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Jours tranquilles à Paris
etats unis
21 janvier 2017

Women's March

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21 janvier 2017

Journal Libération - Donald Trump

Le nouveau chef de l’Etat a été investi vendredi. Son allocution a sanctuarisé un pays profondément divisé entre ses partisans et ses opposants venus dans la capitale.

Donald Trump, un président et deux Amérique à Washington

Washington a vécu ce vendredi l’intronisation du 45e président des Etats-Unis (Potus). «Tout commence aujourd’hui !» avait lancé le magnat de l’immobilier dès le lever du jour sur Twitter. Sur fond de protestation et de sécurité XXL, quelques centaines de milliers de personnes ont rallié la capitale pour suivre l’immuable protocole : église, thé à la Maison Blanche, prestation de serment, speech inaugural de Donald Trump. Retour sur le D-Day du président le plus imprévisible jamais parvenu à la tête de la première puissance mondiale.

«Etre ingouvernable»

Ils sont une centaine, réunis devant le quartier général de la police de Washington. Il est 7 h 30. Point de départ d’une journée «de manifestations et d’interruptions», dit Janaya Khan, venue de Californie. «Aujourd’hui, ce qui compte, c’est de marquer notre dissidence. Ils ne pourront pas dire que Trump est arrivé au pouvoir et que tout le monde était OK avec ça. Ils ne pourront pas dire qu’aujourd’hui était un jour de célébration», lance-t-elle, debout devant une grande banderole «Black Lives Matter». Et la militante afro-américaine de dénoncer un système électoral «obsolète», et de rappeler que Trump a perdu le vote populaire par 2,8 millions de voix. «Aujourd’hui peut être le premier jour où nous décidons d’être ingouvernables. Cela veut dire résister par tous les moyens», ajoute-t-elle. Dans la petite foule, A’idah Defilippo porte une pancarte «Femme musulmane, impénitente». A 18 ans, celle qui a grandi à New York et étudie désormais l’arabe à Washington dit n’avoir pas dormi de la nuit. Elle estime Trump légitime, ce qui ne l’empêchera pas de «résister». «Certains aspects de mon identité ne font pas partie de ceux que Trump est prêt à protéger», dit-elle, en référence à sa religion.

«Une belle journée»

Peu avant 8 heures, le long de D Street, le flot de partisans de Trump est ininterrompu. Sur leur chemin, ils croisent des grappes de manifestants, dont certains en tenue orange de prisonniers qui réclament la fermeture de Guantánamo. Un groupe compact a pris position sur la rue pour tenter de bloquer l’accès à la Blue Gate. Les pro-Trump se frayent un chemin au compte-gouttes. Quelques insultes fusent, mais nul débordement. Soudain, la police du Capitole charge. La foule recule en criant «shame, shame, shame» («honte»). «C’est une manifestation pacifique, il n’y a même pas eu de sommation», se plaint une jeune militante. Ben, bonnet «Trump président» sur la tête, observe le manège avec dédain. «Personne n’a fait ça lors de l’investiture d’Obama en 2009, et pourtant Dieu sait qu’on le détestait, dit ce père de famille, venu du Maryland avec son fils de 16 ans. Trump est élu, il faut qu’ils arrêtent leurs foutaises.» Ce qu’il attend du nouveau président ? «Mon top 3 : abroger tous les décrets exécutifs d’Obama, commencer la construction du mur avec le Mexique et expulser les criminels illégaux.» Il se dit «confiant» que Trump, grâce à «ses talents de communicant», parviendra à «unifier» le pays. «C’est une belle journée, conclut-il sous quelques gouttes de pluie. A partir d’aujourd’hui et pour les huit prochaines années, nous reprenons notre pays.» Sur sa veste, près du cœur, il a accroché un badge «Réélisez Trump en 2020».

The Future is feminist

Tout autour du Mall, où Trump va prêter serment, différents groupes d’opposants, coordonnés au sein de Disrupt J20 («Perturbons le 20 janvier») tentent d’empêcher les gens d’entrer. Ou, du moins, de leur faire passer un message. Ici des antifas, là Black Lives Matter, Climate Justice un peu plus loin… Au croisement de la 10e rue et E Street, c’est «The Future is feminist» qui mène la charge. Ils accueillent les participants à la cérémonie d’investiture aux cris de «No Trump ! No KKK ! No fascist USA !» («Ni Trump, Ni Ku Klux Klan, ni une Amérique fasciste»). Quelques «Go home !» («Rentrez chez vous !») fusent en réponse. On se bouscule, la situation s’envenime - les policiers américains ont la gâchette du pepper spray (poivre) facile. «Je crois qu’un misogyne, xénophobe, raciste, islamophobe n’a pas sa place à la Maison Blanche, et n’est pas capable de diriger le pays, lâche Sandura. Il a insulté les femmes, promu le harcèlement sexuel.» «Donald Trump, go away, racist, sexist, anti-gay», reprend une manifestante au mégaphone.

A côté d’elle, Joseph, 28 ans, porte une pancarte représentant Trump en marionnette de Vladimir Poutine. Lui veut «protester contre l’élection d’un raciste, qui n’a que ses propres intérêts en tête et pas ceux du peuple américain». Il regarde, atterré, la file de supporteurs en bandanas, tee-shirts à l’effigie de Trump ou casquettes «Make America Great Again», qui s’allonge devant le check-point. «Trump leur a dit exactement ce qu’ils voulaient entendre…»

Sous les «shame !» des manifestants, le bruit des sirènes de police et des hélicoptères, les pro-Trump parviennent à passer les intenses contrôles de sécurité - ouverture des sacs, palpations, portiques… L’attente est longue. «Vous êtes pour ou contre ?» demande, un peu provocateur, un quinquagénaire à une jeune fille arborant un tee-shirt «American feminist». «Franchement, ces manifestations, c’est une perte de temps, lâche Tim, 22 ans, qui en est à son 6e événement Trump. En plus, elles ont toujours l’air beaucoup plus importantes à la télé qu’en vrai.» Il est venu de Pittsburgh, en Pennsylvanie - un Etat qui a voté à 48,2 % pour Trump et lui a donné 20 grands électeurs - dans un bus affrété par une organisation républicaine. «On est partis à deux heures du matin, on était une cinquantaine dans le bus, c’était marrant, raconte cet étudiant en comptabilité. Ce que j’aime vraiment avec Trump, c’est qu’il est un stéréotype d’Américain. C’est un homme du peuple, il parle notre langue, il ne fait pas partie de l’élite et d’ailleurs le parti ne l’a pas soutenu au début.»

«C’est un cow-boy»

Les services secrets ont bloqué tous les passages en direction du Mall. Deborah, 64 ans, porte un gros badge «Trump President». «C’est un nouveau départ pour notre pays, se réjouit cette fonctionnaire du Département d’Etat. Je n’étais pas satisfaite par l’administration sortante : ni de la volonté de contrôler les armes, ni des régulations de l’EPA, l’agence pour l’environnement. D’accord, le réchauffement, c’est important, mais ce n’est pas la priorité. Il faut qu’on soit ferme sur l’immigration. Regardez dans quel état est l’Europe d’avoir ouvert les bras aux réfugiés !» Au loin, on entend les manifestants, qui continuent à bloquer les entrées. Le pays n’est-il pas plus divisé que jamais ? «On était déjà très divisés ces huit dernières années, dit-elle. On sera capable de se rassembler.» Sa personnalité, aussi, a séduit Deborah : «C’est un "wow-man", un cow-boy. Ça fait du bien, dans un monde si politiquement correct.» Michael, Pat et deux de leurs amis sont venus en voiture depuis le Michigan avec leurs drapeaux américains. «Cette investiture, c’est l’événement d’une vie, s’enthousiasme Michael, qui possède une usine qui fabrique des machines d’assemblage pour l’industrie automobile. Nous devons créer des emplois chez nous, pas en Chine ou au Mexique.» «On a besoin de quelqu’un qui soutient les valeurs de la classe moyenne américaine, enchaîne Pat, 64 ans. Je viens d’une famille de fermiers, et pour nous, le plus important, c’est de travailler dur, d’avoir une morale, être honnête. Trump est un homme d’affaires, il est très intelligent. Il va encourager nos soldats, nos policiers, et il va construire le mur.»

«Je suis très inquiet»

Sur le Mall, face au Capitole, la foule se disperse rapidement après l’hymne national, chanté par la jeune Jackie Evancho, finaliste du télé-crochet America’s Got Talent. Le premier discours de président investi de Donald Trump, retransmis sur des écrans géants tout au long de la pelouse, résonne encore dans les oreilles de Sharon, la cinquantaine, qui habite dans le Maryland. «On est plein d’espoir, s’enthousiasme-t-elle. La façon qu’il a de soutenir l’armée, la police, c’est très important. Il se bat vraiment pour les gens. Son discours était très direct, et nous nous en avons marre d’entendre des politiciens. Je préfère quelqu’un qui fait des choses, plutôt que quelqu’un qui parle poliment.» John, lui, est venu en famille, avec ses quatre enfants, depuis New York. «Ça a vraiment été un super bon discours, se félicite-t-il. J’aime son honnêteté, sa dureté envers le terrorisme islamique ou l’establishment de Washington. Il n’a pas besoin de fioritures, il va droit au but.» Avec son panneau «Save Healthcare», Keith, un instituteur à la retraite de Chicago, se sent bien seul. «Cela dit, je suis surpris de l’absence d’agressivité des supporteurs de Trump à mon égard», sourit-il. Il a, lui, peu goûté la prose du 45e président des Etats-Unis. «On avait vraiment l’impression qu’il était toujours en campagne… Il dit "je vais faire ci, je vais faire ça", comme s’il suffisait de le dire pour que ça change ! Je suis très inquiet pour les années qui viennent. Pour nos assurances santé, pour l’éducation… Oh man, Obama va vraiment me manquer.»

«LE TEMPS DE L’ACTION EST VENU !»

Le premier discours de Donald Trump en tant que 45e président des Etats-Unis reste dans la droite ligne de ses déclarations de campagne, la posture présidentielle en plus. Il a promis de «reconstruire [le] pays» et de lui redonner «ses rêves», «sa grandeur», «sa richesse», «ses frontières», «sa sécurité». Pour le nouveau président, le pays sera à partir de ce jour dirigé par une seule et même vision : «America first ! America first !» L’Amérique d’abord. Trump a ravivé la ferveur anti-establishment qui l’a portée à la Maison Blanche. «Nous ne transférons pas seulement le pouvoir d’une administration à une autre, mais le pouvoir de Washington D.C. à vous», le peuple. Lui qui a nommé dans son administration plusieurs milliardaires aux conflits d’intérêt tentaculaires. «Le temps des discours vides est fini, le temps de l’action est venu !» Sur le plan international, Trump a promis d’«éradiquer complètement de la surface de la Terre» le terrorisme islamique. Le Président a aussi essayé d’appeler à l’unité du pays. «Quand l’Amérique est unie, elle est impossible à arrêter, a-t-il déclaré. Que l’on soit noir, métisse ou blanc, nous avons le même sang rouge de patriote dans les veines.» Ce discours restera pourtant comme le moins rassembleur de l’histoire des Etats-Unis. Les Américains se souviennent de Franklin Roosevelt qui a, lors de son investiture en 1933, avait uni le peuple américain avec cette phrase : «La seule chose dont nous devons avoir peur, c’est la peur elle-même.»

Isabelle Hanne à Washington , Frédéric Autran à Washington - Libération

20 janvier 2017

Donald Trump nouveau Président des Etats Unis

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19 janvier 2017

Explicite

13 janvier 2017

Donald Trump

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12 janvier 2017

Donald Trump

Pour sa première conférence de presse, Donald Trump attaque pour mieux se défendre

Par Gilles Paris, Washington, correspondan

Après la révélation d’un rapport non vérifié sur ses liens avec la Russie, le président élu a finalement reconnu le rôle de Moscou dans les piratages, seule concession d’un exercice où il est resté fidèle à lui-même.

La première conférence de presse du futur président des Etats-Unis, mercredi 11 janvier, a été à l’image de son discours de candidature, en juin 2015, et similaire à la campagne qui lui a permis de l’emporter le 8 novembre. Frontale et transgressive. Après l’avoir évité pendant près de six mois, M. Trump s’était résigné à renouer avec cet exercice pour initialement éclaircir les questions des conflits d’intérêts entre son empire et ses fonctions de président. La maîtrise de cet agenda lui a échappé lorsqu’a enflé la controverse sur une éventuelle interférence des autorités russes dans le processus électoral américain.

Mais la publication mardi, par le site BuzzFeed, sans les vérifications d’usage et au nom de la « transparence », d’un document selon lequel ces mêmes autorités détiendraient des éléments compromettant pour lui, a cependant permis à ce dernier d’engager une contre-attaque sans nuances. Le document, que la majorité de la presse américaine a refusé d’évoquer, faute de pouvoir vérifier le contenu de ses allégations, a permis au magnat de l’immobilier de stigmatiser deux institutions qu’il n’a cessé de prendre comme cibles depuis des mois : la communauté du renseignement et la presse généraliste.

M. Trump avait donné un aperçu de son état d’esprit, quelques heures avant le début de sa conférence de presse, en publiant sur son compte Twitter une batterie de messages courroucés allant crescendo. « C’est le dernier coup contre moi. Vivons-nous dans l’Allemagne nazie ? », s’était-il finalement indigné après avoir estimé que les agences de renseignement étaient « peut-être » à l’origine de la « fuite » du document publié sans précaution par BuzzFeed, ce qui constituerait selon lui « une tache indélébile à leur réputation ».

« Je crois que c’était la Russie »

Ce dérapage sans précédent vis-à-vis des responsables censés conseiller le président sur les sujets les plus sensibles pour la sécurité nationale a valu une critique inhabituelle de la Maison Blanche. Son porte-parole, Josh Earnest, a jugé l’accusation « peu indiquée » lors de son point de presse quotidien, non sans rappeler les états de service des responsables mis en cause, dont une bonne partie quittera ses fonctions à l’arrivée de la nouvelle administration. Les premiers mots du futur président, dans l’atrium de la Trump Tower, à New York, ont néanmoins visé ces mêmes agences.

Ces dernières avaient, selon la presse américaine, ajouté un mémorandum de deux pages résumant le contenu du document à charge lors de la remise d’un rapport, le 6 janvier, demandé par le président sortant Barack Obama. Un compte rendu classifié partagé avec les commissions concernées du Congrès relatif à la première affaire, celle de piratages informatiques imputés à aux autorités russes constatés au cours de la campagne. M. Trump estime, peut-être à juste raison, que cet ajout est à l’origine de sa divulgation, même s’il ne permet pas de trancher sur une volonté de nuire du renseignement américain.

L’attaque a masqué en tout cas une conversion tardive. Après avoir longtemps douté de l’origine de ces piratages, en se retranchant même maladroitement derrière les dénégations russes, M. Trump a pour la première fois admis la thèse présentée par la Direction nationale du renseignement d’une responsabilité de Moscou. « Je crois que c’était la Russie », a-t-il déclaré, contrairement à la teneur du communiqué encore suspicieux qu’il avait publié après sa rencontre du 6 janvier. Mais M. Trump a ensuite immédiatement pivoté vers d’autres piratages, imputés notamment à la Chine, qui ont concerné des millions de données personnelles d’Américains.

« Great », « incredible », « fantastic »

Plus tard au cours de la conférence de presse, M. Trump a également repris à son compte l’autre thèse du renseignement selon laquelle le président Vladimir Poutine a été l’architecte de ces piratages. Après avoir défendu une tentative de rapprochement avec ce dernier au nom des intérêts américains, le magnat de l’immobilier a estimé que le président russe « ne devrait pas faire cela », et qu’« il ne le refera pas ». « Il n’aurait pas dû le faire et je ne crois pas qu’il recommencera à présent », a-t-il insisté, estimant que la Russie « respectera plus les Etats-Unis quand j’en aurai pris la direction ».

Ce changement de pied de M. Trump a été l’un des rares identifiés mercredi. Le milliardaire a renoué avec le style décousu ponctué de satisfecit éprouvé lors de la campagne. « Je crois que je vais devenir le plus grand producteur d’emplois jamais créé par Dieu », a-t-il assuré ironiquement, avant d’insister sur « le bon état d’esprit », une sorte d’état de grâce, entretenu par l’intérêt que lui ont porté des financiers tels que le fondateur d’Alibaba « Jack Ma, ou M. [Bernard] Arnault ». « Beaucoup de gens me disent qu’ils n’ont jamais ressenti cet état d’esprit par le passé », a-t-il insisté, conformément à un code rhétorique dont il est familier. Il a utilisé à 37 reprises le terme de « great », 7 fois « fantastic », 4 fois « incredible » et « incredibly », et 3 fois « brilliant », notamment pour qualifier les membres de sa future administration.

M. Trump n’a pas manqué non plus de rappeler les engagements pris par l’industrie automobile internationale d’investir aux Etats-Unis. Il a ainsi fait mine de se prévaloir d’un investissement de Fiat-Chrysler, dont la compagnie a pourtant précisé qu’il remontait en fait à une décision bien antérieure à la campagne.

« Le 20 janvier sera un jour très élégant »

Lors de l’évocation du piratage russe, M. Trump avait déjà assuré qu’une meilleure protection informatique avait empêché une intrusion dans les données du Parti républicain. La partie rendue publique du rapport des agences précise pourtant que des intrusions ont été signalées mais qu’elles n’ont pas été suivies, comme pour le Parti démocrate, de la divulgation de données internes.

La plupart des points soulevés mercredi avaient déjà été soulignés sur le canal préféré de M. Trump, son compte Twitter, qui a gagné plus de six millions de « suiveurs » depuis l’élection du 8 novembre. M. Trump ne s’est pas montré plus précis sur deux sujets sur lesquels il a été interrogé. Il s’est montré toujours aussi critique à propos de l’extension de la protection sociale léguée par le président Obama. En dépit de l’extrême complexité de l’opération qui vise à la démanteler sans mettre en danger des millions d’assurés appartenant aux classes sociales les plus modestes, le magnat de l’immobilier a assuré qu’elle serait « supprimée et remplacée presque simultanément », même si aucun dispositif alternatif n’a été définitivement arrêté.

« LE MEXIQUE REMBOURSERA, D’UNE MANIÈRE OU D’UNE AUTRE, PAR UNE TAXE OU UN VERSEMENT. IL NOUS REMBOURSERA LE COÛT DU MUR »

DONALD TRUMP

M. Trump a également réitéré sa promesse initiale de faire endosser par le Mexique les frais de construction du « mur » qu’il souhaite ériger sur la frontière sud des Etats-Unis pour lutter contre l’immigration illégale. La seule nouveauté a été la prise en compte du fait que cet investissement sous contrainte consistera en « un remboursement » des frais engagés par la future administration américaine. M. Trump a estimé qu’il lui aurait fallu attendre « un an et demi » pour voir aboutir des négociations avec Mexico. Le Mexique « remboursera, d’une manière ou d’une autre, par une taxe ou un versement. Il nous remboursera le coût du mur », a-t-il à nouveau promis, s’attirant une nouvelle dénégation du président Enrique Pena Nieto.

Au cours de la conférence de presse, M. Trump a témoigné à sa manière de son impatience d’arriver enfin au jour de sa prestation de serment. « Ce sera un jour très, très élégant, a-t-il dit. Le 20 [janvier] sera très, très spécial. Et très beau. Et je pense que nous allons avoir des foules massives parce que nous avons suscité un mouvement. Un mouvement comme le monde n’en a jamais vu auparavant. »

11 janvier 2017

Départ d'Obama, arrivée de Trump...

11 janvier 2017

Barack Obama

11 janvier 2017

Pour ses adieux, Barack Obama invite les Américains à s’engager

Par Gilles Paris, Washington, correspondant

Plutôt que de défendre son bilan, le président sortant a évoqué l’état de la démocratie américaine, mardi, à Chicago. Et dressé le portrait d’un pays profondément divisé.

Pour la dernière fois sans doute en tant que président des Etats-Unis, Barack Obama a serré des mains, embrassé et même pris un nourrisson dans ses bras, avec le degré d’intimité et de chaleur permis par le Secret Service. Pour la dernière fois, ses supporteurs avaient réclamé pour la forme auparavant « quatre années de plus » à la Maison Blanche, interdites par la Constitution, puis rugi aux formules les plus fortes quelques minutes plus tôt, avant de longtemps l’applaudir. M. Obama avait écorné la tradition en s’échappant de Washington pour prononcer mardi 10 janvier son dernier discours de président à Chicago, là où tout avait commencé pour lui.

Il fut l’occasion pour lui d’évoquer l’état de l’Union, même si son auditoire n’était pas le Congrès. La défaite de son camp lors des élections pour la présidence et les deux chambres, le 8 novembre, en a évidemment compliqué l’exercice. Souvent critiqué ces dernières semaines pour un sens de l’autosatisfaction en décalage avec le ressentiment des électeurs exprimé dans les urnes, M. Obama ne s’est pas longuement étendu sur un bilan qu’il juge certainement globalement positif, sur l’emploi, la protection sociale et même en politique étrangère avec l’accord avec l’Iran et la normalisation avec Cuba. « L’Amérique est meilleure et plus forte » qu’au début de ses deux mandats, a néanmoins assuré un président qui sait par ailleurs qu’une bonne part de son legs risque d’être remis en cause par la prochaine administration.

Une fois ce satisfecit énoncé, le président mais aussi l’ancien professeur de droit et celui qui fut également travailleur social ont alors abordé l’état de la démocratie américaine. Pour déclarer leur foi en sa solidité tout en rappelant ce qui peut la corroder, mais aussi ce qui peut au contraire la conforter, dans un balancement permanent entre une inquiétude présentée en effort de lucidité et l’espoir qu’il avait incarné et insufflé huit années plus tôt. A l’image de ce qui était tout de même un adieu, la note la plus sombre l’a emporté sur la plus lumineuse.

« Traitement équitable promis par les Pères fondateurs »

Car M. Obama, en invitant son auditoire à dépasser l’idée reçue selon laquelle les problèmes de l’économie peuvent se résumer à la lutte entre « une classe moyenne blanche laborieuse » et « des minorités indignes » n’a pu que dresser le tableau d’un pays profondément divisé. Entre classes sociales tout d’abord, du fait d’inégalités qu’il considère comme la première menace contre la démocratie. Entre les communautés ensuite, malgré les progrès qu’il ne cesse de rappeler survenus au cours des dernières décennies.

Il a rappelé que lorsque les minorités ethniques manifestent, dans une allusion voilée au mouvement Black Lives Matter, c’est moins selon lui « pour demander un traitement spécial que le traitement équitable promis par les Pères fondateurs ». Il a demandé aux uns de songer que « l’homme blanc d’âge mûr qui, de l’extérieur, peut sembler jouir de tous les avantages, a vu son monde bouleversé par le changement économique, culturel et technologique », et aux autres que la ségrégation « n’a pas disparu soudain dans les années 1960 » avec les droits civiques.

Le président a également mis en garde contre les « bulles » dans lesquelles trop d’Américains s’isolent à son gré pour fuir l’altérité ou le contradictoire, que cela soit « sur les campus universitaires ou dans le flux des réseaux sociaux », stigmatisant la capacité à n’accepter que « l’information, qu’elle soit vraie ou fausse, qui conforte notre opinion ». Il avait rappelé auparavant que les stéréotypes pour stigmatiser les immigrants étaient les mêmes utilisés par le passé à l’égard « des Irlandais, des Italiens et les Polonais ».

M. Obama a vu dans cet enfermement une hypothèque aussi sérieuse que les deux précédentes sur la démocratie. Parce qu’il produit un affrontement politique ne pouvant plus désormais reposer sur aucun constat de départ partagé par les deux camps. Faute de confiance dans « l’information », « la science »et « la raison », les discussions ne peuvent être que « des dialogues de sourds », a-t-il estimé, pointant l’enjeu du réchauffement climatique.

« Mettez vos chaussures et mobilisez-vous ! »

Sans nier par ailleurs les menaces venant de l’extérieur, et notamment celle représentée par le terrorisme perpétré « au nom de l’islam », le président démocrate qui a maintes fois évoqué la fondation du pays a clairement montré qu’il considère que les États-Unis sont principalement menacés par le renoncement par les Américains aux principes sur lesquels leur nation a été fondée. « Notre démocratie est menacée à chaque fois que nous la considérons comme acquise », a-t-il averti.

La présence de la foule face à lui a alors donné plus de force à ce que M. Obama a mis en avant pour empêcher un délitement. « Si vous êtes fatigué de discuter avec des inconnus sur Internet, essayez de parler avec quelqu’un dans la vie réelle. Si vous pensez que quelque chose ne va pas, mettez vos chaussures et mobilisez-vous. Si vous êtes déçus par vos élus, prenez un bloc-notes, collectez des signatures, et présentez-vous. » Au tout début de son discours, M. Obama avait confié que « c’est [à Chicago] que j’ai appris que le changement ne se produit que si des gens ordinaires s’impliquent, s’engagent et se rassemblent pour le demander. Après huit ans de présidence, j’y crois toujours ! »

Nul doute qu’à cet instant, M. Obama s’est exprimé plus particulièrement à l’intention de son camp, qui a souvent essuyé les défaites au cours des huits dernières années, en contrepoint de ses deux succès personnels de 2008 et de 2012. Un parti démocrate frappé par le revers de novembre et qui hésite sur la stratégie à suivre, comme l’illustre l’analyse du professeur de Columbia Mark Lilla déplorant le coûteux abandon des anciens cols-bleus blancs au profit de minorités restées marginales du point de vue électoral.

M. Obama a donc pris congé en invitant les siens à se mobiliser et à trouver par eux-mêmes des réponses. Il s’était montré très ému lors de l’hommage rendu à son principal mentor politique, sa femme Michelle. Son public devait l’être tout autant lorsqu’il a pris conscience qu’il venait de perdre le sien.

31 décembre 2016

Poutine calme le jeu

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Le président élu des Etats-Unis Donald Trump a salué dans un tweet vendredi "l'intelligence" du président russe Vladimir Poutine moins de 24 heures après une longue série de sanctions prises contre Moscou par le président sortant Barack Obama.

"Bien joué (de la part de V. Poutine) sur le report - J'ai toujours su qu'il était très intelligent!", a écrit le futur président américain, qui entrera en fonctions le 20 janvier, épinglant pour mieux le mettre en valeur son tweet, immédiatement retweeté par l'ambassade russe à Washington.

Donald Trump faisait référence à la décision du président russe de ne pas répondre pour l'instant aux sanctions prises par Washington, qui accuse Moscou d'ingérence dans la campagne présidentielle américaine.

Le président Vladimir Poutine a créé la surprise vendredi en décidant de "n'expulser personne", ne répondant ainsi pas à l'expulsion par Washington de 35 agents russes, contrairement à ce que proposait son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

La Russie se réserve toutefois "le droit de prendre des mesures de rétorsion" et "restaurera les relations russo-américaines au vu de ce que sera la politique du président américain élu Donald Trump", avait ajouté M. Poutine.

L'administration américaine accuse la Russie d'avoir orchestré des piratages informatiques qui ont mené au vol et à la publication de milliers d'emails de responsables démocrates, brouillant le message de la candidate Hillary Clinton.

Les agences américaines de renseignement FBI et CIA estiment que Moscou ne voulait pas seulement perturber la campagne mais cherchait à faire élire Donald Trump.

Donald Trump, qui a salué les qualités du président russe Vladimir Poutine et a nommé à son cabinet des responsables ayant des liens étroits avec le Kremlin, n'a cessé de répéter qu'il ne croyait pas aux accusations d'ingérence russe.

Il s'est abstenu toutefois jeudi de critiquer les sanctions de M. Obama, jugeant qu'il était "temps de passer à d'autres choses plus importantes". Il a précisé qu'il rencontrerait les chefs du renseignement américain "la semaine prochaine" pour faire le point sur cette affaire.

La commission de la Défense au Sénat américain a prévu d'entendre jeudi prochain le directeur du renseignement américain James Clapper, qui coordonne l'activité des 17 agences américaines de renseignement, dont les puissantes CIA et NSA.

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