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Jours tranquilles à Paris
1 février 2019

Affaire Benalla : en juillet, l’ex-chargé de mission se prévalait du soutien de Macron

Par Simon Piel - Le Monde

Selon « Mediapart », qui révèle plusieurs enregistrements, il a violé son contrôle judiciaire en rencontrant Vincent Crase, également mis en examen.

Plus les révélations médiatiques se succèdent, plus les raisons qui ont poussé Emmanuel Macron à protéger son ancien collaborateur Alexandre Benalla après son licenciement de l’Elysée intriguent.

Le président ignorait-il que l’ancien chargé de mission, fort de ses anciennes fonctions, mais toujours titulaires de passeports diplomatiques, fréquentait de nombreux intermédiaires actifs en Afrique pour développer ses propres affaires ? M. Macron savait-il que son ancien garde du corps se revendiquait ici et là du soutien de la présidence de la République pour avancer sur des sujets relativement éloignés de l’intérêt général ?

Plus grave encore, avait-il été informé qu’Alexandre Benalla et son ami Vincent Crase avaient noué des relations d’affaires – notamment avec un oligarque russe, soupçonné d’entretenir des liens avec le crime organisé – alors même qu’ils étaient encore en poste, comme l’a révélé, jeudi 31 janvier, le site Mediapart ?

Plus les révélations médiatiques se succèdent, plus il est permis de penser que le chef de l’Etat et une partie de l’équipe qui l’entoure actuellement a l’Elysée ont contribué à entretenir un lien avec M. Benalla après que celui-ci a été licencié et qu’il s’employait à profiter de son passage à la présidence pour développer ses activités privées.

Des affairistes à l’Elysée ?

Le site Mediapart a publié jeudi plusieurs enregistrements audio révélant notamment qu’Alexandre Benalla s’est intéressé de très près à un contrat noué par son ami Vincent Crase avec l’homme d’affaires russe Iskander Makhmudov, soupçonné d’être lié à la criminalité organisée. Le contrat prévoyait notamment la protection des biens immobiliers en France de l’oligarque, et de sa famille à Monaco.

Les révélations du Monde sur l’agissement du duo à l’occasion des manifestations du 1er-Mai – les deux hommes avaient alors procédé à des interpellations brutales de manifestants alors qu’ils étaient là sous le statut d’observateurs – ont mis en péril leurs affaires. La société Velours, qui avaient sous-traité le contrat à l’entreprise de Vincent Crase, baptisée Mars, dénonce le contrat.

« Là, il faut couper la branche, dit Alexandre Benalla à l’occasion d’une rencontre avec Vincent Crase le 26 juillet en violation de son contrôle judiciaire, selon les enregistrements de l’échange. Faut changer de portage, faut faire ce qu’on avait prévu de faire et transférer… (…) Faut que tu disparaisses de la boîte. (…) Donc faut qu’on trouve un mec… (…) Enfin j’ai une idée en tête, mais faut qu’on mette la boîte au nom d’un autre mec… Parce que sinon (…) ils vont faire des saisies conservatoires et ils vont mettre un stop à la boîte. » Y avait-il des affairistes à l’Elysée ?

Selon le site d’informations, Alexandre Benalla serait par ailleurs « personnellement impliqué dans ce contrat, y compris dans ses montages financiers ». Ce qui, si c’était confirmé, viendrait contredire les déclarations de l’intéressé devant la commission d’enquête sénatoriale. Il avait assuré que « jamais » il n’avait « contribué » à la « négociation » ou à la « conclusion » de ce contrat russe. S’il était établi qu’Alexandre Benalla avait menti devant la Haute Assemblée, il pourrait être poursuivi pour faux témoignage, une infraction passible de cinq années d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. « C’est une affaire très grave », a réagit le sénateur (PS) du Loiret Jean-Pierre Sueur après les révélations du Monde et de Mediapart.

Arrogance

Le sentiment d’impunité avec lequel M. Benalla a conduit ses affaires après son licenciement, tout comme l’arrogance avec laquelle il a répondu aux juges d’instruction chargés de l’enquête sur les brutalités qu’il a commises le 1er-Mai contre des manifestants à l’occasion des protestations contre la loi travail trouvent-ils leur explication dans la proximité qu’il a conservée avec le chef de l’Etat et ses plus proches collaborateurs ?

« Truc de dingue, le “patron”, hier soir il m’envoie un message, il me dit : “Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux, c’est pour ça que je t’avais auprès de moi” », expliquait M. Benalla à Vincent Crase le 26 juillet selon les enregistrements publiés par Mediapart.

L’Elysée a eu beau démentir le texto présidentiel, il est désormais établi, comme Le Monde l’a révélé, que plusieurs des collaborateurs d’Emmanuel Macron ont continué à voir Alexandre Benalla après son départ de l’Elysée. C’est le cas notamment d’Ismael Emelien, conseiller spécial, de Ludovic Chaker, rattaché à l’état-major particulier du président de la République, chargé des dossiers de renseignement et de lutte antiterroriste et de Paul Soler, officier des forces spéciales devenu lui aussi chargé de mission à l’état-major particulier.

Pour quelles raisons ? C’est l’une des nombreuses questions à laquelle l’Elysée se refuse encore aujourd’hui à répondre. Contactés, ni M. Benalla, ni son avocate Jacqueline Laffont n’ont donné suite aux sollicitations du Monde.

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27 janvier 2019

Le Grand Débat

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27 janvier 2019

Marche républicaine : « Les “gilets jaunes”, ce n’est pas le peuple et nous allons à Paris pour le montrer »

Par Yves Tréca-Durand, Angers, correspondant, Richard Schittly, Lyon, correspondant, Gilles Rof, Marseille, correspondant, Claire Mayer, Bordeaux, correspondante, Aline Leclerc - pour Le Monde

Les violences commises lors des manifestations des « gilets jaunes » ont agi comme un déclic chez certains « foulards rouges » pour venir défiler ce dimanche, à Paris.

S’il y a un point commun entre tous ceux qui soutiennent la Marche républicaine des libertés prévue dimanche 27 janvier à Paris, c’est peut-être le traumatisme qu’ont créé en eux les violences commises lors de l’acte III de la mobilisation des « gilets jaunes », le 1er décembre, à Paris, et notamment les dégradations contre l’Arc de triomphe. Ce jour-là, le groupe Facebook des « foulards rouges », qui s’était créé une semaine plus tôt pour dénoncer les blocages et les violences, a connu son premier pic d’inscriptions. Désormais constitué en association, il est l’un des principaux organisateurs de la marche.

« Cela faisait un moment que le mouvement des “gilets jaunes” ne me plaisait pas. Mais, lorsque j’ai vu l’Arc de triomphe saccagé, l’ordre républicain mis à mal, j’ai voulu agir. Il y a des symboles auxquels il ne faut pas s’attaquer, confie ainsi Nicolas, 42 ans, ingénieur en bâtiment à Bordeaux qui a rejoint le groupe des « foulards rouges » de Nouvelle-Aquitaine, dont il modère la page. Je me suis rendu compte que je n’étais pas seul à en avoir marre. »

A Martigues (Bouches-du-Rhône), pour les mêmes raisons, Julien, 39 ans, qui se refuse à donner son nom de famille « par sécurité » est devenu référent « foulards rouges » en Provence-Alpes-Côte d’Azur. « On ne peut pas, en 2019, attaquer des forces de l’ordre avec de l’acide ou des pavés, souiller l’Arc de triomphe, défoncer un ministère au transpalette, s’indigne-t-il. On ne peut pas traiter des gens de collabos parce qu’ils ne veulent pas signer une pétition ou klaxonner à un barrage… Les “gilets jaunes”, ce n’est pas le peuple et nous allons à Paris pour le montrer. »

« J’ai peur que cela fasse pschitt »

Baptiste Baudrin, 23 ans, s’inquiète d’un mouvement « devenu anarchiste et extrémiste. Ça met en danger la République ». Sympathisant de La République en marche (LRM), le jeune homme, qui vient de décrocher un travail de vendeur dans une galerie commerciale d’Angers, n’a pas encore touché son premier smic. Mais ça ne l’empêchera pas de monter à Paris dimanche. « En covoiturage, parce que ça coûte un peu cher. »

Il peut « comprendre que les fins de mois sont difficiles ». Mais, ajoute-t-il, « on ne peut pas empêcher les autres de travailler ». Pour lui, le président de la République leur a apporté des réponses. « Ils voulaient le RIC [référendum d’initiative citoyenne] ? M. Macron organise le grand débat et va dialoguer avec les maires. Je n’ai que 23 ans, peut-être, mais je n’ai jamais vu un président faire ça. Et là, c’est le chien qui se mord la queue. On leur propose un débat et ils ne veulent pas y participer ! »

Ancien cadre informatique, chômeur en fin de droits, Julien a également cherché le moyen le moins cher pour rejoindre Paris depuis Martigues. Il partira dans la nuit de samedi à dimanche par un de ces « bus Macron » au tarif très bas, lancés à l’époque où le président était ministre de l’économie. « Macron ou pas Macron, c’est juste le meilleur prix que j’ai trouvé, s’agace-t-il en insistant sur l’objet de la marche. Ce n’est pas un soutien au président ou au gouvernement. C’est exclusivement contre les violences et les blocages. »

Comme lui, ils sont nombreux à déplorer qu’on puisse réduire la marche de dimanche à une manifestation en soutien au président. L’événement n’est d’ailleurs pas très populaire au sein des comités LRM de Lyon, Marseille ou Nice que Le Monde a contactés. « J’ai peur que cela fasse pschitt », s’inquiète un référent marseillais.

« Marche apolitique »

Si Auréa Cophignon, 29 ans, chercheuse en biologie à la faculté de médecine de Nice, et référente Europe des jeunes avec Macron dans les Alpes-Maritimes, participera bien au défilé, elle dit le voir « avant tout comme une marche apolitique ». Aucun déplacement groupé n’est prévu avec d’autres militants sudistes.

Alexandre, qui administre la page Facebook des « foulards rouges » du Maine-et-Loire (quelque 40 membres), n’a d’ailleurs pas voté pour Emmanuel Macron, cet « héritier de la politique libérale et mondialiste qui a commencé sous Giscard ». A 30 ans, il vit d’un petit salaire d’employé commercial à Angers. « Je ne m’en plains pas, j’ai connu la précarité. Je suis né avec la crise. » Contrairement aux « gilets jaunes », pense-t-il. « Il y a beaucoup de gens qui voudraient vivre comme dans les années 1980, pouvoir acheter une maison avec un seul salaire, mais ils ne se rendent pas compte que ce n’est plus possible. »

Très diversifiés socialement, les « foulards rouges » réfutent la caricature qui ferait de leur mouvement celui des riches, contre les « pauvres » « gilets jaunes ». « Les “foulards rouges” ne sont pas des nantis. Je vis avec les 1 500 euros du salaire de ma femme », rappelle Julien, à Martigues. Mais combien seront-ils, comme lui, à faire l’effort de venir dimanche à Paris ? Plusieurs ont d’ores et déjà renoncé, avançant des freins logistiques ou économiques. D’autres s’inquiétaient de violences en marge du cortège. Les pages Facebook appelant à manifester sont la cible de nombreuses invectives de « gilets jaunes ». Julien assure qu’on l’y a même menacé.

Changement de lieu de rendez-vous

Artisan à Gujan-Mestras, dans le bassin d’Arcachon (Gironde), Régis, 47 ans, fera bien le déplacement avec son épouse, aide-soignante, pour « montrer à ceux qui ne sont pas d’accord, dans l’ombre, qu’ils ne sont pas seuls ». Tout en étant conscient qu’il pourrait y avoir des incidents avec des « gilets jaunes » opposés à leur marche. « Cela prouvera que, dès qu’on n’est pas d’accord avec eux, ils imposent leurs idées de façon radicale. C’est une vraie dictature qu’ils nous édictent. »

Craignant visiblement que le nombre de manifestants ne soit pas à la hauteur de leurs espérances, les organisateurs ont insisté cette semaine, dans un message Facebook : « Soyez rassurés, participez à la Marche républicaine des libertés, le dispositif de sécurité est très important. » Mais le changement de lieu de rendez-vous, annoncé par la Préfecture de police à cinq jours de la marche – place de la Nation, plutôt que place de la République, où un autre rassemblement était prévu pour le climat –, leur a compliqué la tâche. Les obligeant à un nouveau message : « N’écoutez pas les mensonges que colportent nos opposants ! La marche n’est pas annulée. Vivement dimanche ! »

23 janvier 2019

Gare à l’effet «je-sais-tout»

Sur un point au moins, Emmanuel Macron peut être satisfait de sa contre-offensive. Grâce à sa lettre aux Français et deux rencontres marathon avec les maires, on a vu moins de jaune sur les chaînes info et plus de président mouillant la chemise. Ses deux prestations ont été suffisamment saluées pour que l’on s’interroge : a-t-il si bien réussi son coup ?On s’explique : le chef de l’Etat a hérité rapidement de deux étiquettes qui ont fini par peser très lourd : « président des riches » et « président des villes ». Il a tenté de rectifier la première en lâchant plus de dix milliards sur le pouvoir d’achat, début décembre. Il essaie actuellement de modifier la deuxième, au contact d’élus dont certains - ah, la symbolique de l’accent ! - respirent le terroir.Difficile de mesurer l’impact de cette double correction dans l’opinion. Pour l’instant, ils semblent applaudir le numéro d’estrade, les sept heures sur « scène », la répartie et surtout, la maîtrise des sujets les plus obscurs. C’est peut-être de là que peut venir le danger s’il continue à jouer les premier de la classe. Les Français peuvent saluer un jour la « performance », comme on dit des acteurs oscarisables, et se lasser le lendemain. Voire s’agacer et même être rebutés… L’effet « waouh » n’aura qu’un temps.Lorsqu’il s’était « mesuré » en avril dernier à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, deux journalistes à la réputation « teigneuse », on avait deviné chez Emmanuel Macron le désir d’épater la galerie. Avec cette séquence « grand débat », un autre soupçon commence à s’insinuer : celui d’un président moins là pour écouter que pour parler et donner les réponses. Une troisième étiquette pourrait vite lui être collée sur le dos : celle, à peine plus enviable, de « monsieur je-sais-tout ». Le Parisien

22 janvier 2019

Devant les sénateurs, Alexandre Benalla élude les questions sur ses passeports

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Par Nicolas Chapuis - Le

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Monde

L’ancien chargé de mission de l’Elysée s’est réfugié derrière l’information judiciaire en cours, au nom de la séparation des pouvoirs.

Au cours d’échanges feutrés, à peine un haussement de voix du président Philippe Bas a signalé aux spectateurs que l’audition d’Alexandre Benalla devant la commission d’enquête du Sénat, lundi 21 janvier, venait d’atteindre un point de blocage. Sans retour. Devant les élus, l’ancien chargé de mission de l’Elysée a tenu sa ligne de défense, en refusant de s’exprimer sur l’attribution de ses passeports diplomatiques, lorsqu’il était encore en service, et sur l’usage qu’il en a fait.

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Pendant les quelque deux heures de son échange soutenu avec les élus, Alexandre Benalla a joué au chat et à la souris. Il a répondu quand il l’a souhaité. Et il s’est abrité à d’autres moments derrière sa mise en examen et l’information judiciaire en cours. Ainsi, malgré ses rappels des sanctions encourues, la commission a semblé bien désarmée pour faire appliquer à M. Benalla sa promesse initiale de dire « toute la vérité, rien que la vérité ». Restant sur une ligne de crête, ce dernier a argué de la séparation des pouvoirs pour opposer une fin de non-recevoir aux interrogations les plus gênantes, au grand dam de Philippe Bas, qui a pointé à plusieurs reprises la lecture sélective des règles institutionnelles de la part du jeune homme.

« Une connerie de ma part »

Ainsi M. Benalla a-t-il accepté de parler de ses passeports… mais simplement pour affirmer qu’ils n’étaient pas en sa possession lors de la précédente audition devant le Sénat en septembre 2018, conformément à ce qu’il avait affirmé à l’époque, bien qu’il ait voyagé avec au mois d’août. Un détail qui n’en est pas un : la seule chose qui pouvait lui être reprochée dans le cadre de cette commission était un éventuel parjure lors de sa précédente audition.

Pour expliquer cette incongruité, Alexandre Benalla a affirmé qu’il avait gardé ses passeports diplomatiques après son licenciement en juillet, qu’il aurait voyagé avec, avant de les restituer en août à une personne de l’Elysée. Selon lui, un membre de la présidence lui aurait ensuite rapporté ces passeports début octobre, en même temps que le reste de ses affaires personnelles. L’ancien conseiller a refusé de donner davantage de détails, sur l’identité de la personne qui lui a restitué ces documents, sur les conditions dans lesquelles il les avait obtenus en premier lieu – alors qu’il était suspendu de ses fonctions après ses agissements du 1er-Mai – ou sur leur utilisation.

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L’emploi de ces passeports diplomatiques, un document officiel qui permet de voyager plus facilement, est au centre des interrogations depuis la révélation par Mediapart du fait qu’Alexandre Benalla a utilisé le sien pour se rendre au Tchad en décembre, alors même qu’il a été licencié de l’Elysée en juillet.

« Ils m’ont été rendus début octobre, sans courrier les accompagnant ou mention expliquant qu’ils ne pouvaient plus être utilisés », a-t-il expliqué pour justifier les vingt-trois voyages qu’il aurait effectués avec depuis. « C’est une connerie de ma part de les avoir utilisés », a-t-il concédé, précisant au passage qu’il avait tenu informés certains membres de l’Elysée de ses déplacements. Jean-Yves Le Drian, le ministre des affaires étrangères, avait affirmé la semaine dernière ne pas avoir été mis au courant de son déplacement au Tchad, peu de temps avant Emmanuel Macron, mettant en cause l’ambassadeur français sur place qui n’aurait pas jugé utile de transmettre l’information.

Ambiguïté des termes

Interrogé sur les dysfonctionnements au sein de l’Elysée et sur les erreurs commises dans l’ensemble de l’appareil d’Etat, Alexandre Benalla a battu en brèche l’idée qu’il pourrait avoir des moyens de pression sur la présidence. « Je ne détiens aucun secret, je ne fais aucun chantage », a-t-il expliqué, alors que la nature de ses contacts avec Emmanuel Macron et ses proches demeure à ce jour encore floue. Jouant de l’ambiguïté des termes, l’ancien chargé de mission a d’ailleurs laissé entendre qu’il avait gardé des liens avec la présidence, à défaut de se rendre au « château », depuis juillet 2018. Un fonds de commerce pour celui qui tente de se construire une carrière de consultant à l’international, dans laquelle son influence réelle ou supposée joue un rôle majeur.

Si la passe d’armes sur la question des passeports a occupé la quasi-totalité de l’audition, les sénateurs ont commencé en questionnant M. Benalla sur d’éventuelles missions professionnelles dans le domaine de la sécurité ou de la défense, alors qu’il était encore en poste à l’Elysée. Si celui-ci a nié toute activité de ce type, il n’a pas caché qu’il avait continué à entretenir ses réseaux dans ce domaine depuis l’élection de M. Macron. Interrogé sur la nature de ses nouvelles activités et sur d’éventuels conflits d’intérêts, Alexandre Benalla a reconnu une « erreur » dans le fait de ne pas avoir saisi la commission de déontologie de la fonction publique. « Ce serait intéressant de savoir combien de personnes l’ont fait à leur départ de l’Elysée depuis plusieurs mandats », a-t-il noté, refusant de s’étendre sur ses activités, dans une de ces non-réponses qui auront marqué cette audition parcellaire.

Nicolas Chapuis

Vincent Crase s’explique sur ses liens avec un oligarque russe. Depuis le 1er mai 2018, leurs sorts sont intimement liés quand bien même ils n’ont plus aucun contact. Vincent Crase était auditionné à la suite d’Alexandre Benalla, lundi 21 janvier, par la commission d’enquête du Sénat. Les questions des élus portaient sur les liens de l’ex-réserviste de la gendarmerie avec l’oligarque russe Iskander Makhmudov, pour lequel il a effectué des missions de sécurité privée entre juin et août 2018. Les sénateurs voulaient savoir si des contacts avaient été noués lors de sa période d’emploi à la présidence et si M. Benalla, son ami, avait participé aux négociations. M. Crase a affirmé que les contacts remontaient à une période pré-élyséenne et qu’ils avaient ensuite été mis en suspens, avant d’être réactivés à son éviction de l’Elysée, le 4 mai, sans que M. Benalla soit impliqué. Une chronologie qui le dédouane vis-à-vis de la commission d’enquête. L’audition a vite tourné court, tant l’homme semble avoir joué, aux yeux des sénateurs, un rôle mineur par rapport à M. Benalla. Manifestement moins à l’aise que son comparse, M. Crase, qui a aussi été licencié de son poste à la sécurité du mouvement La République en marche, a affirmé son souhait de tourner la page et sa volonté de se mettre à l’écriture.

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21 janvier 2019

La Macronie divisée face à la grande marche de soutien au pouvoir du 27 janvier

Par Cédric Pietralunga, Alexandre Lemarié, Olivier Faye - Le Monde

A quelques jours de la manifestation à Paris, trois groupes s’opposent au sein de la majorité : ceux qui souhaitent participer au défilé, ceux qui sont contre, et les autres, encore traversés par le doute.

Emmanuel Macron est-il en train d’« endormir » les « gilets jaunes » avec son grand débat national, comme le craint Priscillia Ludosky, une des chefs de file du mouvement ?

En termes de mobilisation, l’« acte X » de la révolte des ronds-points a réuni près de 84 000 personnes dans toute la France, samedi 19 janvier, selon les chiffres du ministère de l’intérieur. Un niveau équivalent à celui de la précédente journée de rassemblement, une semaine plus tôt, donc.

Sauf que cette fois-ci, le rendez-vous a pris de faux airs de cortège syndical : pour la première fois depuis le début de la fronde, il y a près de trois mois, les organisateurs ont donné leur propre chiffre de la participation – soit 147 365 personnes « minimum » – et mis en place un semblant de service d’ordre. De quoi contribuer à « normaliser » le rituel du samedi, alors que le chef de l’Etat retrouve au même moment quelques couleurs dans les sondages.

Vendredi, un ministre se félicitait en petit comité des chiffres d’une enquête de l’IFOP en vue des élections européennes du 26 mai, qui donne La République en marche (LRM) en tête (23 %) devant le Rassemblement national (RN, 21 %). Une première depuis plusieurs semaines. « Jamais je n’aurais imaginé que l’on fasse plus cinq points et le RN moins trois, souffle ce macroniste de la première heure, qui voit dans ce renversement un réflexe légitimiste en faveur de l’ordre après les violences perpétrées en marge de manifestations des « gilets jaunes ». « Tout le monde n’a pas enfilé un gilet dans le pays. Certains, qui sont silencieux, trouvent que ça suffit. C’est maintenant que l’on mesure l’impact des images de destruction de l’Arc de Triomphe en décembre [2018]. »

La cote de popularité du président de la République, pour sa part, frémit à la hausse, avec 27 % de bonnes opinions (+ 4 points), selon une autre étude de l’IFOP, publiée dimanche.

Ne pas instrumentaliser les « gilets jaunes »

A l’Elysée, on se refuse néanmoins à tout triomphalisme, même si l’étau autour du chef de l’Etat semble se desserrer après pas loin de quatorze heures d’échanges cumulés avec des maires de Normandie, le 15 janvier, puis d’Occitanie, trois jours plus tard.

« Nous avançons à petits pas, le chemin sera long avant de gagner l’apaisement du pays », assure-t-on dans son entourage. Comme il l’a annoncé lui-même, M. Macron devrait continuer à se déplacer en France ces prochaines semaines pour rencontrer des élus et inciter les Français à participer à son « grand débat ».

Le prochain déplacement devrait avoir lieu, jeudi 23 janvier, dans une région et un format qui restaient encore à déterminer lundi matin. Seule certitude : l’ancien ministre de l’économie ne devrait pas rencontrer de « gilets jaunes », comme l’y incite pourtant une partie de l’opposition. « On ne veut pas les instrumentaliser, ils n’apprécieraient pas », assure un conseiller élyséen.

« L’enseignement de ces deux premiers débats, où l’on a vu un Emmanuel Macron tonique, qui n’est pas dans l’évitement, c’est que le président de la République doit être dans un travail de conviction auprès des Français, pas dans un rôle de gouvernement, qui est celui du premier ministre », estime Philippe Grangeon, l’un des proches conseillers du chef de l’Etat.

Une manière d’essayer de remettre « Jupiter » en orbite et de laisser à Edouard Philippe la gestion du quotidien avant de lancer l’« acte II » du quinquennat – ce dernier doit néanmoins participer aussi à des débats prochainement. Emmanuel Macron n’a pas prévu pour le moment d’intervenir à la télévision dans le cadre d’un débat ou d’un entretien avec des journalistes. « Nous ne sommes qu’au début de la séquence, il faut rester plastique et agile », explique-t-on à l’Elysée.

« C’est un choix cornélien »

Une agilité dont va aussi avoir besoin la majorité à quelques jours de la manifestation de soutien au pouvoir qui est prévue dans les rues de Paris, dimanche 27 janvier.

Sur la messagerie Telegram, la Macronie a beaucoup débattu ces dernières heures de l’opportunité de se rendre à cette « marche républicaine des libertés », lancée en décembre 2018 sur Facebook par deux collectifs citoyens.

Trois groupes s’opposent : ceux qui souhaitent participer au défilé, ceux qui sont contre, et les autres, encore traversés par le doute. « La question n’est toujours pas tranchée. C’est un choix cornélien », observe le délégué général adjoint de LRM, Pierre Person, qui se dit « partagé » à titre personnel.

« J’envisage d’y aller, en tant que citoyenne. Je refuse de céder à la peur, explique pour sa part la députée (LRM) des Yvelines, Aurore Bergé. Après les attentats, on a tous dit : “il ne faut pas avoir peur et ne pas changer nos habitudes”, c’est la même chose aujourd’hui. Il faut défendre les valeurs de la République face à ceux qui l’attaquent. »

« Tout ce qui va dans le sens du soutien du président de la République, je le ferai, ça va de soi », assurait aussi, le 6 janvier, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, prêt à descendre lui-même dans la rue. Après tout, André Malraux menait bien la foule des manifestants, le 30 mai 1968, pour soutenir le général de Gaulle face à la révolte étudiante.

« Ce n’est pas le bon moment »

Mais à mesure que l’échéance approche, les certitudes s’estompent. « Il n’y a pas d’engagement ferme, les contours de l’événement ne sont pas clairs pour l’instant », freine-t-on aujourd’hui dans l’entourage de M. Blanquer. Est-il bien nécessaire de battre le pavé quand l’apaisement guette ? « Ce n’est pas le bon moment, c’est trop tard, estime un autre ministre. Il ne faut pas remettre en route ce qui pourrait être ressenti comme du mépris. » « Les élus font ce qu’ils veulent mais pour un ministre, c’est compliqué de participer à une manif’ », juge pour sa part le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Cette frilosité est partagée par Stanislas Guérini, délégué général de LRM, qui a indiqué qu’il n’« ira[it] pas » à titre personnel, expliquant ne pas vouloir « prendre le risque qu’il puisse y avoir dans la rue à un moment un camp contre un autre ».

Le maintien de l’ordre public est un souci constant dans la bouche des « anti ». « Comme nous ne sommes pas sûrs de pouvoir éviter un affrontement de rue, on ne peut pas se permettre de prendre le risque d’en faire partie », juge un poids lourd de la majorité. « Je suis préoccupé à l’idée de créer nous-même un moment de confrontation potentielle », abonde un conseiller d’Edouard Philippe, qui prévient : « Ce n’est pas à nous de dire à chacun quoi faire. En tout cas, l’initiative n’est ni coordonnée ni suscitée par nous. »

« On ne sait pas trop qui organise le truc », avance même un ministre pour justifier ces réticences, feignant de s’emmêler les pinceaux au moment de nommer ce collectif des « foulards rouges » qui cherche à mobiliser en leur faveur.

Car, au fond, c’est la crainte du flop qui prédomine. « Nous ne sommes pas en mai 1968, et je ne vois pas de général de Gaulle », grince un membre éminent de la majorité. « Que les militants aient envie d’y aller, très bien, mais nous, les élus, ce n’est pas notre rôle. Nous avons été élus pour trouver des solutions à la crise », juge Aurélien Taché, député (LRM) du Val-d’Oise. Et de mettre en garde : « le clivage ne doit pas être contre les Français. Si on se met dans la logique de se compter, bloc contre bloc, on risque de renforcer les “gilets jaunes”. » Et d’exciter une contestation que l’on cherche à endormir.

21 janvier 2019

Après l’affaire Benalla, les hommes de l’ombre de l’Elysée en pleine lumière

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Autour d’Emmanuel Macron gravitent des personnages aux parcours atypiques. Bien qu’absents de l’organigramme officiel, leurs rôles ont été mis en évidence par les révélations sur Alexandre Benalla.

En cette chaude soirée du 18 juillet 2018, les téléphones personnel et professionnel d’Alexandre Benalla vibrent et sonnent sans répit. Le Monde vient de révéler que cet adjoint au chef de cabinet du président de la République a molesté un couple de manifestants, le 1er mai à Paris. « Mon affaire va sortir », répète-t-il depuis le début de l’après-midi à ses collègues de l’Elysée. Etrangement, alors que le scandale éclate, il affiche une forme de flegme et ne change rien, du moins en apparence, à ses habitudes. Il passe la soirée avec un vieux copain, Vincent Crase, celui-là même qui l’accompagnait cet après-midi du mois de mai dans le Quartier latin pour « observer » les techniques de maintien de l’ordre.

Crase a rencontré Benalla dans la gendarmerie – ils étaient tous les deux réservistes dans l’Eure –, puis travaillé avec lui dans la sécurité privée avant de le suivre au service d’ordre de la campagne d’Emmanuel Macron. Cet été 2018, il est employé à la sécurité du siège de La République en marche et effectue parfois des missions à l’Elysée au sein de la Garde républicaine. En fin de soirée, le duo quitte l’hôtel du Collectionneur, un palace de la rue de Courcelles, dans le 8e arrondissement de Paris, et gagne le Damas Café, un bar à chicha de la rue du Colisée, à trois pâtés de maison du palais présidentiel. Benalla se rend presque chaque soir dans ce bar. Il a sa place, à gauche près de l’entrée.

C’est dans la tempête, paraît-il, qu’on reconnaît ses amis. Le jeune homme peut être rassuré. Dans la longue liste de ses interlocuteurs téléphoniques établie par les enquêteurs, on trouve, ce soir-là, des célébrités comme Christian Prouteau, le fondateur du GIGN et l’ex-patron des fameux « gendarmes de l’Elysée » du temps de François Mitterrand ; ou encore Thierry Légier, le garde du corps de Jean-Marie Le Pen puis de sa fille Marine. Mais ce sont d’autres échanges qui retiennent aujourd’hui l’attention : les appels - émis ou reçus- avec ses collègues de l’Elysée.

Ismaël Emelien, le « M. Crises »

Discret conseiller spécial du président, Ismaël Emelien, l’homme qui a théorisé le macronisme et imaginé la stratégie victorieuse de la présidentielle, est un des principaux interlocuteurs de Benalla durant cette nuit interminable. Au palais, M. Emelien se charge notamment de la veille des médias et de la riposte aux polémiques susceptibles de menacer le chef de l’Etat – ce qu’on appelle la « com de crise ». Or, ce 18 juillet, à en juger la salve de coups de téléphone échangés et le vent de panique qui s’installe, crise il y a.

L’examen de leurs « fadettes » (relevés téléphoniques) révèle aux enquêteurs qu’Ismaël Emelien envoie des textos à Benalla jusqu’à 2 h 28, puis à nouveau aux aurores, peu après 5 heures. Le « garde du corps » s’accorde ensuite quelques heures de repos, mais lorsqu’il rallume ses portables, le premier contact, à 8 h 28, est avec ce même Emelien. Dans la soirée, Alexandre Benalla a aussi beaucoup échangé avec un collègue dont le nom n’apparaît pas dans l’organigramme public du Palais, Ludovic Chaker. L’un de ces hommes de l’ombre que « l’affaire Benalla » plonge aujourd’hui bien malgré eux dans la lumière.

« Le boulot de Chaker au début, ça consistait surtout à trouver des tables et des chaises pour les réunions »

C’est Ismaël Emelien qui a entraîné Ludovic Chaker dans l’aventure macronienne. Le premier, 31 ans, est sorti de Sciences Po en 2010 quand le second, 39 ans, s’apprêtait à prendre la responsabilité des échanges et partenariats avec l’Asie, le Pacifique, l’Afrique et le Moyen-Orient de cette même école. Selon des relations communes, c’est au Caire, en Egypte, début 2007, que les deux hommes auraient appris à se connaître : profitant de l’année à l’étranger prévue dans le cursus de Sciences Po, le jeune Emelien a choisi d’apprendre l’arabe dans ce pays. Par la suite, « Isma » et « Ludo » ne se seraient plus perdus de vue.

Ludovic Chaker intègre lui aussi l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron. Début 2016, seuls de doux rêveurs l’imaginent président et le futur parti n’est encore qu’un embryon de formation politique. Emelien en devient le « directeur de la stratégie », Chaker le « directeur des opérations » et le premier salarié du parti. Les deux amis s’amusent de ces titres ronflants. « Le boulot de Chaker, au début, consistait surtout à trouver des tables et des chaises pour les réunions », nous résume en souriant un pionnier de l’aventure.

Lorsque les choses deviennent plus sérieuses, « Ludo » pense à « Alex », une connaissance rencontrée dans les milieux de la sécurité privée. En décembre 2016, Alexandre Benalla est officiellement embauché comme « directeur de la sécurité », patron du service d’ordre chargé de protéger le candidat et d’assurer la sécurité de ses meetings et déplacements. La nouvelle recrue fait à son tour venir des copains comme Vincent Crase, son supérieur dans l’Eure lorsqu’il effectue ses missions de réserviste pour la gendarmerie. L’aventure, la fatigue des meetings et l’ivresse de la campagne scellent leur camaraderie. Une fois Emmanuel Macron élu, Crase rejoint le siège du parti, les autres suivent « le chef » à l’Elysée.

Ismaël Emelien choisit le bureau qu’Emmanuel Macron occupait lorsqu’il était secrétaire général adjoint de l’Elysée sous François Hollande. Le voilà conseiller spécial (c’est-à-dire politique) du nouveau chef de l’Etat. C’est le plus proche du président parmi les « Mormons », comme se surnomme elle-même l’équipe de trentenaires et de quadras immortalisée par les caméras à son arrivée sur le perron de l’Elysée, le 14 mai 2017, pour la cérémonie d’investiture : Alexis Kohler, Sylvain Fort, Julien Denormandie, Richard Ferrand, Sibeth N’Diaye… Un vrai conte de fées.

Ce jour-là, le jeune Alexandre Benalla, 25 ans, n’est pas sur la photo. Le « M. Sécurité » de la campagne ignore encore l’intitulé exact de son nouveau poste. Il est nommé quelques jours plus tard « adjoint au chef du cabinet du président », un job d’intendance sur le papier, dont seul le scandale révélera finalement l’étendue. Dès les premiers soirs, selon des témoins, il teste déjà son pouvoir en corrigeant la liste des invités de la soirée organisée pour remercier les « petites mains » de la campagne. « Lui, pas elle… » : à la porte de l’Elysée, listing en main, il donne des consignes aux gendarmes un peu étonnés qu’il tente de refouler certains convives aux grilles du palais.

Un « ninja » agent secret

Ludovic Chaker n’apparaît pas non plus sur le tapis rouge et les images du perron. Pendant la campagne, il répondait volontiers aux questions des journalistes sur l’organisation des meetings et tweetait tout aussi volontiers les photos des visiteurs de renom qui défilaient devant son bureau du QG de campagne. Il semble disparaître après l’élection. En réalité, il a trouvé lui aussi un bureau au palais. Fin juillet, Le Monde révèle qu’il est chargé de mission auprès du chef d’état-major particulier du président de la République, structure aux contours un peu flous traditionnellement dirigée par un militaire. C’est une surprise de plus dans son CV, déjà difficile à reconstituer.

Ses racines aveyronnaises ne l’ont pas empêché de gagner le surnom de « ninja ». Il enseigne le yoga à ses heures perdues, a appris le chinois à Paris aux Langues O’et les arts martiaux auprès de Maître Liang, un Chinois installé en France. Il débute son parcours professionnel à l’âge de 28 ans, en 2007, avec un contrat au consulat général de France à Shanghaï, chargé de la coopération universitaire. « Il connaissait bien la Chine et occupait un de ces postes qui servent parfois de couverture », se souvient Franck Renaud, auteur du livre Les Diplomates, derrière la façade des ambassades de France (Nouveau monde, 2011), alors chargé de mission pour l’école de journalisme de Lille (ESJ) en Asie.

De retour en France, Chaker travaille pour Sciences-Po avant de devenir consultant à son compte. Il travaille aussi brièvement pour une société de marketing sportif créée par son oncle, Claude Atcher, un pilier des instances du rugby français, aujourd’hui chargé de l’organisation de la Coupe du monde de 2023 en France. Quand il rejoint En marche !, Ludovic Chaker habite un petit village de Haute-Savoie. Il franchit chaque jour la frontière suisse pour gagner à Genève les bureaux d’une petite école de commerce, qui l’a recruté pour qu’il déniche des partenariats et des étudiants en Asie.

Dans une équipe de campagne présidentielle, des expériences comme celles de « Ludo », dans le renseignement, ou d’« Alex », dans la sécurité privée, sont précieuses.

Le jeune homme n’a pas attendu En marche ! pour s’intéresser à la politique. En 2009, répondant à une annonce, il dirige pendant quelques années le cabinet du maire d’une ville moyenne d’Indre-et-Loire, Joué-lès-Tours. « Un homme brillant, impénétrable », se souvient un collègue, « qui baroudait au loin pendant les congés, ajoute un autre, en mission, disait-il ». Il prend sa carte au Parti socialiste, avant de tenter sa chance en indépendant aux législatives de 2012. Il se présente alors dans la plus grande circonscription des Français de l’étranger, celle couvrant l’ex-URSS, l’Asie et l’Océanie. Sa suppléante, Michèle Jullian, que le candidat avait contactée parce qu’elle tenait un blog en Thaïlande, en rit encore : « Un soir, à Paris, il m’a fait rencontrer des jeunes gens très Sciences Po qu’il présentait comme son équipe de campagne, et je ne l’ai plus jamais revu. » Chaker finit avec 1,99 % des voix et un an d’inéligibilité infligé par le Conseil constitutionnel pour des comptes de campagne non vérifiés par un expert-comptable agréé.

En fait, « Ludo » serait surtout agent secret, si secret qu’il ne s’en cache guère devant ses interlocuteurs. Selon le Journal Officiel, il a été promu en 2017 au grade de « commandant de réserve dans l’armée de terre ». Selon les « MacronLeaks », cette masse de courriels et de documents internes de la campagne mis en ligne par des hackers entre les deux tours de l’élection de 2017, c’est en qualité d’« ancien militaire, 44e régiment d’infanterie », qu’il participe d’ailleurs au groupe de réflexion chargé de conseiller le candidat sur les questions de défense. Les connaisseurs savent que ce régiment accueille les militaires travaillant pour la DGSE, le service de renseignement extérieur. Interrogé par le Monde, Chaker fait savoir par l’intermédiaire de son avocat qu’il ne souhaite ni confirmer ni démentir son rattachement à ce régiment. Dans une équipe de campagne dominée par les « technos » et les économistes, son expérience, comme celle d’« Alex », dans la sécurité privée, semblent de toute façon précieuses.

Les armes de Benalla

Les « Macron boys » raffolaient de The West Wing, une série sur les coulisses de la Maison Blanche. Grâce à ces recrues, les voici plongés en plein Bureau des légendes. Au siège de la campagne, rue de l’Abbé-Groult, dans le 15e arrondissement de Paris, « Alex » a décidé devant ses troupes qu’il avait seul le droit de faire la navette entre le quatrième étage, celui du service d’ordre, et le sixième, celui du « chef », là où « Isma » et « Ludo » ont installé leurs bureaux. Chaker soutient Benalla lorsqu’en début 2017, celui-ci réclame l’achat d’un Flash-Ball et d’équipements de maintien de l’ordre. « Assez hallucinant », s’agace le trésorier de la campagne, Cédric O., dans un des courriels révélés par les « MacronLeaks ». La demande est d’ailleurs refusée.

Des armes, des vraies, il y en déjà pas mal au quatrième étage : trois pistolets Glock stockés dans un coffre-fort. Quelques membres du service d’ordre disposent des autorisations nécessaires, mais uniquement pour assurer la sécurité à l’intérieur des locaux. Début 2017, Benalla demande à la Préfecture de police (PP) de Paris des autorisations de port d’arme valables aussi à l’extérieur, pour les déplacements d’Emmanuel Macron. Selon les documents consultés par Le Monde, Benalla réclamait ces permis pour lui-même et cinq membres de son service d’ordre, dont son ami Vincent Crase. Mais aussi, plus surprenant, pour un septième bénéficiaire, un autre ami : Ludovic Chaker. Au Monde, ce dernier affirme ne pas avoir été tenu au courant de cette demande, elle aussi rejetée au motif que le candidat disposait déjà d’une protection policière.

Qu’importe : une fois à l’Elysée, Alexandre Benalla obtient du ministère de l’intérieur l’autorisation de rester armé en toutes circonstances, en raison de sa proximité physique avec le président. C’est un de ces attributs du pouvoir dont il raffole, comme sa voiture de fonction, une Renault Talisman équipée d’un gyrophare bleu et d’un pare-soleil « police ». Fin juillet, lorsqu’il tente – sans ordre de mission – de récupérer la berline à la fourrière, les enquêteurs en profitent pour la fouiller. Rien de très intéressant pour eux. A l’arrière du véhicule traînent tout de même une enveloppe appartenant à Vincent Crase et, dans le vide-poches, trois cartes tricolores d’accès au palais d’Elysée, qui laissent penser que des conseillers font parfois voiture commune. L’une de ces cartes appartient à Benalla, l’autre à Ismaël Emelien, la troisième à un voisin de bureau de Ludovic Chaker : Paul Soler, lui aussi chargé de mission à l’état-major particulier du président de la République, un autre conseiller de l’ombre oublié de l’organigramme.

Paul Soler, « spécialiste » de la Libye

Ce militaire de carrière, qui compte une vingtaine d’années de service derrière lui, gravitait « dès 2016 » autour d’En marche !, raconte un pilier de la campagne présidentielle (sollicité par Le Monde M. Soler n’a pas voulu confirmer). Il se murmure qu’il a travaillé au COS, le Commandement des opérations spéciales (les forces spéciales françaises), et appartiendrait au 13e régiment de dragons parachutistes, « ceux qui s’infiltrent à l’arrière des lignes et sont capables de rester dix jours dans un trou en mangeant des rations de combat et en chiant dans des boîtes de conserve », s’émerveille un proche d’Emmanuel Macron. Soler n’est ni diplomate ni arabophone mais aurait passé quelques mois à Benghazi dans un bunker, en 2011, pour assister les rebelles affrontant les troupes de Kadhafi. En 2016, il s’est vu décerner la Légion d’honneur « avec citation ». En mai dernier, un décret du président de la République l’a promu « à titre exceptionnel » au grade de commandant.

Censé conseiller le président sur les questions liées au terrorisme djihadiste, Paul Soler s’est imposé à l’Elysée sur les dossiers diplomatiques les plus sensibles

La Macronie encourage ces parcours atypiques de « mecs out of the box », comme elle dit, loin des carrières tracées par les grands lycées. Jeudi 6 décembre, lors d’une réunion du cabinet élargi d’Emmanuel Macron, quelques jours avant l’intervention télévisée du président sur les « gilets jaunes », Chaker a d’ailleurs pris la parole. Au fil des mois, ces conseillers de l’ombre ont élargi leur domaine. Paul Soler a ainsi pris une place importante dans la maison Elysée. Censé conseiller le président sur les questions liées au terrorisme djihadiste – l’Irak, l’Afghanistan, le Yémen –, il s’est imposé sur les dossiers diplomatiques les plus sensibles. « Il a pesé dans les efforts déployés par l’Elysée pour obtenir de l’administration américaine que Trump retarde le départ des troupes en Syrie », assure un initié.

La Libye est devenue son domaine réservé. « Monsieur Paul », comme on l’appelle sur le terrain, a aidé à l’organisation en juillet 2017 de la conférence de La Celle-Saint-Cloud (Yvelines), où la France avait réuni deux rivaux, le chef de gouvernement, Faïez Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar. Certains assurent même qu’il est responsable de la mutation prématurée à Malte de l’ambassadrice de France, Brigitte Curmi, jugée récalcitrante. Pour les uns, l’influence de Paul Soler tient au contexte : en période d’attentats et d’opérations extérieures, les militaires prennent souvent davantage de place dans la politique étrangère. Les « diplos » du « Quai », eux, s’agacent de la place croissante prise par cette atypique et mystérieuse figure de l’Elysée.

Qui est derrière le mystère du CD-ROM ?

Ces conseillers de l’ombre ont souvent du culot. Le 2 mai, Patrick Strzoda, directeur du cabinet d’Emmanuel Macron, annonce à Benalla sa suspension pour quinze jours à la suite de sa participation, brassard de police au bras, à des arrestations place de la Contrescarpe, à Paris. Par SMS, le directeur de cabinet lui envoie une ébauche de la lettre de mise à pied qu’il prévoit de lui adresser. Mais le chargé de mission intime au grand commis de l’Etat de revoir sa copie. « Je ne peux pas signer ce courrier. J’ai commis une faute et je veux protéger le président, mais je signe la réalité », écrit-il par texto. « Quelle formulation vous proposez ? », demande alors M. Strzoda, avant d’amender le courrier. Au fond, les « bad boys » de l’Elysée ne respectent que le président. Ils ont affublé Alexis Kohler, le secrétaire général du palais, du surnom peu flatteur d’« Excel », comme le logiciel de comptabilité.

Alexandre Benalla est encore attablé dans le bar à chicha de la rue du Colisée quand Jean-Yves Hunault, officier de liaison entre la Préfecture de police de Paris et l’Elysée, vient le trouver

Comprennent-ils, ces hommes de l’ombre, qu’avec le scandale provoqué par Benalla, plus rien ne sera comme avant ? Imaginent-ils, en ce début d’été, que des juges d’instruction viendront perquisitionner son bureau et ses tiroirs, que les pare-soleil de la Renault Talisman seront fouillés par les policiers, que leurs supérieurs devront s’expliquer, des semaines durant, devant des députés et sénateurs réunis en commissions d’enquête et des millions de Français ? Les « clés de bras » et autres « balayettes » d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase place de la Contrescarpe les condamnent désormais à la lumière.

Cette nuit du 18 au 19 juillet, impossible encore d’imaginer l’ampleur que prendra l’« affaire ». Des fonctionnaires de la PP un peu trop zélés repèrent dans la vidéosurveillance du 1er mai des images susceptibles d’aider Benalla : on y voit le couple de jeunes manifestants, peu avant leur interpellation musclée, lancer des projectiles sur les forces de l’ordre. De quoi rééquilibrer le récit des faits et contrebalancer la vidéo à l’origine du scandale. Les images sont extraites des serveurs et gravées sur un CD-ROM. « Une grosse connerie », se lamente dès le lendemain un des policiers impliqués. C’était en effet parfaitement illégal.

Vers minuit, Benalla est encore attablé dans le bar à chicha de la rue du Colisée quand Jean-Yves Hunault, officier de liaison entre la PP et l’Elysée, vient lui apporter le CD-ROM. Tout au long de la soirée, le policier est aussi pendu au téléphone avec Ludovic Chaker. Un des épisodes les plus rocambolesques de l’affaire s’ouvre alors. Benalla assure ne pas avoir regardé le disque, être rentré chez lui à Issy-les-Moulineaux, et l’avoir remis le lendemain matin à 8 h 30 à Ismaël Emelien, à l’Elysée. Or, au beau milieu de la nuit, un compte Twitter anonyme soutenant En marche !, @FrenchPolitic, diffuse la vidéo figurant sur le CD. Soit Benalla est l’auteur de ce Tweet nocturne, soit il a confié le disque à quelqu’un avant d’aller se coucher. Le bar à chicha se trouve à 500 mètres de l’Elysée. Grâce au « bornage » des téléphones, les enquêteurs se contentent de noter qu’à ce moment de la nuit, un seul correspondant d’Alexandre Benalla se trouve dans les parages : Ismaël Emelien, le conseiller spécial du chef de l’Etat. C’est un mystère parmi d’autres.

Jusqu’à Noël, Alexandre Benalla n’avait pas coupé les ponts avec ses anciens camarades de l’Elysée : au Monde, Ludovic Chaker convient l’avoir revu ou lui avoir téléphoné. Une nouvelle énigme, plus récente, a mis de la distance entre Benalla et ses anciens collègues. L’ex-adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron a affirmé à Mediapart qu’il aurait récupéré en octobre « dans un sac en plastique » des affaires oubliées dans son bureau : « un chéquier, des clés », et même deux passeports. S’il ne ment pas, est-ce un de ses anciens camarades de bureau qui lui a remis ce sac ?

Ariane Chemin

François Krug

19 janvier 2019

Alexandre Benalla mis en examen pour usage abusif de ses passeports diplomatiques

Par Simon Piel

Pour les accusations de faux documents administratifs, il a été placé sous le statut de témoin assisté.

A l’issue de 24 heures de garde à vue, Alexandre Benalla a été mis en examen pour usage « sans droit » de ses passeports diplomatiques après son limogeage de l’Elysée cet été, a annoncé son avocate vendredi 18 janvier au soir, à la sortie de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron du bureau parisien du juge d’instruction.

Selon Me Jacqueline Laffont, son client a été mis en examen pour « usage public et sans droit d’un document justificatif d’une qualité professionnelle ». Au sujet des accusations, plus lourdes, de faux formulées mercredi par le directeur de cabinet de l’Elysée devant la commission d’enquête du Sénat, M. Benalla a été placé sous le statut de témoin assisté, intermédiaire, entre le simple témoin et la mise en examen. Il a également été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer mensuellement.

Une enquête préliminaire avait été ouverte le 29 décembre après la transmission par le ministère des affaires étrangères d’un article 40 relatif aux soupçons sur l’utilisation indue qu’il avait faite de deux passeports diplomatiques après son licenciement de l’Elysée. L’article 40 du code de procédure pénale oblige les autorités à saisir la justice en cas de crime ou délit dont elles ont pu avoir connaissance.

« Dossier déjà très lourd »

Mercredi 16 janvier, devant la commission d’enquête sénatoriale, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait indiqué qu’il avait appris le déplacement de M. Benalla au Tchad les 5 et 6 décembre par un article paru dans Le Monde le 24 décembre. « J’ai considéré que l’article, extrêmement précis, extrêmement documenté, m’obligeait à agir », a-t-il dit pour justifier sa saisine du procureur de la République de Paris.

Alors que les autorités s’interrogeaient sur les nouvelles activités privées de M. Benalla, l’Elysée assurant qu’il n’était en aucun cas un émissaire de la présidence, Mediapart révélait fin décembre que celui-ci continuait à voyager avec ses passeports diplomatiques qu’il aurait dû restituer après son licenciement le 1er août. M. Benalla s’était notamment rendu au Cameroun, au Congo ou encore en Israël au côté de l'homme d’affaires Philippe Solomon.

Mercredi, devant les sénateurs, le directeur de cabinet du président de la République, Patrick Strzoda, a précisé que, selon ses informations, M. Benalla avait utilisé « presque une vingtaine de fois ces passeports entre le 1er août et le 31 décembre. La première fois, du 1er au 7 août et les autres en octobre, novembre et décembre ».

Le 16 janvier, après la transmission d’un nouvel article 40, par Patrick Strzoda, portant cette fois sur des soupçons de faux réalisés par M. Benalla pour obtenir un passeport de service, l’enquête préliminaire a été élargie. D’après M. Strzoda, M. Benalla qui était encore en fonction à l’Elysée, aurait envoyé au ministère des affaires étrangères un courrier à en-tête du chef de cabinet de l’Elysée pour obtenir ce document. « Le chef de cabinet n’est pas l’auteur de cette note », a précisé M. Strzoda, lors de son audition devant la commission d’enquête sénatoriale, ajoutant : « C’est un document supplémentaire qui vient nourrir un dossier qui, à mon avis, est déjà très lourd. »

Selon le code pénal, le faux en écriture publique lorsqu’il est commis par une personne dépositaire de l’autorité publique ou chargée d’une mission de service public agissant dans l’exercice de ses fonctions ou de sa mission est un crime passible de quinze ans de réclusion criminelle et 225 000 euros d’amende.

Nouvelle audition de la commission d’enquête

Dans le cadre de l’enquête ouverte sur ses agissements lors des manifestations du 1er-Mai, il a été mis en examen pour de multiples chefs comme « violences en réunion », « immixtion dans l’exercice d’une fonction publique » ou « recel de violation du secret professionnel ».

La commission d’enquête sénatoriale, qui a repris ses travaux à la suite de différentes révélations de la presse, a invité M. Benalla à répondre de nouveau à ses questions lundi 21 janvier. Il devrait notamment être interrogé sur les déclarations qu’il avait faites lors de sa précédente audition le 19 septembre 2018 durant laquelle il avait assuré que ses passeports étaient restés dans son bureau à l’Elysée et qu’il ne les avait récupérés qu’ensuite par l’entremise d’une personne de la présidence qu’il n’avait pas nommée. Une affirmation démentie sans ambiguïté par M. Strzoda.

Un autre protagoniste du dossier, le gendarme réserviste Vincent Crase, ancien salarié de La République en marche, mis en examen dans le cadre de l’enquête sur les violences commises le 1er-Mai, est également convoqué par la commission. Cette fois, c’est sur un virement reçu dans le cadre d’une mission privée effectuée pour le compte d’un oligarque russe controversé, cela alors qu’il était toujours salarié de l’Elysée, que les sénateurs souhaitent obtenir des explications.

16 janvier 2019

L'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy est condamné à un an de prison ferme.

gueant

16 janvier 2019

Affaire Benalla

Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron soupçonne Alexandre Benalla d'avoir falsifié un document pour obtenir un passeport de service

CE QU'IL FAUT SAVOIR

L'affaire Benalla est de retour au Sénat. Mercredi 16 janvier, la commission d'enquête sénatoriale entend de nouveau Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, et Christophe Castaner, ainsi que pour la première fois Jean-Yves Le Drian, après de nouvelles révélations sur l'utilisation par Alexandre Benalla de passeports diplomatiques.

 Des passeports diplomatiques utilisés "une vingtaine de fois". Alexandre Benalla a utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques  entre le 1er août 2018 et le 31 décembre 2018, a indiqué Patrick Strzoda, directeur de cabinet de la présidence de la République, devant la commission sénatoriale.

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 Benalla aurait obtenu un passeport de service "grâce à un faux". Toujours selon Patrick Strzoda, l'ancien chargé de mission de l'Élysée a obtenu un passeport de service qu'il avait sollicité par "une note dactylographiée à en-tête du chef de cabinet" de l'Elysée non signée. Le directeur de cabinet du président de la République a affirmé qu'il "soupçonnait une falsification" et que la justice avait été saisie.

 Première audition pour Jean-Yves Le Drian. Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, et Christophe Castaner, alors délégué général du parti présidentiel LREM, ont déjà été auditionnés ar la commission en juillet. Ce dernier  sera cette fois entendu en sa qualité de ministre de l'Intérieur. Pour le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, il s'agit en revanche de sa première audition.

 L'affaire des passeports au centre des interrogations. Alors qu'on pensait le point d'orgue atteint avec l'audition polémique d'Alexandre Benalla le 19 septembre, l'affaire a rebondi fin décembre avec la révélation de l'utilisation par l'ex-chargé de mission de l'Elysée de deux passeports diplomatiques, après son licenciement en juillet. Pour le président de la commission sénatoriale Philippe Bas (LR) et ses rapporteurs Jean-Pierre Sueur (PS) et Muriel Jourda (LR), il s'agit d'aller jusqu'au bout du travail, avec l'objectif de déterminer s'il y a eu des dysfonctionnements dans les rouages de l'Etat.

 D'autres auditions prévues lundi. Sont également programmées pour lundi de nouvelles auditions d'Alexandre Benalla, l'ex-chargé de mission de l'Elysée, et de son acolyte Vincent Crase, ex-employé de LREM et chef d'escadron dans la réserve opérationnelle de la gendarmerie.

 L'affaire se poursuit sur le terrain judiciaire. Outre l'enquête ouverte cet été sur les violences du 1er mai, le parquet a ouvert le 29 décembre une seconde enquête, cette fois sur les passeports diplomatiques, pour "abus de confiance", et "usage sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle". Patrick Strzoda a été interrogé la semaine dernière par la police judiciaire dans le cadre de cette nouvelle enquête.

manu benalla

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