Louise Bourgoin : « Pas toujours courageuse, hélas… »
Elle était une nouvelle fois à Cannes. Pour défendre Je suis un soldat, un film écrit pour elle. Une première.
Vous êtes encore une fois cannoise ?
Si on compte mes années à Canal + ,pour la météo, ça fait pas mal de passages. J’ai commencé à y venir il y a huit ans.
Et pour présenter des films ?
Il y a cinq ans, j’avais monté les marches pour L’autre monde de Gilles Marchand. Là, je viens défendre un premier film de Laurent Larivière, Je suis un soldat . C’est la première fois qu’on écrit un rôle pour moi. Donc ça me tient particulièrement à cœur de le défendre.
C’est l’histoire d’un trafic de chiens. Vous avez la passion des bêtes ?
Pas spécialement. Je n’ai pas de chien. À Paris, c’est assez compliqué et je ne suis pas du tout familiarisée avec les animaux en général.
Je suis un soldat , dit le titre du film, tiré d’une chanson de Florent Pagny. C’est votre genre sur un tournage ?
Avec les metteurs en scène, oui. Je ne suis pas trop désobéissante. Il faudrait que je le sois un peu plus.
Pourquoi ?
Parce que c’est important de surprendre le metteur en scène. C’est ce qu’il attend des comédiens.
Y avait-il des scènes que vous appréhendiez à la lecture du scénario ?
Bien sûr ! Je n’appréhendais pas de me mettre nue, mais je redoutais les scènes avec les chiens. Quelques cascades m’ont demandé pas mal d’entraînement. Je n’ai pas été doublée, à aucun moment.
Votre personnage s’appelle Sandrine. Le prénom, c’est important ?
Bien sûr. Il dit beaucoup sur le milieu social, et c’est terrible d’ailleurs. Il y a encore énormément de castes en France. On se retrouve là-dessus avec Laurent Larivière : on vient du même milieu social, on a le même manque de confiance. Il n’a pas tenté la Femis, (l’école des métiers du cinéma), je n’ai pas osé le Conservatoire. On est de la mauvaise naissance, pas de la bonne famille. Je me suis sentie un peu usurpatrice quand je suis arrivée dans ce milieu, sur le tard, à 27 ans, en n’ayant pas appris ce qu’on doit apprendre.
Désormais vous avez l’expérience ?
Au fur et à mesure, je me suis un peu plus abandonnée, pour aller à l’épure totale. Jusqu’à la coupe de cheveux. C’est moi qui l’ai demandée. Enlever un artifice pour aller à quelque chose de plus vrai.
Vous vous sentez proche de Sandrine ?
Elle vient d’un milieu simple, comme moi. Je me suis effacée pour la laisser paraître. Sa voix, son comportement, sa présence. Je suis de tous les plans. J’ai des dialogues forts, des actes forts. Le film est tellement fort qu’il n’y a surtout rien à faire. Il joue pour moi.
Sandrine se dit courageuse et volontaire, c’est aussi votre cas ?
Oui, je trouve. C’est un peu prétentieux de dire ça, mais j’ai une forme de ténacité et d’exigence dans la lecture des scénarios. Les propositions alléchantes financièrement mais très mauvaises artistiquement, je les refuse. Je veux travailler avec des gens ambitieux pour progresser. Courageuse, pas toujours, hélas. Mais j’ai la chance de pouvoir choisir à tête reposée, alors qu’au départ, je voulais tout jouer pour rattraper mon retard.
Quand vous quittez un personnage, il y a un petit coup de cafard ?
Oui, mais là je n’ai pas eu le temps parce que, pour la première fois, j’ai enchaîné sur un autre tournage, deux jours après. On a juste eu le temps de me couper les cheveux encore plus courts et d’apprendre des textes de Mauriac, pour jouer dans un téléfilm de Lucas Belvaux, La fin de la nuit de Mauriac. C’est la suite de Thérèse Desqueyroux, qui sera jouée par Nicole Garcia. Je n’ai pas eu le temps de faire le deuil de Sandrine, elle était toujours là et elle a sûrement déteint sur les personnages de Mauriac. Je ne peux pas oublier un personnage du jour au lendemain. Il reste en moi plusieurs semaines. J’aurais souhaité avoir plus de temps pour digérer. Mais j’aime travailler, je me sens épanouie.
Et le théâtre ?
C’est un autre métier. Sur un tournage, je sens le public derrière la caméra. J’ai eu beaucoup moins de plaisir à le sentir sur scène. Ça me fait très peur. Je ne suis donc pas si courageuse. Mais en même temps, dès que quelque chose me paraît impossible ou difficile, j’ai envie d’essayer. Alors….
Vous reverra-t-on en Adèle Blanc-Sec ?
Pourquoi pas, ce serait drôle. Mais Luc Besson a pris une autre dimension en travaillant avec les Américains. Tant mieux pour lui et pour le cinéma français.
Recueilli par Pierre FORNEROD.
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Ses dates clés
1981 : naissance à Vannes.2006 : Miss météo à Canal +.2008 :La fille de Monaco d’Anne Fontaine.2009 : nomination meilleur espoir.2009 :Le petit Nicolas de Laurent Tirard.2010 :Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec de Besson.2013 :La religieuse de Guillaume Nicloux.2014 :Un beau dimanche de Nicole Garcia.
elle joue un Soldat en rébellion
Une histoire rien que pour elle. Ou presque. Une fois de plus, Louise Bourgoin sollicite l’imagination des scénaristes. Ils lui offrent une histoire qui lui vaut d’être de toutes les images à l’écran. Femme volontaire et tenace, elle entreprend de se réinsérer dans la vie sociale. Mais le premier job qui lui est proposé dissimule un trafic de chiens venus des pays de l’Est. Le scénario n’est pas nourri d’une riche originalité. Il met en piste, sous la conduite tranquille de Laurent Larivière, des personnages volontiers stéréotypés, qui grenouillent dans des affaires malodorantes. Mais Louise Bourgoin a été bien servie, et elle s’investit avec tempérament dans les mésaventures qu’elle doit vivre. Y compris dans un spectaculaire combat contre un chien à moitié sauvage. Et tant pis pour le glamour…. Sortie en France le 26 août.