Président Trump, semaine 37 : Donald la menace
Par Gilles Paris, Washington, correspondant - Le Monde
La ligue de football, la chaîne NBC, Kim Jong-un, l’Iran ou même Porto Rico : le président américain a multiplié les tweets d’intimidation, une fois de plus.
C’était la semaine de la National Football League (NFL), de la chaîne de télévision NBC, de Porto Rico, du régime de Kim Jong-un et des autorités iraniennes. Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump pratique la menace à haute dose, quel que soit le sujet. L’intimidation, chez le président des Etats-Unis, constitue avec le dénigrement de ses adversaires et l’autosatisfaction, une part essentielle de ses commentaires publiés sur son compte Twitter. Ces derniers jours ont permis de le vérifier une nouvelle fois.
Lundi 9 octobre, M. Trump a commencé sa semaine par une menace voilée visant la Corée du Nord, l’une de ses cibles de prédilection depuis l’été. Le lendemain, la puissante fédération qui rassemble les clubs de football professionnels américains s’est retrouvée à son tour dans la ligne de mire présidentielle, parce que certains joueurs continuent de s’agenouiller pendant l’exécution de l’hymne national des Etats-Unis qui précède les rencontres, pour protester contre les inégalités raciales et sociales. « Pourquoi la NFL bénéficie-t-elle d’exemptions fiscales massives alors qu’elle ne respecte pas notre Hymne, notre Drapeau et notre Pays ? », a-t-il grondé avant de suggérer une sanction financière.
M. Trump a poursuivi sur le même mode interrogatif le jour suivant, après la publication d’un reportage de la chaîne NBC dont il contestait le contenu. « Avec tous ces Informations Bidons venant de NBC et des chaînes, à quel moment sera-t-il approprié de contester leur licence ? Mauvais pour le pays », a tonné l’occupant du bureau Ovale, qui a juré sur la Bible le 20 janvier de respecter une Constitution dont le premier amendement concerne la liberté d’expression.
Bombardement d’avertissements
Puis le tour est venu de l’île de Porto Rico, qui tarde à se remettre des destructions causées par l’ouragan Maria en septembre. Le président a averti jeudi, toujours sur son compte Twitter, que l’Agence fédérale chargée des situations d’urgence et l’armée, réquisitionnée en toute hâte, n’allaient pas rester sur place « pour toujours ». Pour justifier cette impatience, il a jugé bon d’estimer que « le réseau électrique et toutes les infrastructures étaient un désastre avant les ouragans », une manière de dire que les Portoricains ne pouvaient s’en prendre qu’à eux-mêmes. Vendredi, M. Trump a conclu sa semaine en menaçant de saborder l’accord sur le nucléaire iranien « à tout moment ».
Pour se tenir loin d’éléments jugés contraires ou contrariants qu’il bombarde de ses avertissements, M. Trump a pu compter au cours de la même période sur deux entretiens télévisés. Le premier a été conduit par l’ancien candidat à l’investiture républicaine Mike Huckabee, qui dans le civil est le père de sa porte-parole, Sarah Sanders. Le second a été piloté, devant un public conquis, par Sean Hannity, qui avait eu la bonté d’apparaître dans un de ses clips de campagne. Le locataire de la Maison Blanche est ressorti indemne d’un déluge de flatteries.
Lundi, jour férié, il avait défié sur un terrain de golf le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, qui l’a longtemps irrité par son indépendance d’esprit. M. Graham a annoncé à l’issue de la partie remportée par M. Trump un score record pour le président, ce qui a soulevé le sourcil de la revue Golf Magazine, plus que circonspecte. Un bon investissement au demeurant, le sénateur a été réinvité samedi.