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Jours tranquilles à Paris
24 février 2019

A Paris...

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lili4Photos : Jacques Snap

 

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24 février 2019

Cinéma : les Oscars 2019 dans la tourmente

Par Thomas Sotinel

La cérémonie, qui a lieu dimanche 24 février à Los Angeles, s’est préparée dans un climat chahuté.

Une cérémonie sans présentateur après le retrait du comique ­Kevin Hart, qui a refusé de présenter des excuses pour des tweets homophobes ; Bryan Singer, le réalisateur de Bohemian Rhapsody – nommé à l’Oscar du meilleur film – accusé d’agressions sexuelles sur mineurs ; des innovations – un nouvel Oscar du film populaire, la remise du trophée du montage et de la photographie pendant les coupures publicitaires – contestées par les membres de l’académie qui remet les statuettes et finalement abandonnées ; la forte probabilité d’assister, dimanche 24 février, au triomphe d’un film – Roma, d’Alfonso Cuaron – diffusé pour l’essentiel en dehors des salles de cinéma… La 91e cérémonie des Oscars s’est préparée dans la tourmente.

Alors que le calendrier mondial du cinéma d’auteur est désormais réglé par celui des Oscars (le festival de Berlin vient d’annoncer qu’il déplaçait les dates de son édition 2020 après que celles des ­Oscars ont été avancées), ceux-ci sont en position de faiblesse aux Etats-Unis. Cette cérémonie corporative organisée par l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (Ampas), créée en 1927 par les studios pour contrer les syndicats, est devenue un rite national à partir de 1953, date de sa première ­retransmission télévisée.

CES ­DERNIÈRES ANNÉES, L’AUDIENCE DES OSCARS EST EN CHUTE LIBRE, AU GRAND DAM D’ABC, LA CHAÎNE QUI LES DIFFUSE, PROPRIÉTÉ DE DISNEY

Mais ces ­dernières années, l’audience des ­Oscars est en chute libre, au grand dam d’ABC, la chaîne qui les diffuse, propriété de Disney. En 2018, la 90e édition, qui a vu le triomphe de La Forme de l’eau, de Guillermo del Toro, n’a attiré que 26,5 millions de spectateurs, le plus faible score de l’histoire.

Depuis Argo, en 2012, aucun des longs-métrages qui ont obtenu la récompense suprême n’a dépassé la barre des 100 millions de dollars de recettes au box-office nord-américain, la plupart (Birdman, Spotlight, Moonlight) n’atteignant même pas les 50 millions. D’où la proposition de créer un Oscar du film populaire, qui s’est heurtée à la difficulté de délimiter la catégorie, avant d’être abandonnée.

Au moins trouve-t-on cette année trois blockbusters parmi les prétendants au trophée du meilleur film : Black Panther, avec ses 700 millions de dollars au box-office, Bohemian Rhapsody et A Star Is Born. Mais aucun des auteurs de ces films n’a été nommé à l’Oscar du meilleur réalisateur, ce qui diminue fortement leurs chances.

Vent de fronde

La fronde, menée par les plus grands cinéastes, de Scorsese à del Toro, qu’a suscitée la proposition de reléguer la remise des prix pour le montage et la photographie pendant les coupures publicitaires est révélatrice d’une autre contradiction qui mine les Oscars. Formulée dans le souci de raccourcir la cérémonie afin de ne pas décourager les téléspectateurs, cette ­mesure s’est heurtée à un corps électoral de 6 000 votants, en ­partie renouvelé. Plus féminine, plus diverse, plus jeune, la com­position de l’Ampas favorise les films issus du système de pro­duction indépendant aux dépens de ceux issus des studios.

Or, les films indépendants sont tributaires, chaque année un peu plus, du soutien des plates-formes de streaming Amazon (qui avait pris une longueur d’avance en 2017 avec les deux Oscars de Manchester by the Sea) et Netflix. Pour la première fois, celle-ci fait la course en tête, trois ans après l’échec de la campagne ­menée en faveur de Beasts of no Nation, de Cary Fukunaga, qui n’avait recueilli aucune nomination. Cette année, Roma concourt dans dix catégories, après avoir fait une carrière limitée en salles aux Etats-Unis, dont les résultats ont été tenus secrets par Netflix.

UN SUCCÈS DE « ROMA », QU’ANNONCENT DE NOMBREUX PRONOSTIQUEURS, CONSACRERAIT LE BOULEVERSEMENT DES RAPPORTS DE FORCE DANS L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE

Pour défendre les couleurs du film, Netflix a embauché une ­vétérane des campagnes triomphales qu’organisait Harvey Weinstein au temps où son studio, Miramax, dominait les Oscars. Sous la direction de Lisa Taback, qui a déjà conduit un film en noir et blanc – The Artist – à la récompense suprême, la plate-forme a dépensé plus pour les trophées qu’Alfonso Cuaron et ses producteurs pour le film lui-même : de 25 millions à 30 millions de dollars de budget de campagne, ­contre 15 millions de budget de production, selon le New York Times.

Bouleversement des rapports de force

Un succès de Roma, qu’annoncent de nombreux pronostiqueurs, consacrerait le bouleversement des rapports de force dans l’industrie cinématographique.

D’autant que l’autre triomphateur des nominations, La Favorite, de Yorgos Lanthimos, qui concourt lui aussi dans dix catégories, a été produit par un studio de la Fox, en passe d’être racheté par Disney. L’avenir de la firme fondée par Darryl F. Zanuck reste incertain, mais on sait déjà que la stratégie de ses nouveaux propriétaires est de donner la priorité à une plate-forme qui a vocation à concurrencer Netflix et Amazon.

Il ne reste à l’Ampas et aux producteurs de la retransmission, Donna Gigliotti et Glenn Weiss, qu’à espérer que, dimanche soir, sur la scène du Dolby Theater de Los Angeles, aucun des trente présentateurs, parmi lesquels Barbra Streisand, Javier Bardem ou Constance Wu, ne se trompera d’enveloppe et que, malgré le maintien des Oscars du montage et de la photographie, la cérémonie ne ­dépassera pas les trois heures.

Sur le Web : www.oscars.org/oscars

24 février 2019

Extrait d'un shooting - bondage

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24 février 2019

Ren Hang

In memorem décès de Ren Hang 

Ren Hang est un photographe chinois.

Date et lieu de naissance : 30 mars 1987, Jilin, Chine

Date et lieu de décès : 24 février 2017, Pékin, Chine 

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24 février 2019

Land Art à Carnac

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24 février 2019

Récit - Juan Guaido : le récit d’une irrésistible ascension

Par Marie Delcas, Bogota, correspondante, Sandrine Morel, Madrid, correspondance, Claire Gatinois, Sao Paulo, correspondante, Gilles Paris, Washington, correspondant, Jean-Pierre Bricoure, Caracas, envoyé spécial

Le tour de force de l’opposant vénézuélien, reconnu président par intérim par de nombreuses chancelleries, est le fruit de mois de tractations que « Le Monde » a reconstitués.

La main droite est ouverte et levée, l’autre posée sur un exemplaire de la Constitution. Il est peu avant 14 heures et le jeune député de l’opposition Juan Guaido fait face à plusieurs dizaines de milliers de manifestants rassemblés sur l’avenue Francisco de Miranda, cœur de Caracas. « Aujourd’hui 23 janvier 2019, lance-t-il, en tant que président de l’Assemblée nationale, invoquant les articles de la Constitution bolivarienne, devant Dieu tout-puissant et devant mes collègues de l’Assemblée, je jure d’assumer formellement les pouvoirs de l’exécutif national en tant que président en charge du Venezuela. » Tonnerres d’applaudissements.

A peine une dizaine de minutes plus tard, alors que les opposants au régime de Nicolas Maduro battent encore le pavé, Donald Trump annonce dans un communiqué et un tweet qu’il reconnaît le président par intérim.

La déclaration du président américain fait l’effet d’une bombe. Non seulement elle prend de court les dirigeants chavistes, surprend par son côté abrupt et risqué en termes diplomatiques, mais elle renvoie à une action coordonnée inédite.

Il est 15 heures et Luis Almagro, secrétaire général de l’Organisation des Etats américains, basée à Washington, félicite l’impétrant. Encore un quart d’heure et c’est au tour du Canada de reconnaître Juan Guaido. Arrive le Brésil, cinq minutes plus tard. Puis la Colombie et le Pérou. Encore deux heures, et c’est le président du Conseil européen, Donald Tusk, qui dit « espérer que toute l’Europe va être unie en soutien des forces démocratiques au Venezuela ».

Une partition complexe

Jamais un opposant au régime chaviste n’avait suscité un tel élan d’unanimité. En moins d’une après-midi, Juan Guaido, encore inconnu quelques jours plus tôt de la majorité des Vénézuéliens et de la communauté internationale, est devenu le visage d’une opposition qui s’était surtout distinguée, depuis des années, par ses divisions malgré les faiblesses du régime. Pour la première fois, glisse un diplomate occidental à Caracas, elle fait preuve d’une capacité à s’unir, et de manière significative.

Cette bascule spectaculaire n’a été possible qu’après des mois de tractations en coulisses, de diplomatie secrète, de messages cryptés. Avec le recours aussi à de nombreux intermédiaires auprès de figures historiques de l’opposition comme Leopoldo Lopez, assigné à résidence depuis sa sortie de prison en 2017, ou d’autres partis en exil.

Pour comprendre ce tour de force, il faut remonter les fils, reprendre les étapes. Il a pour point de départ Caracas, mais pas seulement. Il y a aussi Washington, avec un Donald Trump et une administration obnubilés par le Venezuela, comme ils peuvent l’être par l’Iran ou la Corée du Nord. Madrid aussi, où vit une grande partie de la diaspora antichaviste. Le Brésil encore, et la Colombie. Autant de lieux et d’acteurs multiples engagés dans une partition complexe.

Aux Etats-Unis, dès la campagne présidentielle de 2016, le candidat Trump a assuré que l’élection de son opposante démocrate, Hillary Clinton, transformerait le pays en « Venezuela à grande échelle ». En meeting en Floride – qui compte une importante communauté d’expatriés vénézuéliens, élément électoral à prendre en compte –, ce candidat peu versé dans la défense des droits de l’homme assure être « aux côtés du peuple opprimé » du Venezuela, « qui aspire à la liberté ».

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« Alignement des planètes »

Selon Fernando Cutz, chargé du Venezuela depuis janvier 2017 au sein du Conseil de sécurité national, le président Trump s’y intéresse « dès les premiers jours » de son arrivée à la Maison Blanche. Le contexte l’explique : un « alignement des planètes », comme l’a rappelé l’expert lors d’une récente conférence à Washington, avec l’arrivée au pouvoir de nouveaux gouvernements de droite en Argentine, en Colombie puis au Brésil, et la dégradation de la situation humanitaire au Venezuela.

De fait, dès son deuxième jour à la Maison Blanche, Donald Trump exige un topo. Il demande si une intervention militaire américaine peut être envisagée. Les conseillers, inquiets, répondent qu’une invasion serait un désastre. Un mois plus tard, il reçoit dans le bureau Ovale Lilian Tintori, l’épouse de l’opposant Leopoldo Lopez, en compagnie du vice-président Mike Pence et de Marco Rubio, sénateur républicain de Floride.

Fait notable, le président évoque le Venezuela avec tous les dirigeants d’Amérique du Sud qui lui rendent visite au début de son mandat : le Péruvien Pedro Pablo Kuczynski en février 2017, l’Argentin Mauricio Macri en avril, le Colombien Juan Manuel Santos en mai. Ce même mois, l’administration adopte les premières sanctions contre des figures du régime de Nicolas Maduro. D’autres suivront à l’été. La pression s’installe, une stratégie s’ébauche.

« Troïka de la tyrannie »

En plein mois d’août 2017, dans son golf du New Jersey, Donald Trump prend de court ses conseillers en déclarant : « Nous avons beaucoup d’options pour le Venezuela. Et, au fait, je ne vais pas exclure une option militaire. » L’entourage du président temporise, mais sa détermination ne fait plus l’ombre d’un doute, d’autant qu’un groupe d’Etat américains exaspérés par le statu quo vient de se constituer à Lima. En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, le 16 septembre, Donald Trump ajoute : « Les Etats-Unis ont pris d’importantes mesures pour tenir le régime responsable de ses actes. Nous sommes prêts à prendre d’autres mesures si le gouvernement du Venezuela persiste sur la voie d’imposer un régime autoritaire au peuple vénézuélien. »

En novembre 2017, puis tout au long de 2018, l’administration multiplie les sanctions. Autour du président américain, plusieurs architectes de cette nouvelle approche sont des défenseurs historiques d’une diplomatie musclée.

Une des figures clés, déjà présente dans l’équipe de transition entre l’élection et l’investiture de M. Trump, s’appelle Mauricio Claver-Carone, avocat et fils d’émigré cubain. Il a été l’un des plus fermes détracteurs de la politique latino-américaine de Barack Obama. Nommé coordinateur et assistant spécial à la Maison Blanche, il rejoint une équipe de partisans d’une ligne dure, soutenu par le sénateur Marco Rubio.

Le sénateur du Parti républicain de Floride, Marco Rubio arborant une casquette de soutien à Juan Guaido, à la frontière vénézuélienne avec la Colombie, le 17 février. | LUIS ROBAYO / AFP

Autre « faucon », le conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, annonce le 1er novembre 2018, à Miami, que les Etats-Unis appliqueront une tolérance zéro en Amérique latine, qualifiant Cuba, le Nicaragua et le Venezuela de « troïka de la tyrannie ». Il affirme que les Etats-Unis vont appliquer de nouvelles sanctions visant le secteur aurifère vénézuélien et les entités détenues ou contrôlées par les militaires et services secrets cubains.

Visite secrète de Guaido à Washington

Le 12 décembre, Marco Rubio et le sénateur démocrate Bob Menendez (New Jersey) enjoignent M. Trump de contester la légitimité de Nicolas Maduro et de reconnaître l’Assemblée nationale (AN), tenue par l’opposition, comme la seule instance démocratique et représentative du pays, tandis que l’Assemblée constituante (ANC), élue dans des conditions controversées en juillet 2017, s’est arrogé l’essentiel des pouvoirs du Parlement.

Selon plusieurs sources, à peine quelques jours plus tard, mi-décembre, Juan Guaido, qui n’est pas encore le président de l’Assemblée nationale, traverse discrètement la frontière colombienne en contournant le poste douanier avant de s’envoler vers Washington pour une visite secrète. Il y rencontre Luis Almagro et Marco Rubio, comme l’a confirmé le bureau du sénateur. Son séjour a été préparé par deux exilés, Carlos Vecchio et David Smolansky. Juan Guaido ne rencontre pas Bob Menendez. Toutefois, la position de l’administration est largement partagée par le camp démocrate, qui reste néanmoins hostile à la moindre intervention militaire.

Autour du jour de l’an, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, se réunit avec plusieurs alliés clés et évoque le cas vénézuélien. Le 2 janvier, il s’entretient avec ses homologues brésilien et colombien. Avec le président Ivan Duque, il ira même jusqu’à évoquer un plan d’action et une collaboration « régionale et internationale ».

A ce stade, les réseaux se densifient. L’activisme des opposants vénézuéliens en exil permet de pousser les pions auprès des différentes chancelleries. Un semblant d’unité se dégage. La pression de Washington fait le reste.

« Travail intense et collectif »

Antonio Ledezma, ancien maire de Caracas et figure de la diaspora, a lui aussi joué un rôle prédominant. Dès son arrivée en Espagne, fin 2017, il s’entretient avec le président du gouvernement espagnol d’alors, Mariano Rajoy. Quelques jours plus tard, il part pour Washington, où il voit des fonctionnaires de la Maison Blanche, du département d’Etat et du Congrès. Puis à Strasbourg, où il se réunit avec le président du Parlement européen, Antonio Tajani, et avec des responsables de tous les partis espagnols.

En janvier 2018, une réunion en Amérique du Sud lui donne l’occasion de dialoguer avec Mauricio Macri, Pedro Pablo Kuczynski et le Chilien Sebastian Piñera. De retour en Europe, M. Ledezma s’entretient en avril avec Emmanuel Macron, à l’Elysée. « Il nous a donné son soutien et son engagement à nous aider à résoudre la crise », affirme l’opposant.

A Madrid, sur une idée de Mariano Rajoy, l’ancien maire de Caracas décide d’aider à l’établissement d’un canal de communication entre l’UE et les quatorze pays des Amériques et des Caraïbes du « groupe de Lima ». Il évoque le sujet lors d’une nouvelle tournée au Pérou, où, le 14 avril, au siège de l’ambassade des Etats-Unis, il s’entretient avec le vice-président Mike Pence. Il se rend ensuite au Brésil, au Chili, au Costa Rica, au Panama, aux Etats-Unis puis au Mexique pour un premier contact avec l’entourage du nouveau président, Andrés Manuel Lopez Obrador. Celui-ci se démarquera de l’initiative.

« Le travail a été intense et collectif », insiste M. Ledezma. A ses côtés, on retrouve Carlos Vecchio, mais aussi Lester Toledo, le député du parti Voluntad Popular, celui de M. Guaido, la représentante de l’opposition vénézuélienne en Suisse, Maria-Alejandra Aristiguieta, l’ancien président du Parlement Julio Borges et le consultant Carlos Blanco. Au Venezuela, cette équipe est en contact avec l’ancienne députée de droite Maria Corina Machado et avec Leopoldo Lopez.

L’ancien maire de Caracas, Antonio Ledezma, en exil en Espagne, participant à une manifestation contre le président vénézuélien Nicolas Maduro, à Madrid, le 13 janvier. | OSCAR DEL POZO / AFP

L’histoire s’accélère

« La proclamation de Guaido s’est décidée en moins de vingt jours, précise Antonio Ledezma. Il y avait bien un plan qu’il allait être président de l’Assemblée, mais il n’y avait pas d’accord sur le fait qu’il assume une présidence temporaire. Certains, comme [l’ancien candidat à la présidentielle] Henrique Capriles, étaient contre. Maria Corina Machado et moi étions convaincus que Guaido devait franchir le pas en se basant sur la Constitution. Nous avons obtenu les soutiens de Leopoldo Lopez et de Julio Borges. »

Le 5 janvier, Juan Guaido est donc désigné, par un système de rotation, président de l’Assemblée nationale. Le 11, au lendemain de la prestation de serment de Nicolas Maduro pour un second mandat présidentiel de six ans, le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, publie un communiqué dans lequel il indique : « Nous appuyons en particulier la décision courageuse du président de l’Assemblée nationale, Juan Guaido, d’invoquer les dispositions prévues par la Constitution du Venezuela et de déclarer que Maduro ne détient pas légitimement la présidence du pays. »

L’histoire s’accélère. Après une brève tentative d’arrestation par des agents du service bolivarien de renseignement, le 13, Juan Guaido reçoit un appel de Mike Pence. Selon le compte rendu publié par la Maison Blanche, le vice-président exprime « le ferme soutien des Etats-Unis à l’Assemblée en tant que seul organe démocratique légitime du pays » et « encourage M. Guaido à construire l’unité des groupes politiques ».

Le jour même, Juan Guaido reçoit un coup de fil chaleureux du député Eduardo Bolsonaro, fils du président brésilien, Jair Bolsonaro, et émissaire informel de son père. Le parlementaire a offert un « soutien plein et entier à notre action pour restaurer notre démocratie », confie alors le Vénézuélien au quotidien O Globo.

« Grand marché diplomatique »

L’activisme d’Eduardo Bolsonaro n’est pas nouveau. En novembre 2018, soit quelques jours à peine après l’élection de son père, il avait rencontré Marco Rubio lors d’un déplacement de trois jours aux Etats-Unis. Casquette floquée « Trump 2020 » sur la tête, Eduardo Bolsonaro s’est d’abord entretenu avec deux hauts fonctionnaires de la Maison Blanche en marge d’une conférence à l’American Enterprise Institute, un cercle de réflexion conservateur où était également présent Mike Pence. Puis, avec Luis Almagro, il parle de « scénarios politiques aux Amériques ». Le lendemain, il rencontre le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, le sénateur du Texas Ted Cruz, ainsi que l’ancien conseiller stratégique du président et idéologue ultranationaliste Steve Bannon.

Dans la foulée, une rencontre avec Marco Rubio. Elle est brève, mais sans doute décisive. Le sénateur de Floride y aurait évoqué l’idée d’un « grand marché diplomatique » : en échange d’une aide pour, notamment, faire entrer le Brésil dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Brasilia s’engagerait dans la résolution de la crise au Venezuela.

Les comptes rendus et tweets des uns et des autres ne disent rien d’un tel accord. Quoi qu’il en soit, le 17 janvier, le président brésilien Jair Bolsonaro s’affiche aux côtés de Miguel Angel Martin, le président de la Cour suprême vénézuélienne en exil, affirmant que son gouvernement fera « tout son possible pour rétablir l’ordre, la démocratie et la liberté au Venezuela ». Sur la photo figure aussi Ernesto Araujo, le ministre brésilien des affaires étrangères qui, dans une note, s’empresse de décrire le Venezuela de Nicolas Maduro comme une « mécanique de crime organisé fondé sur la corruption généralisée, le narcotrafic et le terrorisme ».

Le président brésilien Jair Bolsonaro posant aux côtés de Miguel Angel Martin, le président de la Cour suprême vénézuélienne en exil, le 17 janvier à Brasilia. | ALAN SANTOS / SERVICE DE PRESSE DE LA PRESIDENCE BRESILIENE / AFP

Cette même journée, Ernesto Araujo s’entretient à Brasilia avec Antonio Ledezma, Julio Borges et Carlos Vecchio. Des représentants de la diplomatie américaine et du groupe de Lima sont présents, ainsi que l’omniprésent Eduardo Bolsonaro. « Là, nous sommes tombés d’accord sur le fait qu’il fallait consolider les soutiens internationaux pour reconnaître Guaido s’il franchissait le pas », précise M. Ledezma. Peu après, le Brésil se dit prêt à reconnaître Juan Guaido comme président, si l’Assemblée nationale en décidait ainsi.

Cargaison humanitaire estampillée « US aid »

Le 22 janvier, une délégation d’élus de Floride se rend à la Maison Blanche pour demander à Donald Trump de faire de même. Mike Pence s’entretient avec lui au téléphone, le soir même. Il veut s’assurer que le jeune député invoque bien la Constitution pour justifier son action.

La suite est connue. Nicolas Maduro a dénoncé un putsch et Juan Guaido annoncé l’arrivée pour le 23 février d’une aide humanitaire internationale.

La Maison Blanche a été la première à envoyer une cargaison, estampillée « US aid », à Cucuta, à la frontière colombienne. Cette semaine encore, lors d’un discours à Miami, devant des étudiants en grande majorité vénézuéliens et d’origine cubaine, Donald Trump a rappelé qu’il était toujours à la recherche d’une transition pacifique entre les deux leaders, mais que « toutes les options » restaient « ouvertes ».

24 février 2019

Nicolas Guérin

Nicolas Guerin - Normal Magazine - Venezia Photo from Normal Magazine on Vimeo.

Photographe, Nicolas Guerin

Modèle Pauline Moulettes entre autres

Montage, Axel Paventa pour JJam Production

24 février 2019

Lily Rose Melody Depp

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24 février 2019

Concorde Art Gallery - Claude Fougerousse

Claude Fougerousse - Peintre

70 ans, vit et peint à Annecy/Meythet en Haute Savoie. Classe préparatoire aux Beaux-Arts d’Annecy. Beaux-Arts de Grenoble. Designer manager durant 18 années. S’installe comme peintre en 2002. Choisit le Nu féminin d’après nature directement à l’encre de Chine. Toujours sur le Nu évolue avec l’huile, l’encre et l’acrylique.

Techniques employées :

Peinture acrylique sur toile, encres de couleurs sur papier marouflé sur toile, encres de couleurs sur toile, huile sur toile

Expositions :

Exposition personnelle à Genève 2005

Exposition personnelle à Annecy 2006

Exposition collective à Brighton/UK 2007

Exposition personnelle Galerie Elizabeth COUTURIER 2008

Exposition personnelle Galerie CARA à Sévrier 2017

Exposition collective Salon FIGURATION CRITIQUE 2018

Exposition collective SALON D’AUTOME 2018

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Claude Fougerousse (2)

Claude Fougerousse (3)

Claude Fougerousse (4)

Claude Fougerousse (5)

24 février 2019

Carlos Ghosn - Feu d’artifice, porcelaine et vin d’Ixsir : le jour où le couple Ghosn a convié sa cour à Versailles

Par Raphaëlle Bacqué

Le 8 octobre 2016, le PDG de Renault et Nissan célébrait l’anniversaire de son épouse au Grand Trianon. Une réception qui symbolise la folie des grandeurs d’un homme aujourd’hui soupçonné de malversations financières.

Les invités se souviennent fort bien de la féerie de ce soir du 8 octobre 2016. Les longues tables en U dressées dans la galerie des Cotelle, une des splendeurs du Grand Trianon ; les assiettes en porcelaine de Limoges du XVIIIe siècle, les couverts en argent et vermeil et les verres en cristal de Saint-Louis.

Et ce petit menuet dansé pendant le cocktail par des hommes en habits de soie bleue et perruques poudrées et leurs cavalières en robes à panier, dans le péristyle, entre les colonnes de marbre rose et de porphyre.

Des figurants déguisés en aristocrates du XVIIIe siècle

Le même défilé de robes a accueilli sur le perron, au tout début de la soirée, les 120 invités de Carlos et Carole Ghosn, mais cela, tout le personnel vous le dira, c’est presque une banalité. Les entreprises ou les riches particuliers qui s’offrent le temps d’une soirée un bout du château de Versailles tiennent généralement aussi à la présence de cette cour de figurants déguisés en aristocrates du XVIIIe siècle.

« Tout le monde, de 7 à 77 ans, rêve de jouer au prince et à la princesse en voyant les dorures… », reconnaît Catherine Pégard, la présidente de l’établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles.

Deux ans et demi auparavant, pour la fête qu’ils ont donnée la veille de leur mariage, les fiancés Kanye West et Kim Kardashian étaient entrés dans la cour pavée du château en Porsche Panamera, entre des gardes à cheval costumés à la mode du XVIIIe siècle positionnés devant la grille d’honneur…

Rabih Kayrouz à la direction artistique

Carlos et Carole Ghosn, eux, ont confié la direction artistique de la soirée au couturier et styliste libanais Rabih Kayrouz. Pour la fête à Versailles, il a fait louer la vaisselle et les candélabres chez des antiquaires.

Cet ancien de Dior et de Chanel désormais membre du cercle très prisé de la haute couture parisienne avec Maison Rabih Kayrouz, sa propre marque, est un amateur de couleurs. Mais il pratique aussi l’épure et le dépouillement dans la coupe.

« IL N’EST PAS QUESTION DE TRANSFORMER VERSAILLES EN CHÂTEAU À LOUER POUR DES NOCES. » CATHERINE PÉGARD, PRÉSIDENTE DE LA L’ÉTABLISSEMENT PUBLIC

« Je me sens chez moi partout », déclarait-il à l’issue de son défilé couture en janvier 2018. On croirait presque entendre Carlos Ghosn, ce grand patron mondialisé – Franco-Libano-Brésilien – qui parcourt la planète en sautant d’un avion à l’autre. Mais c’est Carole Nahas, épouse depuis quelques mois du patron de Renault-Nissan, qui l’a choisi.

Créatrice de mode, cette Libanaise fréquente depuis toujours la haute société de Beyrouth. Cette soirée est d’abord celle de son anniversaire et non, comme on le dira plus tard, lorsque Carlos Ghosn aura été arrêté à Tokyo et accusé de fraudes et d’abus de bien social, la célébration de leur mariage.

D’ailleurs, le château ne l’aurait pas permis. « Il n’est pas question de transformer Versailles en château à louer pour des noces, assure la présidence de l’établissement public. On ne peut pas danser dans les salons et, à minuit, les invités doivent être partis. » Même un couple de riches Turcs a dû biaiser pour donner, sans le signifier explicitement, le dîner de mariage de leur fille dans l’Orangerie, puis trouver ensuite un lieu pour le bal.

Un endroit grandiose

C’est cependant un endroit grandiose pour un anniversaire. Mais Carlos Ghosn a-t-il encore le sens de la mesure ? Lui qui traverse le monde en avion privé, rejoignant entre deux rendez-vous son superbe appartement à Rio de Janeiro – dont les baies vitrées donnent sur la plage de Copacabana – ou sa luxueuse résidence à Beyrouth, achetés et rénovés à grands frais par Renault-Nissan.

« NOUS VOULIONS QUE NOS AMIS SE SENTENT COMME S’ILS AVAIENT ÉTÉ REÇUS CHEZ NOUS – RIEN DE TROP ÉLABORÉ. » CAROLE GHOSN, DANS « TOWN & COUNTRY »

Cela fait longtemps que ce patron célébré pour sa réussite, narcissique, jouisseur, considère que rien n’est trop beau pour récompenser ses performances. Interrogé sur la réception par le mensuel américain Town & Country, chroniqueur de la jet-set, le patron de Renault-Nissan a eu cette réflexion faussement désabusée : « Quand vous invitez des gens à une fête, ils répondent : “Peut-être !” Mais, quand vous les conviez à Versailles, ils viennent. »

Même sa seconde épouse paraît saisie par cette vie de démesure qui brouille les références et la vision de ce que vit le commun des mortels. A Town & Country, Mme Ghosn explique benoîtement : « Nous voulions que nos amis se sentent comme s’ils avaient été reçus chez nous – rien de trop élaboré. »

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La référence : « Marie Antoinette », le film de Sofia Coppola

Le « rien de trop élaboré » a demandé des mois de préparation, une livraison en quelques heures des fleurs, des tables et de la vaisselle, et un démontage dans la nuit, afin de ne pas fermer trop longtemps au public ce Grand Trianon qui a tant de succès.

L’Ancien Régime français n’est pas la référence de Carole Ghosn. Elle a voulu que sa fête ait les couleurs pastel et séduisantes de Marie Antoinette, le film de Sofia Coppola qui met en scène, dans un déluge de pâtisseries et de frivolité, la reine venue d’Autriche et s’arrête pile avant la Révolution.

La plupart des convives, dont de très nombreux Libanais venus de Beyrouth, New York ou Hongkong, sont émerveillés par la splendeur du château du Roi Soleil et la magnificence de ce dîner élégant. Les intimes du couple connaissent pourtant son train de vie.

A Beyrouth, le hall d’entrée de la maison des Ghosn est orné d’un énorme lustre pendant que le sol est en partie vitré, pour que chacun puisse admirer la crypte qui est située en dessous et ses sarcophages antiques, découverts à l’occasion de travaux qui ont coûté plus de 6 millions d’euros à Nissan, comme on l’a appris depuis l’arrestation de l’homme d’affaires, à Tokyo, le 19 novembre 2018.

Le Tout-Beyrouth est présent

Ce soir-là, à Versailles, le Tout-Beyrouth semble avoir fait le déplacement. L’ancien ministre de l’intérieur du Liban Nouhad Machnouk, venu à la fête avec son épouse Leila, est un habitué des dîners des Ghosn. Comme le couturier Elie Saab, qui a dessiné la robe de taffetas vert, brodée de cabochons de strass que porte Mme Ghosn. Comme, encore, le décorateur floral Marwan Hamza, qui a fait sensation en entrant dans le Grand Trianon revêtu d’une abaya en soie sur son smoking et chaussé de mules fourrées Gucci.

Ou le très riche assureur Malek Abi Nader, dont l’épouse, Tania, porte ce soir-là un extraordinaire collier d’émeraudes qu’une échotière de L’Orient-Le Jour repère comme celui qui « avait remporté le trophée du plus beau bijou au Couture show [salon international de la haute joaillerie à Las Vegas, Nevada] ».

« LA SEULE CERTITUDE, C’EST QUE LA VRAIE STAR DE LA SOIRÉE N’ÉTAIT PAS CAROLE NI MÊME LE COUPLE. C’ÉTAIT CARLOS GHOSN. » UN INVITÉ ANONYME

Il y a peu de Français, hormis Philippe Jabre, un de ces financiers ayant fait fortune dans les hedge funds avant de s’exiler fiscalement en Suisse. Catherine Pégard, venue accueillir les invités avant de participer elle-même au dîner, n’a pas été prévenue par le service du protocole du château de la présence d’une personnalité qui réclamerait un accueil particulier.

Aujourd’hui que Carlos Ghosn est en prison, plus aucun invité ne veut témoigner publiquement de cet incroyable événement, « mais c’était bien une soirée privée, reconnaît un convive qui souhaite rester anonyme. Je ne crois pas qu’il y ait eu la moindre trace d’un cadre dirigeant de Renault-Nissan ni une allusion à l’entreprise. La seule certitude, c’est que la vraie star de la soirée n’était pas Carole ni même le couple. C’était Carlos Ghosn. »

Renault, un donateur du château

Au moment des toasts, c’est d’ailleurs lui qui s’est levé. Avant de lancer le moment des chansons – la voix incontestée au Liban et au Moyen-Orient Hiba Tawaji, révélée en France par « The Voice », et son mari compositeur et pianiste, Oussama Rahbani, donneront un miniconcert –, le grand patron a pris son verre.

Dans la coupe de cristal, du vin d’Ixsir, issu des 66 hectares de vignes qui sont sa propriété, réparties entre Batroun, dans le nord du Liban, Jessine, au sud, et les coteaux de la Bekaa. « Vous le savez, nous nous sommes mariés il y a quelques mois, et ce soir, c’est l’anniversaire de celle qui éclaire désormais ma vie. C’est pourquoi nous voulions donner cette fête pour nos amis dans ce lieu magnifique… »

Versailles, le couple Ghosn y a pensé sans beaucoup chercher. Cela fait plus d’une dizaine d’années que Renault est l’un des donateurs du château. Au départ, l’entreprise automobile a fourni des Twizy, ces petites voitures électriques que les agents du château utilisaient pour arpenter les 815 hectares du parc, ainsi que deux berlines pour la direction du château.

Mais la présidente de l’établissement public, Catherine Pégard, est allée le voir personnellement, « un matin très tôt, dans son bureau », pour lui demander que Renault devienne le mécène de la restauration du salon de la Paix, accolé à la galerie des Glaces.

Une première fête à Versailles en 2014

Depuis la loi sur le mécénat, portée en 2003 par le ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon, les grands établissements publics, comme le Louvre ou Versailles, courent les entreprises pour les convaincre de leur donner de l’argent, contre avantages en nature et dégrèvement fiscal, et Catherine Pégard passe une grande partie de son temps dans les bureaux des PDG.

C’est une ancienne journaliste, fine mouche et habituée des lieux de pouvoir. Sa finesse et son entregent lui ont permis de passer de la presse à l’Elysée, où elle fût conseillère de Nicolas Sarkozy. C’est lui qui l’a nommée à la tête de Versailles, avant que François Hollande ne renouvelle son mandat, qui s’achèvera à la fin 2019.

Ghosn connaît déjà la magnificence de Versailles. Le 9 mars 2014, jour de ses 60 ans, il a donné une grande réception à l’occasion des quinze ans de l’alliance, « en l’honneur des partenaires qui ont soutenu Renault-Nissan », disait le carton.

La fête eut lieu dans la galerie des Batailles, cette merveille de 120 mètres de long au premier étage de l’aile du Midi, où trônent trente-trois tableaux des grandes batailles de l’histoire nationale, depuis la victoire de Clovis à Tolbiac jusqu’à celle de Napoléon à Wagram. La soirée a coûté 600 000 euros à l’entreprise automobile, dont 160 000 euros pour la location au château et le feu d’artifice tiré par les seuls artificiers agréés par Versailles.

Des contreparties au mécénat

Ce matin où la présidente du château vient le solliciter, le grand patron donne rapidement son accord pour une convention de mécénat. En échange du financement de la restauration des peintures des plafonds et des marbres du salon de la Paix, l’entreprise pourra bénéficier de « contreparties » en nature qui ne devront pas dépasser 20 % du montant de l’investissement.

« LA PERSONNE QUI S’OCCUPE DE RENAULT-NISSAN EST EN VACANCES POUR TROIS SEMAINES ET PERSONNE NE PEUT VOUS RÉPONDRE À SA PLACE. » L’AGENCE DE COMMUNICATION CMP

Pourquoi Carlos Ghosn s’est-il tourné vers l’agence de communication habituelle de Renault-Nissan pour organiser l’anniversaire de son épouse ? Car c’est bien l’agence Communication Media Partner (CMP) qui s’est chargée de l’ensemble de l’événement, y compris la négociation avec le château. Aujourd’hui, CMP joue les abonnés absents. « La personne qui s’occupe de Renault-Nissan est en vacances pour trois semaines et personne ne peut vous répondre à sa place », assure, contre toute vraisemblance, l’agence.

Le château, lui, affirme qu’il a cru qu’il s’agissait bien d’une soirée d’entreprise entrant dans le cadre de l’une des contreparties au mécénat dûment signifiées. A savoir l’usage gracieux de la galerie des Cotelle et du péristyle du Grand Trianon, normalement facturé 35 000 euros, ainsi que des services de sécurité du château, habituellement facturés 15 000 euros, soit 50 000 euros offerts. La vaisselle, les fleurs, le traiteur, les figurants, eux, étaient à la charge des Ghosn eux-mêmes.

Et voilà comment la fête est devenue à la fois une broutille au regard de l’ampleur des sommes déboursées par Renault-Nissan, et que Carlos Ghosn est aujourd’hui accusé d’avoir utilisées à des fins personnelles, et le symbole de la démesure de celui-ci. C’est la règle des grands monuments qui ont traversé l’Histoire : leur seule mention charrie dans leur sillage tous les fantasmes.

C’est bien ce qu’ont compris d’emblée les avocats de Carlos Ghosn qui, en un instant, ont fait taire les témoins de la fête et retirer les photos prises ce soir-là par un professionnel. Au moment où l’ex-PDG de Renault-Nissan est embastillé au Japon, ils ne voulaient pas que l’on voie émerger la tête de leur client au milieu de cette cour d’Ancien Régime.

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