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Jours tranquilles à Paris
5 septembre 2019

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5 septembre 2019

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5 septembre 2019

Reportage - Le saumon, industrie à grande échelle et filon pour la Norvège

Par Martine Valo, Alta, Judaberg (Norvège), envoyée spéciale

Manger demain. La pisciculture de masse représente le deuxième secteur d’exportation du royaume nordique derrière le pétrole, au détriment du salmonidé sauvage.

Elle est à lui pour dix-huit heures, pas une minute de plus, alors il n’a pas l’intention d’en perdre une miette. En ce tout début d’été, le soleil ne se couchera pas cette nuit sur le Finnmark, dans l’extrême nord de la Norvège. Paul Inge Thomassen non plus. Lui qui est camionneur le reste de l’année a gagné à la loterie annuelle, gratuite pour les gens d’ici, le droit de régner trois jours durant sur la rivière Alta, ou du moins sur ce tronçon de près de 1 kilomètre de long qu’il ne quitte pas des yeux. La lumière du jour a beau être permanente, le froid est mordant, l’homme a allumé un brasero et dressé deux modestes tentes avec quelques amis. Entre 18 heures et midi, le cours d’eau puissant est à portée de sa canne à pêche, la sienne uniquement. Il n’y a pas un bateau en vue, pas même un de ses fins canoës de bois à moteur typiques de la région.

Un sourire radieux aux lèvres, Paul Inge Thomassen contemple le fleuve qui bouillonne entre des forêts s’étirant à perte de vue, surlignées d’un reste de neige au loin. Il laisse filer à ses pieds le courant qui embrasse des îlots où se côtoient oiseaux de mer et canards, et dévale jusqu’à la mer de Barents. C’est précisément là que les saumons se lancent pour remonter la rivière, des saumons atlantiques (Salmo salar) exceptionnels, qui dépassent aisément les 20 kg. La veille, Espen, son fils de 15 ans, en a attrapé un de 8 kg. Avec une passion égale à la sienne.

Dans le Finnmark, le saumon sauvage, capable de nager des kilomètres à contre-courant, de remonter des cascades en sautant, est érigé en animal totem, souvent relâché, plus rarement mangé. Il est interdit d’en attraper dix mois sur douze, et pas plus de deux spécimens par jour. Les gens d’Alta – une ville au charme exclusivement lié à son environnement naturel – se sont collectivement imposé des règles drastiques au sein d’une organisation locale de pêche qui date de… 1725.

L’intérêt ne se limite pas au plaisir de méditer dans des paysages d’exception en guettant la touche qui fera d’eux une légende d’Alta. Comme en témoignent les jets privés sur le tarmac de l’aéroport local, le saumon sauvage génère des revenus non négligeables. Des étrangers fortunés sont prêts à dépenser beaucoup pour y goûter, faisant travailler une bonne centaine de guides, employés de gîtes de luxe, pilotes de canot. Même les lords anglais se plient aux impératifs de la légendaire rivière Alta – eux doivent se contenter de l’horaire 20 heures-4 heures –, avec néanmoins le sentiment ambigu d’un privilège révolu. Comme les autres espèces de saumons sauvages dans le monde, celui de l’Atlantique se fait de plus en plus rare.

La Norvège, premier pays producteur au monde

C’est un autre business cependant qui a conquis cette région nordique depuis une quinzaine d’années : l’industrie piscicole. Pour les pêcheurs du Finnmark, c’est elle, avec son lot de maladies infectieuses, avec surtout ses redoutables poux, qui est la responsable toute désignée du déclin de leur espèce reine. Une espèce qui n’a, à leurs yeux, rien à voir avec les poissons emprisonnés par dizaines de milliers, dans des élevages flottant dans les fjords.

Lorsque les smolts (des saumoneaux âgés de quelques mois) descendent la rivière où ils sont nés pour rejoindre la mer, ils passent près de ces vastes filets perméables aux pathogènes. Ils sont alors encore vulnérables. Mais plus que tout, leurs défenseurs craignent leur hybridation, autant dire leur abâtardissement. Il reste 450 rivières à remontée de salmonidés sauvages en Norvège, avec une génétique légèrement différente selon les endroits. Les deux tiers de ces cours d’eau seraient déjà contaminés par les poissons qui s’échappent des élevages par milliers chaque année.

Car des écloseries à terre, en passant par le grossissement en mer, jusqu’aux abattoirs, la Norvège est le premier pays producteur de saumon au monde. Le secteur économique s’y est structuré à vitesse redoublée à partir des années 1980, au point de figurer en tête des exportations derrière le pétrole. En 2018, son chiffre d’affaires – en hausse de 4,4 % par rapport à 2017 – s’élevait à 6,46 milliards d’euros pour une production de près de 1,3 million de tonnes de salmonidés ; il était de 1,5 milliard d’euros et de 737 000 tonnes dix ans plus tôt.

Plus de 420 millions de saumons attendent actuellement d’atteindre la taille critique qui signifiera leur expédition à l’abattoir. Les cages disséminées tout le long des milliers de kilomètres de côtes norvégiennes n’y suffisent plus. En 2018, le gouvernement a mis des concessions aux enchères. Les prix se sont envolés, signe de l’optimisme des grandes compagnies nationales. Elles cherchent donc à se développer au Chili, au Canada, en Irlande, en Ecosse et lorgnent l’Islande. Née en Norvège, l’industrie se mondialise.

Cette expansion suscite des résistances. Notamment chez son voisin islandais. Les capacités de cette activité piscicole y sont pour l’heure limitées à 70 000 tonnes. La fronde est menée par le North Atlantic Salmon Fund (NASF), qui affirme que le nombre de saumons sauvages est passé de 10 millions il y a quarante ans, à 3 millions aujourd’hui. « Nous pâtissons déjà des poissons échappés de Norvège, dénonce Fridleifur Gudmundsson, avocat, pêcheur et membre du NASF. Nous ne sommes pas contre l’élevage, nous avons besoin d’emplois. Mais notre île est une terre vierge, il est encore temps d’imposer des règles. Les rejets de trois cages immergées sont équivalents à ceux d’une ville de 120 000 personnes ! »

Au printemps, son association et quelques autres ont remis une pétition intitulée « A contre-courant » au Parlement à Reykjavik. L’initiative a permis de rendre la loi plus contraignante : l’autorisation de placer des filets dans les fjords islandais sera assortie d’évaluations environnementales et l’installation de réservoirs hermétiques en mer sera moins taxée.

Croissance très rapide

Mais à l’échelle mondiale, l’aquaculture se développe plus vite que n’importe quel autre secteur alimentaire. Ses volumes ont dépassé ceux de la pêche depuis 2013 et représentent désormais au moins 53 % des coquillages, crustacés, poissons et algues consommés par les humains, et même 56 % s’agissant des poissons. D’une part, parce que les ressources halieutiques sont en berne : conséquence de la surpêche entre autres, les tonnages ne progressent plus depuis la fin des années 1980. D’autre part, parce que la demande s’envole. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), depuis plus d’un demi-siècle, l’aquaculture se développe deux fois plus rapidement que la population. Le secteur est aussi tiré par l’augmentation de la consommation moyenne par habitant (+ 1,5 % par an depuis lors).

La domestication des espèces aquatiques se fait à un rythme accéléré par rapport à ce qui s’est passé sur Terre ces derniers millénaires. Les experts de la FAO prévoient que l’on pourrait atteindre une production totale de 201 millions de tonnes en 2030 (en excluant les plantes aquatiques), essentiellement grâce aux progrès technologiques censés permettre à l’aquaculture de fournir 37 % de plus qu’en 2016. C’est en Chine qu’a lieu l’essentiel de cette mutation : le pays produit à lui seul plus de poissons d’élevage que le reste du monde. Le saumon de l’Atlantique est loin de faire le poids face aux carpes, tilapias, crevettes d’Asie… mais la niche qu’il occupe est la première en valeur.

 

Dans les pays développés, l’appétit du public pour sa chair rose striée de lignes blanches et grasses, familière des consommateurs de sushis, ne faiblit pas. Le constat inspire l’industrie. Au Canada, l’entreprise AquaBounty se targue d’avoir un temps d’avance. Cette société américaine affirme pouvoir mettre sur le marché fin 2020 des saumons atlantiques génétiquement modifiés, qu’elle fait grandir dans des bassins à terre sur l’Ile-du-Prince-Edouard. Ayant reçu des gènes de deux autres espèces, le poisson doit pouvoir croître en toutes saisons et atteindre sa taille adulte en dix-huit mois au lieu des trois ans habituels.

« Nous sommes les premiers au monde à ouvrir notre marché à un animal génétiquement modifié, déplore Mark Butler du Centre d’action écologique à Halifax. Nous pensons qu’il ne va pas nourrir le monde ni même créer des emplois, juste ouvrir la porte à d’autres OGM ». Son organisation s’est battue devant la justice et réclame que ce « Frankenfish », comme l’ont baptisé ses détracteurs, puisse au moins être détecté par les consommateurs, alors qu’aucun étiquetage n’est prévu. Sollicitée, AquaBounty a refusé notre demande de visite, se disant échaudée par la presse française et les « politiques rétrogrades de l’Union européenne en matière de bio-ingénierie ».

« O.K. ! Rendez-vous sur l’île Finnoy, dans le sud de la Norvège », dans le comté du Rogaland, a au contraire répondu Kristina Furnes. La jeune femme dirige la communication de Grieg Seafood, une ancienne entreprise familiale devenue une société de 800 personnes, qui compte, outre au Finnmark et dans le Rogaland, des élevages sur la côte ouest du Canada et aux Shetland écossaises. Elle veut montrer comment son groupe, qui s’est fixé comme objectif de produire 100 000 tonnes de saumon en 2020, cherche à répondre aux inquiétudes du public et à remédier aux conséquences environnementales de son activité.

Un des élevages les moins émetteurs de C02

Rendez-vous est pris à Judaberg, devant l’épicerie-café. Comme souvent dans ce pays, le tout petit port a des allures de carte postale. Le bateau rejoint le site de Nordheimsoyna, à vingt minutes de la terre ferme. Là, des tuyaux de nourrissage partent d’une barge en direction de 18 cages flottantes, cylindriques dans leur partie supérieure, coniques au fond. Les saumons sautent de temps à autre au-dessus de l’eau, sans atteindre le filet de protection horizontal qui décourage les oiseaux marins. L’installation n’a rien de spectaculaire : tout se passe sous la surface. Kristina Furnes vante le bien-être des poissons dans cette eau fraîche, dans laquelle ils peuvent atteindre 5 kg. Les pertes chez Grieg Seafood seraient de 8 %, selon l’entreprise, moins que le taux de 13,3 % annoncé par les statistiques officielles nationales.

Depuis la barge, Oddbjorn Ring Olsen, responsable de la petite équipe d’employés de la ferme piscicole, surveille plusieurs écrans. Deux d’entre eux correspondent au contrôle des séquences de distribution de granulés alimentaires, deux autres retransmettent les images des caméras filmant les animaux. Ceux-ci y apparaissent moins tassés que dans bien des hangars à poules pondeuses, moins nombreux que ne l’exige la réglementation – le seuil maximal est fixé à 200 000 individus par filet selon leur taille –, mais assez pour se frôler en permanence. « Voilà vingt et un ans que je travaille dans ce secteur, résume ce responsable. C’est devenu plus sérieux, nous respectons les règles fixées par le gouvernement à présent. Ça freine notre développement, mais c’est mieux. » L’un des reproches faits aux industriels est de ne pas consentir les mêmes efforts lorsqu’ils prennent pied dans d’autres pays aux réglementations moins exigeantes.

Ils sont cependant prompts à souligner que l’empreinte écologique de leurs fermes piscicoles n’est a priori pas pire que celle des principales viandes consommées. Ses émissions de dioxyde de carbone classent le saumon parmi les élevages les moins émetteurs, après le poulet. Et il arrive en tête pour son taux de conversion alimentaire, autrement dit le rapport entre ce qu’il mange et ce qu’il fournira à manger aux humains. La question de leur alimentation reste cependant un point très sensible : pour grossir, ce carnivore a besoin de croquer des petits poissons, eux-mêmes en sévère déclin. Sans une ration minimum de farines et d’huiles de poisson, il perd sa capacité à produire les oméga-3 vantés par les nutritionnistes.

Des citernes d’allure futuriste

Les stocks d’anchois du Pérou et de sardines d’Afrique de l’Ouest ont pâti de l’engouement des pays développés pour la chair rose et blanc. Les populations locales aussi. Le commerce du « poisson fourrage » est de surcroît accusé d’entretenir la pêche illégale qui mène la vie dure à ses marins. Après un pic de 30 millions de tonnes en 1994, les débarquements de ces espèces ont dégringolé de moitié certaines années. Les prix, à l’inverse, se sont envolés.

Il a fallu trouver d’autres ressources : la part de l’huile de colza, du blé, du soja – produits avec ou sans pesticides, mais moyennant une déforestation galopante –, des haricots, des algues, des insectes constitue parfois plus des trois quarts des rations. Pour le reste, entre 25 % et 35 % de la farine est aujourd’hui fabriquée à partir de sous-produits de poisson (peau, viscères). Certains soupçonnent par ailleurs la Norvège de vouloir se reporter sur le krill, un minuscule crustacé, jusque-là épargné parce que difficile à collecter.

LA PISCICULTURE INTENSIVE PRÉSENTE LES DEUX FACETTES D’UNE INDUSTRIE À RISQUE, À LA FOIS POLLUANTE ET À LA MERCI D’UN MILIEU NATUREL IMPRÉVISIBLE

Le bateau de Grieg Seafood repart et glisse dans des passes étroites surmontées de falaises abruptes. Les paysages sont grandioses. Direction Tytlandsvik Aqua. Là, le groupe expérimente de nouvelles façons de s’y prendre avec les juvéniles. « L’idée est de les garder en eau douce jusqu’à ce qu’ils pèsent environ 500 grammes au lieu de 100 grammes habituellement, explique Kristina Furnes. Plus ils seront gros et robustes au moment de rejoindre la mer, plus leur taux de mortalité sera faible et plus nous réduirons leur impact. » Les élever entièrement à terre ne résoudrait-il pas une grande partie des problèmes ? « Oui, mais cela coûterait cher et puis nous avons des fjords profonds et propres », répond la jeune femme. Il existe d’autres pistes de recherche en Norvège, notamment des installations offshore géantes –des citernes à l’allure futuriste immergées au large, inspirées de l’exploitation pétrolière.

En prise directe avec l’environnement, la pisciculture intensive présente les deux facettes d’une industrie à risque, à la fois polluante et à la merci d’un milieu naturel imprévisible, lui-même parfois source de contamination. D’un côté, elle apporte au fond des fjords d’éventuels excédents de nourriture et force fèces de poissons – les éleveurs doivent régulièrement respecter des jachères de plusieurs mois en Norvège –, ainsi que des produits chimiques, des résidus de métaux – certains utilisent des mailles en alliage de cuivre. D’un autre, elle est exposée aux tempêtes, changements de température, de courants, de qualité de l’eau avec la généralisation de particules de micro ou nanoplastiques, la pullulation de méduses.

Des campagnes de vaccination des poissons ont permis de grandement réduire le recours aux antibiotiques, redouté par les consommateurs. Mais cela ne résout pas tout. En mai-juin, la prolifération d’une microalgue toxique, Chrysochromulina polylepis, a entraîné en quelques jours d’ensoleillement la mort de dizaines de milliers de saumons dans les comtés de Nordland et de Troms, au nord du pays.

Une tenue de protection est impérative pour visiter Tytlandsvik Aqua. L’installation, inaugurée en mai, évoque une unité de production d’eau potable, tant on y est focalisé sur le contrôle de sa qualité. « Notre eau est recyclée à 99,99 % », indique fièrement le directeur, Nils Viga. Des poissons âgés d’environ un an sautent à la surface des bassins, comme en mer. L’équipement a coûté 275 millions couronnes norvégiennes (environ 30 millions d’euros).

 TRAITEMENTS INSECTICIDES, LASERS, BAINS D’EAU CHAUDE, MAIS AUSSI MOULES BLEUES ET PÉTONCLES GÉANTS POUR FILTRER LES LARVES : LA LUTTE CONTRE LES POUX DONNE LIEU À TOUTES SORTES D’INITIATIVES

Grieg Seafood est en train d’investir aussi dans un centre opérationnel à Judaberg. Pour l’heure, trois personnes scrutent un mur d’écrans. L’objectif ici dépasse la surveillance des 45 cages de cinq fermes piscicoles en mer. Il s’agit de collecter un maximum de données (taux d’oxygène, salinité, direction des courants, températures, profondeurs, etc.), pour parvenir, à terme, à prévoir grâce à l’intelligence artificielle les prochains arrivages de pathogènes, et surtout des poux.

Traitements insecticides, lasers, bains d’eau chaude, mais aussi moules bleues et pétoncles géants pour filtrer les larves : la lutte contre ce fléau donne lieu à toutes sortes d’initiatives. Ce copépode (Lepeophtheirus salmonis) de quelques millimètres se repaît de peau et de chair des animaux dans les cages, les blessant et tuant aussi au passage des saumons sauvages. Dans la nature, on en recense en moyenne 1 pour 5 poissons. Mais dans les élevages intensifs, ce parasite prospère. Les autorités, qui tiennent à jour la carte des infestations, imposent de ne pas dépasser 0,5 pou par poisson.

La base de données de Judaberg doit donc faire des envieux et être gardée top secret ? « Pas du tout, rétorque en souriant Kristina Furtes. Nous échangeons toutes les semaines nos résultats avec nos concurrents, avec les scientifiques… L’océan est si complexe. » A Alta, dans le Finnmark, Roger Pedersen, le directeur régional, renchérit : « La compétitivité, elle se joue sur les marchés ; les nouvelles connaissances en revanche, nous les partageons en permanence dans l’aquaculture. C’est ainsi que nous progressons rapidement et que nous exportons nos savoir-faire. »

Conditions sanitaires très strictes

En guise d’illustration, il nous guide jusqu’au village de Talvik. Une discrète maison de bois y abrite un drôle d’élevage depuis 2016. Les conditions sanitaires y sont très strictes : la salle consacrée à l’éclosion des œufs ne communique pas avec celle où grandissent de jolis petits poissons verts. On dirait des jouets en caoutchouc : ils sont 774 000 à évoluer en rangs serrés dans trois bassins vitrés. Erland, un des techniciens du lieu, le reconnaît : le lompe (Cyclopterus lumpus) est un « friendly fish », une créature d’allure amicale, moins ombrageuse que le saumon.

 

Six personnes prennent soin de ces animaux. Leur nourriture, une fine farine de copépodes, vient du Japon. Les lompes seront vaccinés un par un contre quatre virus. Deux mois après l’opération, une fois qu’ils mesureront au moins 32 millimètres de haut – ce qui les empêchera de se faufiler à travers les mailles des filets –, ils iront passer le reste de leur vie dans les fermes piscicoles à picorer les poux des saumons en guise de snack et mourront en même temps qu’eux. La société Ryfylke Rensefisk n’en est pas à sa première écloserie. Grieg Seafood, qui est leur principal client et actionnaire, a besoin de beaucoup de lompes, ces « poissons nettoyeurs » qui iront garnir de nouvelles cages.

Roger Pedersen se présente comme un passionné de la pêche sur les rives de l’Alta. On le croit. Qui ne l’est pas dans la région ? « Je me dis qu’à ma place je peux protéger les saumons sauvages le mieux possible », confie-t-il. Alors il recense les efforts entrepris pour limiter l’impact de son secteur d’activité : les audits pour traquer les possibilités d’évasion des poissons d’élevage, les recherches sur l’éventuelle interaction avec les morues menées pour répondre à l’inquiétude des pêcheurs professionnels, les essais de transport sans glace pour alléger les camions qui traversent tout le pays.

Rien de tout ça ne suffira à rassurer les plus méfiants. Le 21 juillet 2017, Mikael Frödin, célèbre pêcheur à la mouche et journaliste suédois, a commis une infraction. En combinaison de plongée, il s’est glissé dans l’eau froide pour capter des images sous-marines d’un des élevages de Grieg Seafood, près d’Alta. « J’ai vu des animaux malades, déformés, avec des champignons. On est restés trente minutes sans toucher à rien, on a juste filmé, raconte-t-il. Mais, officiellement, on n’a pas le droit de s’approcher des cages à moins de vingt mètres. J’ai été repéré sur les réseaux sociaux. Trois mois après, j’ai reçu une convocation chez moi, en Suède. »

L’industriel s’est plaint que ses images visaient délibérément les poissons mal en point. Mikael Frödin a été condamné par la justice à une amende de 12 000 couronnes norvégiennes ou vingt-quatre jours de prison. Il ne fait pas bon remettre en question le « modèle » piscicole norvégien. Mikael Frödin a fait appel.

4 septembre 2019

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4 septembre 2019

Enquête - Le Sénat dissimule dans ses caves un buste d’Hitler et un drapeau nazi depuis soixante-quinze ans

Par Olivier Faye

Une enquête du « Monde » a poussé son administration à lever en partie le voile sur ce déroutant secret.

« L’homme, écrivait André Malraux, est ce qu’il cache : un misérable petit tas de secrets. » Dans ce cas, le Sénat est un modèle du genre, un cachottier hors pair. Pour le comprendre, il faut pousser les portes du palais du Luxembourg, s’intéresser à son passé enfoui.

Qui a déjà soulevé ses tentures pourpres pour voir ce qu’elles dissimulent ? Qui inspecte les coulisses de cette bâtisse du XVIIe siècle ? Qui sait qu’un buste d’Adolf Hitler de 35 centimètres de haut est caché au sous-sol, sans être répertorié ? Qu’un drapeau nazi de deux mètres sur trois y est conservé depuis la seconde guerre mondiale ? Que le personnel du Sénat aurait travaillé jusqu’à récemment sur des bureaux ornés de l’aigle du IIIe Reich ? Une poignée d’initiés, pas plus. Quelques gardiens d’un secret transmis de génération en génération depuis soixante-quinze ans. Des hommes et des femmes qui consentent parfois à soulever la couverture cachant le buste en question, rien que pour voir le frisson s’afficher dans le regard de l’ami, du collègue, du visiteur privilégié.

Partir sur les traces de cette relique est une aventure à la Indiana Jones, où de paisibles sénateurs remplacent les serpents et les chausse-trappes. Pour dénouer les fils de l’histoire, on se dit d’abord qu’il faut appeler les questeurs du palais. De par leur position, ils sont censés tout savoir de l’administration et du patrimoine de l’auguste assemblée. Un buste du Führer se cacherait-il sous leurs pieds ?, demande-t-on. « Vous me l’apprenez, répond Vincent Capo-Canellas, sénateur (UDI) de Seine-Saint-Denis et aujourd’hui un des trois questeurs du Sénat. On doit bientôt faire une visite du bunker avec mes collègues. Cet endroit était resté un peu dans son jus, c’est peut-être l’explication. » Il faut préciser, à ce moment du récit, pourquoi notre interlocuteur évoque l’existence d’un « bunker ».

hitler au senat

Ancien QG de la Luftwaffe

Soignons le vocabulaire, d’abord. Au Sénat, on parle d’un « abri de défense passive » pour qualifier ce bloc de béton aménagé en 1937 sous le jardin du Petit Luxembourg, le siège de la présidence. A l’époque, l’idée était de protéger les élus d’éventuels bombardements. Au début de notre enquête, une fausse piste nous a guidés là-bas. Nous croyions y trouver le fameux buste. Raté.

Elargissons le spectre. Après tout, le sénateur Capo-Canellas, 52 ans, ne siège dans la maison « que » depuis 2011 ; il est peut-être encore un peu vert pour connaître tous les secrets de famille de l’institution. Allons plutôt toquer à la porte d’un ancien questeur. Gérard Miquel, par exemple, socialiste de 73 ans, qui a foulé la moquette du palais de 1992 à 2017. « C’est peut-être quelque chose que je n’ai pas vu, souffle-t-il au téléphone, scié par la nouvelle. Conserver un buste d’Hitler, ça ne me serait pas venu à l’esprit. Si j’avais découvert ça, j’aurais dit ce que j’en pensais… »

Son ancien collègue Jean-Marc Pastor, 69 ans, socialiste et ex-questeur, lui aussi tombe des nues du haut de ses dix-neuf années de présence dans les murs. « Je ne l’ai jamais vu et je n’en ai jamais entendu parler, jure-t-il. Je ne pense pas que ce soit le genre de chose dont on se glorifie spécialement. Je suis surpris que, depuis le temps, on n’ait pas eu la présence d’esprit de le faire disparaître. »

Pour situer ce « depuis le temps », il faut remonter au 25 août 1944, jour de la libération du palais du Luxembourg (et de Paris) par les troupes du général Leclerc et de la Résistance. Enfin, on suppose, parce qu’il est difficile d’imaginer qu’un sénateur ait ramené un buste d’Hitler dans son bureau après cette date. Il est plus raisonnable de se plonger dans l’état du palais à la suite des quatre années d’occupation nazie.

La Luftwaffe, l’armée de l’air allemande, et son numéro deux, Hugo Sperrle, avaient pris leurs aises au palais du Luxembourg, au point de planter un potager dans le jardin. Sperrle, un véritable colosse, fit même installer dans sa résidence du Petit Luxembourg des meubles dimensionnés à son échelle. En partant, ils laissent un paysage dévasté : mobilier renversé, fauteuils éventrés, cloisons abattues, bottes de paille amoncelées au milieu de la chapelle… Ils ont même fait des pyramides avec les chaises Louis XV en bois doré ! Et encore, l’architecte du palais les a empêchés de défigurer les lieux en construisant un four à pain. L’âpreté des combats, qui ont duré près d’une semaine, n’est pas pour rien dans les dégâts constatés. Les démineurs mettront près de deux mois à sécuriser le palais, où quantité de munitions et d’explosifs ont été stockés par l’occupant. De nombreux prisonniers sont faits côté allemand.

« Il n’y a pas 36 bustes d’Hitler à Paris »

A la Libération, le studio Chevojon, spécialisé dans la photographie de sites industriels, est chargé de documenter l’état du sinistre. Sur les images, on discerne bien quelques photographies d’Hitler accrochées aux murs, çà et là ; mais pas de buste.

Abri de défense du Sénat, situé sous le jardin. Construit en 1937 et occupé par les allemands pendant la guerre. A gauche, second niveau, salle des machines permettant la ventilation, l’éclairage ainsi que la régulation de la température ambiante dans l’abri. Système cyclomoteur permettant de faire tourner les machines de ventilation en cas de panne électrique ou moteur. A droite, au premier niveau de l’abri de défense du Sénat, se trouvait l’infirmerie où subsiste une boîte avec une inscription en allemand (stock d’appareils respiratoires en circuit fermé à oxygène sous pression). | MARTYNA PAWLAK POUR « LE MONDE »

Le 4 février 1949, Emmanuel Robichon, directeur du service du personnel intérieur et du matériel, adresse un rapport aux questeurs et au secrétaire général de la questure où il fait l’inventaire précis du « nettoyage » du palais. Il était impossible d’effectuer ce travail plus tôt étant donné que le Sénat a été réquisitionné, dès novembre 1944, pour accueillir l’Assemblée consultative provisoire dirigée par Félix Gouin ; l’heure n’était pas aux comptes d’apothicaire, mais à la relance du pays.

Pourtant, les meubles issus du Sénat circulaient à travers la capitale de palais en appartements, quand ils n’étaient pas tout simplement volés. Difficile, dans ces conditions, d’y retrouver ses petits. Mais le vaillant Robichon n’a pas ménagé sa peine. « J’ai été tellement surmené et déprimé que ma santé en a été gravement altérée », écrit-il. Cela valait le coup. Pas peu fier, il est en mesure d’affirmer : « Il n’est pas un seul meuble dont je ne puisse donner, après quelques recherches, ou la destination ou l’emplacement. » Très bien, mais il n’est fait mention nulle part dans les 18 pages de son rapport de ce buste d’Hitler… « C’était tellement le chaos, je ne pense pas qu’il y ait eu un inventaire précis des casques », tente d’expliquer aujourd’hui une source au sein du Sénat.

Les historiens en perdent leur latin, eux aussi. Jean-Pierre Azéma, spécialiste de la seconde guerre mondiale, est pourtant venu visiter le Sénat ces derniers mois, y compris le bunker, en compagnie d’« une tripotée d’historiens », comme il dit. Rencontrer un buste d’Hitler, « ça ne nous aurait pas émus », assure-t-il, ils en ont vu d’autres. Mais rien. Sa consœur Cécile Desprairies, qui a écrit plusieurs ouvrages sur l’histoire de la collaboration et de Paris sous l’Occupation, n’en sait pas plus. « C’est étonnant qu’il n’ait pas été détruit. Il ne doit pas y avoir 36 bustes d’Hitler à Paris, c’est peut-être même le seul… », relève-t-elle.

Nous décidons d’appeler Damien Déchelette, architecte en chef du Sénat. Si ce pilier de l’institution ne connaît rien de cette histoire, c’est à désespérer. Miracle ! Notre homme appartient à la poignée d’initiés tenus dans le secret de l’existence de ce buste. Il assure, pour autant, tout ignorer de son itinéraire. « Le buste devait être dans un bureau de l’occupant, suppose-t-il. Il est toujours resté en réserve, il n’en est jamais sorti. Personne ne s’en est occupé, je ne vois pas ce qu’on peut en faire. » D’ailleurs, il nous interroge, suspicieux : « Comment avez-vous appris son existence ? » Avec cet état d’esprit, il y a de quoi cacher un secret pendant soixante-quinze ans…

Nos coups de téléphone réveillent (un peu) le Sénat, secoué dans la torpeur du mois d’août. « L’histoire a l’air de poser problème, il y a des mails qui circulent… », susurre une petite main. Le cabinet de Gérard Larcher, le président du Sénat, veut d’abord nous convaincre que nous chassons la « fake news ». La dérobade ne dure pas longtemps. Il est décidé de lancer des recherches et d’en partager, jure-t-on, tous les résultats avec Le Monde, histoire de bien faire les choses.

drapeau au senat

Origine inconnue

« C’est une découverte pour beaucoup de gens, tout le monde tombe de haut, assure-t-on alors au service communication du palais. Et puis, il n’y a pas forcément que ça comme objet. Ils veulent faire un tour complet pour purger cette histoire avec vous. » Pas que ça comme objet ? On arriverait avec l’histoire d’un buste, et on repartirait les bras chargés de reliques nazies ? Une source avait bien évoqué devant nous une rumeur tenace qui court au Sénat concernant l’existence d’un « trésor nazi »… Ce serait donc ça ?

Abri de défense du Sénat, situé sous le jardin. Construit en 1937 et occupé par les Allemands pendant la guerre. A gauche, premier niveau, portes intermédiaires et à droite,  escalier menant au premier niveau souterrain après les deux premières portes. L’escalier est tournant afin de limiter la propagation des flammes en cas d’incendie. | MARTYNA PAWLAK POUR « LE MONDE »

Les archivistes turbinent. A leur rythme. Quelques relances sont nécessaires pour obtenir une réponse. Le 28 août, un document de cinq pages à en-tête du Sénat nous est envoyé par la direction de la communication, sous le titre : « Documents et objets laissés au Sénat par l’occupant allemand à l’issue de la deuxième guerre mondiale. » « Les archives comportent notamment des dossiers de correspondance avec les autorités allemandes en français et en allemand, voire bilingues, ainsi que des plans des abris et du palais établis par l’occupant », est-il d’abord écrit.

Certes, mais est-ce bien tout ? Plusieurs ouvrages en allemand, frappés des tampons « Luftflotte West » ou « Luftkreiskommando », sont également conservés, précise le document. Sans oublier un appareil respiratoire allemand et une lampe à gaz retrouvés dans l’« abri de défense passive ». Mais encore ? « Dans les réserves sont par ailleurs conservés quelques pièces de mobilier ainsi qu’un buste laissé par l’occupant allemand et dont on ignore l’origine », est-il enfin révélé.

Tout ça pour ça ! On ne saura donc pas d’où vient ce buste, ni pourquoi il a été jugé bon de le garder caché dans les soutes jusqu’en 2019 ? Le Sénat nous apporte un supplément d’information en révélant qu’« un drapeau nazi de la même époque est conservé aux archives ». Orné d’une croix gammée et d’une croix de fer, il affiche les couleurs traditionnelles du IIIe Reich, rouge, noir et blanc.

Pour ce qui est du « mobilier », apprend-on après une nouvelle relance, il s’agirait de chaises, notamment. Impossible d’en savoir plus : la formule est restée volontairement vague. Ce n’est pas vraiment ce qu’on appelle « purger » une histoire en toute transparence… « De temps en temps, on peut se rendre compte qu’il y a une estampille [nazie], ce n’est pas du mobilier qui est en circulation », justifie-t-on à la direction de la communication.

Abri de défense du Sénat, situé sous le jardin. Construit en 1937 et occupé par les Allemands pendant la guerre. Premier niveau, une des quatre pièces destinées à un responsable, mobilier d'époque. | MARTYNA PAWLAK POUR « LE MONDE » (30/08/2019)

Retournons voir les historiens pour glaner quelques éléments de contexte. La Libération de Paris, par moments, ressemblait au Far West. « Les drapeaux nazis étaient pris comme trophées, rappelle Cécile Desprairies. Les lieux étaient pillés, saccagés, les libérateurs emportaient un petit morceau de l’occupant, ça a été la foire d’empoigne. Ça circulait ensuite au marché noir, et ça circule toujours. Il n’y a pas eu de politique de destruction ou de police de contrôle. Les vainqueurs font ce qu’ils veulent. » Un sénateur, un administrateur, un huissier, aurait donc pu vouloir garder ces objets, à l’insu de tout le monde, comme des trophées gagnés sur l’occupant. « Est-ce que quelqu’un n’aurait pas voulu s’en faire un cabinet de curiosité ? », se demande un employé du Sénat. On imagine en tout cas mal le résistant Gaston Monnerville, président du Sénat entre 1947 et 1968, accepter une telle incartade s’il en avait eu connaissance.

« C’est insensé ! »

D’aucuns pourraient prétexter l’intérêt historique qu’il y a à conserver de tels objets. Certes, mais alors pourquoi les cacher et ne pas faire œuvre de pédagogie en les montrant au grand public dans le cadre d’une exposition ? D’autres pourraient avancer, aussi, des considérations artistiques. Très bien, mais on ne sait même pas si ce buste en métal est l’œuvre, par exemple, d’Arno Breker, le sculpteur phare du IIIe Reich, un homme reconnu, malgré ses compromissions, comme un des maîtres de son art au XXe siècle.

La relative transparence du Sénat s’est arrêtée en haut des marches de son sous-sol. Pas question de laisser un journaliste y pénétrer. Tout juste avons-nous été autorisés à visiter le bunker – d’ordinaire fermé au public – qui présente, dans notre affaire, un intérêt limité. On y trouve seulement la lampe à gaz et l’appareil respiratoire évoqués dans la note citée plus haut, ainsi que quelques inscriptions en allemand sur les murs. Nous n’avons pas vu voir de nos yeux ni le buste, ni le drapeau, ni le « mobilier ». Impossible de savoir si la liste qui nous a été fournie est exhaustive.

La direction de la communication – toujours elle – a simplement fait prendre quelques photos par ses services, qui illustrent cet article. Une source nous assure que le palais se serait par ailleurs débarrassé lors d’une vente, il y a de ça une dizaine d’années, de bureaux estampillés IIIe Reich. « Il y avait des bureaux d’écoliers avec un aigle allemand en dessous, un aigle conséquent. Ils servaient pour le personnel », raconte notre interlocuteur. Dans la circonstance, tous les fantasmes sont encore permis sur notre « trésor nazi ». A-t-il jamais existé ? L’a-t-on fait disparaître ?

Le cabinet de Gérard Larcher sonnait dans le vide lorsque nous avons sollicité une réaction du président du Sénat concernant cette affaire. Nous avons essayé de joindre son prédécesseur socialiste, Jean-Pierre Bel, mais il était, de son propre aveu, « en mer, dans des conditions très sportives ». Il nous a donc renvoyés vers son ami Jean-Marc Todeschini, autre ancien questeur et ex-ministre de François Hollande, qui nous a assuré n’être au courant de rien. « Il n’y a pas un culte d’Hitler au Sénat, ça s’est sûr », s’est-il contenté de répondre.

L’affaire, en tout cas, choque la plupart des sénateurs ou anciens sénateurs sollicités. Ils semblent sincères dans leur émoi. « On ne garde pas un buste d’Hitler au Sénat, c’est insensé ! », s’agace ainsi Roger Karoutchi, pilier de la droite sénatoriale. Peut-on avoir caché si longtemps ces objets aux yeux des élus de la République ? Il en est qui cumulent parfois les mandats pendant un quart de siècle ; cela laisse, en théorie, le temps de découvrir l’institution jusque dans ses recoins. Mais la maison compte aussi plus d’un millier de salariés, et certains y passent l’ensemble de leur carrière.

« Ils ne sont que de passage, les sénateurs… », souligne dans un sourire un cadre du Sénat. La faute incombe-t-elle alors à une infime partie de l’administration, plus qu’aux élus ? « C’est choquant, s’émeut un ancien administrateur, qui a travaillé au Sénat pendant de nombreuses années. Soit on détruit cet objet le 26 août 1944, au lendemain de la Libération, soit on le garde, mais dans un sens historique, aux Invalides ou dans un musée de la déportation. Le cacher et, semble-t-il, le protéger, je ne comprends pas… C’est sans doute une négligence, des petites guéguerres internes. » Un autre misérable petit tas, pour reprendre l’expression d’André Malraux. De ceux qui font les hommes.

4 septembre 2019

Stylist

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4 septembre 2019

Jair Bolsonaro ironise sur son « ami Macron » et confirme vouloir exploiter davantage l’Amazonie

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Jair Bolsonaro, le 3 septembre 2019, à Brasilia. | ADRIANO MUCHADO / REUTERS

Le président brésilien Jair Bolsonaro a ironisé mardi au sujet du président français, en le mentionnant comme étant son « ami Macron », le chef d’État français. Il a également réaffirmé sa volonté de développer économiquement, à travers l’extraction minière notamment, la plus grande forêt tropicale de la planète.

Le bras de fer, sur fond d’incendies en Amazonie, continue entre Bolsonaro et Macron. « Je suis reconnaissant à Macron, mon ami Macron, grâce auquel le peuple brésilien a pu connaître une Amazonie qu’il ne connaissait pas, avec ses richesses », déclaré Jair Bolsonaro à la presse à Brasilia, prononçant avec emphase et à la française le nom du président.

« Notre Amazonie est plus grande que celle des autres pays », a ajouté le président brésilien concernant la superficie de l’Amazonie que le Brésil abrite sur son territoire (60 %), avec huit autres pays, dont la France grâce à la Guyane.

En Amazonie, « nous avons des richesses incalculables, si nous savions exploiter ces richesses de manière rationnelle et avec de la valeur ajoutée (cela apporterait) une impulsion formidable à notre économie », a déclaré M. Bolsonaro.

Développer l’agriculture et l’extraction minière

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, Jair Bolsonaro a fortement encouragé le développement de l’agriculture et de l’élevage en Amazonie et s’est dit favorable à l’extraction minière - y compris dans les réserves indigènes - dans le très riche sous-sol amazonien.

La déforestation, qui progresse rapidement sous son gouvernement, est jugée par les spécialistes largement responsable de l’avancée des incendies en Amazonie.

M. Bolsonaro a exigé à plusieurs reprises que M. Macron « se rétracte » après que celui-ci a évoqué une internationalisation de la préservation de l’Amazonie et estimé que la souveraineté sur l’Amazonie était une question ouverte.

M. Macron avait mis au menu du G7 de Biarritz fin août les incendies en Amazonie et appelé le Brésil à agir, déclenchant une vague de pressions internationales sur Brasilia.

Des milliers d’incendies toujours en cours

L’entrée en action sur le terrain de l’armée brésilienne depuis plus d’une semaine n’a toujours pas fait baisser le nombre d’incendies. Plus de la moitié des 1 284 nouveaux départs de feu enregistrés lundi soir en 24 heures par l’institut INPE dans l’ensemble du Brésil l’ont été en Amazonie, malgré le déploiement de 18 avions et 3 900 hommes.

Les autorités israéliennes ont annoncé mardi l’envoi le soir même d’une délégation de pompiers et d’experts en catastrophes naturelles pour aider le Brésil face aux incendies.

Enfin, après avoir annulé la veille pour raisons médicales sa participation à un sommet régional sur les incendies en Amazonie prévu vendredi en Colombie, M. Bolsonaro a indiqué qu’il assisterait au sommet par téléconférence.

On ignorait si le sommet était toujours prévu à Leticia, une ville située en Amazonie colombienne sur la triple frontière entre la Colombie, le Pérou et le Brésil.

Jair Bolsonaro doit être opéré dimanche à Sao Paulo pour la quatrième fois depuis l’attentat à l’arme blanche qui avait failli lui coûter la vie durant sa campagne électorale le 6 septembre 2018.

jair64

4 septembre 2019

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4 septembre 2019

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