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Jours tranquilles à Paris
28 janvier 2020

Extrait d'un shooting. Modèle : Charliee. Photos : Jacques Snap

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28 janvier 2020

5G : l’Anses pointe un « manque important de données », ONG et scientifiques réclament un moratoire

5g

Par Stéphane Mandard

L’Agence de sécurité sanitaire remet un premier rapport sur les risques liés à la nouvelle technologie de téléphonie mobile, attendue en France en fin d’année.

La 5G arrive en France avec ses promesses de révolutionner les usages liés à la téléphonie mobile, de la voiture autonome à la chirurgie à distance. Les premières offres sont attendues à la fin de l’année. L’autorité de régulation des télécoms a lancé le 30 décembre 2019 la procédure d’attribution de fréquences dans la nouvelle bande 3,5 GHz. Son déploiement s’accompagne cependant de nombreuses interrogations sur ses effets sanitaires et environnementaux.

Pour y répondre, les ministères de la santé, de l’écologie et de l’économie ont saisi en juillet 2018 l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) afin d’évaluer les risques liés à l’exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de cette technologie qui permettra de transférer des données mobiles en plus grande quantité et à plus grande vitesse.

Dans un rapport préliminaire publié lundi 27 janvier, l’Anses conclut à « un manque important voire à une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés aux fréquences autour de 3,5 GHz ». En d’autres termes, à ce stade, il lui est donc impossible d’évaluer les risques liés à la 5G. Aussi, elle demande aux opérateurs de fournir toutes les informations techniques afin de pouvoir caractériser les niveaux d’exposition.

« Aujourd’hui, on ne peut pas encore dire si les Français seront davantage exposés aux champs électromagnétiques. Le niveau d’exposition va beaucoup dépendre de l’usage qui sera fait de la 5G, commente Olivier Merckel, chef d’unité d’évaluation des risques liés aux agents physiques à l’Anses. Tant que le déploiement n’est pas fait, nous pouvons seulement faire des simulations à partir de différents scénarios d’exposition. »

C’est ce travail auquel va désormais s’atteler l’Anses, dont le rapport définitif n’est pas attendu avant le premier trimestre 2021. « Pour estimer l’exposition, nous avons besoin de savoir quel type d’antenne sera déployé, avec quelle puissance, dans quelle direction, détaille le chercheur. Selon les données des opérateurs, les niveaux seront limités dans l’espace par rapport au réseau actuel mais l’usager sera a priori plus exposé puisque soumis à plus de puissance et plus de débit à travers son smartphone. »

En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer a classé les radiofréquences comprises entre 30 kHz et 300 GHz comme cancérogène possible pour l’homme. « Aujourd’hui, il y a des incertitudes sur les effets à long terme d’une utilisation intensive du téléphone portable. Certaines études montrent des excès de risque pour les cancers ou les tumeurs du cerveau », note Olivier Merckel. Les effets sont-ils les mêmes à 3,5 GHz ? C’est l’une des questions auxquelles nous allons essayer de répondre. »

Demande de moratoire

Ce rapport devrait donner des arguments supplémentaires à ceux qui réclament un moratoire sur le déploiement de la 5G. Les associations Agir pour l’environnement et Priartem-Electrosensibles préparent un recours devant le Conseil d’Etat afin de faire annuler l’arrêté du 30 décembre 2019 relatif aux modalités d’attribution de fréquences dans la bande 3,5 GHz. Elles ont lancé une pétition, « Stop à la 5G », vendredi 24 janvier. « Une fois de plus, la France fait les choses à l’envers : on déploie d’abord la 5G et après on regarde s’il y aura des impacts, déplore François Lafforgue, l’avocat des associations. Au nom du principe de précaution, une évaluation environnementale et sanitaire aurait dû être lancée. »

Une hyperconsommation numérique et énergivore

Dans une analyse publiée le 22 janvier dans la revue Molecular and clinical oncology, le professeur d’oncologie Lennart Hardell et son collègue Rainer Nyberg réclament également un moratoire. Depuis un appel lancé en septembre 2017 avec plus de 260 chercheurs et médecins, ils exhortent l’Union européenne (UE) à geler le déploiement de cette technologie tant que des études indépendantes n’auront pas été menées sur les risques sanitaires. Deux ans et demi plus tard, les chercheurs estiment que « les réponses de l’UE ont jusqu’ici privilégié les profits de l’industrie au détriment de la santé humaine et de l’environnement ».

La présidente de Priartem-Electrosensibles de France, Sophie Pelletier, relaie une autre critique, sociétale : le déploiement de la 5G va entraîner une hyperconsommation numérique et énergivore, à rebours des objectifs de modération pour atténuer le changement climatique. « Alors que la sobriété énergétique est inscrite dans la loi, on sait déjà que ce déploiement augmentera la consommation électrique, de l’ordre de 10 TWH, soit l’équivalent d’une centrale comme Fessenheim », déplore-t-elle. Le think tank The Shift Project, qui travaille sur les impacts environnementaux du numérique, estime qu’avec la 5G, la consommation d’énergie des opérateurs mobiles sera multipliée par 2,5 à 3 dans les cinq ans à venir, soit une augmentation de 2 % de la consommation d’électricité du pays.

28 janvier 2020

Camp de concentration de Natzweiler-Struthof (en France)

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28 janvier 2020

A Auschwitz, la commémoration très politique des 75 ans de la libération du camp d’extermination

Par Romain Su, Auschwitz, Pologne, envoyé spécial

Le président polonais Andrzej Duda a revendiqué pour son pays la « vérité » sur la Shoah et attaqué sans la citer la Russie de Vladimir Poutine.

Auschwitz peut-il être un lieu apolitique, un simple musée tourné vers le passé et muet sur le présent et l’avenir ? Quatre jours après la tenue à Jérusalem d’un Forum mondial de l’Holocauste marqué par les controverses, les commémorations organisées en Pologne, lundi 27 janvier, sur le site même du camp d’extermination nazi à l’occasion du 75e anniversaire de sa libération n’échappent pas davantage aux accusations de politisation, malgré une forme et un contenu différents.

Maître des cérémonies et rare institution du paysage culturel polonais à bénéficier d’un consensus transpartisan, le Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau s’était pourtant efforcé de mettre les survivants, derniers témoins directs de la Shoah et presque tous âgés de plus de 80 ans, au centre de l’attention. Le directeur de l’institution, Piotr Cywinski, en avait d’ailleurs fait un élément de différentiation vis-à-vis des organisateurs du Forum de Jérusalem, auxquels il reproche « d’essayer depuis des années de créer un événement commémoratif alternatif ». A Auschwitz, promettait-il, les principaux invités et orateurs seraient les rescapés, et « non les politiques, les têtes couronnées et les chefs de gouvernement ». Cela n’a pas empêché les discours des uns et des autres d’être très chargés politiquement.

Représentant du pays hôte et seul dirigeant politique à avoir pris la parole, le président polonais Andrzej Duda a certes commencé par adresser ses premières salutations aux « survivants, témoins de l’Holocauste ». Plutôt que de répondre directement aux attaques de son homologue russe Vladimir Poutine, qui a plusieurs fois depuis décembre 2019 mis en cause l’antisémitisme et la responsabilité de la Pologne dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale, il s’en est tenu à une lecture « standard » de l’histoire, quoique pas unanimement acceptée par ses concitoyens.

« Le plus terrible des crimes dans l’histoire de l’humanité »

Andrzej Duda a ainsi reconnu que les prisonniers d’Auschwitz avaient été « libérés par les soldats de l’Armée rouge » et que « l’Holocauste était un crime exceptionnel, le plus terrible des crimes dans l’histoire de l’humanité ». Il a également souligné que parmi les 1,3 million de victimes d’Auschwitz, « il y avait des Polonais, des Roms, des prisonniers de guerre soviétiques, mais surtout des juifs ». Or, d’après des sondages, une importante proportion de Polonais continue de croire, conformément à l’enseignement de l’époque communiste, que ce sont surtout les Polonais « non juifs » qui ont perdu la vie à Auschwitz.

Il a ensuite évoqué la place particulière des Polonais dans l’histoire de la seconde guerre mondiale, notamment par le nombre de victimes, l’ampleur du mouvement de résistance et de l’engagement militaire, « le secours apporté aux juifs au péril de leur propre vie » et le rôle de leurs messagers dans la transmission aux Alliés d’informations sur la Shoah, pour « renouveler l’engagement de toujours entretenir la mémoire et défendre la vérité sur ce qu’il s’est produit ici ». « En Pologne, a-t-il expliqué, nous connaissons bien la vérité sur ce qui s’est passé ici car nos compatriotes, à qui les Allemands avaient tatoué des numéros de matricule, nous l’ont racontée. »

Le rôle des Polonais pendant la guerre avait aussi été rappelé, quelques heures plus tôt, au président israélien Réouven Rivlin qui avait ouvert le Forum mondial à Jérusalem. Alors qu’Andrzej Duda lui avait fait publiquement part de ses griefs envers la fondation organisatrice de l’événement pour « avoir complètement ignoré la participation, parmi les Alliés, des Polonais dans la lutte contre l’envahisseur, l’occupant hitlérien allemand », son invité israélien avait rétorqué « se souvenir que le peuple polonais a combattu avec force et courage contre l’Allemagne nazie, mais aussi que beaucoup de Polonais sont restés spectateurs, voire ont prêté assistance aux meurtres de juifs ».

« Auschwitz n’est pas tombé du ciel »

Le président polonais a en revanche eu moins de difficultés à s’entendre avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, également convié à une rencontre bilatérale en amont des commémorations principales. C’est à ce qu’il considère comme leur adversaire commun – la Russie – qu’Andrzej Duda a dédié la conclusion de son intervention : « Falsifier l’histoire de la seconde guerre mondiale, dénier des crimes de génocide [en référence à la grande famine orchestrée en 1932-1933 en Ukraine par le régime stalinien], nier l’Holocauste et instrumentaliser Auschwitz à quelque fin que ce soit, c’est profaner la mémoire des victimes dont les cendres sont ici dispersées. »

Si les survivants ont par la suite occupé le devant de la scène, cela n’a en rien atténué le caractère très engagé, voire conflictuel des discours. Fortement applaudi, le journaliste Marian Turski, 93 ans, s’en est ainsi pris à mots couverts au pouvoir polonais actuel, dont le mélange de politique sociale et d’attisement de la fierté nationale a été comparé au régime nazi des années 1930. La rhétorique anti-migrants du gouvernement a quant à elle été mise en parallèle avec les discriminations qui ont progressivement exclu les juifs de la société.

« Ne soyez pas indifférents, a-t-il appelé, lorsque vous voyez que le passé est manipulé pour les besoins courants de la politique. Ne soyez pas indifférents lorsqu’une minorité, quelle qu’elle soit, est discriminée. L’essence de la démocratie est que la majorité gouverne, mais dans le respect des droits des minorités. (…) Auschwitz n’est pas tombé du ciel, il s’est rapproché à petits pas jusqu’à ce qu’arrive ce qui est arrivé ici. »

28 janvier 2020

Terry Richardson

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28 janvier 2020

Critique - Dans « Histoire d’un regard », Mariana Otero filme Gilles Caron, l’homme derrière l’objectif

Par Mathieu Macheret

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La documentariste a plongé dans l’œuvre du photographe, mort en 1970 à l’âge de 30 ans, pour tenter d’en faire le portrait.

L’AVIS DU « MONDE » - À NE PAS MANQUER

Comment tirer le portrait du portraitiste, lui qui a pour habitude de se dérober derrière ses modèles ? A fortiori comment le faire en son absence, quand celui-ci est mort depuis longtemps ? La documentariste Mariana Otero (Entre nos mains, L’Assemblée) répond avec Histoire d’un regard, son dernier long-métrage, consacré au photographe Gilles Caron (1939-1970), de la plus belle des manières. Elle plonge au cœur de ses œuvres, pour faire d’elles la matière première du film et poursuivre leur trame secrète, où se dessine quelque chose du cheminement et du geste singulier de l’artiste. Mais aussi, peut-être, du secret de son absence.

Une certaine discrétion caractérisait, semble-t-il, la personnalité de Gilles Caron, photoreporter pour l’agence Gamma disparu en 1970 au Cambodge à l’âge de 30 ans. C’est de ce retrait que part Mariana Otero : alors qu’on lui doit certaines des photographies les plus célèbres de la seconde moitié des années 1960, dont certaines habitent la mémoire collective (le sourire narquois du jeune Daniel Cohn-Bendit opposé à un CRS en mai 1968), son nom reste peu identifié du grand public. Durant sa courte période d’activité (1964-1970), Caron est monté au front des conflits et événements les plus significatifs de son temps, du Vietnam au Biafra, de la guerre des Six-Jours à la fin du « printemps de Prague ». Ses images resplendissent de présences humaines intenses, saisies la plupart du temps dans le feu de la lutte ou la fugace parenthèse d’un regard éloquent.

Le film ne se contente pas de compiler les meilleurs clichés de Caron, façon « best of », mais les investit comme un terrain d’enquête, propice à reconstituer des phases entières et décisives de reportages. Mariana Otero remonte à ses rouleaux de pellicule numérotés pour observer le travail du journaliste dans son déroulement : les photographies ne sont plus considérées isolément, comme des objets sortis de nulle part, mais resituées dans des séquences de prises de vue qui en révèlent l’avant et l’après. C’est sans doute dans cet angle « analytique » que se situe la part la plus passionnante du film. Inscrire la photographie dans la dimension temporelle du cinéma permet de saisir la part de tâtonnement, de recherche, qui la caractérise – ce qu’on pourrait appeler « l’exercice » du regard.

Pratique du pas de côté

Une scène d’anthologie révèle les coulisses de la fameuse photographie de Cohn-Bendit : c’est en se déportant audacieusement sur le côté de la scène que Caron trouve le bon angle pour immortaliser l’insolence étudiante de Mai 68. Tout l’art du photographe semble tenir précisément dans cette pratique du pas de côté, susceptible de révéler la scène à elle-même. Lors de la bataille de Dak To, au Vietnam, en novembre 1967, alors que les affrontements font rage, Caron prend sur lui de passer devant les troupes pour saisir le visage des soldats, et plus seulement leurs silhouettes de dos.

LES IMAGES RACONTENT L’EXTRÊME MOBILITÉ DU PHOTOGRAPHE, SA FAÇON DE VIBRIONNER AUTOUR D’UN ÉVÉNEMENT

Par un beau travail de voix off, la réalisatrice retrace les enjeux et le déroulement des situations, en partant toujours des images, de ce qu’elles montrent, de ce qu’elles oblitèrent. C’est leur observation scrupuleuse qui lui permet, avec l’aide de l’historien Vincent Lemire, de reconstituer le parcours géographique de Caron à Jérusalem lors de la guerre des Six-Jours. Ainsi scrutées, les images racontent aussi l’extrême mobilité du photographe, sa façon de vibrionner autour d’un événement, pour en dénicher le cœur battant.

Le personnage demeure jusqu’au bout insaisissable, mystérieux : il semble avoir été atteint par la violence des conflits qu’il allait couvrir comme autant de réminiscences d’une guerre d’Algérie dont il gardait au fond de lui la blessure. En Irlande du Nord, Mariana Otero retrouve d’anciens modèles de ses reportages sur les émeutes du Bogside, en août 1969, à l’occasion d’un émouvant passage : des années plus tard, personne ne se souvient du photographe qui a donné aux événements le visage et la posture iconique d’une jeune insurgée blonde, en jupe et sandales, au milieu des gravats. Partout, le reporter semble s’être effacé, comme absorbé par la légende de ses images. Et si Gilles Caron était passé tout entier du côté de ses photographies ? L’histoire d’un regard s’avère ainsi le meilleur fil à délier pour retrouver l’homme disparu derrière l’objectif.

Documentaire français de Mariana Otero (1 h 33). diaphana.fr/film/histoire-dun-regard

28 janvier 2020

Anna Johansson

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28 janvier 2020

Analyse - Brexit : à quoi ressemblera l’Europe sans le Royaume-Uni ?

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Par Virginie Malingre, Bruxelles, bureau européen

La manière dont se dérouleront les négociations entre Londres et Bruxelles pour définir leur relation future sera déterminante pour l’Union européenne.

Il aura fallu plus de trois ans et demi après le référendum sur le Brexit pour que le Royaume-Uni quitte les institutions européennes. Le 1er février, ce sera chose faite. A la Commission, cela fait déjà plusieurs mois que Londres n’a plus de représentant. Au Parlement de Strasbourg, les 73 eurodéputés britanniques auront plié bagage. Et autour de la table du Conseil, où se réunissent les dirigeants européens, pour la première fois dans l’histoire de la construction communautaire, on comptera une chaise de moins.

A quoi ressemblera l’Europe à vingt-sept ? La perte est d’abord numérique, alors que l’Union européenne va se voir amputer de 66 millions d’habitants, d’un important contributeur à son budget et de plus de 15 % de son produit intérieur brut (PIB). Pour reprendre les mots de la chancelière allemande, Angela Merkel, le Royaume-Uni sera dorénavant un « concurrent à notre porte ».

Perte d’une puissance nucléaire militaire

D’un point de vue géopolitique aussi, le Brexit a un lourd coût pour l’Europe puisque, avec la France, le Royaume-Uni est l’un des deux pays membres de l’Union européenne (UE) à être une puissance nucléaire militaire et à avoir un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU.

Mais le vide laissé par le départ des Britanniques va au-delà, il est d’ordre quasi philosophique. « De Thatcher à Blair, Londres a modelé la construction européenne. En lui donnant une orientation pro-marché et pro-élargissement, avec des instruments de puissance limités, c’est-à-dire un budget petit et des souverainetés nationales réaffirmées », commente un diplomate. En somme, avec son « I want my money back » du 30 novembre 1979, Margaret Thatcher a fait du marché intérieur la pierre angulaire de la construction européenne.

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« Le Royaume-Uni voulait l’élargissement pour diluer l’Union, éviter l’intégration et avoir des alliés », poursuit cet expert de la vie bruxelloise. De fait, en plus des Pays-Bas, les Britanniques ont coalisé derrière eux les Scandinaves et une partie des pays de l’Est pour donner à l’Europe un visage plus libéral. A Bruxelles, ils maîtrisaient parfaitement la logique d’influence, ils étaient au cœur de la bataille des idées.

« Depuis les années 90, plus encore après le grand élargissement de 2004, la vision française en Europe a reculé », constate Eric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman. D’autant que l’Allemagne, au sommet de sa puissance économique au tournant du siècle, a pleinement profité de l’élargissement aux pays de l’ex-bloc soviétique.

Comparable à la réunification allemande

« Pour l’Europe, le Brexit est un moment comparable à la réunification allemande. Comme elle, il bouleverse radicalement le paysage européen », juge un autre diplomate. Après la réunification allemande, l’Europe a su se réinventer avec l’euro. Saura-t-elle rebondir après le Brexit ? Certains y voient l’opportunité de rebâtir un projet, alors que l’idée européenne bénéficie d’un regain de popularité. Après tout, même Marine Le Pen ne parle plus de Frexit.

D’autres s’inquiètent d’un affaiblissement durable du club européen. « Le risque, c’est de tomber dans l’insignifiance, l’Europe serait très affaiblie si on continuait le “business as usual” », prévient l’ancien ministre des affaires européennes, Alain Lamassoure. Mais tous s’accordent à dire, qu’à ce stade, rien n’est écrit. Comme l’a énoncé Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, en déplacement à New Delhi le 16 janvier, « l’Union européenne est un acteur en quête d’identité, elle ne sait pas encore quel rôle elle veut jouer ».

« Depuis 1973, les Britanniques sont des emmerdeurs permanents. Le Brexit enlève un frein à main à l’Europe », estime Alain Lamassoure. Une chose est certaine, le projet européen n’a jamais eu la même signification pour Londres que pour Paris ou Berlin. Et le Royaume-Uni l’a affaibli, en ne participant pas à l’euro, en n’adhérant pas à Schengen et en multipliant les dérogations en matière de justice et d’affaires intérieures. « Il incarnait une Europe à différents formats. C’était un facteur d’immobilisme », résume un diplomate.

Du Brexit, naîtra peut-être une union monétaire plus puissante puisque la zone euro va se trouver mécaniquement renforcée : elle représentera quelque 85 % du PIB européen, contre près de 72 % aujourd’hui. Et ce chiffre devrait encore augmenter alors que la Croatie et la Bulgarie sont en passe d’adopter la monnaie unique. « La zone euro devient de plus en plus le moteur de l’Union », se réjouit Enrico Letta, président de l’Institut Jacques Delors et ancien président (démocrate) du conseil des ministres italien.

Le Brexit va changer les équilibres

En réalité, Londres est très en retrait des affaires européennes depuis que David Cameron a annoncé en janvier 2016 la tenue d’un référendum sur le Brexit. Et on ne peut pas dire que cela ait, pour l’instant, permis de donner une nouvelle impulsion à l’Europe, même s’il ne faut pas minorer certaines avancées, en matière de lutte contre le dumping ou d’Europe de la défense.

Certes, le programme de la nouvelle présidente de la Commission Ursula von der Leyen, qui veut construire une Europe puissante, souveraine et sociale, n’aurait sans doute pas porté les mêmes priorités si le Royaume-Uni s’en était mêlé. Mais il répond aussi aux défis climatiques et numériques, au désengagement des Etats-Unis de la scène internationale, aux attaques commerciales de Donald Trump ou encore aux ambitions de Pékin.

« Le Royaume-Uni n’était pas l’empêcheur de tourner en rond que l’on décrit, en tout cas pas le seul et pas sur tous les sujets », nuance Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts au Parlement européen. « Beaucoup de pays se cachaient derrière Londres », poursuit l’élu belge, qui cite le Benelux sur la fiscalité, ou les Pays-Bas et l’Allemagne sur le budget européen.

Le couple franco-allemand au cœur du dispositif

Dans ce contexte, le Brexit va changer les équilibres. « Les négociations européennes sont très ritualisées, c’est un jeu de rôle. On avait la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni dans une trilogie canonique. Aujourd’hui, les rôles sont déjà en train d’être redistribués », constate Nicolas Véron, cofondateur du think tank européen Bruegel. Le couple franco-allemand reste au cœur du dispositif, mais les deux pays ne sont pas en phase — Berlin pense puissance économique quand Paris parle géopolitique — et la fin de règne, difficile, d’Angela Merkel ne facilite pas les choses.

Les plus petits pays ne veulent donner la prééminence à aucun des deux partenaires. Ils ont bien compris qu’entre le Brexit et la baisse de régime de l’Allemagne, la France, emmenée par un Emmanuel Macron qui revendique son europhilie, a une carte à jouer. « Avec une UE qui d’un marché deviendrait une stratégie, on passerait de Merkel à Macron ! », sourit un représentant d’un allié du Royaume-Uni.

Dans cette recomposition en cours, les experts en affaires européennes observent avec attention ce que fait La Haye. Sur certains sujets, les Néerlandais se sont rapprochés de Paris, comme on l’a vu lors de la renégociation de la directive sur les travailleurs détachés. Sur d’autres, par exemple le budget européen, ils restent proches de Berlin. Et, parfois, surtout quand il s’agit de saper les idées élyséennes pour une union monétaire renforcée, ils retrouvent leurs alliés de ce qu’on appelle maintenant la ligue hanséatique (les Irlandais, les Danois, les Baltes et les Suédois). « Il va y avoir de la fluidité pendant un certain temps », commente un proche de l’Elysée. Paris et Berlin devront avancer avec délicatesse dans ce paysage en recomposition, s’ils ne veulent pas crisper les positions.

Le marché intérieur, et ses 450 millions de consommateurs, reste sans aucun doute le premier levier de l’unité européenne. « C’est une glu qui nous colle ensemble. C’est le bide qui parle », explique un diplomate. Au-delà, l’aptitude de l’Europe à convaincre la Pologne de s’engager sur l’objectif de neutralité carbone en 2050, sa capacité à reconstruire une politique des migrations après des mois de blocage, ou encore la pâte qu’elle donnera au budget européen actuellement en négociation, seront les premiers tests de sa capacité à rebondir.

Mais, plus que tout, c’est la manière dont se dérouleront les négociations entre Londres et Bruxelles pour définir leur relation future qui sera déterminante pour l’Europe. Parce qu’elle permettra — ou pas — de limiter les dégâts du Brexit, notamment en matière géopolitique. Mais aussi parce qu’elle constituera la première mise à l’épreuve de l’unité des Européens, dont les intérêts dans cette discussion ne sont pas alignés… Qu’ils se divisent, et le Brexit aura réellement affaibli l’Europe.

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28 janvier 2020

Cité Radieuse à Marseille

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L'unité d'habitation de Marseille — connue sous le nom de Cité radieuse, « Le Corbusier » ou plus familièrement « La Maison du fada » est une résidence édifiée entre 1947 et 1952 par l'architecte Charles-Édouard Jeanneret, né à La Chaux De Fonds (Suisse) le 6 octobre 1887, et connu sous le pseudonyme de Le Corbusier (1887-1965).

La Cité Radieuse se trouve au 280 boulevard Michelet à Marseille dans le quartier de Sainte-Anne, dans le 8e arrondissement. Bâtie sous forme de barre sur pilotis (en forme de piétements évasés à l'aspect brutaliste), elle tente de concrétiser une nouvelle forme de cité, un « village vertical » appelé « Unité d'habitation ».

La résidence compte 337 appartements de 23 types différents séparés par des « rues intérieures » (l'appartement « type » est en duplex) et un hôtel de 21 chambres.

En juin 2013 le gymnase sur le toit est reconverti en lieu d'exposition par le designer français Ora-ïto qui y installe une fondation artistique le MaMo (Marseille Modulor).

Le site est inscrit, avec seize autres œuvres architecturales de Le Corbusier, sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2016.

28 janvier 2020

Bondage

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