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Jours tranquilles à Paris
11 juin 2018

Réflexion

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7 juin 2018

Réflexion

reflexion66

1 juin 2018

Learn French : la nationalité française est-elle réservée aux héros ? - Le Courrier Australien

Si vous arrivez en France sans avoir les bons papiers et que vous souhaitez obtenir la nationalité française, alors c’est très simple.

Comme le montre le cas de Mamoudou Gassama*, tout ce que vous avez à faire, c’est accomplir quelque chose « d’exceptionnel ». Et ceci est bien réel : c’est d’ailleurs inscrit dans le Code civil.

L’article 21-19 déclare qu’une procédure accélérée de naturalisation est possible pour un étranger qui a « rendu des services exceptionnels à la France, ou dont la naturalisation présenterait un intérêt exceptionnel pour la France. » C’est ce qu’a invoqué le président Emmanuel Macron lorsqu’il a félicité le jeune Malien au Palais de l’Elysée et lui a dit qu’il allait recevoir ses papiers par la Poste.

La France étant une nation qui s’est fondée sur un ensemble de valeurs auto-proclamées, elle a toujours été ouverte à l’idée d’une citoyenneté française ‘à titre honorifique’ — une façon de distinguer les étrangers méritants dont les actions ont défendu ou fait rayonner ces valeurs.

Au début de la Révolution française, il existait une loi qui permettait d’accorder la citoyenneté française à des « hommes (sic) qui, par leurs écrits et leur courage, ont servi la cause de la liberté ». Parmi ceux en ayant bénéficié, on compte George Washington et Thomas Jefferson. Beaucoup plus tard, en 1870, un décret offrait la nationalité française aux personnes qui avaient combattu aux côtés de la France dans la guerre l’opposant à l’Allemagne. La plupart des naturalisés de l’époque étaient d’ailleurs des Allemands.

Mais toutes ces traditions ont été établies avant l’immigration de masse. Aujourd’hui, c’est différent.

Il reste évidemment le cas particulier de la Légion étrangère, qui depuis les années 1830, offre la possibilité aux soldats d’autres nations de combattre pour la France. Mais contrairement à une idée reçue, les soldats de la Légion étrangère n’acquièrent pas automatiquement la nationalité française, sauf s’ils sont blessés au combat. Actuellement, alors que la Légion étrangère emploie 8600 soldats de 150 pays, il y a environ 200 naturalisations par an.

Une décision examinée à la loupe

Aujourd’hui, il y a des centaines de milliers de jeunes hommes en France qui — comme M. Gassama — sont arrivés après un voyage long et dangereux, n’ont pas de papiers et parviennent tout juste à survivre en travaillant au noir. Et tous aimeraient beaucoup suivre son exemple.

Dans de telles circonstances, la décision du président ne pouvait qu’être examinée à la loupe.

En réalité, presque tout le monde s’accorde sur le fait que ce qu’a fait M.Gassama, en sauvant le petit garçon, était suffisamment extraordinaire pour lui valoir d’obtenir la naturalisation en procédure accélérée.

Mais ce que certains reprochent au président, c’est son incohérence. Pourquoi, s’interrogent ses détracteurs, n’applique-t-il pas la même générosité aux autres sans-papiers ? Pourquoi ne sélectionner qu’un chanceux ?

Leur indignation est d’autant plus grande qu’une loi sur l’immigration est actuellement discutée au Parlement, selon laquelle — aux yeux de la gauche — le président Macron est en violation de la mission historique de la France envers l’humanité.

La loi qu’il propose est-t-elle aussi dure ou inhumaine que ce qu’affirment ses ennemis ? Ceci est un autre sujet. Ce qui ne fait aucun doute, c’est l’objectif de cette loi : celle-ci vise à clarifier les choses, autant que possible et au plus tôt, pour les migrants potentiels. S’ils peuvent rester, ils restent. S’ils doivent partir, ils partent. Ils sont alors expulsés.

Dans sa conversation avec le jeune Malien, le président Macron n’a pas caché que si celui-ci n’avait pas croisé par hasard la route de cet enfant mal surveillé par une chaude journée, il aurait lui-même été sur la liste des personnes à expulser. Mais il en a été tout autrement. M.Gassama a réagi avec une générosité instinctive et son acte d’extrême bravoure a été filmé.

Pour le président Macron, qui désire promouvoir sa vision de la France comme nation de héros, cela était suffisant. Ce qu’a accompli M. Gassama était en effet exceptionnel et n’a pas uniquement profité à l’enfant, mais à La France. M. Gassama a gagné le droit d’obtenir la nationalité française en procédure accélérée.

  • Mamoudou Gassama, Malien sans-papiers vivant à Paris, a escaladé un immeuble de 4 étages pour porter secours à un petit garçon suspendu à un balcon.
31 mai 2018

Macron sera-t-il le fossoyeur de la V° République?

Par Denis Jeambar 

Si le pays a pu traverser l'épreuve de mai 68, c'est parce que la constitution de 1958 a offert au pays une république moderne, démocratique et efficace qu'il ne faut pas trop triturer.

La révision de la Constitution permettra-t-elle à la Ve de gagner en modernité et en démocratie ? La réponse n'est pas évidenteNICOLAS MESSYASZ/SIPA

Depuis des semaines les acteurs désormais septuagénaires de mai 68 occupent le devant de la scène médiatique pour évoquer, raconter, célébrer ou commémorer mai 68. Tout se passe comme si la France d'aujourd'hui était née il y a cinquante ans et vivait encore sous l'emprise de la génération qui descendit alors dans la rue.

La révolte étudiante fut de fait un événement considérable mais elle ne doit pas occulter l'énorme mouvement ouvrier qui souleva alors le pays, le début de la  grève générale le 13 mai avec des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Paris alors que la fièvre étudiante commençait, ce jour-là, à retomber avec la réouverture de la Sorbonne, les accords de Grenelle du 27 mai prévoyant une augmentation immédiate de 35% du Smig (le salaire minimum interprofessionnel garanti) et de 10% en moyenne pour tous les autres salaires, puis la décrue du mois de juin après l'éclipse du général De Gaulle à Baden Baden le 29 mai et son tonitruant retour avec un discours à la radio le 30 mai à 16 heures 30, suivi aussitôt d'un immense rassemblement sur les Champs Elysées. Le chef de l'Etat réaffirme alors son autorité, dénonce à nouveau "la chienlit", confirme son soutien au gouvernement Pompidou et annonce la dissolution de l'Assemblée nationale. L'enchaînement des trois crises, étudiante, sociale et politique, trouve son point final le 30 juin avec le triomphe législatif du parti gaulliste, l'Union pour la Défense de la république, avec  293 sièges sur 487.

Un héritage gaulliste à travers les tempêtes

La victoire, en vérité, est en trompe l'oeil pour De Gaulle. Le lien avec les Français est rompu. Un an plus tard, il met en jeu son mandat dans un référendum sur la réforme du Sénat et la régionalisation. Le 27 avril 1967, le "non" l'emporte avec 52,41% des suffrages exprimés. Juste après minuit, le 28 avril,  un communiqué laconique signe le départ définitif du pouvoir du général de Gaulle : "Je cesse d'exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd'hui à midi."

Ces événements sans cesse rappelés ont fini par occulter un autre mois de mai qui compte pourtant beaucoup plus encore dans l'histoire du pays. Il y a 60 ans, en effet, le 29 mai 1958, en pleine tempête algérienne, René Coty, alors président de la République, faisait appel au "plus illustre des Français". Le 1er juin, l'homme du 18 juin 1940, après une traversée du désert de 12 années, était investi président du Conseil par l'Assemblée nationale. De Gaulle sera le dernier chef de gouvernement de la IVe République agonisante. Quatre mois plus tard, le 4 octobre 1958, naît la Ve République après avoir été approuvée par référendum le 28 septembre par 79,25% des Français s'étant exprimés dans les urnes. Six décennies se sont donc écoulées depuis son instauration. Après avoir traversé de multiples tempêtes, connue des révisions qui n'en ont pas fondamentalement changé l'esprit, ces institutions demeurent et constituent sans douter le coeur de l'héritage légué par leur concepteur.

La Ve République, triomphe d'un esprit démocratique

Depuis septembre 1791, la France a connu une instabilité constitutionnelle qu'aucun autre pays n'a subi : n'a-t-elle pas changé 15 fois de loi fondamentale au cours des 227 dernières années ! Certes, cette instabilité a cessé en apparence en 1875. Les lois constitutionnelles de février et juillet de cette année-là ont offert un record de durée à la IIIe République (70 ans) mais l'instabilité gouvernementale en fut la règle. La IVe, née de la Seconde guerre mondiale, a souffert des mêmes maux et n'a pu relever tous les défis qu'elle devait affronter : la reconstruction du pays, son redressement économique, la décolonisation. Elle a fini par sombrer, incapable de dégager des majorités législatives  stables et durables et donc d'offrir au pouvoir exécutif l'assise nécessaire quand survint la guerre d'Algérie. C'est au point que les fondements républicains sont ébranlés et menacés quand le général De Gaulle revient au pouvoir et impose la constitution de 1958 avec l'aide active de Michel Debré.

Cet acte, en vérité, est fondateur et domine tous les événements politiques depuis 60 ans, à commencer par mai 68. Il fait entrer la France dans le club des démocraties modernes. Cette donnée est essentielle et éclaire la résistance du pays à toutes les crises qu'il a traversées par la suite, notamment la fin de la guerre d'Algérie et les révoltes de 1968.  La Ve remplit les trois conditions recensées par le regretté Guy Carcassonne, grand constitutionnaliste, pour définir une démocratie moderne : "1) que les gouvernés choisissent effectivement les gouvernants ; 2) que les gouvernants aient effectivement les moyens de gouverner ; 3) que les gouvernants soient effectivement responsables devant les gouvernés." La combinaison du dispositif institutionnel et du scrutin majoritaire  à deux tours offre de fait un choix clair aux électeurs. Les gouvernants ont les moyens d'agir car l'exécutif a le soutien du législatif et peut le faire plier s'il devient rétif. L'arsenal de l'exécutif est fait de moyens puissants, jusqu'à pouvoir le libérer par des votes contraints des états d'âme de sa majorité. Enfin, dans toute démocratie "moderne", l'alternance  est une donnée de fond. Elle s'est imposée au fil des ans  dans l'histoire de la Ve République. C'est la preuve du triomphe d'un esprit démocratique qui nécessite toujours des soupapes à travers des contre-pouvoirs et l'existence constante d'une solution politique alternative.

Cette conjugaison institutionnelle harmonieuse est la clé la plus importante de l'histoire de la France depuis six décennies et de sa navigation à travers les épreuves. La marque de la Ve République est à la fois la stabilité, l'efficacité du système de gouvernement mis en place si on sait s'en servir et l'alternance. Certes, des révisions ont été adoptées mais, toutes, jusque-là, ont visé à faire encore gagner le pays en démocratie et en modernité : par exemple, le droit de saisine du Conseil constitutionnel ouvert à l'opposition par Valéry Giscard d'Estaing ou la question prioritaire de constitutionnalité voulue par Nicolas Sarkozy.

La centralité du pouvoir favorise les extrêmes

Aujourd'hui, une nouvelle révision se profile qui concerne à la fois la constitution mais aussi les lois organiques, ou ordinaires, régissant le Parlement et le système électoral. Va-t-elle permettre à la Ve de gagner encore en modernité et en démocratie ? La réponse n'est pas évidente tant le projet présenté soulève de questions et de débats. Certes, la petite dose de proportionnelle envisagée peut nuancer la brutalité du système majoritaire mais ne devrait pas en détruire l'efficacité. En revanche, la volonté affichée de réduire le droit d'amendement des parlementaires au nom de l'efficacité et de la rapidité est contestable. D'autant que le Conseil constitutionnel a renforcé son contrôle des amendements et élaboré une théorie nouvelle sur les limites de ce droit en visant les abus manifestes. En outre, l'exécutif a déjà le pouvoir de soumettre le parlement par le vote bloqué (article 44 de la Constitution), d'engager sa responsabilité sans courir de grands risques pour imposer un texte (article 49.3) ou de recourir aux ordonnances (article 38). Aucun gouvernement ne s'est privé depuis 1958 d'utiliser ces moyens pour sortir d'une impasse, d'un blocage ou pour accélérer le tempo de ses réformes.

Question : est-il vraiment nécessaire de renforcer encore l'emprise de l'exécutif ? La question mérite d'autant plus d'être posée que l'alternance n'est pas, de toute évidence, dans les gènes du pouvoir tant il développe avec méthode une stratégie pour la rendre impossible sauf à risquer le pire avec les extrêmes. Une situation que, de manière prémonitoire, Guy Carcassonne décrivait ainsi : "Si le pouvoir a été exercé par un vaste magma politique, auquel ne sont étrangers que des formations extrémistes, les électeurs n'ont pas de véritable choix, et les sortants se trouvent reconduits, dans des proportions, qui varient faiblement, par résignation plus que par désir".

C'est bien la situation actuelle du pays. La centralité du pouvoir, cherchant sans cesse à conquérir des renforts sur ses ailes de droite et de gauche, favorise la seule opposition des extrêmes. Ses postures radicales dans la conduite des réformes contribue aussi à un combat bloc à bloc qui ne laisse guère de place aux autres formations républicaines et démocratiques très affaiblies. Scénario inédit et préoccupant car si, par malheur, la résignation succède un jour ou l'autre à la ferveur macronienne, que le désir d'alternance n'existe plus, il est probable que la solide Ve République doive alors affronter des soubresauts jusque là inconnus.

25 mai 2018

Il faut sauver Noura Hussein Hamad

Dans une tribune au « Monde », plus de cent personnalités demandent un procès équitable pour la jeune Soudanaise condamnée à mort le 10 mai dans son pays pour avoir tué son mari alors que ce dernier tentait de la violer.

Noura Hussein Hamad, une jeune Soudanaise de 19 ans, a été condamnée à mort le 10 mai pour avoir tué son mari alors que ce dernier tentait de la violer. Son père l’avait forcée à épouser cet homme alors qu’elle avait 16 ans, la loi autorisant dans ce pays le mariage des enfants de plus de 10 ans.

Noura ayant refusé de consommer le mariage, son époux a invité deux de ses frères et un cousin pour l’aider à la violer. Le 2 mai 2017, les trois hommes ont tenu Noura tandis que son mari la violait. Le lendemain matin, il a essayé de la violer à nouveau, mais elle a réussi à s’échapper vers la cuisine où elle a attrapé un couteau. En se défendant, elle a blessé son agresseur, qui a succombé à ses blessures.

Noura s’est ensuite enfuie dans sa famille, mais son père l’a livrée à la police. Un rapport d’examen médical de la lutte avec son mari a indiqué qu’elle avait subi des blessures, y compris une morsure et des égratignures. Lors de son procès, en juillet 2017, le juge a appliqué une loi désuète qui ne reconnaissait pas le viol conjugal. Noura Hussein a été inculpée en vertu de la loi pénale (1991) et reconnue coupable de meurtre intentionnel le 29 avril au tribunal pénal central d’Omdurman.

Faire pression sur les autorités judiciaires su Soudan

Il reste quelques jours pour faire appel de son exécution, jusqu’au vendredi 25 mai. Il faut mobiliser de toute urgence la communauté internationale pour faire pression sur les autorités judiciaires soudanaises afin qu’elles annulent cette condamnation injuste et cruelle. La peine de mort a été abolie dans de très nombreux pays dans le monde.

Nous demandons : l’annulation de la condamnation à mort de Noura ; un nouveau procès équitable pour Noura, prenant en compte le caractère forcé du mariage d’une très jeune fille, le viol et la légitime défense, toutes circonstances éminemment atténuantes ; un processus judiciaire qui tienne compte des conventions internationales en vigueur ; la présence d’observateurs internationaux.

On compte parmi les signataires de cette tribune : Claudia Abate-Debat (fondatrice et directrice de la Fondation post conflit développement), Eliette Abécassis (écrivaine), Isabelle Alonso (écrivaine), Jocelyne Adriant (présidente du Collectif pour le lobby européen des femmes), Ghislaine Arabian (chef-cuisinier), Saphia Azzeddine (romancière et réalisatrice), Nicole Bacharan (politologue, historienne), Elisabeth Badinter (philosophe), Josyane Balasko (actrice, réalisatrice), Nathalie Baye (actrice), Aurore Bergé (députée LRM des Yvelines) Juliette Binoche (actrice), Jane Birkin (artiste), Dominique Blanc (actrice), Carole Bouquet (actrice), Alma Brami (écrivaine), Sophie Bramly (productrice, présidente du Collectif 52), Irina Brook (actrice et metteur en scène), Karen Brunon (artiste musicienne), Belinda Cannone (écrivaine), Dominique Cantien (productrice), Sérénade Chafik (co-porte-parole de l’association Les Dorines), Diagne Chanel (artiste plasticienne, présidente du Comité Soudan), Laurie Cholewa (animatrice télé et radio), Natalie Dessay (cantatrice), Anne Hidalgo (maire de Paris), Isabelle Huppert (actrice), Camelia Jordana (artiste interprète, comédienne), Beate Klarsfeld (cofondatrice de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France), Caroline Madsac (vice-présidente du Collectif urgence Darfour), Mathilda May (actrice, auteure, metteur en scène), Dominique Méda (économiste), Nana Mouskouri (chanteuse), Marie N’Diaye (romancière), Charlotte Rampling (comédienne), Sonia Rolland (actrice, réalisatrice), Dominique Schnapper (sociologue, politologue et ancienne membre du Conseil constitutionnel), Anne Sinclair (journaliste), Leïla Slimani (romancière) et Karin Viard (comédienne).

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15 mai 2018

Réflexion

faire

13 mai 2018

Réflexion...

buko

7 mai 2018

Emmanuel Macron, entre autorité présidentielle et autoritarisme

Par Julie Clarini - Le Monde

Auteur de l’ouvrage « Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? », le philosophe Jean-Claude Monod décrypte la politique et la posture du président de la République.

Spécialiste de philosophie allemande et de philosophie politique, Jean-Claude Monod a publié en 2012 un ouvrage intitulé Qu’est-ce qu’un chef en démocratie ? (Seuil), réédité en poche en 2017 avec une postface inédite (Points). Un an après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, il revient sur sa manière de gouverner et d’incarner le pouvoir.

On se demandait si François Hollande arriverait à s’imposer à la tête de l’Etat un an après son investiture. La question ne se pose pas, à la même échéance, pour Emmanuel Macron… En revanche, tout en endossant la fonction d’un chef de l’Etat de la Ve République, ne donne-t-il pas parfois le sentiment de surjouer le rôle ?

Emmanuel Macron s’est en partie construit en opposition à la figure du « président normal » incarnée par François Hollande. Conscient des attentes majoritaires du pays, celles d’un chef plus affirmé, il a théorisé la métaphore jupitérienne et l’a appliquée de manière relativement efficace, me semble-t-il.

La Ve République a été pensée pour le général de Gaulle, dont la légitimité historique et le charisme personnel étaient vraiment exceptionnels. Emmanuel Macron cherche donc à habiter cette fonction, en retrouvant de la solennité et de la distance.

Il recherche aussi la rareté, cette fois plutôt par contraste avec Nicolas Sarkozy qui saturait l’espace public. C’est une idée que l’on trouve déjà chez certains dirigeants en Grèce ancienne. Périclès ménageait ses apparitions, il rendait sa parole rare pour qu’elle reste frappante. Une certaine économie de la parole et de la présence est un élément assez classique de prestige. Evidemment, le risque est que toute cette attitude bien pensée ne se retourne contre Emmanuel Macron, que le ridicule ne l’emporte ou qu’il s’avère trop ­ « petit » pour la fonction.

Mais le pari de sa présidence est bien de coller à un certain esprit de la Ve République qui investit beaucoup dans cette figure présidentielle, y compris dans ce qu’elle a de monarchique. S’il est vrai qu’il y a dans la Ve République une articulation entre démocratie et monarchie, au sens de l’incarnation de l’autorité dans un homme, je ne suivrais sûrement pas le diagnostic que M. Macron a développé en 2015, selon lequel la France a la nostalgie d’un roi. Il y avait dans la royauté l’idée d’une différence de nature entre le souverain et les sujets, qui nous est devenue insupportable.

Le charisme du chef est-il une qualité naturelle, personnelle, ou une construction ?

Le charisme politique est toujours construit, mais il ne l’est pas ex nihilo. Celui de Barack Obama, par exemple, était très construit. Bien sûr, au départ, il y avait chez lui un ethos, une certaine attitude, mais des agences de communication ont affiné tout cela. Chez M. Macron aussi, il y a des qualités intrinsèques, comme un art de l’argumentation, une certaine agilité intellectuelle, une capacité à aller au débat…

A mon sens, ce n’est pas un très bon orateur – ses discours ne transportent pas les foules –, mais c’est un excellent débatteur. Ce genre de qualités est ensuite beaucoup retravaillé. On sait d’ailleurs qu’il a fait appel à des agences de communication qui avaient étudié le cas de Barack Obama.

Comment cerner le type de chef que veut incarner M. Macron ? Il ne joue ni sur la corde patriarcale ni sur la corde viriliste…

Il y a un mélange chez lui d’autorité et de discours moderniste. Il conjugue un registre néolibéral – la « start-up nation », la confiance dans les marchés, etc. – avec une posture d’ordre et d’autorité assumée. Ce n’est pas inédit, c’est ce qu’on pourrait appeler un « libéralisme autoritaire ».

CE QUI EST CERTAIN, C’EST QU’EMMANUEL MACRON NE JOUE PAS AU PÈRE DE LA NATION OU TRÈS PEU, PRÉFÉRANT INCARNER UN CERTAIN DYNAMISME, JOUANT SUR SA JEUNESSE…

Il y a à cet égard un air de famille avec Margaret Thatcher, l’ancienne première ministre du Royaume-Uni [1979-1990], même si – heureusement, dirais-je – l’idéologie ­macronienne cherche en principe un équilibre avec l’Etat protecteur.

On songe aussi au Valéry Giscard d’Estaing [président de la République de 1974 à 1981] des débuts : un président jeune, de droite, européiste, qui a d’ailleurs pris des mesures sociétales progressistes, comme l’abaissement de la majorité à 18 ans ou la dépénalisation de l’avortement – sans équivalent chez M. Macron !

Ce qui est certain, c’est qu’Emmanuel Macron ne joue pas au père de la nation ou très peu, préférant incarner un certain dynamisme, jouant sur sa jeunesse… A part le général de Gaulle [1958-1969] et François Mitterrand [1981-1995], les présidents de la République ont peu investi la figure paternelle.

Quant à la dimension phallocratique du chef, elle n’est pas tout à fait désactivée – on le voit défilant sur un char ou rappelant l’armée à l’ordre –, mais elle est minorée car le personnage « privé » tel qu’il se construit – et tel qu’il est construit par les médias – inverse le schéma classique de l’homme âgé avec une femme plus jeune. Et les rumeurs d’homosexualité qui ont couru pendant la campagne ont contribué à installer un registre plus ambigu.

Lors d’une conférence à Abou Dhabi, en mars, Nicolas Sarkozy, ancien président de la République française, a déclaré que « les démocraties détruisent les leaderships ». Qu’en pensez-vous ?

Ce serait donc, si l’on en croit Nicolas Sarkozy, du côté de la Chine et de la Russie qu’on observerait des leadeurs authentiques. Mais ce type de pouvoir ne pose précisément pas la question du leadership dans les bonnes coordonnées, puisqu’il n’a pas à faire ses preuves auprès des citoyens ; il mine les possibilités d’expression du dissensus. La réflexion de l’ancien chef de l’Etat s’installe dans une vision du leadership où seuls rentrent en ligne de compte les critères d’autorité et ­d’« efficacité » de la décision.

Il semble tout de même étrange, après un siècle d’expériences totalitaires et de culte du chef, que le refus du chef tout-puissant ne soit pas posé comme point de départ. Ce qu’il est important de penser, au contraire, c’est ce que doit être spécifiquement un chef démocratique, avec les limitations que cela implique.

On peut donner des exemples de leaderships démocratiques dans l’histoire, de chefs qui ont eu de véritables capacités d’action, comme Franklin Delano Roosevelt, Charles de Gaulle ou Léon Blum. Ce dernier avait développé, avant d’être élu président du ­Conseil, toute une réflexion sur la nécessité du chef, preuve que cette dernière a eu lieu à gauche comme à droite.

Car on entend souvent dire que le chef est une figure de droite, mais c’est faux. La gauche a aussi beaucoup réfléchi sur la capacité d’action du chef en lien avec la délibération, les contre-pouvoirs, etc. C’est quand on détruit cette articulation qu’on bascule vers l’extrême droite ou l’extrême gauche, avec la figure du chef léniniste. Mais de manière générale, il y a une méconnaissance des tentatives pour penser la question du chef en démocratie.

L’historien résistant Marc Bloch [1886-1944] médite, pendant la guerre, sur ce que serait le chef républicain, celui qui entraîne par la raison un peuple dans son projet, débattu, objet d’un accord provisoire. Et surtout, rappelons que le chef démocratique est celui qu’on peut congédier. Vladimir Poutine, en muselant toute vraie opposition, a fait en sorte de ne plus pouvoir être congédié : il est aberrant de le présenter comme un modèle.

Emmanuel Macron, dans sa fonction actuelle de président, est-il proche de cette figure du chef en démocratie que vous tentez de cerner dans vos réflexions ?

Je dirais qu’il l’est en surface mais pas en profondeur. Il y a aujourd’hui une sorte de crise de l’art de gouverner démocratique. Cette crise se traduit par une poussée de leadeurs nationalistes faisant appel à des valeurs de repli et d’exclusion de l’étranger, de Viktor Orban en Hongrie, à Donald Trump aux Etats-Unis.

Dans ce contexte, il me semble que M. Macron a quelque dimension d’un chef démocratique puisque, au moins dans sa campagne, il n’a pas joué sur les ressorts xénophobes ; il a essayé de construire un récit de progrès, d’ouverture…

PEUT-ÊTRE Y AURA-T-IL, APRÈS LA DÉRÉGULATION, LA PROTECTION ? C’EST CE QU’ON NOUS PROMET.

Ce sont des dimensions de la démocratie moderne, héritées des Lumières avec leur horizon rationnel et cosmopolitique. Il n’en reste pas moins que sa pratique est tout autre, peu favorable au progrès de l’égalité, et très à droite : la loi sur l’asile et l’immigration est extrêmement répressive ; sa politique fiscale est profondément favorable aux intérêts des plus riches ; il y a eu plus de CRS dans les universités qu’il n’y en a jamais eu dans toute l’histoire de la Ve République… Mais peut-être y aura-t-il, après la dérégulation, la protection ? C’est ce qu’on nous promet.

Vos propos laissent penser que le chef démocratique est forcément de gauche. Doit-il nécessairement prendre en charge le sort des dominés ?

La démocratie, c’est le pouvoir du plus grand nombre, donc le chef en démocratie doit gouverner en étant profitable au plus grand nombre et pas seulement à une minorité. Dire cela n’est a priori ni de gauche ni de droite. On peut citer des gouvernements de droite qui ont fait des choses qui sont favorables à l’intérêt général. Mais les mesures fiscales prises depuis la présidence d’Emmanuel Macron ne sont favorables qu’aux plus riches, et non à la majorité du peuple – sauf à croire à la théorie du ruissellement et du premier de cordée, laquelle ne trompe plus grand monde.

Aristote disait déjà que la démocratie était le régime qui favorisait la plupart, donc les pauvres. Il ne le disait d’ailleurs pas en bonne part, alors qu’à mon sens on peut en faire un trait positif de la démocratie et une attente légitime à l’égard d’un chef authentiquement démocratique. Je ne cache pas qu’il s’agit plutôt d’une interprétation de gauche de la démocratie, mais elle me semble pouvoir faire l’objet d’un accord plus large.

ON A L’IMPRESSION D’UNE SURDITÉ FACE À DES FORMES DE CONTESTATION OU D’EXPÉRIMENTATIONS POLITIQUES, COMME LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES, D’UNE VOLONTÉ DE PASSAGE EN FORCE POUR SES RÉFORMES.

Et puis, est-ce qu’un chef démocratique ne devrait pas œuvrer à accroître la capacité d’expression du peuple dans sa pluralité ? Je pense que si. Or, le projet de réforme constitutionnelle semble tendre au contraire à amoindrir le pouvoir du Parlement. Par ailleurs, la gestion de la majorité est extrêmement caporalisée.

En somme, Emmanuel Macron est sur une ligne de crête entre la réhabilitation d’une certaine autorité présidentielle et l’autoritarisme. On a l’impression d’une surdité face à des formes de contestation ou d’expérimentations politiques, comme la ZAD de Notre-Dame-des-Landes [Loire-Atlantique], d’une volonté de passage en force pour ses réformes.

Or, Paul Ricœur [le philosophe présenté par M. Macron comme l’un de ses maîtres] notait ceci dans un entretien intitulé « Pour une éthique du compromis » [revue ­Alternatives non violentes, 1991] : « Le compromis est ce qui empêche la société de tomber en morceaux. Le conflit majeur résulte (…) de ce que tout, actuellement, appartient à l’ordre marchand. [Or] il y a des biens qui ne sont pas des marchandises, comme la santé, l’éducation, la citoyenneté… Le compromis s’inscrit entre les exigences rivales venant de ces ordres différents. »

Or, les contestations actuelles sont plus profondes que des contestations juste ponctuelles : elles engagent d’autres horizons de sens et d’usage, elles portent le projet d’organisations sociales qui seraient moins dans la logique marchande. Ce constat n’est pas présent à l’esprit d’un gouvernement qui fait vite donner la troupe.

Que pensez-vous de la figure que M. Macron joue sur la scène internationale ?

C’est le domaine le plus convaincant. Autant on peut être choqué par un certain nombre de décisions intérieures, autant au plan international, M. Macron cherche à transformer l’Europe, à faire de la France la garante d’engagements internationaux pour le climat…

Une dimension intéressante est son parler franc : il noue des liens sans renoncer à des inflexions démocratiques, il montre de la considération pour les peuples et les pays, mais tient un discours de vérité aux gouvernants – à géométrie variable cependant, voir la complaisance envers l’Arabie saoudite.

COMMENT SE FAIRE RECONNAÎTRE COMME INTERLOCUTEUR DANS LES REGISTRES PROPRES DE DIRIGEANTS COMME TRUMP ET POUTINE SANS ADOPTER LES CODES DE LA « POLITIQUE DES GRANDS SINGES » THÉMATISÉE PAR LES ÉTHOLOGUES ?

Il a reçu le représentant de la Russie, Vladimir Poutine, avec égards, mais il a dénoncé devant lui l’usage russe de médias et de campagnes sur Internet à des fins de déstabilisation des démocraties.

Mais cette fois encore, il est sur une ligne de crête : comment se faire reconnaître comme interlocuteur dans les registres propres de dirigeants comme Donald Trump et Vladimir Poutine sans adopter les codes de la « politique des grands singes » thématisée par les éthologues ? Sans rentrer dans la démonstration de force des mâles dominants ?

Car c’est ce qui frappe dans la mise en scène des rencontres. Faut-il en passer par là pour être un interlocuteur respecté ? Jouer le bras de fer au sens littéral ? C’est assez consternant sur l’état du monde politique. On pouvait imaginer être beaucoup plus avancé dans la déconstruction de ces postures de virilisme. On a affaire à des figures qui assument les traits les plus archaïques du pouvoir.

Emmanuel Macron est-il un objet d’analyse intéressant pour un philosophe ?

Certainement. Mais j’en profite pour soulever un point qui m’importe : la réforme Blanquer de l’enseignement au lycée fragilise la philosophie. Je trouve paradoxal qu’une telle marginalisation ait lieu sous le mandat du président le plus formé en philosophie de toute la Ve République.

9 avril 2018

C'est bien vrai !

vrai23

17 mars 2018

Cantat, mauvais tempo

Dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », explique que s’il oppose le droit à ses contempteurs, le chanteur semble ne pas avoir pris l’entière mesure des changements qui se sont opérés dans l’opinion depuis l’affaire Weinstein

Tant de sentiments se croisent autour de Bertrand Cantat, entre douleur, gâchis, gêne et indignation, qu’il est difficile de dire si le chanteur rock a le droit de remonter sur scène.

Dans la bataille qui oppose le droit et la morale, traité dans des tas de livres, c’est souvent la seconde qui l’emporte. Parce que le droit est froid et l’opinion passionnée. Or l’opinion a tranché. Du reste les défenseurs de l’ancien chanteur du groupe Noir Désir s’expriment avec des pincettes alors que ses contempteurs parlent haut et fort. D’abord la famille, surtout Nadine Trintignant, qui juge « dégueulasse » que Cantat ose aller sur scène après avoir tué sa fille Marie.

Le musicien en a tiré les conséquences. Chahuté, insulté, escorté, il se retire des festivals de l’été mais maintient ses concerts. Ce choix s’explique. Un concert n’attire que les fans. Dans un festival, il fait partie d’un programme, où il est associé à d’autres têtes d’affiches, et peut se retrouver face à un public hostile. Il peut brouiller un événement porté financièrement par des élus et des mécènes qui le jugent indésirable.

Des atouts qui se muent en ennemis

D’autres ne veulent pas de Cantat du tout. Difficile de savoir comment vont se passer ses concerts à venir, notamment ceux à l’Olympia, les 29 et 30 mai. Aussi le musicien dénonce-t-il une censure. Une double peine. A 54 ans, il demande une deuxième chance, comme d’autres y ont droit. Le problème est qu’il n’est pas comme les autres. Il est un chanteur public au talent fou, dont les atouts se muent en ennemis.

Arrêtons-nous sur le droit. Bertrand Cantat a été condamné à huit ans de prison par un tribunal lituanien pour avoir porté des « coups mortels » en 2003 à l’actrice Marie Trintignant, dans un hôtel de Vilnius. Incarcéré près de Toulouse, il sort de prison quatre ans plus tard, bénéficiant d’une libération conditionnelle. Mais pas d’un traitement de faveur – il aurait pu être libéré un an plus tôt, a dit un juge.

Cantat est donc libre de chanter, et le public de l’écouter. L’avocat Henri Leclerc dénonce un lynchage. Agnès Tricoire, déléguée à l’Observatoire de la liberté de création, une liberté d’expression qui se réduit. La ministre de la culture, Françoise Nyssen, après un moment d’hésitation, vient de dire que Cantat a le droit de « vivre sa vie ».

On n’applaudit pas un homme qui a tué une femme

Tout cela est juste mais peu audible. A cause du sentiment, ancien, qui veut que le puissant est mieux traité que l’anonyme, et du climat, récent, né du scandale Weinstein.

Quand Bertrand Cantat remonte sur scène en 2014, il donne des concerts sans trop d’émoi – il est vrai sur un projet collectif avec le groupe Detroit. Mais quand, en décembre 2017, il sort l’album solo Amor Fati, puis entame une tournée le 1er mars, l’indignation vient de partout. Les réseaux sociaux s’en emparent, efficaces pour porter la carrière d’un chanteur, et tout autant ici pour le faire tomber.

Et pour cela, le format du concert rock est la cible. Parce que son aura est intacte, en rien fragilisée par la consommation culturelle sur Internet, à la différence du disque. Il est le lieu de la révélation pour le rockeur, sa principale source de revenus aussi. Mais il est plus que cela. Le concert classique appelle le recueillement. Au théâtre, le public juge, il applaudit ou siffle. Le concert rock est festif. Une communauté s’y retrouve, se parle, communie avec le chanteur, lui signifie sa dévotion.

Autant de facteurs amplifiés par le magnétique Bertrand Cantat, transformé en « héros romantico-rock », comme l’a dit Marlène Schiappa. Cela, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et les associations féministes ne le supportent pas. On n’applaudit pas un homme qui a tué une femme. Sans doute s’il se contentait de publier des disques, de composer pour d’autres, d’écrire un roman dans sa chambre, ce serait différent. Mais allez imposer à un chanteur un devoir de discrétion…

Des mots et des gestes déplacés

C’est ainsi que Cantat s’est retrouvé en 2013, dix ans après le drame, en couverture du magazine Les Inrockuptibles avec entretien à la clé. Ce qui a provoqué peu de remous. Et puis le 11 octobre 2017, soit six jours après l’éruption du scandale Weinstein, le chanteur fait à nouveau la couverture du magazine avec entretien. Il y parle de ses états d’âme, du Brexit, beaucoup de son album solo. Cette fois, c’est l’indignation générale.

Cantat ne se rend pas compte qu’on ne peut pas l’écouter comme avant. Qu’on ne peut l’entendre faire la « promo » d’un disque. Qu’on ne peut plus, aussi, l’entendre donner des leçons sociales, comme il a pu tant le faire dans le passé. Quant aux Inrockuptibles, le magazine a brouillé avec cet entretien son image de journal à la pointe de la modernité, sur l’égalité des sexes par exemple. Comme s’il revenait dans l’ancien monde. D’autres non plus ne se rendent pas compte, comme ce festival qui le présente dans son programme comme un artiste « qui n’a rien perdu de son spleen et de sa rage ».

De plus, depuis quelques jours, Cantat en rajoute dans les mots et les gestes déplacés. Devant la salle de concert de Grenoble, le 14 mars, il s’est dirigé vers une opposante, lui a pris la tête entre les mains, et l’a embrassée sur le front. Il a parlé de retour au Moyen Age, a dénoncé « la violence » de ces femmes brandissant des pancartes contre lui. A conclu que ces gens sont sans doute encouragés par le « merveilleux climat ambiant ».

Oui, le climat ambiant est nauséabond quand on le traite d’assassin, quand on entend que son désir de scène relève de la psychiatrie, et quand, plus largement, on veut couper la moindre tête d’homme au mépris de la présomption d’innocence. Il est tout autant nauséabond quand des fans disent que le chanteur a juste fait « une connerie ». Mais il est salutaire, ce climat qui bouge les lignes entre les hommes et les femmes. A Cantat d’en prendre la mesure.

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