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Jours tranquilles à Paris

3 décembre 2018

Extrait d'un shooting

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3 décembre 2018

« Gilets jaunes » : après les violences, le gouvernement tente de rebondir

A la demande d’Emmanuel Macron, le premier ministre va recevoir les chefs de partis représentés au Parlement et des représentants des manifestants à Matignon, lundi.

L’heure des comptes et du grand ménage. Le long des grandes artères de l’ouest et du centre de Paris, marquées par les dégradations survenues lors de la troisième journée de mobilisation des « gilets jaunes », des agents d’entretien étaient à pied d’œuvre, dimanche 2 décembre au matin. De nombreux commerces, couverts de planches la veille au soir pour prévenir les pillages, étaient toujours barricadés.

Le président de la République Emmanuel Macron est allé constater les dégâts dans le centre de la capitale, dès le début de la journée, alors que l’exécutif doit faire face à une crise politique majeure. Dans les rangs de l’opposition, certains appellent, désormais, à des élections anticipées pour sortir du blocage.

Emmanuel Macron place de l’Etoile

Tout juste revenu du sommet du G20 à Buenos Aires, le chef de l’Etat s’est directement rendu à l’Arc de triomphe, place de l’Etoile, qui fut le théâtre de violences et de dégradations samedi. Accompagné du ministre de l’intérieur Christophe Castaner et du secrétaire d’Etat Laurent Nuñez, il s’est rendu au pied de la tombe du Soldat inconnu, avant d’entrer à l’intérieur du monument, en partie saccagé.

Le président a ensuite rendu hommage aux forces de l’ordre et il a rencontré des commerçants sur l’avenue Kleber, en partie vandalisée. Parfois applaudi, Emmanuel Macron a aussi essuyé les huées d’une foule de plus en plus nombreuse. « Macron démission », ont scandé à plusieurs reprises des « gilets jaunes ».

Une réunion de crise du gouvernement

Une réunion de crise s’est tenue à la mi-journée à l’Elysée autour d’Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat a souhaité que le ministre de l’intérieur Christophe Castaner « mène une réflexion sur la nécessité éventuelle d’une adaptation du dispositif du maintien de l’ordre dans les jours à venir ». Il a également souligné, de nouveau, « l’importance du suivi judiciaire pour qu’aucun acte commis ne reste impuni ». Il a par ailleurs demandé au premier ministre Edouard Philippe de recevoir « les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants ».

Parmi les premiers reçus, dès lundi, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, est attendu à 10 heures à Matignon, Laurent Wauquiez, président des Républicains, à 10 h 45 et Marine Le Pen (Rassemblement national) à 15 heures. Parmi les autres chefs de partis, David Cormand (Europe Ecologie-Les Verts) est attendu à Matignon à 11 h 30, Stanislas Guerini (La République en Marche) à 12 heures, Jean-Christophe Lagarde (Union des démocrates et indépendants) à 13 h 30, Benoît Hamon (Génération·s) à 15 h 30, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) à 16 heures. Suivront, Franck Riester (Agir) à 16 h 30, Marielle de Sarnez (vice-présidente du MoDem) à 17 h 15, Florian Philippot (Les Patriotes) à 18 heures et Fabien Roussel (Parti communiste français) à 19 h 30.

« Le collectif des “gilets jaunes” qui a exprimé sa volonté de nouer un dialogue avec le gouvernement » dans une tribune publiée par le Journal du dimanche, a également été invité, ainsi que la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS).

La commission des lois du Sénat a, elle, fait savoir qu’elle entendrait mardi « les explications » de Christophe Castaner et de Laurent Nuñez sur les violences de samedi. « Le gouvernement n’a pas le droit à un troisième samedi noir », a mis en garde le président du Sénat, Gérard Larcher, alors que plusieurs appels ont été lancés sur Facebook pour manifester à nouveau samedi prochain à Paris.

378 personnes en garde à vue à Paris

Au total, 682 personnes ont été interpellées samedi en France – dont 412 à Paris – et 630 ont été placées en garde à vue, selon le bilan de la préfecture de police. Au moins 263 personnes ont été blessées, dont 81 membres des forces de l’ordre. Selon le ministère de l’intérieur, 136 000 personnes ont manifesté samedi, contre 166 000 le 24 novembre et 282 000 le 17 novembre.

Selon le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, 378 personnes étaient toujours en garde à vue dimanche soir, dont 33 mineurs. Décrivant des profils variés, le procureur a expliqué que les personnes interpellées étaient pour beaucoup « des hommes majeurs, de 30 à 40 ans, venant souvent de province, insérés socialement et venus pour en découdre avec les forces de l’ordre tout en se revendiquant du mouvement des “gilets jaunes” ».

Le procureur a également évoqué « des profils plus jeunes, issus de la région parisienne, venus profiter notamment des pillages ». « Jamais le parquet de Paris n’a eu à gérer un nombre aussi important de gardes à vue », a-t-il ajouté.

Dès lundi et mardi, des dizaines de suspects seront jugés au tribunal correctionnel de Paris lors d’audiences de comparution immédiate. Cinq audiences sont prévues lundi, contre trois habituellement, et quatre mardi. Les audiences de comparution avec reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), une procédure qui permet d’éviter un procès, seront aussi doublées, selon le procureur de Paris Rémy Heitz. La garde des sceaux Nicole Belloubet a fait savoir que sur ce total « environ deux tiers » des personnes feront l’objet d’un défèrement devant la justice.

Les prévenus devront répondre des chefs d’« actes de violence sur personne dépositaire de l’autorité publique », « dégradations sur des biens destinés à l’utilité publique », « regroupements en vue de commettre des violences », ou encore « port d’armes », des qualifications passibles de 3 à 7 ans d’emprisonnement, a précisé le procureur.

Des dépôts de carburant bloqués en Bretagne

Beaucoup de stations-service du Finistère et du Morbihan étaient en rupture totale ou partielle de carburant dimanche, conséquence du blocage des dépôts pétroliers de Lorient et Brest. Dans un communiqué dimanche soir, le préfet du Finistère, Pascal Lelarge, a annoncé des restrictions d’usage à compter de lundi 3 décembre « afin de garantir l’accès au carburant au plus grand nombre et la capacité des services de secours et d’urgence à intervenir ». Ces mesures seront en vigueur « le temps que les flux logistiques s’adaptent à la situation ». Ainsi, le montant maximal de carburant vendu par jour et par véhicule est limité à 30 euros pour les véhicules légers de moins de 3,5 tonnes, et 200 euros pour les poids lourds.

Le dépôt pétrolier de Lorient est bloqué depuis le 27 novembre par des indépendants du secteur des travaux publics rejoints par des « gilets jaunes », les premiers dénonçant la fin, au 1er janvier, du gazole non routier (GNR) détaxé pour les entreprises du secteur.

A Brest, les manifestants du secteur des travaux publics ont revêtu des gilets oranges pour se différencier des « gilets jaunes ». Ils bloquent le dépôt du port de Brest depuis mercredi à l’aide de tractopelles, de camions et de grues de chantier, tandis que des bungalows ont été installés sur des rails devant le site. Alors que le blocage était initialement filtrant, plus aucun camion ne rentre ni ne sort depuis vendredi.

A Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), les « gilets jaunes » se sont donné rendez-vous lundi à 7 heures pour bloquer le dépôt de Donges. S’ils y parvenaient, le plus gros dépôt encore en activité pour la Bretagne serait celui de Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), près de Rennes.

Interrogée par l’AFP dimanche, la préfecture de Bretagne s’est voulue rassurante. « Nous avons quelques stations-service ainsi que des grandes surfaces à court de carburant ou en manque d’un type de carburant dans le Finistère et le Morbihan, mais il n’y a pas de risque de rupture d’approvisionnement en Bretagne ».

Un troisième mort en marge du mouvement

Un troisième décès est survenu en marge du mouvement des « gilets jaunes » dans la nuit de samedi à dimanche, à Arles (Bouches-du-Rhône), lorsqu’un automobiliste a percuté un poids lourd à l’arrêt en raison d’un bouchon provoqué par un barrage.

Ce décès s’ajoute à celui d’une manifestante tuée le 17 novembre en Savoie, après avoir été percutée par une conductrice prise de panique, et à celui d’un motard tué après une collision avec une camionnette deux jours plus tard dans la Drôme.

Mélenchon et Le Pen appellent à des élections anticipées

L’opposition et une partie des « gilets jaunes » continuent de réclamer un geste fort au gouvernement, à commencer par un moratoire ou un gel de la hausse des taxes sur les carburants. Une proposition à laquelle de plus en plus de députés de la majorité se déclarent d’ailleurs eux aussi favorables.

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont tous deux réclamé, dimanche, des élections anticipées pour sortir de la crise. « Je ne vois pas, au niveau où nous sommes de la gravité de cette crise politique, comment sortir par le haut, à part en retournant aux urnes », a déclaré la présidente du Rassemblement national (RN).

Entre la légitimité de l’exécutif et celle des « gilets jaunes », « il n’y a qu’une manière de trancher, c’est le vote, alors ça s’appelle la dissolution », a déclaré de son côté le chef de file de La France insoumise (LFI), en dénonçant l’attitude du gouvernement qui « choisit le pourrissement [au lieu de] choisir l’apaisement » et l’annulation de la hausse de la fiscalité sur les carburants.

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a réitéré son appel à un référendum sur la politique écologique et fiscale d’Emmanuel Macron. A gauche, le patron du PS, Olivier Faure, a réclamé des états généraux sur le pouvoir d’achat, alors que le mouvement Génération·s a demandé la démission de M. Castaner.

3 décembre 2018

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3 décembre 2018

FAM Jusqu’au 9 février, 2019 Galerie Agathe Gaillard 3, Rue du Pont Louis-Philippe 75004 Paris

 

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https://galerieagathegaillard.com/

Créée en 1977 et reconnue internationalement, FAM fut le berceau créatif de mannequins hors-du-commun et de photographes légendaires, tels que Martine Barrat, Guy Bourdin, Elliott Erwitt, Peter Lindbergh, Robert Mapplethorpe, Sarah Moon, Helmut Newton, Paolo Roversi, David Seidner, Jean-Loup Sieff, Paul Steinitz, Deborah Turbeville, Albert Watson, Wim Wenders …

« J’ai créé l’agence FAM avec l’espoir de proposer une alternative à l’image du mannequin classique, et pour rompre avec le mythe de la femme dont la seule plastique parfaite compte. Aussi, ma réflexion et mon travail m’ont poussé à rechercher des sources d’inspiration pour les photographes dont le travail reflétait à mes yeux une singularité ou une sophistication baroque. Je me suis surtout intéressée à la mise en scène sous forme d’images ou de scénarios fictifs. C’est le style et la personnalité de ces mannequins qui ont déterminé mes choix, elles tracent l’empreinte d’une nouvelle vision de la féminité à travers une multitude de portraits subtils. ». Fabienne Martin

Liste des photographes :

Clive Arrowsmith – Josef Astor – Martine Barrat – Harry Benson – Guy Bourdin – Marianne Chemetov – Franck Christen – Arthur Elgort – Elliott Erwitt – Fabrizio Ferri – François Halard – Sheldon Heitner – Steve Hiett – Horst P. Horst – Frank Horvat – Dominique Issermann – Barry Lategan – Erica Lennard – Jean-François Lepage – Peter Lindbergh – Ali Mahdavi – Robert Mapplethorpe – Toni Meneguzzo – Sheila Metzner – Sarah Moon – Helmut Newton – Bernard Pesce – Sabine Pigalle – Herb Ritts – David Rochline – Paolo Roversi – Laurence Sackman – David Seidner – Barbara Sieff -Jeanloup Sieff – Lord Snowdon – Paul Steinitz – Deborah Turbeville – Javier Vallhonrat – Sacha Van Dorssen – Albert Watson – Bruce Weber – Isabelle Weingarten – Wim Wenders

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3 décembre 2018

Maison de Gainsbourg - Serait-elle en vente ????

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3 décembre 2018

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3 décembre 2018

Des photos inédites de Basquiat dans les années 80 exposées à Paris

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Si l’exposition dédiée à Jean-Michel Basquiat bat son plein à la Fondation Louis Vuitton, on a aussi envie de se rendre à la Galerie parisienne Patrick Gutknecht, pour admirer des clichés jamais dévoilées du maître de l’art contemporain, immortalisé dans les années 80 par Yutaka Sakano. A découvrir jusqu’au 19 janvier 2019

"Un jour de juillet 1983, je reçois un appel téléphonique de Midori Kitamura, l’assistante d’Issey Miyake qui s’occupait des relations presse à l’époque. Elle me dit qu’un jeune artiste nommé Basquiat, devenu une sensation à New York, vient au Japon, et elle me demande si je pouvais le photographier pour un magazine de mode pour homme", indique le photographe nippon Yutaka Sakano. Bien qu’il soit célèbre pour ses peintures figuratives, conjuguant collages et graffitis, Jean-Michel Basquiat a cultivé au fil des années un goût certain pour la mode. On se rappelle notamment de son apparition remarquée en 1987 sur le podium de Comme des Garçons, mais aussi et surtout de son amour pour les coupes signées Issey Miyake. Et c’est à cet attrait de l’artiste new-yorkais que s’attarde la Galerie Patrick Gutknecht à Paris jusqu’au 19 janvier 2019, en lui dédiant l’exposition Jean-Michel Basquiat - Tokyo 1983. Au début des Eighties, le photographe Yutaka Sakano a eu le privilège de capturer le maître au cœur d'un studio tokyoïte. Au total, une dizaine de ses clichés mettant en lumière un Basquiat un brin effronté, jouant avec un pot de peinture - jusqu'à éclabousser ses vêtements gracieusement prêtés par Issey Miyake -, sont à dévorer des yeux. Un must-see donc, en marge de l'exposition de la Fondation Louis Vuitton.

"Jean-Michel Basquiat - Tokyo 1983", Galerie Patrick Gutknecht, 78 rue de Turenne 75003 Paris, France

Jean-Michel Basquiat, Tokyo, 1983 (02) © Yutaka Sakano, courtesy Galerie Patrick Gutknecht

3 décembre 2018

Vu sur internet - j'aime bien

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3 décembre 2018

Antisèche ?

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3 décembre 2018

L’INA, machine à remonter le temps de la télévision française

Par Philippe Ridet - Le Monde

L’Institut national de l’audiovisuel ne se contente plus de conserver tous les sons et images ­diffusés en France. Grâce à une stratégie numérique ambitieuse, 17 millions d’heures de programmes reprennent vie. Pour le plaisir des nostalgiques de l’ORTF et des fans de YouTube.

On les appelle des « robots ». Mais, pour à peu près tout le monde, ça ressemble à un alignement d’armoires en plastique noir, hautes de deux mètres cinquante environ. Deux rangées se font face sur une dizaine de mètres, dans la salle du data center, au rez-de-chaussée d’un des trois bâtiments qu’occupe l’Institut national de l’audiovisuel (INA), à Bry-sur-Marne (Val-de-Marne), où, après un voyage par le RER A, un bus serpentant dans une zone pavillonnaire nous a conduit (jolie vue sur Paris) sans encombre.

A l’intérieur de chacune de ces armoires, des disques durs d’une dizaine de centimètres de côté s’alignent sur des étagères. La totalité – oui, vous avez bien lu – des images et des sons diffusés en France depuis le début du XXe siècle y est stockée.

Captés nuit et jour, les programmes quotidiens de 169 chaînes de télévision et stations de radio se déversent à l’INA, comme un flux de pétrole brut dans une raffinerie, pour y être numérisés et étiquetés. Les originaux reposent sur 120 kilomètres de linéaires du côté des Essarts-le-Roi, dans les Yvelines ; leurs versions numériques sont entreposées en deux exemplaires dans une sorte de bunker à Aubervilliers et à Bry.

Ne rien jeter

Selon un comptage du rapport d’activité de juin 2017, 17 818 789 heures sont disponibles, soit 80 pétaoctets, ou encore soixante ans de télévision et soixante-dix ans de radio. Sachant que chaque année apporte son million d’heures supplémentaires, on vous laisse calculer le nombre de vies nécessaires pour les regarder.

« Ici, on ne jette rien », explique un technicien. « C’est même la devise de la maison », reprend un autre qui, avec patience, étalonne les couleurs d’une coproduction RAI-ORTF de 1973 consacrée à Léonard de Vinci. Sous l’effet du temps, le peintre de « La Joconde » était devenu rouge comme une tomate. Sitôt restauré, le film a rejoint une place dans son robot.

DENISE FABRE, NICOLAS ET PIMPRENELLE, LA CASQUETTE DE ROGER COUDERC, LA CHAPKA DE LÉON ZITRONE, LES COLÈRES DE GEORGES MARCHAIS, L’AMÉNITÉ DE PIERRE TCHERNIA EN « MONSIEUR CINÉMA »… TOUT EST LÀ.

Cette hypermnésie audiovisuelle peut, au choix, provoquer la transe ou l’écœurement. Tout est là : votre passé comme le nôtre. Vos premiers souvenirs de « L’île aux enfants », les œuvres complètes de Roger Lanzac dans « La piste aux étoiles », tous les numéros d’« Apostrophes », l’intégrale de « Kiri le clown » et du « Club Dorothée », la première apparition de Michel Drucker, en 1964, les débats télévisés des élections présidentielles, les recettes de crêpes de Raymond Oliver et Catherine Langeais, Pollux et sa copine Margotte, la première apparition des Stones, dans une émission animée par Denise Fabre, Nicolas et Pimprenelle, la casquette de Roger Couderc et la chapka de Léon Zitrone, les colères de Georges Marchais, l’aménité de Pierre Tchernia en « Monsieur Cinéma » le dimanche en début d’après-midi, un entretien avec Claude Levi-Strauss ou Georges Dumézil, Les Bario, le trio de clowns de nos jeudis après-midi, les vestes en tweed so british de Bernard Rapp, des milliers de JT de Jean-Pierre Pernaud, les Coco girls et « Le Bébête Show »… Et tout ce qu’on a oublié.

Tout ce qui remontera du plus profond des souvenirs, dès la première image entrevue, comme le passé à la mémoire d’un buveur de thé.

Meilleure stratégie social media 2017

Depuis 2006, date de la création du site Ina.fr, les Français, vieux ou jeunes, se passionnent en masse pour cette machine à remonter le temps. Dix-huit millions d’internautes – l’un des records sur les réseaux sociaux – se sont gondolés en regardant un reportage en noir et blanc où des enfants des années 1960 imaginaient l’an 2000. Et même notre propre fils, 16 ans, avec lequel nous pensions partager tout au plus la salle de bains.

Dignes d’une start-up californienne, les chiffres de ­fréquentation d’Ina.fr racontent ce succès tout comme le prix de la meilleure stratégie social media 2017 décerné par CB News : 450 millions de vidéos ont été consultées en 2017 (les 500 millions seront largement dépassés en 2018), soit une hausse de 105 % en une année. Sur Twitter, 125 000 abonnés, la hausse atteint 800 %.

De l’ado ricanant devant son smartphone aux fans absolus de Joe Dassin à la recherche de toutes ses apparitions dans les émissions cultes de Maritie et Gilbert Carpentier (il y en a), au producteur d’un doc pointu sur Jacques Doriot, collabo notoire, en passant par le nostalgique vitupérant qui regrette le temps où « la télé, vraiment c’était aut’ chose que c’robinet à conneries… », aucun public n’est négligé.

A chacun sa formule d’accès : libre pour les contenus disponibles sur les différentes chaînes YouTube, Dailymotion et les réseaux sociaux ; payant pour les abonnés d’INA Premium ou pour les 11 000 professionnels (producteurs, réalisateurs, etc.) utilisateurs d’INA Mediapro. Chaque année, environ 70 000 extraits d’archives leur sont vendus.

Valoriser le patrimoine

« 2006 est une date importante. C’est à partir de cette année que l’INA s’est adressé au grand public en “B to C” (business to consumers) alors qu’on avait jusqu’alors privilégié le “B to B” (business to business) », explique, avec un débit de mitraillette, Laurent Vallet, le directeur de l’Institut depuis 2015.

Il a succédé à Agnès Saal, démissionnaire après que la presse eut révélé son usage quasi compulsif des taxis (Bry, c’est loin…), laquelle avait pris la place de Mathieu Gallet qui, devenu ensuite président de Radio France, a dû également démissionner de son poste à la suite de sa condamnation à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour délit de favoritisme alors qu’il présidait l’Institut.

« NOUS DÉTENONS POUR UNE BONNE PART LA MÉMOIRE DES FRANÇAIS, NOUS LA LEUR RESTITUONS SOUS LA FORME D’UNE MÉMOIRE AUGMENTÉE EN LUI DONNANT DU SENS ET DE LA RÉFLEXIVITÉ. » LAURENT VALLET, DIRECTEUR DE L’INA

La malédiction qui a frappé ses prédécesseurs, comme les profanateurs d’une tombe de pharaon, n’ôte rien à son enthousiasme. Il continue : « En proposant des formats courts, nous avons pu séduire un nouveau public, pas seulement attiré par la rétro actualité brute, mais aussi par notre savoir-faire dans son exploitation. L’archivage n’est pas notre seule mission. Nous nous attachons à produire des formats qui expliquent et conceptualisent l’actualité à partir du passé. Nous sommes devenus producteurs et éditorialistes de nos propres archives. Nous détenons pour une bonne part la mémoire des Français, nous la leur restituons sous la forme d’une mémoire augmentée en lui donnant du sens et de la réflexivité. Si, nous, service public, on ne le fait pas, qui le fera ? »

Editorialiser, contextualiser, produire. Ce sont, depuis les années 2000, les nouveaux mots d’ordre de l’INA, qui suit à la lettre la troisième de ses missions, après la conservation et la transmission, à savoir la valorisation. La multiplication des chaînes de télévision, et notamment celles d’info en continu, a fait exploser la demande d’archives. Question de budget ou souci d’apporter des éléments de comparaison à l’actualité afin de la relativiser ? Les deux, probablement. Stéphane Cochet, chargé d’INA Mediapro, note une forte hausse de la commande d’extraits le mercredi et le jeudi, lorsque les boîtes de prod préparent les magazines d’info du week-end qui font le pari du recul.

De nouveaux médias en ligne, comme Brut, sont aussi de bons clients, tout comme, bien sûr, la chaîne Histoire. Des représentants de Netflix sont venus fureter à la recherche d’images de l’affaire Grégory pour une série que le géant américain du streaming envisage de mettre en chantier. Mathieu Amalric, comédien et réalisateur, a passé plusieurs mois à Bry pour y retrouver les archives de Barbara, qu’il a utilisées dans la mise en scène de son film consacré à la chanteuse. Classé dans le top cinq mondial des sociétés d’archives audiovisuelles, l’Institut démarche de nouveaux clients – fédérations sportives (football, tennis, cyclisme, CIO), festivals (Arles), partis politiques (PS), entreprises – afin qu’ils leur confient leurs fonds visuels ou sonores pour les valoriser, tout en prélevant sa commission au passage.

Numériser systématiquement

Doté par l’Etat d’un budget de 83 millions d’euros, l’INA, classé établissement public industriel et commercial, réalise un chiffre d’affaires de 37,5 millions d’euros répartis comme suit : 25 millions pour la vente d’archives, 4,5 millions pour les activités de production et d’édition, 8 millions pour les activités d’enseignement et de recherche. Et dire que cette success story est sortie tout droit de la cuisse de l’ORTF, mastodonte étatique, surveillée comme le lait sur le feu par des ministres de l’information prompts à voir un gauchiste derrière chaque journaliste qui ne se courbait pas devant le pouvoir gaulliste.

Mais, en 1974, Valéry Giscard d’Estaing, héraut de la « société libérale avancée », débite le géant en six sociétés (TF1, Antenne 2, France 3, Radio France, SFP, TDF). A quelques jours du vote entérinant cette nouvelle architecture au Parlement, on s’avise qu’une entité fait défaut : celle regroupant la recherche, l’archivage et la formation. Un amendement déposé au Sénat répare in extremis cet oubli.

« AUJOURD’HUI, L’ARCHIVE EST COMME UNE TRACE DE TABLEAU ANCIEN DANS UNE ŒUVRE MODERNE, UNE CITATION. ELLE REMET EN PERSPECTIVE. » RICHARD POIROT, JOURNALISTE

Trois autres étapes-clés viendront compléter ce baptême. La loi du 20 juin 1992 fait de l’INA le dépositaire du dépôt légal de l’audiovisuel. Tout comme la BNF reçoit un exemplaire de tout ce qui est publié en France, l’Institut national de l’audiovisuel récupère tous les sons et les images diffusés sur le territoire. Il en va de même pour 14 000 sites Internet, 8 000 plateformes vidéo et 13 000 comptes Twitter.

En 1999 commence la numérisation systématique des archives, qui sera achevée dans deux ans. Enfin, en 2006, le lancement du site Ina.fr.

Nouveaux moyens d’utiliser l’archive

« Les archives sont aujourd’hui une matière contemporaine. » A quelques couloirs de là, une équipe de cinq journalistes, cornaqués par Richard Poirot, ex-responsable du site Internet de Libération, prépare trois sujets de deux minutes par jour pour Franceinfo, la chaîne du canal 27, dont l’INA est cofondateur.

C’est elle qui a mis la main sur cet échange hallucinant entre Haroun Tazieff, vulcanologue à l’accent rocailleux, dénonçant l’impact des gaz à effet de serre le 3 septembre 1979, et le commandant Cousteau, qui laisse tomber du haut de sa suffisance : « Ça, c’est du baratin ! » « Il est important de pouvoir donner des points de comparaison aux téléspectateurs, totalement noyés d’infos, explique encore Richard Poirot. Aujourd’hui, l’archive est comme une trace de tableau ancien dans une œuvre moderne, une citation. Elle remet en perspective. »

Mais elle est aussi parfois tout le programme, comme dans l’émission hebdomadaire « Rembob’INA », coproduite avec LCP et animée par Patrick Cohen. Au total, l’établissement public a produit ou coproduit 122 heures de programmes en 2017, dont 41 documentaires. Il a également lancé des appels à projets en direction de jeunes youtubeurs afin d’explorer de nouveaux moyens d’utiliser l’archive et de la restituer pour des publics nouveaux. Enfin, les 8 et 9 décembre, se tiendra à Paris la première édition d’Inasound, un festival de musique électronique en hommage à Pierre Schaeffer, ingénieur, compositeur et pionnier de la télé. « On a très bien vécu avec “Les enfants de la télé” », se souvient Laurent Vallet, sans nostalgie.

Mais alors qu’une partie de son patrimoine commence à tomber dans le domaine public, après soixante-dix ans d’exclusivité, l’INA veut changer de métier et ne pas rester le simple gestionnaire de son stock.

« NOUS NE SOMMES PAS JUGES DU PATRIMOINE QUE NOUS CONSERVONS ET NOUS NE POUVONS PAS PRÉSUMER L’USAGE QUI EN SERA FAIT NI CE QUI INTÉRESSERA LES CHERCHEURS DANS LE FUTUR. » AGNÈS MAGNIEN, DIRECTRICE DÉLÉGUÉE AUX COLLECTIONS DE L’INA

La syllogomanie est une maladie mentale. Les sujets atteints répugnent à se débarrasser de quoi que ce soit, ne serait-ce qu’une brique de lait vide. L’INA en souffre-t-il ? Certaines des images et certains des sons qui se déversent au quotidien sur les écrans ne feraient-ils pas mieux de disparaître à jamais pour la tranquillité de leurs auteurs ? Un énième clash dans une émission de Pascal Praud sur C8, un numéro d’illusionniste tchèque dans un quelconque spectacle de Patrick Sébastien sur France 2 viendraient-ils à manquer s’ils échappaient à l’archivage vigilant des deux cents documentalistes de Bry-sur-Marne ? Une certaine forme de bêtise contemporaine n’aurait-elle pas droit à l’oubli ?

On sent bien que la question agace. « Vous êtes-vous déjà demandé combien de livres illisibles étaient sauvegardés à la BNF ?, relance du tac au tac Agnès Magnien, directrice déléguée aux collections. Nous ne sommes pas juges du patrimoine que nous conservons et nous ne pouvons pas présumer l’usage qui en sera fait ni ce qui intéressera les chercheurs dans le futur. L’audiovisuel doit être un objet de recherche et de prospection dans toute sa dimension. »

A l’INA, on cite d’ailleurs volontiers une tribune de 1993 publiée dans Le Monde et signée, entre autres, par Debray, Derrida, Baudrillard, Lyotard, Vernant, Schnapper. La crème des intellos de l’époque écrivait : « Il n’y aura pas de constitution de savoir spécifique sur l’image et le son sans accès à ces sources télévisées » pour permettre « une lecture critique de l’audiovisuel qui est indispensable pour les citoyens de demain (…). Ces sources sont indispensables à toutes réflexions (…) sur la représentation que notre société se donne d’elle-même ». Ainsi, l’INA, et son fonds d’archives sans équivalent au monde, serait une sorte de centre antipoison contre la toxicité de certains médias audiovisuels ? L’instrument indispensable de leur future déconstruction ?

Documenter la recherche

C’est à Paris, au rez-de-chaussée de la bibliothèque François-Mitterrand, que l’on touche à la finalité de l’INA. A sa grandeur secrète. A sa vanité, peut-être. L’Inathèque est le seul endroit de France où, à condition d’être chercheur accrédité, on peut visionner la totalité de ces fameuses 17 818 789 heures de programmes disponibles. Il existe des antennes en province mais elles sont moins approvisionnées.

Le visage éclairé par la lumière de leurs écrans, un millier d’étudiants et d’étudiantes, doctorants et doctorantes s’abîment les yeux chaque année sur des millions de fichiers. Mémoires et thèses consacrés à l’audiovisuel, tous reliés de toile grise, s’alignent sur plusieurs rayonnages.

Certains de ces travaux ont été commandés, encouragés, publiés et primés par l’INA. C’est le cas de la thèse de doctorat de Claire Sécail, une historienne du CNRS, consacrée à la représentation du crime dans les journaux télévisés. Elle se consacre maintenant à la manière dont la télé a influé sur la scénographie et le contenu des meetings politiques.

Les ongles bleus, menue, volubile et convaincante, elle décrit les heures à visionner des reportages, des retransmissions, à constituer son corpus de recherche, à se perdre et à trouver ce qu’elle ne cherchait pas. « Dans l’inconscient académique, on a encore tendance à trop valoriser les sources écrites. Mais c’est une faute professionnelle que d’ignorer l’audiovisuel pour un chercheur », tranche-t-elle avec l’aplomb des pionniers.

Du coup, on a un peu gambergé. Et on s’est demandé, en ressortant dans le froid de l’esplanade qui borde la bibliothèque : mais que diront de nous les historiens du XXIe siècle après avoir visionné des heures et des heures de Cyril Hanouna et de Gilles Verdez ? Et là, on a bien flippé.

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