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Jours tranquilles à Paris
26 décembre 2018

Emmanuel Macron se cache t'il ?

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25 décembre 2018

Des révélations troublantes sur la santé d’Emmanuel Macron

IMG_3316Trois journalistes du Monde se sont ainsi penchées sur « la vie à huis clos » du président de la République depuis le début de la crises des Gilets jaunes. Particulièrement discret depuis les premières journées de contestation des manifestants, Emmanuel Macron serait très touché par cette crise politique. Perpétuellement conspué par une partie de la population qui réclame sa démission, insulté, hué, menacé, le chef de l’Etat ne laisse toutefois transparaître aucun signe de faiblesse. Et pour ce faire, le président compte sur… du maquillage. « Il ne sort plus sans se maquiller tellement il est marqué. Il se maquille même les mains. » témoigne un député du parti présidentiel (LREM) dans l’article du Monde.

Voir l'article du Monde 

http://jourstranquilles.canalblog.com/archives/2018/12/22/36961130.html#comments

 

22 décembre 2018

Emmanuel Macron, à huis clos en son palais

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Par Raphaëlle Bacqué, Ariane Chemin, Virginie Malingre - Le Monde

Insultes, huées, menaces... Quand il sort, désormais, cela tourne mal. Depuis le début de la mobilisation des « gilets jaunes », pour le président qui aimait tant les promenades, elles sont devenues rares (et discrètes). Comme les visites.

De l’aéroport de Loudes, en Haute-Loire, jusqu’au Puy-en-Velay, il y a 10 km, un quart d’heure en voiture. Ce 4 décembre, pour rejoindre la préfecture incendiée trois jours plus tôt par les « gilets jaunes », Emmanuel Macron n’a heureusement pas besoin de passer par le rond-point de Lachamp, sur la commune de Saint-Pierre-Eynac. C’est là, sur la RN88, que des manifestants avaient cousu un pantin de taille humaine, posé sur un échafaud plus vrai que nature. Sur le billot était écrit : « Te guillotiner c’est notre projet. »

Le président de la République file vers la préfecture. En route, il discute avec les passagers en gilet jaune d’une voiture croisée par hasard. Aucune image, aucune vidéo. Le 3 décembre, il n’a aussi passé qu’une tête dans le bureau de l’un de ses collaborateurs qui recevait un « gilet » venu de Chalon-sur-Saône à pied. Ces gens seront parmi les rares protestataires qu’Emmanuel Macron a rencontrés durant cette crise ouverte le 17 novembre, où sa capacité à réformer et sa popularité se sont abîmées, mais où il a aussi perdu une part de sa liberté.

Sans prévenir les élus, il est venu au Puy apporter son soutien au préfet. Celui-ci montre les armoires en cendres, les vitres brisées, les bureaux noircis par la suie. Il conte au chef de l’Etat ce samedi où le « portail a été pété », les pneus entassés et enflammés, et cette bataille inégale entre les « trente » de la préfecture et les deux cents manifestants empêchant les pompiers d’accéder au bâtiment. Bilan : trente-huit blessés… « Ils criaient : “Vous allez tous griller comme des poulets ! », termine le préfet. « Vous les connaissez ? », interroge Emmanuel Macron, incrédule.

Dès que l’avion présidentiel s’est posé à Loudes, la nouvelle de sa visite s’est ébruitée. Un message posté sur Facebook a réveillé quelques « gilets jaunes ». Une vingtaine d’hommes et de femmes attendent le chef de l’Etat à la sortie de la préfecture. « Ouuuuuh ! Démission ! », « Enculé ! », « Président des riches ! » Pas encore de quoi trop s’émouvoir. C’est sur la route de la caserne de gendarmerie que tout va basculer…

« On vous hait ! »

M. Macron commence par traverser Le Puy vitre ouverte, pour dire bonjour. Des insultes lui répondent, il doit vite la remonter. Un homme se jette ensuite devant la voiture. En sortant de la caserne, cinquante manifestants l’injurient encore : « On vous hait ! »

L’échange promis à la presse locale est annulé. Les services de sécurité exfiltrent le président par une sortie annexe. De la séquence ne reste que l’image d’un démarrage en trombe sous les huées. Quelques jours plus tard, le chef de l’Etat racontera au président du MoDem François Bayrou que, de la voiture, il a entendu une femme lancer : « Salope, j’espère que tu vas crever sur la route ! »

Emmanuel Macron aime pourtant les promenades. Dès son arrivée au ministère de l’économie, en 2014, il avait fait de ces échappées sa griffe. Elles étaient à la fois le thermomètre de sa popularité et un moyen d’asseoir sa notoriété. « Il est où, Emmanuel ? », s’agaçait François Hollande à chaque déplacement avec lui. « Emmanuel » traînait derrière. Selfies, autographes, bisous, il se régalait. Mais, depuis que les « gilets jaunes » le traquent sur Facebook, ces déambulations sont impensables. Il voyage incognito, ou alors sans caméras.

Jeudi 20 décembre, c’est avec l’AFP et Franceinfo, ces médias de « l’ancien monde », qu’il est allé à Soissons, dans l’Aisne, visiter sans prévenir un centre pour enfants victimes de maltraitance. Officiellement, personne n’a été exclu du voyage, mais il fallait éviter les caméras, en cas d’incident. « S’il ne prévient pas avant de partir, c’est qu’il sait déjà qu’il risque de s’en prendre plein la figure », confirme un conseiller. Sa photographe officielle, Soazig de la Moissonnière, envoie seule quelques clichés où le président, décontracté au milieu de son équipe, rit à la table d’un restaurant Courtepaille, à Mareuil-lès-Meaux (Seine-et-Marne).

Gibets, cibles et cercueils

Deux jours avant les injures du Puy-en-Velay, sa petite promenade à pied au milieu des vitrines fracassées de l’avenue Kléber, à Paris, avait déjà mal tourné. Il revenait alors d’Argentine, où il avait participé au G20. Sur les portables de ses collaborateurs, il a découvert de Buenos Aires les images des violences du 1er décembre et il se rend à l’Arc de triomphe saccagé avant de partir à la rencontre des commerçants. Mais des « gilets jaunes » débarquent. Copieusement sifflé, il doit s’éclipser sous la protection des policiers.

Avant le 11-Novembre, « il était déjà revenu de son périple dans l’est de la France très conscient qu’une colère grondait », assure Philippe Grangeon, l’un de ses conseillers. Mais c’était au temps où l’Elysée pouvait encore accuser les médias de grossir le trait. « Je parle aux gens, ça se passe bien, mais les journalistes écrivent à l’avance un scénario où je me ferais sans cesse alpaguer, comme si j’étais un personnage de télé-réalité ! », se plaint Emmanuel Macron devant les ministres Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer et François de Rugy qu’il reçoit à l’Elysée au retour de sa fameuse « itinérance mémorielle » dans onze départements. Il faut attendre la deuxième journée de mobilisation des « gilets jaunes », le 24 novembre, pour qu’il évoque des « scènes de guerre ». Une semaine plus tard, l’Arc de triomphe est pris d’assaut.

« Je connais cette violence et cette vulgarité, ce sont les mêmes qui étaient déposées dans la boîte aux lettres de mes parents, lorsque j’ai rencontré Emmanuel », assure Brigitte Macron à ses conseillers désolés. Sauf qu’à l’époque les insultes n’étaient pas si menaçantes. Désormais, les manifestants crachent sur les vitrines et prennent à partie les employés de la chocolaterie familiale d’Amiens. « J’ai l’impression d’être un bouc émissaire, un défouloir » : le 4 décembre, Jean-Alexandre Trogneux, propriétaire du commerce, se fend d’une mise au point : la boutique n’appartient pas au président, son oncle par alliance. Un internaute de la Somme, terre des plus farouches ennemis du président – le député François Ruffin et l’écrivain Edouard Louis –, est placé en garde à vue.

Dans les « manifs », l’effigie du président est lardée de coups de couteau, ligotée par des chaînes, ensanglantée. Gibets, cibles, cercueils trônent devant les cahutes de bord de route. Sur les sites des manifestants, on parle de lui « jeter des pierres » et même de « le pendre ». Quant aux comptes Facebook d’Eric Drouet et de Priscillia Ludosky, deux des initiateurs du mouvement, ils relaient un faux « mandat d’arrêt » contre Emmanuel Macron, coupable de « haute trahison ».

Déplacements officiels annulés

Il n’y a pas que les coups de menton ou de gueule sur les réseaux sociaux. Dans la nuit du 14 au 15 décembre, le député (La République en marche, LRM) de l’Eure Bruno Questel voit débouler devant chez lui « un groupe d’hommes, mais aussi de femmes, largement alcoolisés ». Des visages déjà croisés dix fois dans cette circonscription où il a été élu maire en 2002, conseiller général et enfin parlementaire.

« Ils voulaient s’installer chez moi », raconte le député au téléphone à Emmanuel Macron et à son premier ministre, Edouard Philippe, après que la police a retrouvé six douilles de cartouches tirées devant sa maison. Même le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, pratiquement inconnu du grand public, a vu ses enfants menacés.

A Paris, les époux Macron aimaient improviser un dîner à La Rotonde, cette brasserie de Montparnasse où les patrons leur arrangent toujours une table au fond du restaurant. Ils étaient même allés voir Le Grand Bain, le « feel good movie » de Gilles Lellouche, dans une « vraie » salle de cinéma. Trop dangereux aujourd’hui. Depuis le 1er décembre, Brigitte Macron n’a pas franchi les limites du périphérique, se contentant, sans aucune publicité, d’une visite à l’hôpital des Invalides, d’une autre à Necker, d’une troisième à l’Institut de la mémoire de la Pitié-Salpêtrière.

Adieu les longs week-ends à la Lanterne, aux confins du parc du château de Versailles, où Brigitte Macron a l’habitude d’acheter son pain dans les boulangeries avoisinantes : depuis la mi-novembre, les séjours sont brefs et rares. Hormis sa visite surprise à Soissons, le président lui-même est peu sorti de l’Elysée. Le ministère de l’intérieur craint des bousculades, une agression, voire bien pire. Ses agendas ont été vidés, des déplacements officiels annulés : sa visite en Serbie, les 5 et 6 décembre, puis son séjour à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), le 18 décembre, afin de préparer le G7 de 2019 en compagnie de 150 ambassadeurs. L’agenda officiel est loin d’être rempli. « Il est en réunion interne », répond son service de communication.

Aucun de ceux qui l’entourent n’a souvenir d’un tel rejet sur le terrain. Seul Bruno Le Maire, lorsqu’il était le ministre de l’agriculture de Nicolas Sarkozy, a connu les quolibets et les tas de fumier déversés sur son passage. Pour les jeunes conseillers de l’Elysée, l’expérience est inédite. « On ne va pas finir le quinquennat dans un abri antiatomique », expliquait au Monde le chargé de la communication de l’Elysée, Sylvain Fort, en prenant ses fonctions après l’« affaire » Benalla. « Débunkériser », disait-on alors au Palais. Devant l’association de la presse présidentielle, à la Maison des polytechniciens, le 17 décembre, il détaille cette fois la menace que fait peser sur le président une « défiance transformée en sécession ».

« Il ne sort plus sans se maquiller »

Devant les députés LRM, ou en conseil des ministres, Emmanuel Macron ne laisse échapper aucune fébrilité. Occupé à ne pas imposer ses certitudes, il laisse les autres parler. Mais ceux qui le croisent notent sa fatigue. « Il ne sort plus sans se maquiller tellement il est marqué. Il se maquille même les mains », assure un député LRM qui a l’oreille du chef de l’Etat. Lors de son allocution enregistrée à l’Elysée, le 10 décembre, plus de 23 millions de téléspectateurs découvrent un président mal rasé et amaigri.

L’Elysée est devenu un huis clos où les corps étrangers sont de plus en plus rares. Le président (Les Républicains) du Sénat, Gérard Larcher, ou l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy ont été reçus les 4 et 7 décembre. Le jeudi, John Chambers, l’ex-patron du groupe informatique Cisco devenu ambassadeur de la French Tech à l’international, a aussi franchi le perron du Palais avec une quarantaine de « capital-risqueurs » et d’investisseurs venus découvrir de prometteuses jeunes pousses françaises. Mais le chef de l’Etat a surtout consulté son premier cercle.

Depuis que les présidents communiquent par messagerie privée, les « visiteurs du soir » sont rares, ou plus exactement leurs visites sont désormais virtuelles. Emmanuel Macron possède deux téléphones et passe de l’un à l’autre. Naguère, les conseillers ou les gardes guettaient l’heure à laquelle il quittait son bureau et éteignait les lumières. Aujourd’hui, ceux qui communiquent avec lui par Telegram notent l’heure à laquelle il cesse ses consultations : 2 heures, 3 heures du matin…

Il échange évidemment avec son secrétaire général et son premier ministre, qui ont longtemps plaidé que des concessions aux « gilets jaunes » obéreraient la capacité de réforme du gouvernement. Mais ces dernières semaines, Philippe Grangeon, François Bayrou et Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale), les « sociaux », comme on les appelle, ont joué les premiers rôles dans l’entourage du chef de l’Etat. Avec Jean-Paul Delevoye (haut-commissaire à la réforme des retraites), ces trois-là ont participé à la vidéoconférence qu’Emmanuel Macron a organisée le 8 décembre à l’Elysée afin de réfléchir à la sortie de crise. C’est avec eux, ces représentants du vieux monde, qu’il s’est convaincu de lâcher plus de 10 milliards d’euros pour « sauver le capital des réformes ».

Pas de trêve pour son anniversaire

Insulté sur les réseaux sociaux, le président n’ignore pas la tentation et les références révolutionnaires d’une partie des émeutiers. « Le référendum d’initiative citoyenne n’est pas conçu par ses initiateurs – qui ne sont pas des gentils “gilets jaunes”, mais des complotistes de la pire espèce – comme un outil démocratique mais comme un outil de sédition », a encore confié Sylvain Fort, lundi 17 décembre.

Quand une partie de l’extrême gauche s’est mise à espérer tout haut que la police rejoigne le mouvement de contestation, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a été prié d’éteindre au plus vite la sourde fronde au sein des forces de l’ordre. Une prime de 300 euros a été attribuée à 110 000 policiers et gendarmes, ainsi qu’une hausse de salaire de 150 euros.

Même au sein de l’armée, il a fallu menacer de sanctions une dizaine de généraux, un amiral et un colonel de la 2e section, c’est-à-dire retraités mais encore mobilisables, après qu’ils ont signé une lettre ouverte sur un site d’extrême droite.

« Vous ne pouvez pas décider seul d’effacer nos repères civilisationnels et nous priver de notre patrie charnelle, disait le texte, en s’insurgeant de la signature par la France du pacte de Marrakech (Maroc) sur les migrations. Vous êtes comptable devant les Français de vos actions. Votre élection ne constitue pas un blanc-seing. » Des airs de putsch ? En tout cas un affront pour le président, qui est aussi le chef des armées, et déteste qu’elles le contestent.

Vendredi 21 décembre, c’était son anniversaire. Quarante et un ans. Encore une jeunesse. Evidemment, Facebook a repéré l’événement et appelé à « pourrir la fête ». Pas de trêve, au contraire. « A bas sa majesté Macron ! », « Dégage Macron Ier ! », continuent de crier les « gilets jaunes » sur les ronds-points rasés puis reconstruits. Rond-point de la Jaunaie, à Redon, en Ille-et-Vilaine, une nouvelle guillotine vient d’être installée : « On veut juste qu’il comprenne qu’il faut qu’il s’en aille », explique une manifestante.

Voilà le jeune président rattrapé par le fameux « dégagisme » qui l’a aidé à se hisser à la tête du pouvoir, mais aussi par ses analyses historiques et ses critiques sur la « normalisation » progressive des présidents de la Ve République. En juillet 2015, dans l’hebdomadaire Le 1, il assurait que le grand « absent » de « la politique française » était « la figure du roi », dont « fondamentalement le peuple français n’a[vait] pas voulu la mort ». A l’époque, il pensait encore qu’il manquait un roi à la France.

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17 décembre 2018

La politique et l'intelligence

L'ÉDITO de Didier Micoine - Le Parisien    

L’intelligence des mots         

Gilles Le Gendre chercherait-il à décrocher le prix de l’humour politique ? Sinon pourquoi le très sérieux patron du groupe La République en marche (LREM) à l’Assemblée nationale aurait-il lâché cette saillie, estimant ce lundi sur Public Sénat que l’exécutif et la majorité avaient « probablement été trop intelligents, trop subtils » dans les mesures sur le pouvoir d’achat ? Alors que le gouvernement vient de s’offrir un mois de crise sociale, et que l’addition pour tenter d’en sortir va dépasser les dix milliards d'euros, la formule de Le Gendre est osée. Pour ne pas dire stupide. Le député de Paris a cherché à se justifier, assurant que ces mots ont été « sortis de leur contexte », et il s’est dit « désolé » s’il a choqué certains. Dont acte. Sa petite phrase a au moins le mérite d’illustrer le fossé qui sépare les parlementaires des citoyens -et pas seulement des Gilets jaunes ! Et elle amène quand même à s’interroger sur le sens politique de celui qui est censé piloter et fédérer le pléthorique groupe des Marcheurs à l’Assemblée.

16 décembre 2018

Une nouvelle affaire Benalla...

L'ex-collaborateur déchu de l'Élysée, Alexandre Benalla, a de nouveau été mis en examen le 29 novembre dernier pour des violences commises en marge du défilé du 1er-Mai à Paris, au Jardin des Plantes, quelques heures avant l'épisode de la Contrescarpe, a appris dimanche 16 décembre France Inter.

Cette nouvelle mise en examen concerne des délits d'"immixtion dans l'exercice d'une fonction publique" en ayant "participé activement" à une interpellation et "violences volontaires en réunion ayant entraîné une incapacité totale de travail inférieure à huit jours", des faits commis au préjudice d'un homme interpellé au Jardin des Plantes.

Une source proche du dossier fait savoir dimanche soir qu'il n'a en revanche pas été mis en examen dans l'affaire du "selfie", révélée par Mediapart en septembre, une photo qui montrait l'ex-collaborateur poser avec une arme.

Alexandre Benalla est déjà poursuivi depuis le 22 juillet pour son intervention controversée aux côtés de la police place de la Contrescarpe à Paris.

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16 décembre 2018

No comment !

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12 décembre 2018

Lycéens et étudiants rejoignent les gilets jaunes dans le rejet de la macronie

Par Violaine Morin - Le Monde

2 600 élèves et enseignants étaient rassemblés, mardi, contre les réformes du bac et de l’accès à l’université. Si les mots d’ordre divergeaient, l’hostilité envers Emmanuel Macron a fédéré toutes les passions.

« Qui ne saute pas est macroniste ! » Sur le quai de la ligne 4, à la station Châtelet à Paris, un groupe de lycéens survoltés bondit comme un seul homme en attendant le métro. On reconnaît de loin quelques élèves de Charlemagne, un établissement du très chic 4e arrondissement, souvent « en pointe » dans les contestations lycéennes.

Direction la place Saint-Michel, où quelques groupes peignent des banderoles étalées sur le sol en attendant midi, l’heure du rassemblement à l’appel de trois syndicats, l’Union nationale lycéenne (UNL), la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL) et le Syndicat général des lycéens (SGL).

La bouche de métro déverse, à intervalles réguliers, des grappes de jeunes gens qui viennent grossir les rangs. Dix jours après le début de la contestation, les lycéens seront 2 600 selon la police à manifester, mardi 11 décembre, pour 170 lycées perturbés dans toute la France – et 400 selon les syndicats lycéens.

Dans une ambiance festive, les manifestants entonnent les slogans de toujours. Pour rappeler des souvenirs aux lycéens de n’importe quelle génération, il suffit d’insérer le nom du ministre de leur jeunesse – François Fillon, Claude Allègre – devant les mots « si tu savais, ta réforme, ta réforme… ».

Les préoccupations varient

Mais ici, le ministre a cédé la place à Emmanuel Macron, comme si la personne du président de la République cristallisait toutes les passions de ce mouvement qui tente de profiter de l’élan des « gilets jaunes ». « Ni les professeurs, ni les étrangers, c’est Macron qu’il faut virer », scandent les jeunes, en alternant avec « Macron, t’es foutu, la jeunesse est dans la rue ».

Le nom du ministre, Jean-Michel Blanquer, pourtant à la manœuvre de trois chantiers parmi ceux qui forment les points de crispation – la réforme du baccalauréat, Parcoursup et les suppressions de postes dans le second degré – est le grand « absent » de la manifestation qui doit cheminer jusque sous ses fenêtres.

Au-delà de ce rejet collectif, les lycéens tombent difficilement d’accord sur les mots d’ordre. « Les mouvements de jeunesse souffrent souvent de n’être pas assez clairs et pas assez unis », concède Tito, en première au lycée Fénelon. Pour pallier ce problème, « deux AG » ont été organisées dans son établissement pour définir « pourquoi on manifeste ». L’ensemble des revendications tient donc en un slogan, répété tout l’après-midi : « Contre Parcoursup, allez allez, contre le nouveau bac, allez allez, contre le SNU [service national universel], allez allez. » Mais dans le détail, les préoccupations varient selon les profils et les âges.

Les élèves de banlieue, venus souvent avec leurs enseignants, s’inquiètent d’un baccalauréat « dévalué » par rapport à celui des lycées de centre-ville. Younes, en première au lycée Angela Davis de La Plaine Saint-Denis, craint que ses amis de seconde, qui seront les premiers à passer le nouveau bac – composé d’un contrôle continu et de quatre épreuves terminales –, n’obtiennent un diplôme au rabais.

Convergence des luttes

« Je viens d’un quartier défavorisé, on a la réputation de vouloir tout brûler, plaide-t-il. Notre bac ne vaudra pas la même chose que celui des beaux quartiers. » Chenoa, élève de seconde à Noisy-le-Grand, se sent un peu à l’abri de cette « dévaluation » dans son lycée international sélectif. Elle est en seconde et fera partie de la première génération de bacheliers nouvelle formule. Pour elle, cette réforme est « bâclée ». La jeune fille ne « comprend même pas » comment devront s’organiser ses choix pour l’année prochaine, alors que la carte des spécialités disponibles dans chaque lycée doit être annoncée fin décembre – un calendrier accéléré, semble-t-il, pour apaiser les inquiétudes des lycéens.

Les étudiants, eux, sont venus en nombre après une « AG » tenue dans la matinée sur la place de la Sorbonne. Salomé et ses camarades, inscrites en licence d’espagnol à Paris-IV, veulent « prêter main-forte » aux lycéens. Mais les étudiants tentent de mobiliser sur leurs propres dossiers, par exemple sur la hausse des frais de scolarité pour les étrangers. « On est contents que les lycéens se soient mobilisés, tempère Salomé, et on ne veut pas faire passer nos revendications avant les leurs. Aujourd’hui, on est là pour eux. »

Une chose cependant interroge : pourquoi ne pas avoir manifesté avant ? Parcoursup a connu sa première saison cet été, la réforme du bac est sur les rails depuis le printemps… De toute évidence, l’occasion offerte par la contestation des « gilets jaunes » était trop belle pour ne pas tenter de s’en saisir, même si les manifestants se défendent de tout opportunisme. « Ils ont réussi à mobiliser et cela a créé de l’espoir », analyse Tito, le lycéen de Fénelon. Les plus militants s’en remettent aux précédents historiques de la convergence des luttes entre étudiants et travailleurs. « La force sociale des “gilets jaunes” est incontestable, il faut en profiter », juge Léo, étudiant en philosophie à Paris I.

Manifestants brimés

Partout dans le cortège, on entend des accents communs avec les revendications des « gilets jaunes », sur ce gouvernement qui ne prête qu’aux riches, ce service public qui souffre, ces manifestants brimés.

Les lycéens de Mantes-la-Jolie (Yvelines) sont sur toutes les bouches. La vidéo de leur interpellation musclée, tous alignés à genoux sur le sol, a fait le tour des réseaux sociaux jeudi 6 décembre et a choqué la communauté éducative. « On ne peut pas laisser faire ça », enrage un enseignant d’Aubervilliers.

A plusieurs reprises les manifestants se mettront à genoux sur la chaussée, mains sur la tête, imitant la posture dans laquelle les interpellés de Mantes ont été filmés. Julien, un élève de première ES de la Plaine Saint-Denis à qui l’on demande s’il n’a pas peur devant de telles images, répond que lui et ses camarades s’efforcent de maintenir un blocus pacifique. « Bien sûr que j’ai peur que ça devienne violent, ajoute-t-il après un temps de réflexion. Et en même temps, si je ne fais rien, qui va le faire pour moi ? »

Violences policières : vingt-deux enquêtes ouvertes par l’IGPN après les dernières manifestations. Vingt-deux enquêtes ont été ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) à la suite de plaintes de « gilets jaunes » et de lycéens, mobilisés depuis la mi-novembre contre la politique du gouvernement, selon une information de BFM TV confirmée par Le Monde. Elles visent à déterminer si des forces de l’ordre ont commis des violences illégitimes à l’égard de manifestants. Parmi les vingt-deux procédures ouvertes, quinze l’ont été à la suite de plaintes déposées par des « gilets jaunes », six par des lycéens et une par une journaliste, affirme une source proche du dossier.

11 décembre 2018

La lettre politique de Laurent Joffrin - On n'est pas sorti de l'auberge

Dilemme traditionnel pour tout mouvement social. Version 1 : nous avons obtenu une partie de ce que nous voulions, la lutte a payé, on arrête. Version 2 : nous avons obtenu une partie de ce nous voulions, la lutte a payé, on continue. Ainsi, le même syllogisme aboutit à deux conclusions opposées. Pour une raison simple : ce n’est pas la logique qui permet de trancher. C’est le rapport de force.

A-t-il évolué ? Un peu. La droite classique, celle des partis, mais aussi une partie de celle qui a manifesté, fait défection. Eric Woerth : «On lève le camp.» Le Figaro : il faut «souhaiter» la fin du mouvement «la raison l’impose, l’intérêt national l’exige». Juppé : il faut saisir «la main tendue», etc. Ce à quoi fait écho la position de certains gilets jaunes «libres», plutôt orientés à droite, qui appellent à plier les gaules. Il faut rappeler que le mouvement comprend un certain nombre de commerçants et de petits entrepreneurs, guère pressés de voir le salaire de leurs employés faire soudain un bond en avant. Et que l’addition (une dizaine de milliards) sera payée par les contribuables ou bien financée par emprunt, ce qui déplaît dans les deux cas à la droite profonde.

Les autres protestataires remarqueront que la hausse de la prime d’activité est seulement avancée (elle était prévue sur cinq ans), que les retraités n’ont pas obtenu la réindexation de leurs pensions, que la diminution de la taxe d’habitation reste programmée aux mêmes dates, etc. Ils peuvent juger qu’une poursuite du mouvement permettra de cocher d’autres cases (mais aussi que de nouvelles violences risquent de retourner l’opinion contre eux). Ils notent surtout qu’en dehors d’annonces générales et plus ou moins lointaines et d’une prime de fin d’année laissée à la discrétion des entreprises, les plus aisés échappent à toute contribution supplémentaire.

Une nouvelle fois, la fiction d’un dépassement du clivage droite-gauche se dissipe. En épargnant les plus hauts revenus et en protégeant le patronat, le Président s’est adressé, pour faire court, à la droite du mouvement et aux conservateurs du pays. Emmanuel Macron leur a même fait un clin d’œil supplémentaire en évoquant la lutte contre le communautarisme et l’immigration (ce que le mouvement ne demandait pas).

Les socialistes, Hamon, Jadot, La France insoumise, continuent de pilonner le gouvernement sur le thème de la justice fiscale et sociale. La majorité elle-même, au cours d’une réunion qualifiée de «houleuse», s’est divisée selon la même ligne de démarcation. Quant à Marine Le Pen, très critique, elle appelle à de nouvelles baisses de taxes, à une nouvelle politique – la sienne – antimondialiste et anti-immigration, mais se garde de parler de hausses de salaires (la revalorisation du smic, d’ailleurs, n’est pas dans son programme). L’extrême droite reste à droite.

Résultante ? Le mouvement continue, de toute évidence. Plusieurs appels à un «acte V» ont été lancés. La frange la plus dure, encouragée par les deux extrêmes du spectre politique, continue de rêver d’une démission du Président ou, à tout le moins, d’une dissolution de l’Assemblée nationale. Appuyé sur la droite de l’opinion, le gouvernement résistera de toutes ses forces. Sa position s’est améliorée. Il n’est pas tiré d’affaire.

LAURENT JOFFRIN

11 décembre 2018

Macron : un discours en trompe-l'oeil

11 décembre 2018

Smic : mais d'où sortent ces «100 euros» ?

Dans son allocution présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé lundi soir que «le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019». Une hausse qui ne serait que l’«accélération» d’une promesse de campagne.

Smic : mais d'où sortent ces «100 euros» ?

Les bandeaux des chaînes d’information en continu ont tout de suite titré: «Hausse du Smic de 100 euros». Il faut dire que la phrase d’Emmanuel Macron était alléchante : «Le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur», a déclaré le président de la République, lundi soir, lors de son allocution aux Français pour tenter de calmer la colère exprimée par les gilets jaunes.

Mais comme souvent depuis le début du quinquennat avec ce gouvernement, quand il en va des gestes en faveur des plus modestes, il faut regarder ce que cachent les chiffres… Qu’y a-t-il donc derrière ces «100 euros dès 2019» pour une personne au Smic ? Déjà, il ne s’agit pas d’une revalorisation exceptionnelle du salaire minimum comme le réclamaient certains partis de gauche et des syndicats comme FO ou la CGT. Si le chef de l’État a tenu à préciser «sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur», c’est qu’il compte procéder autrement, via une hausse de la prime d’activité.

«13e mois» promis

L’exécutif a d’ailleurs commencé à emprunter ce sentier ouvert en 2016 par François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls. Pour arriver à sa promesse présidentielle «d’un 13e mois de salaire, soit 100 euros nets de plus chaque mois» pour «tous les smicards», le chef de l’État avait prévu de «revaloriser» cette aide issue de la fusion de la prime pour l’emploi et du RSA activité : 20 euros de plus chaque année de 2018 à 2021, soit 80 euros d’ici la fin du quinquennat, auxquels s’ajoutent 20 euros issus de la suppression des cotisations salariales (chômage et maladie) dont ont bénéficié tous les salariés du privé.

En 2018, pour des raisons budgétaires, le gouvernement a déjà dû en rabattre sur ses ambitions. S’il a maintenu la revalorisation traditionnelle du mois d’avril, indexée sur l’inflation, il a modifié à l’automne le mode de calcul de la prime pour réaliser des économies. Résultat la «revalorisation exceptionnelle» de 20 euros attendue en octobre s’est transformée, pour une personne au smic, en une augmentation de… 8 euros. Sur l’ensemble de l’année 2018, pour ce même salarié, la hausse de la prime d’activité a été d’environ 13 euros.

30 euros déjà votés pour 2019

Pour 2019, l’exécutif a d’abord tenté de faire des économies sur une prestation en constante augmentation (6 milliards d’euros budgétés pour l’an prochain après 5,6 milliards de dépenses estimées pour 2018 par la Caisse nationale des allocations familiales). Ainsi, le Parlement a voté la suspension pour deux ans de la traditionnelle revalorisation du printemps, celle liée à l’évolution des prix. Et s’il a maintenu sa promesse d’une «nouvelle bonification» de 20 euros pour les personnes au salaire minimum, elle n’aurait, au départ, pas été versée avant octobre. Finalement via un amendement déposé discrètement en première lecture du projet de loi de finances à l’Assemblée, le gouvernement a, d’une part, augmenté le montant de cette revalorisation exceptionnelle (30 euros), et, d’autre part, avancé son versement au printemps.

Avant même l’annonce de Macron lundi soir, l’exécutif avait donc déjà prévu d’atteindre l’an prochain plus des deux tiers du chemin de la promesse de campagne. Il ne restait plus qu’à «revaloriser» cette prime d’activité de 20 euros en 2020 et de la même somme en 2021. Selon plusieurs sources ministérielles, l’annonce du chef de l’État ce lundi soir correspond à une «accélération» de cette promesse présidentielle. Cela ne signifie donc pas «100 euros» de plus en 2019 mais seulement 70 euros dont 30 euros déjà votés : donc un effort de 40 euros supplémentaires, dès 2019, par salarié au smic. Et encore, si ces «100 euros» dont a parlé Emmanuel Macron lundi soir tiennent compte de l’augmentation légale du salaire minimum au 1er janvier – que le Premier ministre mercredi dernier à l’Assemblée a chiffré à «+ 1,8 %» – la dépense supplémentaire ne serait pas au niveau ronflant qu’a voulu faire croire le chef de l’État. Lequel ne ferait finalement pas «plus» mais «plus tôt».

A Edouard Philippe et ses ministres Agnès Buzyn (Solidarités) et Gérald Darmanin (Action et Comptes publics) de préciser désormais les contours de ces «100 euros». Le chef du gouvernement en aura l’occasion ce mardi devant les députés. Puis aux services de l’exécutif de traduire cela très vite : pour que les mesures entrent en vigueur au 1er janvier, il faut que tout soit bouclé avant le vote définitif du budget à l’Assemblée nationale. C’est-à-dire, en fin de semaine prochaine.

Lilian Alemagna - Libération

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