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Jours tranquilles à Paris
liberation
26 avril 2017

Libération

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24 avril 2017

Vendre la peau de l'ours...

Il faut saluer la performance mais aussi confesser un doute. L’itinéraire d’Emmanuel Macron est totalement inédit dans l’histoire politique française. Novice en politique, jamais élu, doté d’un programme social-libéral qui n’a jamais pris dans une élection française, fondateur d’un mouvement qui compte à peine douze mois d’existence, il se hisse en tête d’une présidentielle. Ce n’est pas une surprise, c’est un tour de force. Pour les amateurs d’histoire, il faut remonter à l’élection de Louis-Napoléon en 1848 pour trouver un vague précédent. Et encore le patronyme du neveu à longues moustaches expliquait-il beaucoup de choses. Le nom de Bonaparte, qui avait conquis l’Europe, évoquait plus de souvenirs que celui de Macron, qui a libéralisé des lignes d’aut obus. Macron partait de plus bas. La chance l’a servi, certes. Mais qui l’eut cru il y a un an ?

Pourtant le doute s’instille dans l’esprit du commentateur. Il tient à l’étrange spectacle d’hier soir. Un discours trop long et trop pâle, une posture de vainqueur avant la vraie victoire, des partisans dont on attendait qu’ils scandent «République ! République !» et qui se contentent d’un «Brigitte ! Brigitte !». Dangereux de vendre la peau de l’ours dans une élection aussi décisive. Ou plutôt la peau de la panthère, installée sur un socle de sept millions de voix, prête à bondir en jouant le remake de 2005, quand les partisans de l’Europe au référendum, partis à 60% d’intentions de vote se sont ramassés à 45%. Pour ou contre la mondialisation ? Si telle est la question, le résultat n’est pas si assuré dans une France à vif. Le destin du jeune premier du premier tour n’est pas encore écrit. Obama junior ou Lecanuet enfant ? Sa chance, c’est le vote raisonnable des électeurs rationnels. Fragile…

Et aussi

La droite est dans les cordes mais beaucoup de ses électeurs estiment qu’on leur a volé l’élection. Ils peuvent se venger en jouant le pire. Il faut toujours se souvenir que Fillon est sorti de la primaire avec 30% des intentions de vote. La défaite était impensable. C’est son obstination à se maintenir malgré la mise en examen qui a conduit au désastre pour LR. Non le recul de ses idées très droitières et si peu macroniennes.

La gauche creuse ses divisions. Hamon maintient la ligne frondeuse qui lui a valu un petit 6%. Valls annonce une scission du PS et se voit en supplétif d’En Marche. Mélenchon exhale son amertume alors qu’il a réalisé un score remarquable. Les uns veulent rejoindre Macron, les autres le démolir. La soupe ou la ciguë. Dans les deux cas, c’est l’effacement assuré pour cinq ans.

Victoire des sondeurs, dont on se méfiait tant. Depuis un mois, les enquêtes avaient annoncé les quatre premiers, et depuis une dizaine de jours l’ordre exact d’arrivée. C’était déjà le cas en 2007 et en 2012. Ce qui ne dispense pas de rester prudent. En 2002, les pronostics ont été déjoués. Comme la météo, c’est un instrument fiable qui se trompe de temps en temps. Laurent Joffrin - Libération

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22 avril 2017

La une de Libération

libé

17 avril 2017

Ames sensibles s'abstenir

L’angoissante vérité apparaît en pleine lumière. Quatre candidats sont dans la marge d’erreur autour de 20%. Chacun de ces quatre-là – Le Pen, Macron, Fillon, Mélenchon – peut se retrouver au second tour. Six scénarios se dessinent et à moins d’un bouleversement dans la semaine qui vient, personne ne peut dire que l’un d’eux est impossible. Ajoutons que les sondages de second tour souffrent d’un grave défaut : ils sont réalisés dans le paysage qui prévaut aujourd’hui, lequel sera chamboulé par le résultat du premier tour. Autrement dit, personne ne peut non plus affirmer : celui-là ne sera pas président. Ou celle-là.

1) Macron-Le Pen

C’est ce que prédisent aujourd’hui les sondages (qui évoluent). Dans ce cas, Macron l’emporterait, selon toutes les études. Mais ce serait un match «élites» contre «peuple». Le peuple est plus nombreux. Le Pen présidente ?

2) Macron-Fillon

Satisfaction : le FN est exclu du second tour. Macron aura les voix de gauche et du centre, en principe c’est une majorité. Mais si les électeurs FN se reportent tous sur Fillon, le résultat devient serré.

3) Macron-Mélenchon

La gauche se reporte en majorité sur Mélenchon. Centre-gauche et centre-droit restent sur Macron. Les électeurs du FN sont les arbitres. Autre version du duel élite-peuple. Le peuple est plus nombreux. Mélenchon président ?

4) Mélenchon-Fillon

La gauche vote Mélenchon, la droite Fillon. Le centre se divise, le FN aussi. Troisième version du duel peuple-élite. Le peuple est plus nombreux. Mélenchon président ?

5) Le Pen-Fillon

La division de la gauche aura produit ses effets. C’est le cauchemar que le vote utile devait corriger. En principe, la gauche sauvera Fillon et écartera Le Pen. Mais elle votera avec des pincettes, si elle vote : score serré.

6) Le Pen-Mélenchon

Triomphe du vote antisystème, l’élite est KO, tout comme les modérés des deux camps. L’Europe sera la grande perdante. En principe, les républicains de gauche et du centre voteront contre Le Pen. Mais les électeurs de Fillon auront du mal à assurer la victoire de Mélenchon. Dans tous les cas, attachez vos ceintures… Laurent Joffrin - Libération

11 avril 2017

Jean Luc Mélenchon : Tout un programme

C’est avec des civils qu’on fait des militaires. C’est avec des modérés qu’on fait des mélenchonistes, avec des soumis qu’on fait des insoumis. Avérée par tous les instituts, la percée de Jean-Luc Mélenchon correspond au glissement réel d’une partie de l’opinion. Le candidat de La France insoumise a gagné quelque six points depuis le début de la campagne, soit environ 1,8 million de voix, peut-être 2 millions (cela dépend du taux d’abstention, qu’on ne connaît pas encore). Ces transfuges ne sont plus rebutés, de toute évidence, par le discours radical de Jean-Luc Mélenchon. Ils adhèrent à la personne. Ont-ils vraiment lu le projet ? Si oui, nous assistons à un gauchissement spectaculaire de l’opinion française, dans un pays qui tend à se droitiser (paradoxe compliqué mais réel : des deux côtés, les extrêmes progressent).

Un cinquième environ de l’électorat, donc, souhaite désormais accroître les salaires de 6% en moyenne, revenir aux 35 heures, aller vers les 32 heures, restaurer la retraite à 60 ans, lancer un plan d’investissement de 100 milliards d’euros, supprimer le CICE, instaurer une gratuité totale des soins, accroître les indemnités de chômage, créer une allocation autonomie pour les jeunes, nationaliser les industries d’armement et la production d’électricité, embaucher 60 000 professeurs… Le tout financé par un accroissement des prélèvements obligatoires de 45% à 49%, une augmentation de l’impôt sur le revenu jusqu’à 90%, une hausse de l’ISF, une inflation à 4% en fin de période, et une création monétaire conséquente qui financerait la dette publique. Et l’Europe ? On l’obligerait à ratifier cette politique ou bien on en sortirait. Bref, un programme de rupture qui aurait fait dresser les cheveux sur la tête des mà ªmes électeurs s’ils étaient restés là où étaient il y a deux semaines. Après, on dira que les Français sont rétifs au changement. A moins qu’ils n’aient pas encore lu le programme de Jean-Luc Mélenchon… Texte de Laurent Joffrin - Libération

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7 avril 2017

Emmanuel Macron : Au centre du milieu

Sur France 2, le filloniste Bruno Retailleau, taillé à loisir par Macron, a reproché à son interlocuteur son vol en zigzag. Il a tort : le candidat d’En marche chemine avec minutie sur la frontière droite-gauche, sans jamais s’en écarter, tel un funambule sur un fil d’acier. Sa prestation réussie à «l’Emission politique» en est la parfaite illustration. Il est le prince du chaud-froid, le chevalier du mi-chèvre mi-chou, le champion du salé-sucré, le prophète du vice et versa, le mandarin du yin et du yang, le soleil qui a rendez-vous avec la lune, le roi des chauve-souris, le poisson volant de l’élection, le centaure de la vie politique. Sur tout sujet il convoque le tout et son contraire et s’il dirigeait un journal, ce serait la Revue des deux mondes. Il est banquier et philosophe, il est riche et sans argent, il est haut-fonctionnaire dans le privé, il veut une Europe libérale qui protège, un marché du t ravail flexible avec des garanties, il est respectueux mais sévère avec son mentor Hollande, il prône une ubérisation sans le far-west, il rejette la colonisation en lui trouvant des vertus, il veut une médiation à Notre-Dame-des-Landes mais promet l’évacuation, il propose une action en Syrie mais avec l’onction de l’ONU, il est un jeune homme vert avec une femme mûre, il prévoit un gouvernement mi-politique mi-société civile, il veut une présidence simple mais pas normale et comme de juste en fin d’émission, il est approuvé par 50% des sondés (un très bon chiffre) dont la moitié vient de la droite et l’autre de la gauche.

Est-ce un handicap ? Dans le pays qui a inventé la partition droite-gauche, on pourrait le penser. Le ramollissement récent de sa cote sondagière va dans ce sens. Mais le centrisme est un vieux fantasme français. On a connu la Plaine à la Convention, les thermidoriens après Robespierre, le Consulat, «ni talon rouge, ni bonnet rouge», l’Empire libéral de Louis-Napoléon et d’Emile Ollivier, l’opportunisme républicain après 1870, les ministères de concentration, la troisième force sous la IVe, les majorités d’idées chères à Edgar Faure, le sourire de Lecanuet d’une oreille à l’autre, l’ailleurs de Michel Jobert, le centrisme révolutonnaire de Jean-François Kahn, l’obstination médiane de François Bayrou. Centre de gravité ou ventre mou ? Bonaparte ou Alain Poher ? Malgré quelques déconvenues récentes, Macron reste favori. Peut-il transformer l’essai ? Une chance sur deux… Article de Laurent Joffrin - Libération

6 avril 2017

La une de Libération ce matin

28 mars 2017

BREXIT - La une de Libération de demain

19 mars 2017

La une de Libération de demain matin

13 mars 2017

Fillon : my tailor is rich

penderie

S’il en était besoin, le candidat LR est habillé pour la campagne. Subalterne à bien des égards, l’affaire des costumes à 5 000 euros pièce est un fâcheux symbole. François Fillon a bien le droit d’enrichir son tailleur comme bon lui semble. L’ennui, c’est que la facture a été réglée par quelqu’un d’autre. Un proche munificent ? Un admirateur ébloui ? Dans ce cas, on reste dans la bizarrerie privée, même s’il est un tantinet maladroit de se faire offrir des cadeaux onéreux en pleine élection présidentielle. Mais si le généreux donateur – pas très content, apparemment, puisqu’il se plaint de n’avoir pas été remercié – est un quelconque PDG ou un milliardaire sans lien étroit avec le candidat, la question du conflit d’intérêts se pose aussitôt. Un détail soulevé par des opposants malintentionnés ? Peut-être, mais on sait qu’en matière vestimentaire, c’est le détail qui tue.

Le même jour, Fillon présente la nouvelle mouture de son programme, qui n’a rien de vraiment nouveau : un projet de rupture libérale déjà connu, qui alignerait la France sur la norme occidentale, recul de l’Etat, retraite encore retardée, marché du travail flexibilisé, imposition moins dure aux plus aisés, etc. C’est là que l’affaire des costumes prend valeur d’emblème. Ce programme de rupture est-il aussi un programme pour riches ? Lesquels n’auraient alors que gratitude envers le gentilhomme en veste forestière, phénix des hôtes de ces bois dont le ramage et le coûteux plumage s’accordent si bien ? Un seul exemple : Fillon prévoit de supprimer l’impôt sur la fortune et d’accroître le taux de la TVA. Les plus favorisés paieront moins et le vulgum pecus un peu plus. Toujours le même raisonnement : pour que tout aille mieux en France, il faut que les riches soient moins pauvres et les pauvres moins riches. Article de Laurent Joffrin - Libération

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