Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Jours tranquilles à Paris
presse
19 janvier 2019

Presse - Lily Rose Melody Depp

lily14

Publicité
18 janvier 2019

Presse - Lou Doillon

inrock22

16 janvier 2019

Charlie Hebdo

16 janvier 2019

Courrier International

courrier inter

13 janvier 2019

La une du JDD de ce 13 janvier 2019

jdd13 janvier

Publicité
12 janvier 2019

PLAYBOY Allemand

playboy01

11 janvier 2019

La une de Libération de demain matin...

10 janvier 2019

Le dessin de l'Express de cette semaine

10 janvier 2019

Connaissance des Arts

arts

9 janvier 2019

La lettre politique de Laurent Joffrin - Libération

«Minority Report», un film d'Edouard Philippe

Cette manie – largement répandue – d’empiler les lois répressives à chaque incident violent dans une manifestation, sous le coup de l’émotion, parce que telle ou telle image a – légitimement – choqué le public… Le gouvernement annonce un renforcement de l’arsenal juridique «anti-casseurs», en s’appuyant sur une proposition de loi votée par le Sénat à majorité de droite. Est-ce raisonnable ? Est-ce utile ?

Les violences qui ont émaillé les différents «actes» de la protestation sont inadmissibles et notoirement anti-républicaines, qu’il s’agisse des attaques contre les policiers, des démolitions et des pillages de magasins ou des dégradations de bâtiments publics, notamment l’entrée en force dans un ministère, effraction scandaleuse et inédite depuis des décennies, très mollement condamnée par tous ceux qui espèrent tirer un bénéfice politique du mouvement. Jusqu’au jour où ils seront victimes des mêmes agissements ; vérité dans l’opposition, erreur au gouvernement…

On veut établir un fichier des suspects de violence pour les arrêter préventivement. On s’appuie sur le précédent des hooligans interdits de stade. Outre que la mesure a suscité maints recours, son extension au champ politique et social fait penser au film Minority Report, où une brigade spécialisée arrête les criminels avant qu’ils aient le temps de passer à l’acte. Spielberg et Philip K. Dick l’ont anticipé. Edouard Philippe le fait, même si sa ressemblance avec Tom Cruise est assez lointaine.

Au vrai, les lois permettant de sévir contre les casseurs existent déjà, y compris le droit d’interpeller celui qui participe à une manifestation non autorisée. L’énergique boxeur de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor risque trois à cinq ans de prison, ce qui n’est pas rien. Il est vrai que ses exploits pugilistiques ont consisté, entre autres, à frapper à coups de pied un homme à terre, ce qui n’est guère recommandé dans les règles du noble art, pas plus que dans le code pénal. Depuis le début du mouvement, 5 339 personnes ont été placées en garde à vue (dixit le ministère de la Justice), 815 ont été jugées en comparution immédiate et 152 ont été incarcérées. Une partie des gardés à vue ont été ultérieurement convoqués et une partie encore sont poursuivis en justice. A coup sûr, des condamnations nombreuses suivront. Le tout en vertu des lois existantes, qui ne respirent pas le laxisme en matière de maintien de l’ordre. A insi veut la communication gouvernementale : il faut annoncer quelque chose, coûte que coûte. Aller à la télévision pour dire que la loi sera appliquée ? Ce serait déroger à une autre loi : celle du spectacle.

LAURENT JOFFRIN

Publicité
Publicité