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Jours tranquilles à Paris
16 mars 2018

Amoco. Les Bretons marqués à jamais - 16 mars 1978

Le 16 mars 1978, la coque de l'Amoco Cadiz se déchirait sur les rochers de Portsall. Alain Quivoron, patron de la SNSM du port et Jean-Jacques Le Lann, président de la station de sauvetage, se souviennent avec précision des journées qui ont suivi le naufrage. Ces deux Portsallais avaient 18 ans à l'époque et étaient littéralement bouleversés de découvrir leur littoral souillé de la sorte.

« Je m'en souviens comme si c'était hier. J'étais à l'école de Maistrance, à Brest. C'était le vendredi 17 mars. L'Amoco s'était échoué la veille vers 22 h. Au petit matin, une très forte odeur de gazole flottait sur la ville. Ça sentait jusqu'à Crozon, raconte Alain Quivoron, dans les locaux de la SNSM à Portsall, à quelques centaines de mètres des lieux du naufrage. Ce jour-là, de nombreuses personnes sont allées vérifier que leur cuve à fuel ne fuyait pas. Mais non, c'était l'Amoco qui perdait sa cargaison ».

Alain raconte qu'il est arrivé en soirée à Portsall et qu'il s'est rendu immédiatement sur le port pour se rendre compte de visu de l'ampleur de la catastrophe. « La mer était couleur chocolat au lait. J'ai pris une poignée de gravillons et je l'ai jetée sur la nappe. Les cailloux restaient en surface. C'était impressionnant ».

Un laissez-passer pour les habitants

Toute la journée, les radios et les télés ont relayé l'information. Dans les heures et les jours qui ont suivi, de trop nombreux curieux arrivaient à Portsall. Il faut dire que la proue du supertanker qui sortait de l'eau offrait un spectacle saisissant.

« C'était comme une immense cathédrale qui sortait des flots, poursuit Alain Quivoron. Très vite, les autorités ont donné aux habitants des laissez-passer pour écarter celles et ceux dont la présence gênait les opérations de nettoyage. L'armée de Terre avait établi des barrages et gérait la situation ».

Alain Quivoron dit qu'au début, tout le monde pensait que les stigmates de la catastrophe resteraient à jamais gravés sur la côte. « On ne s'est pas découragé pour autant. Très vite, on s'est mis au boulot. Comme c'était le début des vacances scolaires, les jeunes de la commune ont retroussé leurs manches. Mon père, qui était entraîneur de foot, avait constitué une équipe avec ses joueurs. J'en faisais partie. On a commencé à nettoyer la plage de Porz ar Vilin Vraz », juste en face du pétrolier agonisant.

Les huîtres à l'abri dans le Cotentin

La tâche était rude. Surtout qu'à chaque marée, le pétrole venait à nouveau souiller les zones nettoyées la veille. « On avait des bidons de 200 litres. On les remplissait à l'aide de seaux avec lesquels on raclait la surface. Le système D. Et ça marchait ». Jean-Jacques Le Lann écoute religieusement. Lui se trouvait à Cherbourg (Manche) quand la catastrophe s'est produite. « J'étais dans la Marine nationale. On a appris ça à la radio, à 7 h du matin. J'étais sidéré. Quelques heures plus tard, j'étais rentré. Contrairement à Alain, je n'ai pas participé au nettoyage des plages. On a été réquisitionné pour mettre à l'abri, dans le Cotentin, les poches d'huîtres des abers qui risquaient d'être recouvertes de pétrole ». Jean-Jacques est persuadé que c'est la mer d'Iroise qui a fait une très grande part du travail de nettoyage. « Elle est d'une force inouïe. Quelques mois plus tard, on ne voyait presque plus rien. Juste quelques petites irisations en creusant le sable ».

Un mal pour un bien

Alain et Jean-Jacques n'ont jamais plongé sur l'épave. « En revanche, on la voit très bien au sondeur quand on passe au-dessus. La remontée est très impressionnante ». Les deux hommes sont persuadés que cet épisode de l'Amoco a été un mal pour un bien. « Le choc a été tel qu'en termes de sécurité maritime tout s'est mis en place rapidement. Il était grand temps ».

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15 mars 2018

In memorem - AUSCHWITZ

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Ces photos Czesława Kwoka prise dans le camp d'Auschwitz en 1943 ont été colorisée par l'artiste brésilienne Marina Amaral. — DR - Marina Amaral

Le 12 mars 1943, Czesława Kwoka, une adolescente polonaise de 14 ans a succombé, à Auschwitz (Pologne), à une injection de phénol dans le cœur. « Selon le témoignage d’un survivant [du camp de concentration et d’extermination], Wilhelm Brasse, (…) elle a été battue par l’un des gardes », précise le Mémorial d’Auschwitz qui a posté mardi sur Twitter, soixante-quinze ans après sa mort, des portraits de la jeune fille photographiée juste après qu’elle a été rouée de coups.

Une série de clichés qui a été colorisée par l’artiste brésilienne Marina Amaral. Cette dernière s’est également exprimée sur Twitter : « Czesława Kwoka avait seulement 14 ans, mais elle était plus courageuse que je ne le serai jamais. Si je me fais une petite coupure au doigt, c’est la fin du monde. Elle, a été tabassée par un kapo, mais elle a l’air si forte. Cela m’est apparu encore plus réel et puissant après que j’ai colorisé les ecchymoses et le sang sur son visage. »

Sur la version en couleur de l’image, le triangle cousu sur la tenue de la jeune fille est rouge. « Czesława était considérée comme une prisonnière politique car elle vivait à Zamosc. Elle est restée dans le camp seulement trois mois avant d’être tuée – moins d’un mois après sa mère, Katarzyna Kwoka, qui a connu le même sort », informe Marina Amaral.

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« Regardez les yeux de Czesława »

« Je crois fermement au pouvoir que revêt le fait de voir des visages comme celui de Czesława en couleurs, explique l’artiste. Comme je l’ai souvent dit, il est bien plus facile de s’identifier à ces personnes une fois que l’on comprend et qu’on les VOIT comme de vrais êtres humains. Cela peut paraître absurde. Mais s’il est nécessaire d’en passer par là pour apprendre quelque chose et se sentir plus intimement concerné, alors, qu’il en soit ainsi. (…) Cela n’a rien à voir avec moi ou mon travail mais avec le pouvoir qu’ont les couleurs de nous faire comprendre que ces gens qui vivaient des centaines d’années avant nous avaient aussi des familles, des amis et des rêves et ont vécu des moments difficiles – tout comme nous. Regardez les yeux de Czesława. »

Le tweet du Mémorial d’Auschwitz a suscité des centaines de commentaires, a été retweeté plus de 7.500 fois et "favorisé" par plus 36.400 personnes. Les réactions confirment ce qu’explique Marina Arabal. « Absolument déchirant », avance une internaute quand un autre compare ces images à celles, actuelles, « du génocide des Rohingyas, des crimes de guerre syriens, de la brutalité policière envers les Afro-Américains. Ce regard est obsédant.

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L’artiste signale que si elle a pu faire ce travail de colorisation, c’est parce que cette photo est tombée dans le domaine public et qu’elle ne réitérera l’expérience que si elle a la permission de le faire. Marina Amaral s’est fait une spécialité de faire passer à la couleur des photographies historiques, qu’il s’agisse d’un portrait de Lincoln ou d’images du Débarquement.

14 mars 2018

Mort de Stephen Hawking

Astronomie - Nécrologie : Le physicien Stephen Hawking, auteur d’« Une brève histoire du temps », est mort à 76 ans

Par Pierre Le Hir, avec Pierre Barthélémy - Le Monde

Paralysé par une maladie dégénérative depuis les années 1960, le scientifique britannique, spécialiste des trous noirs, était le plus connu du grand public.

Il a quitté le fauteuil roulant où était cloué son corps souffreteux pour rejoindre, peut-être, une dimension de l’espace-temps où son esprit vagabondait avec une absolue liberté. Le physicien et cosmologiste britannique Stephen Hawking, le plus célèbre scientifique contemporain, est mort à 76 ans, a annoncé sa famille mardi 13 mars.

« Nous sommes profondément attristés par la mort aujourd’hui de notre père adoré. (…) C’était un grand scientifique et un homme extraordinaire dont le travail vivra encore de nombreuses années », ont écrit ses enfants Lucy, Robert et Tim dans ce texte publié par l’agence britannique Press Association.

Stephen Hawking était un paradoxe. Son nom est mondialement connu du grand public, alors même que ses incursions dans les méandres de la cosmologie – entre Big Bang, trous noirs et singularités astrophysiques – ne pouvaient être suivies que par une poignée de théoriciens de haut vol. Cette renommée, il la doit d’abord à un best-seller planétaire, Une brève histoire du temps, paru en 1988 et vendu à plusieurs millions d’exemplaires.

Une icone

Il la doit aussi au contraste, qui pouvait provoquer le malaise autant que la fascination, entre une terrible infirmité physique, qui l’avait réduit à ne plus pouvoir s’exprimer qu’à l’aide d’un unique doigt valide – puis d’une contraction de la joue – actionnant un synthétiseur vocal, et une exceptionnelle puissance intellectuelle, doublée d’un robuste sens de l’humour. Cette dualité, portée chez lui à son paroxysme, en a fait une icône. Le symbole de la victoire de la pensée sur la chair, à l’image de l’éclat d’un visage d’éternel étudiant que n’arrivait pas à flétrir le rictus de lèvres muettes.

Né le 8 janvier 1942 à Oxford, le jeune Stephen Hawking ne montre guère de prédispositions pour l’école, exerçant plus volontiers son imagination à inventer des jeux de société aux règles subtiles. Ce qui ne l’empêche pas de prendre goût aux sciences physiques, qu’il étudie à partir de 1959 à l’université d’Oxford.

Il y révèle une intelligence, mais aussi une curiosité et une ténacité hors du commun. « A la fin des trois années que nous avons passées ensemble, nous étions tous d’accord pour dire qu’il était la personne la plus brillante que nous ayons jamais connue, relate l’un de ses condisciples, Gordon Berry, professeur de physique atomique à l’université de Notre-Dame (Indiana). Un jour, nous nous aperçûmes à quel point nous étions ignorants en matière d’art. Une à deux semaines plus tard, il était devenu un expert. Sa chambre était remplie de livres empruntés à la bibliothèque. »

De Oxford à Cambridge

Pour le reste, « Steve » ne se distingue en rien des autres étudiants. Il consacre volontiers ses nuits au bridge et, dans l’équipe d’aviron universitaire, tient la place de barreur, sa constitution chétive l’empêchant de manier les rames.

En 1962, il part étudier la cosmologie à l’université de Cambridge, où il commence une thèse sur la relativité générale. C’est là que sa maladie, annoncée par des troubles moteurs croissants, est diagnostiquée : sclérose latérale amyotrophique, encore appelée maladie de Charcot. Une dégénérescence des neurones conduisant à la paralysie. Les médecins ne lui donnent pas plus de deux ou trois années à vivre.

Le jeune homme surmontera le choc et déjouera les pronostics. « Il me semblait un peu absurde de faire mon travail de recherche parce que je ne comptais pas vivre assez longtemps pour finir mon doctorat. Cependant, à mesure que le temps passait, la maladie semblait ralentir. (…) Je me suis fiancé à une jeune femme nommée Jane Wilde. Cela me donnait une raison de vivre, mais cela voulait aussi dire qu’il fallait que je trouve du travail si nous voulions nous marier », raconte-t-il dans son autobiographie, Qui êtes-vous Mister Hawking ?

Etude des trous noirs

Suivent des années d’une très grande fécondité. Avec son collègue Roger Penrose, il établit, dans un théorème qui porte leurs noms, que la relativité générale d’Albert Einstein implique que l’espace et le temps ont comme origine le Big Bang, et comme fin les trous noirs. Ce que les cosmologistes nomment des « singularités » : des points de densité et de courbure de l’espace-temps infinis.

Il concentre alors ses travaux sur les trous noirs, ces objets galactiques massifs dont le champ gravitationnel est si intense que, selon la mécanique classique, aucune matière ni aucune lumière, happées comme par un aspirateur géant, ne devraient pouvoir s’en échapper. En appliquant les lois de la mécanique quantique, il montre qu’en réalité, ces sombres béances peuvent émettre une radiation. Ce phénomène, baptisé « rayonnement de Hawking », ou encore « évaporation des trous noirs », sera l’une de ses percées théoriques les plus importantes.

 

La question de l’information portée par ce rayonnement reste l’une des grandes énigmes de la physique moderne. En 1997, Hawking prendra le pari, contre le physicien John Preskill de l’université Caltech (Californie), que l’information sur la matière avalée par un trou noir est irrémédiablement perdue. Sept ans plus tard, il reconnaîtra son erreur – si l’on attendait que le trou noir disparaisse, l’information sur la matière engloutie serait restituée – et il remettra à Preskill son prix : une encyclopédie du base-ball.

« Théorie du tout »

Entre-temps, il prend, en 1979 – trois siècles après Isaac Newton –, la chaire de mathématiques de Cambridge, qu’il quittera fin 2009. Et il travaille à une « théorie du tout », unifiant les grandes forces fondamentales et livrant la clé ultime de l’Univers. Tout en s’interrogeant sur la possibilité de voyager dans le temps et sur l’existence d’univers multiples.

Près de vingt ans après le foudroyant succès de sa Brève histoire du temps, sa fille Lucy le convainc, en 2007, de se mettre à la portée des enfants, en rédigeant, avec l’aide d’un de ses anciens thésards, un ouvrage d’initiation, Georges et les secrets de l’Univers, premier volet d’une trilogie.

Les distinctions pleuvent. Nommé Commandeur de l’Empire britannique en 1982, il reçoit, en 2006, la Médaille Copley, la plus prestigieuse distinction scientifique décernée par la Royal Society de Londres.

Au faîte de sa notoriété, Hawking affichait une distance lucide vis-à-vis du « battage » dont il était l’objet de la part des médias. « Je suis certain que mon handicap a un rapport avec ma célébrité, confiait-il sur son site Internet. Ils ont besoin d’un personnage à la Einstein auquel se référer. Mais, pour les journalistes, me comparer à Einstein est ridicule. Ils ne comprennent ni le travail d’Einstein, ni le mien. »

Une partie de poker avec Newton et Einstein

Et, à ces journalistes, il disait de sa voix métallique : « Partout dans le monde, les gens me reconnaissent et veulent être photographiés à mes côtés. Ils veulent un héros de la science, comme l’était Einstein. Je corresponds au stéréotype du génie handicapé dans le fait que je suis clairement handicapé. Mais je ne suis pas un génie comme Einstein l’était. »

C’est pourtant lui qui, dans un recueil de grands textes de physique et d’astronomie publié en 2003, Sur les épaules des géants, se posait implicitement en héritier de Copernic, Galilée, Kepler, Newton et Einstein. Lui aussi qui, dans un épisode de la série Star Trek, disputait une partie de poker avec Newton et Einstein. Peu avare de son image, il est également apparu dans plusieurs épisodes des Simpson. Et il a prêté sa voix, digitalisée, à la chanson Keep talking des Pink Floyd.

Célébrité trop envahissante ? Handicap trop lourd à supporter pour ses proches ? Son ménage n’y a pas résisté : en 1990, il s’est séparé de son épouse Jane et s’est remarié, en 1995, avec l’une de ses infirmières.

Quatre brèves minutes, Stephen Hawking avait pu, en 2007, s’évader de son fauteuil. Le temps de huit vols paraboliques en apesanteur, dans un avion spécialement aménagé. Il conservait des photos de cette échappée dans son bureau de Cambridge, en bonne place aux côtés d’un poster de Marilyn Monroe.

La même année, il s’était porté candidat à un vol spatial. « Il se peut que nous n’atteignions jamais la fin de notre quête, une compréhension complète de l’Univers », avait-il dit un jour. Ajoutant : « Dans un sens, je m’en réjouis. Une fois la théorie ultime découverte, la science ressemblerait à l’alpinisme après la conquête de l’Everest. L’espèce humaine a besoin d’un pari intellectuel. Cela serait ennuyeux d’être Dieu et de n’avoir rien à découvrir. »

14 mars 2018

Nécrologie : Le couturier Hubert de Givenchy est mort à l’âge de 91 ans

Par Carine Bizet - Le Monde

Hubert de Givenchy symbolisait l’élégance à la française. Avec lui disparaît un des derniers grands témoins de l’âge d’or de la haute couture.

L’homme le plus élégant de la mode française, Hubert Taffin de Givenchy, est mort à l’âge de 91 ans. « M. de Givenchy s’est éteint dans son sommeil le samedi 10 mars 2018. Ses neveux et nièces et leurs enfants partagent sa douleur », écrit son compagnon, le couturier Philippe Venet, dans un communiqué. Avec lui disparaît un des derniers grands témoins de l’âge d’or de la haute couture française, qui brilla dès la fin de la seconde guerre mondiale, ainsi que l’incarnation d’un style de vie privilégié et raffiné.

Hubert de Givenchy naît le 20 février 1927, à Beauvais, dans une famille protestante de la vieille noblesse française. Son père meurt alors qu’il n’a que 2 ans, et le petit garçon grandit en admirant sa mère, une belle femme élégante et sophistiquée dont il a hérité l’allure naturelle et un physique de star hollywoodienne.

Son grand-père, conservateur de la manufacture de Beauvais et de celle des Gobelins, collectionne des tissus et des costumes du monde entier qui fascinent l’enfant. Celui-ci doit décrocher de bonnes notes pour avoir le droit d’admirer ces trésors. Son goût des toilettes et des belles matières a donc tout le loisir de se développer, même si on le destine plutôt à une carrière d’avocat. Mais le jeune adolescent Hubert de Givenchy découvre l’œuvre impressionnante et sculpturale du couturier espagnol Cristobal Balenciaga et décide que là sera son destin. II fera même une fugue à Paris dans l’espoir de rencontrer son idole et de lui montrer ses dessins.

L’escapade n’atteint pas son but mais le jeune homme déterminé finit par vaincre les réticences familiales : à 17 ans, en 1945, il s’installe à Paris pour suivre les cours de l’Ecole des beaux-arts et trouver du travail dans les maisons de couture qui refleurissent dans la capitale libérée. Doué, élégant, cultivé et bien élevé, Hubert de Givenchy s’intègre vite dans ce milieu symptomatique d’une époque. La couture parisienne est alors un véritable bouillon de cultures et de pedigrees singuliers : aristocratie plus ou moins désargentée venue de toute l’Europe et de Russie, artistes, galeristes, illustrateurs, couturiers forment un microcosme plein de vie qui porte avec fierté mais discrétion les stigmates d’une histoire tumultueuse.

« Enfant terrible de la couture »

Le jeune homme rejoint successivement les ateliers de Jacques Fath puis de Robert Piguet et Lucien Lelong, autant de noms aujourd’hui relégués aux ouvrages d’histoire de la mode. En 1946, après l’Occupation, l’illustrateur René Gruau lui présente l’extravagante italienne Elsa Schiaparelli, la couturière liée au mouvement surréaliste de retour des Etats-Unis. Ils s’entendent à merveille et Hubert de Givenchy deviendra même le directeur artistique de sa boutique place Vendôme.

En 1952, voyant le succès de son ami Christian Dior, Hubert de Givenchy décide de lancer sa propre maison. Il a 24 ans. Sa première collection de haute couture est présentée en février de l’année suivante, ouverte par un top-modèle à la taille extrafine et à la chevelure d’un roux flamboyant : Bettina Graziani, qui restera une de ses mannequins fétiches.

La jeune femme apparaît dans une blouse de dentelles anglaises aux couleurs contrastées qui portera bientôt son nom et sera la première d’une série de blouses-signatures pour la maison. Avec cette collection, le couturier lance aussi sa grande idée : des pièces séparables que les femmes peuvent réassembler à leur goût, en fonction de leurs besoins. L’idée est simple mais moderne à une époque encore dominée par les silhouettes compliquées et corsetées.

Ce premier triomphe lui vaudra l’étiquette d’« enfant terrible de la couture », un titre qui peut faire sourire, d’autant que le but du jeune couturier n’est pas de jouer les rebelles mais simplement de veiller au confort de ses clientes tout en cherchant à les embellir. L’année 1953 est déterminante : Hubert de Givenchy rencontre deux de ses plus fidèles amis. L’actrice Audrey Hepburn entre dans sa vie et il la confond d’abord avec la grande Katharine Hepburn car on lui a simplement annoncé la venue de « Miss Hepburn ». La jolie brune à la silhouette déliée de ballerine est venue convaincre le couturier de l’habiller pour Sabrina (1954), de Billy Wilder, qu’elle s’apprête à tourner. Le couturier français ne résiste pas longtemps à celle qui devient sa muse.

Débute alors une relation amicale et professionnelle qui durera quatre décennies (jusqu’au décès de l’actrice en 1993). Ses robes à l’élégance simplissime vaudront un Oscar à Sabrina, remis à la costumière Edith Head, star de la discipline, qui avait refusé de voir le nom du couturier figurer au générique du film. Peu importe, celui-ci signera de fait bien d’autres tenues pour son amie, à la ville mais aussi au cinéma, dont la célèbre robe noire trois trous portée dans Diamants sur canapé qui deviendra une signature du style Givenchy comme du style Audrey.

La même année, Hubert de Givenchy rencontre, enfin, son idole : Cristobal Balenciaga qui devient bientôt son mentor et un ami proche, l’influençant sans doute dans son goût des architectures simples et souples qui jamais n’écrasent le corps. Quand Cristobal ferme sa maison de couture en 1968, il dirige ses fidèles clientes vers les ateliers du jeune Français. Hubert de Givenchy est alors une star : les années 1950 et 1960, avec leur goût du glamour raffiné, des « fêtes jet-set » où l’on veut briller mais pouvoir bouger, sont favorables au style qu’il impose.

Couture sophistiquée et moderne

Chez lui, on vient chercher de belles robes noires toutes simples ou d’opulents fourreaux aux couleurs puissantes et aux volumes fluides ; il emprunte volontiers les tissus des chemises d’hommes pour faire des blouses ou des robes mais il n’a pas peur des broderies et imprimés singuliers bien dosés, inspirés de sa grande culture de l’histoire de l’art. Givenchy est alors synonyme d’une couture parisienne, sophistiquée et moderne, que son auteur incarne également avec sa haute silhouette (il culmine à plus de 1,90 m) au style toujours aussi impeccable que ses manières.

Mais Hubert de Givenchy n’est pas qu’un homme du monde, c’est aussi un des créateurs les plus innovants de son époque. Il est un des premiers à se lancer dans le prêt-à-porter, à décliner des lignes de licences. Dès 1957, il crée un premier parfum, L’Interdit, dédié à Audrey Hepburn qui sera la première actrice à incarner une fragrance (gratuitement de surcroît). En 1986, venu chercher en Californie de nouveaux mannequins, en rêvant de beauté à la Veronica Lake, il est séduit par de jeunes modèles afro-américains qui présenteront sa collection de haute couture, malgré les doutes de certains membres de son entourage. Sur un vol du Concorde, il découvre une hôtesse qui défilera bientôt pour lui, puis pour Yves Saint Laurent : Mounia, une des premières top-modèles noires.

Quand il n’habille pas Audrey Hepburn, Jackie Kennedy, Liz Taylor, Farah Diba ou la duchesse de Windsor, il « habille » l’hôtel Hilton de Bruxelles ou l’intérieur de la Ford Lincoln Continental Mark V. Hubert Givenchy est un esthète, c’est un art de vivre autour du beau qu’il a construit, pas seulement une maison de couture.

De tout cela on est bien renseigné, mais la vie privée du maître, elle, est un mystère. Il ne s’est jamais marié, n’a pas d’enfants et l’ellipse sur le sujet est respectée comme rarement autour de ce personnage public. Sans doute son éducation est-elle contagieuse. En 1988, après plus de quarante-cinq ans de carrière, Hubert de Givenchy prend en tout cas une grande décision : il vend sa maison à ce qui sera bientôt le surpuissant groupe de luxe LVMH avant de prendre sa retraite en 1995. Jusque-là emblème d’un certain classicisme français, la griffe passe bientôt entre les mains des « enfants du siècle » qui la pousseront dans un nouveau cycle révolutionnaire : John Galliano, Alexander McQueen puis Riccardo Tisci façonneront Givenchy pour le nouveau siècle.

L’érudit

Un cycle naturel semble s’être achevé en douceur. Le fondateur de la maison, lui, peut se consacrer à ses domaines, ses collections, d’autres sources de beauté et d’intérêt jamais épuisées pour lui. Entre son domaine de Romilly-sur-Aigre dans le Perche, son manoir du Jonchet (Eure-et-Loir) et son appartement du 7e arrondissement à Paris, sont répartis de riches ensembles d’œuvres d’art et d’objets précieux, l’œuvre de son autre vie. Braque, Picasso, Giacometti, des meubles XVIIIe siècle composent le décor de la vie quotidienne d’Hubert de Givenchy l’érudit.

De 1997 à 2001, il devient président de la division française de Christie’s France. Il est aussi président et fondateur de la fondation Cristobal Balenciaga Museoa. La mode, elle, oublie un peu cet homme (trop ?) discret qui sort peu, s’exprime peu sauf quand c’est nécessaire, comme à l’occasion de la promotion de son livre To Audrey with Love, rempli de croquis de robes imaginées pour son amie, sorti chez Imagine Editions en 2014. Peu d’ouvrages lui sont consacrés : une seule vraie biographie par Jean-Noël Liaut (Grasset, 1999) et un documentaire en 2015 signé Eric Pellerin retracent son parcours.

En 2017, la Cité de la dentelle, à Calais, lui consacrait une rétrospective loin de la gloire parisienne. Cette forme d’éclipse ajoute un peu de mystère à la légende Hubert de Givenchy alors que l’époque est hypercommunicante. L’homme ne s’y reconnaissait pas d’ailleurs et déplorait poliment le laisser-faire de la mode d’aujourd’hui ainsi que le crépuscule de la haute couture telle qu’il l’a connue. Mais il n’y avait aucune amertume ni aucun regret chez ce gentleman, conscient des privilèges que lui a offerts la vie, et heureux d’en avoir joui.

12 mars 2018

Décès de Hubert de Givenchy

Le couturier Hubert de Givenchy est mort. Son style incarné par Audrey Hepburn à fait le tour de la planète. Un grand nombre de grands noms de l'âge d'or de la haute couture est décédé ce week-end à 91 ans.

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Le couturier Hubert de Givenchy est mort. Son style incarné par Audrey Hepburn à fait le tour de la planète. Un grand nombre de grands noms de l'âge d'or de la haute couture est décédé ce week-end à 91 ans.

L’empreinte du fondateur, l’aristocrate protestant, réside dans une extrême élégance, tient à une précision chirurgicale dans le dosage des effets. Ni trop, ni trop peu. Balenciaga, son maître, lui faisait observer : « Piquer une fleur, surcharger d’un détail, ce n’est pas de la couture. Mais faire une robe toute simple où il n’y a rien qu’une ligne, c’est de la grande couture. » Hubert de Givenchy libère la femme corsetée de l’après-guerre avec une désinvolture très étudiée, une fluidité dans la silhouette amincie. Les encolures se dépouillent, les dos blousent, les lignes tombent précises sur les étoffes légères. Le jeune couturier innove en ajoutant du confort dans la mode. Précurseur du prêt-à-porter de luxe, il invente chez Schiaparelli, où il officie pendant quatre ans, le fameux « separate », une ligne de coordonnés -blouse, jupe, veste et pantalon -, que les clientes peuvent accessoiriser au gré de leur humeur.

Le talent perce, dès la première collection du couturier en février 1952, détecté par l’œil averti d’Hélène Lazareff, la directrice de Elle, ou celui de Carmel Snow, grande prêtresse du Harper’s Bazaar. Un défilé tout en noir et blanc où évoluent les piquantes amies du couturier parmi lesquelles Bettina Graziani qui donnera son prénom à une pièce destinée à devenir culte, la blouse Bettina.

À quoi tient le succès ? «À l’amitié », aurait répondu Hubert de Givenchy. La trajectoire du sobre provincial (issu de l’ancienne noblesse du Nord, ce natif de Beauvais y avait installé son usine de parfums) est intimement mêlée à celle d’Audrey Hepburn. C’est elle, l’espiègle actrice aux yeux de biche, qui incarnera à la perfection et avec une fidélité exemplaire le style Givenchy. Elle, qui forgera sa notoriété aux États-Unis où se concentre alors 70 % de sa clientèle. Parmi les tenues mémorables de l’actrice, la robe en organdi noir et blanc brodée de fleurs du film Sabrina de Billy Wilder ou le fourreau en soie cloquée assorti d’une capeline et de lunettes noires dans Diamants sur canapé. C’est elle encore, l’amie, la muse, qui prête gracieusement son image à l’Interdit, l’une des toutes premières fragrances de Givenchy.

Un maître, Balenciaga

Autre rencontre décisive, celle de Cristobal Balenciaga. Le disciple qui rêvait de commencer sa carrière chez le célèbre Espagnol croise son maître par un hasard mondain à New York, en 1953. Une profonde estime liera les deux couturiers. Tour à tour, Balenciaga ouvre ses salons d’essayage à son protégé, lui trouve des locaux voisins des siens à Paris, sur l’avenue George-V, l’encourage à lancer des parfums et lui offre même de recruter ses ouvrières. Et quand, en mai 1968, il décide de fermer sa maison de couture, Cristobal Balenciaga recommande Givenchy à ses bonnes clientes.

Je n’ai jamais voulu d’une maison de haute couture classique

Hubert de Givenchy

Ah, les clientes ! Toute sa carrière, Hubert de ­Givenchy la consacre à ces femmes riches et célèbres, à l’excentricité réjouissante, dans les manières desquelles il puise à l’envi son inspiration. Plus que le couturier, il est le confident de ces extravagantes, le complice des soirées chics et parfois même le conseiller en décoration. Lui, ce descendant qui se serait plu en architecte était réputé pour son goût raffiné en matière de mobilier dont il collectionnait les pièces du XVIIIe comme celles de l’ébéniste Boulle, savamment mélangées à des œuvres d’art contemporain. Ses amies avaient pour nom Hélène Rochas, la duchesse de Windsor, la comtesse Bismarck, Beatriz Patino, Lauren Bacall ou la milliardaire Bunny Mellon, à qui une chambre de son manoir du Jonchet en Touraine était réservée. Les femmes ont beaucoup compté dans la carrière de ce bel homme, à la stature proche des deux mètres, à commencer par sa mère, jeune veuve qui lui inculqua l’élégance. C’est cette légendaire distinction, cultivée dès l’enfance, qui auréole toute la vie de l’un des derniers grands noms de l’âge d’or de la haute couture.

Ces dernières années, le couturier français s’était investi dans différentes expositions consacrées à son travail. En octobre, à l’occasion de la rétrospective Hubert de Givenchy sise à la Cité de mode et de la dentelle de Calais (62), il confiait encore, dans nos colonnes : « Je n’ai jamais voulu d’une maison de haute couture classique. Mon rêve était de créer une grande boutique, où les femmes pourraient s’habiller avec imagination et simplicité. Des vêtements faciles à porter, même en voyage, réalisés dans des tissus ravissants mais peu coûteux.» Un manifeste qui résonne tant avec notre époque.

Les premières réactions de la Maison à la suite de la disparition de son fondateur

«La Maison Givenchy rend hommage à son fondateur, Hubert de Givenchy, personnalité incontournable du monde de la haute couture française, symbole de l'élégance parisienne pendant plus d'un demi-siècle. Aujourd'hui encore, son approche de la mode et son influence perdurent. Dès sa première collection haute couture, en 1952, Hubert de Givenchy a défendu le principe des separates. Deux ans plus tard, il devenait le premier créateur à lancer une ligne de prêt-à-porter de luxe. Il a également révolutionné la mode internationale en créant des silhouettes à l'élégance intemporelle pour Audrey Hepburn, son amie et sa muse pendant plus de quarante ans. Son œuvre demeure aussi pertinente aujourd'hui qu'alors. Son départ laisse un grand vide au sein de la Maison et du monde de la mode.»

Bernard Arnault, Président-Directeur Général du groupe LVMH, déclare : «Je suis profondément attristé du décès d’Hubert de Givenchy. Parmi les créateurs qui ont définitivement installé Paris, à partir des années 1950, au sommet de la mode mondiale, Hubert de Givenchy a donné à sa maison de couture une place à part. Tant dans les robes longues de prestige que dans les tenues de jour, Hubert de Givenchy a su réunir deux qualités rares : être novateur et intemporel. J’adresse à sa famille et à tous ceux qui l’ont connu mes plus sincères condoléances.»

Clare Waight Keller, directrice artistique de Givenchy

«Je suis profondément triste d’apprendre la disparition d’un grand homme, d’un artiste, que j’ai eu l’honneur de rencontrer et dont je me suis rapprochée depuis mon arrivée chez Givenchy. Hubert de Givenchy n’était pas seulement l’une des personnalités les plus influentes de l’histoire de la mode, dont l’héritage continue de nourrir la création aujourd’hui, mais aussi l’un des hommes les plus élégants et charmants qui soit. La définition même, selon moi, d’un vrai gentleman qui restera dans mes pensées pour toujours. J’adresse mes condoléances les plus sincères à ses proches.»

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Carla Bruni en mariée avec Hubert de Givenchy

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11 mars 2018

In memorem... TSUNAMI 2011

Fukushima, sept ans après

Moises Saman visite le site de la catastrophe de 2011 au Japon, explorant ce qui se passe quand la présence humaine n'a plus d'impact sur le paysage

Moises Saman

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Moises Saman Une maison recouverte de végétation sauvage dans la ville de Tomioka, préfecture de Fukushima. Tomioka a été sévèrement touché par la catastrophe nucléaire de Fukushima Daiichi et le séisme de Tohoku en 2011 a sd tsunami le 11 mars 2011. En plus de subir des dommages considérables causés par le tremblement de terre et le tsunami (qui a dévasté la zone côtière), la ville a été évacuée en masse le matin du 12 mars 2011.Le 25 mars 2013, la zone d'évacuation nucléaire de Tomioka a été levée par le gouvernement central et la ville a été zonée en trois zones en fonction des différents niveaux de rayonnement. Cependant, le gouvernement municipal a choisi de garder l'évacuation en place pour au moins quatre autres années en raison de la nécessité de reconstruire les infrastructures endommagées. Dans la zone où les niveaux de radiation sont les plus élevés, les résidents ne seront pas autorisés à retourner chez eux avant au moins cinq ans. Les personnes autres que les résidents enregistrés sont interdites d'entrée. Cette zone, qui couvre la partie nord-est de la ville, comptait environ 4 500 habitants. La partie centrale de la ville, qui avait l'habitude d'avoir 10.000 résidents a été désigné comme une zone de restriction, dans lequel les résidents pouvaient revenir pendant les heures de jour, mais doivent partir la nuit. La zone restante, qui couvre principalement le sud de Tomioka, comptait environ 1 500 résidents, et les restrictions restantes devraient être levées. Tomioka, préfecture de Fukushima. 6 juin 2017.© Moises Saman | Photos Magnum

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Certains endroits deviennent synonymes de tragédie, avec des catastrophes: Hiroshima, Tchernobyl, Flint, Alep. Le 11 mars 2011, Fukushima s'est joint à cette liste. Après un séisme de magnitude 9,0 qui a frappé le Japon, le pire de son histoire, les réacteurs nucléaires de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi se sont arrêtés automatiquement. Un tsunami a suivi, avec des vagues jusqu'à 40 mètres de haut; dans la préfecture de Fukushima, dans le nord-est du Japon, elle a désactivé les générateurs d'urgence destinés à fournir de l'énergie pour refroidir ces réacteurs nucléaires.

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Un refroidissement inadéquat a conduit à trois fusions nucléaires. La centrale a craché des matières radioactives pendant quatre jours, 300 000 personnes ayant fui les environs. La plupart ne sont jamais revenus. De plus, 1 600 décès ont été attribués aux conditions d'évacuation subséquentes, tandis que plus de 600 personnes mourront du cancer en raison de l'exposition aux radiations à la suite de l'incident.

11 mars 2018

Claude François - 1978 - in memorem

Le 11 mars 1978, la France apprenait médusée la disparition accidentelle de Claude François. Après avoir débuté sa carrière en pleine apogée yéyé, le chanteur avait su se renouveler avec plusieurs tubes disco, à l'image de Magnolias forever. Les paroles, écrites par Etienne Roda-Gil, étaient assez obscures mais Claude François n'en modifiera pas une virgule, bien que, comme il l'avouera lui-même, il ne les comprenait pas...

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Claude François par Pierre et Gilles

Voir ou revoir mes précédents billets sur Claude François en cliquant ICI

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Il y a quarante ans disparaissait Claude François

C’est en pleine gloire, à 39 ans, que le chanteur est décédé, électrocuté dans sa salle de bains. Son plus bel héritage ? Des chansons à danser et à faire la fête.

En guise d’anecdote, il est amusant de se dire que si Claude François était toujours parmi nous, il aurait… 79 ans. Qu’est-ce que cette immense star des années 1960-1970 aurait pu chanter aujourd’hui ? On ne le saura jamais.

Ce que l’on sait, par contre, c’est qu’il fait partie de ces rares artistes à avoir laissé à la postérité un grand nombre de chansons, et dans un domaine pas évident : la danse, la fête. On y va ? Alexandrie, Alexandra, Magnolias for ever, Le lundi au soleil, Belles ! Belles ! Belles !, Cette année-là, Chanson populaire, Si j’avais un marteau, J’attendrai… Toutes les générations les dansent et chantent encore, en soirée. Pas courant.

À côté de ces titres, une chanson reste incomparable : Comme d’habitude, que Claude François a co-composé. Elle est devenue un immense standard, un tube mondial sous la voix de velours de Frank Sinatra (My Way). Deux chansons lentes ont également marqué : Le mal aimé et Le téléphone pleure, où un père séparé parle au téléphone avec sa fille qui ne le connaît pas.

Que laisse encore Claude François ? Des images. D’abord celle d’un chanteur survolté, dansant, frappant des pieds, bougeant à s’en désarticuler les membres… Celles de danseuses, les Clodettes, aux tenues sexy. Celles de fans hystériques… Des images d’une époque qui paraît aujourd’hui tellement lointaine.

Ce que l’on sait moins, c’est que derrière ses tubes, il y a 363 chansons au total (27 albums studio), dont 59 en langues étrangères. Et qu’il a vendu 35 millions de disques, des 45 tours surtout. Et 32 millions d’albums supplémentaires depuis sa mort. Il a aussi été un homme de scène. Entre fin 1962 et février 1978, Claude François a donné 1 188 concerts.

L’an prochain, une nouvelle renaissance est prévue, sous la forme d’une comédie musicale sur la vie du chanteur, annoncée par ses deux fils.

Michel TROADEC.

Intégrale studio 1961/1978 (Universal) est sa première intégrale, en 20 CD, avec interview audio et livret.

À noter aussi : la biographie Claude François, 14 284 jours (Flammarion), par Fabien Lecœuvre et J’y pense et puis j’oublie, (L’Archipel), par Vline Buggy, sa principale parolière, qui publie ses souvenirs.

10 mars 2018

Boris Vian

4 mars 2018

Décès de Marcel Philippot

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26 février 2018

Azzedine Alaïa

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... avec Laetitia Castaazzedine (3)... avec Monica Bellucci

 

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