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Jours tranquilles à Paris
6 décembre 2017

Johnny Hallyday

 

 

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6 décembre 2017

Nécrologie : Johnny Hallyday, de l’idole yéyé à l’icône nationale

Par Véronique Mortaigne, Sylvain Siclier - Le Monde

En près de soixante ans de carrière, Johnny Hallyday, mort à 74 ans, aura abordé presque tous les genres musicaux et séduit quatre générations de Français.

Johnny est mort, le peuple est triste. Avec lui, c’est une part d’histoire française qui se fragmente. Chanteur, homme de spectacle, il avait entretenu chez chacun de ses fans l’illusion de posséder en soi une part de jeunesse indestructible, résistante aux années, aux soucis d’argent, aux maladies et aux divorces. Emblème de la jeunesse en quête d’indépendance au début des années 1960, régulièrement raillé par les défenseurs du bon goût et tout aussi régulièrement redécouvert par l’intelligentsia, Johnny Hallyday avait fini par devenir un monument national.

Johnny Hallyday aimait manger, des steaks, des choucroutes, des navarins de veau, à n’importe quelle heure, quand il avait faim. Il buvait en conséquence. Il fréquentait les salles de sport avec une assiduité hors du commun. Cabossé, boxeur flambant, Johnny Hallyday fut sans cesse à la recherche de son existence. Effaçant continuellement les limites de sa personnalité, il porta les illusions de splendeur et les paradis perdus d’une France populaire qui avait appris de lui une sorte de philosophie de « l’envers et contre tout ».

Il fut aimé des baby-boomeurs des années 1960, très vite il fut adoré par leurs parents réconciliés avec les turbulences des yéyés, puis par leurs enfants fredonnant Marie, et enfin par leurs petits-enfants adorant hurler La Musique que j’aime. En concert, ce sont donc quatre générations de Français qui reprenaient en chœur, les mains croisées au-dessus de la tête, signe ultime du ralliement, l’implacable conclusion de Gabrielle : « Dix ans de chaîne sans voir le jour, c’était ma peine forçat de l’amour/J’ai refusé, mourir d’amour enchaîné ». C’était un code de résistance à l’ennemi numéro un : l’ennui, qui pouvait priverJohnny de son envie de vivre quand il n’était pas en scène.

Le « patron » sur scène

Musiciens, techniciens, manageurs, producteurs, proches et artistes l’affirmaient : souvent zombi en coulisse, Johnny Hallyday devenait immédiatement le « patron » sur scène. Il pouvait avoir dormi deux heures, être au plus bas moralement et physiquement, lorsque la lumière venait le prendre, il était bel et bien là.

Johnny Hallyday, mort dans la nuit du mardi 5 au mercredi 6 décembre à l’âge de 74 ans, a incarné une France rêvant d’Amérique, celle des cow-boys, du rock’n’roll, de Cadillac et de motos. Dans la pure tradition du music-hall, Hallyday soignait son entrée, jambes écartées, micro en main, contemplant la foule en silence avant de crier : « Quoi ma gueule ? », provoquant une empathie immédiate. Et agrémentait ses sorties de scène de reprises de classiques français, du Piaf, du Bécaud… Chanteur dont la voix et la musique sont nées dans le rock’n’roll, il laissera aussi derrière lui l’image d’un conquérant rendu humain par la romance et la déclaration d’amour, tout autant que par la souffrance et la stigmatisation.

Jean-Philippe Smet était né à Paris le 15 juin 1943, non pas « dans la rue », comme il le chantait depuis 1969 sur un texte de son ami d’enfance Christian Blondieau, dit « Long Chris » (père d’Adeline, mariée à Hallyday en 1990 et en 1994), mais à la clinique Marie-Louise, cité Malesherbes, dans le 9e arrondissement. Sa mère, Huguette Clerc (1920-2007), mannequin chez Lanvin et Jacques Fath, a été vendeuse dans une crèmerie de la rue Lepic. Elle a rencontré Léon Smet (1906-1989), acteur belge connu, artiste de cabaret, séducteur, volage et voyageur. Le couple vit maritalement. Le père, qui fait des allers et retours au foyer familial, aurait vendu, dit la légende, le lait, les layettes et le lit de son enfant pour étancher sa soif.

Avant qu’ils ne se séparent définitivement, Huguette Clerc, fille naturelle elle-même, a obligé Léon Smet à l’épouser. Le 7 septembre 1944, Jean-Philippe Clerc devient Jean-Philippe Smet. Seule avec son fils, Huguette Clerc habite chez Hélène Mar, sœur de Léon. Ancienne actrice et cantatrice, celle-ci a épousé à Bruxelles un fonctionnaire, fils d’un missionnaire protestant allemand et d’une princesse éthiopienne, Jacob Adol Mar. Dans la France occupée, il travaille pour Radio Paris, la radio de la propagande allemande. A la Libération, il est arrêté et condamné à cinq ans de prison pour collaboration.

Débute sa vie de saltimbanque

Hélène Mar part s’installer à Londres, où elle a trouvé un engagement à l’International Ballet of London pour ses deux filles, Desta et Menen. Jean-Philippe, pour qui elle a une immense affection, est du voyage. Huguette reste, chargée de prendre soin de l’appartement et de l’oncle prisonnier. Fin 1946, Jean-Philippe/Johnny débute, à l’âge de 3 ans, sa vie de saltimbanque au milieu des femmes avec des repères familiaux perturbés – il sera toute sa vie obsédé par la figure du père, de ses dons, de sa déchéance, de son absence.

Un père, il en trouvera un en la personne de l’Américain Lee Lemoine Ketcham, comédien, chanteur, musicien sous le nom d’artiste Halliday (avec un seul « y »). Lee épouse Desta et forme avec elle et Menen le trio Les Halliday’s pour des numéros de danse et de chansons. La troupe a des engagements un peu partout en Europe, Hélène et Jean-Philippe suivent le mouvement. Le garçon découvre les coulisses, fait de petits numéros et reçoit, poussé par sa tante, une éducation artistique – danse, théâtre, guitare classique. Lee raconte à Jean-Philippe l’Amérique et les trucs du spectacle. Jusqu’au milieu des années 1970, il sera son directeur artistique.

En 1957, c’est le retour à Paris. Jean-Philippe Smet s’exprime peu, mal à l’aise avec les mots. Ce qui lui manque de connaissances livresques, il le rattrape par un sens de l’observation et une manière instinctive de voir la vie, qui seront souvent des atouts dans sa carrière. Il retrouve le 9e arrondissement, se fait des amis, dont « Long Chris », Claude Moine, futur Eddy Mitchell, Jacques Dutronc. On traîne au square de la Trinité, on se parle de rock’n’roll, de cinéma, des Etats-Unis : Elvis Presley dans ses premiers films – Love Me Tender, Loving You, Jailhouse Rock (Le Rock du bagne) –, les chansons de Chuck Berry, Jerry Lee Lewis, Little Richard ou Gene Vincent.

« Certificat de rockeur »

Pour les parents, le rock’n’roll signifie blouson noir, comportement de voyou et musique de sauvage. Pour les jeunes, c’est la liberté. Dont le lieu unique s’appelle le Golf-Drouot, à l’angle de la rue Drouot et de la rue des Italiens, tenu par Henri Leproux. Il y a un juke-box avec les 45-tours des idoles américaines, du Coca-Cola. On y imite James Dean, mort dans sa Porsche en 1955, on y parle de L’Equipée sauvage avec Marlon Brando, vu dix fois d’affilée. Et il y a des concours d’orchestres, qui mèneront peut-être à la consécration d’un passage pour un vrai concert.

C’est au Golf-Drouot, le 15 juin 1959, que Smet devenu Johnny Halliday reçoit un officiel « certificat de rockeur », mention « formidable ». Ses débuts consistent en de maladroites interprétations de rock américain, en anglais et en français. Il a un petit public et décroche de temps en temps un concert. Le 30 décembre 1959, il participe à sa première émission de radio au Marcadet Palace. Dans le public, Jil (Gilbert Guenet) et Jan (Roger-Jean Setti) duo d’auteurs-compositeurs. Ils sentent chez le gamin un potentiel, une conviction, une énergie. Un beau gosse avec un gentil sourire : rock mais rassurant.

Jil et Jan présentent Johnny à Jacques Wolfsohn, directeur artistique chez Vogue. Comme il est encore mineur, son contrat d’un an est signé par Hélène, avec quelques conseils de Lee et de Desta. Le 12 février 1960, c’est sa première vraie séance d’enregistrement, et le 14 mars sort son premier 45-tours. Sur la pochette, en noir et blanc, Hallyday, cette fois avec deux « y », ce qui fait plus américain, est agenouillé, une guitare brandie, souriant et crâneur. Quatre chansons, parmi lesquelles T’aimer follement (adaptation de Makin’ Love, notamment chantée par Johnny Burnette) et Laisse les filles, dont Hallyday signe la musique – avant tout interprète d’auteurs et de compositeurs, le chanteur a écrit plus d’une centaine de musiques, y compris celles de Les Bras en croix, La Génération perdue ou La Musique que j’aime.

Premiers concerts

Au recto du 45-tours, on peut lire : « Américain de culture française, il chante aussi bien en anglais qu’en français. » Le 18 avril 1960, Line Renaud, qui deviendra ainsi sa « marraine », préside à son premier passage à la télévision, à « L’Ecole des vedettes », qu’elle présente avec Aimée Mortimer. « Le papa est américain, la maman française. » Johnny ne dément pas. Pour le label Vogue, Hallyday va enregistrer, jusqu’au milieu de l’année 1961, une quarantaine de chansons, en majorité des textes de Jil et Jan, dont des adaptations en français de succès du rock américain, quelques titres chantés en anglais – il le refera à plusieurs reprises, sans jamais convaincre. Georges Leroux devient son imprésario, comme l’on disait à l’époque. Les premiers concerts ont surtout lieu dans des salles plus ou moins miteuses.

La sortie, en juin 1960, du 45-tours Souvenirs souvenirs va changer la donne. Le disque se vend bien et Vogue souhaite renouveler le contrat pour cinq ans. Sur la Côte d’Azur, Hallyday fait toutes les salles de la région. En septembre, à Paris, l’Alhambra, alors avant-salle du prestigieux Olympia, le met à l’affiche parmi ceux qui sont en première partie de Raymond Devos. Ça crie déjà « Johnny ! Johnny ! », il se roule par terre. La presse se moque, les patrons de l’Alhambra ne savent pas trop quoi faire, mais Devos le soutient. Il restera trois semaines.

Lors du premier Festival international du rock’n’roll organisé au Palais des sports, à Paris, le 24 février 1961, 5 000 spectateurs lui font un triomphe. Hallyday, qui ne devait durer qu’une saison, devient cette fois une affaire sérieuse. La maison de disques Barclay, dirigée par Eddie Barclay, et la branche française du Nerlandais Philips lui font de l’œil. Philips l’emporte le 19 juillet 1961. Johnny Stark devient, jusqu’en 1966, son nouvel imprésario. La johnnymania peut commencer. Le chanteur est à l’affiche de l’Olympia du 20 septembre au 9 octobre, alors que Philips vient de commercialiser deux 45-tours, l’un avec Douce violence, l’autre avec Viens danser le twist.

L’âge d’or

Les quinze ans qui suivent seront souvent considérés comme son âge d’or. Il sait durant cette période faire siens tous les styles qu’il va aborder ; il a de l’oreille, sent bien les modes musicales qui viennent des Etats-Unis et de l’Angleterre et dont il sera souvent le passeur pour le grand public français. Vocalement, il en rajoute dans le vibrato, avec une tendance à forcer le trait, à passer en force sur les chansons les plus énergiques. Cela deviendra sa marque, jusqu’à l’excès, avec des chansons comme Ma gueule ou Allumer le feu.

Avec son entrée chez Philips, le Johnny rock’n’roll s’engouffre dans la nouvelle folie américaine, le twist – plus acceptable par les parents qui financent les achats de disques de leurs adolescents. Il devient le grand frère, cousin, pote, ce que symbolise son premier album 33-tours 30 cm pour Philips, Salut les copains (référence à l’émission de radio d’Europe 1), sorti le 1er décembre 1961. Chœurs « wap-dou-wap » pour les ambiances twist, très légères critiques contre les parents qui empêchent Johnny de voir leur fille dans Si tu me téléphones, et romances façon crooner comme Retiens la nuit, écrite par Charles Aznavour et Georges Garvarentz, ou Douce violence.

Hallyday va vivre, en février 1962, son premier fantasme d’Amérique en se rendant aux Bradley Studios de Nashville, dans le Tennessee. Sa maison de disques met à sa disposition le gratin des musiciens de studio – dont les Jordanaires, choristes de Presley, pour l’album Sings America’s Rockin’Hits (avril 1962), des succès du rock qu’il chante en anglais. Mais c’est en français qu’on veut de lui. Johnny, c’est L’Idole des jeunes (45-tours, octobre 1962), l’adaptation de Teenage Idol, récent succès de Ricky Nelson. Et le nom de la médaille que lui décerne le magazine Salut les copains, dont le premier numéro est paru en juin 1962.

Ses concerts ont lieu dans une atmosphère de hurlements féminins, tandis que les garçons miment la gestuelle du chanteur. Il enchaîne les prestations, sans avoir le temps de récupérer. Le 22 juin 1963, place de la Nation, à Paris, 150 000 fans sont venus l’applaudir, ainsi que Sylvie Vartan, Richard Anthony et Les Chats sauvages. On se bouscule désormais pour travailler pour celui qui est devenu un phénomène social, chef de file de la génération yéyé, terme que l’on doit au sociologue et philosophe Edgar Morin, dans deux articles du Monde des 6 et 8 juillet, et dont le versant féminin est représenté par Sylvie Vartan. Ainsi Georges Aber et Ralph Bernet, deux trentenaires, experts en adaptations du vaste catalogue américain et britannique, qui vont mener Hallyday vers la pop anglo-saxonne, la soul, la country.

Le cinéma

En octobre 1963, il vit son rêve d’être au cinéma en beau mec gentil dans D’où viens-tu Johnny ?, de Noël Howard (1920-1987), film prétexte à des chansons, dont Ma guitare et Pour moi la vie va commencer. Johnny Rivière, le personnage qu’il interprète, joue au flipper, il porte une chemise de flanelle à grands carreaux, le jean est son emblème. Avec ses copains, il répète un rock bien sage : « A plein cœur vers toi mon amour/A plein cœur vers notre avenir/A plein cœur… » Sylvie Vartan, qui joue Gigi, la chante à son tour. Les deux échangent des œillades.

Signe de sa différence par rapport à ses camarades yéyé, on porte vite sur Hallyday des commentaires inhabituellement intellectuels – qui cohabiteront par la suite avec le Johnny crétin « Ah que coucou ! » de la marionnette de l’émission « Les Guignols de l’info » sur Canal+. Marguerite Duras écrivait en 1964, alors qu’elle effectuait un entretien pour le magazine Le Nouvel Adam : « A le voir marcher dans la grande salle vide, je comprends ; c’est de la marche que la chance est partie. Quand il marche, Johnny est comme au premier jour. » Elsa Triolet se déclare fan. Pour répondre à cette attente, sur laquelle il aura régulièrement un regard amusé, laissant les penseurs dire « leur » Johnny et lui attribuer plus qu’il n’est, Hallyday va se forger d’autres identités : le solitaire, le persécuté, le marginal, l’amoureux trahi…

En mai 1964, il est appelé au 43e régiment blindé d’infanterie de marine en garnison à Offenburg, en Allemagne. Soldat modèle comme l’a été Presley, dont les corvées et entraînements sont photographiés par la presse. Ainsi que les permissions pour vivre son idylle avec Sylvie Vartan. C’est aussi durant une permission qu’il enregistre Le Pénitencier, adaptation d’un blues que le groupe britannique The Animals vient de rajeunir avec guitare électrique et orgue, The House of the Rising Sun. L’original raconte la vie d’une jeune prostituée, et la maison en question est un bordel de La Nouvelle-Orléans. Avec Hallyday, il s’agit de la vie d’un délinquant juvénile emprisonné. Une thématique sombre qui marque une rupture avec les premières années du chanteur.

C’est Hugues Aufray qui a écrit, avec Vline Buggy, cette adaptation. « J’ai voulu lui donner la possibilité de se mouler dans un nouveau personnage, raconte-t-il. Celui du garçon rebelle, entre James Dean et Marlon Brando. Johnny avait commencé par faire du rockabilly, il s’était mis au twist et s’installait dans le yéyé. Et moi, je voyais en lui se profiler un personnage dramatique, complexe, marginal. En une nuit, l’idée m’est venue de l’imaginer en adolescent délinquant, jeté dans un pénitencier. » Sur la pochette du 45-tours sorti en octobre 1964, ironie non perçue, Hallyday est en tenue de soldat.

Tout s’accélère

La diversité stylistique va s’affirmer avec l’album Hallelujah (juillet 1965, avec notamment Mes yeux sont fous, Les Monts près du ciel, Pour nos joies et pour nos peines). Une fois rendu à la vie civile, le 18 août 1965, tout s’accélère. Gilles Thibaut (1927-2000) et Eddie Vartan (1937-2001), frère aîné de Sylvie, commencent à travailler pour lui, comme le guitariste britannique Mick Jones (qui formera plus tard le groupe Foreigner) et le batteur Tommy Brown, qui vont diriger jusqu’au début des années 1970 l’un des meilleurs orchestres d’Hallyday.

Johnny Hallyday et Sylvie Vartan se sont mariés en avril 1965 – ils divorceront en 1980. Johnny et Sylvie, c’est idéal, ça rime. Johnny le rebelle dompté par Sylvie la belle. La France est attendrie. Et encore un peu plus avec la naissance de leur fils David, en août 1966. Mais Johnny a une autre famille. Celle de ses copains, qu’il retrouve pour faire la fête, et celle de son public. Ses femmes ou ses compagnes, ses enfants passent alors au second plan.

Jusqu’au milieu des années 1970, ses albums seront variés dans leurs approches : Johnny chante Hallyday (novembre 1965), dont il compose les musiques, avance vers la pop anglaise, avec effets de guitare. Ce que poursuit La Génération perdue (octobre 1966) avec déjà des incursions dans la soul. Laquelle envahit le suivant, Johnny 67 (juillet 1967, avec Aussi dur que du bois, Je suis seul, La Seule vraie musique…). Puis ce sera le psychédélisme (le disque Jeune homme), un rock plus marqué avec le passage des années 1960 aux années 1970 (Rivière… ouvre ton lit, 1969, et Flagrant délit, 1971).

Au printemps 1967, à l’Olympia, il était encore dans la sueur de la soul music ; en novembre de la même année, au Palais des sports, les hippies sont passés par là. Il y a des milliers de pétales de rose sur la scène, Hallyday porte un collier, ajoute à son répertoire soul San Francisco, Fleurs d’amour et d’amitié, Psychedelic, on brûle de l’encens, en fond de scène un mur de phares de voiture. Au spectacle du music-hall se substitue le « show ». Aujourd’hui cela ferait un peu kermesse, pour l’époque c’est du jamais-vu.

L’argent

Lui qui a été montré en emblème des révoltes adolescentes est absent des événements de Mai 68. Johnny Hallyday, ses copains, son entourage, le milieu du show-business de l’époque sont de toute manière plutôt à droite. Sans convictions bien fermes la plupart du temps, mais parce que, arrivés au succès, à l’argent, les idées modernistes du partage avec tout un chacun les font tiquer. Hallyday, toutefois, a une conception plutôt généreuse de ce qu’il faut faire de l’argent. Il le distribue aux amis, achète voitures, maisons, objets, selon ses envies du moment, des coups de tête. Lorsqu’il faudra payer les impôts, régler les factures, cela posera problème. Il va pour longtemps se retrouver à enregistrer et tourner afin de combler les trous d’une non-gestion au jour le jour.

Johnny, de droite ? Il s’est déclaré en faveur de Valéry Giscard d’Estaing lors de la campagne présidentielle de 1974, a chanté lors d’un meeting de Jacques Chirac pour la campagne de 1988, a soutenu en 2007 Nicolas Sarkozy – lequel, en tant que maire de Neuilly-sur-Seine, avait marié, en 1996, Johnny Hallyday et Læticia Boudou, jeune mannequin de 21 ans. En 2014, il dira avoir été déçu par Sarkozy. Mais Hallyday verse aussi des cachets pour les sidérurgistes des aciéries de Longwy, lors du long mouvement social en 1979 ; il chante à la Fête de L’Humanité en 1966, 1985 et 1991 ; il est parmi les « Chanteurs sans frontières », en 1985, pour financer la lutte contre la famine en Ethiopie.

En 1969, il y a l’immense succès de Que je t’aime (de Gilles Thibaut et Jean Renard). On le revoit au cinéma, cow-boy vengeur dans le western italien Le Spécialiste (1969), de Sergio Corbucci, malfrat mutique dans Point de chute (1970), de Robert Hossein. Le journaliste Philippe Labro, romancier, cinéaste et alors patron de la radio RTL, cheville ouvrière de l’ascension de Johnny, lui écrit des chansons pour l’album Vie (novembre 1970, Essayez, La Fille aux cheveux clairs), auquel participe aussi Jacques Lanzmann sur des sujets écologiques. Dans le suivant, Flagrant délit, avec Oh ! ma jolie Sarah, Fils de personne, Labro écrit l’ensemble des textes ou des adaptations de chansons américaines.

A l’été 1972, après des concerts en apothéose au Palais des sports en 1971, avec Michel Polnareff au piano, Hallyday se lance un défi, celui du « Johnny Circus », tournée sous chapiteau avec danseurs, numéros de cirque. Un gouffre financier. Débute alors une collaboration avec le parolier Michel Mallory, dont témoignent les albums Country, folk, rock (juin 1972), Insolitudes (avril 1973, avec La Musique que j’aime), La Terre promise (1975, enregistré à Nashville). En 1976, l’album Derrière l’amour contient l’un de ses plus grands succès, Gabrielle (texte de « Long Chris », musique de Tony Cole). Hallyday ne fera pratiquement plus de shows sans interpréter ce titre. En novembre 1976, autre projet fou, le double album Hamlet, « opéra rock » d’après Shakespeare qui aurait pu donner lieu à un spectacle. C’est un échec, le public n’accroche ni aux textes de Gilles Thibaut ni à la musique de Pierre Groscolas qui flirte avec le rock progressif.

Période floue

C’est le début d’une période floue. Son public lui reste fidèle, achète plus ou moins ses disques, va à ses concerts. Du 18 octobre au 25 novembre 1979, il remplit chaque soir le Pavillon de Paris, sur le site du futur parc de La Villette, où il fête ses vingt ans de carrière ; il passe deux mois au Palais des sports en 1982, trois au Zénith entre fin 1984 et début 1985. Reste qu’il manque une flamme. Ce n’est pas une traversée du désert mais Hallyday semble s’être mis entre parenthèses, même s’il a encore quelques tubes : J’ai oublié de vivre, Elle m’oublie, Le Bon Temps du rock and roll…

Jean-Claude Camus, qui produit des spectacles d’Hallyday depuis 1976, mais ne sera son producteur attitré qu’en 1984, admettra qu’il aura fallu presque dix ans pour que ses moindres faits et gestes, ses nouveaux albums, ses concerts redeviennent des événements dont il faut parler, auxquels il faut assister.

Cette renaissance, il la doit à Alain Lévy, alors à la tête de la branche française du géant du disque PolyGram, qui contrôle de nombreux labels, dont Philips. Il lui présente Michel Berger, qui conçoit entièrement l’album Rock’n’Roll Attitude (juin 1985) avec, outre la chanson-titre, Le Chanteur abandonné et Quelque chose de Tennessee. Désormais, pour des auteurs-compositeurs-interprètes à la carrière déjà bien installée, une collaboration avec Hallyday va devenir un passage obligé : Patrick Bruel, Stephan Eicher, Zazie, Gérald De Palmas, Miossec, Raphael, Francis Cabrel… Après Berger, c’est Jean-Jacques Goldman qui est convié pour Gang (décembre 1986, avec Je t’attends et Laura).

La sortie de Rock’n’Roll Attitude a suivi de peu le tournage du film Détective, de Jean-Luc Godard. Godard et Hallyday, c’est la rencontre « de l’intellectuel qui écrivait dans Les Cahiers du cinéma et d’un loulou qui ne connaît pas le solfège », selon le journaliste Maurice Achard. Johnny vit alors avec l’actrice Nathalie Baye – ils ont une fille, Laura Smet, née en 1983 –, et le représentant de la France que l’on appelait alors « profonde », et pas encore « d’en bas », a collaboré avec deux musiciens consensuels et grands fabricants de tubes, Michel Berger et Jean-Jacques Goldman, politiquement ancrés à gauche. Hallyday redevient « in ».

Enchaîne les succès

Du Palais des sports, il va passer au Palais omnisports de Paris-Bercy à partir de 1987, puis aux stades avec pyrotechnie et gros son. Les 18, 19 et 20 juin 1993, c’est le Parc des Princes pour ses 50 ans. Hallyday devient une statue du Commandeur. Le rythme d’un album annuel diminue (Lorada, 1995, Ce que je sais, 1998, Sang pour sang, 1999, A la vie à la mort, 2002, Ma vérité, 2005, Le Cœur d’un homme, 2007…). Sur scène, il enchaîne ses succès, ceux de l’âge d’or des années 1960 et les incontournables Ma gueule, Gabrielle, Quelque chose de Tennessee, Toute la musique que j’aime ou Le Bon Temps du rock’n’roll.

En 1997, Pascal Nègre, qui a pris les rênes de PolyGram – bientôt absorbé par Universal Music Group –, fait appel à Pascal Obispo, révélé avec le succès de Tombé pour elle (fin 1994). Celui-ci compose les musiques de l’album Ce que je sais, certaines en collaboration avec Pierre Jaconelli. Et les textes sont écrits par d’autres jeunes en plein essor : Zazie, Lionel Florence, Didier Golemanas. Au cœur du disque, un énorme tube, Allumer le feu. En même temps, parce que le statut d’icône nationale passe par la reconnaissance des milieux politiques et de l’intelligentsia, l’écrivain Daniel Rondeau taille à Johnny, sur deux pages dans Le Monde du 7 janvier 1998, et dans une biographie parallèle, un costume à la hauteur de sa propre vision du chanteur : un rescapé, un roc, un survivant… Rondeau invente à l’occasion le concept de « destroyance » – ou comment vivre en dents de scie, mourir et renaître à chaque instant.

Ce que je sais inaugure aussi une image qui sera celle d’Hallyday pour les années à venir et une stratégie médiatique nouvelle : petit bouc, tee-shirt, col en V, tatouages. Les photographies du « Sphinx » proposées à la presse seront similaires à celle de la pochette de l’album. Le même style est gardé pour Sang pour sang (1999), 42e album de Johnny, composé par son fils David, avec en parallèle un contrat juteux pour la publicité des opticiens Optic 2000 – blouson à fines raies, remake façon Matrix de l’attirail James Dean, lunettes noires en plus.

L’aventure doit se parachever avec de la performance. Ce sera le Stade de France, en septembre 1998. Jean-Claude Camus, son producteur, et Pascal Nègre, PDG d’Universal Music, rêvent de gigantisme pour leur artiste. La France vient de remporter la Coupe du monde de football, tout le monde est heureux. Mais, le 4 septembre, jour du premier des trois concerts prévus dans l’enceinte de Saint-Denis, il pleut, les câbles électriques sont noyés sous les trombes d’eau. Sur la pelouse, la route-décorum où Johnny devait faire une démonstration de moto sauvage prend des allures de patinoire. Avec ce ciel bouché, adieu pyrotechnie, filin, hélicoptère. Le concert est annulé et reporté au 11 septembre. Les suivants seront un triomphe. Et la foule reprend en chœur : Allumer le feu. Johnny le Phénix.

Installation à Gstaad

Le 10 juin 2000, il fête ses quarante ans de carrière avec un concert au pied de la tour Eiffel, 500 000 spectateurs annoncés, une diffusion en direct par la chaîne de télévision TF1. Il retrouve la scène de l’Olympia. En 2004, conseillé par son beau-père, André Boudou, patron de clubs à Miami et dans le sud de la France – avec lequel il acquiert de manière éphémère une boîte de nuit à Paris, l’Amnesia –, Johnny Hallyday attaque en justice la maison de disques qui l’hébergeait depuis 1961, Universal Music, pour « abus de pouvoir », et réclame la propriété de ses bandes masters. Il perdra ses procès. Après plus de quarante ans de collaboration avec Philips et avec Mercury, Hallyday signe début janvier 2006 avec une major concurrente, Warner Music. Il enregistre pour elle notamment Le Cœur d’un homme, édité en novembre 2007, présenté comme un hommage au blues ; Jamais seul, lancé en mars 2011, collaboration avec le chanteur -M- ; Rester vivant, en 2014. Tous numéro 1 des ventes à leur sortie et dans les semaines qui suivent.

Peu avant de quitter Universal Music, Hallyday avait demandé la nationalité belge – son père, Léon Smet, l’était. Après une longue procédure, il renoncera à ce projet en octobre 2007. On parle de raisons fiscales, de son envie de devenir citoyen monégasque comme son fils David, Hallyday avance des envies de retrouver des racines familiales. En décembre 2006, il s’installe à Gstaad, en Suisse, où un forfait fiscal est accordé aux étrangers fortunés qui n’exercent pas d’activité lucrative dans le pays. Le chanteur et sa famille possèdent une large demeure sur l’île antillaise de Saint-Barthélemy. Johnny a vendu la Lorada, 5 000 m2 façon hacienda mexicaine à Ramatuelle, près de Saint-Tropez. Les Hallyday partagent leur vie entre leur appartement de Los Angeles et leur maison de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine).

En 2009, le « Tour 66 », appellation inspirée par son âge alors et par la mythique Route 66 qui traverse les Etats-Unis, est annoncé comme sa « dernière tournée ». Le sort a bien failli le confirmer. Commencée le 8 mai, elle est interrompue en décembre. Hallyday avait été hospitalisé durant l’été après une chute. En septembre, lors du Festival international de cinéma de Toronto, il révèle « qu’il avait eu un petit cancer ». Guéri. Nouvel épisode, il est opéré d’une hernie discale le 26 novembre, au surlendemain d’un concert à Orléans. Il part se reposer à Los Angeles où il va être hospitalisé en urgence, le 7 décembre, au Cedars-Sinai Medical Center pour une infection postopératoire. On le donne pour mort. Il s’en sort.

Il faut vite oublier ces images d’effondrement. Hallyday change d’entourage, de producteur, se séparant de son mentor Jean-Claude Camus pour rejoindre la société de Gilbert Coullier. Encore endettée, la star signe un contrat portant notamment sur une avance de 12 millions d’euros en vue d’une nouvelle tournée, qui débutera en mai 2012 et se terminera en décembre – avec d’autres alertes sur la santé du chanteur. A cette occasion, Sébastien Farran, venu du hip-hop, qui travaille avec Joey Starr ou Izia, devient le manageur du chanteur. Auparavant, Hallyday a fait ses débuts au théâtre, dans Le Paradis sur Terre, de Tennessee Williams, présenté du 6 septembre au 19 novembre 2011 au Théâtre Edouard-VII, à Paris.

Signe de l’éternelle popularité d’Hallyday, lors d’une courte tournée estivale en 2013, la diffusion le 15 juin, jour anniversaire de ses 70 ans, par TF1 d’un concert en direct du Palais omnisports de Paris-Bercy est suivie par près de 6 millions de téléspectateurs. Il pourrait s’arrêter là. Eh bien non. Le voici du 5 au 10 novembre 2014 avec ses copains Eddy Mitchell et Jacques Dutronc au Palais omnisports de Paris-Bercy sous le nom générique Les Vieilles Canailles, en même temps que paraît un nouvel album, Rester vivant.

De l’amour, son 50e album studio, enregistré en une dizaine de jours à Los Angeles, où il réside depuis 2013, est publié le 13 novembre 2015. Le jour des attaques terroristes près du Stade de France et dans les 10e et 11e arrondissements parisiens. Parmi les chansons du disque, où sont notamment évoqués les migrants et le jeune Michael Brown, tué par un policier à Ferguson (Missouri), Un dimanche de janvier, texte de Jeanne Cherhal, musique de Yodelice, revient sur les attentats de janvier 2015 à Charlie Hebdo et à l’Hyper Cacher et sur les marches républicaines qui ont suivi.

Et s’il devait s’arrêter de chanter ? Vivrait-il tranquillement avec Læticia Hallyday et leurs deux filles adoptives, Jade et Joy, s’en tiendrait-il à sa carrière rêvée d’acteur de cinéma comme il en exprime régulièrement l’envie ? Le film Vengeance, de Johnnie To, lui a permis de remonter les marches du Palais des festivals à Cannes en mai 2009, il tourne ensuite avec Claude Lelouch en 2014 et 2017, et dans la comédie Rock’n’Roll (2017), de Guillaume Canet ? Les fans n’y croient pas vraiment. Quand le quotidien lui prend la tête et ses forces, la musique, pour le public d’Hallyday, est sa source miraculeuse. Ainsi, Johnny, inlassablement, repart sur les routes.

Le 8 mars 2017, alors qu’une tournée des Vieilles Canailles avec Mitchell et Dutronc est prévue en juin et juillet, Johnny Hallyday annonce dans un message qu’il est soigné depuis plusieurs mois pour un cancer du poumon. Mais que ses jours ne sont pas en danger. Les fans s’alarment de nouveau. Et de nouveau s’accrochent à l’idée de sa résistance. Il faut le conserver dans l’image du maudit et du flambeur, qui aime la vitesse et l’ivresse. La tournée 2017 des Vieilles Canailles débute comme prévu à Lille, le 10 juin. Et, pourtant, l’envol de l’aigle Hallyday est cette fois définitivement entravé.

A lire aussi : « Johnny Hallyday, le roi caché », de Véronique Mortaigne, éd. Don Quichotte, 278 p., 18 €.

5 décembre 2017

L'écrivain et académicien Jean d'Ormesson est mort à l'âge de 92 ans

Un monument des lettres françaises vient de disparaître. L'écrivain et académicien Jean d'Ormesson est mort à l'âge de 92 ans, dans la nuit du lundi au mardi 5 décembre, a annoncé sa fille à l'AFP. Agrégé de philosophie et auteur de nombreux ouvrages, il était habitué des plateaux de télévisions où il commentait les sorties littéraires.

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24 novembre 2017

Barbara

19 novembre 2017

Azzedine Alaïa, un couturier à l’écart des systèmes de mode

 


Par Carine Bizet - Le Monde

Le couturier, qui avait donné formes et vie à une vision universelle du corps féminin, est mort samedi à Paris, à l’âge 77 ans.

C’est un maître de couture admiré, craint mais surtout respecté de tous qui est mort samedi 18 novembre, à Paris, à l’âge de 77 ans. « Il y a dans la mode des sortes de “fil à plomb” et Azzedine Alaïa est l’un d’entre eux, au même titre que Madame Grès ou Cristobal Balenciaga », expliquait en 2016 au Monde Olivier Saillard, directeur du Palais Galliera qui lui avait consacré une rétrospective en 2013.

Pourtant, personne n’a jamais été plus vigoureusement à l’écart des systèmes de mode, allergique aux honneurs et à la pompe mielleuse que ce « petit » homme aux éternels pyjamas chinois. Azzedine Alaïa a défendu du début à la fin son indépendance, dans son travail, comme dans sa vie.

Un esprit artisanal

Né le 26 février 1940 à Tunis, il est élevé par sa grand-mère très libre et au caractère bien trempé (elle fera une fugue à 80 ans !) et est fasciné par le travail de sa sœur Hafida, qui travaille chez une couturière et auprès de laquelle il apprend les bases de son futur métier. Il s’inscrit aux Beaux-Arts (en mentant sur son âge), décroche son diplôme et travaille pour une couturière locale. Il part rapidement pour Paris, au début des années 1950, et fait mine de s’intégrer au système des grandes maisons de couture. « J’ai passé cinq jours chez Christian Dior [d’où il a été renvoyé faute de papiers] et deux ans chez Guy Laroche, à l’atelier tailleur car je voulais apprendre à coudre, racontait-il dans un entretien accordé au Monde en 2016. Mais ce sont les femmes qui m’ont tout appris. »

Dès lors, le jeune homme tenace va se consacrer à elles, et ce pour toujours. Il commence par se constituer une clientèle privée, d’abord depuis la chambre de bonne que lui prête la comtesse de Blégiers en échange de petits travaux ; puis dans un atelier appartement de la rue de Bellechasse dans le 7e arrondissement de Paris. Là, il accueille Greta Garbo, Arletty, Louise de Villemorin, mais aussi de simples inconnues fascinées par son travail. Il faudra attendre les années 1980 pour qu’Azzedine Alaïa crée une marque ou plutôt une maison, car l’esprit artisanal et familial est au cœur de son œuvre.

Il a constitué son écosystème rue de Moussy à Paris (4e), dans une ancienne usine de montres et de matelas qui abrite ses ateliers, son appartement, une galerie d’art (où les expositions sont toujours gratuites) et un hôtel de trois chambres qui ne reçoit que des proches choisis par le maître. « Autour de la cuisine, Azzedine a modélisé un monde où famille, mais aussi journalistes, se retrouvent. Il est tout dans la société, le patron, le père et la mère, raconte Olivier Saillard. Azzedine, il faut le mériter, y compris en amitié. Mais quand il vous a adopté, il est d’une grande fidélité. »

Un style anatomique

La top model Naomi Campbell est l’un des meilleurs exemples de cette philosophie familiale. « Adoptée » à l’âge de 15 ans alors qu’elle est une jeune mannequin inconnue en quête d’un lieu où dormir, elle a toujours sa chambre chez le maître qu’elle appelle « papa ». « Maintenant, quand je viens, on regarde la télévision ensemble, racontait-elle au quotidien anglais The Independent. Il aime beaucoup la Tunisie et il est très attaché à ses racines. (…) Maintenant que je suis un peu plus vieille, il vient aussi chez moi. Mais le plus important, c’est que nous rions ensemble, on rit et on se dispute, mais surtout on rit. » Cette famille composite qui compte aussi six chats et trois chiens constitue sa bulle et son bonheur.

A l’abri, il construit son style : sculptural, féminin, anatomique, sophistiqué, les adjectifs ne manquent pas. Il est parfaitement en phase avec la femme conquérante des années 1980 et devient une vraie star. Mais ce n’est pas la tendance qui intéresse Azzedine, l’un des rares avec John Galliano qui sache vraiment coudre. Sa passion, son obsession, c’est la perfection de la coupe, l’exactitude d’un tombé, la rareté d’une texture de maille. Inlassablement, il refuse toutes les propositions pour prendre la tête d’une grande maison de couture.

La chair heureuse

Il a son œuvre à poursuivre et crée au passage certaines des images les plus iconiques de la mode : Jesse Norman venue chanter au bicentenaire de la Révolution française en 1989, il a habillé Grace Jones, son ancien mannequin cabine devenue star et muse, a élaboré une collection avec Tati sortie en 1990. Les clichés de Jean-Paul Goude où il joue de sa petite taille aux côtés de mannequins sculpturaux comme Farida Khelfa montrent le côté joyeux du style Alaïa, sa relation profonde avec les femmes qu’il aime magnifier. « Même si elle est idéalisée, la mode d’Azzedine n’est jamais fantasmée, elle s’adresse à des corps vivants, très différents », affirme Olivier Saillard.

Il y a de la chair heureuse dans cette mode, trop pour les années 1990 et leurs élans grunge. Des journalistes annoncent la chute du maître qui n’en a absolument rien à faire. Tant pis si on le dit difficile et capricieux. Azzedine n’a jamais cherché à se cacher derrière une image de gentil : il aime les gens de caractère, comme lui, et cultive ses inimitiés avec autant de soin que ses amitiés. La brouille avec Anna Wintour, grande prêtresse du Vogue américain, est une des légendes préférées du milieu de la mode depuis au moins vingt ans. Azzedine Alaïa a osé dire tout haut ce qu’il pensait des goûts de la dame et a été banni du magazine. « Curieusement, les Etats-Unis sont un de mes plus gros marchés », glissait-il, soulignant l’air de rien l’inutilité de ce boycottage.

La densité des textures

Alaïa, c’est aussi cela : l’art de la repartie doublé d’un sourire solaire qui réchauffe ceux qui l’entourent et le reçoivent. Et le couturier poursuit son chemin, autonome, libre, même si dans les années 2000, il doit bien trouver des partenaires financiers : ce sera d’abord le groupe Prada (2000-2007) puis le groupe Richemont qui lui permet de développer sa marque, mais toujours selon ses règles. En 2015, une exposition à la Galeria Borghese de Rome a été un test ultime : face aux œuvres du Caravage ou du Bernin, celles d’Azzedine Alaïa tiennent le choc. La puissance et la justesse des lignes, la densité des textures (cuir perforé, maille granitée, crocodile brut) donnent formes et vie à une vision universelle du corps féminin.

Malgré un calendrier de la mode toujours plus serré, Azzedine Alaïa a continué de présenter ses collections à son rythme. « Elle sort quand elle est prête », tranchait-il à chaque interrogation. Sa dernière incursion en marge des défilés de haute couture, en juillet, avait été un triomphe après six ans loin des podiums. Après ce show ouvert par la sublime Naomi Campbell, la standing ovation n’a pu le faire sortir des coulisses. Il a toujours préféré laisser son œuvre parler pour lui, parler aux femmes. Elles n’oublieront jamais la générosité, certes intransigeante, de maître Azzedine.

Dates

26 février 1940 Naissance à Tunis

Début années 1950 Départ pour Paris et travail pour Dior et Guy Laroche

1980 Création de sa maison de couture

18 novembre 2017 Mort à Paris

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18 novembre 2017

Azzedine Alaïa est mort

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Le couturier franco-tunisien, idole des fashionistas parisiennes dans les années 80-90 et connu pour ses robes ultra-moulantes, est décédé à l'âge de 77 ans.

Jamais en quelque cinquante-cinq années de carrière, le couturier Azzedine Alaïa ne se sera plié au timing infernal imposé par le calendrier officiel de la mode. Fait rare, cet épicurien a su démontrer avec talent qu'on pouvait accéder à la lumière tout en se positionnant en marge du système. Artisan des corps plus que styliste vedette, toute sa vie, Azzedine Alaïa aura conservé ce goût du travail parfaitement exécuté et de l'indépendance face au nouveau marchandage publicitaire qui fait rage chez ses concurrents. Hommage à cet ovni de la mode qui vient de nous quitter.

Le sculpteur de ces dames

Débarqué à Paris dans les années 60 à l'issue de la guerre d'Algérie, le jeune couturier franco-tunisien intègre immédiatement la maison Dior sous l'égide d'Yves Saint Laurent, nouveau maître des lieux à la suite de la disparition de Christian Dior. Renvoyé cinq jours plus tard, faute de papiers, Azzedine Alaïa poursuit sa formation chez Guy Laroche et Thierry Mugler, avant de se constituer une clientèle privée dans son petit atelier de la rue de Bellechasse. Robes sculpturales, lignes moulantes, matières près du corps, tailles soulignées par des coupes en biais, fourreaux…, l'architecte des corps est né. Vêtu de son invariable costume chinois noir, Azzedine Alaïa se fait l'artisan de la féminité exacerbée et cela ne surprend pas ses clientes d'apprendre que le jeune prodige a étudié la sculpture aux Beaux-Arts de Tunis. Entre autres, l'actrice Arletty raffole de ses créations, tout particulièrement de la célèbre petite robe noire zippée créée pour elle vers 1970. En quelques années, Azzedine Alaïa est devenu le virtuose de la couture et c'est encouragé par son ami Thierry Mugler qu'il consent à monter sa propre maison de couture.

1980 marque l'année de la création de la maison Azzedine Alaïa. Âgé de quarante ans, le couturier continue à explorer la construction du vêtement et à travailler des matières toujours plus innovantes. Ses mannequins fétiches s'appellent Naomi Campbell, Linda Evangelista ou encore Stephanie Seymour et ses muses sont deux figures emblématiques des années 80 : l'actrice Grace Jones et la mannequin Farida Khelfa. Ses robes se vendent comme des petits pains et toutes les femmes du monde rêvent de porter du Alaïa, à l'instar de Tina Turner et de sa robe en perles et or.

En 1985, deux oscars de la mode viennent récompenser son travail acharné. Mais Azzedine Alaïa, peu friand du ramdam médiatique, se prête difficilement au jeu des interviews et préfère les défilés intimistes de dernière minute aux shows spectaculaires qui font rage dans le Tout-Paris des années 90. Le couturier communique peu, se fait rare et refuse d'entrer dans le moule étroit du système du calendrier officiel de la mode. Azzedine Alaïa ne présente ses collections qu'une fois que celles-ci sont parfaitement terminées, refusant de se plier au timing de l'intangible agenda. Certains journalistes commencent alors à lui tourner le dos, prétextant que ses créations sont trop élitistes et ne laissent pas droit à l'erreur – morphologique.

Malgré cette période critique, Azzedine Alaïa reste une figure incontournable de la mode internationale et, sans jamais avoir investi une page de publicité dans un magazine, ses créations se retrouvent tout de même sur papier glacé. En 2011, la maison Dior lui proposa même de reprendre du service en prenant la succession de John Galliano. Esprit libre opposé aux diktats de la mode actuelle, il refuse.

À l'heure de la disparition du « petit » couturier, une question subsiste : que va devenir la maison Alaïa sans Azzedine, le trublion de la mode qui faisait l'âme de cette maison et le charme de la mode parisienne à contre-courant ?

Voir : Galerie Azzedine Alaïa

 

Azzedine Alaïa/ R.I.P.



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A really Big Man who know and love the Woman. Craftsman of the body and beauty, a taste for perfectly executed work and an independent Artisan free of all rules. We have a huge admiration and respect. RIP ❤️❤️❤️❤️❤️❤️ #love #realartist #passion #photojeanbaptistemondino



216 Likes, 10 Comments - Luigi and Iango (@luigiandiango) on Instagram: "A really Big Man who know and love the Woman. Craftsman of the body and beauty, a taste for..."

 

17 novembre 2017

Nécrologie : Robert Hirsch, légende du théâtre, de la Comédie-Française au boulevard, est mort

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Par Fabienne Darge, avec Colette Godard

Le comédien, récompensé par six Molières au cours de sa carrière, avait 92 ans. Le « roi des cabotins » était admiré par ses pairs et adoré du grand public.

Avec Robert Hirsch, c’est une légende du théâtre français qui disparaît : le comédien, récompensé par six Molières au cours de sa carrière – un record –, est mort jeudi 16 novembre à Paris, à l’âge de 92 ans. Lui qui s’était un temps autoproclamé « roi des cabotins » était acteur jusqu’au bout des ongles, et il était aussi admiré par ses pairs qu’aimé du grand public.

Né le 25 juillet 1925 à L’Isle-Adam (Val-d’Oise), Robert Hirsch a vécu dans le théâtre comme dans un ventre maternel qu’il n’aurait jamais quitté : en 2016, il jouait encore, dans Avant de s’envoler, de Florian Zeller, au Théâtre de l’Œuvre. Dans ses jeunes années, son père, diamantaire dans le 9e arrondissement de Paris, avait racheté l’Apollo, une superbe salle de cinéma Art déco qui jouxtait le Casino de Paris. Robert Hirsch y a passé son enfance à voir et revoir tous les grands films de la Warner des années 1930.

Il rêvait devant Errol Flynn, Humphrey Bogart ou Bette Davis – son idole –, et devant les comédies musicales de Busby Berkeley et Mervyn LeRoy. « Je priais le ciel pour qu’il pleuve le jeudi et que je ne sois pas obligé d’aller jouer au foot, parce qu’alors je passais la journée à l’Apollo. J’y avais une loge, tout ce qu’il fallait pour boire et manger, et je m’identifiais totalement aux acteurs : je mangeais quand ils mangeaient, je prononçais leurs répliques en même temps qu’eux… », nous racontait-il lors d’une rencontre en 2013.

En 1939, son père a compris qu’il devait quitter Paris, pas tant à cause de ses origines juives que parce qu’il avait programmé à l’Apollo un des premiers films hollywoodiens dénonçant le nazisme. La famille a passé la guerre à Montmorillon (Vienne), où le goût du jeune Hirsch pour le spectacle, et singulièrement pour la danse, n’a fait que s’affirmer.

Il utilisait son corps tel un virtuose

A la Libération, revenu à Paris, Robert Hirsch, grand admirateur de Serge Lifar, auditionne pour entrer dans le corps de ballet de l’Opéra de Paris. Il est reçu, mais Serge Lifar, lui, est débarqué, pour avoir été trop proche des milieux de la Collaboration. Le jeune homme laisse tomber la danse, et rejoint le théâtre, sous l’influence de quelques amis. Mais ce rapport à la danse marquera durablement son art de comédien : Robert Hirsch sera un des premiers, dans un théâtre français encore très axé sur le verbe, à savoir utiliser son corps avec une virtuosité époustouflante.

Le 1er septembre 1948, le soir même de son concours de sortie du Conservatoire, où il a obtenu les deux premiers prix de comédie, il entre à la Comédie-Française. Il y reste vingt-cinq ans, jusqu’en février 1974. Vingt-cinq ans qui ont tissé sa légende, de rôle en rôle, de Néron à Scapin, de Raskolnikov à Bouzin, de Sosie à Tartuffe ou à Richard III, sans compter Arturo Ui, joué avec George Wilson au TNP.

Difficile aujourd’hui d’imaginer la célébrité qui était la sienne dans les années 1960, et les dithyrambes dont il a été l’objet. Les Japonais l’ont qualifié de « meilleur acteur du monde ». Les journalistes français, régulièrement, d’« acteur-Protée », surtout après sa prestation dans Pas question le samedi, un film réalisé par Alex Joffé en 1965 et dans lequel il jouait treize rôles – un de plus qu’Alec Guinness dans Noblesse oblige.

« Je suis le roi des cabotins », répondait-il alors, lui qui a toujours aimé la provocation, l’insolence et l’humour potache. Il est surtout, dans ces années-là, un des rois de Paris, avec sa personnalité extravagante, son goût de la fête, surtout si elle est déguisée, sa vie de patachon. Sur scène, il est capable des plus grands excès tout en restant crédible, et même émouvant.

Sortir des sentiers battus

Son talent d’acteur, qui repose sur sa fantaisie, sa souplesse acrobatique, la mobilité de ses traits, atteint une forme de génie avec son incarnation de l’infâme Bouzin dans Le Fil à la patte, de Georges Feydeau, en 1961. Il s’est fait une allure de vieux rat sordide, et la tête qui va avec. Il passe deux heures à se maquiller pour devenir ce mutant mi-humain, mi-reptile qui avance en ondulant, butte sur les meubles, s’écroule, se rattrape, s’affale, geint, porte sur le monde un regard de chien perdu, pathétique, inquiétant, irrésistible.

Hirsch-Bouzin, ce fut inoubliable, comme fut inoubliable son Sosie dans l’Amphitryon de Molière, un rôle qui semble avoir été créé pour lui. Des années plus tard, de jeunes acteurs qui ne l’avaient jamais vu sur scène allaient sur YouTube pour observer, fascinés, les quelques images qui en avaient été filmées.

Début 1974, pourtant, il abandonne la Comédie-Française. Il a envie de sortir des sentiers battus. Il part jouer au Boulevard, où il aura du mal à trouver des textes à sa mesure et des metteurs en scène à la hauteur.

Mais on a continué à aller le voir : on y allait pour lui, comme dans Le Gardien, d’Harold Pinter, en 2006, où il était une nouvelle fois extraordinaire dans le rôle de ce « vieux fumier, totalement odieux ». Ou dans Le Père, de Florian Zeller, en 2012, où il jouait un vieil homme atteint de la maladie d’Alzheimer et où, malgré une partition assez plate, il parvenait une nouvelle fois, avec cette étrangeté quasi épileptique qui était devenue la sienne, à faire glisser le comique ou la banalité vers des zones troubles, ténébreuses et inquiétantes.

« Hors du théâtre, je ne vis pas »

Jouer, jouer, jouer, il n’aura voulu faire que cela, au long de presque soixante-dix ans de carrière. On ne lui a pas connu d’autre vie que la scène, et quelques rôles au cinéma et à la télévision. « Le théâtre est ma religion », « Hors du théâtre, je ne vis pas », « Il n’y a que quand je joue que j’existe vraiment », déclarait-il régulièrement, contribuant ainsi à son propre mythe.

Pourtant, Robert Hirsch avait construit son art d’acteur sans aucun modèle théorique, contrairement à son grand ami Michel Bouquet, nourri jusqu’à la moelle du Paradoxe du comédien, de Diderot. Lui n’avait jamais lu cet ouvrage canonique, ni aucun autre, pas même ceux du maître russe Constantin Stanislavski. « Je n’ai jamais voulu mettre mon nez dans ces trucs-là… Pourquoi le paradoxe “du” comédien, d’ailleurs ? Pourquoi pas le paradoxe du boucher ou du boulanger, pendant qu’on y est ? Tous les bouchers ne se ressemblent pas, tous les comédiens non plus… On ne travaille pas de la même façon, on n’a pas le même tempérament. Je ne veux pas qu’on me donne un mode d’emploi pour jouer la comédie. Non, non et non : l’instinct avant tout… », affirmait-il avec force.

Tout juste concédait-il avoir appris son métier en regardant Bette Davis pendant des heures : « Elle est l’instinct et l’intelligence de jeu incarnés. Il n’y a pas de demi-mesure avec elle. Qu’elle en fasse trop, bien sûr, mais quel bonheur ! Il y a tellement d’acteurs qui n’en font pas assez, qui jouent dans leurs bottes ! »

Il n’y avait pas de demi-mesure non plus avec Robert Hirsch : acteur, il l’aura été, entièrement, absolument, vertigineusement. Presque maladivement : marionnette de lui-même, manipulateur de ses émotions et des moindres fibres de son corps, totalement voué à cet art futile et profond : jouer la comédie pour mieux atteindre un noyau de vérité.

Dates

25 juillet 1925 : Naissance à L’Isle-Adam (Val-d’Oise)

1948-1974 : Comédie-Française

2006 : Le Gardien, d’Harold Pinter

2016 : Avant de s’envoler, de Florian Zeller

16 novembre 2017 : Mort à Paris.

14 novembre 2017

Mon tout premier appareil photo...

Ancien Appareil photos argentique Kodak Brownie Starlet Camera

13 novembre 2017

Dessin de Plantu

13 novembre 2017

In memorem : BATACLAN

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bataclan (2)Photos : J. Snap

Deux ans après, la France rend hommage aux victimes du 13-Novembre

Emmanuel Macron se rend lundi sur les six lieux des attaques djihadistes qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

Le président de la République Emmanuel Macron rend hommage lundi matin aux victimes des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis en se rendant sur les six lieux des attaques. Le chef de l’Etat sera accompagné notamment de son prédécesseur François Hollande.

Ses déplacements suivront chronologiquement les attaques, en commençant à 9 heures par le Stade de France, aux côtés notamment des élus locaux et régionaux. Il se rendra ensuite devant les restaurants et bars parisiens Le Carillon, Le Petit Cambodge, La Bonne Bière, le Comptoir Voltaire, la Belle Equipe et enfin au théâtre du Bataclan.

Lâcher de ballons

Sur chaque lieu, en présence de familles des victimes, le président se recueillera devant la plaque commémorative pour une minute de silence et déposera une gerbe pendant que le nom des personnes tuées sera scandé par un message enregistré. Vers midi le chef de l’Etat se rendra sur la place de la mairie du 9e arrondissement où l’association de famille de victimes Life for Paris organise une cérémonie se terminant par un lâcher de ballons, comme ce fut le cas en 2016.

Le 13 novembre 2015, la France avait été frappée par les pires attaques terroristes de son histoire. Neuf tueurs font 130 morts et plus de 350 blessés à Paris, dans la salle de concert du Bataclan (90 morts), aux terrasses de plusieurs bars et restaurants (39 morts) et près du Stade de France (1 mort). L’organisation Etat islamique a revendiqué ces attentats.

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