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Jours tranquilles à Paris
liberation
14 mars 2020

LIBERATION de ce matin 14 mars

libé du 14 mars

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13 mars 2020

Coronavirus : la France sous protection rapprochée

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Par Tonino Serafini , Laure Equy , Marie Piquemal et Laure Bretton - LIBERATION

Le Président a annoncé jeudi soir la fermeture jusqu’à nouvel ordre de tous les établissements scolaires à partir de lundi, mais se refuse à laisser sombrer l’économie et appelle à une «mobilisation générale» pour aider les plus fragiles.

Coronavirus : la France sous protection rapprochée

«Quoi qu’il en coûte.» Face à la propagation du Covid-19, Emmanuel Macron a promis jeudi soir une riposte massive - sanitaire, sociale, économique - et sans compter. «La santé n’a pas de prix, a insisté le chef de l’Etat dans une allocution prononcée en direct depuis l’Elysée. Le gouvernement débloquera tous les moyens qu’il faut pour sauver des vies. Nous continuerons quoi qu’il en coûte.» Jeudi soir, le gouvernement dénombrait 2 876 contaminés et 61 morts. Au terme d’une journée de consultations tous azimuts avec les élus et les scientifiques, le Président a décidé de maintenir les élections municipales (lire ci-contre) et la circulation des transports publics.

«Faire bloc»

Il a en revanche annoncé la fermeture des crèches et établissements scolaires «dès lundi et jusqu’à nouvel ordre» dans l’espoir de ralentir encore la diffusion du coronavirus. Sans décréter le passage au stade 3 de l’épidémie ni prononcer le mot «confinement», il a recommandé aux «plus vulnérables» de rester «autant que possible» chez eux. La trêve hivernale sera ainsi prolongée de deux mois. Le Président a évoqué pendant vingt-cinq minutes «la plus grave crise sanitaire qu’ait connue la France depuis un siècle», rendant un hommage très appuyé aux personnels de santé et annonçant des décisions «de rupture» à plus long terme, adoptant d’inhabituels accents antilibéraux et altermondialistes. «Je compte sur nous tous pour inventer […] de nouvelles solidarités. Je compte sur vous toutes et tous pour faire nation», a proclamé Emmanuel Macron, lançant un appel à «l’union sacrée» : «On ne vient pas à bout d’une crise d’une telle ampleur sans faire bloc.»

Côté éducation, le chef de l’Etat a opéré un changement de stratégie. Jusqu’ici, la ligne adoptée par le gouvernement, répétée encore jeudi par le ministre de l’Education, était de s’en tenir à des fermetures localisées d’écoles, dans certains départements ou établissements, pour freiner la propagation de la pandémie. «Quand vous fermez les écoles de tout un pays, cela signifie que vous paralysez en bonne partie ce pays, faisait valoir Jean-Michel Blanquer. C’est évidemment quelque chose qui doit être regardé avec beaucoup de finesse pour ne pas être contre-productif.» Tout a donc changé en quelques heures et la France se met au diapason de nombreux autres pays : écoles et universités ont progressivement fermé en Italie, principal foyer de la maladie en Europe. Pologne, Grèce, République tchèque, Roumanie, Danemark, Ukraine, Slovénie… Dans le monde, plus d’un élève sur cinq ne peut plus fréquenter l’école à cause du coronavirus, ainsi qu’un étudiant sur quatre, annonçait mardi l’Unesco. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation organisait à la hâte une réunion avec les hauts responsables du secteur pour «échanger des stratégies susceptibles de réduire au minimum la perturbation des systèmes éducatifs». En France, le ministère de l’Education assure que tout est opérationnel depuis plusieurs semaines pour un enseignement à distance, et ainsi assurer la «continuité pédagogique». Dans les 2 000 établissements déjà fermés en France (notamment dans l’Oise, la Corse, le Haut-Rhin), 420 000 élèves et leurs profs communiquent beaucoup comme ils ont déjà l’habitude de le faire, via les espaces numériques de travail. Le Centre national d’enseignement à distance (Cned) met à disposition des contenus pédagogiques : environ trois ou quatre heures d’activités sont proposées chaque jour aux élèves dans des matières différentes. La fermeture des écoles pose tout de même la question très concrète de la garde des enfants, avec un casse-tête supplémentaire dans l’équation : les grands-parents, par leur âge, font partie pour beaucoup des populations vulnérables et donc ne peuvent pas vraiment s’en occuper. Jeudi soir, Emmanuel Macron a annoncé que serait organisé région par région un service de garde pour les enfants des personnels soignants, «indispensable à la gestion de la crise sanitaire puisse continuer à travailler».

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Plan de relance

Tout au long de son discours, le Président a félicité les personnels des hôpitaux, «engagés avec dévouement et efficacité» et qualifiés de «héros en blouse blanche». Il a aussi enjoint les Français à mieux respecter les «gestes barrières» qui permettent de freiner le virus. Car plus la progression de la maladie est ralentie et plus elle donne du répit aux équipes médicales. L’objectif est d’éviter un afflux massif, qui rendrait difficile la prise en charge de tous ceux qui en auraient besoin.

Se voulant rassurant sur les remèdes du gouvernement, il a aussi promis qu’il n’ajouterait pas «aux difficultés sanitaires la peur de la faillite». Il a confirmé la «mobilisation générale», assurant là aussi que le gouvernement agirait «quoi qu’il en coûte». L’Etat prendra entièrement à sa charge un «mécanisme exceptionnel et massif» de chômage technique, s’inspirant de l’exemple allemand qui l’indemnise mieux que la France. Pour les entreprises, toutes les échéances d’impôts et de cotisations dus pourront être reportées, rééchelonnés voire annulés afin d’éviter au maximum les faillites. Un plan de relance national et européen verra enfin le jour, en complément des mesures annoncées par la BCE «pas suffisantes» à ses yeux. Enfin, gare aux appétits financiers qui pourraient profiter de la déconfiture des marchés pour s’emparer d’entreprises affaiblies. Pour aider les salariés, la ministre du Travail a convié les partenaires sociaux ce vendredi. Au menu, un éventuel report de la réforme de l’assurance chômage.

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10 mars 2020

Au procès Fillon, «erreur honnête» et tartufferie

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Par Renaud Lecadre — Libération

La saga judiciaire a repris lundi. Au menu : «oublis» sur la transparence, «interrogatoire de personnalité» et potentielle addition présentée par l’Assemblée nationale.

On l’aurait presque oublié, mais François Fillon, en sus d’être poursuivi pénalement pour détournement de fonds publics, de même que son suppléant Marc Joulaud, pour avoir, selon les enquêteurs, employé fictivement son épouse, Penelope Fillon, en tant qu’assistante parlementaire - pour un total évalué à 1 million d’euros - est également jugé pour un délit annexe : omission déclarative devant la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Délit très accessoire en apparence (passible d’une seule année de prison, contre dix), mais qui en dit long sur le bonhomme, examiné lundi après-midi par le tribunal correctionnel avant clôture des débats.

En cause, un prêt accordé en 2012 par le milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière, de 50 000 euros, et non déclaré lors de la mise en place de la HATPV en 2013. Simple «oubli matériel, une erreur que je ne cherche pas à dissimuler», tempère à la barre François Fillon en un rare moment de contrition, avant toutefois de remonter illico au front, droit dans ses bottes, au risque du syncrétisme : "C’est une erreur honnête."

Petite bête.

Lacharrière n’est pourtant pas rien pour le couple : homme d’affaires en tous genres, toujours prêt à rendre service, il leur aura prêté pendant des années son chalet à Courchevel en guise de villégiature, et assuré le financement initial du microparti de François Fillon (Force républicaine), avant de dénicher en 2012 un petit boulot fort bien rémunéré au sein de la Revue des Deux Mondes à Penelope, qui se plaignait alors de «s’ennuyer» . En réponse à la question d’un parquet toujours à la recherche de la moindre petite bête, François Fillon assure avoir remboursé Marc Ladreit de Lacharrière en février 2017, en pleine campagne présidentielle : non pas pour éteindre l’incendie juridico-médiatique qui était en train de plomber sa candidature, mais parce que son éditeur venait de lui verser les droits d’auteur de son livre. Ouf, l’honneur est presque sauf, du moins sur ce point.

Autre omission déclarative, un prêt de sa propre fille, employée par lui-même comme assistante au Sénat, toujours pour la même cause - financer la rénovation de son manoir (150 000 euros de travaux au total) sis à Sablé-sur-Sarthe. Seul un prêt complémentaire du Crédit agricole, de 50 000 euros, sera déclaré. «Parce qu’il était documenté», justifie François Fillon à la barre, comme si le reste n’avait pas à être rendu public. Satanée HATVP : devant déclarer parallèlement l’activité de sa petite PME parallèle, 2F Conseil, il omettra fatalement un zéro pour ses revenus annuels de 2016 (22 000 euros déclarés au lieu de 220 000). Après avoir longtemps tu que Penelope était rémunérée pour l’épauler dans sa carrière politique, le cas de François relèverait-il davantage de la psychanalyse que du code pénal ?

Justement, ce lundi après-midi était, par la suite, consacré à l’«interrogatoire de personnalité» des prévenus : un bref instant d’humanité avant que les gens de robe ne prennent définitivement la parole (réquisitoire du parquet puis plaidoiries de la défense). Le tribunal restera sur sa faim. Service minimum de Penelope Fillon, toujours prisonnière de sa pudeur et /ou de sa timidité : «Je n’ai plus d’emploi rémunéré, ma vie est en suspens. Mais j’espère avoir des projets à la fin de cette histoire.» François Fillon, lui, n’aura rien lâché, si ce n’est ses actuels émoluments : 350 000 euros annuels au sein de la société d’investissement Tikehau Capital, plus 100 000 euros en tant que retraité de la politique, sans davantage vouloir quantifier le tarif de ses interventions lors de colloques devant des parterres de financiers mondialisés.

«Observateur».

La fin d’audience a vu un grand moment de tartufferie avec l’intervention d’un avocat de l’Assemblée, partie civile au procès. Mandaté par son actuelle majorité macroniste, il marche manifestement sur des œufs : il n’est «pas là pour aggraver l’accusation ou fragiliser la défense», fait-il valoir, mais en tant que simple «observateur» en vue de réclamer remboursement au cas où le tribunal entrerait en voie de condamnation - non seulement sur le million encaissé par Penelope, mais aussi, «à titre subsidiaire sur la part employeur», les cotisations patronales versées par ses députés-employeurs aux frais du Palais-Bourbon, portant l’addition potentielle à 2,1 millions d’euros.

Sauf que François Fillon, si d’aventure il devait plonger pénalement, n’entend manifestement pas le faire seul. Il avait déjà mouillé ses collègues députés et sénateurs, employant comme lui femmes ou enfants sur fonds publics. Question téléguidée de Me Antonin Lévy à son client : «Que pensez-vous de Nicole Belloubet [actuelle garde des Sceaux, ndlr] qui a omis de déclarer 330 000 euros à la HATVP, soit 26 % de son patrimoine ?» Réponse circonstanciée : «Aucune observation.» Du moins pour l’instant.

9 mars 2020

La une de Libération du mardi 10 mars

libé mardi

9 mars 2020

La lettre politique de Laurent Joffrin - Corona-krach

On le sait, les marchés financiers ne sont pas renommés pour leur sérénité. Ils viennent d’en donner une nouvelle preuve. Alors que la population, en dehors de quelques manifestations de panique localisées, affronte avec un certain sang-froid l’épidémie de coronavirus, les Bourses mondiales ont plongé verticalement ce matin à l’ouverture. Une chute à deux chiffres qui porte un nom redouté dans l’histoire économique : le krach, de sinistre mémoire. On croit que la panique vient des citoyens menacés dans leur santé : elle vient d’en haut, diffusée par des décideurs économiques menacés dans leurs bénéfices et qui varient au gré du vent.

La crainte d’une récession conjuguée à la baisse du pétrole en est la cause immédiate. Or, l’épidémie, si elle dure quelques semaines, ou même quelques mois, sera immanquablement suivie par un rattrapage qui effacera une partie des pertes de l’économie réelle. Quant au marché pétrolier, il est erratique et peut aussi bien remonter dans un avenir proche. Qu’à cela ne tienne : les spéculateurs sont comme les moineaux. Au moindre bruit, ils s’égaillent. Dans le doute, ils ne s’abstiennent pas, ils vendent.

Ils aggravent ainsi les risques, qui sont bien réels. Le ralentissement de l’activité engendré par les précautions antivirus, parfois le gel, obère la croissance. Il fait craindre une chute de la consommation, un recul de l’investissement, un arrêt de l’embauche. La chute des indices boursiers traduit une inquiétude véritable. Mais ils sont aussi une prophétie autoréalisatrice : les pertes en capital changent le comportement des agents et aggravent la crise qu’on redoute.

D’autant que cette fièvre atteint un corps fragile : l’économie mondiale vit sur une montagne de dettes, héritées de la précédente récession, celle de 2007. Pour éteindre l’incendie de l’époque, les banques centrales ont noyé l’économie sous un déluge de liquidités. Les taux d’intérêt sont devenus minuscules, encourageant les investissements les plus risqués. Les banques peuvent-elles ouvrir plus les vannes du crédit ? Difficile à imaginer. Mais si elles décident de serrer la vis, la correction sera sévère.

Dans ce cas, le paysage social et politique changera une nouvelle fois du tout au tout : mouvements sociaux, impopularité redoublée des pouvoirs en place, remontée du chômage… sale temps, aussi, pour les gouvernants. Le capitalisme est comme un cheval de rodéo. Il est fougueux, brutal, plein d’énergie. Mais ceux qui le montent ne restent pas longtemps en selle.

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9 mars 2020

Libération de ce matin

libé une lundi

3 mars 2020

Libération

libé22

28 février 2020

La une de Libération de ce matin - cérémonie des Césars

libé 28 fev

Césars : la grande famille décomposée

Par Didier Péron et Julien Gester

Conflit de gouvernance, parité, accusations d’agression sexuelle, affaire Polanski… Les tensions qui déchirent le cinéma français crispent et exacerbent les enjeux de la cérémonie de ce vendredi.

Chaque hiver, ça recommence : tandis que l’on décerne les médailles du Salon de l’agriculture aux vaches charolaises et fromages de brebis les plus particulièrement méritants, le cinéma français repasse au stade du miroir. Et la glace tendue au secteur par la 45e cérémonie des césars vendredi soir, déjà traditionnellement discutable en son reflet télévisuel au rabais, lui apparaîtra sans doute plus fêlée que jamais. La cérémonie intervient à l’issue d’une campagne de grande lessive dégagiste, à coups de tribunes et de médiation du Centre national de la cinématographie (CNC), qui a abouti mi-février à la démission collective du conseil d’administration des césars et, plus expressément, la destitution de son président très contesté, le producteur Alain Terzian.

Ménage bien engagé

Le cinéma français n’aime guère afficher en pleine lumière les désunions susceptibles de déroger à la fiction d’une chouette et grande famille aimante, quand bien même en coulisses, derrière les sourires de façade, tout le monde peu ou prou se déteste ou jalouse le succès du voisin de table d’un soir au Fouquet’s - où se déroule l’after.

L’opportunité à saisir d’un front de quasi-unanimité s’est présentée rapidement alors même que l’on pouvait imaginer que la cérémonie serait sinistre, désertée ou à couteaux tirés, du fait du climat de controverses et d’incompatibilités éthiques qui n’a cessé de parasiter les préparatifs - on y revient. D’où la curée express contre un omnipotent patron des césars en place depuis 2003, notoirement peu apprécié et dont la gouvernance opaque autant que l’immobilisme stratégique paraissaient à bout de souffle, notamment après une édition 2019 jugée plus accablante de ringardise (sur scène) et d’embarras (dans la salle) que jamais.

Rejoué sous la forme d’une large coalition pétitionnaire affichée en une du Monde, le combat du vieux monde assis sur des prérogatives peu partageuses et d’un nouveau réclamant plus de transparence, de démocratie, de parité, de diversité, et certainement aussi sa part du pouvoir, permet à l’aube de la cérémonie d’esquisser un horizon plus aéré à l’institution césars, sans doute un brin plus conforme à la pluralité d’économies, d’esthétiques et d’identités qui irriguent le cinéma français. Mais cette tempête dans un gobelet de champagne aura aussi permis de rassembler large, d’offrir le beau rôle à un président du CNC (Dominique Boutonnat) pourtant nommé l’été dernier par l’Elysée sous une averse de désapprobations défiantes, et enfin d’éclipser un temps les autres foyers de discorde agitant la tribu. Lesquels, à présent que le ménage semble bien engagé dans l’arrière-boutique, refrappent avec insistance aux portes de la salle Pleyel, où doit se tenir la cérémonie vendredi soir, toutes fractures apparentes.

Paysage violemment divisé

Une fois n’est pas coutume, le diffuseur historique Canal + s’est cantonné à une communication préalable a minima sur la confection du show, respectivement présidé et présenté par les pauvres Sandrine Kiberlain et Florence Foresti, et l’on devine non sans frémir le supplice des auteurs massés dans leur bunker sur sables mouvants, sommés de rédiger sketchs, discours œcuméniques et autres bons mots insolents à destination d’une salle chauffée à blanc en mode Festen tardif.

Dès l’annonce des nominations fin janvier, à la suite des suffrages de quelque 4 300 membres de l’académie, le paysage était apparu violemment divisé. Entre, d’une part, le contingent forcément non négligeable de votants ayant permis à J’accuse de Roman Polanski de moissonner douze nominations, en dépit des accusations de viol dont le cinéaste a fait l’objet à plusieurs reprises (sans jamais être jugé), et de l’autre, tous ceux et celles que cela dérange - voire indigne franchement - au sein de l’industrie comme au dehors.

Les divers clans du cinéma français sont alors apparus d’autant plus clivés par la présence, juste derrière, parmi les films les mieux dotés en nominations, du Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, porté notamment par Adèle Haenel. Soit l’autre figure qui en France aura le plus intensément cristallisé les enjeux de l’ère post-#MeToo - à la suite de son témoignage dénonçant les agressions sexuelles que lui aurait fait subir le réalisateur de son premier film, dès l’âge de 12 ans. La comédienne sera bien présente vendredi soir salle Pleyel, à l’inverse de Polanski.

Au terme d’une longue indécision très scrutée, le cinéaste a transmis jeudi à l’AFP un communiqué fulminant et non dénué d’emphase, où il se dit menacé «d’un lynchage public» et affirme prendre «avec regret» la décision «de ne pas affronter un tribunal d’opinion autoproclamé prêt à fouler aux pieds les principes de l’Etat de droit». Est-ce l’augure de se frotter depuis le tapis rouge à la virulence d’un comité d’accueil composé de collectifs féministes et de la CGT spectacle qui aura eu raison de toute volonté d’occuper le terrain ? Dans la nuit de mardi à mercredi, les parages de la salle Pleyel affichaient déjà les slogans placardés par le collectif Collages féminicides : «Violanski, les César de la honte», «Public complice, cinéma complice», etc.

Gala mal emmanché

Dans un monde idéalement non binaire, on serait quand même tenté de ne pas résumer les enjeux de la soirée à une lutte sans merci entre bons et méchants, anciens et modernes et, surtout, entre une horde de sexistes pro-pédocriminels qui auraient voté pour que J’accuse ait le césar des meilleurs décors afin de faire la nique aux féministes (notamment) et, en face, une armée d’odieux censeurs. Que certains aient donné leur suffrage au film de Polanski et ses collaborateurs comme une forme de bras d’honneur à un supposé retour de l’ordre moral, de la «bien-pensance» ou de quelqu’autre genre d’épouvantail à réac n’est évidemment pas à exclure. Pas plus que l’on ne peut écarter tout à fait que J’accuse doive aussi son avalanche de nominations à des votants à qui la figure du cinéaste franco-polonais pose problème, mais désireux de consacrer un film et ses mérites techniques ou esthétiques de grande fresque à sujet, comme objet autonome, produit d’un effort collectif et agrégat d’expertises et talents spécifiques.

Faute de boule de cristal à facettes, et sans vouloir absolument parler de désastre (tous les prix à la Belle Epoque de Nicolas Bedos, onze nominations quand même), on se risquera tout juste à rappeler qu’un film comme les Misérables de Ladj Ly - onze nominations, primé à Cannes, émissaire national aux oscars et couronné d’un tonitruant carton en salles - apparaît susceptible de mettre tout le monde d’accord, et de repeindre un gala mal emmanché aux couleurs d’une success story édifiante et faite à la main. Ce ne serait pas la moindre ironie du soir - mais ça dirait certainement aussi quelque chose de l’inflammabilité du fond de l’air - qu’un brûlot sur la dose de violence à déchaîner en réponse aux abus policiers fasse office d’ultime baume réconciliateur. Source : Libération

26 février 2020

La une de Libération ce 26 février

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23 février 2020

Libération de demain matin...

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Au sommaire de votre Libération lundi (déjà disponible ici si vous êtes abonné), vous retrouverez notre événement sur l'épidémie de coronavirus qui touche l'Italie, le procès de Julian Assange qui s'ouvre ce lundi, tout comme celui de François Fillon, les municipales vues du quartier de Planoise à Besançon, une analyse sur le blocage auquel est confronté le budget européen, un entretien sur le mouvement Hirak en Algérie en pages Idées, le nouveau disque de Caribou en pages musique et en der, le portrait de la journaliste Pascale Clark.

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