François dénonce « la corruption qui pue »
Le pape effectuait sa première visite à Naples, hier. Il a condamné la mafia et la corruption dans cette ville marquée par la précarité.
« Comme un animal mort pue, la corruption pue. La société corrompue pue. Et un chrétien qui fait entrer en lui la corruption pue. » François n’a pas mâché ses mots, hier, en visite à Naples. Il s’est adressé aux habitants du quartier défavorisé de la Scampia, fief de la Camorra (la mafia locale), où le chômage dépasse les 40 %. Il a écouté les témoignages d’un Italien sans emploi et d’une immigrante philippine. François a dénoncé le chômage structurel et a assimilé le travail au noir, répandu dans l’économie parallèle napolitaine, à de l’« esclavage ». Il a plaidé pour que les personnes sans domicile aient un toit :« Ils sont des citoyens, pas des citoyens de seconde classe ! »
Retourner à une vie honnête
Le pape s’est ensuite rendu dans le centre de Naples en papamobile découverte, accompagné du cardinal de la ville Crescenzio Sepe. 3 000 agents des forces de l’ordre, dont des tireurs d’élite, ont été déployés, indique la presse locale. Il a célébré une messe devant environ 100 000 personnes, sur la place du Plebiscito.« Aux criminels et tous leurs complices, avec humilité, je répète : convertissez-vous à l’amour et à la justice. Il est toujours possible de retourner à une vie honnête. Des mères en larmes le demandent. » Il a appelé les Napolitains à« réagir avec fermeté face aux organisations qui exploitent et corrompent les jeunes, les pauvres et les défavorisés. Que la corruption et la délinquance ne défigurent pas cette belle ville ! » Puis le pape s’est rendu à la prison Poggioreale. Il y est resté une heure et demie et a déjeuné avec 120 détenus dont une dizaine de transsexuels. Malgré un sombre tableau, François a tenu à souligner la vitalité d’une culture napolitaine millénaire :« La vie à Naples n’a jamais été facile mais n’est jamais triste. Sa grande ressource est la joie. »
Exposition Terry Richardson
Terry Richardson : « On disposait de plus de liberté avant »
Le photographe américain, réputé pour ses clichés à l’humour parfois provocateur pour les publicités et les magazines, critique la culture du buzz. Il expose à la galerie Emmanuel Perrotin, à Paris.
Comment vous est venue l’envie de travailler sur le sacré et le profane ?
Tout est parti d’un road trip que j’ai fait à travers les Etats-Unis. Sur l’autoroute, il m’arrivait de croiser un panneau pour un vidéoclub pour adultes et, juste après, un autre indiquant « Jésus nous regarde ». J’ai eu envie de travailler sur ces notions liées de religion, de honte, de sexe, de solitude et de beauté. Ces clichés racontent cet aspect si particulier de l’Amérique, cette tension entre nos désirs somme toute très humains et un christianisme irrationnel.
La photographie de mode a beaucoup évolué ces dernières années. Quel regard portez-vous sur la profession aujourd’hui ?
Nous sommes tellement bombardés d’images. Il y a une énorme pression pour faire des clichés qui se démarquent, qui fassent le buzz, quitte à sacrifier la qualité de l’image. Entre Internet, les blogs, Instagram et la presse, il y a tellement de compétition pour attirer l’attention. Ça crée un stress qui n’existait pas avant, on disposait de plus de liberté.
Quel regard portez-vous sur la vision libérée et décomplexée de la sexualité que vous véhiculez à travers vos clichés ?
C’est seulement l’un des aspects de mon travail. C’est évidemment un thème qui intéresse tout le monde et qui interpelle. Presque toutes les publicités utilisent le sexe, ou au moins le suggèrent, pour vendre un produit. La différence dans mon travail est peut-être que je suis intéressé par une sexualité libre et désinhibée, plus qu’une vision stéréotypée.
« The Sacred and the Profane », à la galerie Emmanuel Perrotin, 76, rue de Turenne, Paris 3e. Tél. : 01-42-16-79-79. Du 7 mars au 11 avril. www.perrotin.com