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Jours tranquilles à Paris
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26 juin 2018

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23 mai 2018

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26 avril 2018

La diplomatie par attouchements

Le festival de papouilles qui a marqué la visite d’Emmanuel Macron, qui a parfois confiné au harcèlement sexuel de la part de Donald Trump, ne doit pas masquer une grande réussite de communication. Sur la scène internationale, le président français a pris des allures de rock-star. Sa jeunesse, sa maîtrise de l’anglais, son parler-franc peu diplomatique, son goût de la castagne verbale, l’aura acquise lors d’une élection aux rebondissements dignes d’une série américaine, entre The West Wing et House of Cards, tout cela en fait l’invité idéal des talk-shows de fin de soirée, comme l’orateur prisé des cérémonies plus solennelles. Quoi qu’en disent les grincheux pavloviens, c’est un atout de pouvoir se faire entendre à l’étranger. On aurait tort de s’en plaindre, même si les calculs de politique intérieure ne sont pas absents de cette tactique médiatique.

Reste le fond, qui obéit à une loi d’airain : l’audace est un atout, la présomption un handicap. La frontière entre les deux est floue par nature. La position affichée sur l’accord sur le nucléaire iranien en est l’exemple le plus net. Macron défend à juste raison le compromis obtenu en 2015 par cinq des grandes puissances du Conseil de sécurité de l’ONU avec le régime iranien. Trump ne cesse de le dénigrer en termes brutaux et risque fort de refuser de le reconduire le 12 mai. Pour surmonter le hiatus, Macron et Trump s’accordent pour proposer son dépassement, avec toute l’ambiguïté propre à ce genre de motion : le président français veut bâtir une maison neuve sur les fondations actuelles ; son homologue américain veut les raser pour bâtir sans contrainte. Synthèse oxymorique…

Du coup l’affaire devient très risquée. Pour renégocier, il ne suffit pas de s’asseoir à la table. Il faut que les autres y viennent. Or ni la Russie, ni la Chine, ni l’Union européenne ne le souhaitent. Quant aux Iraniens, ils opposent un niet à toute remise en cause de l’accord et se plaignent de son application trop lente. Situation dangereuse : ce sont les dirigeants les moins radicaux qui ont soutenu le processus, en espérant y gagner une relance économique favorisée par la levée des sanctions occidentales. Les plus durs tiennent la position symétrique de celle de Trump : non à un compromis trop conforme aux demandes des puissances signataires. Miner les bases de l’accord, c’est apporter de l’eau à leur moulin hostile. Si ces radicaux l’emportent, le risque d’embrasement supplémentaire dans la région s’accroît. Autrement dit, l’idylle Macron-Trump est une arme à double tranchant. Elle peut déboucher sur une modération de la p osition américaine. Mais elle peut aussi servir de caution aux éructations irresponsables du papouilleur en chef de la Maison Blanche.

LAURENT JOFFRIN

12 avril 2018

La lettre politique de Laurent Joffrin - Pernaut et perlinpinpim

Avec une héroïque impavidité, Emmanuel Macron a résisté aux assauts furieux de Jean-Pierre Pernaut, fait d’interpellations assassines et de relances meurtrières. Cette joute haletante a permis au président de livrer le fond de sa pensée : il ne change rien. Et si l’on cesse d’ironiser, Emmanuel Macron a répondu aux demandes, aux revendications aux protestations non par des concessions mais par de la communication politique stricto sensu. La réduction de l’ISF était justifiée, dit-il, la réforme de la SNCF ira jusqu’au bout, la hausse de la CSG pour les retraités était légitime – elle est gratifiée d’un remerciement solennel – les zadistes n’ont rien à faire à Notre-Dame-des-Landes, les facs occupées le sont indûment et les étudiants doivent penser à leurs examens plutôt qu’à la réforme Parcoursup. Un discours sans annonces. Pernaut et perlimpinpin…

Alain Juppé était droit dans ses bottes, Macron est droit dans ses studios. Pour le reste, le Président s’est adressé comme prévu à la France rurale, ou «périphérique», selon la formule consacrée, avec beaucoup d’empathie et de précision, rappelant son ascendance cheminote, son enfance amiénoise et même la dangerosité du tronçon de route L’Aigle-Argentan. Il y a du caméléon dans cet homme-là, dont il maîtrise les facettes avec un brio incontestable : intello avec les intellos, catho avec les cathos, bobo avec les bobos, prolo avec Pernaut. Cela ne calmera pas la colère des cheminots ni l’ire de certains étudiants. Derrière les explications, il y a une détermination, maintes fois affirmée. «J’irai jusqu’au bout», répète-t-il comme on le fait d’un mantra. C’est bien possible. Mais cette fermeté risque de se solder par l’humiliation des battus et la mise hors-jeu des corps intermédiaires. Un bonapartisme souriant : c ’est peut-être la marque du «nouveau monde» promis par En marche.

LAURENT JOFFRIN

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8 avril 2018

La une de Libération de demain matin

22 mars 2018

Presse - la une de Libération de ce matin

16 mars 2018

La une de Libération à la suite du décès de Stephen Hawking

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22 février 2018

Assad le gagnant

Il fallait «parler avec Assad». Il fallait d’abord «battre l’Etat islamique» et dans cette lutte, Assad était un allié et un moindre mal. Ceux qui ont préconisé cette realpolitik – une partie de la droite française, d’autres adeptes du «réalisme», sans parler de l’extrême droite unanime – devraient s’expliquer plus avant. Comme il le fait depuis le début du conflit, Assad ne recule devant rien pour retrouver l’emprise traditionnelle de son clan sur la Syrie. Bombardements aveugles de quartiers ou de villes entières, massacres de civils, usage des bombes chimiques prohibées depuis les années 30 dans le monde entier : il faut avoir les nerfs solides et la conscience bien endormie pour défendre le bourreau de la Ghouta, ce faubourg de Damas aujourd’hui menacé d’un «cataclysme humanitaire», selon les mots du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

La lutte contre Daech ? Elle fut l’œuvre des Kurdes, des Irakiens et de la coalition emmenée par les puissances occidentales mais aussi approuvée par nombre de pays arabes. Lesquels Kurdes sont maintenant remerciés par un abandon sans cérémonie de la part des puissances qu’ils ont épaulées, souvent en première ligne. Assad a fait très peu contre Daech, qu’il a utilisé comme repoussoir pour justifier son maintien en place. Certes, il bénéficie du soutien de minorités syriennes qui craignent plus que tout les islamistes. Certes, il arrive qu’une dictature vaille mieux qu’une situation d’anarchie guerrière encore plus dommageable aux populations civiles. Mais le relâchement de la pression sur le régime laisse libre cours à ses penchants les plus cruels. Asssad veut punir ses opposants, les moins islamistes en tête, dans la mesure où ils étaient à l’origine les plus dangereux, pour la bonne raison que leur cause était juste.

Pour avoir reculé devant des sanctions sérieuses quand la ligne rouge des bombardements chimiques a été franchie par le régime de Damas en 2013, les démocraties doivent maintenant contempler, impuissantes, le martyre des populations qui ont soutenu l’opposition syrienne. L’Iran et la Russie ont repris la main dans la région. Où est la victoire géopolitique dont on se gargarisait au départ ? Au fond, les «réalistes» se trompent aussi souvent, sinon plus, que les supposés «droit-de-l’hommistes». On a accepté le déshonneur de l’abstention face à Assad pour éviter un conflit encore plus sanglant. On a maintenant les deux.

LAURENT JOFFRIN - Libération

21 février 2018

Le parler faux de Wauquiez - Article de Laurent Joffrin

Laurent Wauquiez, donc, assume. Il préfère la persistance à la pénitence, la confirmation à la contrition. Son pari n’est pas forcément perdu, tant il est de bon ton de dénigrer la «bien-pensance». Mais il mesure aussi la dégradation subie par le débat public en France. A y regarder d’un peu plus près, son intervention sur BFM, présentée à l’enseigne de la franchise décapante, est un modèle de mauvaise foi insidieuse.

Sur BFM, il veut rompre avec le «bullshit», pratiqué par les autres responsables politiques. Les autres jouent la comédie, lui parle vrai et cru. L’ennui, c’est que devant ses étudiants, il ne désignait pas les autres… mais lui-même. Rappelons sa phrase exacte : pas de fuites, dit-il aux étudiants, «parce que sinon, […] ce que je vais vous sortir sera juste le bullshit que je peux sortir sur un plateau médiatique». On ne saurait être plus clair. Devant les étudiants, il dit la vérité, à la télé, il ment. Mais mardi soir, la version a changé : ce sont les autres qui font du «bullshit». Drôle de manière «d’assumer». Laurent Joffrin - Libération

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