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Jours tranquilles à Paris
13 août 2018

« Amy Winehouse. Blake Wood » par Blake Wood.

Pendant deux ans, il ne la quittera pas. En 2007, Amy Winehouse a déjà remporté cinq Grammy Awards pour l’album « Back to Black », paru l’année précédente et incluant son tube prémonitoire, « Rehab ». Le photographe américain Blake Wood, lui, a 22 ans et vient de débarquer à Londres. Il est ébloui par la star de deux ans son aînée.

Alors qu’Amy Winehouse est au sommet de sa carrière, le photographe la suit à Londres, Paris ou Sainte-Lucie (Caraïbes). Il immortalise des instants privés et solaires. Car selon lui, la vie d’Amy Winehouse alors, « ce n’est en rien une histoire sombre ou tragique comme les médias l’ont faussement rapporté. Elle était une âme exceptionnelle et aimante qui remporta des victoires personnelles incroyables, et c’est ce que je vois dans ces images. »

Une facette plus légère de l’icône

En 85 photos couleur et noir et blanc, le recueil « Amy Winehouse. Blake Wood » retrace la période qu’ils ont passée ensemble, des moments privés inoubliables. Les clichés, jamais montrés jusqu’à présent, saisissent une facette rare, plus légère, de cette icône tant regrettée, et constituent un hommage intime à Winehouse telle qu’elle désirait se voir elle-même.

Amy Winehouse décédera trois ans plus tard, à l’âge de 27 ans. Le rapport d’autopsie indiquera que l’interprète de « Valerie » a succombé « accidentellement » le 23 juillet 2011 à un abus d’alcool après trois semaines d’abstinence.

« Amy Winehouse. Blake Wood » avec des textes de Nancy Jo Sales, éditions Taschen. Paru le 8 août 2018. 176 pages, 30 euros.

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10 août 2018

Corinne et Gilles Benizio, l’humour comme moteur

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Par Sandrine Blanchard - Le Monde

Couples d’artistes (2/6). Passionnés de music-hall, ils se sont fait connaître en duo à la télévision sous les noms de Shirley et Dino, avant de revenir sur les planches, où ils conçoivent ensemble leurs spectacles.

A quoi tient l’alchimie d’un couple ? En écoutant Corinne et Gilles Benizio, alias Shirley et Dino, on est tenté de répondre : au plaisir d’être ensemble, au respect mutuel, aux émotions et intuitions partagées. Mais à tout cela il faut ajouter un trait de caractère commun qui cimente la complicité de ces artistes, unis sur scène et à la ville depuis plus de trente ans. Ce petit truc en plus tient en un mot : l’humour. L’humour comme moteur de leur rencontre, de leurs créations, de leur succès et de leur amour. Ces deux passionnés de music-hall, qui, de manière inattendue, ont conquis le grand public au début des années 2000 grâce à l’émission de Patrick Sébastien « Le Plus Grand Cabaret du monde », sur France 2, étaient faits pour s’entendre.

Ils se sont « trouvés » en 1982, sur les bancs de l’université Censier-Paris-III. Elle rêve d’être actrice, lui de faire de la comédie. Elle vit encore chez ses parents à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) où, grâce à la MJC, elle a découvert le théâtre. Son père travaille aux PTT, sa mère à l’usine. Lui, fils d’immigrés italiens, est né en Meurthe-et-Moselle d’un père ouvrier spécialisé dans la sidérurgie et d’une mère au foyer élevant ses quatre enfants. Il a décroché son bac technologique et travaille à Paris depuis cinq ans (leur écart d’âge) dans les télécoms.

Tous deux d’origine modeste, ils n’ont pas les moyens de se payer une école. Alors ils choisissent la fac, mais comprennent très vite que ce ne sont pas les cours théoriques de théâtre qui les mèneront sur les planches. Les deux étudiants se croisent : « Elle me faisait marrer », se souvient Gilles. « Lui aussi », renchérit Corinne. Coup de foudre ? Coup de chance ? Les deux, mon capitaine. « On partageait, sans le savoir, beaucoup de choses », résume ce couple que l’on croirait presque frère et sœur.

« Mnouchkine nous a enseigné les règles essentielles »

Ils se mettent à écrire ensemble, à improviser à partir de situations et de personnages. Dans une salle de la fac, ils jouent leur premier spectacle de café-théâtre intitulé La Folie des glandeurs. « Tout un programme ! », se moque aujourd’hui Corinne. Cinq représentations comme un prélude à une carrière qui va se construire avec son lot de galères, de surprises et de coups de poker. « Je ne voulais pas forcément faire rire ; c’est lui, fan de comédie italienne, qui m’a entraînée là-dedans », précise Corinne, sans aucune acrimonie.

Dans le petit jardin de leur maison d’Antraigues-sur-Volane (le très beau village ardéchois de Jean Ferrat, où ils se réfugient chaque été depuis quatorze ans), Corinne et Gilles, mariés depuis 1985, ne se coupent jamais la parole. Chacun complète les souvenirs de l’autre et tous deux évoquent avec nostalgie les premiers stages où ils ont tout appris. Monika Pagneux, professeur de mouvement, leur fait « prendre conscience » de leurs corps « de manière extraordinaire ».

Puis, grâce aux ateliers gratuits d’Ariane Mnouchkine, ils comprennent comment peut naître un personnage. « Pour la première fois de ma vie, c’était exactement ce que je cherchais, ce que je voulais faire », insiste Corinne. « Elle nous a enseigné les règles essentielles du jeu », complète Gilles. « Sans ces deux femmes, nous n’aurions pas fait tout ce parcours », jurent les duettistes.

A la sortie de cette expérience mémorable avec Mnouchkine, le couple crée Shirley et Dino. Deux personnages de music-hall à la ringardise désopilante qui vont jalonner leur parcours théâtral et leur apporter, à force de travail, la notoriété. Fan de Dean Martin, Gilles imagine un crooner moqueur qui multiplie les gamineries avec la complicité du public. Corinne opte pour une jeune fille un peu coincée, à la voix perchée et aux éclats de rire incontrôlés, coiffée d’une « choucroute » et habillée d’une robe Vichy des années 1950.

Les débuts de ce duo se font dans la rue, le temps d’un été à Perpignan, et ça cartonne. « On avait le sentiment de tenir quelque chose », se remémore Gilles. Puis c’est le Festival « off » d’Avignon : leur compagnie, Achille Tonic, signe une centaine de dates de programmation à travers la France. Mais ne convainc personne à Paris : « Du music-hall ? Arrêtez, c’est mort », leur rétorque-t-on. Corinne persuade Gilles de lâcher son travail aux télécoms. Sinon, lui dit-elle, « tu ne seras jamais comédien ». Il accepte mais attendra deux ans avant de l’annoncer à sa mamma, inquiète de cette vie de saltimbanque.

Bouche-à-oreille

La question de travailler et de créer ensemble ne s’est jamais posée, mais imposée, comme une évidence. « On se connaît tellement, et puis on aime inventer », dit Corinne. « Les mêmes choses nous font rire, elle est mon meilleur public, on ressent les mêmes émotions », poursuit Gilles. Ils partagent l’artistique, mais la compta et la gestion, c’est pour lui. « Moi, j’étais prête à jouer gratuitement », concède-t-elle dans un éclat de rire.

Entre deux représentations de Shirley et Dino, ils créent Les Etoiles de Monsieur Edmond, en 1990, et dénichent un terrain vague rue de la Roquette, à Paris, où ils montent un chapiteau. Pendant plus d’un an, leur spectacle de music-hall ne désemplit pas grâce au bouche-à-oreille. Après une tournée, ils relancent l’aventure et installent cette fois leur chapiteau à côté de la gare d’Austerlitz pour une nouvelle création intitulée Cabaret citrouille.

« LES INSTITUTIONNELS ONT DÉPENSÉ LEUR ÉNERGIE À NOUS EXPLIQUER POURQUOI ILS NE NOUS AIDERAIENT JAMAIS. JE LES DÉTESTE UN PEU »

« On avait très peu d’argent, on faisait tout, jusqu’au recrutement du gardien de nuit, on bossait comme des dingues », se souvient Corinne. « Et en plus y avait les mômes », précise Gilles. Une fille et un garçon nés en 1991 et 1994. Sous le chapiteau, la chanteuse Anne Sylvestre avait sa table et, un soir, le cinéaste Pierre Etaix, dont le couple admire le travail, est là. Emballé par le spectacle, il leur présente des clowns, des magiciens… Shirley et Dino ont un public mais ni médias, qui boudent ces « deux rigolos », ni subventions, parce qu’ils n’entrent dans aucune case officielle. « Les institutionnels ont dépensé leur énergie à nous expliquer pourquoi ils ne nous aideraient jamais. Je les déteste un peu », lâche Gilles. « En France, le rire est douteux », regrette Corinne.

Shirley et Dino sont loin d’être des débutants quand leur vie d’artistes bascule, au tournant du siècle. Au Festival du rire de Montreux, en Suisse, on leur propose d’animer le gala. Après sa retransmission à la télévision, des collaborateurs de Patrick Sébastien les appellent. « Je m’en souviendrai toujours. On était à la plage, à l’île de Ré, le téléphone sonne et quelqu’un nous dit : voulez-vous participer à l’émission “Le Plus Grand Cabaret du monde” ? », relate Corinne.

Bien sûr, ils connaissent ce rendez-vous télévisé, mais pas du tout son animateur. Pendant les répétitions, Patrick Sébastien leur glisse : « Vous, vous allez exploser. » Il ne croyait pas si bien dire. Après seulement deux émissions, le standard de La Nouvelle Eve, cabaret parisien où ils se produisent alors, ne cesse de sonner et leur DVD se vend comme des petits pains. En 2002, les deux fantaisistes font le plein au Théâtre Marigny et, en 2003, décrochent le Molière du meilleur spectacle d’humour.

La télé, « une période délirante mais compliquée »

Ces quatre premières années à la télévision furent « une période délirante mais compliquée, résume Corinne. Du jour au lendemain on ne peut plus sortir dans la rue tranquillement ». Gilles ajoute : « Heureusement qu’on avait passé la quarantaine, sinon on aurait pu prendre la grosse tête ! »

C’est elle qui décide d’arrêter ce métier qui n’est pas le leur. La télé est arrivée par hasard dans leur vie, leur a apporté beaucoup, mais ils vont la quitter sans regrets. « J’étais catégorique, je voulais faire autre chose ! On était essorés, on commençait à faire n’importe quoi et peut-être à être tirés vers le bas. » Lui se laisse convaincre par « l’analyse de Coco. Ce n’était plus uniquement du plaisir, [ils] avai[ent] perdu le côté bon enfant ». Et puis le scénario de leur film (Cabaret Paradis, 2006) arrivait à maturité. Sollicités par d’autres chaînes de télévision pour animer, avec un salaire confortable, des émissions, ils déclinent, d’un commun accord, toutes les propositions.

Ils font le choix de revenir à l’artisanat plutôt qu’à l’audimat, mettent en scène la comédie musicale Le Soldat rose et montent un nouveau spectacle, Les Caméléons d’Achille. A l’issue d’une des représentations, le chef d’orchestre Hervé Niquet, fan de leur univers, leur propose de mettre en scène un opéra de Purcell. Gilles dit oui tout de suite, Corinne, « toujours trop modeste », selon sa moitié, trouve que « c’est de la folie. [Ils] connaissai[ent] mal la musique classique ». Mais elle suit. King Arthur est créé en 2008, le succès est au rendez-vous et la collaboration avec Pierre Niquet perdure depuis plus de dix ans.

Et les personnages de Shirley et Dino ? Abandonnés depuis 2010. « J’avais 25 ans quand j’ai imaginé Shirley, je ne voulais pas qu’elle devienne pathétique sur scène », explique Corinne. Dino a continué à faire son crooner, toujours accompagné de sa femme, mais différemment. Ils répètent à la maison leur nouveau spectacle, Le Bal, confrontent leurs idées et, c’est l’essentiel, « se marrent », encore et toujours.

10 août 2018

Sainte Anne d'Auray

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Le son et lumière 1625… Le mystère de Sainte Anne réunit 200 bénévoles dans un théâtre de verdure à Sainte-Anne-d’Auray. Le spectacle se poursuit cette semaine du 7 août en soirée.

Le théâtre de plein air de Pont-Er-Groah, derrière la basilique de Sainte-Anne-d’Auray a plongé lundi 6 août, dans une reconstitution historique, grandeur nature.

L’association Asyn propose, durant encore six représentations, de revivre, par le biais d’un son et lumière, une partie de la vie d’Yvon Nicolazic, ce paysan témoin des apparitions de Sainte Anne. " Dans l’écrin de verdure qu’est la scène, reconstituée dans un décor du XVIIe siècle juste devant le bassin construit par des moines à la même époque, se conte la véritable histoire ", confie Patrick Geindre, chargé de communication. Près de 200 acteurs figurants bénévoles travaillent depuis le mois de mars pour raconter aux visiteurs ce qui s’est réellement passé dans le petit village de Ker Anna.Sur vingt-cinq tableaux différents, l’histoire de Sainte Anne s’ouvre au spectateur. Croyants ou non, la magie du son et lumière fonctionne. Lorsque Sainte Anne apparaît en fond de scène, alors qu’Yvon Nicolazic est au sol, l’image surprend, attendrit et parle.

Yvon Nicolazic et sa femme Guillemette sont interprétés par de nouvelles personnes, de nouveaux bénévoles ont rejoint la troupe. Des travaux ont été réalisés sur le site notamment sur la régie technique, les gradins, les espaces verts et l’étang des carmes a été nettoyé.

Vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 août, à 22 h, théâtre de plein air de Pont-Er-Groah, derrière la basilique de Sainte-Anne-d’Auray. Tarifs : 15 €, réduit 7 €. Parking gratuit. Contact et réservation : 07 82 18 25 15.

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9 août 2018

Le vent tourne

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9 août 2018

La santé d’Oleg Sentsov, en grève de la faim en Russie, se dégrade drastiquement

Par Benoît Vitkine - Le Monde

L’avocat du cinéaste demande que des médecins puissent être admis dans sa prison pour obtenir des « informations indépendantes ».

C’est un signe de l’urgence qui entoure le cas d’Oleg Sentsov, dont la grève de la faim dure depuis 88 jours. Aux nombreuses lettres ouvertes demandant la libération de ce cinéaste ukrainien condamné en Russie à vingt ans de prison ont succédé, ces derniers jours, les appels à ne pas le laisser mourir. Oleg Sentsov « est aujourd’hui entre la vie et la mort, mais votre influence et votre fidélité aux principes des droits de l’homme nous donnent encore un espoir », écrivaient à Emmanuel Macron, lundi 6 août, la romancière Lioudmila Oulitskaïa et le cinéaste Andreï Zviaguintsev. Les deux demandent au président français d’œuvrer pour que des médecins de la Croix-Rouge puissent rendre visite au prisonnier dans la colonie pénitentiaire de Labytnangui, dans le Grand Nord sibérien.

Parmi les signataires de cette lettre figure également son avocat, Dmitri Dinze, qui a pu le rencontrer mardi, pour la cinquième fois seulement. L’avocat, qui avait jusqu’à présent évité les messages alarmistes, a présenté à son retour un tableau plus qu’inquiétant de l’état de son client. Depui le 14 mai, début de son action, celui-ci a perdu 30 kg. Il souffre de problèmes cardiaques, a un très bas niveau d’hémoglobine dans le sang et son rythme cardiaque est de 40 pulsations par minute. « La situation a dramatiquement évolué ces deux dernières semaines, explique au Monde Me Dinze. Lui-même reconnaît qu’il se sent mal, ce qu’il ne faisait pas avant. La chaleur, forte en ce moment, joue aussi un rôle. »

Les informations sur la santé d’Oleg Sentsov, 42 ans, sont parcellaires, et Dmitri Dinze reconnaît ne pas être qualifié pour l’évaluer. L’avocat demande que des médecins puissent être admis dans la prison du cinéaste pour obtenir des « informations indépendantes ».

« Ses exigences n’ont pas changé »

Oleg Sentsov ne mène pas une grève de la faim « totale ». Il boit 3,5 litres d’eau par jour et a accepté, il y a deux semaines, de prendre deux à trois cuillères quotidiennes de substituts alimentaires, pour éviter que l’administration pénitentiaire ne le nourrisse de force à l’aide d’une sonde. C’est aussi la raison pour laquelle il refuse d’être transféré à l’hôpital, craignant une action des médecins contre sa volonté.

Ces craintes sont renforcées par le déni des autorités russes. L’administration pénitentiaire continue ainsi d’évoquer un état « satisfaisant » du prisonnier. Un prêtre orthodoxe lui aurait rendu visite le 4 août, et d’après le compte rendu qu’en a fait le service d’application des peines, Sentsov lui aurait déclaré que son état était « normal ». La cousine du cinéaste criméen, Natalia Kaplan, a pourtant indiqué mercredi avoir reçu une lettre au ton bien différent :

« Il m’a écrit que la fin était proche, et il ne parlait pas de sa libération. Il ne se lève presque plus. »

Face à l’urgence de la situation, la question d’une éventuelle libération est donc passée au second plan. Les négociations avec Kiev pour un échange de prisonniers, un temps évoquées, semblent au point mort : la partie russe en refuse le principe, considérant M. Sentsov comme l’un de ses ressortissants. Celui-ci a beau avoir refusé d’adopter la nationalité russe après l’annexion de la péninsule, en 2014, Moscou a décidé de lui enlever « automatiquement » sa citoyenneté ukrainienne. Le 17 juillet, sa mère a transmis à Moscou un recours en grâce. Celle-ci dépend donc désormais du bon vouloir du président russe Vladimir Poutine.

« Ses exigences n’ont pas changé, avertit toutefois Dmitri Dinze. Si on le libère seulement lui, il considérera cela comme un échec. » Oleg Sentsov a lié son sort, dès le début de son mouvement, à celui de quelque 70 autres Ukrainiens détenus en Russie pour des raisons politiques, dont son co-accusé Oleksandr Koltchenko. A l’issue d’un procès qualifié par Amnesty International de « parodie de justice » évoquant « l’ère stalinienne », les deux hommes, arrêtés en mai 2014, avaient été condamnés, le 25 août 2015, à respectivement vingt et dix ans de colonie pénitentiaire pour « participation » à une entreprise « terroriste ».

Sentsov et son complice auraient envoyé deux cocktails Molotov contre les locaux d’une organisation criméenne prorusse. La sévérité des peines, pour de tels faits, a surpris jusqu’aux observateurs russes.

« On se heurte à un mur »

Surtout, aucune preuve solide n’a été présentée lors du procès, et l’accusation s’est uniquement appuyée sur les témoignages de deux autres co-accusés. L’un d’eux avait expliqué à l’audience avoir signé des aveux sous la torture ; l’autre a refusé de témoigner. Sentsov et Koltchenko ont eux aussi évoqué des tortures. Le FSB avait d’abord instruit le dossier sur un projet d’attentat contre « un pont ferroviaire » en Crimée… où il n’existe aucune infrastructure de la sorte.

Depuis son arrestation, Oleg Sentsov a joui d’un soutien important en Ukraine. Les gouvernements occidentaux ainsi que de nombreuses personnalités, comme l’écrivain Stephen King ou l’acteur Johnny Depp, ont appelé le Kremlin à le libérer. Emmanuel Macron a évoqué son cas deux fois avec Vladimir Poutine, lors de sa visite à Saint-Pétersbourg, fin mai, et lors de sa venue en Russie pour la Coupe du monde.

« Nous espérions un geste à la faveur du tournoi, explique au Monde François Croquette, ambassadeur de France pour les droits de l’homme. Mais l’on se heurte à un mur : nos interlocuteurs alternent entre les fins de non-recevoir, le silence complet et des mensonges. La médiatrice russe nous avait par exemple assuré il y a quelques semaines que Sentsov avait pris 2 kg en prison. C’est un peu incompréhensible pour nous. La Russie dépense beaucoup d’énergie et d’argent pour son image, et là elle semble prête à le laisser mourir. Nos demandes sont désormais seulement d’ordre humanitaire, à commencer par l’accès d’un médecin indépendant. Mais l’on commence à craindre qu’il ne soit trop tard. »

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8 août 2018

En salles aujourd'hui

huit aout

6 août 2018

"Le monde est à toi"

monde à toi

3 août 2018

"Mission impossible" - vu hier soir

libération

mission

1 août 2018

Tom Cruise en messie

Au creux de l’été, Tom Cruise règne en solitaire sur les multiplexes. Si la star a récemment connu quelques mésaventures au box-office, les premiers résultats de M : I 6 aux Etats-Unis laissent augurer d’une hégémonie presque complète sur les ventes de billets en France, où le film a été en partie tourné. Il y a heureusement d’autres sorties, un menu léger, divers et exotique : drame sentimental germanique et gay dans les milieux du football, autofiction à la taïwanaise en animation, et variation russe et alcoolisée sur le thème d’Urgences.

Sillonner les rues de Paris à contresens, être parachuté sur la verrière du Grand Palais, sauter de toit en toit pour gagner la Tate Modern depuis la cathédrale Saint-Paul, dévaler les pentes du Cachemire aux commandes d’un hélicoptère en flammes, la vie d’Ethan Hunt semble pleine d’imprévus. Réfléchissons-y en voyant le sixième film inspiré de la série télévisée Mission : Impossible. Un cartel de malfaiteurs de haut vol veut faire exploser trois charges nucléaires, seul Ethan Hunt peut empêcher la commission de ce forfait. Quoi de plus routinier ? Voilà bientôt vingt ans que le chef de la force Mission : Impossible réédite cet exploit, comme le rappelle opportunément son ex-épouse, la toujours dévouée Julia (Michelle Monaghan).

Et si tous les deux ou trois ans, on accorde deux heures ou plus à Ethan Hunt, ce n’est pas pour la surprise. C’est pour le plaisir de voir des paysages familiers transformés en champ de bataille (et cette fois le metteur en scène Christopher McQuarrie s’acquitte de cette tâche avec une sobriété et une efficacité dignes d’éloge) et surtout pour constater que le temps a conclu un pacte démoniaque avec Tom Cruise. A 56 ans, celui-ci ne s’intéresse visiblement plus beaucoup aux ressorts intimes de son personnage, se consacrant tout entier aux cascades (dont celle qui, à Londres, lui brisa le cheville). En payant de sa personne, Tom Cruise fait croire que le monde peut dormir tranquille, à l’abri des mauvaises gens, et surtout que les spectateurs peuvent vieillir sans regret, puisque la star leur démontre à l’écran que l’éternelle jeunesse est une suite infinie de souffrances. Thomas Sotinel

mission impossible

Film américain de Christopher McQuarrie. Avec Tom Cruise, Henry Cavill, Rebecca Ferguson, Ving Rhames, Simon Pegg, Alec Baldwin, Angela Bassett (2 h 27).

30 juillet 2018

Crazy Horse

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