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Jours tranquilles à Paris
20 octobre 2019

Reportage - Design et nazisme, un rapprochement qui dérange

nazi

Par Anne-Lise Carlo, Bois-le-Duc, Pays-Bas, envoyée spéciale

A Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, l’exposition « Design du IIIe Reich » réunit 275 objets d’époque. Le but : montrer comment mobilier et affiches de propagande ont contribué au développement de l’idéologie totalitaire. Mais ce « design » peut-il entrer au musée ?

Depuis la gare de Bois-le-Duc –’s-Hertogenbosch en néerlandais –, aux Pays-Bas, il faut longer les jolis canaux pour arriver au Musée du design de Den Bosch (le troisième nom de la ville). Impossible de se tromper, un flot de visiteurs emprunte déjà le même chemin.

Est-ce la polémique née avant même l’ouverture en septembre de l’exposition « Design du IIIe Reich » qui attire les foules, ou le sujet en lui-même ? En tout cas, le musée ne désemplit pas, et la majorité des billets a déjà été vendue jusqu’en janvier 2020, l’exposition fermant ses portes le 19 janvier.

Le jour de notre visite, le public est essentiellement néerlandais et belge, la tranche d’âge moyenne dépasse la soixantaine, à l’exception de quelques groupes scolaires. Dès le hall d’entrée, tous sont priés d’abandonner leurs affaires personnelles, téléphones et appareils photo, sur recommandation d’une hôtesse qui les accueille un par un. Devant l’étonnement de certains, elle aura cette réponse refrain : « Because of the subject » (à cause du sujet).

Le propos de l’exposition est en effet de montrer à quel point le design nazi a été pensé, et comment sa puissance a contribué au développement de l’idéologie totalitaire ; 275 objets dont des affiches de propagande, de la vaisselle et des ustensiles ornés d’aigles et de croix gammées, des meubles et des objets militaires s’entremêlent pour raconter une vie quotidienne contrôlée dans ses moindres détails, afin de susciter la fascination et le culte.

Faux pas

Dans son bureau, à l’écart de l’effervescence du musée, le directeur Timo de Rijk, commissaire principal de l’exposition, a le regard un peu sombre. Les vives critiques des dernières semaines, surtout celles évoquant le risque de glorification du nazisme, lui laissent un goût amer : « Nous avons évidemment pris toutes les précautions nécessaires, nous savons à quel point le sujet est délicat. Tout dans cette exposition est contextualisé, replacé dans une perspective historique sans aucune complaisance, et chaque texte est traduit en trois langues, anglais, néerlandais et allemand. »

Cet ancien professeur en design de l’université de Delft veut montrer qu’il n’a rien laissé au hasard, jusqu’au choix d’une « voix féminine pour l’audioguide, moins agressive ». Et l’exposition n’a volontairement pas de catalogue qui lui survivra.

Malgré toutes ces précautions, le « Design du IIIe Reich » démarre par un faux pas. A l’entrée de l’exposition, un film d’introduction d’une quinzaine de minutes résume l’ascension du régime nazi, à travers l’attirail de la propagande nationale-socialiste.

Sous forme d’énumération, les « objets » phares du régime défilent : du fameux micro « bouteille » Neumann devant lequel Adolf Hitler fera tous ses discours au brassard portant la croix gammée, de la moustache même du Führer à la Volkswagen de parade blindée servant à démontrer la force de l’industrie allemande… Puis, sans transition, succèdent à ces images celles des camps.

Si l’extermination de la population juive dans ces camps est aussitôt mentionnée, sur fond de bande-son dramatique faite de battements de cœur, ce choix interpelle et dérange. Fallait-il mettre sur un même plan l’architecture de la mort et des objets de propagande ?

« Il faut toujours faire très attention au nivellement des choses quand on s’aventure sur ces terrains épineux », souligne Michael Tymkiw, maître de conférences à l’université d’Essex (Royaume-Uni) et auteur du livre Nazi Exhibition Design and Modernism (2018, non traduit en français), qui étudie la scénographie d’exposition durant la montée du nazisme.

L’exposition se poursuit ensuite à l’étage du dessous dans une seule et même grande salle, avec une signalétique grise et blanche qui n’aide pas le visiteur à repérer les différentes séquences. En raison de l’affluence, on peine parfois à se frayer un passage entre les vitrines.

Parmi la quantité d’objets présentés, on découvre notamment une iconique radio de métal, la DAF1011, produite en série et qui équipera une grande part des foyers allemands pour mieux écouter les discours d’Hitler multidiffusés et précédés de reportages à sa gloire. On tombe aussi sur la très célèbre affiche du graphiste allemand Franz Würbel réalisée pour les Jeux olympiques (JO) de 1936, entre mythologie grecque et culte du corps de l’athlète, chers au Führer. Plus loin sont diffusés des extraits des documentaires de propagande de la réalisatrice allemande Leni Riefenstahl qui sublimera de manière autant cinématographique que troublante l’esthétique nazie dans les cérémonies du régime, de Nuremberg aux JO.

Une scénographie trop dense

Pas de doute, la mise en contexte est constante et réussie. Mais elle densifie la scénographie jusqu’à la rendre parfois indigeste. Des murs remplis d’affiches et de tableaux, des vitrines encombrées par le (trop) grand nombre de livrets et de magazines de propagande présentés… Le « Design du IIIe Reich » a voulu exposer le plus d’objets possible, mais aurait gagné à montrer moins et mieux.

Pour Michael Tymkiw, l’exposition néerlandaise arrive malheureusement après la référence en la matière, très souvent citée : « Hitler et les Allemands. Le peuple et le crime », présentée par le Musée de l’histoire allemande à Berlin (Deutsches Historisches Museum) en 2010.

« Ils avaient pris beaucoup de précautions avec le sujet. C’était un excellent travail. Même leur catalogue d’exposition était réussi », se souvient-il. « C’est toujours très compliqué de monter ce type d’expositions, ça l’a été aussi à l’époque pour le musée de Berlin, estime Timo de Rijk. Beaucoup des objets présentés ici proviennent d’ailleurs des musées allemands. »

Que pense-t-il du risque que des groupes néonazis s’emparent de l’événement ? « Aux Pays-Bas, une phrase dit : “Vous ne devenez pas nazi uniquement en regardant un svastika.” Je crois sincèrement que notre exposition ne va pas transformer les visiteurs en extrémistes… Vous savez, presque tous les soirs, si on le souhaite, on peut regarder un nouveau documentaire ou lire un nouveau livre sur le IIIe Reich. Je ne comprends pas pourquoi dans les musées ce travail de mémoire n’est pas fait et pourquoi l’on saute quasi systématiquement cette période dans les expositions. Cette omission, ce déni est perturbant. »

Reste que le titre même de l’exposition fait aussi débat. Comment accoler le mot

« design » à celui de « IIIe Reich » ? En tirant ce seul fil, le danger potentiel est toujours celui de l’« humanisation » du nazisme, et donc de sa banalisation. Sur ce sujet, Despina Stratigakos, historienne d’origine canadienne de l’architecture, professeure à l’université de Buffalo (Etats-Unis) et auteure du livre Hitler at Home (2015, non traduit en français), sait de quoi elle parle : « Lorsque j’ai annoncé à ma mère que je démarrais un travail sur l’architecture et le design des résidences d’Hitler, elle m’a dit, horrifiée : “Je t’en supplie, ne fais pas apparaître ce dictateur sous un meilleur jour grâce à tes recherches !” Pendant que j’écrivais, j’ai pesé chaque mot pour être certaine d’être assez critique et ne jamais donner au lecteur l’impression que je voulais le convaincre de quelque chose. »

Albert Speer a droit à un éclairage particulier

S’il est aujourd’hui avéré que l’architecture et le design intérieur ont joué un rôle important dans la propagande nazie, cet aspect-là est finalement peu incarné dans l’exposition néerlandaise. On aurait pu s’attendre à en apprendre davantage sur les designers et les architectes influents dans le cercle d’Hitler, derrière les nombreux meubles et objets exposés au musée Den Bosch.

Seul l’architecte personnel d’Hitler, Albert Speer, a droit à un éclairage particulier, notamment à travers un imposant buffet en bois pensé pour le bureau du Führer dans sa résidence officielle à Berlin (Neue Reichskanzlei), qu’il occupe à partir de 1939. « Le bâtiment architectural tout comme cette pièce de mobilier, démesurée et probablement inspirée du mobilier français du XVIIIe siècle, étaient faits pour impressionner les visiteurs étrangers et inspirer le respect vis-à-vis du Führer », explique l’exposition.

Au-delà d’Alfred Speer, on sait le rôle déterminant qu’a joué la designer et architecte allemande Gerdy Troost auprès d’Hitler. L’exposition ne l’évoque qu’à travers un échantillon de tissus destinés à la décoration intérieure du Berghof, résidence secondaire du Führer dans les Alpes bavaroises. « Gerdy Troost a toujours été sous-étudiée, alors qu’elle a été très influente dans l’imagerie du IIIe Reich, qui faisait apparaître Hitler comme un homme d’intérieur raffiné, cultivé, jouant avec ses chiens. Mais Gerdy Troost était une femme et elle n’avait pas de position officielle auprès du dictateur. Elle était d’abord l’épouse de Paul Troost, un architecte officiel du IIIe Reich », explique Despina Stratigakos.

Le style sophistiqué de la designer a pourtant grandement participé à la propagande nazie, et ce bien au-delà des frontières allemandes. Ainsi, en 1937, le New York Times et d’autres titres de la presse étrangère n’hésitaient pas à s’extasier devant le Berghof, ce chalet traditionnel transformé en élégante « demeure moderniste »…

Anne-Lise Carlo (Bois-le-Duc, Pays-Bas, envoyée spéciale)

Le contexte

Début septembre, à coups d’affiches placardées et de distributions de tracts, des membres des Jeunesses communistes néerlandaises ont essayé, avant même son ouverture, de faire interdire l’exposition « Design du IIIe Reich » au Design Museum Den Bosch à Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, dénonçant une glorification du nazisme à travers tous les objets exposés. Des associations juives se sont aussi émues de la tenue d’un projet jugé « bizarre et de mauvais goût ». Si le directeur du musée, Timo de Rijk, affirme avoir travaillé « en concertation avec la communauté juive très en amont de l’ouverture », il n’a pu éviter la polémique. « Le fait que cette exposition ait lieu aux Pays-Bas n’est pas anodin », explique Géraldine Schwarz, journaliste et auteure du livre Les Amnésiques (Flammarion, 2017), une enquête sur sa famille et les Mitläufer, « ceux qui marchent avec le courant ». « Ce pays, occupé par le IIIe Reich pendant la guerre, a un rapport trouble avec ce passé. Il n’a certes pas collaboré de plein gré avec l’Allemagne nazie comme la France, mais sa culture excessive du consensus a facilité la déportation de 75 % de ses juifs, soit le pourcentage le plus élevé d’Europe après les pays baltes. Si le pays a reconnu la souffrance des juifs dès les années 1960 et que la population est l’une des rares d’Europe, avec les Allemands, à s’être interrogée sur son rôle de “Mitläufer”, le gouvernement reste l’un des seuls d’Europe à ne pas avoir officiellement reconnu la part de responsabilité des autorités dans la déportation des juifs. » Plus d’un mois après l’ouverture de l’exposition, la polémique a cédé la place à la curiosité, entraînant des flots de visiteurs.

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19 octobre 2019

Champ de Mars - Paris

champ de mars

19 octobre 2019

Sexe : faut-il tout essayer en début de relation ?

sexe tout essayer

par Maïa Mazaurette

Frustration, rétention, peur de manquer - les logiques comptables sont parfois appliquées à la chambre à coucher, et ça n'est ni innocent, ni exaltant.

"Pour les plans à trois, pour le bondage, pour les jeux de prostate, je préfère attendre quelques années. Il faut échelonner les plaisirs. Sinon, on n'aura plus rien à découvrir à 40, 50, 70 ans."

Cette logique d'inventaire (avec planification quinquennale et courbes de progression) traverse encore souvent la manière dont nous "gérons" la sexualité de couple. De la mesure ! De la lenteur ! De la prudence !

Ce réflexe est fondé, avant tout, sur la peur de manquer. Sauf qu'en sexualité, tant que votre partenaire a du désir, vous ne manquerez pas : il n'y a aucune quantité prédéfinie de sexe dont vous pourriez arriver au bout. Il n'y a pas non plus de quantité prédéfinie de nouveauté, sauf si vous pensez réellement pouvoir explorer de votre vivant tous les fantasmes (j'espère que vous avez des RTT et des barres protéinées).

Vous aurez toujours suffisamment de sexe, tant que vous aurez de la curiosité, de l'imagination, et tant que vous susciterez le désir. Et pour le susciter, effectivement, deux stratégies s'opposent (ou se complètent):

- La rétention. Vous donnez moins, pour créer de la frustration. C'est la logique des plaisirs gardés pour plus tard, qui n'a de sens que si on considère le répertoire érotique comme figé.

- La réinvention. Vous donnez autant que vous le désirez (et autant que l'autre en a envie), mais vous avez toujours de nouvelles idées. Ce qui signifie que vous élargissez au fur et à mesure votre répertoire érotique.

Attention : ça ne signifie pas que vous deviez tout faire tout de suite, par principe. Certaines pratiques sont plus faciles à réaliser quand on connaît suffisamment ses partenaires, pour anticiper leurs limites et leurs préférences. Mais ça ne signifie pas que tout le monde ait besoin de délais. Une partenaire expérimentée pourra pratiquer la sodomie le premier soir, une autre attendra trois ans, une autre n'aura jamais envie.

Le temps joue en votre faveur parce qu'il faut du temps pour se connaître soi-même, pour connaître l'autre, pour développer un lien de confiance, et pour explorer. Estimer que le temps va se refermer comme un piège sur la relation, c'est estimer que l'expérience vous fait perdre quelque chose. Non seulement ça ne tient pas la route, mais c'est une prophétie auto-réalisatrice. Si vous commencez à agir comme si le sexe était un champ limité, c'est exactement ce qui va se produire.

En suivant vos désirs (partagés), vous ne perdez ni nouveauté, ni "innocence" Déjà parce que vous vous jetez à corps perdu dans l'aventure, et que c'est une chouette manière de rendre les choses pétillantes et explosives. Ensuite parce qu'il y aura encore et toujours des espaces de nouveauté, d'apprentissage et de saut dans l'inconnu.

A ce titre, balayons une idée reçue : ce n’est pas la répétition du sexe qui rend les choses banales, ennuyeuses, routinières. C’est la répétition tout court. Or la répétition se nourrit d’inexpérience, et nourrit cette inexpérience en retour. Moins vous en savez, moins vous en faites, et moins vous en faites, moins vous en savez... c’est un cercle vicieux. A l'inverse, plus vous explorez le territoire de la sexualité, plus le territoire inexploré augmente : ça fonctionne exactement comme des cercles concentriques.

Ne vous laissez pas intimider par ceux qui prétendent qu’en sexe, "on fait le tour de la question". Plus vous faites le tour, plus il y a d’espace. Plus vous pratiquez le sexe, plus il y en a.

Terminons d'ailleurs sur une petite mise en garde : quand on prétend que vous pourriez pratiquer "trop" de sexe, c'est mauvais signe. Pire encore quand on avance que "trop" de sexe équivaut à du "moins bon" sexe. Il n'y a aucune corrélation entre quantité et qualité. Par contre, il y a une corrélation entre ce genre de discours toxique, et la volonté d'emprise de celles et ceux qui les diffusent.

(Petit bonus : cette idée qu’on pourrait faire le tour de la question sexuelle, en psychologie, repose sur l’effet Dunning-Kruger : un biais cognitif très documenté de surconfiance, qui veut que moins on est qualifié sur un sujet, plus on estime en maîtriser les contours. En sexualité, il n'y a pas de contours. Enjoy !)

19 octobre 2019

ALERTE-Balkany-Justice

Les Balkany reconnus coupables de blanchiment aggravé de fraude fiscale mais pas de corruption, de prison pour Patrick

balkany

Patrick Balkany, qui a refusé d’assister au jugement de son deuxième procès, son épouse Isabelle et leur fils Alexandre sont reconnus coupables de blanchiment aggravé de fraude fiscale.

Patrick Balkany est condamné à 5 ans de prison avec mandat de dépôt.

Isabelle Balkany est condamnée à 4 ans de prison ferme sans mandat de dépôt étant donné son état de santé.

Le tribunal ordonne la confiscation des biens immobiliers (moulin de Giverny et riad de Marrakech) des Balkany.

Alexandre Balkany est condamné à 6 mois de prison avec sursis simple.

Jean-Pierre Aubry est condamné à 3 ans de prison avec sursis et à une amende de 50.000 euros et interdiction définitive d’exercer la profession d’avocat.

« Les infractions de blanchiment ont gravement porté atteinte à l’ordre économique et a privé l’état de sommes importantes, a aggravé la déchirure du pacte républicain et ce, quand bien même, nul argent public n’a été détourné » a déclaré le président du tribunal.

En revanche, le tribunal, par manque de preuve, ne retient pas la corruption passive ou active pour Patrick Balkany, Mohamed Al Jaber, Me Arnaud Claude et Jean Pierre Aubry (ancien directeur général de la Semarelp, la société d’économie mixte de Levallois-Perret). Ils sont relaxés pour ces faits.

Le tribunal ne retient pas non plus l'infraction de prise illégale d’intérêt pour Patrick Balkany et Jean-Pierre Aubry.

19 octobre 2019

Six mois après l’incendie, le chantier colossal de Notre-Dame de Paris

notre dame12

Par Jean-Jacques Larrochelle

La cathédrale n’est toujours pas consolidée et l’échafaudage endommagé n’a pas encore été démonté. Le budget estimé pour l’ensemble de la phase de consolidation est de 85 millions d’euros.

Le ministre de la culture et de la communication, Franck Riester, a présenté, mardi 15 octobre dans son ministère, rue de Valois, à Paris, un bilan à six mois de l’incendie survenu à Notre-Dame le lundi 15 avril. Durant la nuit, les flammes ont détruit la charpente en bois dont une partie datait de l’époque médiévale, ainsi que la flèche construite par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle. Cette dernière, en s’effondrant, a transpercé la voûte en deux endroits. Tant qu’elle n’est pas consolidée et l’échafaudage démonté, Notre-Dame « n’est pas totalement sauvée », a rappelé le ministre.

Le chantier, devant permettre l’étude et la résolution des problèmes provoqués par la conjonction du feu et de l’eau déversée par les pompiers, s’annonce colossal. Il se complique, de surcroît, en raison d’une importante présence de plomb face à laquelle les nécessaires dispositions à prendre ralentissent le rythme de travail.

La mobilisation s’est aussitôt apparentée à « un marathon qui a commencé par un sprint », pour reprendre les termes du préfet de la région Ile-de-France, Michel Cadot, cités par Franck Riester lors de son intervention.

Le chantier

Trente-neuf entreprises et quelque 80 compagnons peuvent être présents sur le site. Grâce à l’emploi de laser mètres, de capteurs et de fissuromètres, les structures de la cathédrale et de l’échafaudage (qui devait permettre de réaliser des travaux sur la flèche) font l’objet d’une surveillance assidue.

Par ailleurs, 80 % des débris (métal, bois ou pierre) projetés au sol ont été prélevés à l’aide de robots avant d’être récupérés par la police scientifique, en quête d’indices sur l’origine de l’incendie, puis par le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH). Des mesures de sauvegarde ont aussi été engagées, en priorité sur les éléments susceptibles de se détacher du corps de l’édifice ou pour stopper toute dégradation supplémentaire.

Les premières interventions ont surtout concerné la consolidation des pignons ouest ainsi que ceux au nord et au sud du transept (ici agrémentés de rosaces), le bâchage des voûtes hautes, le frettage (cerclage) des chimères, côté parvis, et de deux piliers à l’intérieur de la nef. Le 25 juillet, deux blocs de pierre sont tombés sur les filets tendus sous la nef. « L’ébranlement des parties adjacentes aux parties effondrées et l’effet du feu, font peser une menace sur la stabilité réelle du voûtement », indique, dans un document publié le 14 octobre, la préfecture de la région Ile-de-France.

L’équilibre d’une architecture gothique étant, pour faire simple, issu de la neutralisation d’un ensemble de forces « antagonistes », toute disparition d’un ou de plusieurs éléments structurels (ici, la charpente et la toiture) menace sa stabilité.

Un platelage (plancher) appuyé sur le haut des murs gouttereaux a été posé permettant d’étudier, autant par le LRMH que par les enquêteurs, la nature des débris qui jonchent le dessus de la voûte (extrados).

La stabilisation des parois de la nef sera effective une fois réalisée la mise sur cintre de la totalité des quatorze arcs-boutants : une partie, côté sud, le sera fin octobre, le reste (autour de la croisée du transept), « à venir », indique le document de la préfecture. A ce renforcement viendra s’ajouter la mise en place de tirants métalliques.

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L’échafaudage

C’est l’un des points critiques. La suppression de l’immense échafaudage, en partie tordu par la chaleur des flammes, est nécessaire à la mise en place d’un grand parapluie qui abritera l’intérieur de l’édifice, et facilitera le travail des équipes.

Conçue comme un « tabouret », chevauchant la cathédrale, reposant sur le sol et à peine appuyé sur les quatre piles de la croisée, la gigantesque construction concourt à la tenue de l’ensemble. Son démontage, prévu à partir de fin octobre début novembre, va nécessiter un luxe de précaution. Une dizaine d’étapes sont prévues.

En résumé : montage d’un échafaudage supplémentaire après une purge des débris sur la structure existante ; dépose des premières parties supérieures et rehausse, tout autour, des échafaudages des pignons qui serviront d’appui à une poutraison destinée aux cordistes devant réaliser le démontage.

« L’objectif est, à chaque étape, de sécuriser et de renforcer la structure de l’échafaudage en vue de pallier tout risque d’effondrement », indique la préfecture. L’achèvement de cette phase est prévu entre le printemps et l’été 2020.

L’établissement public administratif

Le soir de l’incendie, la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Ile-de-France, à titre de maître d’ouvrage, s’est impliquée dans l’organisation des premières mesures d’urgence. Le lendemain, l’architecte en chef des monuments historiques (ACMH) chargé de Notre-Dame, Philippe Villeneuve, dressait un premier état des lieux. A compter du 1er décembre, la rue de Valois deviendra officiellement la tutelle d’un établissement public administratif (EPA).

C’est cette structure qui assurera désormais la maîtrise d’ouvrage du chantier. Elle sera dirigée par le général Jean-Louis Georgelin, nommé par décret du premier ministre Edouard Philippe, en date du 30 septembre, « préfigurateur de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris ».

Cet ancien chef d’état-major des armées était devenu après l’incendie « représentant spécial » sur le site d’Emmanuel Macron. Un choix dicté par la volonté du président, dès le 16 avril, que la reconstruction du plus visité des monuments français « soit achevée d’ici à cinq années ». Un délai apparemment très court que Philippe Villeneuve juge toutefois réaliste. L’établissement emploiera une quarantaine de personnes.

Le projet numérique

Trois ACMH travaillent sur le chantier de Notre-Dame. Philippe Villeneuve et Rémi Fromont sont affectés à la situation d’urgence impérieuse, tandis que Pascal Prunet se consacre à la problématique de recherche en lien avec les spécialistes des différents pôles (pierre, métal bois, peinture…) du LRMH, du CNRS, du Centre de recherche et de restauration des musées de France ou du service régional de l’archéologie de la DRAC.

Objectifs : intégrer ces savoirs faire à l’élaboration du diagnostic et mettre en œuvre, à terme, grâce à une base de données, un corpus de connaissance plus large sur Notre-Dame (matériaux, modes de construction, sources d’approvisionnements).

Au sein de cette communauté, Livio de Luca, directeur de recherche en numérisation du patrimoine au CNRS, coordonne les groupes de travail sur les données numériques relatives à la cathédrale. « Les numérisations passées, présentes et futures de l’édifice sont utiles pour la restauration », souligne-t-il. Et les retombées pas seulement technologiques, mais aussi sociétales.

Dons et promesses

A ce jour, 922 millions d’euros de dons et de promesses de dons ont été reçus pour rebâtir la cathédrale, a annoncé Franck Riester. Le budget estimé pour l’ensemble de la phase de consolidation est de 85 millions d’euros ; 104 millions d’euros ont déjà été versés par les donateurs qui sont au nombre de 350 000.

« Il est bien trop tôt pour dire si le montant des dons suffira, a déclaré le ministre de la culture. L’Etat assumera ses responsabilités ; on ne va pas laisser Notre-Dame en plan. » Pour l’heure, il a engagé plus de 37 millions d’euros de crédit, ces engagements de dépense étant effectués sous le régime de l’urgence impérieuse.

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18 octobre 2019

Week-End

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Vélo

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Fanny Müller

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Vu sur internet - j'aime bien

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16 octobre 2019

Charliee

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