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Jours tranquilles à Paris
11 mai 2019

Gilets Jaunes

gilets jaunes

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10 mai 2019

La chrétienne Asia Bibi a quitté le Pakistan, plus de six mois après son acquittement

Son avocat a affirmé qu’elle était arrivée au Canada, après avoir été acquittée d’une condamnation à mort pour blasphème qui avait suscité l’indignation à l’étranger.

Plus de six mois après avoir été acquittée d’une condamnation à mort pour blasphème qui avait suscité l’indignation à l’étranger, la chrétienne Asia Bibi a quitté le Pakistan. « J’ai interrogé les canaux disponibles, et selon eux, elle est partie pour le Canada », où ses filles se sont réfugiées il y a plusieurs mois, a déclaré, mercredi 8 mai, son avocat, Saif Ul-Malook.

« Asia Bibi a quitté le Pakistan de son plein gré », a confirmé de son côté un cadre du gouvernement pakistanais à l’AFP. Dawn, le quotidien en anglais le plus lu au Pakistan, a également titré qu’Asia Bibi avait « quitté le pays », en citant une source anonyme au sein du ministère pakistanais des affaires étrangères.

La première ministre britannique, Theresa May, a également évoqué, devant la Chambre des communes, un départ d’Asia Bibi vers le Canada. « Ottawa a fait cette offre et nous pensions qu’il était juste et approprié que nous [la] soutenions », a-t-elle affirmé, tout en saluant les informations selon lesquelles Asia Bibi « a pu voyager librement » et peut maintenant « prendre des décisions concernant son propre avenir ».

« Je ne peux pas confirmer quoi que ce soit pour des raisons de vie privée et de sécurité », a expliqué le premier ministre canadien Justin Trudeau, mercredi, à des journalistes. Mi-novembre 2018, il avait indiqué à l’AFP être « en discussions avec le gouvernement du Pakistan » au sujet d’Asia Bibi.

Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010, après avoir été accusée par deux villageoises musulmanes avec qui elle travaillait d’avoir « insulté le prophète » lors d’une querelle autour d’un verre d’eau, écoute des responsables de la prison de Sheikhupura, près de Lahore au Pakistan, le 20 novembre 2010. | AP

Asia Bibi avait été condamnée à mort pour blasphème en 2010, après avoir été accusée par deux villageoises musulmanes avec qui elle travaillait d’avoir « insulté le prophète » lors d’une querelle autour d’un verre d’eau.

Dérives de la loi sur le blasphème

Son cas était devenu emblématique des dérives de la loi sur le blasphème au Pakistan, souvent instrumentalisée, selon ses détracteurs, pour régler des conflits personnels via la diffusion de fausses accusations.

Cette quinquagénaire avait fini par être acquittée en octobre 2018 par la Cour suprême pakistanaise, la plus haute instance judiciaire du pays, après avoir passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort.

Cette décision avait provoqué des violences dans de nombreux endroits du Pakistan, où le blasphème est une question incendiaire. Des milliers d’islamistes du groupe Tehrik-e-Labaik Pakistan (TLP) avaient notamment bloqué pendant trois jours les principaux axes du pays pour exiger sa pendaison. A la suite de ces manifestations, le gouvernement du premier ministre Imran Khan avait signé un accord controversé avec les islamistes : l’exécutif s’était engagé à lancer une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire et à ne pas bloquer la requête en révision du jugement que devait examiner la Cour suprême. L’accord a été critiqué par de nombreux Pakistanais, furieux que l’Etat ait cédé face aux extrémistes.

Malgré cette pression, la Cour suprême avait ensuite définitivement blanchi Asia Bibi, en janvier, en rejetant un recours contre son acquittement.

« C’est un grand soulagement que cette épreuve honteuse soit enfin arrivée à son terme et qu’Asia Bibi et sa famille soient en sécurité », s’est réjoui Omar Waraich, directeur adjoint du programme Asie du Sud d’Amnesty International. « Elle n’aurait jamais dû être emprisonnée, et encore moins subir les menaces constantes qui pèsent sur sa vie », a-t-il poursuivi, appelant à « abroger » la loi sur le blasphème au Pakistan.

4 mai 2019

1er-Mai : le parquet ouvre trois enquêtes pour des faits mettant en cause des policiers

La « police des polices » a été saisie après la diffusion, sur les réseaux sociaux, de vidéos sur lesquelles des membres des forces de l’ordre s’en prennent à des manifestants.

Nombreux tirs de gaz lacrymogènes, bousculades, sans parler de l’« intrusion » à la Pitié-Salpêtrière qui s’est transformée en affaire politique après les déclarations du ministre de l’intérieur Christophe Castaner… la manifestation du 1er-Mai à Paris a été particulièrement mouvementée.

Deux jours plus tard, après la diffusion de vidéos sur les réseaux sociaux, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) – ou « police des polices » – pour des enquêtes administratives portant sur trois membres des forces de l’ordre. Des vidéos montrent en effet l’un des trois fonctionnaires jeter un pavé, un autre semblant glisser sa matraque dans le pantalon d’un manifestant et un troisième donnant une gifle à un homme.

Le parquet a également ouvert trois enquêtes judiciaires visant ces faits pour « violences par personne dépositaire de l’autorité », avec arme pour deux d’entre elles (le pavé et la matraque).

Le policier lançant un pavé

La scène concernée s’est déroulée lors d’un face-à-face entre les forces de l’ordre et des manifestants, alors que la situation était confuse boulevard de l’Hôpital, dans le 13e arrondissement de Paris.

Sur la vidéo, on voit plusieurs policiers armés de boucliers et de lanceurs de balle de défense (LBD) faire face à un attroupement, tandis qu’à leurs pieds des pavés ont été descellés. Les images montrent ensuite un fonctionnaire d’une compagnie républicaine de sécurité (CRS), jeter un pavé en direction des manifestants. La vidéo ne montre pas où le pavé est tombé.

« S’il y a faute, il y aura sanction, sanction administrative et sanction judiciaire, a déclaré le ministre de l’intérieur Christophe Castaner lors d’un point presse en marge d’un déplacement à Toulon. Je n’ai pas à apprécier les images, on n’a toujours qu’un petit morceau d’image. En tout cas ce que j’ai vu me paraît suffisant pour déclencher cette enquête et je le dis sans aucun état d’âme. »

Le policier mettant sa matraque dans le pantalon d’un homme

Dans cette seconde affaire, des images publiées sur Twitter par le journaliste David Dufresne, montrent des policiers se tenir autour d’un homme assis par terre avant que l’un d’entre eux introduise sa matraque télescopique dans le pantalon de l’individu interpellé, en direction de ses fesses. Les faits ont eu lieu boulevard du Montparnasse, devant le restaurant Le Dôme (14e arrondissement).

Le policier giflant un manifestant

Enfin, sur une troisième vidéo, également tournée boulevard du Montparnasse et relayées par David Dufresne, on voit un policier gifler à deux reprises un homme. Ce dernier est ensuite bousculé, de même qu’une femme aux cheveux blancs.

3 mai 2019

Une enquête interne ouverte après qu'un CRS a été filmé en train de jeter un pavé le 1er mai à Paris

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1 mai 2019

Aujourd'hui à Paris...

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1 mai 2019

Défilé du 1er mai 2019

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1 mai 2019

Les Gilets Jaunes manifestent également aujourd'hui...

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1 mai 2019

C'est qui les black blocs ?

1 mai 2019

Tribune « Le “black bloc” est difficile à cerner, il s’agrège et se défait au gré des événements »

Par Sylvain Boulouque, Enseignant

Plusieurs générations et traditions politiques cohabitent au sein de cette mouvance qui pratique l’émeute urbaine pour lutter contre le capitalisme, explique l’universitaire Sylvain Boulouque dans une tribune au « Monde ».

Depuis maintenant une vingtaine d’années, dans de nombreuses manifestations et partout dans les démocraties libérales, un nouveau groupe est apparu dans les cortèges : le « black bloc », qui se présente comme une nouvelle pratique de l’anticapitalisme, en réplique aux nouveaux moyens de surveillance et de contrôle, et aux mutations de l’économie mondiale.

Le « black bloc » est avant tout une pratique manifestante. Formés de plusieurs dizaines ou centaines de personnes qui se masquent le visage et se couvrent de vêtements noirs, ces groupes cherchent à faire reculer les barrages policiers et à ouvrir un trajet non officiel aux manifestations. Ils assument et s’efforcent de banaliser un niveau de violence urbaine impliquant des risques élevés, tant pour les membres des forces de l’ordre que pour eux-mêmes, et pour les manifestants de base pris dans les affrontements.

De plus en plus souvent mixte – la présence de femmes y est en augmentation –, le « black bloc » est difficile à cerner, tant politiquement que socialement.

Au-delà de l’aversion commune envers le « capitalisme », il recrute sur des bases plus affinitaires que strictement idéologiques. Il s’agrège et se défait au gré des événements. Défiant l’ordre public, il s’en prend à tout bien matériel susceptible de symboliser le libéralisme économique et laisse derrière lui, inscrits au fil des dégradations, des slogans souvent rédigés dans une veine sarcastique.

Anonymat

Le « black bloc » n’a pas pignon sur rue. Si des appels explicites à l’émeute urbaine circulent et peuvent être relayés, notamment sur certains sites et sur les réseaux sociaux, ils ne sont pas signés et, comme la tenue noire, renvoient à l’anonymat. Ses membres, sauf exception, ne revendiquent jamais ouvertement leur participation.

Pour pouvoir se mettre en ordre de bataille, le « black bloc » bénéficie de la bienveillance des autres manifestants qui, sans prendre part aux affrontements, protègent sa formation. Le « cortège de tête », informel, avec lequel il n’a pas de démarcation claire, est à la fois son refuge et sa protection.

Dans ces groupes, plusieurs générations et plusieurs factions politiques cohabitent. Les plus anciens ont transmis l’expérience acquise depuis les années 1970. Si dans les deux décennies suivantes, les actions violentes sont devenues moins fréquentes, la culture de l’émeute n’a pas pour autant disparu.

Anarchisme

En Europe, ces pratiques renaissent à Gênes (Italie) en 2001 puis à Evian (Haute-Savoie) en 2003. Une nouvelle vague d’émeutiers émerge à Strasbourg, puis à Poitiers en 2009, rejoints ensuite par une frange des participants aux « zones à défendre » de Notre-Dame-des-Landes (loire-Atlantique) et de Sivens (Tarn) entre 2014 et 2018.

S’y mêlent certains manifestants contre la « loi travail » en 2016, des participants aux mouvements universitaires de 2018, jusqu’à la « casse » d’ampleur du 1er mai 2018. Il semble falloir compter aujourd’hui aussi avec le ralliement de « gilets jaunes ».

« LES DIFFÉRENTS COURANTS HÉRITIERS DE “L’AUTONOMIE” DES ANNÉES 1980, REFUSANT LES FORMES TRADITIONNELLES DE LA CONTESTATION POLITIQUE, SONT TRÈS PRÉSENTS »

Le « black bloc » forme donc un ensemble hétérogène aux traditions politiques bigarrées, comme le résume le slogan « Beau comme une insurrection impure », renvoyant au mélange des appartenances et des révoltes. Il bénéficie de la mansuétude voire du soutien tacite d’une partie de la gauche radicale anticapitaliste.

Les groupes se réclamant de l’anarchisme sont une composante importante, comme l’indiquent les drapeaux noirs et noir et rouge ainsi que le « A » cerclé bombé sur les murs. A la frontière entre anarchisme et marxisme, les différents courants héritiers de « l’autonomie » des années 1980, refusant les formes traditionnelles de la contestation politique, sont très présents.

De manière toujours informelle et déterminée par des choix individuels, des membres et des sympathisants de diverses déclinaisons du marxisme, se réclamant pour quelques-uns du maoïsme et pour d’autres du trotskisme, participent aussi aux affrontements. Cette porosité – impensable jusque dans les années 1990 – s’explique par l’affaiblissement des barrières idéologiques, les solidarités de terrain l’emportant sur les appartenances politiques.

Patchwork idéologique

L’explication est à chercher dans leurs engagements spécifiques et notamment dans la sociabilité associative.

Toujours sans aucune généralisation possible, les émeutiers peuvent appartenir à des nébuleuses variées : antifascistes radicaux, membres de collectifs contre les violences policières, aide aux migrants, écologie radicale, collectifs féministes, groupes de « solidarité internationale » avec les Palestiniens et les Kurdes, par exemple. La pratique sportive joue aussi un rôle, des sports de combat jusqu’au football, notamment à travers les clubs de supporteurs des villes ouvrières ou des quartiers populaires.

Loin du cliché sur les émeutiers issus prioritairement des milieux intellectuels, le « black bloc » actuel est beaucoup plus divers dans sa composition sociale. Si les premières analyses des participants au début des années 2000 montraient un haut niveau d’études, les différents éléments aujourd’hui recueillis soulignent une présence plus forte des milieux populaires.

« LE “BLACK BLOC” SOULIGNE L’HÉTÉROGÉNÉITÉ DES FORMES DE L’ANTICAPITALISME CONTEMPORAIN »

Cette « sédimentation » insurrectionnelle repose également sur des cultures musicales partagées. Si les plus anciens ont baigné dans l’atmosphère du punk rock anglais, les générations récentes ont de nouvelles références, où les paroles et les concerts soulignent la détestation de l’ordre social.

Les références historiques mises en avant témoignent aussi de ce patchwork idéologique : la Révolution française, la Commune de Paris restent incontournables mais s’y ajoutent les révoltes contemporaines. Les slogans utilisés soulignent le caractère bigarré d’une mouvance où se mêlent le vocabulaire propre aux banlieues, les clins d’œil aux séries télévisés, mais aussi la reprise d’aphorismes de René Char, comme « Agir en primitif et prévoir en stratège ».

Le « black bloc » souligne l’hétérogénéité des formes de l’anticapitalisme contemporain. Ses participants sont pour beaucoup des enfants de la démocratisation scolaire. Majoritairement issus des banlieues proches et plus marginalement des centres-villes, beaucoup se sont formés à la politique sur les bancs de l’université.

Les métiers qu’ils exercent recoupent en grande partie les classes moyennes. Ils renouvellent une volonté de rupture avec le fonctionnement de la société actuelle et s’inscrivent dans une forme de continuité, comme si les « enragés » d’hier étaient devenus les « ingouvernables » d’aujourd’hui.

Sylvain Boulouque, historien, enseigne dans les universités de Paris Nanterre, Cergy Pontoise et dans le secondaire.

24 avril 2019

Décryptages « Gilets jaunes » : la France rejette en bloc les critiques de l’ONU sur l’usage excessif de la force

Par Nicolas Chapuis

« Le Monde » s’est procuré la réponse française aux accusations de la haut-commissaire aux droits de l’homme. Paris y justifie l’usage d’armes de force intermédiaire et insiste sur les conditions « particulièrement difficiles » du maintien de l’ordre.

Si le ton se veut diplomatique, l’essentiel du propos ressemble à un courtois mais ferme « circulez, il n’y a rien à voir ». Mise en cause par l’Organisation des Nations unies (ONU) pour son « usage violent et excessif de la force » face au mouvement des « gilets jaunes », la France a fait parvenir sa réponse à l’institution le 11 avril, via sa mission permanente à Genève.

Un argumentaire de 21 pages, abondé par les notes du ministère de l’intérieur et de la justice, que Le Monde a pu consulter. Il résume la stratégie de défense du gouvernement face aux accusations de violences policières, dont Michelle Bachelet, la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme s’était fait le relais. « Nous demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force », avait-elle déclaré, lors d’un discours prononcé le 6 mars devant le Conseil des droits de l’homme à Genève.

En préambule, le document insiste sur les conditions « particulièrement difficiles » auxquelles ont été soumis policiers et gendarmes : « Ces manifestations ont été marquées par des violences graves commises par certains manifestants, à l’encontre des forces de l’ordre, des journalistes présents ou d’autres personnes. Il faut également souligner que des propos, inscriptions et agressions à caractère raciste, antisémite ou homophobe ont été constatés au cours ou en marge des mobilisations. »

Pas une « manifestation » mais un « attroupement »

Une entrée en matière nécessaire pour appuyer la thèse du gouvernement qui sous-tend l’ensemble de la réponse de la France à l’ONU : le cadre légal applicable n’est plus celui de la « manifestation » mais de « l’attroupement », à savoir « une manifestation qui a dégénéré dans la violence ». Ainsi se trouve justifié le recours massif aux « armes de force intermédiaire », les grenades lacrymogènes, de désencerclement et plus particulièrement les fameux lanceurs de balle de défense (LBD) : « A aucun moment le LBD n’est utilisé à l’encontre de manifestants, même véhéments, si ces derniers ne commettent pas de violences physiques, notamment dirigées contre les forces de l’ordre ou de graves dégradations. Mais alors il ne s’agit plus de manifestants, mais de participants à un attroupement violent et illégal. »

Quatre pages sont consacrées spécifiquement à la défense du LBD, rappelant son objectif premier : « Les policiers ont recours au LBD lorsqu’il est nécessaire de dissuader ou de stopper une personne violente ou dangereuse. » Les spécificités de l’arme sont décrites par le menu et sa dangerosité est en partie reconnue : « En fonction des munitions utilisées, le LBD 40mm est susceptible de causer des lésions importantes si le tir atteint des personnes situées à moins de 3 ou 10 mètres. »

Les nombreuses blessures engendrées par des tirs de LBD, largement répertoriées, ne sont pourtant nullement évoquées au fil du document, qui prend des pincettes avant d’évoquer de possibles dérapages : « Si des cas de mésusages sont toujours malheureusement possibles, (…) ils ne sauraient remettre en cause l’utilisation régulière de cette arme en cas de nécessité. » Et d’appeler à respecter le temps judiciaire : « Tant que les enquêtes en cours n’auront pas abouti, il n’est pas possible de déterminer, à ce jour, si les personnes blessées par des tirs de LBD l’ont été dans une situation justifiant le recours à cette arme, avec les conséquences malheureuses qui s’y attachent, ou dans une situation d’usage abusif, critiquable. »

« Contenir cette violence sans retenue »

De manière générale, le gouvernement défend tous les moyens de force intermédiaire (bâtons de défense, engins lanceurs d’eau, grenades lacrymogènes) permettant de maintenir une « distance qui est garante d’un maximum de sécurité, tant pour les forces de l’ordre que pour les personnes qui leur font face, en évitant le contact direct et les blessures subséquentes ». L’usage de ces armes « a permis de contenir cette violence sans retenue et d’éviter des morts tant dans les rangs des forces de l’ordre que dans les rangs des émeutiers ».

En revanche, il nie toute utilisation de « liquides incapacitants » démentant « formellement l’existence d’une telle arme ». La gendarmerie nationale avait reconnu le 16 mars avoir employé un « gaz poudre » lacrymogène très concentré, depuis un véhicule blindé, qui selon certaines sources aurait un fort pouvoir incapacitant.

Si la réponse de la France est datée du 11 avril, de nombreux passages sur les allégations d’entraves à la liberté d’information ne manqueront pas de faire écho aux événements de l’acte XXIII, samedi 20 avril, avec l’arrestation de deux reporters indépendants. Dans son rapport, l’ONU estimait que « de nombreux journalistes qui couvraient les manifestations ont été victimes de violences policières et d’attaques de la part de manifestants. »

S’il détaille bien les agressions de journalistes par des « gilets jaunes », le gouvernement ne s’étend en revanche pas sur celles qui seraient le fait des forces de l’ordre. Tout juste fournit-il des chiffres à fin mars : vingt-sept signalements ont été effectués par des journalistes sur la plate-forme de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) et dix enquêtes judiciaires ont été ouvertes. Par ailleurs, cinq plaintes auraient été enregistrées.

Défense de la loi anticasseurs

Parmi lesquelles celles de trois photographes de presse à Toulouse. « Il convient de préciser que les photographes étaient mêlés à des manifestants hostiles aux forces de l’ordre », affirme le document, ajoutant que l’origine des « projectiles » qui les ont frappés « reste à déterminer ». Une version qui ne correspond pas au témoignage des trois reporters qui se trouvaient à 25 mètres des manifestants, portaient des insignes « presse » bien visibles, et estiment ainsi avoir été « pris pour cible » par les forces de l’ordre, notamment par une grenade de désencerclement.

Une bonne partie du document s’attache enfin à expliquer le cadre juridique des contrôles d’identité et des interpellations réalisés en masse depuis le 17 novembre, et à défendre au passage la nouvelle loi anticasseurs, adoptée le 12 mars. Le gouvernement nie toute « pratique intimidante », renvoyant les questions de l’ONU « à une méconnaissance de la loi sinon à une description partiale de la situation ». Selon le document, « il n’a pas été procédé à des placements en garde à vue systématiques et nul en France ne saurait être arrêté et n’a été arrêté en raison de sa seule qualité de manifestant. »

Le gouvernement balaye ainsi toutes les interrogations, notamment sur l’usage très vaste du délit de « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations ou des violences » pour justifier l’ensemble des gardes à vue : « Le ministère de la justice (…) n’a pas été informé de quelconques “détournements de procédures”. »

Le détail des 290 plaintes contre les forces de l’ordre. Au 19 mars, 290 plaintes avaient été déposées contre les forces de l’ordre, dans le cadre du mouvement des « gilets jaunes ». 92 plaintes concernent des tirs de LBD, 37 sont dues à des grenades et dans 11 cas, un doute subsiste entre les deux armes. 41 plaintes visent des coups de matraque et 76 des violences avec une arme non identifiée. 22 personnes ont porté plainte pour des jets de projectiles, sans en préciser la nature, 6 personnes pour usage de gaz lacrymogène, 5 pour arrestation arbitraire ou violences pendant leur arrestation et une pour violence au moyen d’un véhicule. La qualification retenue est en général « violence avec arme par personne dépositaire de l’autorité publique ». Mais dans 54 cas, cela concerne des faits ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à huit jours et pour trois autres, c’est la « mise en danger de la vie d’autrui » qui a été retenue. 17 procédures ont été classées sans suite.

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