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Jours tranquilles à Paris
23 octobre 2017

Donald Trump autorise la publication d’archives sur l’assassinat de John F. Kennedy

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Le 26 octobre, 3 100 documents inédits vont être publiés. Leur maintien sous scellés a alimenté de nombreuses théories du complot.

Le président américain Donald Trump a autorisé, samedi 21 octobre, la publication prochaine de milliers de nouveaux documents sur l’assassinat de John F. Kennedy, dont le maintien sous scellés pendant plus de cinquante ans a alimenté de nombreuses théories du complot. « Sous réserve de la réception de nouvelles informations, je vais autoriser, en tant que président, que les DOSSIERS JFK longtemps bloqués et classés top secret soient ouverts », a écrit le président américain sur son compte Twitter.

Plus de cinquante ans après les faits, une majorité d’Américains doute toujours de la version officielle présentant Lee Harvey Oswald comme le seul responsable de l’assassinat du président démocrate à Dallas (Texas), le 22 novembre 1963.

Dans son édition de samedi, le Washington Post rapporte que les documents à paraître pourraient éclairer d’un jour nouveau les activités d’Oswald à Mexico fin septembre 1963 et ses tentatives d’approche d’espions cubains et russes.

Multiples théories du complot

Moment charnière de l’histoire des Etats-Unis, l’assassinat du jeune président – il avait alors 46 ans – alimente depuis des décennies les théories du complot, certains doutant que le tireur ait agi seul. Cet assassinat a donné lieu à des milliers de livres, d’articles, de films et de documentaires développant de multiples théories impliquant Cuba, la mafia ou des cercles liés aux agences fédérales chargées de la sécurité.

Les théories évoquant une conspiration avaient repris un nouveau souffle après la sortie du film JFK de Oliver Stone en 1991. Face au débat public alors décuplé, une loi avait été signée, en 1992, imposant la publication de tous les documents, tout en conservant sous scellés une partie d’entre eux jusqu’au 26 octobre 2017.

Environ cinq millions de documents sur l’assassinat de JFK, provenant essentiellement des services de renseignement, de la police et du ministère de la justice, sont conservés à Washington aux Archives nationales. L’immense majorité, 88 %, a déjà été révélée au public, selon cette institution et 11 % ont été publiés après avoir été caviardés.

3 100 documents censés être dévoilés

Le 26 octobre, 3 100 documents qui n’ont encore jamais été dévoilés au public devraient donc être finalement publiés ainsi que la version complète de dizaines de milliers de pièces qui avaient auparavant été caviardées.

Le site Politico, citant des responsables de l’administration, craignait vendredi qu’à la demande de la CIA le président bloque la publication de plusieurs de ces documents secrets, notamment ceux datant des années 1990, car ils pourraient exposer des agents et des informateurs de la CIA et du FBI encore en activité.

Le président américain peut en effet encore décider d’en maintenir certains secrets, pour des questions de sécurité. Une option que Donald Trump se réserve dans son tweet et qu’un responsable de la Maison Blanche a encore mis en avant dans l’après-midi.

« Le président estime que ces documents devraient être rendus accessibles dans l’intérêt d’une transparence complète, à moins que les services (de renseignement et de sécurité) ne fournissent une justification claire et convaincante liée à la sécurité nationale ou au maintien de l’ordre. »

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21 octobre 2017

In memorem - François Truffaut

20 octobre 2017

Nécrologie : La comédienne Danielle Darrieux est morte, à l’âge de 100 ans

Par Thomas Sotinel - Le Monde

L’actrice, qui a fait ses débuts sous les projecteurs en 1931, a tourné 110 films sur huit décennies avec Max Ophüls, Claude Chabrol ou André Téchiné.

On risque d’être aveuglé par son extraordinaire longévité : quand Danielle Darrieux, décédée le 17 octobre à 100 ans, a tourné son premier film, Le Bal, en 1931, le cinéma commençait à peine à parler. Lorsque le dernier long-métrage auquel elle a participé, Pièce montée, de Denys Granier-Deferre, est sorti en 2010, il a été projeté en numérique.

Car le vrai prodige de la trajectoire de Danielle Darrieux dans l’histoire du cinéma tient moins à ces huit décennies passées sur les plateaux qu’à l’inépuisable richesse de sa filmographie : parmi ces 110 titres, on trouvera des chefs-d’œuvre (Madame de…, de Max Ophüls, ou L’Affaire Cicéron, de Joseph L. Mankiewicz), de grands divertissements (Premier rendez-vous, d’Henri Decoin, ou Huit Femmes, de François Ozon), des films signés par des artisans aujourd’hui oubliés (René Guissart, Henry Koster, Duilio Coletti) et d’autres dirigés par des générations successives d’auteurs, d’Ophüls à Anne Fontaine, en passant par Sacha Guitry, Claude Chabrol, Jacques Demy, André Téchiné, Benoît Jacquot ou Paul Vecchiali.

Ce serait bien assez pour dessiner un destin hors du commun, mais en un siècle, Danielle Darrieux a aussi trouvé le temps d’être en haut de l’affiche des théâtres parisiens (et même, brièvement, de Broadway), de faire de jolies incursions dans la chanson et – accessoirement – de défrayer la chronique mondaine.

Sur un plateau de cinéma dès 14 ans

Danielle Darrieux est née le 1er mai 1917 à Bordeaux. Elle grandit à Paris, élevée par sa mère, devenue veuve très tôt. La famille est désargentée, bohème, mais fréquente la bonne société. A l’Institut de la Tour, la petite Danielle a pour condisciples les enfants de François Mauriac. Elle étudie le piano et le violoncelle, et comme elle chante bien, d’une voix haut perchée, on la destine à une carrière musicale. Jusqu’à ce qu’un ami de la famille suggère que l’adolescente (on est en 1931) passe une audition pour le rôle principal du Bal, adaptation d’un roman d’Irène Némirovsky par le metteur en scène allemand Wilhelm Thiele. Elle fêtera ses 14 ans sur le plateau, et signera aussitôt un contrat avec les producteurs.

Son succès est immédiat et elle enchaîne les tournages « en Allemagne, en Tchécoslovaquie, en Bulgarie », de films qu’elle « confond tous un peu », se souviendra-t-elle plus tard, gardant tout de même une place à part pour Mauvaise Graine (1934), le premier long-métrage d’un exilé autrichien qui poursuivra son chemin jusqu’à Hollywood, Billy Wilder.

Danielle Darrieux est alors très jeune, mais assez consciente des enjeux de sa carrière pour, en 1936, entrer en conflit avec ses producteurs qui veulent la faire tourner sous la direction de Léon (dit Léo) Joannon alors qu’elle vient de se voir offrir le rôle de Marie Vetsera, dans le Mayerling d’Anatole Litvak : « Naturellement, je n’étais pas libre, mais tourner avec Litvak, c’était passer à un autre cinéma, a-t-elle raconté à Dominique Delouche pour son ouvrage Max et Danielle (éd. La Tour verte, 2011). Alors tout simplement, j’ai fait faux bond à Léo Joannon et sa Mademoiselle Mozart pour tourner Mayerling ! Tout mon cachet est passé dans le dédit que m’ont demandé les producteurs. »

En contrat à Hollywood

Mayerling est un succès international et Universal invite Danielle Darrieux à découvrir les charmes d’Hollywood. Elle a épousé le scénariste et réalisateur Henri Decoin qui a écrit pour elle le scénario d’un autre de ses succès, Port-Arthur – dans lequel, grimée, elle tient le rôle de l’épouse japonaise d’un officier russe –, et l’a dirigée dans Abus de confiance.

Au printemps 1938, le New York Times décrit ainsi l’arrivée du couple aux Etats-Unis : « Mlle Darrieux est arrivée ici avec un époux du nom d’Henri Decoin, un chien du nom de Flora, un violoncelle et 47 malles d’articles de mode de la rue de la Paix. » Aux côtés de Douglas Fairbanks Jr, elle tourne La Coqueluche de Paris, sous la direction d’Henry Koster. Le film est bien accueilli aux Etats-Unis, mais Danielle Darrieux ne s’y plaît guère. Elle casse son contrat avec Universal et rentre en France à la veille de la deuxième guerre mondiale.

A ce moment, elle a remis sa carrière entre les mains de son metteur en scène de mari. Ils tournent ensemble Retour à l’aube (1938), Battement de cœur (1940) et Premier rendez-vous, qui sort en 1941. Cette comédie lui donne le rôle d’une petite pensionnaire qui se distrait en répondant aux petites annonces sentimentales, se jetant entre les griffes d’un inquiétant personnage (Fernand Ledoux). Danielle Darrieux y pousse la chansonnette d’un air innocent, ce qui dissipe les vapeurs déplaisantes qui émanent de la situation de départ. Le film est un immense succès dans la France occupée.

A L’AUTOMNE 1944, SA VOITURE EST PRISE POUR CIBLE PAR UN GROUPE DE FFI ARMÉS, SON ÉPOUX PORFIRIO RUBIROSA EST BLESSÉ, L’ACTRICE EST INDEMNE

Quelques mois après sa sortie, son interprète part pour Berlin en compagnie de quelques-uns de ses collègues (dont Suzy Delair et Albert Préjean). Le film a été produit par la Continental, société allemande sise à Paris, et le régime nazi a su trouver les mots qu’il fallait pour convaincre l’interprète de Premier rendez-vous de faire le voyage. Divorcée de Decoin en 1941, elle a épousé en 1942 Porfirio Rubirosa, play-boy aux performances amoureuses hors norme, mais aussi représentant de la République dominicaine en France.

L’ex-gendre du dictateur Trujillo s’est répandu en déclarations anti-allemandes, ce qui lui a valu d’être interné. Sa libération a été promise à sa femme en échange d’un contrat avec la Continental et de la visite à Berlin. Les deux parties s’exécutent (Danielle Darrieux tournera deux films pour la firme allemande), et l’actrice se réfugie à Megève avec son époux jusqu’à la Libération. A l’automne 1944, alors que le couple est rentré à Paris, sa voiture est prise pour cible par un groupe de FFI armés, Rubirosa est blessé, l’actrice est indemne.

Mythique dans « Madame de… »

Malgré ces avanies, Danielle Darrieux ne tarde pas à reprendre le chemin des plateaux de cinéma et de théâtre. Il lui faudra plus de temps pour renouer avec le succès artistique. Elle enchaîne en effet des films désormais oubliés avant que Claude Autant-Lara ne lui confie le rôle-titre dans son adaptation d’Occupe-toi d’Amélie (1949) et, surtout, que Max Ophüls ne lui offre de jouer dans La Ronde, en 1950. Sous la direction du metteur en scène de Lettre d’une inconnue, qui vient de mettre un terme à son exil hollywoodien, elle tournera ensuite dans Le Plaisir (1952) et trouvera son plus beau personnage dans Madame de…, d’après Louise de Vilmorin.

De l’histoire de la mondaine dont la vie futile tourne à la tragédie, Danielle Darrieux a dit : « Ça restera mon film, celui grâce auquel on ne m’oubliera pas tout à fait. » Pour la première partie du film, Ophüls lui a demandé « d’incarner l’inexistence », ce qu’elle fait avec une superbe irrésistible avant de briser le cœur de tous les spectateurs, témoins de l’inexorable déchéance de Madame de…

En 1952, Joseph L. Mankiewicz la fait revenir à Hollywood, où elle tourne L’Affaire Cicéron aux côtés de James Mason. Elle incarne une aristocrate qui côtoie le milieu des espions à Ankara, pendant la seconde guerre mondiale. Là, cette actrice, qui se fait une gloire de ne se fier qu’à son instinct, doit recourir à la technique : « Mankiewicz m’a annoncé qu’il allait tourner [une longue scène avec beaucoup de dialogues] en une seule prise. Là, j’étais obligée de faire de la mécanique, a-t-elle raconté au Monde. James Mason m’a fait répéter dans un coin pendant une heure, je jouais en sachant ce que je faisais, ça me gênait presque. »

EN 1953, ELLE A REFUSÉ LE PREMIER RÔLE DU BLÉ EN HERBE, D’AUTANT-LARA, PARCE QU’ELLE NE SE SENT « PAS PRÊTE À JOUER LES DÉVOREUSES DE CHAIR FRAÎCHE »

En France, elle tourne sans arrêt, sous la direction de Guitry (Napoléon, Si Paris nous était conté), de Julien Duvivier (Pot-Bouille, Marie-Octobre), Autant-Lara (Le Rouge et le Noir, Vive Henri IV, vive l’amour). Nombre de ces films sont de grands succès et, en 1958, une enquête du Centre national de la cinématographie la place au troisième rang des actrices les plus populaires, derrière Michèle Morgan et Brigitte Bardot.

En 1953, elle a refusé le premier rôle du Blé en herbe, d’Autant-Lara, parce qu’elle ne se sent « pas prête à jouer les dévoreuses de chair fraîche ». Dès 1954, elle est Madame de Rénal dans Le Rouge et le Noir face au Julien Sorel de Gérard Philipe ; en 1955, elle est Lady Chatterley pour Marc Allégret. Cette adaptation de D.H. Lawrence reste dans l’histoire du cinéma pour avoir été censurée aux Etats-Unis, déclenchant un long processus judiciaire qui trouvera son épilogue quatre ans plus tard devant la Cour suprême, qui autorisera la sortie du film.

Divinité tutélaire du cinéma français

Au début des années 1960, Danielle Darrieux attrape la Nouvelle Vague comme peu de ses contemporains ont su le faire. Elle est l’une des conquêtes du Landru de Claude Chabrol et en 1967, la mère de Catherine Deneuve et Françoise Dorléac dans Les Demoiselles de Rochefort. De toute la distribution du film de Jacques Demy, elle est la seule à chanter sur la bande-son, le reste des comédiens étant doublé.

Dès 1961, elle apparaît dans Les Petits Drames d’un débutant, Paul Vecchiali, qui lui offrira un grand rôle dans En haut des marches (1983). A l’occasion de la rétrospective que la Cinémathèque a consacrée à Danielle Darrieux en 2009, le cinéaste a écrit un texte à la gloire de son interprète dans lequel il remarque : « Si Danielle Darrieux réussit tout ce qu’elle entreprend, théâtre, cinéma, télévision, chanson, ce n’est pas seulement parce qu’elle est une musicienne pointilleuse (sens du rythme, équilibre de la voix, humour dans les contrepoints), c’est surtout parce que sa santé physique et morale la met à l’abri des glissements morbides, les éclats de rire lui servent de viatique, et les larmes d’exutoire. »

On ne saurait mieux résumer l’extraordinaire deuxième partie de la carrière de l’adolescente du Bal, devenue divinité tutélaire du cinéma français. Au théâtre, Danielle Darrieux, qui a fait une incursion à Broadway en 1970 en succédant à Katharine Hepburn dans le rôle-titre de Coco, musical inspiré de la vie de Chanel, préfère le boulevard. Elle reprend le personnage créé par Jacqueline Maillan dans Potiche en 1982, et termine sa carrière sur scène avec Oscar et la Dame rose, d’Eric-Emmanuel Schmitt, qui lui vaut un Molière en 2003. En 1967, elle a donné un tour de chant qui a connu un certain succès, et l’intégrale des chansons qu’elle a interprétées entre 1931 et 1951 a été éditée en 2002.

Tout en enchaînant les rôles sur grand et petit écrans, elle trouve le moyen de ne pas rater les rendez-vous que lui proposent des cinéastes aussi divers qu’André Téchiné (Le Lieu du crime, en 1986, dans lequel elle est à nouveau la mère de Catherine Deneuve), Benoît Jacquot (Corps et biens, 1986) ou François Ozon (Huit Femmes, 2001). Elle tourne souvent sous la direction de femmes – Marie-Claude Treilhou (Le Jour des rois, 1991), Jeanne Labrune (Ça ira mieux demain, 2000), Anne Fontaine (Nouvelle Chance, 2006) et Marjane Satrapi, qui fera appel à elle pour prêter sa voix à la grand-mère de Persépolis (2007). Ses dernières apparitions à la télévision et au cinéma remontent à 2010.

cent ans

Danielle Darrieux le jour de ses 100 ans

19 octobre 2017

La une de Libération de demain matin

 

Danielle Darrieux est morte mardi à 100 ans. Nous lui rendons hommage dans le journal de demain. #danielledarrieux #rip Photo Archives du 7e Art. Photo12



318 Likes, 2 Comments - Libération (@liberationfr) on Instagram: "Danielle Darrieux est morte mardi à 100 ans. Nous lui rendons hommage dans le journal de demain...."

 

17 octobre 2017

Sylvia Kristel (in memorem)

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Sylvia Kristel est une actrice et mannequin néerlandaise , née le 28 septembre 1952 à Utrecht et morte le 17 octobre 2012 à Amsterdam. Elle est connue pour avoir tenu le rôle principal dans cinq des sept films (au cinéma) de la série Emmanuelle dans les années 1970 et 1980.

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Photos : Francis Giacobetti

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14 octobre 2017

Cité radieuse - Marseille

http://jourstranquilles.canalblog.com/tag/cit%C3%A9%20radieuse

14 octobre 2017

Un Bataclan encore convalescent

Par Stéphane Davet - Le monde

Un an après sa réouverture, accompagnée d’un concert hommage de Sting, la salle parisienne pâtit encore de la tuerie perpétrée le 13 novembre 2015.

A un mois du premier anniversaire de sa réouverture, qui avait été accompagnée, le 12 novembre 2016, d’un concert hommage de Sting, un an après les attaques djihadistes du 13 novembre 2015, le Bataclan peut tirer un premier bilan de son retour à sa vie de salle de spectacle.

Avec près de 80 000 spectateurs venus assister à une cinquantaine de concerts ou autres spectacles, la salle du 50, boulevard Voltaire, dans le 11e arrondissement de ­Paris, dont la capacité d’accueil a augmenté de 200 places (1 700 aujourd’hui, contre 1 500 avant 2016), mais dont le décor a été refait à l’identique, affiche, d’après la société de production Alias, cogérante du lieu, un taux de remplissage de plus de 90 %. Toutefois, elle connaît une baisse de plus de 20 % du nombre d’événements organisés, comparé au rythme d’avant le drame.

JULES FRUTOS, COFONDATEUR ET DIRECTEUR D’ALIAS : « LES PREMIERS MOIS ONT ÉTÉ LOGIQUEMENT DIFFICILES, CAR IL A FALLU NOUS REMETTRE DANS LE CALENDRIER »

« Les premiers mois ont été logiquement difficiles, car il a fallu nous remettre dans le calendrier », admet Jules Frutos, cofondateur et directeur d’Alias. Une barrière autant psychologique que pratique. « Pendant les travaux, nous n’étions évidemment pas submergés d’appels de producteurs désireux d’y faire jouer leurs artistes », reconnaît-il. Les tournées se construisant plusieurs mois à l’avance, la programmation de la salle parisienne a repris au ralenti, les six premiers mois de sa réouverture.

Si certains artistes, comme Marianne Faithfull, Pete Doherty ou Vianney, ont rapidement accepté de s’y produire dans un acte de soutien quasi militant, d’autres ont hésité, marqués par ce trauma, à l’instar de Francis Cabrel. « Ce drame a touché de manière directe ou indirecte un très large cercle de musiciens », dit Jules Frutos, citant l’exemple de la chanteuse Zazie qui, avant de rejouer au Bataclan, a dû convaincre les membres de son groupe, dont un des amis a été victime de l’attaque terroriste.

« Ignoble de rouvrir cette salle »

La frilosité a même pu tourner à l’hostilité, comme dans le cas de Nicola Sirkis, le chanteur d’Indochine, qui, le 7 septembre, dans un entretien au Parisien, déclarait avoir trouvé « ignoble de rouvrir cette salle », avant d’ajouter : « Je ne retournerai jamais au Bataclan (…). Il fallait en faire un sanctuaire. » Une réaction qui a choqué Jules Frutos. « Transformer cette salle en mausolée aurait été un échec pour la vie et une ­victoire intolérable pour ceux qui ont ­ commis ces crimes », affirme celui qui a vécu l’horreur du drame sur place, quelques heures après les attaques.

Un sentiment partagé par la chanteuse française Fishbach qui, après avoir rempli deux fois la Cigale, à Paris, jouera, le 27 octobre, au Bataclan. « Il faut refaire de cette salle un lieu de vie », déclare celle qui avait sorti son premier disque quatre titres le 6 novembre 2015. Elle appréhende un peu l’ambiance du ­concert, mais se dit persuadée qu’elle et le public en ressortiront « émus et gagnants ».

Forte charge émotionnelle

Si les premiers mois ont souvent été marqués par des concerts à forte charge émotionnelle, Jules Frutos constate avec soulagement un retour à la vie normale d’une salle de concerts, dans un lieu qui a hautement renforcé ses dispositifs de sécurité, notamment en renforçant le personnel, en augmentant le nombre de ­caméras vidéo et en installant un poste de surveillance à l’intérieur même du Bataclan.

L’esthétique rock y a repris ses repères, mais la salle n’a pas retrouvé la polyvalence qui en faisait régulièrement un endroit de location pour des fêtes et un des principaux lieux parisiens pour les spectacles d’humour. « Ce type de programmation posait logiquement plus de problèmes que les concerts », admet Jules Frutos.

Si des soirées dansantes, comme La Nuit des Follivores et celle des Crazyvores, ont fini par reprendre leur rythme bimensuel, les humoristes ont encore du mal à ­venir faire rire au Bataclan. Alias doit, certes, faire face à la concurrence de nouvelles salles s’ouvrant au stand-up, comme celle du 13e Art (Paris 13e), mais le Bataclan souffre surtout, dans ce cas, de son récent trauma. Après Paul Taylor et ­Yassine Belattar, Mathieu Madenian sera, le 21 octobre, l’un des premiers à revenir y chatouiller nos zygomatiques.

13 octobre 2017

in memorem - Père Lachaise - Enfants déportés

Anne Hidalgo : Au Père Lachaise pour l'inauguration du monument en hommage aux 11 450 enfants et adolescents juifs déportés de France. Face à l'inhumanité, chacun peut garder ou reprendre espoir dans la nature humaine en posant son regard sur l'enfance cachée, respectée, sauvée.

pere lachaise

10 octobre 2017

Nécrologie : Jean Rochefort, acteur inoubliable d’« Un éléphant ça trompe énormément »

Par Thomas Sotinel - Le Monde

Le comédien, âge de 87 ans, est mort dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 octobre. Il a tourné dans environ 120 films au cours de sa carrière, longue d’une soixantaine d’années.

Sa présence si constante (sa première apparition sur une scène parisienne remonte à 1953) au théâtre, à la télévision et au cinéma, son ironie bienveillante avaient engendré une familiarité entre l’artiste et ses publics sans équivalent en France. Pour les amoureux du théâtre des années 1960, il était l’interprète d’élection d’Harold Pinter, pour les adultes de l’après-Mai 68, il était le mâle en plein désarroi des films d’Yves Robert, pour les enfants de la fin du XXe siècle, le gentil oncle qui narrait les aventures de Winnie l’Ourson sur le petit écran. La disparition de Jean Rochefort, mort dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 octobre, à Paris, à l’âge de 87 ans, rappelle une évidence : il fut l’un des meilleurs acteurs français des soixante dernières années.

Sa vocation remonte à 1947. Il a 17 ans, il habite Nantes avec ses parents – issu d’une famille originaire de Dinan, Jean Rochefort est né le 29 avril 1930, dans le 20e arrondissement de Paris. Son père le verrait bien comptable. L’adolescent vient à Paris. A la Gaîté-Montparnasse, pas loin de la gare, il découvre Liliom, de Ferenc Molnar, dont le spectacle le décide à contrarier ses parents.

Il s’inscrit au Conservatoire de Nantes, puis à celui de Paris. Dans la capitale, il a pour condisciples Jean-Paul Belmondo, Philippe Noiret et Jean-Pierre Marielle. « Ni vraiment beaux ni vraiment laids, on nous cantonnait dans la catégorie des “inclassables” voués aux rôles de composition », a-t-il raconté au Figaro, en 1964.

Premiers succès au théâtre

Ecarté des emplois de jeune premier, Jean Rochefort échoue de plus au concours final de l’Ecole de la rue Blanche. En 1953, il rejoint la compagnie théâtrale Grenier-Hussenot, à laquelle il collaborera pendant sept ans. Il y côtoie Yves Robert, sous la direction duquel il tournera à huit reprises.

Au début des années 1960, son nom commence à se hisser sur les colonnes Morris : il joue Génousie, de René de Obaldia, sous la direction de Jean Vilar, ou Le Comportement des époux Bredburry, de François Billetdoux, est remarqué par la critique. En 1961, il fait sa seule apparition sur la scène du Théâtre national populaire, tenant le premier rôle dans Loin de Rueil, comédie musicale inspirée d’un roman de Raymond Queneau, mise en scène par Jean Vilar.

Peu après, sa carrière théâtrale prend son essor. Delphine Seyrig, étoile montante des scènes parisiennes, exige qu’il soit son partenaire dans Cet étrange animal, adaptation de nouvelles de Tchekhov par Gabriel Arout, mise en scène par Claude Régy. Non seulement le spectacle est un succès critique et public, mais il oblige l’acteur, qui ne fait pas confiance aux postiches, à se laisser pousser une moustache qu’il gardera pour le restant de ses jours, ne la rasant qu’à de rares occasions, comme pour jouer le marquis de Bellegarde dans Ridicule, de Patrice Leconte, en 1996.

Avec Delphine Seyrig, Jean Rochefort se rend à Londres auprès du dramaturge Harold Pinter pour le convaincre de leur accorder les droits de deux de ses pièces, La Collection et L’Amant, qu’ils interpréteront en 1965 sous la direction de Claude Régy.

Remarqué au cinéma dans « Cartouche »

Dans les années qui suivent, ses apparitions au théâtre s’espacent pour s’interrompre tout à fait pendant la décennie 1970. Lentement mais sûrement, Jean Rochefort est en train de devenir une figure majeure du cinéma français. A la télévision, il a déjà été remarqué dans La Dame de pique, mis en scène par Stellio Lorenzi d’après Pouchkine en 1958, ou dans Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, version Marcel Bluwal, en 1961.

Sur le grand écran, son premier rôle d’importance est une catastrophe. Sorti en 1961, Vingt mille lieues sur la Terre, film franco-soviétique à la gloire de l’URSS, lui impose Léon Zitrone comme partenaire et un séjour prolongé en Sibérie, qu’il évoquera dans son livre de souvenirs, Ce genre de choses, paru chez Stock en 2013.

Il faut attendre 1962 pour qu’il soit remarqué sur le grand écran. Jean-Paul Belmondo, ex-condisciple, l’impose aux producteurs de Cartouche, réalisé par Philippe de Broca, dans lequel Rochefort incarne La Taupe, second du bandit redresseur de torts.

Cette première réussite aura une autre conséquence : les nombreuses séquences équestres du film, qui font que Jean Rochefort termine le tournage avec « des bandages partout, plusieurs fractures », éveillent chez le comédien une passion pour le cheval. Passion qui le mènera plus tard à se faire éleveur, à participer à des concours hippiques ou à commenter cette discipline lors des Jeux olympiques d’Athènes, en 2004. Cette ferveur est coûteuse au point d’avoir poussé Jean Rochefort à accepter des « scénarios lamentables [devenus] après un coup d’œil à [son] compte en banque, tout à fait acceptables ». Il surnommait ces participations alimentaires ses « films avoine ».

En cette décennie 1960, Jean Rochefort enchaîne les seconds rôles, chez de Broca (Les Tribulations d’un Chinois en Chine, 1965, Le Diable par la queue, 1969) ou dans la série des Angélique, de Bernard Borderie, dans laquelle il joue Desgrez, chef de la police et soupirant de la marquise. De cette période, on garde le souvenir d’une apparition saisissante dans Qui êtes-vous Polly Magoo ?, de William Klein (1966), et d’un premier premier rôle, longtemps resté sans lendemain, dans un film noir, Symphonie pour un massacre (1963), qui marque les débuts du réalisateur Jacques Deray.

Au premier plan à partir de 1972

C’est à partir de 1972 que Jean Rochefort passe au premier plan dans le cinéma français. Son apparition en colonel du renseignement dans Le Grand Blond avec une chaussure noire marque le début d’une fructueuse collaboration avec Yves Robert, son ex-camarade de la compagnie Grenier-Hussenot, pendant que Serge Korber lui offre un grand rôle dramatique dans Les Feux de la Chandeleur, avec Annie Girardot. Présenté à Cannes, le film y est mal reçu, mais connaît un succès public.

Avec Yves Robert, Jean Rochefort tourne Salut l’artiste (1973), Le Retour du grand blond (1974) et surtout le diptyque Un éléphant ça trompe énormément (1976) et Nous irons tous au paradis (1977). A deux reprises, il est Etienne Dorsay, fonctionnaire, produit épanoui des « trente glorieuses », dont la virilité est remise en question par l’infidélité, fantasmée ou réelle, qui mine son couple. Sa capacité à subir toutes les avanies sans renoncer à son élégance, sa vulnérabilité discrètement mise en évidence font de Dorsay le personnage le plus représentatif du travail de Jean Rochefort à cette époque.

Par ailleurs, Bertrand Tavernier lui offre le beau rôle de policier dépressif de L’Horloger de Saint-Paul (1974), puis celui de l’abbé Dubois dans Que la fête commence (1975), qui vaudra à Jean Rochefort d’être désigné meilleur second rôle masculin lors de la première cérémonie des Césars en 1976.

En revanche, sa collaboration avec Patrice Leconte commence sous des augures moins favorables. Adapté des enquêtes du commissaire Bougret, de Gotlib et Goscinny, Les vécés étaient fermés de l’intérieur (1976) est un échec artistique et commercial malgré la présence de Coluche. Le tournage est si tendu qu’interprète et réalisateur ne se parleront plus jusqu’à ce que Leconte propose à Rochefort le premier rôle de Tandem, en 1987.

Des choix éclectiques

Dans la filmographie pléthorique (environ cent vingt titres) de l’acteur surgissent des œuvres un peu oubliées – le très émouvant Un étrange voyage, d’Alain Cavalier (1981), des apparitions inattendues chez Luis Buñuel, dans Le Fantôme de la liberté (1974), et chez Robert Altman (Prêt-à-porter, 1994) ou des rôles taillés sur mesure comme celui du commandant dans Le Crabe-Tambour, de Pierre Schoendoerffer, qui lui permet d’obtenir le César du meilleur acteur en 1978.

Dans les années 1990 et 2000, Rochefort reste fidèle à Yves Robert (Courage fuyons, Le Bal des casse-pieds), à Patrice Leconte (Ridicule, Le Mari de la coiffeuse), tout en donnant leur chance à de jeunes réalisateurs comme Régis Wargnier (Je suis le seigneur du château, 1989), Pierre Salvadori (Cible émouvante, 1993) ou Philippe Lioret (Tombés du ciel, 1993). Il revient au théâtre pour créer Art, de Yasmina Reza, en 1998, interprète en 2004 des sketchs de Fernand Reynaud qu’il avait côtoyé un demi-siècle plus tôt sur les scènes des cabarets de la rive droite. Cet éclectisme le conduit également sur les routes d’Espagne, où il doit incarner Don Quichotte sous la direction de Terry Gilliam, aux côtés de Johnny Depp.

Mais, en 2001, le tournage de The Man Who Killed Don Quixote vire à la catastrophe. Victime de violentes douleurs dans le dos, Jean Rochefort doit abandonner le plateau, qui est par ailleurs emporté par la crue soudaine d’une rivière. Chroniquée dans le documentaire Lost in la Mancha (que le comédien s’est toujours refusé à voir), cette débâcle tient Rochefort éloigné des plateaux pendant deux ans.

Il revient dans L’Homme du train, de Patrice Leconte, avec pour partenaire Johnny Hallyday. On le voit ensuite chez Edouard Baer (Akoibon), Guillaume Canet (Ne le dis à personne) ou Samuel Benchetrit (J’ai toujours rêvé d’être un gangster). En 2015, Jean Rochefort avait incarné un vieillard qui perd la raison dans Floride, de Philippe Le Guay, avec une précision et un humour qui n’empêchaient pourtant pas que l’on croie à la maladie du personnage.

9 octobre 2017

L’acteur Jean Rochefort est mort

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Hospitalisé en août, le comédien, qui avait commencé sa carrière dans les années 1950, est mort à 87 ans dans un hôpital parisien dans la nuit de dimanche à lundi.

Le comédien Jean Rochefort, un des acteurs les plus populaires du cinéma français, est mort dans la nuit de dimanche à lundi 9 octobre, a annoncé sa famille. L’acteur, qui avait commencé sa carrière dans les années 1950, est mort dans un hôpital parisien, il était hospitalisé depuis le mois d’août. Jean Rochefort a marqué le cinéma français pendant plusieurs décennies, du petit au grand écran.

Immédiatement reconnaissable à sa voix chaude et sa belle moustache, Jean Rochefort a tourné près de 150 films, aussi bien de cinéma d’auteur que populaire. Sa longue carrière a été couronnée de trois Césars, pour ses rôles dans Que la fête commence en 1976, Le Crabe-Tambour en 1978, et un César d’honneur en 1999.

De « Cartouche » au « Grand Blond »

Il faut attendre 1961 pour qu’il soit remarqué sur le grand écran. Jean-Paul Belmondo, ex-condisciple, l’impose aux producteurs de Cartouche, réalisé par Philippe de Broca. Le comédien va ensuite enchaîner les seconds rôles, chez Broca (Les Tribulations d’un Chinois en Chine, 1964, Le Diable par la queue, 1968) ou dans la série des Angélique, de Bernard Borderie.

Jean Rochefort s’est ensuite fait connaître dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, début de sa collaboration avec Yves Robert. Avec lui, l’acteur a tourné Salut l’artiste (1973), Le Retour du grand blond (1974) et surtout le diptyque Un éléphant ça trompe énormément (1976) et Nous irons tous au paradis (1977). Il restera fidèle au réalisateur dans les années 1990 et 2000. En 1973, il a tourné dans L’Horloger de Saint-Paul, de Bertrand Tavernier, un film qu’il considère comme un tournant majeur dans sa carrière.

Un recueil de souvenirs

Dans la filmographie pléthorique de l’acteur, surgissent des œuvres un peu oubliées – le très émouvant Un étrange voyage, d’Alain Cavalier (1981), des apparitions inattendues, chez Buñuel, dans Le Fantôme de la liberté (1974), et chez Robert Altman (Prêt-à-porter, 1994), ou des rôles taillés sur mesure comme celui du commandant dans Le Crabe-Tambour, de Pierre Schoendoerffer, qui lui permet d’obtenir le César du meilleur acteur en 1978.

En 2013, il a publié Ce genre de choses, son premier livre, autobiographique, un recueil de souvenirs sur sa vie, son arrivée à Paris, son amour du théatre et de la scène. « La peur de la mort, ça c’est pas marrant. Je ne voudrais pas claquer tout de suite parce que j’ai encore plein de choses à faire », racontait-il à l’époque.

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