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Jours tranquilles à Paris
18 juin 2020

Insolite - En Russie, un tunnel de désinfection pour protéger Poutine du Covid-19

THE MOSCOW TIMES (MOSCOU)

À l’heure où son pays est le troisième des pays les plus touchés par la pandémie, le président russe a trouvé une façon originale d’éviter de contracter le coronavirus. Tous ceux qui lui rendent visite (au Kremlin comme dans sa résidence) devront d’abord passer par un tunnel désinfectant.

Avec quelque 553 000 cas confirmés de Covid-19 et plus de 7 400 morts, la Russie a été frappée de plein fouet par la pandémie. Celle-ci n’a pas épargné les cercles du pouvoir puisque, le 30 avril déjà, le Premier ministre, Mikhaïl Michoustine, avait annoncé qu’il avait été testé positif au coronavirus. Et ce n’est pas terminé.

poutine56

“Un certain nombre de personnalités du cercle de Poutine ont contracté le Covid-19 depuis le début de la pandémie, explique The Moscow Times. Parmi eux figurent Dmitri Peskov, le porte-parole du président, ainsi que le médecin-chef du principal hôpital chargé du traitement du coronavirus de Moscou, qui a serré la main du président peu de temps avant d’être testé positif.”

Dans de telles circonstances, les autorités russes sont légitimement inquiètes pour leur président. Voilà pourquoi un mécanisme orignal a été mis en place pour préserver la santé de Poutine, détaille le quotidien anglophone de la capitale russe :

Il s’agit d’un tunnel de désinfection, disposant d’un brumisateur qui diffuse une solution antibactérienne sur les vêtements des personnes, ainsi que sur les parties exposées de leur corps.”

L’annonce officielle de l’installation de ce dispositif (à la fois au Kremlin et dans la résidence de Poutine située à l’extérieur de Moscou) a eu lieu ce mercredi 17 juin.

“Le président est connu pour son aversion pour les germes”

Comme le rappelle le Moscow Times, “le président a fait sa première apparition publique vendredi 12 juin, après plus de deux mois de confinement. Ce jour-là, les invités à une cérémonie de remise de prix ont tous été testés pour le Covid-19 et ils ont dû passer douze jours en quarantaine par mesure de précaution.”

Pas étonnant, pour le Moscow Times, selon qui “le président de la Russie est connu pour son aversion pour les microbes et sa grande prudence à l’égard de sa santé”.

Source

The Moscow Times

MOSCOU http://www.themoscowtimes.com

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16 juin 2020

Face à la Chine, le spleen des Hongkongais

Florence De Changy

La population perd l’espoir de réussir à préserver ses libertés, tandis que Pékin resserre son étreinte sur la région

HONGKONG - correspondance

En repensant aux douze derniers mois au cours desquels Hongkong a connu le plus large mouvement de protestation politique de son histoire, les mots que choisissent les Hongkongais sont souvent les mêmes : lassitude, fatigue, désespoir, mélancolie, découragement, impasse, « à quoi bon ? ». Ou, plus prosaïquement : « On est foutus »…

« Il y a un an, j’étais très motivée. Sentir que nous étions tellement solidaires, tellement unis, nous pensions vraiment que notre détermination allait gagner », affirme Shirley Hui, mère célibataire qui importe des produits de beauté américains, et qui était dans la rue, le 16 juin 2019, avec son fils de 12 ans. Mais, aujourd’hui, les mêmes Hongkongais ont perdu espoir. « Comme tout le monde, je voudrais plus que jamais que Hongkong reste Hongkong. Mais, quand vous regardez ce qui s’est passé en un an, force est de constater que la situation n’a fait qu’empirer », ajoute Shirley.

Le bilan de cette année de mobilisation magistrale est mitigé. Certes, les manifestants ont obtenu l’abandon formel du projet de loi controversé à l’origine du mouvement, concédé le 4 septembre 2019 par Carrie Lam, la chef de l’exécutif. Mais ils ont payé très cher cette victoire. La punition est tombée fin mai, avec l’annonce que le Parlement chinois allait imposer à Hongkong une loi de sécurité nationale qui semble bien, avant même que l’on en connaisse les détails, vouée à faire taire toute velléité de contestation. On n’affronte pas Pékin impunément…

Pour beaucoup, cette nouvelle loi est l’estocade finale, alors que le mouvement est déjà affaibli. « La voix de la raison me dit qu’il faut faire le dos rond pour le moment. Même si l’on tient à nos libertés, ce n’est pas le bon moment pour se battre contre la Chine. Et nous allons tous beaucoup souffrir économiquement. L’avenir n’est pas très beau à regarder », déclare en soupirant Jeff Lau, assistant chez un gestionnaire de fonds, qui ajoute, en riant : « Mais je suis peut-être influencé par ce que j’entends dire par mon patron, qui est très “bleu” [pro establishment]. »

« Cauchemar »

Par contraste avec le spleen actuel, il y a seulement un an, les Hongkongais étaient tout feu tout flamme. Ils s’étaient découverts unis et portés par leur détermination commune de ne pas laisser passer au Parlement local un projet de loi autorisant les extraditions vers la Chine. Ils affichaient ainsi leur volonté de résister à l’emprise chinoise. Après une première manifestation en blanc le dimanche 9 juin, qui avait réuni 1 million de personnes (déjà un record historique), c’est une marée humaine de 2 millions de personnes, en noir, cette fois, qui était sortie dans la rue le 16 juin.

Entre ces deux manifestations colossales, plusieurs événements importants avaient fait monter la colère des citoyens. Carrie Lam avait d’abord confirmé, au soir du 9 juin, son intention de faire adopter, coûte que coûte, son projet de loi au Parlement trois jours plus tard. Puis le 12 juin, jour théorique du passage du texte, la police avait eu la main très lourde pour disperser, à grand renfort de gaz lacrymogènes et de nouvelles armes qu’elle maîtrisait mal, les manifestants qui bloquaient l’accès au Parlement ainsi qu’un rassemblement autorisé de plusieurs milliers de personnes, ce qui choqua l’opinion publique. Enfin, le 15 juin, tout près du siège du gouvernement et peu après l’annonce par Carrie Lam du retrait du projet de loi controversé (et non son abandon), un jeune vêtu d’un ciré jaune s’était jeté dans le vide, du parapet d’un immeuble où il avait accroché des slogans politiques, donnant un ton tragique à cette crise et plaçant le défilé du 16 juin sous le signe du deuil.

A l’occasion du premier anniversaire de la mort de Marco Leung Ling-Kit, dont la silhouette est devenue l’un des symboles du mouvement, son père a appelé les jeunes à éviter les confrontations physiques avec la police. « Sauvez votre corps et votre âme pour pouvoir continuer à avancer », leur a-t-il déclaré. La marche du 16 juin portait ainsi en elle tous les éléments de la crise historique qui allait suivre : le désespoir de la jeunesse et la frustration des Hongkongais de ne pas être écoutés par leur gouvernement, l’ambition de résister à une assimilation trop rapide à la Chine et la défiance vis-à-vis d’une police jugée « brutale ». Depuis, cette dernière idée a évolué : les Hongkongais dénoncent désormais un « Etat policier ». « C’est comme un cauchemar dont vous voudriez sortir, mais vous savez qu’il n’y a pas d’autre réalité, déclare Victor Yip, 25 ans.Notre futur, c’est ce cauchemar. »

Mais les dérives violentes du mouvement, au cours des mois, lui ont aussi fait perdre des soutiens. Récemment, le discours de certains manifestants s’est en outre radicalisé avec l’apparition de slogans comme « L’indépendance est la seule issue » ou « Brûlons tous ensemble ». Selon un sondage réalisé par l’université chinoise de Hongkong pour Ming Pao, le journal de référence dans la région, la population est aujourd’hui nettement divisée : 39 % sont favorables à la poursuite du mouvement avec de nouvelles méthodes, 39 % sont contre, et 20 % sont indécis. Ce sondage confirme par ailleurs une corrélation presque parfaite entre âge et engagement : plus les Hongkongais sont jeunes, plus ils soutiennent la mobilisation et plus ils sont radicaux. Ils sont ainsi 72 % des 15-24 ans, contre 20 % des plus de 60 ans, à se dire favorables à la poursuite du mouvement. Pour le professeur Francis Lee, qui a dirigé ce sondage, cette proportion dans le groupe le plus motivé (adolescents et jeunes adultes) montre que la répression a eu son effet.

D’abord pris de court et débordés pendant les premiers mois du mouvement, lequel a brillé par son agilité et sa créativité, le gouvernement et la police sont désormais passés à la vitesse supérieure dans l’anticipation et la répression des manifestations. Le gouvernement local a aussi adopté de nouvelles méthodes de propagande. La radio publique diffuse par exemple à présent des messages de dissuasion avec bruits de sirène et de verre cassé, condamnant la violence des manifestants et rappelant à chacun que Hongkong est une société qui aime l’ordre… Nombre de Hongkongais soupçonnent d’ailleurs la police d’infiltrer les manifestations pour les faire dégénérer et se demandent que penser des annonces alarmistes de la police qui découvre régulièrement du matériel pour explosifs. « C’est fait pour faire peur et pour justifier leurs abus », nous affirme un ancien policier devenu manifestant. Il pense que : « Hongkong a fait un grand pas en avant en un an car elle a pris conscience du danger qui l’attend ».

15 juin 2020

Coronavirus - Chine

En Chine, la crainte d’une deuxième vague se renforce. Après que deux nouveaux foyers de contamination ont été détectés à Pékin et dans la province du Liaoning (nord-est), les autorités chinoises ont annoncé dimanche 57 nouveaux cas confirmés de Covid-19 en vingt-quatre heures, le chiffre quotidien le plus élevé depuis avril. Professeur d’épidémiologie à l’université de Hong Kong, Ben Cowling a expliqué au South China Morning Post que ce rebond marquait le début d’une deuxième vague dans la capitale chinoise. “Il doit y avoir beaucoup plus de cas d’infections à Pékin qui n’ont pas encore été détectés”, a-t-il estimé. Le nouveau foyer de contamination dans le sud de la capitale chinoise est apparu au marché de gros de Xinfadi, qui vend notamment de la viande et du poisson. Une situation “étrangement similaire aux origines présumées de l’épidémie initiale, qui avait démarré dans un marché d’animaux vivants et de fruits de mer à Wuhan, à la fin de l’année dernière”, remarque le South China Morning Post.

14 juin 2020

Coronavirus : au Chili, le ministre de la santé démissionne au plus fort de l’épidémie

Par Aude Villiers-Moriamé, Buenos Aires, correspondante

La gestion de Jaime Mañalich avait été vivement critiquée depuis le début de l’épidémie de Covid-19, qui s’accélère dans le pays. Dans la région de Santiago, près de 100 % des lits de réanimation et soins intensifs sont occupés.

« Je suis, en ce qui me concerne, parvenu à la conviction que cette nouvelle étape de lutte contre le coronavirus requiert un nouveau leadership. » Masque chirurgical sur le visage et drapeau chilien épinglé à la veste, Jaime Mañalich a officiellement annoncé sa démission du poste de ministre de la santé, samedi 13 juin, après plusieurs mois d’une gestion marquée par des hésitations et déclarations polémiques.

Cet ancien médecin de 66 ans, proche du président de droite Sebastián Piñera, dont il fut déjà le ministre de la santé lors de son premier mandat (2010-2014), était particulièrement critiqué par l’Ordre des médecins du Chili, qui lui reprochait de n’avoir pas agi à temps face à l’avancée de l’épidémie dans le pays. Le gouvernement, pariant sur une stratégie d’immunité collective, s’était en effet contenté, dans un premier temps, d’un confinement obligatoire ciblé, concernant quelques communes uniquement, alors que de nombreux professionnels de santé l’exhortaient à étendre la mesure à toute la région de Santiago, qui concentre 7,5 des 18 millions d’habitants du Chili.

Une épidémie sous-estimée

Jaime Mañalich, qui a été radié de l’Ordre des médecins en 2015 pour manquements à l’éthique (une sanction annulée par la suite, le médecin spécialisé en néphrologie et épidémiologie ayant déjà quitté l’Ordre à ce moment-là), a semblé à plusieurs reprises sous-estimer la gravité de l’épidémie, allant jusqu’à s’interroger, le 21 mars : « Que se passerait-il si ce virus mutait vers une forme plus bénigne ? Que se passerait-il s’il mutait et se transformait en bon virus ? ».

M. Mañalich s’était également fait l’avocat de la stratégie de « Nouvelle normalité », invoquée dès la fin avril, alors que le pic de l’épidémie n’avait pas été atteint, par le gouvernement pour relancer l’activité économique du pays. « A mesure que les mesures s’assouplissent, les citoyens peuvent, en prenant toutes les précautions possibles, reprendre une vie un peu normale, plaidait l’ex-ministre, manger une empanada ou aller boire une bière, par exemple. » Des recommandations vite retirées, face à la nette augmentation du nombre de nouveaux cas au mois de mai, qui a contraint le gouvernement à prendre des mesures plus strictes.

Un confinement obligatoire de toute la région de Santiago a finalement été décrété à la mi-mai. Trop tard, selon l’Ordre des médecins et une partie de l’opposition. Le Chili traverse actuellement sa phase la plus grave de l’épidémie : dans la région de Santiago, la plus touchée par le coronavirus, 96 % des lits de réanimation et soins intensifs sont occupés, selon la société chilienne de médecine intensive. Plus de 167 000 cas positifs ont été recensés dans le pays au 13 juin, ce qui représente un taux de contagion parmi les plus élevés au monde, même s’il convient de signaler que le Chili a conduit jusqu’ici davantage de tests que ses voisins, de l’ordre de 40 000 par million d’habitants, contre 5 000 en Argentine.

Polémique autour du nombre de décès liés au Covid-19

La démission du ministre intervient également alors qu’une polémique vient d’éclater au sujet de la comptabilisation du nombre de décès de coronavirus dans le pays. Le média en ligne d’investigation Ciper a révélé, samedi 13 juin, que le ministère de la santé chilien communiquait à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) des chiffres nettement plus élevés que ceux annoncés publiquement lors de son bilan journalier. Ce bilan transmis à l’OMS, qui prendrait en compte des morts « suspectes ou attribuables au coronavirus », selon l’article du Ciper, fait état de 5 000 morts liés au Covid-19 dans le pays, contre 3 101 communiqués lors du point presse du ministère de la santé le 13 juin. Ce n’est pas la première polémique liée au décompte des décès qui tâche le mandat de Jaime Mañalich : mi-avril, ce dernier avait affirmé, à tort, que les Chiliens morts du Covid-19 étaient comptabilisés parmi les chiffres de guérison car ils ne « contaminaient plus ». L’erreur de communication fut corrigée quelques jours plus tard, mais le mal était fait, l’information avait déjà circulé dans les médias nationaux et internationaux, provoquant surprise et indignation.

Jaime Mañalich a été qualifié par le président Sebastián Piñera de « grand serviteur public qui a mis la santé des Chiliens au-dessus de tous ses intérêts légitimes et n’a lésiné sur aucun sacrifice ». Il a été remplacé au pied levé par Enrique Paris, 71 ans. Lui aussi médecin de formation et proche du président Sebastian Piñera, cet ancien président de l’Ordre des médecins a déclaré se trouver « face à un défi qui [le] préoccupe » et appelé « au dialogue et à la coopération », dans une société toujours marquée par le mouvement social contre les inégalités initié au mois d’octobre 2019 et par une forte défiance envers les institutions politiques.

La nomination de M. Paris a été saluée par les professionnels de santé. « Le nouveau ministre de la santé, le Dr Enrique Paris, fait face à l’immense défi de modifier profondément la stratégie sanitaire, de la transformer en une stratégie de collaboration, de transparence, avec des mesures concrètes pour interrompre la chaîne de contagion [du coronavirus], a publié sur Twitter la présidente de l’Ordre des médecins Izkia Siches, ce samedi 13 juin, pour mener à bien cette tâche, vous pouvez compter sur la complète disposition de l’Ordre des médecins. »

14 juin 2020

A Hongkong, dans les petits papiers de Londres

Par Anne-Sophie Labadie, correspondante à Hongkong — Libération

Dans le viseur de Pékin et de sa loi anti-subversion, les habitants de la région semi-autonome renouvellent en masse leurs passeports britanniques d’outre-mer, obtenus après la rétrocession, pour pouvoir éventuellement fuir.

Longtemps, ils ont moisi au fond des tiroirs, délaissés comme d’inutiles documents de voyage. Mais aujourd’hui, les passeports britanniques d’outre-mer (British National Overseas, ou BNO) deviennent des tickets pour l’exil, des pis-aller que s’empressent d’acquérir des Hongkongais anéantis par la perspective d’être surveillés par l’œil de Pékin une fois la loi anti-subversion appliquée.

«Je ne l’avais pas renouvelé depuis 2007, il ne me servait à rien vu que le passeport [de la région administrative spéciale] de Hongkong nous permet d’aller dans beaucoup de pays sans visa», explique Dan, 40 ans. Mais en 2014, après les manifestations monstres, «je l’ai renouvelé, car j’ai compris que le gouvernement ne nous écoutait déjà plus, et malheureusement, il va peut-être m’être utile aujourd’hui».

L’hostilité au gouvernement central communiste s’est muée en révolte et, pour faire taire les opposants, Pékin veut imposer très vite sa loi sur la région semi-autonome. En réponse, Londres a ouvert ses bras aux quelque 3 millions de Hongkongais éligibles selon lui au BNO, dont les droits seraient élargis à celui de travailler et de rester pour une période d’un an renouvelable.

«On se réjouit au moins de savoir que quelqu’un nous tend la main. Et je la prends cette main», réagit Chow, salariée de 48 ans, qui ne sait cependant pas si ni quand elle prendra cette issue de secours. Elle attend de connaître le contenu de la loi et ses modalités d’application. La presse locale évoque déjà la création d’une unité de police spéciale chargée de collecter des renseignements et d’enquêter. «Un projet vraiment létal», selon Chow, mais qui, claironnent les autorités locales, a cependant un large soutien populaire, si l’on en croit les 3 millions de signatures d’une pétition lancée par ces dernières et les treize manifestants qui ont ostensiblement déchiré dimanche leur BNO (dont un périmé) devant le consulat du Royaume-Uni pour dénoncer l’ingérence britannique.

«Chèque en bois»

Pékin a beau assurer que la stabilité reviendra, les projets de départ flottent pesamment dans l’air. En septembre déjà, un sondage de l’Université chinoise de Hongkong révélait que 42 % des habitants souhaitaient émigrer et, en 2019, plus de 120 000 demandes de renouvellement de BNO ont été effectuées. «On attend avant de partir de voir jusqu’à quel point nos libertés d’expression et de rassemblement vont être étouffées par le Parti communiste», explique Lo. «Mais j’ai 49 ans. Qui voudra de moi au Royaume-Uni, où c’est déjà la crise ? L’offre de Johnson est peut-être un chèque en bois», s’interroge celui qui préférerait, quitte à s’exiler, «un train de vie plus doux et moins cher en Asie.»

«Les Hongkongais ont bien compris qu’avec le Brexit et le départ des Européens, ils seront utiles pour pourvoir les postes et louer les maisons. Tout le monde peut bénéficier de cette dynamique», souligne Kelvin Lam, élu local. Mais «la principale question est de savoir si le BNO sera aussi accordé aux enfants des détenteurs». Seules les personnes nées avant la rétrocession, en 1997, ont droit au document. Or «les jeunes auraient dû avoir la priorité car ils sont en première ligne face à la police», rappelle Lo. Ils sont aussi dans le collimateur des autorités. Sur les plus de 9 000 arrestations liées aux manifestations, près de 20 % sont des mineurs et risquent jusqu’à dix ans de prison pour «émeute». «Mon fils de 15 ans continue de manifester, je n’arrive pas à l’en empêcher. Ça va devenir vraiment très risqué, et je partirai peut-être pour le protéger, en espérant que les autorités britanniques lui donneront aussi des papiers», témoigne Dan.

«Visa doré»

Les jeunes avaient constitué le gros de la deuxième vague de migration après l’échec des manifestations pro-démocratie de 2014, la première vague, massive, ayant été déclenchée par la peur du retour dans le giron chinois en 1997, rappelle John Hu, de l’agence d’immigration Migration Consulting. Le seul 1er avril 1996, dernier jour d’inscription pour les BNO, les autorités avaient dû ouvrir un stade pour permettre aux quelque 35 000 candidats de patienter.

Selon John Hu, nous assistons aujourd’hui à une troisième vague, qui touche cette fois toutes les tranches d’âge et s’annonce «historique», même si le «on attend de voir» prédomine. Son agence a ainsi vu son activité multipliée par cinq depuis l’annonce par Pékin, le 21 mai, de la promulgation imminente de la loi anti-subversion. «Le Royaume-Uni n’est pas la destination favorite parmi les pays anglophones, même si les universités sont bonnes», car le niveau de vie élevé et certains types de visas (d’affaires et pour les start-up) sont difficiles à acquérir. A titre d’exemple, il faut débourser au moins 2,23 millions d’euros pour un «visa doré» (permis de séjour accordé contre des investissements locaux) au Royaume-Uni, 500 000 au Portugal. Des prix inabordables dans les deux cas pour de nombreux Hongkongais, dont un sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.

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13 juin 2020

Coronavirus - Le Brésil, deuxième pays le plus touché par le Covid-19

tombes plage

COURRIER INTERNATIONAL (PARIS)

Le Brésil compte désormais plus de morts du coronavirus que le Royaume-Uni. 42 161 personnes ont succombé au Covid-19 dans le pays le plus peuplé d’Amérique latine.

“Le Brésil est devenu aujourd’hui le deuxième pays avec le plus de décès causés par le covid-19 dans le monde, dépassant le Royaume-Uni”, annonce O Dia. Pas vraiment une surprise tant le taux de décès dans le pays d’Amérique est supérieur à celui de la nation européenne. 1242 personnes mortes en 24 heures au Brésil contre 202 au Royaume-Uni, précise le quotidien. En tout, 42 161 personnes ont succombé à l’épidémie avec plus de 843 000 cas identifiés. Seuls les Etats-Unis présentent un bilan plus lourd.

Brasil de Fato constate que contrairement au Brésil, l’Europe a “réussi à ralentir la progression des décès”. Surtout, note le site, “les chiffres alarmants publiés vendredi ne reflètent peut-être pas pleinement la réalité”, en raison d’un manque de tests.

Une étude de l’université de Pelotas, citée par Bloomberg, estime que pour un cas confirmé, six autres ne sont pas recensés. La situation est telle que l’organisation mondiale de la santé a fait part vendredi d’une “inquiétude grandissante”, remarque The Independent.

Le Brésil est “maintenant l’épicentre de l’épicentre”, commente la BBC alors que l’ensemble du continent américain concentre la moitié des cas. Au-delà de la situation sanitaire, “la gestion de la pandémie a pris un tour hautement politique”, ajoute la chaîne anglaise.

Il y a par exemple la célèbre plage de Copacabana transformée en faux cimetière par des militants de l’organisation Rio de Paz. La destination touristique “est devenue le dernier champ de bataille des tensions croissantes face à la réponse du gouvernement”, raconte Al Jazeera.

Un hôpital de Rio pris pour cible

Autre illustration des troubles du moment, l’invasion vendredi d’un hôpital de Rio de Janeiro, racontée par le Diario de Pernambuco. Six personnes au moins ont “envahi des salles réservées aux médecins et aux patients, criant, donnant des coups de pied dans les portes et volant des ordinateurs”. Elles ont hurlé qu’elles voulaient vérifier que les lits étaient bien occupés.

Difficile de ne pas voir un lien avec la demande formulée la veille par Jair Bolsonaro dans son intervention hebdomadaire sur Facebook. Le président brésilien a invité ses partisans à pénétrer dans les hôpitaux et à prendre des photos de lits vides dans les unités de soins intensifs pour “montrer que le coronavirus est une arnaque”, rapporte le Correio da Manha. Le leader d’extrême-droite a également accusé les gouverneurs et maires de surestimer le nombre de cas pour obtenir plus de financement fédéral et critiquer le gouvernement, indique le quotidien portugais.

Les gouverneurs en question ont écrit une lettre ouverte, publiée notamment par le Correio braziliense, déclarant que “ce n’est pas en envahissant les hôpitaux que le Brésil vaincra la pandémie”.

M. Bolsonaro a par ailleurs reproché aux médias une forme “d’hystérie”, souligne la BBC, multipliant les “démonstrations publiques d’irrévérence” alors même que son pays “enterre ses morts dans des fosses communes en Amazonie et que les hôpitaux sont au bord de l’effondrement dans certaines régions”. A l’instar de Donald Trump, le dirigeant a aussi poussé pour une réouverture de l’économie jugeant les conséquences d’une quarantaine “pires que les effets du virus”.

“Je n’ai pas entendu parler d’un autre pays dont le président a autant entravé la lutte contre l’épidémie”, dénonce Daniel Dourado, expert de santé publique à l’université de São Paulo. Dans les colonnes du Guardian, le professeur critique un homme politique “qui n’exprime même pas sa sympathie aux familles” et il n’écarte pas que le nombre de cas au Brésil rattrape celui des Etats-Unis.

plage tombes

tombes copacabana

12 juin 2020

Sauvons le Venezuela ensemble !

Juan Guaido Marquez

Le président par intérim autoproclamé du Venezuela appelle à la formation d’un gouvernement d’urgence nationale afin de convoquer des élections libres et de définir un plan de sauvegarde du pays

Selon les Nations unies, plus de 9 millions de Vénézuéliens souffrent actuellement de la faim. La crise migratoire en cours constitue l’exode le plus important de l’histoire contemporaine, après celui de la Syrie. Plus de 5 millions de personnes ont quitté le pays depuis 2014. Pendant ce temps, la dictature criminelle de Nicolas Maduro, impliquée dans le trafic de drogue et le terrorisme [selon la justice américaine], sourde à la crise socio-économique et au désastre sanitaire, refusait les dons internationaux de nourriture et de médicaments, condamnant nombre de mes concitoyens à mourir. Même en pleine pandémie de Covid-19, ce régime ne souhaitait pas accepter l’aide internationale.

Ma priorité est de mettre fin à la souffrance du peuple vénézuélien le plus rapidement possible. Nous, les Vénézuéliens, ne méritons pas de mourir de faim ou à cause d’une pandémie. C’est pour cette raison que nous avons réussi à faire en sorte que le régime laisse entrer dans le pays l’aide humanitaire de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) pour s’attaquer au Covid-19, et nous remercions la communauté internationale qui a beaucoup œuvré en ce sens.

Ceci démontre pleinement notre volonté politique de trouver des solutions adaptées aux problèmes des Vénézuéliens. Nous sommes déterminés à mettre fin à cette grave crise en rassemblant largement ceux qui, comme moi, ont chevillés au corps les intérêts du peuple vénézuélien, celui resté au pays comme celui de la diaspora.

La solution ne peut être que politique

Toutefois, la réalité est la suivante : une narcodictature s’est saisie des institutions et confisque tous les pouvoirs au Venezuela. Effrayé et intimidé, le régime de Nicolas Maduro n’a ni la capacité ni l’intention de mettre fin à la crise économique, sociale, sanitaire et politique dont il est lui-même responsable.

Je dirige un gouvernement par intérim reconnu par plusieurs pays, dont la France, par le Parlement national et par la société civile. Afin de parvenir à un dénouement de crise et à trouver une solution structurelle, nous proposons qu’un gouvernement national d’urgence voie le jour. Ce gouvernement compterait avec la participation de tous les secteurs politiques et sociaux du pays. Il exclurait toute personne impliquée dans des violations aux droits humains. Ce gouvernement national d’urgence serait principalement chargé de résoudre la situation humanitaire, de garantir la séparation des pouvoirs et de générer les garanties nécessaires pour la tenue d’élections législatives et présidentielles libres, justes et transparentes.

Mais la solution définitive ne peut être que politique. Les déclarations de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, lors de la conférence des donateurs en solidarité avec les réfugiés et les migrants vénézuéliens tenue en mai, vont dans ce sens. Selon le ministre Le Drian, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour créer les conditions nécessaires à une solution politique au Venezuela.

Nous appelons la communauté internationale à être particulièrement vigilante sur les efforts de Nicolas Maduro pour mettre définitivement fin à la démocratie au Venezuela. Il compte en effet organiser de nouvelles élections législatives cette année. Ces élections, à l’instar de celles de 2018, promettent d’être une nouvelle mascarade. Il ne s’agira en aucun cas d’un processus électoral libre et équitable.

Premièrement, les principales forces politiques ont été déclarées illégales et leurs dirigeants sont emprisonnés, en exil ou déclarés politiquement inéligibles. Deuxièmement, il n’existe pas de registre électoral fiable qui puisse garantir le droit de vote à tous les Vénézuéliens à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Troisièmement, le régime empêche toute observation électorale internationale. Enfin, l’autorité compétente en matière d’élections, le Conseil national électoral, n’est pas neutre. Il n’est pas garant de la bonne tenue ou de la transparence des élections.

Mon gouvernement, et les principaux partis politiques vénézuéliens qui y sont représentés, ont toujours encouragé et continueront à encourager la tenue d’élections libres afin de rétablir la démocratie au Venezuela. Nous sommes donc en faveur de la tenue d’élections dans le pays en 2020, à condition qu’elles soient organisées en toute transparence, selon le cadre juridique prévu par notre Constitution, et à condition que les élections présidentielles exigées par la Constitution depuis 2018 soient aussi célébrées. En accord avec toutes les parties, des observateurs internationaux doivent également pouvoir veiller librement sur le scrutin.

Nous sommes bien conscients que le régime de Nicolas Maduro n’a pas la volonté politique, ni la volonté humanitaire, de donner au peuple vénézuélien la possibilité de voter lors d’élections transparentes, libres et équitables. Nous réitérons donc que la seule façon de mettre fin à cette crise sans précédent est la formation d’un gouvernement national d’urgence qui se chargerait de convoquer ces élections libres et de mettre en œuvre un plan de sauvegarde du pays.

Nous devons sauver ce Venezuela, qui a été gravement touché par la misère et la corruption, et nous devons le faire avec la participation de la plus grande représentation de la nation. Voilà la seule ambition du gouvernement par intérim : reconstruire le Venezuela ensemble. Ne nous décourageons pas et continuons à travailler avec toute notre bonne volonté pour sauver notre peuple et notre pays.

Juan Guaido Marquez est reconnu comme « président par intérim » de son pays par les Etats-Unis, la France et plus de cinquante pays

12 juin 2020

Au Pérou, l’oxygène se vend à prix d’or au marché noir

Amanda Chaparro (Lima, Correspondance)

C’est un « crime », une « trahison à la patrie ». Pilar Mazzetti, médecin et présidente du dénommé « commando Covid-19 » chargé de la lutte contre l’épidémie, n’a pas de mots assez durs pour qualifier la spéculation sur les prix de l’oxygène, tandis que le Pérou est confronté à une inquiétante pénurie de gaz médical et que pas loin de 10 000 patients sont actuellement hospitalisés. Deuxième pays le plus touché par le Covid-19 en Amérique latine en nombre de cas, après le Brésil, le Pérou a dépassé la barre symbolique des 200 000 malades et 5 903 morts au dernier bilan en date du jeudi 11 juin.

La demande d’oxygène dans les hôpitaux est de 40 % supérieure à la production disponible, selon le président du conseil des ministres, Vicente Zeballos. Actuellement, 216 tonnes d’oxygène sont utilisées chaque jour et il en manque 136 tonnes. Les besoins sont en constante augmentation. Le gouvernement calcule qu’ils seraient de l’ordre de 400 tonnes par jour, d’ici la fin du mois de juin. Des estimations qui cachent une réalité encore plus préoccupante. Selon Cesar Chaname, porte-parole de la sécurité sociale Essalud, c’est un « véritable tsunami » qui a déferlé sur le pays, avec une augmentation exponentielle de la demande de « 500 % à 600 % » depuis le début de la pandémie.

La pénurie a d’abord frappé la ville d’Iquitos en Amazonie – où des médecins avaient tiré le signal d’alarme il y a plusieurs semaines –, puis d’autres régions du nord du pays. Elle touche maintenant la capitale Lima, où vit un tiers de la population et qui concentre plus de 70 % des cas de malades du Covid-19. La semaine dernière, le gouvernement a annoncé que le Pérou était arrivé au maximum de sa production. A Lima, des images diffusées sur les chaînes de télévision nationale montrent des files d’attente de plusieurs dizaines de mètres devant des fournisseurs spécialisés. Les acheteurs sont prêts à patienter des heures, voire toute une nuit, pour se procurer de l’oxygène pour leurs parents malades. Le marché noir s’est développé et la spéculation va bon train. Selon le bureau du défenseur des droits, le prix du ballon d’oxygène de 10 m3 coûterait entre 3 500 et 6 000 soles, environ 900 à 1 500 euros. Un prix multiplié par dix par rapport au début de l’épidémie, dont le premier cas a été recensé le 5 mars. Toutefois, Cesar Chaname tempère : « Le marché noir représente seulement 2 % à 3 % de l’oxygène en circulation. »

Un rapport publié le 6 juin par le défenseur des droits, Walter Gutierrez, accuse le gouvernement du président Martin Vizcarra de ne pas avoir anticipé, alors qu’il avait été informé fin avril de la pénurie à venir. Jeudi 4 juin, le gouvernement a enfin décrété des mesures d’urgence. L’oxygène a été qualifié de « bien public » et de « ressource d’intérêt stratégique ». Le décret ordonne de donner la priorité à l’oxygène médical sur l’oxygène industriel. Mais ces déclarations arrivent tard et sont « insuffisantes », juge Walter Gutierrez, pour qui il faut des « mesures contraignantes ».

Avec la reprise de l’économie décidée en juin et le redémarrage de certaines activités stratégiques comme le secteur minier et la métallurgie, les besoins en oxygène industriel vont de nouveau augmenter et peser sur le secteur de la santé, s’inquiète le bureau du défenseur des droits. Le Pérou a annoncé l’importation de gaz médical à ses voisins colombien, équatorien et chilien. « Nous ne sommes qu’au début de la crise de l’oxygène, estime Ciro Vargas, médecin épidémiologiste et vice-président du Collège des médecins, il faut agir dans les plus brefs délais. »

10 juin 2020

Corée du Nord - Kim Yo-jong, sœur de Kim Jong-un, s’affirme comme numéro deux du régime

coree du nord

HANKYOREH (SÉOUL)

Pour condamner l’envoi sur la Corée du Nord de ballons porteurs de tracts hostiles à Pyongyang, Kim Yo-jong, 33 ans, est montée en première ligne. C’est là le dernier indice en date qui prouve que Kim Jong-un a choisi sa cadette pour dauphine, décrypte le journal sud-coréen Hankyoreh.

Tout a commencé le 4 juin avec un communiqué de Kim Yo-jong, première vice-directrice du Parti des travailleurs et sœur de Kim Jong-un. Elle y critiquait violemment l’envoi, par des transfuges nord-coréens installés au Sud, de ballons porteurs de tracts dirigés contre le régime de Pyongyang. Depuis, les autorités nord-coréennes ne cessent de menacer de couper tout lien avec le Sud : après une déclaration du Département du front uni [qui s’occupe des relations intercoréennes] du Comité central du Parti des travailleurs du 5 juin, le journal officiel Rodong Sinmun a évoqué le 6 puis le 7 des rassemblements de citoyens [pour condamner leurs compatriotes partis pour le Sud et le gouvernement de Séoul], ainsi que les “réactions des différents milieux”.

Alors que la question des transfuges et celle des tracts antirégime constituaient jusque-là des tabous en Corée du Nord, ils apparaissent à présent comme des sujets qui concernent tout le peuple. Dans son communiqué, Kim Yo-jong pointe “des crimes parmi les plus graves et un affront à tout le peuple nord-coréen”. La façon dont cette prise de parole est traitée dans le pays, c’est-à-dire comme si elle provenait de Kim Jong-un lui-même, montre que la sœur cadette de ce dernier y occupe désormais une position clé.

À la tête des affaires sud-coréennes

Trois éléments sont significatifs et pour le régime de Pyongyang et pour l’avenir des relations intercoréennes. Le premier est que le Département du front uni a explicité, chose exceptionnelle, que Kim Yo-jong “supervisait les affaires sud-coréennes”. Le deuxième est que, d’après le même organe, elle aurait ordonné des mesures concrètes. Le troisième élément, ce sont les “réactions des différents milieux”, qui ont occupé presque entièrement les pages du Rodong Sinmun le 6 et le 7 juin.

En effet, le Département du front uni a déclaré au sujet du communiqué de Kim Yo-jong que “la première vice-directrice, qui supervise les affaires sud-coréennes, a adressé un avertissement au Sud” et qu’elle a “donné des ordres pour mettre en pratique le contenu de son communiqué”, comme la décision de fermeture du bureau de liaison intercoréenne à Kaesong. Dans le projet nord-coréen de “réunification de la nation”, le chef est Kim Jong-un, secondé par le directeur du Département du front uni. Or ce dernier a précisé que c’est Kim Yo-jong qui supervisait les affaires sud-coréennes, invitant indirectement le Sud à passer par elle pour toute discussion à venir.

Le Rodong Sinmun a publié les “réactions des différents milieux” les 6 et 7 juin. Sept titres sur quarante-sept concernaient le communiqué de Kim Yo-jong dans l’édition du 6 en pages un et deux et douze titres sur trente dans l’édition du 7 en pages un, trois et six. Les rassemblements organisés par l’Union de la jeunesse socialiste Kim Il-sung et Kim Jong-il, par l’université de technologie Kim Chaek, par l’équipe de construction de l’hôpital de Pyongyang, par l’Usine de locomotives électriques Kim Jong-tae y sont présentés avec des photos. Les représentants du Parti pour Pyongyang et pour Samjiyon, le président de la Commission des plannings nationaux, le président du parquet central, la présidente du comité central de l’Union démocratique des femmes de Corée et bien d’autres se sont exprimés à propos du communiqué de Kim Yo-jong.

L’héritière du trône

Dans le passé, seul le leader suprême pouvait susciter un tel enthousiasme, dont même Choe Ryong-hae, président du présidium de l’Assemblée populaire suprême, n’a jamais bénéficié. “Les ordres donnés par quelqu’un d’autre que le leader ne peuvent être publiés dans le journal Rodong Sinmun. C’est une preuve incontestable de l’ascension de Kim Yo-jong comme héritière du trône”, explique un ancien haut fonctionnaire de Séoul au fait des affaires nord-coréennes.

Il ajoute : “Le Nord interpelle le Sud : que pourront-ils bien faire ensemble si ce dernier n’est même pas capable de respecter les promesses qu’il a faites au plus haut niveau et qui ne sont pas entravées par les sanctions internationales à l’encontre du Nord ? Le moment est délicat. Un nouvel envoi de tracts risque d’interrompre définitivement la communication entre les deux Corées. En revanche, si le gouvernement sud-coréen respecte les termes des accords bilatéraux, cela peut ouvrir des opportunités.”

Le 7 juin, le ministère de la Réunification sud-coréen s’est montré prudent, déclarant : “Notre gouvernement souhaite respecter et appliquer les accords conclus par les dirigeants des deux Corées.” Le jour du communiqué de Kim Yo-jong, il avait annoncé l’instauration d’une loi interdisant l’envoi de ces tracts, qualifiés par la présidence d’“absolument inutiles et nocifs”.

Yi Che Hun

9 juin 2020

Coronavirus

Covid-19 : la pandémie s’aggrave dans le monde. L’OMS a indiqué lundi que le nombre de cas confirmés à l’échelle internationale – désormais supérieur à sept millions – a augmenté de plus de 100 000 sur neuf des dix derniers jours, et même de 136 000 dimanche – soit “le bilan le plus élevé jusqu’ici”. Ce sont tout particulièrement des pays d’Amérique latine comme “le Brésil, le Mexique et le Pérou qui contribuent à l’aggravation de la situation mondiale”, note O Globo. Au Brésil, troisième pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis et le Royaume-Uni, les données sur les morts et les cas de contamination du coronavirus sont depuis plusieurs jours diffusées dans la confusion la plus totale par le gouvernement brésilien. Les bilans tronqués et de plus en plus tardifs suscitent une avalanche de critiques et une forte inquiétude, alors que le gouverneur de Rio de Janeiro a annoncé l’assouplissement des restrictions.

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