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Jours tranquilles à Paris
13 juillet 2020

Coronavirus

Coronavirus : une éradication est “très peu probable”, prévient l’OMS. “Dans la situation actuelle” – 556 000 morts pour plus de 12,3 millions de cas ont été recensés dans le monde –, il est “très peu probable” que le coronavirus puisse être éradiqué de sitôt, a estimé vendredi dernier un responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cité par CNN. “Il y a des environnements très particuliers dans lesquels cela peut se produire – les États insulaires et d’autres endroits – mais même eux risquent une réimportation”, a déclaré le docteur Mike Ryan, directeur exécutif du Programme des urgences sanitaires de l’OMS, lors d’une réunion à Genève. Toutefois, la pandémie de Covid-19 “peut encore être ramenée sous contrôle”, a dit le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, pour qui “seule une action agressive combinée à une unité nationale et une solidarité mondiale peut renverser la trajectoire”.

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12 juillet 2020

Hong Kong

À Hong Kong, les partis du camp pro démocratie organisent des primaires, malgré des mises en garde. Des milliers de personnes ont fait la queue samedi, dans la chaleur estivale, devant des bureaux de vote non officiels pour désigner leurs candidats aux élections législatives de septembre. Selon les organisateurs, à la fermeture des bureaux, 230 000 personnes avaient voté, un nombre plus important qu’attendu. Le scrutin doit se poursuivre dimanche. Quelques jours avant l’élection, les autorités avaient averti les partis du camp pro démocratie que l’organisation et la participation à ces primaires risquaient de violer la nouvelle loi sur la sécurité nationale imposée par la Chine. En vertu de cette législation, il n’est pas non plus certain que les candidats pro démocratie soient autorisés à se présenter aux prochaines élections du LegCo, le Conseil législatif de Hong Kong. Ben Chan, un jeune électeur, interrogé samedi par le South China Morning Post, en a bien conscience. S’il a participé à ces primaires, c’est avant tout “pour faire entendre” sa voix et “pour interpeller la communauté internationale”, a-t-il expliqué.

11 juillet 2020

La France contre la Turquie, aux racines de l’affrontement

Par Piotr Smolar

La récente escalade verbale entre Paris et Ankara au sujet de la Libye n’est que le révélateur de divergences plus larges, préexistantes depuis plusieurs années.

Parfois, les crispations sont des préludes aux crises ouvertes. Au printemps 2018, les épouses de trois diplomates turcs, basés à Strasbourg auprès du Conseil de l’Europe et à Paris, doivent remplir des formulaires pour des titres de séjour français. Or, elles refusent d’être photographiées sans leur voile. L’administration bloque la procédure, au nom de la loi. Commence alors, en coulisses, un invraisemblable imbroglio protocolaire et juridique. Ankara prend des mesures de rétorsion radicales. Elles visent les nouveaux fonctionnaires de l’ambassade et du consulat français en Turquie. Ils sont privés des cartes diplomatiques qui permettent de séjourner dans le pays. Le Quai d’Orsay, qui ne peut opérer le renouvellement prévu des effectifs, bloque à son tour l’attribution des titres de séjour pour les diplomates turcs et leurs épouses.

Cette crise étouffée a pris fin au bout de quatorze mois, en juin 2019, lors de la visite de Jean-Yves Le Drian à Ankara. Compromis trouvé : un simple coup de tampon sera donné sur le passeport des épouses concernées, refusant de poser tête nue, à l’instar de la solution adoptée pour les conjointes de diplomates iraniens. Mais cette séquence est riche d’enseignements. Elle révèle le raidissement identitaire de la Turquie, qui se conçoit comme un phare de l’islam politique, comme en témoigne le projet de reclassement de la basilique Sainte-Sophie en mosquée, à Istanbul.

Cette crise illustre aussi l’atmosphère de défiance entre les deux pays, malgré les efforts d’Emmanuel Macron pour nouer une relation de travail avec son homologue Recep Tayyip Erdogan. Le président a découvert les manières turques avec l’arrestation d’un jeune journaliste, Loup Bureau, fin juillet 2017, détenu pendant cinquante-deux jours. Trois ans plus tard, les échanges acrimonieux se multiplient. Face à la Turquie, la France s’avance dorénavant hérissée. Les incriminations retenues contre Ankara sont nombreuses : atteinte à la souveraineté d’Etats membres en Méditerranée, implication massive dans le conflit libyen, chantage aux migrants, achat d’équipements militaires à la Russie, révélations dans la presse turque sur un réseau d’informateurs au profit de la DGSE (services extérieurs français)…

Lundi 13 juillet, les ministres des affaires étrangères de l’Union européenne (UE) doivent se réunir pour évoquer les relations avec la Turquie. Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a évoqué l’hypothèse de nouvelles sanctions, après celles prises en novembre 2019 en réponse aux forages illégaux dans les eaux territoriales de Chypre. « L’objectif n’est pas de punir la Turquie mais d’obtenir de la clarté », indique-t-on à l’Elysée. Les sanctions ont peu de chances de passer dans l’immédiat. Pour Berlin, la politique vis-à-vis d’Ankara ne peut se réduire à ces instruments punitifs. Cette réserve s’explique aussi par la présence d’une forte minorité turque en Allemagne.

Les tensions remontent à loin

Paris s’égosille, dans une relative solitude. Emmanuel Macron a contribué verbalement à l’escalade, en accusant récemment Ankara de porter une « responsabilité historique et criminelle » dans le conflit en Libye. « Criminelle » : un adjectif jamais employé pour qualifier l’intervention russe en Syrie. Le président français cherche à mettre à l’épreuve la solidarité des alliés de la France et à révéler les contradictions turques. Pour l’heure, avec peu de réussite.

La situation est encore plus paradoxale au sein de l’OTAN, où un bloc de pays pro-américains demeure dans le déni du problème turc. Faute d’un positionnement clair de Washington, l’Alliance est pétrifiée par le défi posé par ce membre ambivalent, réclamant la solidarité dans le dossier syrien face à Damas et Moscou, tout en jouant une partition dissonante ailleurs. Le dernier incident grave en Méditerranée a servi de révélateur.

« EN ATTENDANT LA PRÉSIDENTIELLE DE 2023, ERDOGAN ET SON PARTI L’AKP SONT DANS UNE STRATÉGIE DE MAINTIEN AU POUVOIR À TOUT PRIX ET DE DURCISSEMENT ANTI-OCCIDENTAL », MARC PIERINI, EX-AMBASSADEUR DE L’UE EN TURQUIE

Le 10 juin, la frégate française Courbet, lors d’une mission de l’Alliance, a été visée par les radars de tir d’une frégate turque qui escortait un cargo soupçonné de transporter des armes vers la Libye. L’enquête diligentée n’a pas mis Ankara à l’index, à la colère de Paris. « Le problème n’est pas entre la France et la Turquie, affirme-t-on à l’Elysée, mais dans le fait que le trafiquant et celui qui surveille les trafiquants sont les mêmes, la Turquie. » Le 1er juillet, la France a donc décidé de se retirer temporairement de l’opération de sécurité maritime « Sea Guardian ». Huit pays sur trente seulement ont soutenu la France à l’OTAN. L’Elysée réclame une grande « clarification », mais son propre soutien politique passé au maréchal Haftar, en Libye, affaiblit sa position.

En réalité, entre les deux pays, les tensions remontent à loin, à l’ère Sarkozy. Elles mêlent questions internationales et considérations intérieures, de part et d’autre. Elu président en 2007, M.Sarkozy avait rejeté l’idée d’adhésion de la Turquie à l’UE. « C’est à partir du coup d’Etat manqué de 2016 que l’incompatibilité entre la Turquie et l’UE va devenir impossibilité, résume Marc Pierini, expert au centre de recherche Carnegie et ancien ambassadeur de l’UE en Turquie (2006-2011). »

« La société civile est alors muselée, une autocratie complète s’installe. Lors des élections municipales de 2019, Erdogan et son parti l’AKP perdent leur monopole politique, en étant défait dans de grandes métropoles comme Istanbul. Depuis, en attendant la présidentielle de 2023, ils sont dans une stratégie de maintien au pouvoir à tout prix et de durcissement anti-occidental. L’envenimement public sert donc Erdogan. »

Début janvier 2018, la politesse est de mise lorsque Emmanuel Macron accueille Recep Tayyip Erdogan à l’Elysée. Nulle effusion, mais une volonté de trouver des convergences. A l’époque, les deux pays se rejoignent dans une opposition à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale israélienne par l’administration Trump. M. Macron souligne alors la coopération « exemplaire » avec Ankara dans la lutte contre le terrorisme. Le protocole Cazeneuve, encadrant le retour des djihadistes français de Syrie, fonctionne bien. En outre, le chef de l’Etat met en avant le projet de défense antimissile porté par le consortium franco-italien Eurosam, auquel la Turquie aspire.

Mais M. Macron prend aussi ses distances avec le processus d’adhésion enlisé. Il n’est plus question que d’un « partenariat » avec l’UE. « On paie vingt ans d’illusions sur ce qu’est le projet politique de l’AKP, souligne une source diplomatique française de haut rang. On a longtemps parlé d’islamisme modéré à la turque, qui permettait de sortir de la domination militaire tout en maintenant sous contrôle la frange islamiste extrémiste. Aujourd’hui, on essaie d’avoir un message de fermeté, mais la position d’accommodement généralisé a renforcé Erdogan, même si elle a modéré un temps ses ardeurs. »

Entretien explosif

Fin juin 2018, Emmanuel Macron félicite Erdogan pour sa réélection. Mais deux mois plus tard, lors de la conférence des ambassadeurs, le chef de l’Etat insiste à nouveau sur la nécessité de « sortir de l’hypocrisie ». Pendant ce temps, la crise des personnels diplomatiques bat son plein dans la relation bilatérale. « Est-ce que nous pensons (…) que nous pouvons continuer une négociation d’adhésion à l’Union européenne de la Turquie, interroge M. Macron, quand le projet chaque jour réaffirmé du président turc (…) est un projet panislamique régulièrement présenté comme antieuropéen, dont les mesures régulières vont plutôt à l’encontre de nos principes ? Résolument pas. »

En novembre 2019, Emmanuel Macron accorde un entretien explosif à The Economist, dans lequel il juge l’OTAN en état de « mort cérébrale ». Ces mots sévères visent à susciter le débat à l’approche du sommet de Londres. « Fais d’abord examiner ta propre mort cérébrale », rétorque Erdogan à l’adresse de M. Macron. L’ambassadeur de Turquie, Ismail Hakki Musa, est convoqué au Quai d’Orsay. Il l’avait déjà été quelques semaines plus tôt, en octobre, au lendemain du lancement d’une offensive turque contre la milice kurde des YPG dans le nord de la Syrie, alliée des Occidentaux dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) : « Ce fut un tournant pour nous, une attaque grave contre nos intérêts de sécurité », explique une source diplomatique.

En février, avant le déclenchement de la crise du Covid-19, Erdogan menace d’ouvrir les portes de l’Europe aux réfugiés en provenance de Syrie. Un million de personnes ont été jetées sur les routes dans la région d’Idlib en raison de l’offensive du régime de Damas, soutenu par l’aviation russe. En mettant en scène pour les caméras quelques milliers de candidats à l’exode, la Turquie cherche à créer un effet miroir par rapport à la crise migratoire de 2015. Elle met la pression sur l’UE, qui l’utilise comme sous-traitant.

La Turquie est un allié de moins en moins fiable, qui préfère jouer sa propre partition, comme le montre sa relation complexe avec la Russie. L’acquisition de systèmes antimissiles S-400 auprès de Moscou a provoqué l’ire des Etats-Unis. Washington a demandé en vain à Ankara d’y renoncer, pour pouvoir prétendre à l’achat d’avions de chasse F-35. De son côté, Paris a freiné l’avancée de l’étude de définition pour le système de missiles d’Eurosam, malgré les relances de M. Erdogan en personne.

Coups de semonce et opérations de communication

Mue par une fièvre néo-ottomane, la Turquie a bien assimilé le manuel des années 2020 : la force et le fait accompli donnent un avantage déterminant. Elle nourrit des ambitions inédites dans la région, en profitant du vide laissé par les Etats-Unis. Son affirmation militaire va accentuer la détérioration des relations avec la France, dans le dossier libyen. Débutée en avril 2019, l’offensive du maréchal Haftar contre les forces du gouvernement d’accord national (GAN) de Faïez Sarraj, basé à Tripoli et reconnu par les Nations unies, entraîne une implication d’ampleur de la Turquie, via des milliers de mercenaires syriens.

C’est la débandade, côté Haftar. Paris enrage contre l’intervention d’Ankara et appelle au respect du processus politique esquissé à Berlin en janvier. La Turquie renvoie la France à son propre engagement politique partisan, avec les Emirats arabes unis, l’Egypte et le groupe privé russe Wagner, aux côtés de l’Armée nationale libyenne (ANL). « Si nous n’étions pas intervenus, Tripoli serait tombée en janvier ou février, déclare l’ambassadeur turc, Ismaïl Hakki Musa. On nous accuse de jouer un jeu dangereux, un double jeu. Et vous ? Au moins, nous disons clairement ce que nous faisons. Nous soutiendrons le gouvernement aussi longtemps qu’il le souhaitera. »

La crise du Covid-19 a confirmé la mue de la diplomatie turque, suivant le modèle russe et chinois. Elle alterne les coups de semonce et les opérations de communication. L’ambassadeur, à Paris, explique qu’il a coordonné une vaste mobilisation associative, pour fabriquer environ 100 000 masques en tissu. Fin avril, le diplomate remet 500 blouses sanitaires et 20 000 masques, au nom de son gouvernement, à la sénatrice de l’Orne, Nathalie Goulet, dans un geste immédiatement relayé par les médias proturcs. La même quantité est fournie à la région Grand-Est.

En sens inverse, selon nos informations, Erdogan demande à Emmanuel Macron, au cours d’une vidéoconférence en avril, d’intercéder en faveur de la Turquie auprès de Sanofi. Ankara a en effet commandé 18 tonnes d’hydroxychloroquine – le produit aux vertus supposément miraculeuses contre le Covid-19 – à une usine du groupe située en Hongrie. Mais Sanofi ne pouvait répondre à une commande aussi importante. « Nous avons toujours cru à l’efficacité des mesures préventives, précise l’ambassadeur Ismaïl Hakki Musa. En Turquie, nous utilisons depuis longtemps le Plaquenil, qui donne de bons résultats quand on n’a pas encore attrapé le Covid. Au départ, Sanofi disait qu’il ne pourrait livrer que quatre tonnes en quatre mois. Ils sont montés finalement jusqu’à 7,3 tonnes. »

Mélange politique religion

Si les relations se tendent entre les deux pays, ce n’est pas seulement en raison de l’échec flagrant de Haftar sur le terrain libyen. La Turquie est aussi un acteur sur la scène française, dont l’Elysée veut combattre de façon plus résolue les ingérences. Celles-ci s’inscrivent dans une stratégie d’Etat, la constitution d’un réseau international – institutions, associations, mouvances, médias, relais sur les réseaux sociaux – chargé de promouvoir l’agenda nationaliste-religieux d’Ankara auprès de la diaspora. Le maillage traditionnel des associations laïques turques n’est plus qu’un souvenir.

« Ce n’est pas de l’entrisme, car ils ne se cachent pas, relève Didier Leschi, auteur de Misère(s) de l’islam de France (Cerf, 2017), ancien chef du bureau central des cultes au ministère de l’intérieur (2004-2008). Les Turcs pratiquent en plus la menace, que ce soit sur les visas de nos diplomates ou bien sur les établissements scolaires. Sur ce point, ils disent : “Si vous nous empêchez d’ouvrir des écoles en France, on nationalise les vôtres, en Turquie”. »

Les cibles habituelles de ce nouveau réseau turc sont claires : tout ce qui est lié à la loi reconnaissant le génocide arménien (2001) ou bien à celle interdisant les signes religieux visibles à l’école (2004). Prosélytisme et surveillance. « L’objectif est un contrôle étroit de toute la population considérée comme diasporique, les émigrés et leurs enfants », résume une source à l’éducation nationale.

A Mulhouse, le 18 février, Emmanuel Macron a annoncé la fin progressive du système des imams détachés, pilier de l’islam consulaire. La moitié des 300 imams envoyés en France par des Etats étrangers, dans le cadre d’accords bilatéraux, sont des fonctionnaires turcs. Le mélange entre politique et religion est complet. En 2017, pour la première fois depuis sa création en 2003, le Conseil français du culte musulman a élu à sa tête pour deux ans un représentant de l’islam turc, Ahmet Ogras, plus connu pour sa proximité avec Erdogan que pour son ardeur pieuse.

Mais c’est surtout dans l’éducation que la vigilance des autorités se renforce. L’enjeu est de mieux contrôler le profil des enseignants envoyés en France, dont les compétences pédagogiques comptent souvent moins que l’appartenance à l’AKP, le parti au pouvoir, ou leur engagement religieux. Le mouvement Milli Görüs, la matrice de l’islam politique turque, très implanté en Allemagne et proche des Frères musulmans, joue ainsi sur la confusion entre cultuel et culturel. Au pic de la crise sanitaire, il a organisé des soupes populaires à Strasbourg et distribué des masques. Tout en étant surveillé de près de par les services de renseignement.

11 juillet 2020

En dépit des menaces de représailles, l’Australie ne veut rien céder à la Chine sur Hongkong

Par Isabelle Dellerba, Sydney, correspondance

L’Australie a annoncé, jeudi, la suspension de son traité d’extradition avec Hongkong, et l’extension des visas des Hongkongais vivant sur son territoire.

Confrontée à une dégradation rapide de sa relation avec la Chine, l’Australie a défini une stratégie qui tient en trois mots : ne rien céder. Jeudi 9 juillet, ignorant les mises en garde de Pékin qui lui avait intimé de « ne pas s’aventurer davantage sur la mauvaise voie » en se mêlant du dossier hongkongais, le premier ministre conservateur Scott Morrison a pris des mesures pour répondre au « changement fondamental de la situation » dans l’ex-colonie britannique de Hongkong. Fin juin, le régime communiste avait imposé, à sa région administrative spéciale, l’adoption d’une nouvelle loi sur la sécurité.

Parce que cette législation, « à notre avis, sape la propre loi fondamentale de Hongkong et le haut degré d’autonomie garanti dans la déclaration conjointe sino-britannique » – qui avait établi le principe « un pays, deux systèmes » jusqu’en 2047 –, le chef du gouvernement australien a annoncé que son pays suspendait son traité d’extradition avec Hongkong et proposait un refuge à des milliers de Hongkongais en prolongeant de cinq ans la durée des visas accordés aux étudiants et aux travailleurs qualifiés.

Dix mille personnes, vivant déjà « down under », bénéficieront immédiatement de cette décision qui leur permettra, à terme, de déposer une demande de nationalité. Canberra a emboîté le pas au Royaume-Uni, qui avait offert, début juillet, un permis de résidence à trois millions de personnes. En parallèle, l’Australie va faciliter l’installation d’entreprises, actuellement domiciliées sur le territoire de Hongkong, sur l’île-continent. Par contre, elle n’a pas proposé, comme le réclamaient des organisations de défense des droits de l’homme, un programme de protection humanitaire qui aurait eu une cible plus large.

Dans les heures qui ont suivi ces annonces, le porte-parole de l’ambassade de Chine à Canberra a fustigé les responsables australiens. « Ils ont manifestement interféré dans les affaires intérieures de la Chine en faisant des remarques irresponsables », a-t-il déclaré avant d’ajouter que l’Australie devait arrêter « immédiatement » faute de quoi « elle se tirerait une balle dans le pied ».

La Chine considérée comme toujours plus menaçante

Anticipant de possibles mesures de représailles, le gouvernement de Scott Morrison avait, depuis plusieurs jours, mis en garde ses ressortissants installés en Chine et à Hongkong, contre « un risque accru de détention pour des motifs de sécurité nationale vaguement définis ». « Evidemment, ces décisions ne vont pas contribuer à apaiser les tensions mais la relation était déjà tellement dégradée que cela ne devrait pas changer grand-chose », lâche Rory Medcalf, directeur du National Security College.

Les deux pays sont à couteaux tirés depuis que, à la mi-avril, l’Australie a pris l’initiative de demander l’ouverture d’une enquête internationale sur l’origine et la propagation de la pandémie de Covid-19. Accusant Canberra de faire le jeu des Etats-Unis, Pékin a multiplié les insultes et les mesures de rétorsion économiques : restriction des importations de bœuf australien, droits de douanes de 80,5 % sur l’orge, conseil à ses touristes et étudiants de ne pas se rendre aux antipodes. Pour l’île-continent, qui envoie 32,6 % de ses exportations vers la Chine, son premier partenaire commercial, le coup a été rude mais pas fatal. Elle estime que Pékin peut difficilement toucher à son secteur d’exportation le plus lucratif – le minerai de fer – faute d’alternative.

Quoi qu’il arrive, le gouvernement conservateur a surtout décidé de ne pas plier face à un empire du Milieu considéré comme toujours plus menaçant. Selon les observateurs, l’Australie se méfie autant de ses ambitions régionales qui débordent jusque dans son précarré, le Pacifique Sud, que de ses tentatives d’ingérences sur la scène politique locale.

Dernier incident en date, le 19 juin, quand Canberra s’est dit la cible d’une vaste cyberattaque d’un « acteur étatique ». Si elle n’a pas nommé la Chine, tous les regards se sont tournés vers Pékin. Quelques jours plus tard, le premier ministre Scott Morrison a annoncé que son pays allait investir 1,35 milliard de dollars australiens (826,2 millions d’euros) dans la cybersécurité.

« Compétition stratégique croissante »

Canberra a aussi entrepris de durcir sa législation sur les ingérences étrangères fin 2017, ce qui avait provoqué la première flambée des tensions avec la Chine. Ces nouvelles lois sont à l’origine d’une première enquête, portée à la connaissance du grand public le 26 juin, qui s’intéresse aux tentatives de manipulations qui auraient visé un élu local, Shaoquett Moselmane, connu pour avoir loué le « leadership à toute épreuve » du régime chinois dans la crise due au nouveau coronavirus. Il aurait, entre autres, été fréquemment invité en Chine, tous frais payés.

Enfin, l’Australie a dévoilé, le 1er juillet, un tournant majeur dans sa stratégie de défense. Estimant qu’elle doit désormais concentrer l’essentiel de ses forces dans la région indo-pacifique, « épicentre d’une compétition stratégique croissante » et où le « risque d’une erreur de calcul et même d’un conflit augmente », selon Scott Morrison, elle va développer des « capacités de dissuasion plus fortes » notamment en se dotant d’une capacité de frappe à longue portée.

Parallèlement, le pays, allié historique des Etats-Unis, continue de renforcer ses liens avec d’autres puissances moyennes régionales. Après la signature, début juin, de nouveaux accords de défense avec l’Inde, le premier ministre australien a rencontré, jeudi, au cours d’un sommet virtuel, son homologue japonais Shinzo Abe pour discuter d’un renforcement du partenariat des deux pays.

10 juillet 2020

LOI SUR LA SÉCURITÉ NATIONALE À HONGKONG

hong

Hongkong sous le contrôle total de Pékin

Florence De Changy

La police secrète chinoise a désormais pignon sur rue avec l’inauguration d’un « bureau de sécurité »

HONGKONG - correspondance

Les choses vont très vite à Hongkong depuis la promulgation de la loi de sécurité nationale mise au point par les autorités chinoises. Une semaine après l’entrée en vigueur de cette nouvelle loi visant à « empêcher et punir les crimes de sécession, subversion, terrorisme et collusion avec des puissances étrangères », le siège du nouveau bureau de sécurité prévu par l’article 48 a été officiellement inauguré mercredi 8 juillet au matin, derrière de hautes palissades de protection, en plein milieu de Causeway Bay, quartier dense et commerçant de l’île de Hongkong, momentanément bouclé.

Pendant la nuit, l’emblème officiel de la Chine a remplacé l’enseigne de l’hôtel Metropark, propriété du China National Travel Service, le géant public du tourisme chinois. Selon la presse locale, il n’acceptait plus de clients depuis quelques jours. Un imposant drapeau chinois a été hissé devant le fin gratte-ciel de verre, situé juste en face du parc Victoria, où les militants prodémocratie commémorent chaque année le massacre de Tiananmen de 1989. C’est aussi de là que partent toutes les grandes marches de protestation. Ce nouveau bureau, dont la mission officielle est de « protéger la sécurité nationale », s’est donc installé au cœur symbolique de la contestation physique des Hongkongais face à Pékin.

Expert de la propagande

C’est la cinquième représentation officielle du gouvernement central chinois à Hongkong, qui accueillait déjà le bureau de liaison, situé à Sheung Wan (ouest de l’île), la représentation du ministère des affaires étrangères chinois), placée en surplomb de Central, le quartier des affaires, le quartier général de l’Armée de libération populaire jouxtant les bureaux du gouvernement et du Parlement hongkongais, au bord du port Victoria, et enfin la tour de l’agence de presse officielle, Chine nouvelle, également située à Causeway Bay.

Selon le principal journal anglophone de Hongkong, le South China Morning Post (SCMP), le nouveau chef de ce bureau, Zheng Yanxiong, y avait d’ailleurs déjà pris ses quartiers dès mardi. A 56 ans, M. Zheng passe pour être un dur et un expert en matière de propagande. Il a fait toute sa carrière dans la province du Guangdong et parle couramment cantonais (langue d’usage à Hongkong alors que la langue officielle chinoise est le mandarin). En janvier 2019, il avait accédé au comité permanent du parti de la province, après avoir été durant plusieurs années le numéro deux de son département de propagande. En 2011, il s’était fait remarquer pour sa gestion du soulèvement de Wukan, un village de la province de Guangdong, alors qu’il était secrétaire du parti de la ville dont il dépendait.

Ses agents ont des pouvoirs quasi illimités puisqu’ils ne sont pas soumis à un contrôle local. Ce bureau, dont le fonctionnement sera financé par Pékin (article 51), a pour fonction de cornaquer tous les autres nouveaux acteurs nommés au service de la sacro-sainte sécurité nationale. Car la nouvelle loi (articles 12-14) prévoit également la mise en place d’un Comité de protection de la sécurité nationale. Ce comité, présidé par la chef de l’exécutif de Hongkong, Carrie Lam, réunit tous les postes-clés de l’exécutif, dont les ministres des finances, de la justice et de la sécurité, ainsi que le chef de la police. Il va être géré par un secrétariat général dont le responsable doit être nommé par Pékin, sur proposition du chef de l’exécutif.

Carrie Lam a donc proposé son chef de cabinet, Eric Chan, qui, avec une personnalité affable et sympathique, a également la réputation d’être d’une grande loyauté à l’égard de Pékin. En outre, selon l’article 15, un « conseiller de sécurité nationale » directement nommé par Pékin assistera à toutes les réunions. L’homme choisi pour occuper ce poste est l’actuel directeur du bureau de liaison, Luo Huining, lui aussi un « dur » nommé en janvier 2020. Les travaux de ce comité n’ont pas l’obligation d’être rendus publics et ses décisions ne peuvent pas être contestées par un recours en justice.

« Lois effrayantes »

Lors de sa première réunion, lundi 6 juillet, le comité a annoncé sept nouvelles règles qui autorisent notamment la police, « sous des circonstances exceptionnelles », à procéder à des fouilles et à des confiscations sans mandat. En outre, quiconque apprend qu’un lieu est susceptible d’être lié à une « atteinte à la sécurité nationale » est dans l’obligation de prévenir la police dans les plus brefs délais possibles.

Ces lois visent également directement tous les acteurs sur Internet, qui vont devoir s’aligner et coopérer au risque d’être poursuivis. « Ces nouvelles lois sont effrayantes car elles accordent à la police des prérogatives normalement réservées à la justice », a déclaré l’avocat Anson Wong au SCMP. La police de Hongkong a elle aussi dû créer un nouveau service en son sein, entièrement dévoué à la « sécurité nationale ». Edwina Lau, commissaire adjointe (numéro deux) de la police, a été nommée à la tête de ce nouveau département et elle siège à ce titre également au sein du comité. Dans deux interviews « exclusives » diffusées par la chaîne officielle chinoise internationale CGTN, la commissaire adjointe et son patron, le chef de la police de Hongkong, Chris Tang, apparaissent en train de réciter, avec l’aide évidente d’un prompteur, les nouvelles fonctions des outils de contrôle imposés à Hongkong par la Chine, avec une étrange raideur et des signes visibles de stress.

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9 juillet 2020

Le président brésilien a contracté la « grippette »

Article de Bruno Meyerfeld

Après avoir minimisé la gravité du Covid-19, Bolsonaro entend entretenir sa réputation de « mythe » vivant

RIO DE JANEIRO - correspondant

Il a finalement fini par l’attraper. Mardi 7 juillet, Jair Bolsonaro a annoncé avoir été testé positif au Covid-19. Le président brésilien d’extrême droite a annoncé la nouvelle à sa façon : extravagante, inimitable. Pour montrer à tous qu’il était au mieux de sa forme, Jair Bolsonaro n’a pas hésité à retirer son masque et à interpeller la poignée de journalistes présents face à lui à Brasilia. « Comme ça, vous pouvez voir mon visage, constater que je vais bien, que je suis tranquille et en paix ! », a lancé le chef de l’Etat, radieux mais contagieux, face à une presse aussi surprise qu’affolée.

Les premiers signes d’alerte se sont fait sentir dimanche. « Une indisposition, qui s’est aggravée lundi, avec un mal-être, de la fatigue, un peu de douleur musculaire, et une fièvre en fin d’après-midi qui a atteint les 38 °C », a détaillé Jair Bolsonaro depuis le palais de l’Aurore, somptueuse résidence des chefs de l’Etat brésiliens. Face à l’aggravation des symptômes, le président a effectué en urgence une tomographie et un test de dépistage du Covid-19. Résultat : positif.

Jamais confiné

Dans un pays sous tension, où le virus a déjà fait plus de 66 000 morts et 1,6 million de malades, les réactions à l’état de santé du président ont été plus que partagées. « Il ne reste plus qu’à lui souhaiter une pleine récupération », a sèchement tweeté l’ex-ministre de la justice Sergio Moro, aujourd’hui dans l’opposition. Certains sont allés plus loin encore : « Je suis favorable à ce que sa maladie s’aggrave et qu’il en meure », est allé jusqu’à écrire l’éditorialiste Hélio Schwartsman, dans une tribune publiée par la Folha de Sao Paulo. « Dans l’immédiat, l’absence de Bolsonaro signifierait que nous n’aurions plus [au Brésil] un dirigeant minimisant l’épidémie et sabotant les mesures visant à l’atténuer. Est-ce que ça ne pourrait pas sauver des vies, ça ? », s’interroge le journaliste. Et de conclure : « En mourant, Bolsonaro rendrait un service qu’il a été incapable d’offrir de son vivant. »

Faut-il rappeler le nombre de polémiques lancées par le président du Brésil au sujet du Covid-19, cette « grippette », cet événement « surdimensionné » selon lui ? Depuis quatre mois, Jair Bolsonaro n’a eu de cesse de relativiser la pandémie. Cette semaine encore, il a posé son veto à plusieurs articles d’une loi relative au port du masque dans l’espace public, adoptée par le Congrès. Grâce au président, il sera désormais possible de se rendre sans protection aucune dans les commerces, usines, églises et même les prisons surpeuplées…

Malgré l’avancée de l’épidémie, le leader d’extrême droite ne s’est jamais confiné. Au contraire : il s’adonne régulièrement à des bains de foule et reçoit du monde. Beaucoup de monde, même : au moins 55 personnalités la semaine dernière, selon le décompte du journal Estadão. Autant de politiques, chefs d’entreprise, ambassadeurs ou président de club de foot, parfois âgés, que le chef de l’Etat a rencontrés démasqué, a embrassés ou pris dans ses bras…

« Un messie surhumain »

A 65 ans, Jair Bolsonaro, qui est devenu le quatrième chef d’Etat ou de gouvernement à contracter la maladie – succédant au premier ministre britannique, Boris Johnson, au prince Albert de Monaco et au président du Honduras, Juan Hernandez –, se considère comme un « athlète ». Mais il fait pourtant partie des groupes à risque. Sa santé est jugée fragile : depuis le début de son mandat, il a été victime de malaises et opéré à plusieurs reprises, conséquences du coup de couteau reçu à l’abdomen en 2018 en pleine campagne présidentielle.

A la mi-mars, de fortes rumeurs, finalement démenties, avaient circulé, laissant croire qu’il était déjà atteint du Covid-19. Exceptionnellement, et pour une semaine seulement, tous les rendez-vous du chef de l’Etat ont été décommandés. Mais en bon politique, Jair Bolsonaro ne compte pas rester au lit pour sa convalescence. Tout l’inverse : dès l’annonce de sa maladie, le leader d’extrême droite a montré qu’il souhaitait utiliser à son avantage son état de santé pour électriser un peu plus le pays et pousser ses pions sur l’échiquier brésilien, un œil sur la présidentielle de 2022.

Pas question de modérer son discours et de suivre l’exemple d’un Boris Johnson. Pour Bolsonaro, la situation appelle au contraire à la fuite en avant. Il s’agit de prouver une bonne fois pour toutes que le Covid-19 n’est qu’une maladie bénigne.

Lors de son allocution, le président a de nouveau comparé le coronavirus à une simple « pluie ». « Je vais parfaitement bien, tout est normal (…), la vie continue », a lancé le chef de l’Etat, ajoutant : « J’aurais même bien envie de faire une petite balade… mais je ne vais pas la faire à cause des recommandations médicales. »

Jair Bolsonaro ambitionne aussi de profiter de la situation pour faire la promotion de son « remède miracle » : l’hydroxychloroquine. Le président, transformé en cobaye d’Etat, a annoncé se soigner grâce au très controversé antipaludéen. « La réaction a été quasi immédiate. Quelques heures plus tard, je me sentais déjà beaucoup mieux », a-t-il affirmé, soutenant sans crainte, ni preuve aucune, que « dans la phase initiale » de la maladie, « les chances de succès de l’hydroxychloroquine atteignent les 100 % ».

« Le fait que j’ai été contaminé montre que je suis un être humain comme un autre », a prétendu le président. En vérité, ce dernier compte bien entretenir sa légende et sa réputation de « mythe » vivant, survivant à un coup de couteau puis à une pandémie mondiale. « Vaincre le Covid-19 sans montrer de symptômes graves peut renforcer l’opinion des partisans radicaux de Bolsonaro qu’il est vraiment un messie surhumain », a ainsi estimé sur les réseaux sociaux Oliver Stuenkel, chercheur à la fondation Getulio Vargas.

D’ores et déjà, le leader d’extrême droite a remporté la bataille médiatique : pour plusieurs semaines, le Brésil vivra suspendu aux bulletins de santé de son président, qui dictera une fois de plus son tempo au pays. « Merci à tous et à dans une semaine ! », a ainsi lancé en direction des journalistes un Jair Bolsonaro visiblement enchanté en concluant sa conférence de presse. Avant d’ajouter : « Si Dieu le veut. »

9 juillet 2020

La Chine ouvre un organe de sécurité nationale à Hong Kong.

Pékin a inauguré mercredi les bureaux dans lesquels travailleront des agents du renseignement chinois qui pourront opérer ouvertement sur le territoire semi-autonome. La création de cet organe a lieu une semaine après l’entrée en vigueur de la loi sur la sécurité nationale imposée par la Chine, perçue par l’opposition démocrate locale comme un moyen de la réduire au silence. Les locaux de la nouvelle agence sont situés dans un hôtel, le Metropark Hotel, qui domine le parc Victoria, où se rassemblent souvent les manifestants prodémocratie, note le South China Morning Post. Ils ont notamment l’habitude de s’y réunir au mois de juin pour une veillée en souvenir des victimes de la sanglante répression de Tian’anmen.

8 juillet 2020

Brésil - Le président Jair Bolsonaro testé positif au Covid-19

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FOLHA DE SÃO PAULO (SÃO PAULO)

Après avoir déclaré, lundi 6 juillet, qu’il avait présenté des symptômes du Covid-19 et effectué un nouveau test, le président brésilien a confirmé, ce mardi, qu’il était effectivement infecté par le coronavirus.

Moins de vingt-quatre heures après avoir annoncé qu’il avait subi un nouveau test de dépistage, le président brésilien a confirmé, mardi 7 juillet, qu’il avait été testé positif au coronavirus. Selon des interlocuteurs de Jair Bolsonaro, interrogés par Folha de São Paulo, le chef de l’État s’est fait tester “après avoir senti de légers symptômes : légère fièvre et toux”.

Le président d’extrême droite avait déjà évoqué le sujet avec des sympathisants réunis lundi devant le palais présidentiel, et indiqué qu’il allait se faire tester, indique le journal, qui cite Jair Bolsonaro :

Je reviens de l’hôpital, j’ai fait un dépistage pulmonaire, mon poumon est propre.”

En descendant de sa voiture, il avait alors demandé aux personnes présentes de ne pas s’approcher de lui.

Des réunions quand même

Un peu plus tard, Jair Bolsonaro a déclaré à la chaîne CNN Brésil qu’il avait 38 °C de fièvre et 96 % de taux d’oxygénation du sang, et qu’il avait déjà commencé à prendre un traitement à base d’hydroxychloroquine.

Le président brésilien avait, dès lundi, annulé ses déplacements et réunions de la semaine, annonçant à ses alliés que ces rencontres se tiendraient par visioconférence “pour éviter un risque de contagion” en cas de contamination avérée, souligne Folha.

Mais, selon l’agenda officiel du palais présidentiel consulté par le journal, Jair Bolsonaro a rencontré plusieurs ministres lundi, ainsi que l’ambassadeur américain à Brasilia pendant le week-end.

Un déni persistant

“Depuis le début de la crise mondiale de coronavirus, Bolsonaro a fait des déclarations dans lesquelles il cherche à minimiser les répercussions de la pandémie” et “traite comme exagérées certaines mesures prises à l’étranger et par les gouverneurs d’État du pays”, rappelle le quotidien de São Paulo.

Le président brésilien a également signé des mesures visant à “dribbler des décisions régionales et municipales” et a “maintenu le contact avec des personnes de la rue”, allant au contact de ses sympathisants à de multiples reprises, et ce sans porter de masque, ajoute Folha.

Tout récemment, le chef de l’État a pris de nouvelles mesures contraires aux injonctions de l’OMS : il a mis des vetos présidentiels à des paragraphes du projet de loi portant sur l’obligation d’utiliser des masques dans des endroits publics ou des lieux privés ouverts au public.

Avec ces vetos, ces équipements ne seraient plus obligatoires dans les prisons, les églises, les commerces et les écoles. Le texte doit encore être voté par le Congrès, qui peut invalider les modifications apportées par Jair Bolsonaro.

6 juillet 2020

Face à l’imposition de la loi sécuritaire à Hongkong, l’UE ne peut offrir qu’une riposte timide

Par Jean-Pierre Stroobants, Bruxelles, bureau européen

Il est probable que les ministres des affaires étrangères des vingt-sept Etats membres, réunis le 13 juillet à Bruxelles se contenteront d’un rappel des principes.

Poser des questions, demander des comptes et « calibrer un message qui, peut-être, fera bouger les lignes » : c’est, selon un haut responsable de la diplomatie européenne, tout ce que les Vingt-Sept pourront faire alors que la Chine impose à Hongkong sa loi sur la sécurité nationale. Un dispositif qui fait sentir ses premiers effets pour le mouvement prodémocratie, décrit par Pékin comme « une petite minorité ». « Les Européens sont en fait, comme d’autres acteurs, réduits à un rôle d’observation », confirme Pierre Vimont, ex-ambassadeur de France aux Etats-Unis et chercheur associé au centre de réflexion bruxellois Carnegie Europe.

Fin mai, déjà, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, exprimait la « vive préoccupation » des Vingt-Sept face à des mesures « qui ne sont conformes ni aux engagements internationaux de la Chine, ni à la loi fondamentale de Hongkong ». Bruxelles évoquait des relations nécessairement basées sur « la confiance et le respect mutuels » et promettait de soulever la question dans le cadre de son « dialogue permanent » avec la Chine.

Lundi 22 juin, à l’issue d’un sommet avec le président Xi Jinping, les présidents du Conseil européen et de la Commission répétaient leurs « graves préoccupations » pour le territoire mais Charles Michel et Ursula von der Leyen ne détaillaient aucun élément d’une éventuelle riposte. Il est probable que les ministres des affaires étrangères, réunis à Bruxelles le 13 juillet, se contenteront aussi d’un rappel des principes avec, peut-être, une mention que la loi sécuritaire risque, par ses conséquences, de faire perdre à Hongkong son statut de septième place financière internationale.

Un « appendice de l’Eurasie »

Soucieuse d’affirmer sa position sur la scène internationale et de ne pas se laisser enfermer dans le conflit entre Pékin et Washington, l’Union européenne (UE) ne trouve pas pour autant sa voie. « Sans la relation transatlantique, vous ne serez qu’un appendice de l’Eurasie », lança un jour l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger à ses interlocuteurs européens. Lors d’un discours qu’elle tenait à Berlin, en janvier, Angela Merkel s’est référée à cette sentence pour appeler ses partenaires à « réfléchir très profondément » à la manière dont ils comptent se positionner sur la scène mondiale.

SELON UN DIPLOMATE, « MERKEL N’A PAS DE PROBLÈME AVEC LE FAIT DE RIPOSTER À LA CHINE, À CONDITION QUE CE NE SOIT PAS L’ALLEMAGNE QUI RIPOSTE »

La chancelière compte-t-elle profiter du fait que son pays a pris, le 1er juillet, la présidence de l’Union pour accélérer cette réflexion et appuyer le principe d’une Europe entrant vraiment dans l’ère de la géopolitique et capable, par exemple, de se profiler clairement face au pouvoir chinois ? Pour cela, il faudrait d’abord que les partenaires de l’Allemagne sachent quelle est exactement la position de Berlin. Car si une source française affirme que « sur la Chine nous sommes unis, à vingt-sept », la chancelière a, à diverses reprises, exprimé plus d’une nuance.

Noah Barkin, chercheur invité et membre du programme Asie de la Fondation Carnegie, affirme qu’elle a, en fait, « soigneusement évité » toute confrontation avec Pékin au cours des derniers mois. En se rendant en Chine – pour la 12e fois – en septembre 2019, à la tête d’une délégation d’industriels, alors que la contestation battait son plein à Hongkong et que de nouvelles révélations sur la répression au Xinjiang émergeaient. En repoussant les critiques qui montent, y compris dans son propre parti, sur le risque sécuritaire posé par la possible mainmise du géant Huawei sur le réseau de télécommunications mobile 5G. En se démarquant, en janvier, de Paris et Londres, qui félicitaient la présidente de Taiwan, Tsai Ing-wen, pour sa réélection. Une source bruxelloise évoque aussi la « faiblesse » de la critique allemande quant à la gestion de la crise du Covid-19 par les autorités chinoises. En fait, « Merkel n’a pas de problème avec le fait de riposter à la Chine, à condition que ce ne soit pas l’Allemagne qui riposte », a récemment confié un diplomate à M. Barkin.

Rival systémique

Cette position médiane constitue, selon un expert bruxellois, un réel handicap en vue de la définition d’une position commune des Vingt-Sept, celle que la chancelière espère offrir lors du sommet que les chefs d’Etat européens devraient tenir avec les dirigeants chinois, à la fin de l’année. Cette réunion à Leipzig, prévue initialement en septembre, a été reportée, officiellement en raison de la pandémie. Le gouvernement allemand compte toujours sur cette occasion pour réaffirmer le choix européen du multilatéralisme et renforcer la coopération avec Pékin dans le domaine climatique, de la santé ou du développement de l’Afrique. Une évidence s’impose toutefois : Mme Merkel envisage d’abord la relation sous l’angle économique et a le souci que son pays ne paie pas le prix d’une affirmation, par les Vingt-Sept, d’une position trop ferme sur le respect des droits humains.

En mars 2019, Bruxelles réorientait sa position jugée « naïve » à l’égard de la Chine en affirmant qu’elle était un partenaire de négociation, un compétiteur économique mais aussi un rival systémique. Un propos largement influencé par la publication, deux mois plus tôt, d’un document de la puissante fédération allemande des industriels (BDI), inquiète de la mainmise d’un groupe chinois sur l’entreprise de robotique Kuka et celle – bloquée in extremis – d’Aixtron, un fabriquant de composants électroniques. Depuis, si Mme von der Leyen et Emmanuel Macron reprennent le terme de « rival », Mme Merkel se montre plus prudente, craignant que cela réduise trop le champ de l’indispensable coopération avec Pékin. Jeudi 2 juillet, dans sa conférence de presse inaugurant la présidence allemande, la chancelière prenait soin de souligner que le dialogue avec la Chine devait se maintenir « dans toutes ses dimensions ».

D’autres « facteurs polluants »

Fidèle à son approche prudente et pragmatique, Berlin espère en fait que le maintien d’une relation équilibrée, centrée d’abord sur les questions économiques et commerciales, permettra ensuite d’aborder d’autres questions. Le problème étant qu’en dehors d’un possible entérinement d’un accord sur les indications géographiques de produits, on voit mal quels sont les terrains sur lesquels Pékin et Bruxelles pourront s’entendre à bref délai.

« EN RÉALITÉ, PERSONNE N’A ENCORE TROUVÉ LA MANIÈRE D’AMENER LE RÉGIME CHINOIS À FAIRE MARCHE ARRIÈRE », PIERRE VIMONT, EX-AMBASSADEUR DE FRANCE.

Les négociations sur un accord d’investissement et les règles applicables aux entreprises publiques ne progressent pas. Elles ont été retardées, tant par la pandémie que par les campagnes de désinformation sur la gestion de la crise qu’ont menées des sources chinoises. Les polémiques sur le développement de la 5G, comme les tentatives de division du camp européen auxquelles se livre Pékin, au travers notamment des initiatives de la « nouvelle route de la soie » – elles impliquent des pays du Sud, de l’Est et des Balkans – sont d’autres « facteurs polluants », comme le qualifie un diplomate.

Autant dire que sur Hongkong ou les camps d’internement du Xinjiang, l’UE s’en tiendra sans doute aux formules habituelles. D’éventuelles sanctions – et lesquelles d’ailleurs ? – n’y changeraient rien. A l’époque du massacre de la place Tiananmen, en 1989, elles n’avaient abouti qu’à diviser le camp européen. La France allait batailler plus tard pour leur suppression en jugeant notamment « dépassé » l’embargo sur les livraisons d’armes.

« En réalité, personne n’a encore trouvé la manière d’amener le régime chinois à faire marche arrière », confirme Pierre Vimont.

5 juillet 2020

Covid-19 : les signaux d’alerte de poussée de la pandémie dans le monde

Par Elisabeth Pineau

L’Organisation mondiale de la santé met en garde : l’épidémie de Covid-19 est « loin d’être finie » et « s’accélère » même

La statistique, dévoilée mercredi 1er juillet par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), résume à elle seule la dynamique actuelle de la pandémie de Covid-19 : « 60 % de tous les cas recensés jusqu’à présent ont été signalés au cours du mois dernier », a indiqué son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Cette semaine, deux seuils symboliques ont été franchis : au 3 juillet, plus de dix millions de cas d’infection au SARS-CoV-2 ont été détectés dans 188 pays, faisant plus de 500 000 morts – un bilan qui a doublé en deux mois. Si plus de 5,5 millions de personnes ont guéri de la maladie, qui peut prendre des formes longues et occasionner des convalescences tardives, l’épidémie est donc « loin d’être finie » et « s’accélère » même, a mis en garde, lundi 29 juin, l’OMS.

A commencer par les Etats-Unis, où le nombre de nouveaux cas a connu une flambée spectaculaire ces derniers jours, obligeant certains Etats à réintroduire des restrictions d’urgence. Le 3 juillet, un niveau record a été atteint avec plus de 57 000 nouvelles contaminations en vingt-quatre heures, selon le comptage de l’université Johns-Hopkins. Ce chiffre pourrait bondir à 100 000 si « on ne renverse pas la tendance », a alerté Anthony Fauci, directeur de l’Institut américain des maladies infectieuses. Quatre Etats américains – Californie, Arizona, Texas et Floride – représentent aujourd’hui la moitié des nouveaux cas. « Sans unité nationale et solidarité mondiale (…), le pire est à venir, ajoutait le directeur général de l’OMS le 29 juin. Nous avions averti que ce virus allait surprendre même les pays développés, et ça a été le cas. »

La situation sanitaire est également préoccupante en Amérique latine et dans les Caraïbes, actuel épicentre de l’épidémie, où le nombre de cas d’infection (2,7 millions), dont la moitié au Brésil, dépasse désormais celui de l’Europe. L’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) a prévenu que le bilan dans la région, dont la partie australe vient d’entrer en hiver, pourrait dépasser 400 000 morts d’ici octobre, en l’absence de mesures sanitaires renforcées. « C’est une tendance inquiétante, car si la saisonnalité du virus se vérifiait, les conditions optimales de propagation sont plutôt devant eux », souligne le professeur François Dabis, épidémiologiste et directeur de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales.

« Les Etats-Unis sont presque entièrement concernés »

Le fait que le SARS-CoV-2 se soit plutôt concentré sur l’hémisphère Nord cet hiver, et qu’il se propage plus largement dans des pays de l’hémisphère Sud au cours de leur propre saison hivernale « laisse penser qu’il aurait des points communs avec les virus respiratoires grippaux, par exemple, avance Antoine Flahault, professeur de santé publique et directeur de l’Institute of Global Health (Institut de santé mondiale) à l’université de Genève (Suisse). Il a d’abord agi géographiquement de façon hétérogène, sous forme de foyers de contamination [« clusters »]. Aujourd’hui, on tend petit à petit vers une homogénéisation de la diffusion du virus, comme s’il ensemençait l’ensemble du territoire. Les Etats-Unis sont presque entièrement concernés à ce jour. »

Afin de déterminer son origine et mieux cerner ses caractéristiques, l’OMS a annoncé qu’elle allait envoyer « la semaine prochaine » une équipe en Chine, où ce nouveau coronavirus est apparu en décembre 2019. Le pays croyait l’épidémie derrière lui, mais le virus a refait son apparition mi-juin à Pékin, au point que les autorités ont placé en confinement plusieurs milliers de personnes. De leur côté, les autorités sud-coréennes, qui étaient parvenues à maîtriser la première vague au moyen d’une stratégie massive de tests et de traçage des contacts des personnes infectées, ont fait savoir fin juin qu’elles luttaient depuis la mi-mai contre « une deuxième vague », avec entre 35 et 50 nouveaux cas répertoriés chaque jour, essentiellement à Séoul et ses environs. La plupart des cas enregistrés ces dernières semaines ont cependant été importés. Des mesures de distanciation sociale ont été réimposées à la fin mai, après l’apparition de foyers, et la situation semble aujourd’hui sous contrôle.

En revanche, en Asie du Sud – où vit près d’un quart de la population mondiale –, la propagation du virus continue de s’étendre dans des proportions alarmantes. L’Inde est le 4e pays le plus touché au monde, avec 625 000 cas confirmés et plus de 18 000 morts. L’épidémie fait également rage au Pakistan (221 000 cas) et au Bangladesh (156 000), au moment où les gouvernements lèvent les mesures de confinement pour tenter de faire repartir des économies à genoux.

En Europe, le nombre de nouvelles contaminations recensées quotidiennement se stabilise depuis plus d’un mois à moins de 20 000 nouveaux cas déclarés chaque jour, mais l’OMS s’inquiétait, le 25 juin, qu’une dizaine de pays européens enregistrent pour la première fois depuis des mois une augmentation du nombre de cas de contamination hebdomadaires. Devant l’émergence de foyers infectieux, l’Allemagne, le Portugal et le Royaume-Uni ont déjà pris des mesures de reconfinement partiel de leur population. La question d’une deuxième vague tant redoutée est-elle à l’ordre du jour, alors que le déconfinement s’y poursuit et que l’Union européenne vient de rouvrir ses frontières à quinze pays ?

« La Suède semble ne pas contrôler son processus épidémique »

« Des deuxièmes vagues, on en voit aujourd’hui notamment en Israël, en Algérie, à Djibouti ou en Arabie saoudite, mais dans l’ouest de l’Europe, il n’y a à ce jour aucun signe de rebond ou de deuxième vague, à part peut-être en Suède, qui semble ne pas contrôler son processus épidémique », estime Antoine Flahault. Pas tant, selon lui, parce qu’elle n’a pas confiné de façon stricte, car les Suédois se sont dans les faits largement « autoconfinés », mais parce que le pays a tardé à tester massivement sa population. « On peut peut-être avoir un répit estival si on arrive à repousser les assauts des clusters, poursuit-il. En revanche, la probabilité qu’il y ait une nouvelle vague à l’automne ou à l’hiver en Europe est très grande. » D’autant que les « études séro-épidémiologiques disponibles montrent que l’immunité collective est encore basse », rappelle le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.

Deux pays sont particulièrement scrutés actuellement par les experts européens : l’Australie et la Nouvelle-Zélande, dont les frontières restent à ce jour fermées aux visiteurs étrangers. Si le gouvernement néo-zélandais a réussi à maîtriser l’épidémie dans sa première phase, l’île-continent – où 8 000 cas ont été recensés et 104 seulement ont été mortels – connaît en revanche une résurgence de cas ces dernières semaines. La crainte d’un rebond a poussé les autorités de l’Etat de Victoria à reconfiner le 1er juillet plus de 300 000 habitants de la banlieue nord de Melbourne et ce, pendant un mois. « Si les autorités australiennes prennent cette décision, c’est qu’elles s’attendent à une évolution importante même si personne ne peut prédire l’intensité de ce qui va se produire dans l’hémisphère Sud, commente François Dabis. Plus il y aura une vague importante, plus on pourra être inquiet et prévoir une deuxième vague à l’automne en Europe. »

Dans un passé pas si lointain, plusieurs pandémies ont montré que la première vague n’était pas forcément la plus redoutable. Tant pour l’épidémie de la grippe espagnole de 1918 que la « grippe de Hongkong », en 1968-1970, « elle avait été annonciatrice, et, pour l’Europe, avait représenté 15 % à 20 % du bilan en termes de morbidité et de mortalité », précise Antoine Flahault, notamment parce que le taux d’immunité acquis par la population à l’issue de la première vague était très modeste.

« Un peu comme le “Boléro” de Ravel »

« Cette pandémie, c’est un peu comme le Boléro de Ravel, les pays entrent les uns après les autres : il y a eu d’abord la Chine, puis la Corée, l’Iran, l’Italie, le reste de l’Europe, ensuite les Etats-Unis, le Mexique et l’Amérique latine… Je ne serais pas étonné, à terme, de voir l’Afrique concernée de la même façon », analyse-t-il.

Le nouveau coronavirus s’est jusqu’ici propagé moins rapidement en Afrique que dans d’autres continents, même si les experts estiment que le pic de contamination n’est pas encore atteint. Le 2 juillet, les caps des 400 000 malades et 10 000 morts y ont été franchis, selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC-Afrique). Ce bilan est considérablement alourdi par une poignée de pays, dont l’Afrique du Sud, qui cumule, à elle seule, le tiers des contaminations du continent et le quart de ses décès. « Même si ce ne sont pas des facteurs de risque en soi, il y a une collision très inquiétante avec l’infection à VIH et avec la tuberculose. Les systèmes de santé sont déjà sous forte tension du fait de ces pathologies, qui consomment énormément de leurs ressources », relève François Dabis.

De nombreux pays placent leur espoir sur la dexaméthasone, un puissant stéroïde qui réduirait significativement la mortalité chez les malades gravement atteints par le Covid-19. En attendant de trouver un vaccin, « le prochain défi, relevait le directeur général de l’OMS fin juin, consiste à augmenter la production [de ce traitement] et à [le] distribuer rapidement et équitablement dans le monde entier ».

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