Deborah de Robertis
Dimanche 19 Mai au Parlement Européen,enceinte de l'Europe et du Monde, accompagnée des Etoiles de l'Union, nous avons déversées du véritable sang de porc au coeur de l'hémicycle. Regards froids pour confronter les politiques à leur inertie patriarcale.
#Europeiswatchingyou👁
Extrait du Manifeste d’Europe. (Texte entier dans la vidéo officielle)
"Je suis Europe, devant vous toute puissante,
Je m'arrache au mythe.
Je suis toutes les origines, je suis homme et femme,
Et j'annonce l'aube d'un nouveau cycle.
Femme-monde et lanceuse d'alerte, j'ouvre mon sexe et j'avorte mes entrailles.
Je vous ordonne d'inverser le point de vue,
Ce n'est pas le monde qui nous porte, c'est nous qui portons le monde!
Moi, souveraine, putain, mère originelle de la lignée des Hommes.
Déesse bâtarde à la vulve monstrueuse et dégoulinante,
Je vous laisse entrevoir les ténèbres.
La fin possible d'un monde.
Déesse bleue polymorphe couronnée d’ étoiles dorées
Je porte en mon sein le devenir de l'humanité.
Avec moi, j’appelle les déesses du monde entier à ouvrir leur sexe.
Ensemble jouissons à la gueule des dieux égarés, des politiciens aveuglés par la brume des sommets.
J'expose aux dirigeants ce trou noir duquel tous sont sortis."
Teaser Ici: https://vimeo.com/337136134
VIDEO OFFICIELLE coming soon 🌍🌎🌏
#Humanityiswatchingyou
Performeuses : Abigail Tiecoura Bly Vy Vie Mks Angie S-Wolf Laure Pepin Maja Kaïa
Photo : Greg looping & Guillaume Billy Arnaud
Vidéo : Victor Carril Alexandre Carril @Tom Chabbat
Participation : Ksenia Oksman , Cyprien // liscence DR, photo Guilliaume Belveze
Deborah de Robertis
TEASER #Europeiswatchingyou from Deborah De Robertis official on Vimeo.
A Liverpool, cent garçons dans le vent
«Another Place», l'installation de l'Anglais Antony Gormley, a d'abord voyagé à travers l'Europe, avant de se fixer à Crosby Beach, occupant un peu plus de trois kilomètres de plage. Photo Amanda Slater. Flickr
Plantées dans le sable de Crosby Beach, cent statues en fer de l’artiste Antony Gormley raniment depuis 2005 la côte nord-ouest du pays.
A Liverpool, cent garçons dans le vent
On vient à Liverpool principalement pour deux raisons : les Beatles et le football. Le port épuisé du nord de l’Angleterre a beau avoir entamé la transformation de ses docks, accueilli une antenne de la Tate et toutes les enseignes du shopping mondialisé, il reste une destination touristique de seconde zone, une ville pauvre où les briques rouges s’effritent dès que l’on s’éloigne des rues les plus passantes. C’est d’ailleurs là que se trouve son charme débraillé.
Mais, pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un ticket pour le stade d’Anfield Road ou qui préfèrent éviter la visite d’un faux Cavern Club (où les Beatles ont débuté) reconstruit en moche à 30 mètres de l’original, Liverpool cache depuis 2005 l’une des balades les plus atypiques de ce bout de côte anglaise : cent garçons dans le vent marin sculptés dans le fer et plantés dans le sable de Crosby Beach, une plage qui n’avait jusque-là rien pour elle.
Industrie.
Un rapide coup de train depuis l’une des gares du centre de Liverpool, en direction du Nord, mène le voyageur à travers un infini de maisonnettes fragiles avec jardinet jusqu’à Waterloo - l’autre -, une petite ville posée au niveau de l’embouchure du fleuve Mersey qui relie Liverpool à la mer d’Irlande. De là, on descend jusqu’à la dune pour découvrir un paysage qui s’éparpille entre industrie et nature nue.
A gauche, devant les premières grues et les premiers hangars qui annoncent le port de Liverpool, un ferry P&O croise vers Belfast ou l’île de Man, doublé par un porte-conteneurs venant d’on ne sait où. Un peu plus loin, un bouquet d’éoliennes tourne sans se forcer. A droite, la lande anglaise commence à se dessiner en même temps que la ville s’éteint. Et partout, sur la plage qui longe ce paysage frontalier, des formes humaines nues au regard, figées face à la mer. Certaines sont proches, d’autres ont déjà de l’eau jusqu’au torse, d’autres encore se confondent avec la silhouette des marcheurs du jour. Ce sont les cent statues posées là en 2005 par l’artiste anglais Antony Gormley, déjà bien connu dans son pays pour avoir dessiné près de Newcastle une gigantesque statue ailée, l’Ange du Nord.
Sortie du dimanche.
Pour l’œuvre installée sur le sable de Crosby Beach, nommée Another Place, Gormley a fait réaliser 17 moulages de son propre corps, à taille réelle, légèrement différents dans leur posture. C’est donc cent fois lui qui regarde sans ciller les ferries et les navires de commerce passer depuis bientôt dix ans. Avant d’être scellées au nord de Liverpool, ses statues ont visité l’Allemagne, la Norvège et la Belgique. Elles auraient dû continuer leur périple vers New York, empruntant symboliquement la route atlantique des immigrants qui ont quitté la vieille Europe pour les Etats-Unis ; mais l’alchimie s’est révélée trop parfaite avec ce coin d’Angleterre. Leurs carcasses de fer vouées à rouiller dans les embruns et leur visage fièrement posé sur l’ailleurs, par-delà les activités polluantes des hommes, parlaient la langue des promeneurs d’ici mieux qu’ailleurs. Elles leur disent que tout cela n’est qu’une folie et retournera tant bien que mal à la nature.
Après deux ans de débats, les statues ont donc gagné le droit de rester immobiles pour toujours. Mais cela n’a pas été si facile : elles ont été accusées d’être indécentes, de polluer et surtout de gêner la reproduction des oiseaux du coin. Certaines ont finalement été déplacées pour respecter les nids, et aujourd’hui, les statues s’ébrouent sur un peu plus de trois kilomètres de plage qui sont devenus une sortie du dimanche prisée par les familles. «Je suis contente qu’elles soient encore là, nous disait Emma Williams, autoproclamée «ancienne» de Waterloo, qui vient souvent s’asseoir là pour dessiner le paysage perturbé. Avant, la plage était un peu triste. Aujourd’hui, elle est triste, mais elle a une âme.»
Qu’il fasse beau ou que la pluie et le vent viennent boucher le panorama, on y chemine dans une hallucination permanente face à ces corps qui semblent en train de prendre l’eau au loin. Chaque statue portant à son poignet droit un numéro de rang, les enfants s’amusent à chercher celle qui porte le numéro 1 en marchant sur cette plage où l’on se baigne rarement. L’eau est froide même en été, mais, surtout, les courants sont violents et les grandes marées laissent un peu partout des zones de sable dangereuses gorgées d’eau. On y oublie donc bien vite la ligne droite pour serpenter en rêvant entre ces veilleurs évocateurs de mille voyages, posés là non pas pour être regardés, mais pour accompagner le regard.