Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
31 janvier 2020

A Angoulême, Emmanuel Macron pose avec un tee-shirt dénonçant les violences policières

macron et la BD

Le tee-shirt représente un Fauve (les récompenses attribuées à Angoulême) éborgné. Sous le dessin, il est écrit : « LBD 2020 », référence au lanceur de balles de défense.

S’il faut retenir une seule image de la visite d’Emmanuel Macron au Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême, jeudi 30 janvier, ce sera donc elle : le président de la République tout sourire, tenant entre les mains un tee-shirt représentant la mascotte de la manifestation avec un sparadrap sur l’œil. Un intitulé accompagne le dessin : « LBD 2020 », double allusion au label « BD 2020 », placé sous l’égide du ministère de la culture, et au lanceur de balles de défense (LBD), arme de force intermédiaire ayant provoqué de nombreuses blessures graves pendant les manifestations des « gilets jaunes ».

Aux côtés du président, le dessinateur Jul sourit également, tout heureux d’avoir vu le chef de l’Etat accepter ce cadeau de fin de repas. La scène se déroule dans le restaurant de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, où Emmanuel Macron déjeunait avec plusieurs auteurs et éditeurs, invités à évoquer la précarisation des professionnels du secteur. Rapidement diffusé sur les réseaux sociaux, le cliché n’est pas sans en évoquer un autre, pris lors d’un séjour aux Antilles en septembre 2018, où le président posait avec deux jeunes de l’île de Saint-Martin, dont l’un faisait un doigt d’honneur. L’image avait déclenché une polémique en métropole.

Le chat de Trondheim éborgné

Tout, ici, est parti d’une « blague », lancée par le même Jul, le 18 décembre 2019, lors de la conférence de présentation de l’année de la bande dessinée, au ministère de la culture. Parrain de la programmation, le caricaturiste avait pris la parole pour dire que, si 2020 serait l’année de la BD, 2019 avait été celle du LBD. Sur Internet, un collectif de dessinateurs avait ensuite détourné la mascotte du Festival d’Angoulême – un petit chat, créé par Lewis Trondheim – en l’éborgnant.

Peu s’en fallut, jeudi, pour que Jul n’accède pas au déjeuner présidentiel avec son tee-shirt imprimé du fauve mutilé. Un policier lui confisqua en effet l’« objet, considéré comme séditieux », raconte-t-il : « J’ai dû gueuler pour le récupérer. »

Lors du repas, Jul s’écarta du débat central portant sur le statut des auteurs pour jouer son rôle de trublion et rappeler « que la bande dessinée est aussi une caisse de résonance du monde qui l’entoure ». Reprochant à M. Macron de ne pas « être au rendez-vous de l’histoire » et des promesses de changement que laissait entrevoir son élection, l’ancien caricaturiste de presse a notamment évoqué l’impuissance des pouvoirs politiques face aux enjeux environnementaux et la recrudescence des violences policières. « Vous êtes sûr de faire la photo ? », a-t-il demandé au chef de l’Etat après lui avoir offert son présent – juste avant d’alimenter son compte Twitter.

« Jul a voulu dire que les auteurs avaient leur liberté »

« C’est aussi parce que nous sommes une société libre que le président de la République peut accepter de poser avec un tee-shirt où il y a quelque chose avec lequel il n’est pas d’accord », a affirmé Emmanuel Macron, en évoquant « une société dans laquelle on est en train d’exiger de chacun le respect et la civilité et où on peut dire que la violence est interdite ».

Interrogé plus tard par la presse, le président s’est refusé à incriminer le dessinateur : « Jul a voulu dire que les auteurs avaient leur liberté et le droit de dire ce qu’ils veulent en dehors de [leurs] problèmes. »

La visite s’est poursuivie comme si de rien n’était pour le chef de l’Etat. Aux deux expositions prévues à son agenda, il a ajouté une cérémonie de remise des prix, au théâtre de la ville, où étaient décernées les distinctions de la BD jeunesse. Son discours d’une vingtaine de minutes, célébrant la bande dessinée comme un « art majeur », a été vivement applaudi par l’assistance, composée principalement d’auteurs et d’éditeurs.

macron et la BD01

Publicité
Commentaires
Publicité