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Jours tranquilles à Paris
13 janvier 2019

La lettre de Macron (bientôt...)

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12 janvier 2019

"Notre jeunesse a besoin qu'on lui enseigne un métier, un savoir et le sens de cet engagement..."

A la veille d'une nouvelle journée de mobilisation des "gilets jaunes", la petite phrase présidentielle a suscité de nombreuses réactions. Devant les maîtres-boulangers, Emmanuel Macron a loué, vendredi 11 janvier, "le sens de l'effort", en estimant que "les troubles que notre société traverse sont parfois dus au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu'on peut obtenir" quelque chose "sans que cet effort soit apporté". Voici ce qu'a vraiment dit le chef de l'Etat.

"Le défi, c'est que notre jeunesse trouve toute sa place dans et par le travail. Et qu'elle trouve toute sa place par l'engagement, le sens de l'effort. Et l'apprentissage, c'est cela. Notre jeunesse a besoin qu'on lui enseigne un métier, des gestes, des savoirs, le sens de l'effort, et le sens de cet engagement qui fait qu'on n'a rien dans la vie si on n'a pas cet effort", a-t-il commencé, devant les professionnels de la boulangerie-pâtisserie réunis à l'Élysée pour la traditionnelle galette des rois.

"Les troubles que notre société traverse sont aussi parfois dus, liés, au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu'on peut obtenir sans que cet effort soit apporté", a lancé le chef de l'Etat.

"Et s'il n'y a pas ce sens de l'effort, a repris le chef de l'Etat, le fait que chaque citoyen apporte sa pierre à l'édifice par son engagement au travail, notre pays ne pourra jamais pleinement recouvrer sa force, sa cohésion, ce qui fait son histoire, son présent et son avenir. L'apprentissage est au cœur de cette philosophie."

"Cynique provocation"

Si Emmanuel Macron n'a pas évoqué de manière directe le mouvement des "gilets jaunes" lors de cette déclaration, de nombreux responsables politiques ont relié cette petite phrase aux manifestations qui se déroulent depuis le 17 novembre. Invité de BFMTV, le député La France insoumise Alexis Corbière a qualifié cette sortie de "boulette du roi" : "Il sous-entend que les gens qui sont dans la rue, qui soutiennent les 'gilets jaunes', ne font pas assez d'efforts !"

Les Français et le "sens de l'effort", Alexis Corbière (LFI) répond à Emmanuel Macron

"A ce stade, ça n'est pas de la maladresse, mais une cynique provocation : le président Emmanuel Macron cherche à exciter la colère populaire pour cliver et se poser en seule alternative à l'extrême droite et l'extrême gauche. C’est indigne", a fustigé le député LR Julien Aubert sur Twitter.

"Macron récidive dans l’insulte contre son peuple !" a de son côté réagi le président des Patriotes, Florian Philippot, sur Twitter. "Ayons le sens de l’effort demain : ActeIX !", a-t-il ajouté en référence à la manifestation prévue ce samedi.

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"Parfois on a trop souvent oublié qu'à côté des droits de chacun dans la République – et notre République n'a rien à envier à beaucoup d'autres – il y a des devoirs, a lancé le chef de l'Etat. Et s'il n'y a pas ce sens de l'effort, le fait que chaque citoyen apporte sa pierre à l'édifice par son engagement au travail, notre pays ne pourra jamais pleinement recouvrer sa force, sa cohésion, ce qui fait son histoire, son présent et son avenir."

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11 janvier 2019

Le grand débat national, c’est bien mal parti !

À quelques jours du lancement du grand débat national voulu par l’Élysée, les questions sur son organisation restent nombreuses. La démission de Chantal Jouanno n’a rien arrangé.

« Vous arrivez à construire des schémas tactiques de jeu ? » Anodine pour pareille visite, la question d’Emmanuel Macron, posée lors de l’inauguration de la Maison du handball à Créteil ce mercredi après-midi, ne manque pas de saveur dans le contexte. Car de tactique, l’exécutif semble cruellement dépourvu ces temps-ci, tant l’organisation du grand débat national s’enlise. Deux heures de séminaire gouvernemental et cette promesse à l’arrivée d’Édouard Philippe - « nous seront prêts » - n’ont pas suffi à lever les doutes. Et pour cause. Pour connaître les modalités précises de cette vaste consultation, censée répondre à la crise des Gilets jaunes, il faudra encore attendre lundi prochain. Soit la veille du lancement officiel ! Preuve qu’en la matière l’exécutif navigue à vue.

Et le retrait surprise, mardi soir, de Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), n’a pas arrangé les affaires du pouvoir, qui mise très gros sur ce débat pour relancer le quinquennat. En témoigne la dureté du Premier ministre à son égard quand il a estimé : « Ceux qui servent l’État, ceux qui aiment leur pays, sont plutôt astreints à une forme de mobilisation plutôt que d’éloignement. »

Résultat, on ne sait rien encore du pilotage, de la participation des ministres, de la façon dont sera restitué le débat… « On se confronte à l’écart entre le concept et la réalisation », glisse un macroniste, qui va jusqu’à envisager que Jouanno ait quitté le navire « pour ne porter aucune responsabilité dans ce qui risque d’être un fiasco organisationnel ».

«Divergences» entre l’Élysée et Matignon

Il est vrai que le chantier est complexe. « On est dans un exercice totalement inédit. Donc, que le pouvoir réfléchisse à la meilleure façon dont il va pouvoir s’y prendre, sans le contraindre ni l’empêcher, c’est plutôt une bonne chose », tempère un stratège macroniste. À Matignon, on se rassure aussi : « On peut attendre encore quelques jours de plus, on n’a pas atteint le schéma critique. »

Certes, le défi n’est pas mince. Mais, confie un conseiller ministériel, « ça patouille aussi parce qu’il y a des divergences substantielles dans l’appréhension de l’objet entre l’Élysée et Matignon », notamment sur la participation des ministres aux débats qui seront organisés partout en France. Une position médiane se profile : que les membres du gouvernement s’y rendent, mais n’interviennent pas. « Il ne faut pas que ça se transforme en meeting, s’ils y participent, c’est pour écouter », avance ainsi un proche d’Édouard Philippe.

Autre question : faut-il maintenir le calendrier des réformes, notamment des très épineux dossiers de l’assurance chômage et de la fonction publique ? Ce mercredi, le chef du gouvernement est resté bien évasif en la matière. « Il veut garder le calendrier initial, mais lors du séminaire, la quasi-totalité des ministres, sauf une petite poignée, ont trouvé que ce n’était pas une bonne idée », rapporte un conseiller du gouvernement.

Face à ces hésitations, l’opposition s’en donne à cœur joie. « Cette grande entourloupe ne sert à rien ! » gronde le député insoumis Éric Coquerel, quand Marine Le Pen estime que le débat est déjà « coulé ». Preuve de l’ampleur du doute avant la trêve des confiseurs, quand les premières critiques fleurissaient sur la légitimité de la CNDP, un pilier de la majorité prophétisait lui-même que ce débat serait « le flop du siècle » : « C’est comme si on voulait sélectionner l’équipe de France de rugby parmi des gens qui jouent au bilboquet. »

9 janvier 2019

Emmanuel Macron supprime l’essentiel des cérémonies de vœux

Contrairement à la tradition, le président de la République, Emmanuel Macron, n’organisera aucune cérémonie de vœux à l’Elysée cette année. Il entend se consacrer aux déplacements prévus dans le cadre du « grand débat », rapporte Le Parisien. Emmanuel Macron doit aussi publier, mardi 15 janvier, une lettre aux Français pour expliquer comment se passera ce débat encore flou.

En janvier 2018, pas moins d’une vingtaine de vœux au monde rural, aux corps constitués, aux bureaux des assemblées ou encore à la presse avaient ainsi été adressés par le président de la République.

Seuls les employés de la présidence auront le droit de fouler la nouvelle moquette de la salle des fêtes de l’Elysée, dont la rénovation doit se terminer le 15 janvier, pour les vœux du chef de l’Etat au personnel. Le président s’adressera également aux armées le 17 janvier, mais sur la base du 1er régiment du train parachutiste, à Cugnaux, près de Toulouse, écrit encore Le Parisien.

9 janvier 2019

Le « grand débat » ou la difficile reconquête de l’opinion par Macron

Par Cédric Pietralunga, Olivier Faye

Chantal Jouanno, qui devait garantir l’indépendance de la consultation, a jeté l’éponge après une polémique sur son salaire.

Emmanuel Macron espérait en faire l’outil de sa reconquête de l’opinion. Ce pourrait être un nouvel épisode de son annus horribilis. Conçu pour répondre à la crise des « gilets jaunes », le « grand débat » voulu par le chef de l’Etat, dont le lancement est prévu mardi 15 janvier, ne sera finalement pas conduit par Chantal Jouanno. La présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), qui devait garantir l’indépendance et la transparence de la consultation, a préféré jeter l’éponge, après une polémique sur son salaire.

« J’ai décidé de me retirer du pilotage de ce débat », a déclaré l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, mardi 8 janvier sur France 2, estimant que si les interrogations exprimées par des « gilets jaunes », mais aussi des membres de l’opposition, à propos de son niveau de rémunération (14 666 euros par mois) étaient « légitimes », les « conditions de sérénité nécessaires pour ce débat » n’étaient plus assurées. « C’est une décision que j’ai prise parce que je crois en ce débat (…) plus que nécessaire », a-t-elle ajouté.

Mis devant le fait accompli, même si Chantal Jouanno avait prévenu Emmanuel Macron, le chef du gouvernement Edouard Philippe et le ministre de la transition écologique François de Rugy de sa décision avant de l’annoncer, l’exécutif se retrouve dans la situation de devoir improviser à quelques jours du lancement de la consultation.

« Le gouvernement (…) proposera à l’issue du séminaire gouvernemental [organisé mercredi à l’Elysée] une organisation et un mode de pilotage du grand débat national qui présenteront des garanties équivalentes en termes d’indépendance et de neutralité », a réagi Matignon mardi soir, sans donner plus de détails.

Opération « reconquista »

Cet épisode intervient alors que Chantal Jouanno avait exprimé des inquiétudes sur le bon déroulement de la consultation. Dans une lettre adressée à Matignon, le 15 décembre 2018, elle avait notamment pointé le risque que les réunions, qui doivent se dérouler partout en France jusqu’au 15 mars, soient perçues comme des « meetings politiques ». « Il est primordial de ne jamais laisser entendre que le gouvernement pilote directement ou indirectement la méthode du débat », avait-elle insisté, alors que l’opposition dénonce par avance « une opération d’enfumage ».

De la même façon, la présidente de la CNDP avait estimé légitime que le gouvernement fixe le cadre du débat, mais lui déconseillait de tracer des « lignes rouges ». « Afficher une telle position avant l’ouverture du grand débat en videra les salles ou en radicalisera plus encore les oppositions », avait-elle écrit.

Invité de BFM-TV le 8 janvier, Benjamin Griveaux a pourtant annoncé que ni le droit à l’interruption volontaire de grossesse, ni l’interdiction de la peine de mort, ni le mariage pour tous ne « seront sur la table », donnant le sentiment de vouloir verrouiller par avance les discussions. « On ne tergiversera pas sur les valeurs », a justifié le porte-parole du gouvernement.

La décision de Chantal Jouanno est d’autant plus dommageable pour l’exécutif que celui-ci a fait du « grand débat », dont les contours doivent être précisés par Emmanuel Macron dans une lettre aux Français publiée mi-janvier, l’élément central de son opération reconquista. « Beaucoup de Français, mais aussi les élus, les syndicats, veulent sortir de ce conflit. La consultation lancée par le président peut être la solution », estime Sacha Houlié, député La République en marche (LRM) de la Vienne.

Signe de son implication, le chef de l’Etat a lui-même prévu d’y participer, malgré les préventions de la CNDP quand aux accusations de partialité.

Ne pas ralentir le rythme des réformes

Le 15 janvier, Emmanuel Macron se rendra ainsi dans l’Eure, fief de son ministre chargé des collectivités locales, Sébastien Lecornu, où il a prévu de rencontrer plusieurs dizaines de maires, notamment ceux des petites communes qui ont ouvert des « cahiers de doléances » pour permettre à leurs administrés d’exprimer leurs attentes. Deux jours plus tard, il récidivera dans le Lot. « Le président sera dans une posture d’écoute, à l’image de celle qu’il a eue avec les syndicats le 10 décembre », rassure-t-on à l’Elysée.

Ces déplacements, les premiers en public du chef de l’Etat depuis sa visite mouvementée du Puy-en-Velay, le 4 décembre, où il avait été insulté et même poursuivi par des « gilets jaunes », donneront une indication de la capacité d’Emmanuel Macron à renouer le contact avec les Français. « On est pas dans une angoisse qui nous obligerait à mettre un périmètre de sécurité de cinquante mètres autour de lui », assure-t-on à l’Elysée, où l’on n’exclut pas que le président improvise des bains de foule si l’occasion se présente.

Mais si ces déplacements ou le « grand débat » se passent mal, c’est toute la stratégie de l’exécutif qui pourrait se voir remise en cause. Un temps paralysé par la violence exprimée lors des manifestations des « gilets jaunes », le chef de l’Etat et son premier ministre affichent depuis le début de l’année leur résolution à ne pas ralentir le rythme des réformes. « L’impatience, que je partage, ne saurait justifier aucun renoncement », a lui-même déclaré M. Macron lors de ses vœux télévisés aux Français, le 31 décembre, persuadé que le mouvement n’est pas une invitation à l’immobilisme.

« Les “gilets jaunes” ne traduisent pas une envie de statu quo mais un besoin de résultats. Ce qu’ils nous reprochent, c’est de ne pas voir l’impact des réformes dans leurs vies. Les gens veulent voir les choses bouger », estime-t-on à l’Elysée, où les cars Macron sont souvent cités comme l’exemple à suivre des mesures visibles par les Français. « Peut-être avons nous trop composé avec certains conservatismes, nous allons changer cela (…) nous allons aller plus loin dans le changement, être plus radicaux », a résumé Benjamin Griveaux, à l’issue du conseil des ministres le 4 janvier.

Ne pas jeter de l’huile sur le feu

« Nous n’avons pas tout réussi, il faut davantage de dialogue, de co-construction. Mais l’élan est là, nous n’avons pas de doutes, abonde l’entourage d’Edouard Philippe à Matignon. Nous avons transformé beaucoup de choses, atteint le niveau d’ambition des réformes Hartz chez Schröder. Il faut que maintenant les acteurs s’en saisissent. » L’exécutif compte notamment porter plus d’attention à l’application des réformes une fois qu’elles sont votées, en mobilisant notamment les directeurs d’administrations centrales. « Les gens nous disent : faites avancer les choses ! », plaide Amélie de Montchalin, députée (LRM) de l’Essonne.

Soucieux de ne pas jeter de l’huile sur le feu, l’exécutif a néanmoins décidé d’adapter son calendrier. Sur les trois chantiers inscrits à l’agenda 2019 par le président de la République – les retraites, l’assurance chômage et la fonction publique –, priorité devrait être donnée à la réforme de l’Etat. Un premier texte sera présenté en conseil des ministres fin janvier puis détaillé par M. Macron devant les 1 800 plus hauts cadres de l’administration, lors d’une « convention des managers » prévue en février à l’Elysée.

A la tête de l’Etat, on estime en effet que la réforme de la fonction publique est le chantier le moins susceptible de provoquer des polémiques. « Les fonctionnaires, c’est cinq millions de personnes, alors que les retraites, ça touche tout le monde », souffle un conseiller, persuadé que les « gilets jaunes » ne se mobiliseront pas contre une baisse des dépenses de l’Etat. « Si on réussit cette réforme, cela peut nous redonner de la dynamique, comme une première marche sur laquelle on s’appuie pour prendre l’impulsion », estime même cette source.

A l’inverse, les grandes lignes de la réforme des retraites ne seront pas dévoilées avant le début de l’été. Pas question de polluer les élections européennes, prévues le 26 mai, avec un sujet aussi éruptif. Interrompue début décembre 2018, la négociation avec les syndicats, menée par Jean-Paul Delevoye, ne devrait pas reprendre avant le 21 janvier.

« Le président a la patate »

Au sein de la majorité, certains plaident même pour reporter le sujet à 2020. « Ce n’est pas la priorité du moment, il faut d’abord réussir le grand débat citoyen », a ainsi estimé Olivier Damaisin, député (LRM) de Lot-et-Garonne, dans Le Figaro du 7 janvier. Selon un ministre, la « teneur du grand débat » aura nécessairement une influence sur cette réforme. « Il n’y a pas grand-chose de déconnecté », estime-t-il encore.

En attendant, l’exécutif n’entend pas céder au découragement. A écouter ses proches, Emmanuel Macron serait rentré ragaillardi de ses vacances de Noël au fort de Brégançon (Var), où il a pu s’offrir quelques promenades privées à Saint-Tropez et à Borme-les-Mimosas malgré la menace des « gilets jaunes ».

« Le président a la patate », assure un proche. Un sondage publié par l’IFOP le 8 janvier lui donne il est vrai des raisons d’espérer. Selon l’institut, la cote de popularité d’Emmanuel Macron a repris cinq points en janvier, pour atteindre 28 % d’opinions positives. Un rebond inédit depuis le mois d’octobre.

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8 janvier 2019

« La crise que Macron encaisse aujourd’hui se creuse depuis une vingtaine d’années »

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Par Gérard Courtois, éditorialiste au « Monde »

Le discrédit envers les institutions que révèlent les « gilets jaunes » est le fruit de reniements successifs, et plusieurs coups de semonce auraient dû sonner l’alarme, estime, dans sa chronique, Gérard Courtois, éditorialiste au « Monde ».

En présentant ses vœux aux Français le 31 décembre, le président de la République Emmanuel Macron a résumé en peu de mots la crise dans laquelle le pays est plongé depuis des semaines et la voie qu’il préconise pour en sortir. En 2018, « nous avons vécu de grands déchirements et une colère a éclaté, qui venait de loin… ». En 2019, « nous devons redonner toute sa vitalité à notre démocratie ».

De fait, si c’est lui qui l’encaisse aujourd’hui de plein fouet – et qui l’a sans nul doute provoquée par sa manière d’être et de faire –, cette crise se creuse depuis une vingtaine d’années. Plusieurs coups de semonce auraient dû sonner l’alarme. Les responsables politiques, fort peu responsables en l’occurrence, les ont superbement ignorés.

Dès 1995, Jacques Chirac fit de la réduction de la « fracture sociale » le thème de sa campagne victorieuse. Une fois à l’Elysée, il n’en fit rien, et les électeurs lui firent payer ce reniement deux ans plus tard en le privant de majorité à l’Assemblée nationale.

Le deuxième avertissement fut envoyé au premier tour de la présidentielle de 2002, avec l’élimination du premier ministre socialiste Lionel Jospin, la qualification du leader de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen et le score presque humiliant (à peine 20 % des suffrages) du président en titre, Jacques Chirac. Lequel, au soir de sa victoire finale, assura les Français qu’il avait compris leur « appel pour que la politique change ». Or rien ne changea.

Electeurs floués

Rien ne changea, non plus, au lendemain du référendum de 2005, où les Français rejetèrent le projet de traité constitutionnel européen. Deux ans plus tard, au lendemain de son élection, Nicolas Sarkozy négocia avec ses partenaires le traité de Lisbonne qui reprenait l’essentiel de la Constitution rejetée et qu’il fit ratifier par le Parlement. Nul doute que bien des électeurs se sont sentis floués.

Quant à François Hollande, il engagea en 2014 une politique de soutien aux entreprises aux antipodes des credo de la gauche et dont il n’avait dit mot durant sa campagne de 2012, provoquant une fronde dans son propre camp qui explique, en grande partie, son renoncement à se représenter.

Ajoutons que depuis une quinzaine d’années, et plus encore après le déclenchement de la crise économique mondiale en 2008, ni la droite ni la gauche n’ont su efficacement porter remède aux maux qui minent le pays et qui sont au cœur de la révolte des « gilets jaunes » : chômage de masse, insécurité sociale, alourdissement constant de la charge fiscale – sans parler de l’endettement public abyssal.

Discrédit sans précédent des institutions politiques

Il aurait été miraculeux, dans ces conditions, que les citoyens ne perdent pas confiance dans leurs élus et dans leurs dirigeants. Depuis dix ans, le baromètre établi par le centre de recherche de Sciences Po (Cevipof) donne la mesure de cette fracture politique, démocratique même. Réalisée en décembre 2018, la nouvelle édition de cette enquête sera rendue publique le 16 janvier. Mais quelques chiffres permettent, dès à présent, de confirmer l’ampleur de la crise.

Ainsi, hormis le conseil municipal, les principales institutions politiques souffrent d’un discrédit sans précédent : il ne se trouve plus que 28 % de Français pour faire confiance à la présidence de la République, 22 % au gouvernement, 23 % à l’Assemblée nationale et 9 % aux partis politiques. Quant à l’Etat lui-même, trois Français sur quatre (74 %) jugent que ses affaires sont conduites dans l’intérêt de quelques-uns et non dans l’intérêt général. Ce n’est guère surprenant, dès lors que 85 % des personnes interrogées estiment que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens comme eux.

Deux indicateurs supplémentaires donnent le vertige. Quand on demande aux Français ce qu’ils éprouvent quand ils pensent à la politique, 37 % répondent de la méfiance et 32 % (en hausse de 7 points en un an) du dégoût, contre 9 % de l’intérêt et 5 % de l’espoir… Enfin, un pourcentage équivalent (70 %, en hausse de 9 points en un an) considère que la démocratie ne fonctionne pas bien en France.

Macron a braqué la France

A la lecture de ce réquisitoire, l’on mesure l’ampleur du défi fixé par Emmanuel Macron : redonner toute sa vitalité à notre démocratie. D’autant que, si ses prédécesseurs portent leur part de responsabilité dans cet état des lieux accablant, la sienne n’est pas plus mince.

N’avait-il pas promis, en 2017, de sortir le pays de ses ronchonnements pessimistes, de lui redonner le goût de l’avenir et, pour cela, d’engager une « révolution démocratique », de « revivifier nos appareils sclérosés », à commencer par les partis politiques, enfin d’inventer une « République contractuelle [qui fasse] confiance aux territoires, à la société et aux acteurs pour se transformer » ?

Or c’est l’inverse qui s’est produit : les territoires et leurs élus ont été rudoyés, les acteurs sociaux négligés, les citoyens sermonnés sans ménagement. Quant au parti présidentiel, il est très loin de remplir la mission qui lui était assignée : « Former, réfléchir et proposer.»

Le candidat Macron voulait bousculer la France pour mieux la moderniser. Le président Macron l’a braquée comme rarement, provoquant un ressentiment qu’il lui sera très difficile d’effacer.

Au moins pourra-t-il s’appuyer, dans le grand débat qu’il va engager, sur un chiffre encourageant de l’enquête de Sciences Po : pour 80 % des Français (+ 2 points en un an), « la démocratie peut poser des problèmes, mais c’est quand même mieux que n’importe quelle autre forme de gouvernement ». Quelle que soit la sévérité des critiques à l’encontre du système politique et de ses acteurs, l’aspiration démocratique du pays reste profondément enracinée. Encore faut-il savoir l’écouter, la respecter et la prendre en compte. C’est tout l’enjeu des prochains mois.

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5 janvier 2019

Message d'Emmanuel Macron

5 janvier 2019

Affaire Benalla: La compagne d’Alexandre Benalla travaillait pour LREM et a tenté de le cacher aux enquêteurs

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INFO «20 MINUTES» Myriam. B., la compagne d’Alexandre Benalla, a tenté de cacher aux enquêteurs qu’elle était salariée d’En marche quand la polémique a éclaté…

Selon nos informations, Myriam. B. a été salariée de La République en marche. Elle a tenté de le dissimuler aux enquêteurs lors de son audition le 28 septembre. Le parti refuse, ce vendredi, d’indiquer s’il emploie toujours la jeune femme.

Une affaire de famille dans l’affaire d’État ? Selon nos informations, Myriam. B., la compagne d’Alexandre Benalla était salariée de La République en marche quand la polémique au sujet des manifestations du 1er mai a éclaté dans la presse. Ce vendredi, le mouvement fondé par Emmanuel Macron a confirmé l’information obtenue par 20 Minutes auprès de sources concordantes. « Elle était salariée, a ainsi indiqué une source bien informée au sein du parti. Ce que je ne sais pas, c’est si elle l’est toujours [aujourd’hui]. »

Après deux mois d’intenses recherches, les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre les personnes (BRDP) avaient fini par retrouver la trace de cette jeune femme dans l’Eure où elle se réfugiait chez une proche. Selon nos informations, c’est donc dans une caserne de gendarmerie de ce département qu’elle a répondu à leurs questions le 28 septembre, en début d’après-midi.

Alexandre Benalla dépose l’arrêt maladie de sa femme au parti

Ce jour-là, son audition en qualité de témoin débute par le traditionnel exposé sur son identité et son activité. La jeune femme née en 1985 se présente alors comme un « agent administratif actuellement en congé maladie » mais refuse de dire le nom de « l'association » qui l'emploie.

Les policiers ne la relancent pas sur le sujet. Mais peut-être font-ils alors déjà le rapprochement avec l’audition de Reynald. C., un agent de sécurité d’En marche, qu’ils ont réalisée deux semaines plus tôt. Le 13 septembre, cet homme a en effet expliqué qu’Alexandre Benalla ne venait que « très rarement » au siège du parti depuis qu’il travaillait à l’Elysée. Selon ses déclarations, il ne serait venu qu'une fois au quartier général d'En marche : le jour où il est venu déposer « l’arrêt de travail de sa compagne », indiquant malgré lui le nom de l’employeur de Myriam. B.

« Quelqu’un de droit, de bon, de calme... »

Maman d’un bébé né quelques semaines avant le début de toute cette affaire, Myriam. B. était en congé maternité jusqu’au 20 septembre 2018. Ensuite, elle a disposé d’un arrêt maladie de son médecin, selon ses propres déclarations. Impossible de savoir quelles étaient exactement ses fonctions au sein du mouvement politique. S’il a confirmé son statut de salariée, le parti a refusé de révéler plus d’informations relevant « des ressources humaines », n’excluant donc pas qu’elle soit toujours rémunérée par ses soins aujourd’hui.

Toutefois,ce n’est pas dans les couloirs du parti macronien qu’elle aurait rencontré Alexandre Benalla. Invitée par les enquêteurs à parler de son compagnon, Myriam. B. a ainsi expliqué être avec lui depuis quatre ans sans révéler lequel des deux avait rejoint le mouvement politique en premier avant que l’autre ne soit également embauché.

Face aux enquêteurs, elle a décrit son compagnon comme « quelqu’un de bien, quelqu’un de droit, de bon, de calme, de caractère gentil. »

Alexandre Benalla ne parlait jamais de son travail

Sur le fond de l’affaire, la jeune femme n’aura, en revanche, été d’aucune utilité aux enquêteurs. Indiquant tour à tour qu’elle était « traumatisée », « désorientée » et « fatiguée » par toute la polémique, elle a ainsi expliqué que son compagnon ne lui parlait jamais de son travail. Impossible donc pour elle de dévoiler ce qu’il est advenu du coffre-fort que les policiers n'ont pas retrouvé lors de la perquisition réalisée le 20 juillet. « Ce dont je suis certaine, c’est que lorsque j’ai quitté l’appartement [le 19 juillet], le coffre y était toujours. J’ignore ce qui s’est passé ensuite. » Interrogé à ce propos, Alexandre Benalla avait indiqué avoir envoyé « un ami » récupérer tous les objets de valeur de son domicile. Sans jamais accepter de révéler son identité.

4 janvier 2019

Avec le départ de Sylvain Fort, Emmanuel Macron perd un fidèle

Par Cédric Pietralunga

Le directeur de la communication de la présidence de la République, membre du premier cercle, quitte l’Elysée, officiellement pour « raisons personnelles ».

Officiellement, il s’agit d’un départ pour « raisons personnelles ». Mais il intervient à un moment charnière du quinquennat. Jeudi 3 janvier, l’Elysée a confirmé la prochaine démission de Sylvain Fort, l’actuel directeur de la communication de la présidence de la République, révélée mercredi par Le Parisien. « Son départ est prévu dans la deuxième quinzaine de janvier », explique l’entourage du chef de l’Etat, même s’il ne devrait pas être effectif avant le mois de mars pour cause de reliquats de congés à prendre.

Interrogé par Le Monde, l’ancien patron de l’agence de communication Steele & Holt, qui avait rejoint Emmanuel Macron à l’été 2016 afin de lancer sa campagne pour l’élection présidentielle, affirme qu’il s’agit d’« un choix personnel longuement mûri (…) et qui tient notamment à des raisons familiales ». Cette décision a été « annoncée voici plusieurs semaines au président de la République », assure M. Fort, qui dit vouloir, à 46 ans, consacrer plus de temps à ses trois enfants.

Pour le remplacer, le chef de l’Etat devrait, au moins dans un premier temps, s’appuyer sur Sibeth Ndiaye, une autre très proche, jusqu’alors adjointe de Sylvain Fort. Les discours présidentiels, dont M. Fort avait également la charge, seront désormais écrits par Jonathan Guémas, ex-conseiller de Gérard Collomb au ministère de l’intérieur, recruté à l’automne.

D’autres départs

Ce départ est le deuxième à l’Elysée d’un membre du premier cercle, après celui de Barbara Frugier, conseillère communication à l’international, confirmé jeudi au Journal officiel (JO). D’autres membres du cabinet sont également sur le départ. Le conseiller politique de la présidence, Stéphane Séjourné, qui accompagnait lui aussi M. Macron depuis Bercy, devrait quitter le Château dans les prochaines semaines, pour prendre en main la campagne des élections européennes de La République en marche (LRM).

Par ailleurs, le JO du 3 janvier a indiqué qu’Ahlem Gharbi, conseillère Afrique du Nord et Moyen-Orient du chef de l’Etat, quittera elle aussi ses fonctions, le 7 janvier. Son départ intervient quelques jours après la nouvelle crise provoquée par le voyage au Tchad d’Alexandre Benalla et l’affaire de ses passeports diplomatiques. Mais l’Elysée dément tout lien entre les deux événements, assurant que le départ de Mme Gharbi était programmé depuis plusieurs semaines. Elle sera remplacée par Marie Philippe, qui était depuis 2015 conseillère Moyen-Orient de la représentation française auprès de l’ONU à New York.

Selon l’entourage du chef de l’Etat, il ne faut pas voir de corrélation entre ces différents mouvements et les difficultés auxquelles l’exécutif est confronté depuis l’été 2018. « Deux ans, c’est le cycle naturel de renouvellement dans les cabinets. Il n’est pas anormal que celui du président y soit confronté comme les autres », explique-t-on à l’Elysée. Certaines voix se sont néanmoins élevées, ces dernières semaines, pour réclamer du changement. « Emmanuel Macron a conquis l’Elysée en mode commando, il ne peut pas gérer la présidence de la même façon », plaidait un parlementaire LRM avant Noël.

« Il est positif de diversifier les parcours, les histoires, les expériences, ça fait partie de l’équation de la réussite, reconnaît Philippe Grangeon, ancien délégué général de LRM et proche de M. Macron. Il y a à l’Elysée des gens qui sont le pied au plancher depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à Bercy en 2014. Ils ont besoin de souffler. Conseiller est une mission, pas un métier. » Annoncé depuis plusieurs mois comme futur conseiller spécial du chef de l’Etat, lui-même assure qu’il n’a pas encore rejoint officiellement l’Elysée et qu’il ne veut pas d’un poste opérationnel à plein-temps. « Je suis très attaché à ma liberté », justifie M. Grangeon. Comme Emmanuel Macron.

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La valse des conseillers en communication à l’Elysée

Sylvain Fort et Barbara Frugier quittent le pôle communication de l’Elysée. Retour sur quelques figures de l’entourage d’Emmanuel Macron.

Sylvain Fort, qui dirige actuellement le pôle communication de l’Elysée, va quitter ses fonctions à la fin du mois de janvier. Ce n’est pas le premier départ d’un conseiller en communication d’Emmanuel Macron.

Depuis le début de la campagne présidentielle et au cours de son mandat, plusieurs personnalités se sont succédé à ce poste très exposé.

Laurence Haïm, journaliste devenue porte-parole

Cette ancienne correspondante aux Etats-Unis quitte la chaîne CNews (alors appelée i-Télé) pour rejoindre la campagne d’Emmanuel Macron en janvier 2017. Après la campagne, elle ne se voit pas proposer de poste institutionnel. Elle quitte En marche ! en juillet 2017 et rejoint l’Institut d’études politiques de Chicago.

Bruno Roger-Petit, éditorialiste puis porte-parole de l’Elysée

Bruno Roger-Petit venait aussi du monde de la presse. Editorialiste pour le magazine Challenges, il publie plusieurs articles favorables au candidat d’En marche ! pendant la campagne présidentielle. La société des journalistes de l’hebdomadaire considère que ses articles nuisent à « la ligne non partisane de Challenges ». Il rejoint l’équipe d’Emmanuel Macron en septembre 2017 comme porte-parole.

Après une gestion critiquée de l’affaire Benalla, son poste de porte-parole est supprimé. Il reste conseiller à l’Elysée, mais sans s’occuper des relations avec la presse.

Sylvain Fort quitte l’Elysée pour « d’autres projets »

Nommé après la victoire d’Emmanuel Macron, il quitte l’Elysée en ce début d’année. Après avoir été conseiller discours et mémoire, Sylvain Fort dirige le pôle communication de l’Elysée, qui a été créé en septembre 2018 à la suite de l’affaire Benalla. Pendant la campagne, il conseillait déjà Emmanuel Macron. Il part pour pouvoir s’orienter « vers d’autres projets professionnels et personnels, et surtout consacrer du temps à [sa] famille ».

Barbara Frugier, en partance

Egalement nommée après la victoire d’Emmanuel Macron, mais déjà donnée partante en septembre 2018, elle quitte ses fonctions de conseillère en communication internationale. Attachée de presse d’Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’économie, Barbara Frugier avait quitté la Banque de France pour prendre en charge la communication internationale de l’Elysée.

Sibeth Ndiaye, toujours présente

Sibeth Ndiaye s’occupait déjà de communication pendant la campagne présidentielle. Elle fait partie des personnalités qui ont été remarquées très vite. Après la victoire d’Emmanuel Macron, elle est nommée conseillère presse et communication à son cabinet. Elle a l’habitude des coups d’éclat. En juin dernier, c’est elle qui partage, sur son compte Twitter, la vidéo d’Emmanuel Macron dans laquelle il parle du « pognon de dingue » que représenteraient les aides sociales.

Mimi Marchand, conseillère officieuse

Patronne de plusieurs entreprises, Michèle Marchand conseille également Emmanuel et Brigitte Macron. Le livre Mimi, paru en octobre, retrace son parcours et ses liens avec le couple présidentiel. A la tête de l’agence de photo Bestimage, l’influence de Michèle Marchand leur aurait permis de faire la « une » de nombreux magazines en organisant une série de reportages favorables. Depuis la parution du livre, l’Elysée a pris ses distances avec cette conseillère officieuse.

3 janvier 2019

Elysée: Syvain Fort, plume d’Emmanuel Macron et patron de la communication, sur le départ

Annoncé partant de l’Elysée par Le Parisien, Sylvain Fort, la plume d’Emmanuel Macron depuis la campagne électorale, confirme qu’il quittera la présidence de la République d’ici la fin du mois.
Sylvain Fort avait repris en main la communication du Palais qu’il dirigeait depuis les désastres de l’affaire Benalla. Il n’aura occupé ce poste que durant quatre mois et dit en avoir informé « voici plusieurs semaines » Emmanuel Macron auquel il reste « totalement » fidèle. Sylvain Fort retourne dans le privé et explique vouloir « consacrer du temps à [sa] famille ».
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