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Jours tranquilles à Paris
10 novembre 2018

11-Novembre: Près de 10.000 forces de sécurité mobilisées à Paris

CENTENAIRE Si Christophe Castaner se dit « serein et confiant », il « faut être extrêmement vigilants », notamment face « au risque terroriste » et à celui de « la mouvance radicale »

Aux grands évènements, les grands moyens. « Près de 10.000 personnes, 10.000 forces de sécurité, seront mobilisées pour sécuriser l’ensemble du dispositif » des commémorations du centenaire du 11-Novembre et du Forum pour la paix, qui se tiendront samedi et dimanche, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, ce jeudi.

«Paris accueillera 98 délégations étrangères, 72 chefs d'État ou de gouvernement à la fois pour les commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale mais aussi pour le Forum pour la paix », a souligné le nouveau ministre de l'Intérieur. « Près de 10.000 forces de sécurité seront mobilisées pour sécuriser l’ensemble du dispositif : les lieux où se rassembleront les autorités (…) aussi les différents sites qui pourront accueillir les manifestations », a-t-il ensuite précisé.

Un dîner au musée d’Orsay avec 72 chefs d’État et de gouvernement

Si Christophe Castaner se dit « serein et confiant », il « faut être extrêmement vigilant », notamment face « au risque terroriste » et à celui de « la mouvance radicale », a-t-il ajouté. Des périmètres de sécurité ainsi que des mesures de contrôle seront installés autour des différents sites concernés par les commémorations, selon la préfecture de police.

Tout comme autour du musée d'Orsay, qui accueillera samedi soir un dîner offert par le président de la République, Emmanuel Macron aux 72 chefs d'État et de gouvernement, ou autour de la Philharmonie de Paris (19e arrondissement) où se déroulera un concert pour plusieurs membres des délégations étrangères.

Un rassemblement contre la venue de Donald Trump place de la République

Dimanche, près de 2.000 membres des forces de l’ordre seront consacrés à la sécurisation du secteur de l’Arc de Triomphe qui sera bouclé avec des points de filtrage. Ce même jour, 2.600 personnes sont attendues au Forum de la paix à la Grande halle de La Villette (19e arrondissement). Là encore le site sera bouclé avec point de filtrage et la circulation sera neutralisée sur le périphérique entre la porte de La Muette et la porte de Pantin, entre 13 heures et 16 heures.

Un rassemblement contre la venue de Donald Trump a été autorisé place de la République dimanche à 14 heures où sont attendues « plusieurs milliers de personnes », selon la préfecture de police. Elle se prépare à « un risque de débordements dus à la création attendue d'un black-bloc ».

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9 novembre 2018

La Nuit de Cristal

9 novembre 2018

Charles de Gaulle

9 novembre 2018

Chute du Mur de Berlin

7 novembre 2018

L’édito du Parisien - Pétain et Bibi

Une polémique et un cafouillage de plus ! Alors qu’Emmanuel Macron poursuivait ce mercredi son « itinérance mémorielle » dans les Ardennes, c’est justement par l’Histoire qu’il est venu commémorer que le président a été rattrapé. En cause, l’hommage qui devait être rendu samedi aux Invalides aux Maréchaux de la Grande Guerre, Philippe Pétain compris. En jugeant « légitime » cet hommage à celui qui, dit-il, fut « un grand soldat pendant la Première Guerre mondiale », même s’il a ensuite « conduit des choix funestes », Macron a rouvert un vieux débat et déclenché une salve de critiques. Doit-on célébrer en vertu de son passé glorieux en 1918 celui qui fut ensuite le chef du gouvernement de Vichy et le symbole de la Collaboration ? Pas facile de dissocier les deux figures du Maréchal qui fut frappé d’indignité nationale au lendemain de la 2e Guerre mondiale. « Le choix de Pétain, c’est pas Bibi », aurait pu dire Macron, puisque c’est l’état-major des armées qui est à l’origine de cet hommage aux Maréchaux (auquel le président lui-même n’assistera pas). Mais il assume. « Je n’occulte aucune page de l’Histoire », déclare-t-il. Sauf que mercredi soir, Pétain ne faisait plus partie des maréchaux devant être honorés samedi. Un rétropédalage calamiteux. Il aurait sans doute été plus simple de s’éviter cette nouvelle polémique en célébrant l’ensemble des Poilus et donc en refusant à l’état-major cet hommage solennel aux chefs militaires dont les décisions à l’époque ont parfois entraîné l’hécatombe des troupes dans les tranchées.     

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7 novembre 2018

ALERTE-Musique-Décès: Francis Lai est mort

Le compositeur de nombreuses musiques de films Francis Lai est mort à l’âge de 86 ans, annonce le maire de Nice Christian Estrosi.
Francis Lai, compositeur de la musique de « Un homme et une femme » ou encore « Les Ripoux » avait reçu l’Oscar de la meilleure musique de film en 1970 pour « Love Story ».
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Nécrologie

D’« Un Homme et une femme » à « Love Story », la carrière exceptionnelle du compositeur Francis Lai

Par Bruno Lesprit - Le Monde

Le musicien, mort mercredi à Paris, a collaboré avec Claude Lelouch sur une trentaine de films. Récompensé par un Oscar, il avait refusé de faire carrière à Hollywood.

Il était un des plus mémorables mélodistes français ayant œuvré pour le cinéma. Quelques-uns de ses thèmes ont fait le tour du monde, à commencer par celui de Love Story qui lui valut un Oscar en 1971. Auteur de la musique d’Un Homme et une femme, de l’air primesautier de La Bicyclette, deux friandises concoctées avec son ami parolier Pierre Barouh (1934-2016), Francis Lai est mort, mercredi 7 novembre, à Paris, à l’âge de 86 ans.

Connu pour son association au long cours avec le cinéaste Claude Lelouch, il laisse une bonne centaine de partitions de films. Francis Lai avait aussi mis sa sensibilité au service de la chanson, travaillant pour Edith Piaf dès 1960 avec L’Homme à la moto. D’une grande discrétion, ce compositeur nocturne excellait dans l’art le plus difficile : la simplicité.

Fils d’horticulteurs d’origine italienne, Francis Lai est né le 26 avril 1932 à Nice. L’autodidacte fait d’abord ses gammes à l’accordéon, écumant dès ses 16 ans les bals populaires de la côte. Il tente ensuite sa chance à Paris, à La Taverne d’Attilo, place du Tertre, où il rencontre le collaborateur de ses premières chansons, le poète Bernard Dimey, avant de devenir accordéoniste de Piaf – par la suite, ses deux interprètes féminines d’élection seront Nicole Croisille et Mireille Mathieu.

Compagnonnage avec Lelouch

C’est grâce à Pierre Barouh que Lai rencontre Claude Lelouch en 1965. Sa première bande originale pour un long-métrage sera un coup de maître avec cet éternel chabadabada (en fait dabadabada), entêtant, et pour cause : la même note, chantée par Barouh et Nicole Croisille, est répétée dix fois. Le film, qui remporte la Palme d’or du festival de Cannes en 1966, le Golden Globe et l’Oscar du meilleur film étranger, marque le début d’un compagnonnage avec Lelouch reposant sur une méthode originale : la musique est composée en amont du tournage et utilisée sur le plateau.

Parmi la trentaine de films qui les associeront, Vivre pour Vivre (1967), Un Homme qui me plaît (1969, avec un élégiaque Concerto pour la fin d’un amour), L’Aventure c’est l’aventure (1972, dont Johnny Hallyday interprète la chanson titre), Le Bon et les Méchants (1976) ou Les Uns et les autres (1981), collaboration entre Lai et celui auquel on le rapproche pour leur supposée « légèreté », Michel Legrand.

Auparavant, une musique de Francis Lai s’est immiscée partout, hôtels internationaux, aéroports, attentes téléphoniques… Ali McGraw et Ryan O’Neal auraient-ils fait verser tant de larmes sans le thème ultra-romantique de Love Story, le mélo d’Arthur Hiller, thème dont s’empare aussitôt l’internationale du easy listening, d’Andy Williams à Richard Clayderman, en passant par Henry Mancini et Engelbert Humperdinck ? Et dire que Lai, au départ, avait refusé la proposition… Il devient le deuxième Français, après Maurice Jarre, à décrocher l’Oscar récompensant une partition originale.

« Aristocrate de la mélodie »

Vénéré par les mélomanes allemands et nippons (la chanson Bonsoir tristesse, interprétée par la Québécoise Nicole Martin, triomphe au Yamaha Music Festival de Tokyo en 1977), Lai a encore longtemps titillé les tympans des téléspectateurs français, sans que ceux-ci n’en aient forcément conscience. C’est à lui que l’on doit les premiers génériques de la troisième chaîne de l’ORTF, née en 1972. Ses Etoiles du cinéma seront déclinées à l’envi, notamment dans la splendide – mais trop courte – version violoncelle-guitare pour le Cinéma de minuit.

A l’inverse d’un Maurice Jarre, le compositeur n’aura pas fait carrière à Hollywood, pour ne pas s’y être installé et avoir refusé le contrat d’exclusivité que lui offrait Universal. C’est à un film français qu’il devra son plus grand succès commercial (7 millions d’albums vendus) en 1977, avec les effeuillages synthétiques accompagnant Bilitis, la niaiserie saphique de David Hamilton.

On peut leur préférer sur Francis Lai Anthology (Play Time/FGL Productions), coffret paru en 2016, les audaces organiques de La Course du lièvre à travers les champs (1972) ou le majestueux adagio de La Baby Sitter (1975), deux films de René Clément. Cité dans le livret, Henri Verneuil rendait au musicien le plus beau des hommages : « A mes yeux, Francis Lai est l’aristocrate de la mélodie. Longtemps après avoir oublié l’histoire, on se souvient encore de sa musique, ce qui est terriblement agaçant pour un metteur en scène ! »

francis

6 novembre 2018

Itinérance commémorative - Centenaire de l'Armistice du 11 novembre 1918

1418

4 novembre 2018

14-18. Macron sur les traces de la Grande Guerre

itinerance

De Verdun à la Somme, Emmanuel Macron part, la semaine prochaine, sur les routes de l’est et du nord de la France pour célébrer le centenaire de la fin de la Grande Guerre mais aussi aborder les problèmes contemporains de ces territoires frappés par la crise.

Lancé dimanche à Strasbourg, ce périple inédit se terminera, le 11 novembre, sous l’Arc de Triomphe où le chef de l’État ravivera la flamme du soldat inconnu en présence d’une centaine de dirigeants étrangers. Le but de cette « itinérance », comme l’appelle l’Élysée, est d’« aller à la rencontre de nos ancêtres, les Poilus », ces quelque huit millions de Français qui ont combattu de 1914 à 1918.

Emmanuel Macron va ainsi visiter les sites incontournables de la guerre : Verdun (Meuse), « la mère des batailles », le Chemin des Dames (Aisne) ou la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), où reposent 45 000 combattants morts au combat.

Une forte dimension politique et sociale

Il fera aussi étape dans des lieux qui n’ont « jamais été visités par un président français », comme ceux des terribles batailles de Morhange (Moselle) et des Éparges (Meuse), racontée par Maurice Genevoix, l’un de ses écrivains fétiches. Et, le 9 novembre, il sera au côté de la Première ministre britannique, Theresa May, sur un site de la bataille de la Somme.

Au total, Emmanuel Macron se rendra dans onze départements et 17 villes, surtout de taille moyenne, comme Charleville-Mézières, où se tiendra, le 7 novembre, un Conseil des ministres décentralisé. Car ce marathon a aussi une forte dimension politique et sociale. « Chaque étape sera l’occasion d’aborder les préoccupations actuelles des territoires visités qui tentent de rebondir après avoir été frappés par la désindustrialisation et les bouleversements agricoles », souligne l’Élysée.

« Pour un chef d’État, les célébrations de grands moments historiques sont toujours des moments où l’image présidentielle est forte. Mais les Français font bien la part des choses : après l’hommage aux morts pour la patrie, revient le temps des problèmes socio-économiques », remarque Bruno Cautrès, du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po).

« Une overdose de petites phrases »

Le chef de l’État visitera des usines, dont celle de Renault à Maubeuge (nord), un Ephad pour débattre des services de santé en milieu rural et consacrera une matinée à Lens au plan de lutte contre la pauvreté.

Ces rendez-vous offrent à Emmanuel Macron l’opportunité de gratter l’étiquette de « président des riches » ou « des villes » que ne cessent de lui coller ses opposants. Le défi est de taille car, comme le montrent les sondages, son image « s’est considérablement brouillée et dégradée » avec « une overdose de petites phrases dans un laps de temps trop court », souligne Bruno Cautrès.

Avant le retour à Paris, le périple se terminera, le 10 novembre, par une cérémonie sobre avec la chancelière allemande Angela Merkel dans la clairière de Rethondes, à Compiègne (Oise), où a été signé l’armistice.

C’est aussi la paix qui sera le fil rouge de la journée du 11 novembre, avec la traditionnelle cérémonie à l’Arc de Triomphe, à laquelle assisteront notamment les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine. Ce même jour, des cérémonies se dérouleront dans toute la France où les communes sont invitées à faire sonner les cloches à 11 h, heure à laquelle le cessez-le-feu devint effectif, il y a juste un siècle.

3 novembre 2018

Guerre au Yémen...

Amal Hussain, la fillette yéménite qui a fait la « une » du « New York Times », est morte de malnutrition

Selon l’ONG britannique Save the Children, 5 millions d’enfants yéménites sont victimes de la famine provoquée par la guerre qui a éclaté en 2015.

Pour alerter sur la situation au Yémen – empêtré dans une guerre qui a provoqué la plus grave crise humanitaire au monde – le New York Times a publié en « une » de son édition du samedi 27 octobre, la photo d’Amal Hussain, une fillette squelettique allongée sur son lit d’hôpital. L’enfant de 7 ans est finalement morte de malnutrition jeudi, a annoncé le quotidien américain.

« Mon cœur est brisé, a déclaré sa mère, Mariam Ali, au New York Times. Amal était toujours souriante. Maintenant, je suis inquiet pour mes autres enfants. » Dans son article, le quotidien explique que le portrait qui lui avait été consacré dans ses pages « a suscité une réponse passionnée des lecteurs. Ils ont exprimé leur chagrin. Ils ont offert de l’argent à sa famille. Ils ont écrit pour savoir si elle allait mieux ».

Et revient sur les circonstances de la rencontre avec la jeune fille, qui était alors hospitalisée :

« Lors d’un voyage au Yémen pour constater le bilan de la guerre, nous avons trouvé Amal dans un centre de santé à Aslam, à 90 miles [145 km] au nord-ouest de la capitale, Sanaa. Elle était allongée sur un lit avec sa mère. Les infirmières la nourrissaient de lait toutes les deux heures, mais elle vomissait régulièrement et souffrait de diarrhée. (…) La mère d’Amal était également malade, elle se remettait d’un accès de dengue qu’elle avait très probablement contractée à cause de moustiques se reproduisant dans les eaux stagnantes de leur camp. »

Amal Hussain est, selon l’ONG britannique Save the Children, l’un des 5 millions d’enfants yéménites victimes de la famine provoquée par la guerre qui, depuis 2015, oppose les rebelles houthistes soutenus par l’Iran, à la coalition internationale menée par l’Arabie saoudite.

Censure de Facebook

En publiant cette photo en « une », le New York Times a rompu avec une retenue souvent de mise à ce sujet. Dans une tribune jointe à l’article, le journal a justifié sa démarche. « L’assassinat d’un seul homme (le journaliste saoudien Jamal Khashoggi) a davantage attiré l’attention de la planète que la catastrophe en cours au Yémen », ont regretté le journaliste Eric Nagourney et le rédacteur en chef des pages internationales du New York Times, Michael Slackman, avant d’asséner : « Ces images révèlent l’horreur qu’est le Yémen aujourd’hui. Vous pouvez choisir de détourner le regard. Mais nous avons estimé que cette décision vous appartenait. »

Après la publication de cette « une », de nombreux internautes se sont plaints de n’avoir pu la partager su Facebook. La plateforme supprimait en effet leur message peu de temps après la publication. Elle estime que la photo d’Amal Hussain enfreint les règles de Facebook car il montre une mineure dénudée. Critiqué, le réseau social avait finalement décidé de restaurer les messages.

1 novembre 2018

Compiègne, terre de mémoire

Par François Bostnavaron

Un impressionnant bunker, un musée à ciel ouvert le long de la ligne de front, la célèbre clairière de l’Armistice… A la veille du centenaire de 1918, visite mémorielle autour de la commune de l’Oise, au cœur de la Grande Guerre.

Clairière de l’Armistice de Rethondes, en forêt de Compiègne. C’est là que démarreront les festivités du centenaire de la fin de la Grande Guerre, avec, en point d’orgue, une cérémonie à laquelle assisteront le président de la République Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel, dans l’après-midi du 10 novembre.

Car l’Oise et son histoire sont évidemment liées à la première guerre mondiale. Pour comprendre les enjeux de ce conflit, se souvenir, transmettre, visite mémorielle de Compiègne et sa région.

Le wagon de l’Armistice

Commencer par le Mémorial de l’Armistice est le meilleur moyen pour s’immerger dans ce passé. Auparavant vieillot et poussiéreux, l’endroit, à la faveur des cérémonies du centenaire, a bénéficié d’une rénovation et d’une nouvelle scénographie, ainsi que d’une extension de plus de 500 mètres carrés de la surface d’exposition.

Le célèbre wagon – du moins un wagon identique, l’original ayant été détruit – dans lequel fut signé l’armistice, est toujours là. Mais pour le reste, Bruno Badiche, le scénographe, a opté pour une présentation chronologique évoquant notamment les temps forts du conflit.

Une visite en une dizaine d’étapes qui fait la part belle à la 3D : celle d’époque avec les photos sur plaque de verre selon le vieux procédé steréoscopique qui donne un effet de relief saisissant – une technique qui consistait à prendre une photo avec un appareil à deux objectifs recréant ainsi les conditions du relief –, et celle d’aujourd’hui, générée par ordinateur, dans une nouvelle salle de projection.

Au sortir du musée, faire un tour dans la clairière à la découverte d’émouvants monuments, dont cette dalle sacrée sur laquelle on peut lire, gravé dans le même granit de Vire (Calvados) que la tombe du Soldat inconnu de l’Arc de triomphe : « Ici le 11 novembre succomba le criminel orgueil de l’empire Allemand vaincu par les peuples libres qu’il comptait asservir ».

La vie des poilus

A quelques minutes en voiture de la clairière de l’Armistice se trouve le point d’entrée du Musée Territoire 14-18. Une notion un peu floue pour une réalisation bien concrète : ce musée est, en fait, une balade à ciel ouvert sur une soixantaine de kilomètres.

En une vingtaine de sites, on appréhende mieux la vie des villages, des poilus, où se mêlent souvent l’Histoire avec un grand H et celle du quotidien, faite de souffrance et d’absence.

Il y a pourtant un point de départ incontournable pour toutes ces balades : l’exposition très didactique et très complète qui se trouve dans l’ancien presbytère de l’église de Rethondes. Une église qui se visite également pour ses vitraux, et dont les cloches ont été les premières à sonner l’Armistice. L’anecdote veut que la vigueur avec laquelle les cloches ont été sonnées aurait provoqué d’importantes fêlures…

Un bunker de 32 mètres

L’abri du Kronprinz, à Nampcel, est l’un des vestiges les plus imposants de la Grande Guerre. Ce bunker, classé à l’inventaire des monuments historiques depuis 1999, tire son nom du Kronprinz de Bavière, qui y aurait, dit-on, séjourné à l’été 1918.

Edifiée entre 1915 et 1916 avec les pierres des maisons détruites de Nampcel, la casemate de 32,8 mètres de long, 10 mètres de large et 6 mètres de haut servait à se protéger des tirs de l’artillerie française. Les Allemands l’occupèrent jusqu’en mars 1917 avant de l’abandonner et de la rependre quatorze mois plus tard… Le bunker est aujourd’hui restauré et mis en valeur par l’Association pour la rénovation de l’abri du Kronprinz. Plusieurs des circuits de randonnée faisant partie du circuit Musée Territoire 14-18 passent par ce lieu.

Les petits soldats de Compiègne

A proximité de Rethondes, il y a évidemment Compiègne et la sous-préfecture de l’Oise ne manque pas de témoignages autour de la Grande Guerre. Deux endroits ont su nous séduire : le Musée de la figurine historique, d’abord, réussit la prouesse de réunir la Grande Guerre et les petits soldats, qu’ils soient en étain, en plomb, en bois ou même en papier… Pas moins de 155 000 figurines retracent l’histoire, de l’Antiquité à la seconde guerre mondiale.

Les poilus font l’objet de deux compositions réalisées par l’abbé Robert Ducoin dans les années 1970 sur « Août 1914 » et « Mars 1918 ». La première montre en détail une batterie de 75 au complet, soit 173 hommes et 168 chevaux. La seconde, nous transporte sur le front de 1918 avec les chars d’assaut, l’arrivée des troupes sénégalaises, la conduite des trains d’équipage et la construction des boyaux et des tranchées. Des petits soldats, comme ceux avec lesquels ont joué tous les enfants du monde, qui racontent l’histoire et témoignent du quotidien des poilus avec un réalisme surprenant.

Le Palais, initialement demeure des rois Louis XV et Louis XVI, puis celle des empereurs Napoléon Ier et Napoléon III, a été transformé en hôpital de l’automne 1914 au printemps 1917, une dimension humanitaire qui préservera l’édifice. L’armée française y installera même son quartier général jusqu’en juin 1918.

Aujourd’hui, la salle des gardes du roi, dans laquelle était installé l’hôpital, a retrouvé son lustre… Elle se visite, comme les appartements de l’Empereur et de l’impératrice, le Musée du Second Empire, celui de la voiture (de l’attelage à la voiture moderne), ainsi que le très beau parc qui voisine la forêt.

Les murs ont de la mémoire

C’est un musée unique en son genre que l’on doit à Serge Ramond, habitant de Verneuil-en-Halatte. L’homme, aujourd’hui décédé, s’est passionné pendant quarante ans pour les graffitis historiques ; l’ancien Musée des graffitis historiques est aujourd’hui devenu celui de la « mémoire des murs ». Ici, plus de dix mille ans de témoignages gravés, du néolithique au XXe siècle, sont mis en valeur.

N’allez pas imaginer que Serge Ramond découpait des bouts de mur ! Il utilisait une méthode très simple : une prise d’empreinte effectuée avec de la plastiline, sorte de pâte à modeler appliquée sur le motif à reproduire. De cette empreinte est tirée un moulage en plâtre, qui reçoit une patine restituant l’aspect de la pierre et révèle le dessin ou le texte gravé.

C’est à l’étage, dans l’un des combles du musée, que se trouve une exceptionnelle collection de plusieurs centaines de moulages de graffitis gravés et sculptés par tous les soldats qui ont cantonné dans les carrières, en Picardie, lors du premier conflit mondial. Français, Anglais, Américains et Allemands ont ainsi contribué à illustrer ce Lascaux moderne. Pas de bisons ici, mais un navire baptisé Liberté en train de couler, œuvre d’un poilu du 218e régiment, entouré d’une phrase, « Septembre 1917, la liberté quittant le monde… », ou cette tête de chef sioux, avec sa coiffe, attribuée à un soldat américain.

A la carrière de la Botte, la guerre souterraine

En nous attendant, Yohan Levaire, membre de l’association Les Souterrains 14-18 de la Carmoye, a glané dans le champ d’en face quelques morceaux d’obus, la terre rendant toujours ce qu’elle a absorbé…

Situés sur les hauteurs de Cannectancourt, au nord-est de l’Oise, dans le massif dit de « la Petite Suisse », près de la ferme de la Carmoye, les souterrains de la carrière de la Botte constituent un lieu unique dans le département.

« L’exemple même de la guerre souterraine », explique Yohan en nous menant à l’entrée de la carrière après une courte marche dans un bois peu touffu où la nature a quand même sur cette longue période repris ses droits. « C’est ici, nous dit-il, que les Allemands se sont enterrés, à plus de dix mètres sous terre parfois plus, de 1914 à 1917. » En mars 1917, la carrière est reprise par l’armée française.

Aujourd’hui, la visite à la lueur d’une lampe reste un moment d’une rare émotion, tant les témoignages qui y subsistent, dessins, objets et autres inscriptions vous transportent un siècle en arrière…

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