PARIS (Reuters) - "Je ne
m'enfermerai pas à l'Elysée".
Dans son livre-programme,
"Projet d'espoir", publié jeudi, François Bayrou évoque l'éventualité
de devenir, le 6 mai, le président "rassembleur" d'une France unie
autour de ses valeurs.
De la priorité donnée à l'école -
"l'alpha et l'oméga de l'égalité des chances" - à la culture -
"clé de voûte de notre société" - en passant par
"l'Himalaya" de la dette publique, le candidat de l'UDF y détaille le
canevas présidentiel qu'il tisse depuis des mois dans sa campagne de terrain.
En 194 pages divisées en courts
chapitres - le premier est consacré aux institutions, le dernier aux jeunes -,
le député béarnais prône une "stratégie d'espoir", un
"électrochoc" à même de répondre à l'inquiétude ambiante, à ces "visages
fermés autour des tables de familles".
S'il entre à l'Elysée, François
Bayrou veut être un président "rassembleur", "impartial",
simple et franc envers ses concitoyens.
"Je ne leur ferai aucune
promesse que je ne tienne. Je le dis à l'avance : si je suis élu, il n'y aura
pas de grand soir. Et pas, le lendemain, de matins qui chanteront tout de
suite", prévient le pourfendeur du clivage droite-gauche. "Je dirai
tous les jours la vérité aux femmes et aux hommes qui forment mon pays".
"Je ne m'enfermerai pas à
l'Elysée, mais j'irai à leur rencontre", poursuit-il "Je serai
proche, mais non familier. Je n'ai pas l'intention de renoncer à la solennité
de la fonction (...) Mais la solennité peut aller avec la simplicité".
"Du plus loin que je me
souvienne, j'ai toujours eu la France en mémoire, j'ai toujours eu la France en
tête", confie celui dont feu le président François Mitterrand avait, peu
avant de mourir, prédit l'entrée à l'Elysée.
Dans les quelques confidences sur
sa vie privée, François Bayrou évoque ses deux tracteurs - un véhicule dont
l'image lui colle à la peau - qu'il possède dans sa ferme de Bordères.
"L'un était celui de mon père" et l'autre "a marqué ma nouvelle
histoire d'amour avec la terre et les chevaux", écrit-il avant de rappeler
son "immense affection pour le monde paysan".
"DÉMOCRATIE SOCIALE"
Côté programme, la
"démocratie sociale" du candidat centriste se bâtit à l'ombre d'un
Etat qui "reconnaît qu'il n'est plus seul au monde, et que la société en
face de lui est légitime, qu'elle est son partenaire et que, souvent, elle sait
bien plus de choses que lui, dans sa majestueuse surdité".
Partisan d'une nouvelle
République, François Bayrou imagine "un Parlement fort et respecté",
qui n'aura plus recours au 49-3, obligera les élus à être présents dans
l'hémicycle et respectera les décisions de la Cour des comptes.
La lutte contre la dette, fruit
de "l'immense gaspillage actuel", passera par une "remise à plat
de l'ensemble des dépenses publiques" et "la rationalisation des
collectivités locales". Pour ce faire, il lance l'idée que départements et
régions soient administrés par les mêmes élus. Sa réforme
"équilibrée" des retraites concernera "tous les Français,
régimes ordinaires et régimes spéciaux".
Dans l'assez maigre chapitre
international, François Bayrou plaide pour un "monde équilibré, avec de
grands ensembles respectueux les uns des autres, qui donnera à chacun accès aux
grandes décisions". Face au risque de voir l'Europe "rejetée par les
peuples pour qui elle fut conçue", il se décrit comme "le président
d'une Europe lisible et compréhensible, transparente chaque fois quelle doit se
saisir de l'essentiel".
Il souhaite le maintien de
l'effort de défense tout en plaidant pour l'édification d'une "véritable
défense européenne, dans le cadre d'une politique de sécurité"
continentale.
En matière de sécurité, François
Bayrou se démarque, sans citer le président de l'UMP, des positions de Nicolas
Sarkozy.
"La répression, si dure
pourrait-elle être comme certains le souhaitent, est inapte à elle seule à
faire reculer la violence si elle n'est pas accompagnée d'une reconstruction de
la communauté nationale et de voisinage", écrit-il.
Opposé à la baisse de la majorité
pénale, il prône la rapidité des sanctions, préfère les travaux d'intérêt
général à la prison et souhaite donner un statut particulier au garde des
Sceaux, qui serait investi par le Parlement "afin qu'il échappe aux
préférences partisanes".
Parmi ses autres propositions
figurent la création d'un contrat d'union civile pour les couples homosexuels
ou non et une augmentation des crédits accordés aux associations d'aides aux
femmes battues.