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Jours tranquilles à Paris

1 octobre 2019

Adieux intimes et offices solennels pour un dernier hommage à Jacques Chirac

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Par Solenn de Royer, Benoît Floc'h, Béatrice Gurrey

Près de 2 000 personnes, dont 80 personnalités étrangères, ont participé à l’hommage rendu lundi à Paris à l’ex-chef de l’Etat, mort le 26 septembre, à l’âge de 86 ans.

Le long fleuve des anonymes venus rendre hommage à Jacques Chirac aux Invalides s’est à peine tari, à 7 heures, lundi 30 septembre, qu’un nouvel acte s’ouvre. La journée sera longue – millimétrée avec une impressionnante précision.

A 9 h 30, quelque deux cents invités ont rejoint la famille de l’ancien président de la République en l’église Saint-Louis des Invalides, pour une messe privée. Claude Chirac embrasse les uns et les autres, attentive, retenue.

C’est elle qui a organisé cette première partie des cérémonies consacrées à son père et l’essentiel de ce jour de deuil. La veille, une poignée d’anciens collaborateurs s’est mobilisée pour l’aider, comme avant, au temps de l’Elysée. Dimanche soir, elle a spontanément pris son manteau et elle est partie, accompagnée de son mari, Frédéric Salat-Baroux, remercier la foule qui, bravant les averses, avait patienté des heures pour dire au revoir à Jacques Chirac. « C’est un moment très fort. De là où il est, je pense qu’il doit être extrêmement ému et heureux », a-t-elle dit, en soulignant combien sa mère avait été réconfortée de cette présence si nombreuse.

Une famille

Qu’importe aujourd’hui la différence des parcours, des âges, des opinions : c’est la famille des chiraquiens qui est là, aux Invalides, pour dire au revoir au « Grand ».

Au premier rang, Bernadette Chirac bien sûr, dans son fauteuil roulant, assistée d’une aide-soignante qui sait, d’une caresse délicate sur la main, apporter un peu de réconfort. Auprès d’elle sa fille Claude, son gendre, Frédéric Salat-Baroux, son petit-fils Martin. Le dernier des Chirac, comme il le dira tout à l’heure, car sa mère a voulu, à sa naissance voilà 23 ans, qu’il porte ce nom, accolé à celui de son père, Thierry Rey.

Il sera le seul à prendre la parole au cours de cette cérémonie, baignée par le chant des fraternités monastiques de Jérusalem, un ordre dont sa grand-mère est proche. Il sait trouver des mots pour chacun et ils sonnent juste. Pour les officiers de sécurité, « remparts » de Jacques Chirac qui ont porté son cercueil. Pour sa mère, qui a « perdu une étoile, qui illuminait [sa] vie ». Pour le couple que formaient Jacques et Bernadette Chirac : le théâtre de leurs disputes, alors qu’ils ne pouvaient vivre l’un sans l’autre. Pour sa grand-mère, à qui manquera désormais le baisemain du soir.

Ils écoutent, tous, le cœur serré, ce jeune homme pale dire son affection et son admiration pour son grand-père. Les Pinault, les Arnault, les anciens collaborateurs, comme les « people » de la Chiraquie – Line Renaud, Muriel Robin, Patrick Sébastien, Vincent Lindon, Nicolas Hulot, Christophe Lambert… Les anciens premiers ministres, Juppé, Raffarin, Villepin. Les anciens ministres, Baroin, Debré, Toubon, Jacob, Alliot-Marie, Pécresse, Saint-Sernin, Muselier, Lamour, Breton, Donnedieu de Vabres, Copé, Delevoye. Les « diplos », les généraux, les Corréziens, les médecins, les fidèles secrétaires, et la haute stature d’Abdou Diouf… Une famille.

Et sonne le bourdon de Notre-Dame-de-Paris

Puis l’hommage officiel commence, dans la cour d’honneur, où Jacques Chirac a tant de fois conduit, en président, cette cérémonie, quand s’éteignaient les derniers Résistants ou que les soldats mouraient au combat. Dans ce décor austère, baigné d’un soleil frais, différents corps d’armée sont réunis pour rendre les honneurs militaires. C’est le cas du 1er régiment des chasseurs d’Afrique (RCA), où Jacques Chirac, a servi, au 11e puis au 6e régiment, lors de son service militaire en Algérie.

Après l’arrivée d’Emmanuel Macron, peu avant 11 heures, le cercueil de l’ancien président, drapé de tricolore, a été déposé au centre de la cour, au pas cadencé par les tambours. Sous le regard sombre de Napoléon Ier, la garde républicaine a joué la sonnerie aux morts, suivie d’une minute de silence puis de La Marseillaise. Le chef de l’Etat, le visage grave, s’est incliné devant le cercueil. Et c’est sur la célèbre Marche funèbre de Chopin que celui-ci a quitté les lieux, ouvrant la voie au président de la République qui suivait, seul et à pas lents, la dépouille de son prédécesseur. Et c’est alors que sonne, pour la première fois depuis l’incendie du 15 avril, le bourdon de Notre-Dame de Paris.

Après l’adieu intime, l’office solennel. La famille d’un côté, la nation de l’autre. Comme ce fut le cas pour de Gaulle, Pompidou et Mitterrand, les obsèques de Chirac donnent lieu à deux messes. Mais c’est la première fois que celles-ci sont toutes deux célébrées à Paris, en présence du cercueil.

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Sur le parvis de Saint-Sulpice, qui fait office de cathédrale diocésaine depuis l’incendie de Notre-Dame, les personnalités invitées glissent sur le tapis rouge, posé sur les marches de l’église. Et c’est toute l’histoire politique de la Ve République qui défile, ses ambitions contrariées et ses conquêtes, ses espoirs et ses défaites, ses coups bas, ses trahisons, mais aussi des combats partagés qui forgent des fidélités pour l’éternité, de folles épopées.

Le « nouveau monde » se mêle à « l’ancien »

Autour du cercueil de l’aîné, qui occupa la scène pendant plus de quarante ans, plusieurs générations politiques, figées dans l’instant, se jaugent et se comparent, peuvent mesurer le passage du temps, comme si brusquement, c’était l’heure des bilans.

Toute la Chiraquie, présente à la première messe, a rejoint Saint-Sulpice. Elle croise les ennemis d’hier : l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, 93 ans, le favori de la présidentielle de 1995, Edouard Balladur, 90 ans, ou encore Nicolas Sarkozy, qui a salué, jeudi, la mémoire de Chirac en indiquant qu’avec lui, c’était « une part de sa vie » qui disparaissait aussi.

A gauche, Ségolène Royal et Manuel Valls, qui ont vu se fracasser leurs rêves présidentiels, comptent parmi les rares personnalités à répondre aux caméras de télévision, postées devant l’église. L’ancien premier ministre de cohabitation, Lionel Jospin, évincé dès le premier tour de la présidentielle de 2002, évite en revanche les micros.

Tout de noir vêtue, l’ex-ministre Roselyne Bachelot descend d’une moto taxi, ébouriffée. Son ami François Fillon, défait à la présidentielle de 2017, salue froidement son successeur à Matignon, Edouard Philippe, transfuge de la droite en Macronie.

Les représentants du « nouveau monde » se mêlent à ceux de « l’ancien » dans un ballet unique, singulier. Ainsi, les candidats à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux, André Villani, Anne Hidalgo ou Rachida Dati, côtoient l’ex maire, Jean Tibéri. Ils sont tous là. Seul manque le Rassemblement national, exclu d’office par la famille Chirac, en mémoire des combats passés, et la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon ayant préféré aux encens la cérémonie laïque organisée lundi à l’Assemblée nationale.

Macron-Hollande, une poignée de main glaciale

Dans la petite foule, qui patiente sur la place Saint-Sulpice, au pied de la fontaine, Monique, une « retraitée du quartier », évoque une « génération qui s’en va », un « monde révolu ». L’ancien ministre, Jean-François Copé, qui dit avoir « tout appris » de l’ancien président de la République – y compris comment, en campagne, « n’oublier personne » lors des porte-à-porte – médite lui aussi sur « la fin d’une époque » et prophétise : « cette cérémonie est la dernière du genre, c’est fini ».

Applaudie quand elle arrive, au bras de son fils Martin, Claude Chirac met la main sur le cœur, s’incline et remercie, avant de gravir à son tour les marches de l’église. Emmanuel et Brigitte Macron arrivent les derniers. A midi, le glas résonne dans le ciel d’automne, incertain. Porté par ses anciens officiers de sécurité, le cercueil de l’ex-président avance lentement dans la nef, sur un requiem de Fauré.

La famille est assise au premier rang, sur la gauche en regardant le cœur, tandis que Macron et les anciens présidents, Hollande, Sarkozy et Giscard, ont pris place sur les bancs, à droite. Pendant la communion, François Hollande se lèvera pour serrer la main de Giscard, suivi par Carla Bruni. Quant à Macron, il salue ses trois prédécesseurs : la poignée de main avec Hollande est glaciale.

Les chefs d’Etat étrangers ont eux aussi été placés sur le côté droit. Parmi eux, Bill Clinton qui vantera un « président incroyable », le premier ministre libanais Saad Hariri, bouleversé, dont la famille est très proche des Chirac, de nombreux chefs d’Etat africains, ou encore Vladimir Poutine, entré discrètement par une porte latérale. Près de 70 chefs d’Etat déjeuneront ensuite à l’Elysée, comme ce fut le cas après les obsèques de François Mitterrand.

« Adieu et merci, Monsieur Chirac »

Vingt-trois ans après l’homélie poignante du cardinal Lustiger pour l’ancien président socialiste, l’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, salue en Chirac « un homme chaleureux » qui avait un « véritable amour des gens », « aussi à l’aise dans les salons de l’Elysée qu’au Salon de l’agriculture ». Il évoque aussi la « fracture sociale », axe de campagne de 1995, et l’attention qu’avait l’ancien président pour « les plus petits », ceux qui « restent au bord de la route ». Après avoir rappelé l’engagement de Chirac pour le climat et contre la guerre en Irak, il termine par ces mots étranges : « Adieu et merci, Monsieur Chirac ».

A la fin de la messe, au cours de laquelle le maestro Daniel Barenboim interprète un impromptu de Schubert, choix du président de la République, Mgr Aupetit et le recteur de Notre-Dame de Paris, Mgr Chauvet, suivis par les concélébrant, accompagnent le cercueil, applaudi par la foule, jusqu’à la voiture qui l’emporte jusqu’au cimetière du Montparnasse.

Un coup de vent soulève soudain leurs chasubles mauves, couleur du deuil, tandis qu’une nuée de pigeons dansent au-dessus de la place. Au milieu de la foule, une Marseillaise est entonnée par quelques-uns, mezzo voce, mais elle ne prend pas vraiment. Sur les écrans géants, une photo de Jacques Chirac, sur le perron de l’Elysée : il sourit et, le bras levé au ciel, fait un salut de sa grande main.

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1 octobre 2019

Extrait d'un shooting

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1 octobre 2019

Les mannequins du défilé Balenciaga ont-ils eu recours à la chirurgie esthétique ?

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Pommettes sculptées, lèvres gonflées... Zoom sur les makeups troublants des mannequins du défilé Balenciaga printemps-été 2020, réalisés par le maquilleur Alexis Kinebanyan et son studio KFX.

Si Balenciaga a choisi d’explorer la garde-robe professionnelle pour la saison printemps-été 2020, côté maquillage la maison a fait fort. Habituée à représenter des archétypes totalement identifiables, on a vu défiler sur le catwalk 11 mannequins aux visages hors normes. Le make up artist Alexis Kinebanyan et son studio KFX ont créé pour l'occasion des pommettes sculptées en 3D et des lèvres exagérément gonflées. A l'arrivée : l'impression frappante que les mannequins avaient subis de la chirurgie esthétique. C’est à l’aide de prothèses que le maquilleur a réussi à créer des visages squelettiques et l’illusion de lèvres XXL. Le résultat était résolument déroutant.

1 octobre 2019

Pauline Moulettes

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1 octobre 2019

Abus sexuels dans l’Eglise : la commission d’enquête relance son appel à témoigner

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Par Cécile Chambraud

Malgré de nombreux appels et courriers reçus, la commission présidée par Jean-Marc Sauvé estime que des victimes n’ont pas encore été en mesure de témoigner.

Eric Boone a été l’un des premiers à témoigner devant la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). Deux membres de cette commission, créée à la demande de l’épiscopat et de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) pour faire la lumière sur les violences sexuelles commises par des clercs contre des mineurs et des personnes vulnérables depuis 1950, l’ont reçu au mois de juin.

Pendant deux heures, à 46 ans, ce théologien de formation leur a raconté les attouchements et agressions sexuelles subies d’un frère dominicain, Dominique Cerbelaud, lorsqu’il avait 13-14 ans, dans la région toulousaine. Ses parents l’avaient adressé à ce religieux, admiré, dans l’espoir qu’il aide leur fils après un camp scout où le jeune garçon avait été le témoin d’une agression sexuelle par un encadrant sur un jeune.

En juin, la Ciase a lancé un premier appel à témoignages. Deux mille deux cents appels, courriers et courriels lui sont déjà parvenus. Sept cents personnes ont accepté de répondre à un questionnaire détaillé. Certaines sont auditionnées directement par la commission. « Nous entendrons le plus possible de victimes parmi celles qui en feront la demande », assure Jean-Marc Sauvé, son président.

Un état de « sidération absolue »

En dépit de cet afflux, la Ciase estime que de nombreuses victimes n’ont pas encore été en mesure de témoigner. « Entendre l’appel n’est pas toujours suffisant pour se confier, constate M. Sauvé. Certaines sont murées dans le silence. » Pour « lever les freins et les inhibitions », la commission renouvelle aujourd’hui son appel à témoignages. Radios, télévisions, presse locale, réseaux sociaux, réseaux catholiques… Tous les canaux sont mobilisés.

Pour aider certains à franchir le pas, la commission voudrait rendre publics quelques témoignages, préalablement anonymisés. Elle estime que cela permet de faire comprendre non seulement ce qui s’est passé, mais aussi les conséquences que ces faits ont eues tout au long d’une vie. A terme, ces témoignages pourraient fournir la base d’« un mémorial de la parole des victimes » car « ils véhiculent un message qui comporte une part d’universel », indique M. Sauvé.

Pour une victime, il est difficile de se résoudre à divulguer une histoire aussi traumatisante. Cela ne peut se faire qu’au terme d’un cheminement où interviennent rencontres, réactions de l’entourage, force intérieure et circonstances. Comme d’autres, Eric Boone est parti d’un état de « sidération absolue ». A l’époque, pour « protéger [s]es parents », par honte, par sentiment de culpabilité, il n’a rien dit à sa famille. Ce silence a duré près de vingt ans.

A la différence d’autres, il n’a pas expérimenté d’amnésie traumatique. Au contraire, explique-t-il, aujourd’hui encore, « il n’y a pas une journée où je n’y pense pas, que ce soit par une image ou une phrase. C’est ça, le venin. On ne peut pas ne pas y penser ».

Sentiment de « culpabilité de n’avoir rien vu »

Il croit alors être le seul à avoir été violenté par le dominicain. Mais vers 2004, il apprend que d’autres portent des accusations semblables. C’est le début d’un long ébranlement qui conduira à son témoignage, des années plus tard. Après un appel d’une amie de la famille à ce sujet, il se confie à sa femme. Puis à ses parents, qui se retrouvent accablés d’un sentiment de « culpabilité de n’avoir rien vu, rien su » et « ne s’en sont jamais remis ». « Pour moi, leur réaction a été un déclencheur très fort », insiste-t-il.

Sur la plainte d’autres victimes (mineures et majeures, dont des femmes), un procès canonique (interne à l’Eglise) est ouvert en 2005 contre Dominique Cerbelaud. Comme c’est la règle, il est conduit dans le plus grand secret. Eric Boone témoigne au cours de la procédure. Il apprend le verdict en 2008 : le dominicain a été condamné à une suspension d’un an au moins de ministère, qu’il doit passer à l’étranger. « La peine me parait assez légère », euphémise-t-il. « L’Ordre [des dominicains] est puissant. Il a tout traité en interne et n’a guère pensé aux victimes », lui écrit Albert Rouet, l’archevêque de Poitiers.

A la même période, le trentenaire intègre le groupe des Dombes, prestigieuse assemblée œcuménique rassemblant tous les ans une quarantaine de théologiens chrétiens. Il y retrouve le dominicain, qui l’intercepte à son arrivée : « N’oublie pas deux choses : tu dois ta place ici à mon intervention. Et je nie en bloc ton témoignage. »

« Un abus spirituel et d’autorité »

Plusieurs années passent avant qu’en 2016, la création et l’activisme de La Parole libérée, l’association créée à Lyon par des victimes de l’ancien aumônier scout Bernard Preynat, « interrogent beaucoup » Eric Boone, notamment « sur la justesse de [s]on silence ». Le dernier grand déclencheur, même si « le travail faisait son chemin », c’est la « lettre au peuple de Dieu » du pape François, publiée le 20 août 2018.

Ce texte demande « la participation active de tous » pour « éradiquer la culture de l’abus ». « Ça m’a bouleversé, témoigne-t-il. Il nomme les différents abus – spirituel, de pouvoir, sexuel – et je me suis dit : c’est exactement ça. Le crime sexuel vient comme un aboutissement d’un abus spirituel et d’autorité. » Se précise pour lui le sentiment que « se taire, c’est devenir complice. » Il y puise « une détermination absolue ».

Mais il se heurte à une question : « Que faire, puisqu’il y a prescription ? » Il commence par informer le président du groupe des Dombes, qui exclut Dominique Cerbelaud. Puis il consulte Véronique Margron, une théologienne dominicaine qui préside la Corref. Il la connaît bien et elle est très investie contre les violences sexuelles. Elle fait aussitôt un signalement au procureur de la République de Toulouse et lui conseille d’écrire son témoignage. « Ça aussi, ça m’a libéré. » Puis il saisit la Ciase à peine constituée.

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« Une culture du silence protège le système »

En ce début 2019, les événements se bousculent. A la suite du signalement de Véronique Margron, il est entendu par un enquêteur et porte plainte. Il accède aux témoignages de l’enquête canonique et se rend compte de l’ampleur du désastre. Il croit comprendre que, chez les dominicains de Toulouse, « des frères étaient au courant depuis toujours et que personne n’a rien dit. Les provinciaux successifs savaient et n’ont rien fait, ils ont tout fait pour étouffer. Parmi ceux qui se taisaient, certains avaient leur rond de serviette à la maison ».

Il assiste effaré à la diffusion du documentaire d’Arte sur les religieuses violées par des prêtres, à la sortie du film de François Ozon sur l’affaire Preynat, à la condamnation du cardinal Barbarin pour non-dénonciation d’atteintes sexuelles, à la mise en cause du nonce en France… « Je me suis dit : c’est un système qui produit et protège cela. Il y a une culture du silence qui protège le système. » Il décide de faire connaître l’affaire. Il la raconte à La Croix en juillet. « Je suis intimement convaincu qu’il y a d’autres victimes. C’est pour cela que je témoigne. »

Parallèlement à ce travail de sollicitation des témoignages, la Ciase prépare la suite. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) les analysera. La Maison des sciences de l’homme produira des monographies sur des congrégations et des diocèses déterminés afin de comprendre le contexte des abus et leur « traitement ». La liste des terrains choisis est en passe d’être bouclée. L’Ecole pratique des hautes études travaillera sur la dimension socio-historique par des plongées dans les archives. La chancellerie devrait demander aux parquets de faire un inventaire des faits dont ils ont eu connaissance. Pour les périodes plus anciennes, les archives nationales seront sollicitées, de même que des archives départementales ciblées.

Les diocèses et les congrégations avaient jusqu’au 30 septembre pour transmettre à la commission un état des lieux des clercs mis en cause. « Il y a dix jours, 19 diocèses, 26 congrégations féminines, 24 masculines l’avaient fait », informe M. Sauvé. Certaines recensions seraient nettement moins « documentées » que d’autres.

La commission commencera par les archives centrales de l’Eglise catholique, avant de cibler des archives particulières. Il n’est pas exclu que, pour certaines, se pose la question du secret pontifical, qui en barrerait l’accès. Une demande de dérogation a été transmise à la curie romaine. Mais l’Eglise catholique est-elle en mesure, aujourd’hui, d’opposer le secret à une commission qu’elle a suscitée pour faire la lumière sur ces faits qui la discréditent ?

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1 octobre 2019

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1 octobre 2019

Valerio Adami - La gloire des années 80

Galerie Templon

La Galerie Templon revient sur l'éclosion de l'artiste Valerio Adami

Sa peinture associe le savoir, la mémoire et les émotions. Valerio Adami est un artiste précoce formé dans la tradition du dessin néo-classique à l’Académie des Beaux-Arts de Brera en Italie, où il fait une rencontre fondatrice pour son parcours alors qu’il n’a que 16 ans : Oscar Kokoschka, dont il découvre le Prométhée à la Biennale de Venise, lui faisant comprendre la dimension mentale et la puissance intellectuelle de la peinture. Grand voyageur, il rencontre des poètes et des écrivains du monde entier qui nourrissent sa propre réflexion sur la construction de ses dessins et de ses tableaux. Sa peinture est le fruit d’une analyse subtile, ancrée dans la tradition classique occidentale dont il est issu pour créer une œuvre à la fois hors du temps et profondément moderne, grâce à des aplats figuratifs aux couleurs vives contournées de noir, rappelant le style de la bande dessinée. En présentant un choix d’œuvres des années 80, le parcours porte un nouvel éclairage sur une période qui a vu l’artiste s’épanouir – c’est d’ailleurs lors de celle-ci qu’il réalise les vitraux de l’Hôtel de Ville de Vitry, les fresques du Théâtre du Châtelet puis de la Gare d’Austerlitz. Le voyage devient dès lors un thème récurrent dans une œuvre où Adami ne cesse de tisser des liens entre les générations et les territoires.

His painting combines knowledge, memory and emotions. Valerio Adami is an early artist trained in the tradition of neo-classical drawing at the Brera Academy.

GALERIE TEMPLON

Jusqu'au 19 octobre 2019

30, rue Beaubourg, 75003 Paris

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1 octobre 2019

Nuit Blanche - Samedi 5 octobre 2019

Pour son édition 2019, la Nuit Blanche présente Les fusillés de Johann Soussi. L’exposition s’approprie, l’espace d’une nuit, en plein air, en son et lumière le Square Claude-Nicolas Ledoux, Place Denfert-Rochereau, dans le 14ème arrondissement de Paris. 29 panneaux photographiques grand format investiront samedi 5 octobre de 20h à 7h du matin les allées de cet espace vert insolite accolé au Musée de la Libération, face au Lion de Belfort. Le visiteur noctambule partira, le temps d’une nuit, à la découverte de cette parcelle historique transfigurée pour l’investir et la réinventer au fil d’un parcours photographique immersif. En partenariat avec : La Ville de Paris, La Mission pour le Centenaire, Le Ministère des Armées, IDN Events, Fotodart, Phi-Link, Exos-Consultants, Mascaret Films et Artistik Rezo.

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Ici, un soldat court dans le brouillard, fuyant l’ennemi. Là, un homme face à son triste sort attend son inexorable exécution… On pourrait croire à d’authentiques images d’archives, des clichés qu’un soldat aurait pris dans la folie d’un terrible champ de bataille et qui auraient traversé un siècle d’histoire. Le noir et blanc ne doit pas induire en erreur, le réalisme des scènes non plus.

Les photographies ont été prises au printemps 2014 par le photographe Johann Soussi sur le tournage du film Les Fusillés réalisé par Philippe Triboit (Un Village Français) et produit par Mascaret Films (La Journée de la Jupe) dans le cadre du Centenaire de la Première Guerre mondiale. Le photographe s’est invité sur le plateau durant les cinq semaines de tournage et a capté, entre les prises, des instants rares. Sur le vif. Il en ressort un travail photographique composé de 29 images en noir et blanc argentique qui plongent le visiteur au cœur de la Grande Guerre et arrachent des moments de poésie au fracas des armes en donnant à voir de manière spectaculaire ou intime des scènes du front et de l’arrière. Johann Soussi inscrit ses images dans un travail de mémoire qui reçoit en 2014 le label Centenaire et fait depuis l’objet, dans le cadre des commémorations de la Grande Guerre, d’un partenariat avec la Mission pour le Centenaire.

Plus d’informations sur : www.johannsoussi.com / https://quefaire.paris.fr/85393/johann-soussi

Informations pratiques

Square Claude-Nicolas Ledoux

Place Denfert-Rochereau, 75014 Paris, France

Samedi 5 octobre de 20h à 7h

Vernissage : samedi 5 octobre de 19h à 20h

M° Denfert-Rochereau (lignes 4 – 6)

Accessible aux personnes à mobilité réduite

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1 octobre 2019

Brigitte Bardot = 85 ans le 28 septembre

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Brigitte Bardot (également connue sous les initiales de « BB »), née le 28 septembre 1934 à Paris, est une actrice de cinéma, mannequin, chanteuse et militante de la cause animale française.

Figure féminine des années 1950 et 1960, elle est une star mondiale, l'égérie et la muse de grands artistes de l'époque. Emblème de l'émancipation des femmes et de la liberté sexuelle de cette époque, elle incarne des rôles de femme-enfant et de femme fatale.

Elle tourne avec plusieurs grands réalisateurs, interprétant des personnages à l'élégante légèreté et à la sensualité photogénique. Elle devient rapidement un sex-symbol et acquiert une renommée internationale. Avec à son actif 45 films et plus de 70 chansons en près de 21 ans de carrière, Brigitte Bardot est une des artistes françaises les plus célèbres au monde.

En 1973, elle met un terme à sa carrière d'actrice pour se consacrer à la défense des droits des animaux, notamment avec la création de la fondation Brigitte-Bardot. À partir des années 1990, elle suscite le débat en raison de prises de position hostiles à la montée de l'islam en France et aux égorgements rituels d'animaux sans étourdissement préalable.

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30 septembre 2019

La lettre politique de Laurent Joffrin - Chirac : l'hommage mesuré

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Quitte à émettre une fausse note dans le concert des célébrations, on osera remarquer que l’hommage du pays à Jacques Chirac est un peu mou, ou encore en demi-teinte, sinon en clair-obscur. Quelques milliers de personnes émues lui ont rendu hommage dimanche. Le geste est respectable mais l’engouement limité. Johnny Hallyday a déplacé aux Champs-Elysées dix ou vingt fois plus de monde.

Chacun loue à juste titre le don d’empathie de l’ancien président et sa volonté sincère de maintenir l’unité du pays. Mais pour le reste, le bilan est pour le moins contrasté. Sur douze ans de pouvoir suprême, cinq ont été concédés à Lionel Jospin, qui fut un bon Premier ministre et qui a présidé à une période de redressement économique et de réformes sociales. Les sept années restantes ont surtout été consacrées à colmater tant bien que mal les brèches ouvertes par la crise sociale et économique dans la cohésion nationale. Avec ces révoltes périodiques qui ont contrecarré les ambitions du président. Vaste mouvement lycéen en 1986, grève interminable de la SNCF en 1995, protestation juvénile contre le projet de contrat première embauche (CPE) promu par Dominique de Villepin, embrasement des quartiers sensibles, défaite en rase campagne après la dissolution de 1997, ratage gouvernemental après la victoire à 82 % contre Jean-Marie Le Pen. Une succession de reculs et de fausses manœuvres plus qu’un règne actif, dont la dernière partie fut obérée par la maladie.

Bilan mitigé donc aux yeux de la droite française, qui a désespéré de voir la France se réformer comme elle le souhaitait. Les libéraux déplorent la hausse des impôts, et surtout celle des dépenses publiques. La droite identitaire, qui déborde désormais le seul RN, se souvient que le Chirac de 1976 fut celui qui a instauré en France le regroupement familial en faveur des immigrés, péché originel selon elle. La même droite droitisée regrette tout autant que ce président de droite reste dans les mémoires pour avoir légalisé l’IVG, voté l’abolition de la peine de mort, refusé sèchement toute alliance avec les lepénistes, introduit le principe de précaution dans la Constitution, choisi systématiquement l’Europe à l’heure des grandes décisions (Maastricht, le référendum sur le traité constitutionnel, etc.). Une droite trop à gauche à ses yeux. La gauche, les progressistes européens, s’en félicitent, mais ils ne peuvent oublier que Chirac fut néanmoins le chef infatigable et souvent agressif du camp adverse et un contempteur de la «fracture sociale» qui n’a pas su traduire en actes son juste diagnostic.

Nostalgie néanmoins ? Certes. Mais elle traduit plus l’universel regret devant les années enfuies qu’une adhésion à l’homme politique. Chirac fut le président d’une France minée par la crise économique et qui n’a pas su s’en dépêtrer, le gouvernant louvoyant d’une République doutant d’elle-même. Restent son humanité, son contact avec les Français, son allergie des extrêmes et son refus de la guerre d’Irak. Gestes et postures sympathiques. Mais qui incitent plus à l’indulgence qu’à l’admiration.

LAURENT JOFFRIN

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