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Jours tranquilles à Paris
19 mars 2017

Une campagne sans boussole

Par Nicolas Chapuis

« Dans cette campagne égarée, les électeurs ont un mois pour décider de l’itinéraire qu’ils veulent emprunter, pour distinguer les chemins des impasses.  »

La présidentielle française est frappée d’une double incertitude. Celle, évidente, de l’absence absolue de favori à un mois du terme. Et celle, plus diffuse, liée à l’éclipse programmatique qui s’est abattue sur la campagne.

Alors que le premier débat entre les cinq principaux candidats aura lieu lundi 20 mars, il est impossible de déterminer sur quel thème se jouera la décision finale. On aurait pu croire, au sortir d’un été 2016 meurtrier, que la lutte contre le terrorisme, le rapport à l’immigration, la laïcité et le difficile équilibre entre libertés publiques et la sécurité des ­citoyens seraient les enjeux majeurs.

On aurait pu penser, au sortir d’un quinquennat mitigé, que l’emploi et le rapport au travail seraient déterminants dans le choix des électeurs. On aurait pu miser sur l’Europe, sur l’environnement, sur l’éducation, le logement, la santé… Mais rien de tout cela.

Un vote « par contumace »

A quelques semaines du scrutin, aucun des candidats n’a réellement réussi à imposer ses propositions dans le débat public, happé par l’affaire Fillon, la menace Le Pen, l’énigme ­ Macron, les jeux d’appareils Hamon-Mélenchon. A ce rythme, les électeurs vont être obligés de voter « par contumace », la politique étant aux abonnés absents.

L’enjeu est de taille pour les candidats. Celui qui parviendra à dicter le tempo de la campagne prendra une longueur d’avance sur ses concurrents. C’est la leçon des primaires. Benoît Hamon a réussi à placer son revenu universel et le rapport au travail au centre de la discussion, dans une gauche assoiffée de propositions… de gauche.

Avec son projet très libéral et sa proposition de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, François Fillon a réussi à imposer l’idée qu’il est le seul à vouloir réellement réformer la France, dans une droite traumatisée par les palinodies hollandiennes et en quête de marqueurs forts… de droite.

Aucun des deux n’est pourtant audible. Le premier parce qu’il semble enferré dans des discussions qui soulignent à quel point la gauche d’aujourd’hui se conjugue davantage au singulier qu’au pluriel. Le second parce qu’il est rattrapé par une affaire dont il appartiendra à la justice de dire si elle est délictueuse, mais dont on peut déjà affirmer qu’elle lève le voile sur une facette méconnue du personnage Fillon, qui jouait au gentleman-farmer mais a en réalité tout du bourgeois gentilhomme.

Le hold-up électoral du siècle

Face à cette gauche et à cette droite qui ont créé patiemment toutes les conditions de leur propre paralysie, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont en embuscade pour le hold-up électoral du siècle. Chacun essaie à sa façon de prendre le pas idéologique sur cette campagne, en instaurant sa grille de lecture.

Lui essaie d’effacer la barrière entre la gauche et la droite pour créer, face aux « conservateurs », un arc des « progressistes », édifice dont on mesure, au fil de ses interviews, ce qu’il faut de souplesse et d’accommodements pour en tenir tous les bouts.

Elle tente d’effacer dans l’esprit des électeurs son ancrage viscéral à l’extrême droite en créant une opposition entre « patriotes » et « mondialistes », énième version du populiste « nous contre eux ».

Alors qu’une grande majorité de Français continuent à se positionner à droite ou à gauche, ils risquent de devoir se décider en fonction de nouvelles lignes de fracture dont ils ne maîtrisent pas forcément la géographie.

Une campagne égarée

Les candidats ne sont pas les seuls responsables de l’escamotage de cette campagne. Les médias ont leur part dans cette affaire, eux qui sont le relais dans l’opinion de la bataille des idées. A l’approche du premier débat, Le Monde a donc voulu regarder de près ces programmes, qui existent même si l’actualité les relègue au second plan.

A l’appui des projets de chacun des candidats ayant à ce jour leurs 500 parrainages, nous avons choisi de décliner plusieurs ­thématiques à travers un cahier spécial, sans prétendre à l’exhaustivité. Sur notre site ­Internet, le comparateur de programmes des candidats permettra à nos lecteurs de naviguer de proposition en proposition pour se forger leur opinion.

Dans cette campagne égarée, les électeurs ont un mois pour décider de l’itinéraire qu’ils veulent emprunter, pour distinguer les chemins des impasses. Que la France échappe à un second tour en forme de référendum, pour ou contre l’extrémisme, ressemblerait presque aujourd’hui à une surprise. Ça tombe bien, cette présidentielle n’en est pas avare.

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18 mars 2017

Liste officielle des 11 candidats à l'Elysée

Le conseil constitutionnel a donné la liste des onze candidats sur la ligne de départ pour l'élection présidentielle, samedi 18 mars. Jacques Cheminade, Jean Lassalle et Philippe Poutou ont obtenu leurs 500 parrainages. Ces nouveaux noms viennent s'ajouter aux huit autres candidats qui avaient déjà obtenu leurs 500 parrainages : Nathalie Arthaud, François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

18 mars 2017

Jean Luc Mélanchon

melenchon

17 mars 2017

Bayrou sur scène avec Macron

Après avoir officialisé leur alliance au Palais de Tokyo fin février, Emmanuel Macron et François Bayrou vont passer la seconde. Pour la première fois depuis le début de la campagne électorale, les deux hommes vont tenir un meeting commun vendredi en fin d'après-midi à Reims (Marne), rapporte France 3 Grand Est.

17 mars 2017

Trois quarts des Français estiment que François Fillon aurait dû se retirer après sa mise en examen

La popularité de François Fillon s'effrite encore un peu plus après sa mise en examen mardi pour "détournement de fonds publics" et "recel d'abus de biens sociaux". Selon un sondage Odoxa pour franceinfo révélé vendredi 17 mars, 75% des Français estiment désormais que le candidat Les Républicains à l'élection présidentielle devrait renoncer à se présenter. À titre de comparaison, ce taux était de 70% lors du précédent sondage le 3 mars et de 61% lors de celui du 3 février.

Près de huit sondés sur dix (78%) déclarent avoir une mauvaise opinion de François Fillon. Le candidat a perdu 32 points de "bonne opinion" depuis début novembre. Seuls 58% des sympathisants de droite - hors Front national - disent aujourd'hui avoir une bonne opinion de lui.

La baisse de popularité de Fillon ralentit

Preuve de la forte dégradation de l'image du candidat, près de neuf Français sur dix (89%) considèrent qu'il n'est pas honnête, et plus de trois quarts qu'il n'est ni convaincant (76%), ni proche de leurs préoccupations (78%). Près de la moitié des sondés le trouvent toutefois courageux (46%), dont 83% des sympathisants de droite.

Seule consolation à tirer de ce sondage pour François Fillon : la baisse de sa popularité ralentit, malgré une nouvelle vague de révélations. "Le candidat a moins baissé ces dernières semaines après sa mise en examen qu'il n'avait baissé tout au long du mois de février. On a le sentiment de toucher le noyau dur de ce qui lui reste de supporters", analyse Gaël Sliman, le président de l'institut Odoxa.

Enquête réalisée sur internet les 15 et 16 mars 2017 auprès d'un échantillon de 1 006 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, parmi lesquelles 250 sympathisants de gauche, 175 sympathisants de droite hors FN, et 171 sympathisants du FN.

 

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16 mars 2017

Et alors ?

Fillon poursuit sa campagne comme si de rien n’était. «Je suis un combattant balafré qui ne baisse pas la tête devant les balles», a-t-il dit dans une métaphore martiale, un peu forcée, il faut le dire. Il a survécu à une entrevue avec le juge Tournaire, ce qui est tout de même moins dangereux que le Chemin des Dames. Fillon, un poilu en uniforme sur mesure…

En fait, il a fait sienne une devise qui restera comme un des mots de la campagne. Quand la presse a révélé qu’un généreux donateur lui offrait ses costumes Arnys, il a seulement répondu : «Et alors ?» Cette réplique est en passe de devenir un leitmotiv de campagne. Le jour de sa mise en examen, les leaders LR ont rivalisé de sérénité cynique en rétorquant sur tous les tons aux questions des journalistes : «Et alors ?» Rien de nouveau, on le savait déjà, une machination, etc.

Ils ne sont pas les seuls. Marine Le Pen est accusée des mêmes faits que Fillon. «Et alors ?» Elle a sous-estimé son patrimoine pour ne pas payer l’ISF. «Et alors ?» Elle est sous le coup de plusieurs investigations judiciaires, tout aussi embarrassantes que celles de Fillon. «Et alors ?» Elle est convoquée par les juges ? «Et alors ?» Elle n’ira pas, voilà tout.

On pourrait étendre la même rhétorique à d’autres domaines. Ainsi les citoyens gagnés par ce cynisme venu d’en haut pourraient à leur tour sacrifier à la rhétorique du «Et alors ?» Je mets mon argent à l’étranger pour ne pas payer d’impôts. Et alors ? Je vire 3000 salariés alors que ma boîte gagne des milliards. Et alors ? Je travaille systématiquement au black pour gruger le fisc. Et alors ? Et à force de voir l’exemple d’une classe politique qui s’affranchit de tout code éthique, les électeurs seront tentés, encore plus qu’aujourd’hui, de voter contre ce «système» qui se discrédite lui-même, en oubliant que la candidate antisystème n’est guère plus reluisante. C’est un des facteurs qui expliquent que Marine Le Pen, pour la première fois, pourrait faire mentir les sondages et gagner au deuxième tour de la présidentielle. Et alors ? Article de Laurent Joffrin

16 mars 2017

Marc Ladreit de Lacharrière, l’ami public n° 1... de François Fillon

Par Isabelle Chaperon, Marie-Béatrice Baudet

Figure incontournable du capitalisme français, le propriétaire de la « Revue des deux mondes » s’est retrouvé sous les projecteurs dans l’affaire Fillon.

L’homme n’est plus le même. On le perçoit dès l’ouverture de la porte blindée qui protège son élégant bureau, au deuxième étage de l’hôtel particulier dont il est propriétaire, rue de Lille, dans le 7e arrondissement de Paris.

Même s’il sourit en nous accueillant, ce jeudi 9 mars, Marc Ladreit de Lacharrière semble sur la défensive, lui d’habitude si affable. Depuis la révélation, le 25 janvier, de l’affaire Fillon par Le Canard enchaîné, l’entrepreneur au plus beau carnet d’adresses de la capitale risque une mise en examen pour « abus de biens sociaux ». A 76 ans, et après une carrière si souvent glorifiée en France comme à l’étranger, le coup est rude.

Propriétaire depuis 1991 de la Revue des deux mondes, qui publia Baudelaire et Balzac, le milliardaire a employé l’épouse du candidat du parti Les Républicains (LR) à l’élection présidentielle comme conseillère littéraire, entre mai 2012 et décembre 2013, payée 5 000 euros brut par mois.

Mais était-ce un emploi réel ou fictif ? La justice s’interroge. De même, les enquêteurs se demandent encore si ce recrutement, ainsi que les relations d’affaires entre Fimalac, la holding familiale de « MLL », comme abrègent ses connaissances, et la société 2F ­Conseil de François Fillon pourraient avoir un lien avec l’attribution du titre de grand-croix de la Légion d’honneur au financier.

François Fillon a adoubé son futur client deux fois

Le 14 mars, François Fillon a été mis en examen notamment pour « détournement de fonds publics » et « recel d’abus de biens sociaux » dans l’affaire des emplois supposés fictifs de sa femme et de ses enfants et « manquements aux obligations de déclarations à la Haute Autorité de la vie publique ». A ce stade de l’enquête, les juges n’ont pas d’éléments suffisants pour mettre au jour un éventuel trafic d’influence.

Les propositions de dignité, c’est-à-dire grand officier et grand-croix (la plus haute distinction), ne peuvent être défendues que par le premier ministre auprès du président de la République. C’est donc, comme la règle l’exige, sur le « rapport » de François Fillon que Nicolas Sarkozy a signé le décret du 31 décembre 2010, qui distingue Marc Ladreit de Lacharrière.

Mais s’il est une chose qui intrigue, c’est la rapidité avec laquelle le chef d’entreprise a gravi les marches de l’ordre : il s’est élevé de chevalier à grand-croix en vingt-quatre ans. L’amiral Philippe de Gaulle a dû patienter quarante-huit ans, l’ancien « patron des patrons », Yvon Gattaz, trente-huit ans. Quant à la résistante et déportée Geneviève de Gaulle-Anthonioz, première femme grand-croix en 1997, elle aura attendu cinquante ans.

On ne demande pas la Légion d’honneur, il faut être proposé. « Par des relations bien placées », ajoutent les connaisseurs. Et MLL n’en a jamais manqué, à commencer par Philippe ­Séguin, Laurent Fabius et Dominique de Villepin, qui l’ont élevé aux grades inférieurs.

François Fillon aura adoubé son futur client deux fois, en le faisant officier en 1994, alors qu’il était ministre de l’enseignement supérieur du gouvernement Balladur, puis grand-croix en 2010, qu’il lui remettra d’ailleurs lui-même, par délégation du président de la République, ce qui est autorisé, mais plutôt rare. Rejoindre ce cénacle est un immense privilège. Le code de l’ordre fixe un seuil maximal de 125 000 légionnaires vivants, dont 75 grand-croix.

« Fillon ? C’est son denier du culte »

Ce jeudi 9 mars, Marc Ladreit de Lacharrière nous reçoit sans veste, en chemise bleue sur pantalon gris. Pas de boutonnière, pas de décoration… Le PDG de Fimalac voudrait-il symboliquement tenir à distance l’affaire Fillon et son lot de révélations ?

Le 8 mars, Le Canard enchaîné a indiqué qu’il avait prêté, en 2013, 50 000 euros au responsable politique, sans exiger d’intérêts. Une somme remboursée depuis, a indiqué son avocat. Le bienfaiteur avait aussi mis à la disposition de l’élu son jet privé.

« Fillon ? C’est son denier du culte. Ce serait stupide de dire qu’il a parié sur lui. Qui pensait, en 2012, que le châtelain de la Sarthe avait une chance d’arriver à la fonction suprême ? », ironise un proche du financier. « Je réserve à la justice tout ce que j’ai à dire. Laissons-la faire son travail en paix », prévient d’emblée MLL.

Quant à l’église Saint-Pierre de Lubilhac, à Coux, en Ardèche, qui aurait été classée grâce à l’intervention de François Fillon, « c’est loufoque », contre-attaque-t-il, à la table de réunion, triturant son vieux sous-main en cuir où sont incrustées trois horloges qui donnent l’heure de New York, Tokyo et Paris :

« D’abord, ce n’est pas mon église, elle appartient à un fonds de dotation. Les travaux ont été terminés en 2007. Il n’y a donc eu aucune déduction fiscale au titre du classement à l’inventaire des monuments historiques, qui a eu lieu quelques années plus tard. »

Trente-deuxième fortune de France

Le 26 janvier, des policiers ont perquisitionné le siège de la Revue des deux mondes, installé dans son hôtel particulier. Quatre jours plus tard, le PDG est entendu par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, à Nanterre. Lors de son audition – dont Le Journal du dimanche du 5 mars a révélé le contenu –, il admet avoir embauché Penelope Fillon à la demande de son mari, un ami de trente ans qui cherchait un point de chute à son épouse déprimée après la fin de Matignon.

Mais la Revue des deux mondes était-elle son premier choix ? Selon nos informations, l’homme d’affaires avait d’abord pensé à l’Agence France-Muséums, qu’il préside depuis sa création, en juillet 2007, et dont la mission est de mener à bien le projet de musée universel du Louvre Abou Dhabi, en partenariat avec les Emirats arabes unis. Penelope Fillon aurait refusé, n’ayant pas envie de voyager. MLL ne dément pas, préférant clore le sujet par un laconique et découragé « pas de commentaire ».

Que de changements dans sa vie depuis le 25 janvier… Désormais, certains patrons du CAC 40, qui enviaient son succès et jalousaient son entregent, ricanent. Peut-être l’homme, trente-deuxième fortune de France avec 2,25 milliards d’euros de patrimoine, selon le classement 2016 de Challenges, a-t-il clamé trop haut et trop fort, et depuis toujours, qu’il ne devait rien à personne ?

« Je n’ai pas participé aux privatisations ; je n’ai pas construit ma fortune sur la reprise d’entreprises en difficulté ; je n’ai pas participé à des marchés publics ; je n’ai reçu ni subvention ni prêt bonifié… C’est rare dans la profession, non ? », insiste-t-il encore ce 9 mars.

Libre et indépendant

Le septuagénaire se dit libre et indépendant. Fimalac, c’est chez lui. Ce nom n’est-il pas le condensé de Financière Marc Ladreit de ­Lacharrière ? Il y est PDG et actionnaire majoritaire à plus de 90 %, et gère des participations dans l’immobilier, les médias en ligne et le divertissement.

Ses quatre enfants et son cousin germain siègent au conseil d’administration, ainsi que plusieurs figures du capitalisme français, tous des fidèles, à l’instar de Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino, dont MLL était membre du conseil d’administration de 2003 jusqu’à septembre 2016.

Au « board » de Fimalac, on croise aussi deux de ses anciens condisciples à l’Ecole nationale d’administration (ENA), Etienne Pflimlin, ancien président du Crédit mutuel, et Philippe Lagayette, ex-directeur général de la Caisse des dépôts et consignations. « Marc Ladreit de Lacharrière n’a aucun contre-pouvoir. Il fait ce qu’il veut dans son entreprise », constate Loïc Dessaint, à la tête du cabinet d’analyse financière Proxinvest.

En 2015, le PDG a perçu une rémunération de 8 millions d’euros – autant que Carlos Ghosn chez Renault –, après avoir généré une plus-value de 1,6 milliard d’euros en cédant 30 % de son agence de notation Fitch au groupe de médias américain Hearst. Depuis 2015, cependant, le milliardaire ne reverse plus ses bonus à sa Fondation culture et diversité, créée en 2006, qui aide les jeunes en difficulté dans les zones d’éducation prioritaire. « La Fondation vit sur elle-même maintenant », annonce-t-il au Monde.

Les amis de la « promo Robespierre »

Si jamais homme d’affaires n’a revendiqué avec autant de force son indépendance, jamais, non plus, un dirigeant du privé n’a autant excellé dans l’art de « réseauter ». « Quand on travaille sur les familles françaises riches, Marc Ladreit de Lacharrière est incontournable. C’est une poupée russe, ses réseaux s’emboîtent les uns dans les autres », confirme la sociologue Monique Pinçon-Charlot.

Tout commence en 1968, avec la promotion Robespierre de l’ENA, « qui a failli s’appeler “Printemps des peuples” », se rappelle Michel Boyon, ancien président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Philippe Séguin est dans la bande à Maximilien. Une amitié à la vie à la mort se noue alors entre Marc et Philippe, tous deux marqués par la perte de leur père dans leur jeunesse.

C’est par lui et le gaullisme social, auquel adhère Ladreit, que les liens se nouent avec François Fillon, l’un des fils spirituels de l’homme politique décédé en 2010. Dans l’école de la rue des Saints-Pères, ils côtoient aussi Louis Schweitzer. L’ex-PDG de Renault fera entrer MLL au conseil d’administration du constructeur automobile en 2002. Leur copain de promotion Philippe Lagayette les y rejoint en 2007. Et quand Louis Schweitzer lâche le volant de Renault, en 2005, c’est L’Oréal, où Marc Ladreit de Lacharrière a officié de 1976 à 1991, qui lui offre un poste d’administrateur. Tournez manèges !

La « promo Robespierre » est le point de départ de longues complicités. MLL, l’énarque défroqué qui fera toute sa carrière dans le privé, a toujours maintenu un contact étroit avec la haute fonction publique, même quand il travaillait pour le roi des shampoings et des crèmes de beauté. Comme les ramifications politiques de l’affaire Bettencourt l’ont prouvé, l’influence de la galaxie L’Oréal ne se mesure pas uniquement à l’efficacité de ses soins antirides.

Bons et mauvais coups

En 1982, lorsque François Mitterrand crée un impôt sur la fortune, André Bettencourt, l’époux de Liliane, négocie directement avec le président de la République socialiste la manière d’alléger la facture pour la famille propriétaire de L’Oréal. Mais c’est à MLL, directeur financier du groupe, que revient la mise en œuvre de l’accord, en liaison avec l’administration fiscale. L’homme de confiance des Bettencourt restera d’ailleurs administrateur de la Fondation Bettencourt-Schueller jusqu’en 2011.

En participant à des commissions de réflexion sous l’égide de Pierre Bérégovoy, MLL repère le directeur de cabinet du ministre de l’économie et des finances, Jean-Charles Naouri. Les deux hommes s’épauleront lorsqu’il s’agira d’entreprendre, chacun de son côté, la construction de leurs empires, Casino et Fimalac.

Il faut se replonger dans cette période eighties, lorsque capitalisme et mode capillaire se disputaient la palme de l’inventivité. Les chevelures montaient en soufflé, les holdings cascadaient et les amis s’arrangeaient.

MLL est de tous les bons (et mauvais) coups. Afin de mettre l’assureur Victoire à l’abri d’une nationalisation, la banque de Suez a imaginé une nébuleuse dont le capital a été placé dans des mains alliées, dont celles de Ladreit, ancien de la maison. Lorsque Suez reprend le contrôle de l’assureur, en 1991, le directeur financier de L’Oréal autorisé par la firme à faire fructifier ses affaires personnelles, empoche le pactole. Joli tour de passe-passe.

Echange de bons procédés

C’est sur le socle des holdings héritées de ce Suez de l’ombre que le financier bâtira Fimalac. Car en 1991, son rival, Lindsay Owen-Jones, ayant été choisi pour diriger L’Oréal, MLL décide – par dépit, racontent les mauvaises langues – de se consacrer à plein-temps à l’achat et à la revente d’entreprises.

« Marc a un vrai talent, lance son ami Alain Minc, qui l’a conseillé sur plusieurs affaires, notamment le rachat du groupe Lucien Barrière à Accor. Il sait constituer des ensembles avec des morceaux. C’est un “builder”. »

Au même titre que les Pinault, Arnault ou Bouygues, l’entrepreneur bénéficie du soutien inépuisable du Crédit lyonnais. Echange de bons procédés, le poulain rend service à la banque publique en participant au rachat de l’assureur californien Executive Life, une transaction qui suscitera l’ire des autorités américaines.

Ce monde-là est décidément petit. Après la faillite du Crédit lyonnais, Marc Ladreit de Lacharrière, administrateur indépendant de la banque publique de 1987 à 1993, est interrogé par une commission d’enquête parlementaire, en juin 1994. Très poliment. Philippe ­Séguin, alors au perchoir de l’Assemblée, préside la commission. Pendant l’audition, les deux frères de cœur se donnent du « Monsieur le président » long comme le bras. « C’est classique dans l’administration de se trouver en face de ses camarades de promo », balaie le financier, en s’énervant sur son sous-main.

En 1992, MLL commence, avec la bénédiction du Trésor, à poser la première pierre de l’édifice qui assoira définitivement sa fortune : l’agence de notation Fitch, alternative européenne aux titans américains Moody’s et Standard & Poor’s. Ce faisant, le financier gagne ses galons dans l’establishment. Les patrons du CAC 40 se mettent à courtiser le propriétaire de l’agence qui décerne bons et mauvais points à leurs opérations financières. Les gouvernements aussi. « Je pense être l’un des businessmen français les plus connus à l’international. J’entretiens de bonnes relations avec les principaux financiers des grands pays. »

« Besoin de personne pour m’ouvrir les portes de l’Elysée »

En 2002, consécration, il compose un comité consultatif international avec la fine fleur d’anciens chefs de gouvernement ou des grands argentiers. Valéry Giscard ­d’Estaing le préside. Laurent Fabius y participe. « Leur présence n’était pas bénévole », sourit-il.

Mais son véritable levier vis-à-vis du microcosme politique tricolore, c’est la Sofres, dont Fimalac prend le contrôle en 1992. « Ce rachat lui donne accès aux hommes politiques, qui l’appelaient sans arrêt pour avoir en avance leur cote de popularité », raconte un ancien de l’institut de sondages.

MLL élargit vite ce nouveau carnet. Il fait du dîner mensuel de la Revue des deux mondes un événement mondain. En parallèle, il devient incontournable dans le domaine du mécénat. En 1993, il soutient la création de la Fondation contre l’exclusion (FACE) de la ministre du travail, Martine Aubry. En 1996, il lance le Prix de l’audace créatrice, destiné à récompenser un chef d’entreprise qui a créé des emplois en France. Est-ce parce qu’il connaît Jacques Chirac que ce dernier accueille la remise du trophée à l’Elysée ? « Je n’ai besoin de personne pour m’ouvrir les portes de l’Elysée », rétorque-t-il.

Il continuera de sympathiser par la suite avec l’ancien président de la République. Tous deux partagent la même passion pour les arts premiers, et le patron verse son écot à la Fondation Chirac. En revanche, les relations se révéleront exécrables avec Nicolas Sarkozy. Ce dernier prend fait et cause, en 2007, pour Bernard Arnault dans son projet de rachat du quotidien économique Les Echos, au grand dam de MLL en lice lui aussi.

Surtout, le propriétaire de Fitch tient rigueur à Nicolas Sarkozy de ne pas l’avoir consulté lors de la crise financière qui entraîna la chute de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers. Pis, d’avoir osé critiquer le rôle des agences de notation.

Le 13 septembre 2007, le patron de Fitch est reçu à l’Elysée, juste avant la remise du Prix de l’audace créatrice. « J’imaginais que le président allait me parler des subprimes. Il n’évoque que Les Echos ! » Une anecdote déjà relatée dans son livre Le Droit de noter (Grasset, 2012) où il tresse, en revanche, une couronne de lauriers à François Fillon : « Quel dommage qu’en ce début de quinquennat pétaradant, le premier ministre n’ait pas réussi à se faire entendre de Nicolas Sarkozy », écrit-il. Dans le gouvernement Fillon, Marc Ladreit de Lacharrière est aussi proche de Rachida Dati, dont il préside le comité de soutien dans le 7e arrondissement de Paris aux municipales de 2008.

Largesses à droite à gauche

Avec François Hollande, l’entrepreneur a retrouvé son rond de serviette au Château. « Hollande ? Je le connais depuis longtemps. Il est venu à des dîners de la Revue, témoigne-t-il. C’est l’un des seuls hommes politiques qui s’intéresse vraiment à l’éducation artistique et culturelle des jeunes. »

Aujourd’hui, les politiques ne lui suffisent plus. Le milliardaire s’amuse davantage avec ses nouveaux complices Jamel Debbouze, Laurent Gerra et Patrick Bruel, rencontrés grâce à la création, en 2013, d’un pôle spectacles et divertissement autour de Webedia ­ (Allociné, Purepeople), présidé par Véronique Morali, inspectrice des finances et sa compagne à la ville. « Les artistes, je les consulte dans mes affaires, car ils prennent des risques. Ils ont des émotions. Leurs vues sont souvent différentes de celles des conseillers traditionnels. »

C’est à se demander si Fimalac ne serait pas devenue la cour des Médicis. Le riche patron distribue à droite, à gauche. Quand, en 2008, les fabiusiens, emmenés par Serge Weinberg, ancien chef de cabinet de Laurent Fabius au budget, et Louis Schweitzer, veulent faire plaisir à leur mentor désœuvré faute de ­maroquin, ils jettent leur dévolu sur la maison de ventes aux enchères Piasa. Qui appelle-t-il pour boucler le tour de table ? Ladreit. « Emplois, subsides, prêts… Marc est très sollicité, je vous le garantis », témoigne Etienne Pflimlin.

Le philanthrope a la réputation de ne pas savoir dire non. Pourquoi ne pas en profiter ? Même Le Monde a bénéficié de ses largesses dans les années 1990. Alain Minc, président du conseil de surveillance du journal, entraîne son partenaire de tennis, un passionné de presse, à participer aux recapitalisations du quotidien, alors en difficulté.

Cette générosité mal contrôlée est sans doute le revers d’une soif de reconnaissance insatiable de la part « d’un jeune homme bien né mais fauché », selon l’expression choisie par Henri Loyrette, ancien président du ­Louvre, lorsqu’il intronise Marc Ladreit de ­Lacharrière en janvier 2006 à l’Académie des beaux-arts.

Le jeune hobereau a dû travailler pour financer ses études. Ses origines, une vieille famille de l’Ardèche tardivement anoblie, ont dû faire sourire quelques grands de France, les La Croix de Castries par exemple. Mais aujourd’hui, désormais élevé à la dignité de grand-croix, il appartient à la noblesse d’Etat.

Ce jeudi 9 mars, Marc Ladreit de Lacharrière est en manque de repères. Plusieurs œuvres d’art ont quitté son bureau. Elles sont exposées jusqu’au 2 avril au Musée du quai Branly-Jacques Chirac, où le mécène présente les joyaux de sa collection. Grande absente, La Chouette, une sculpture en bronze de Picasso qui trône en temps normal au milieu de la pièce. L’oiseau de Minerve, le symbole de la sagesse, n’est plus là pour veiller sur lui.

15 mars 2017

Désormais mis en examen, Fillon veut poursuivre sa folle campagne comme si de rien n’était

Par Alexandre Lemarié, Matthieu Goar

Le candidat Les Républicains a comparu mardi, avec 24 heures d’avance. Il est poursuivi notamment pour « détournement de fonds publics ».

Sa campagne était déjà folle, elle devient inédite. Mardi 14 mars, après des semaines de révélations médiatiques et de tractations dans sa famille politique pour le remplacer, François Fillon a été mis en examen dans l’enquête sur les soupçons d’emplois fictifs dont auraient bénéficié sa femme et ses enfants.

Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, un candidat majeur à une élection présidentielle va donc se présenter aux suffrages des Français avec une telle procédure judiciaire sur les épaules. Et les motifs retenus par les juges d’instruction sont plutôt lourds à porter : « détournement de fonds publics », « complicité et recel de détournement de fonds publics », « complicité et recel d’abus de biens sociaux » et « manquement aux obligations déclaratives ».

Judiciairement, François Fillon est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. Politiquement, il s’avance vers les urnes avec une image ternie par la divulgation de son train de vie. Loin de la probité qu’il prétendait incarner lors de la primaire face à Nicolas Sarkozy et à Alain Juppé.

Une situation qui provoque de la confusion, du désarroi mais aussi de l’ironie dans son propre camp. « Vous imaginez le général de Gaulle mis en examen pour détournement de fonds publics et se présenter quand même à l’élection présidentielle ? », a grincé sur Twitter le sénateur du parti Les Républicains (LR) de l’Hérault Jean-Pierre Grand.

Contre-feu

Cette nouvelle étape judiciaire n’a surpris personne à droite. Surtout pas le candidat qui avait déclaré aux Echos, lundi 13 mars, ne pas se faire « beaucoup d’illusions » à ce sujet.

Mardi après-midi, au moment de l’annonce de sa mise en examen, l’ex-premier ministre s’est donc permis d’ironiser sur ses propres ennuis lors de l’assemblée des fédérations départementales de chasseurs. « Dans cette campagne présidentielle où les balles volent bas, je peux vous confier en souriant qu’il ne me déplaît pas d’être aux côtés de vrais chasseurs », a-t-il lancé, étonnamment détendu.

Son entourage s’est, lui, efforcé de minimiser l’impact de cette décision judiciaire. « Il n’y a rien de nouveau. Cette procédure ne doit pas masquer les enjeux décisifs de l’élection présidentielle : le chômage de masse, la dette, la sécurité », estime Bruno Retailleau, coordinateur de la campagne, rejoint par Damien Abad, député (LR) de l’Ain et soutien indéfectible de l’ancien premier ministre depuis le début de la crise : « On s’y attendait donc cela ne change pas fondamentalement la campagne de François Fillon. »

Mardi, vers 17 heures, la droite a tenté de lancer un contre-feu, en diffusant un communiqué pour officialiser l’accord entre LR et les centristes de l’Union des démocrates et indépendants (UDI) pour les élections présidentielle et législatives. Quelques minutes plus tard, un autre mail donnait la date du prochain meeting du candidat, mercredi, dans le Vaucluse. La campagne continuera. Presque comme si de rien n’était, espèrent ses proches…

Communication de crise

La question du maintien de M. Fillon ne se pose même plus. Le 26 janvier, il avait pourtant assuré qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle en cas de mise en examen. Mais pour sauver sa tête, il a changé de position, en disant s’en remettre uniquement au jugement des Français. Et non à la justice.

Il avait officialisé sa volte-face le 1er mars, lorsqu’il avait annoncé de lui-même sa convocation chez les juges et sa volonté de continuer. Quoi qu’il arrive. Ce jour-là, l’ancien premier ministre avait officiellement renié sa parole et une partie de la droite avait quitté le navire pour trouver un plan B. « Le débat est clos depuis le Trocadéro », résume David Lisnard, maire de Cannes (Alpes-Maritimes) et soutien de M. Fillon, en référence au rassemblement du 5 mars, veille du renoncement d’Alain Juppé.

Mardi, les soutiens n’ont donc rien changé à leur stratégie et se sont retranchés une nouvelle fois derrière l’idée d’un complot. « Est-ce que les garanties d’un Etat de droit sont toujours respectées en ce moment ? Je pose la question par rapport à la violence qui est portée contre le candidat de l’opposition aujourd’hui », s’est indigné le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti sur Sud Radio/Public Sénat. « Tout cela est une histoire écrite d’avance », a renchéri son collègue de Seine-et-Marne Christian Jacob. Lundi sur Europe 1, M. Fillon avait fixé la ligne en déplorant un « calendrier » judiciaire « indexé sur le calendrier politique » et en se décrivant en victime d’une « chasse à l’homme ».

Malgré cette communication de crise devenue classique, la droite est bien consciente des ravages de cette affaire. Mardi, l’équipe de François Fillon a ainsi pris soin d’éviter « la mauvaise image ». Ses avocats ont demandé que sa convocation soit avancée de 24 heures alors qu’elle était prévue mercredi matin. Mission accomplie : aucune caméra n’a filmé l’arrivée du député de Paris au pôle financier. « On ne veut pas alimenter la machine et nourrir le feuilleton », confie un stratège de la campagne.

Vie privée étalée en « une » des journaux

A quarante jours de la présidentielle, cette mise en examen constitue un handicap de plus pour François Fillon. « On a des obstacles à franchir que les autres candidats n’ont pas…, observe M. Abad. Ils courent un 100 mètres quand nous, on doit courir un 110 mètres haies ! »

En présentant son projet, lundi matin, le candidat espérait enfin marquer l’agenda avec ses propositions. « C’est son point fort », assure Pierre Danon, l’un de ses proches. Sauf que depuis un mois et demi, son discours sur le fond est en permanence parasité par les affaires.

Il voulait apparaître comme un homme d’Etat sérieux et rigoureux ? C’est sa vie privée et son goût du luxe, qui s’étalent à la « une » des journaux. Le Journal du dimanche du 12 mars a révélé qu’il aurait commandé pour près de 48 500 euros de vêtements sur-mesure depuis 2012 à la maison Arnys, dont 35 500 euros auraient été payés en liquide. En février, deux costumes pour un total de 13 000 euros auraient été réglés par un ami, selon l’hebdomadaire.

Mardi, nouvelle tâche sur le costume de l’ex-premier ministre : Le Parisien a relaté que les deux enfants de M. Fillon, qu’il a employés comme assistants parlementaires de 2005 à 2007 lorsqu’il était sénateur, ont rétrocédé une partie de leurs salaires. Sur les 46 000 euros net touchés par sa fille Marie, d’octobre 2005 à décembre 2006, environ 33 000 auraient été crédités sur le compte joint des parents.

Dans l’angoisse de la prochaine révélation embarrassante, ses proches découvrent souvent au même moment que les Français des aspects inconnus de la vie de cet homme secret. Et s’inquiètent des dégâts causés par les histoires d’argent dans l’opinion.

« Le débat, c’est la clé »

« Un milliard sur les finances publiques, ça ne parle à personne. Un pull en cachemire à 2 000 euros, tout le monde comprend et est choqué », se désole un proche de l’ancien premier ministre, rejoint par un autre : « Le problème, c’est que l’affaire des costumes montre qu’il aime l’argent et qu’il a toujours fait du luxe sa priorité par rapport à la conquête du pouvoir. S’il avait été obsédé par l’Elysée, il n’aurait pas pris de tels risques ! »

Malgré l’avalanche de révélations médiatiques, la défection de dizaines d’élus, et désormais la mise en examen, ses soutiens croient encore la victoire possible. Leur candidat a beau être donné éliminé du second tour dans les sondages, ils misent sur un éventuel décrochage du principal rival, Emmanuel Macron, et sur un rebond après avoir touché le fond.

Et comme à chaque fois, ils enjambent cette nouvelle semaine noire pour passer à la suivante. Les fillonistes fondent maintenant beaucoup d’espoir sur le débat télévisé, prévu le 20 mars, avec l’ensemble des candidats à la présidentielle.

« Fillon peut remonter lors des débats car il a une vraie colonne vertébrale », juge sa porte-parole Florence Portelli. « Le débat, c’est la clé car c’est là que les Français pourront comparer, abonde le député de l’Oise Eric Woerth. Cela devrait être un atout pour lui car il a beaucoup d’expérience en tant qu’ex-premier ministre, il a très bon projet et il est bon à l’oral. »

Ses proches tablent aussi beaucoup sur sa participation à « L’Emission politique », sur France 2, le 23 mars. Sans savoir si, entre-temps, de nouveaux rebondissements auront une nouvelle fois perturbé sa campagne.

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13 mars 2017

Fillon : my tailor is rich

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S’il en était besoin, le candidat LR est habillé pour la campagne. Subalterne à bien des égards, l’affaire des costumes à 5 000 euros pièce est un fâcheux symbole. François Fillon a bien le droit d’enrichir son tailleur comme bon lui semble. L’ennui, c’est que la facture a été réglée par quelqu’un d’autre. Un proche munificent ? Un admirateur ébloui ? Dans ce cas, on reste dans la bizarrerie privée, même s’il est un tantinet maladroit de se faire offrir des cadeaux onéreux en pleine élection présidentielle. Mais si le généreux donateur – pas très content, apparemment, puisqu’il se plaint de n’avoir pas été remercié – est un quelconque PDG ou un milliardaire sans lien étroit avec le candidat, la question du conflit d’intérêts se pose aussitôt. Un détail soulevé par des opposants malintentionnés ? Peut-être, mais on sait qu’en matière vestimentaire, c’est le détail qui tue.

Le même jour, Fillon présente la nouvelle mouture de son programme, qui n’a rien de vraiment nouveau : un projet de rupture libérale déjà connu, qui alignerait la France sur la norme occidentale, recul de l’Etat, retraite encore retardée, marché du travail flexibilisé, imposition moins dure aux plus aisés, etc. C’est là que l’affaire des costumes prend valeur d’emblème. Ce programme de rupture est-il aussi un programme pour riches ? Lesquels n’auraient alors que gratitude envers le gentilhomme en veste forestière, phénix des hôtes de ces bois dont le ramage et le coûteux plumage s’accordent si bien ? Un seul exemple : Fillon prévoit de supprimer l’impôt sur la fortune et d’accroître le taux de la TVA. Les plus favorisés paieront moins et le vulgum pecus un peu plus. Toujours le même raisonnement : pour que tout aille mieux en France, il faut que les riches soient moins pauvres et les pauvres moins riches. Article de Laurent Joffrin - Libération

12 mars 2017

François Fillon : il a déjà les habits du Président....

Trois questions pour comprendre l'affaire des costumes de luxe offerts à François Fillon

Le "Journal du dimanche" détaille une partie des frais vestimentaires du candidat de la droite depuis 2012. Selon l'hebdomadaire, il se serait fait offrir pour plusieurs milliers d’euros de costumes sur-mesure.

François Fillon s'est fait offrir pour plusieurs milliers d'euros de costumes dont une partie auraient été réglés en liquide, affirme le JDD, dimanche 12 mars. Au total, le député de Paris et candidat de la droite à la présidentielle aurait reçu pour 48 500 euros de costumes sur-mesure, achetés chez un tailleur réputé de Paris. Franceinfo revient sur cette affaire étrange en trois questions.

Que sait-on des costumes offerts à Fillon ?

Dans son édition du 12 mars, le Journal du dimanche révèle qu'un "ami généreux" a signé un chèque de 13 000 euros, le 20 février, pour régler le montant de deux costumes sur-mesure, chez le tailleur Arnys, à Paris. "J'ai payé à la demande de François Fillon. Et sans d'ailleurs en avoir le moindre remerciement depuis", a déclaré le mystérieux mécène.

Selon le JDD, bien d'autres costumes ont été commandés pour François Fillon chez ce tailleur, depuis 2012. Ils ont été réglés en liquide, pour un montant total de 35 500 euros. L'hebdomadaire ne précise pas, en revanche, qui a payé : le même "ami généreux", François Fillon lui-même, ou un autre "mécène" anonyme ?

Pourquoi cela pourrait-il poser problème ?

L'auteur de l'enquête du JDD s'interroge sur ces achats, dont une partie a été réglée en espèce, et sur les raisons de ces cadeaux. "Pourquoi des espèces ? Et qui aurait versé ces espèces pour payer un costume et une veste forestière à François Fillon cet automne ?", se demande Laurent Valdiguié, sur Europe 1. Et "pourquoi ne pas avoir fait appel aux fonds de la campagne électorale proprement dite et pourquoi un ami à lui seul a-t-il été amené à faire un cadeau de 13 000 euros au candidat ?", poursuit le journaliste d'investigation.

Les "dons" supérieurs à 150 euros doivent être déclarés. Lorsqu'ils acceptent des "dons et avantages", "en lien avec leur mandat" estimés à plus de 150 euros, les députés sont tenus de les déclarer au déontologue de l'Assemblée nationale, comme le précise le règlement de l'Assemblée. Ces déclarations "permettent de sécuriser votre situation et le cas échéant de répondre lorsque la presse ou les réseaux sociaux notamment se font l’écho d’interprétations erronées sur certaines pratiques qui n’ont rien de critiquables", précise le déontologue aux députés. La déclaration de ces cadeaux éteindrait tout début de polémique, mais à l'heure actuelle, on ne sait pas François Fillon a effectué cette démarche.

L'identité du "mécène" et le risque de conflit d'intérêts. L'"ami généreux" de François Fillon préfère, pour le moment, rester anonyme, mais son identité, si elle était dévoilée, pourrait changer la donne. S'il est effectivement un proche du candidat, et que ce cadeau a été réalisé "dans un cadre strictement privé", alors le député de Paris n'a pas à déclarer ces costumes. S'il n'est pas un proche de François Fillon, ce gros cadeau peut entraîner un conflit d'intérêts, et c'est notamment pour éviter cela que la loi sur la transparence de la vie publique a été mise en œuvre.

Que répond Fillon ?

Dans une interview accordée au quotidien Les Echos, à paraître lundi 13 mars, le candidat de la droite a réagi, mais pas répondu, à ces nouvelles accusations : "Un ami m'a offert des costumes en février. Et alors ?" "J'observe que ma vie privée fait l'objet d'enquêtes en tout sens et que ce traitement m'est réservé. Mes faits et gestes sont scrutés tous les jours dans l'intention évidente de me nuire pour m'écarter de la course à la présidentielle", déclare-t-il.

Pour l'entourage du candidat, les cadeaux reçus n'ont rien de "répréhensibles". "On se demande jusqu'où iront ces intrusions malveillantes dans sa vie privée, commente un proche du candidat, dans le JDD. Quant à l'affirmation que certains costumes auraient été payés en espèce, c'est totalement extravagant. Aucune maison sérieuse n'accepte des paiements en espèces pour de tels montants."

Le porte-parole de François Fillon, Luc Chatel, a fustigé, sur Europe 1, "une campagne de caniveau". "Ça devient insupportable. Les histoires de soirées à Las Vegas, de costumes ou d'attachés parlementaires, il y en a marre", a-t-il insisté.

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