Fillon si, Fillon no par Laurent Joffrin
François Fillon se macronise… Après avoir écrit dans son premier projet qu’il fallait renforcer la place des assurances privées dans le financement du système de santé, voilà qu’il donne à son discours sur le sujet un tour furieusement social et solidaire. Au moins un changement radical de forme, sinon de contenu. Rappelons ce qui était écrit dans le texte initial : «Focaliser l’assurance publique universelle sur les affections graves et de longue durée et l’assurance privée sur le reste.» La formulation avait été changée en catastrophe à la suite de la polémique qu’avait provoquée cette proposition. Retour à un discours très socialement correct, avec suppression du «reste à charge» pour les patients en cinq ans, notamment sur l’optique et les prothèses dentaires. Le but est louable et il y a à coup sûr dans le nouveau plan Fillon des mesures tout à fait pertinentes. Mais comme les objectifs de r éduction du déficit restent les mêmes, on peut s’interroger sur le bouclage financier du projet. Erreur en deçà du «Penelopegate», vérité au-delà…
Comme nous l’indiquions déjà hier, cette légitime discussion sur les propositions du candidat Fillon pose un léger problème civique : faut-il revenir tout à trac à la normalité et traiter du candidat Fillon sans faire référence à ses ennuis judiciaires ? C’est évidemment le pari de la droite et des journaux qui la soutiennent avec une grande constance militante. Et comme les autres médias ne peuvent pas répéter éternellement les informations qu’ils ont déjà diffusées sur ce sujet, l’évitement des affaires par usure risque de s’imposer pour ainsi dire naturellement. Le cynisme paie. C’est aussi le résultat logique du travail de délégitimation de la justice et de la presse activement mené par le parti LR (il n’est pas le seul à pratiquer ce sport). La trumpisation est en marche…