’affaire Benjamin Griveaux

Par Cédric Pietralunga, Olivier Faye, avec Sofia Fischer et Raphaëlle Besse Desmoulières

Au-delà des municipales, cette annonce vient entraver l’opération de reconquête de l’opinion publique qu’Emmanuel Macron venait de lancer pour sortir du marasme généré par l’interminable réforme des retraites.

De l’avis d’un député marcheur, l’annonce du retrait de Benjamin Griveaux de la course à la Mairie de Paris, vendredi 14 février, a agi comme un « séisme politique » pour la majorité et l’exécutif. Impossible de réserver de la « bande passante », comme on dit en macronie, pour autre chose tant l’événement secoue le pouvoir en place. De par son caractère inédit, d’abord : l’immixtion d’une affaire privée – la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo intime du candidat – dans le débat public aura rarement eu un tel impact politique. De par la personnalité du protagoniste, ensuite : Benjamin Griveaux est depuis bientôt quatre ans l’un des visages les plus connus de l’aventure ayant conduit Emmanuel Macron à l’Elysée.

Impossible, dans ces conditions, de mener une activité politique tout à fait normale. Vendredi matin, le premier ministre, Edouard Philippe, qui présentait une partie des candidats figurant sur sa liste pour les élections municipales au Havre, s’en est même agacé. « La décision prise par Benjamin Griveaux, je la respecte, j’aurai l’occasion de lui exprimer directement ma sympathie et mon soutien. Mais comme il ne vous a pas échappé, et comme peut-être trouvez-vous un peu frustrant, lorsque je suis au Havre, je parle du Havre », a-t-il lancé à la presse. Quelques minutes plus tard, le chef du gouvernement affinait son propos via Twitter : « Je pense à Benjamin Griveaux qui a pris une décision en conscience. Une décision difficile. A présent, il est urgent de laisser l’homme et sa famille en paix ».

« Décision extrêmement courageuse »

Le même inconfort habitait Sibeth Ndiaye et Marlène Schiappa, en milieu de journée, au ministère de la santé, où les deux femmes avaient rejoint leur collègue secrétaire d’Etat, Laurent Pietraszewski, pour parler des retraites en présence de députés. Lors du point presse organisé à l’issue de la rencontre, c’est la première, porte-parole du gouvernement, qui s’est acquittée de la tâche délicate de poser des mots sur cette « décision extrêmement courageuse » de M. Griveaux. « Une décision qu’il a prise seul, ou tout du moins dans un cercle intime familial », a souligné cette proche de l’ancien porte-parole du gouvernement, tout en dénonçant « une campagne de bassesse » et de « boules puantes ».

Visage fermé, Mme Schiappa s’est, quant à elle, éclipsée sans s’exprimer sur le sujet. Pressentie comme un possible recours, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, qui figure sur la liste de La République en marche (LRM) dans le 14e arrondissement de Paris, a fait savoir qu’elle ne comptait pas remplacer M. Griveaux. « Non », avait-elle répondu, un peu plus tôt, lunettes de soleil sur le nez, face aux caméras qui l’interrogeaient sur une possible candidature comme tête de liste.

Sa collègue ministre de la santé, Agnès Buzyn, déjà présentée ces derniers mois comme un possible « plan B » pour remplacer M. Griveaux, s’est montrée quant à elle moins catégorique. « Je n’ai pas de commentaire utile à faire sur cette histoire. Ça n’est ni le lieu ni le moment pour penser à ça », a-t-elle déclaré en marge d’une visite à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône), où des Français rapatriés de Wuhan, centre de l’épidémie du coronavirus en Chine, sont logés. Relancée par une journaliste au sujet d’une possible candidature, Mme Buzyn a éludé : « Je n’y ai pas réfléchi. » L’hypothèse serait en tout cas appréciée au sein de la majorité. « Le nom d’Agnès revient régulièrement », souligne une figure de la macronie.

Le candidat sera connu en début de semaine prochaine

Tout au long de la journée, de 12 h 30 à 20 h 30, le délégué général de LRM, Stanislas Guerini, a tâché pour sa part d’organiser la suite en recevant des cadres de la campagne parisienne, ainsi que des membres de la commission d’investiture du parti ou des représentants de mouvements partenaires des macronistes. Avec un objectif en tête : aller vite. Une nouvelle réunion devait se tenir, samedi, au siège du parti pour poursuivre les négociations. Dans un communiqué diffusé vendredi soir, M. Guerini a assuré vouloir que le nom « du/de le/la candidat(e) choisi(e) pour porter le projet de la majorité présidentielle à Paris soit connu, au plus tard, en début de semaine prochaine ».

« Il y a deux scénarios, décrypte un ténor de la majorité. L’un acte le grand risque de défaite, et vise juste à faire en sorte d’avoir une campagne digne. Le deuxième, qui a moins de chance de se produire, vise à renverser la table. » En clair, à réaliser un rassemblement plus large que celui initialement prévu autour de Benjamin Griveaux, en incluant le dissident macroniste Cédric Villani ainsi que les écologistes. Un scénario qui aurait l’heur de plaire à l’ex-secrétaire d’Etat et député LRM de Paris, Mounir Mahjoubi, présenté comme un potentiel recours. « Beaucoup de marcheurs me demandent d’être candidat. Mais ce candidat ne sera pas que celui d’En marche, c’est un candidat du rassemblement », a-t-il souligné.

Des contacts entre l’équipe de Cédric Villani et LRM ont en tout cas eu lieu vendredi. Selon un haut cadre de la macronie, les chances de les voir aboutir seraient minces, néanmoins. Un autre scénario évoqué mènerait, quant à lui, à une candidature de la maire (ex-Les Républicains) du 9e arrondissement de Paris, Delphine Bürkli.

L’opération de reconquête de l’opinion publique entravée

Au-delà des municipales, cette affaire vient entraver l’opération de reconquête de l’opinion publique qu’Emmanuel Macron venait de lancer pour sortir du marasme généré par l’interminable réforme des retraites – le texte doit arriver en séance publique à l’Assemblée nationale, lundi. Lancé dans une précampagne présidentielle en vue de 2022, le chef de l’Etat comptait alterner ces prochaines semaines les séquences liées à l’écologie, pour reconquérir l’électorat de centre gauche, comme il l’a fait jeudi sur les pentes du mont Blanc, et d’autres consacrées au régalien, pour conforter les électeurs de centre droit. Le président de la République doit notamment se rendre à Mulhouse, mardi 18 février, pour commencer à décliner son plan de lutte contre le communautarisme.

L’Elysée a bien senti le danger, et assure que M. Macron n’entend pas procrastiner malgré la violence du coup qui lui a été porté. « Le président est concentré sur les deux chantiers prioritaires que sont l’écologie et le régalien. Il est le chef de l’Etat, il doit continuer à avancer, il ne peut pas s’attarder sur des péripéties politiques, quand bien même elles touchent un de ses grognards historiques, tombé comme d’autres avant lui au champ d’honneur », assure un conseiller.

Des propos repris en cœur au sein de la majorité, où l’on plaide pour ne rien changer à l’agenda de l’exécutif, voire à l’accélérer « On ne peut pas rester là-dessus pendant une semaine, on doit avancer », estime ainsi Aurore Bergé, députée (LRM) des Yvelines, pour qui cette affaire Griveaux doit néanmoins « nous interroger sur ces méthodes de déstabilisation et le risque sur la présidentielle ». « Je prie pour que la société politique et médiatique ait la réaction adaptée à cet événement. Il faut organiser un cordon sanitaire autour de la société démocratique », abonde Gilles Le Gendre, président du groupe LRM à l’Assemblée nationale.

D’aucuns, en tout cas se félicitent, du mouvement de désapprobation général, du chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon à la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen, qui s’est exprimé face à la divulgation des vidéos de M. Griveaux. « Il y a un sentiment de nausée. Cela fait longtemps qu’on est sur les questions de violences, d’incivilités, de la dégradation du débat. Si on se dit tous que le torrent de boue des réseaux sociaux ne peut pas être la norme, il y aura peut-être un débat sain là-dessus », veut croire un conseiller de l’exécutif.

Restera, alors, à tourner la page très vite pour Emmanuel Macron. « Cela va écraser l’actualité trois jours et ensuite ça ira », veut croire un stratège de la majorité. Un optimisme que d’autres élus douchent volontiers. « La majorité a besoin d’oxygène. Une fois terminés les épisodes des municipales et des retraites, il faudra ouvrir rapidement la nouvelle page proposée par le président de la République pour repartir sur une dynamique positive, estime un député LRM. Là, nous sommes entraînés dans une spirale assez sombre dont on n’arrive pas à sortir… »

13 février 2020

Comment protéger le mont Blanc et son écosystème ?

mer de glace

Emmanuel Macron présentera, jeudi, des mesures en ce sens, après avoir visité la mer de Glace, dont la fonte est l’illustration spectaculaire de l’impact du réchauffement en France.

Après une nuit en altitude, Emmanuel Macron visite, jeudi matin 13 février, la mer de Glace, pour illustrer les dégâts du réchauffement climatique et promouvoir le virage écologique annoncé pour la suite du quinquennat.

Mercredi soir, le chef de l’Etat a emprunté le petit train qui monte jusqu’au célèbre glacier, accompagné d’un groupe d’experts et de responsables associatifs, pour discuter de l’impact du réchauffement. Il détaillera jeudi, à Chamonix, des mesures de protection du mont Blanc.

Emmanuel Macron a présidé mercredi à l’Elysée un conseil de défense écologique. A la sortie, Elisabeth Borne, ministre de la transition écologique, a confirmé une extension des parcs naturels et des mesures d’adaptation aux inondations.

L’Etat s’engage aussi à des pratiques écoresponsables : forfait annuel de 200 euros pour inciter les fonctionnaires au vélo ou au covoiturage, arrêt des achats d’objets en plastique à usage unique, parkings à vélos et bornes électriques sur ses sites. Le conseil a également annoncé la création d’une aire protégée du site du mont Blanc d’ici à la fin de l’année. Des mesures que les associations écologistes ont globalement jugées insuffisantes.

Pour son dîner mercredi dans l’hôtel surplombant la mer de Glace, Emmanuel Macron a réuni notamment le climatologue Jean Jouzel, la biologiste Camille Parmesan et la spécialiste de la biodiversité Anne Larigauderie, de l’IPBES, qui a publié l’an dernier un rapport glaçant sur la disparition des espèces.

Autour de la table se trouvaient aussi des dirigeants d’associations comme Michel Dubromel, président de France Nature Environnement, et des personnalités, dont l’explorateur-aventurier sud-africain Mike Horn, de retour du Pôle nord où il a alerté sur la fonte des glaces. Mike Horn revient aussi du rallye du Dakar, honni des écologistes.

macron mont blanc

Jeudi matin, le président descendra les 500 marches qui mènent au célèbre glacier, alternance de roches grises et de glace vive bleutée, dont la fonte accélérée ces dernières années — plus de 120 mètres de glace perdus en un siècle — est l’illustration la plus spectaculaire de l’impact du réchauffement en France.

Des mesures de protection du mont Blanc

Il doit ensuite détailler, à Chamonix, des mesures de protection du mont Blanc et de son écosystème, menacés par la surfréquentation et les incivilités. Le massif, qui culmine à 4 809 m, sera davantage protégé par l’entrée en vigueur d’un arrêté préfectoral de protection naturelle.

Ces derniers étés, plusieurs incongruités ou dégradations ont émaillé les ascensions du mont Blanc, dont les pentes attirent chaque année 20 000 visiteurs : l’atterrissage d’un avion de tourisme non loin du sommet pour que deux alpinistes suisses n’aient plus qu’à gravir les derniers mètres, un Britannique qui avait monté un rameur sans réussir à le redescendre, des Lettons qui avaient tenté de monter un mât de 10 mètres pour y faire flotter leur drapeau… Les autorités ont également décidé de rendre obligatoire la réservation en refuge, pour lutter contre les bivouacs sauvages.

M. Macron s’arrêtera ensuite à Saint-Gervais-les-Bains, pour déjeuner avec les élus locaux. Avec les associations locales, ils veulent l’interpeller sur la pollution entraînée, dans cette vallée de l’Arve, par le passage de trop nombreux poids lourds. Laurent Wauquiez, président de région, avec le maire de Chamonix, Eric Fournier, soutenu par La République en marche, lui ont demandé dans une lettre ouverte de réglementer les camions les plus polluants dans le tunnel du Mont Blanc et de développer le ferroviaire dans la vallée.

« Je ne peux pas interdire aux camions de passer », a répondu le chef de l’Etat au Dauphiné libéré, préconisant une politique européenne de renouvellement du parc, pour éviter de pénaliser les seuls routiers français.

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